lundi 28 mai 2012

Lettre de protestation du blogger emprisonné Hossein Ronaghi Maleki au guide suprême Khamenei


Salutations respectueuses à son excellence l’ayatollah Seyed Ali Khamenei, guide suprême de la république islamique. 

Ceux qui écoutent la parole et en tirent le meilleur, ceux-là sont des hommes d’entendement.

En raison de votre emploi du temps chargé, je commencerai tout de go par vous rappeler votre discours du nouvel an 2009 : « Je soutiens les actes justes, je dis que nous devrions être justes, regardons les actes ; ceci n’a rien à voir avec les élections, cela concerne ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Soutenir ceux qui servent ce pays est non seulement mon devoir mais aussi le devoir de chacun. Je soutiens et j’applaudis toutes les bonnes actions, tous les bon progrès, ceux qui servent le peuple, ceux qui aident et qui ont de la compassion pour ceux qui sont dans le besoin, ceux qui s’élèvent contre l’injustice et la tyrannie. Je remercie tous ceux qui ont accompli ces actions, que ce soit une personne ou un gouvernement, c’est mon devoir. » Toute personne impartiale ne peut qu’approuver cette déclaration, mais, contrairement à ses lignes directrices, moi Hossein Ronaghi-Maleki, les autres prisonniers politiques et même les dirigeants du Mouvement Vert, Monsieur Mir-Hossein Moussavi, l’hodjatoleslam Mehdi Karroubi et Madame Zahra Rahnavard sommes emprisonnés et nous avons enduré la torture pour avoir recherché la liberté, la justice, pour nous être élevés contre l’oppression et nous être inquiétés du futur de l’Iran. Hélas, personne ne nous a été reconnaissant, nous n’avons connu que l’ingratitude.

Guide suprême de la république islamique, ayatollah Khamenei,

Vous vous souvenez sûrement que l’ayatollah Khomeiny avait souligné en son temps : « Il n’est pas permis à celui qui comprend de ne pas prendre la parole. Quand on comprend, on doit parler, qui que l’on soit, partisan ou dissident. » Votre excellence a pareillement souligné : « Si l’on est conscient et actif, si l’on est témoin de tout signe de fierté mal placée, d’arrogance ou d’égoïsme des dirigeants, on doit manifester avec bienveillance et si l’on se rend compte que le dirigeant n’a pas l’intention d’éliminer ces travers, on doit lui tenir tête et le contester, ce qui finira certainement par redresser ces travers. »

En vérité, la plupart d’entre nous n’a pas dévié de cette ligne et en plus, beaucoup d’entre nous croyaient que ce que nous faisions était supérieur à nos devoirs nationaux, moraux et religieux.
Malheureusement, nous ne pouvons que constater le despotisme, l’illégalité et l’oppression de ceux qui aiment l’Iran et la liberté et de ceux qui se dressent pour leurs droits, de ceux qui ont pris position pour la bonne volonté et ont manifesté contre les conditions injustes en Iran aujourd’hui. 

Votre excellence, ayatollah Khamenei,

Les appareils de sécurité et de renseignement comme le service de renseignement de la Sepah et le ministère du renseignement ont l’impression qu’ils peuvent nous forcer à accepter leurs exigences illégitimes par des menaces, des arrestations et des intrusions dans l’intimité de nos foyers. S’opposant à la religion et à la loi, ces appareils de sécurité ont attaqué des manifestants sans défense les battant impitoyablement, en blessant des centaines, en arrêtant des milliers, en tuant des dizaines ; ils ont arrêté et emprisonné les militants politiques et de la société civile, les critiques et les dissidents. Ils ont imposé une censure manifeste à la presse iranienne. Contrôlant totalement Seda o Sima (radio-télévision nationale) et tous les médias gouvernementaux, ils ont déformé les faits et publié des mensonges éhontés. Ils savent très bien créer des dilemmes psychologiques et mentaux pour les dissidents et les critiques par des tortures diverses et variées, tant et si bien que même le bureau des prisons se plaint maintenant des actions arbitraires de ces appareils sécuritaires.

Guide de la république islamique,

Il nous faut accepter que la justice ne puisse pas être indépendante avec tant d’entités de renseignement et de sécurité. Il nous faut accepter que la société soit au bord de l’explosion et que la paix superficielle actuelle ne soit due qu’à l’oppression, à l’intimidation, aux incarcérations et à la répression. Il nous faut savoir que les idées de ceux qui cherchent la liberté ne peuvent être enchaînées ! On ne peut torturer les idéologies ! La vérité ne peut être réprimée ! Il nous faut accepter que l’affrontement avec le peuple de cette terre devienne de jour en jour plus inhumain et effréné, plus de limites ou de frontières ; on répond à chaque action, à chaque mot critique par la répression et les arrestations. Il nous faut regarder la prison d’Evine et nous souvenir des mots de l’ayatollah Seyed Hassan Tabatabaï Ghomi : « Je sais que les prisons de ce pays sont pleines de prisonniers politiques et pourtant, les arrestations de ceux qui sont épris de liberté continuent. » Il nous faut observer et écouter et, comme l’ayatollah Khomeiny, valider le fait que : « Certains des gardiens de la révolution, dans certains endroits du pays, outrepassent les limites de leurs missions statutaires et interfèrent trop dans les tribunaux et dans d’autres institutions. Il incombe aux chefs des gardiens de la révolution dans tout le pays d’intervenir dans ces actions contraires aux lois et à l’islam pour les faire cesser. » 

Votre excellence, ayatollah Khamenei,

Les évènements de la cité universitaire de Téhéran et du centre de détention de Kahrizak vous avaient perturbé et vous aviez ordonné une enquête ; j’espère que, de la même façon, vous accorderez au moins attention à ma situation affreuse, à celle des prisonniers politiques et de nos familles, aux centres de détention illégaux et à la façon dont ils sont menés. Je proteste contre ces pratiques illégales en commençant une grève de la faim à partir du 26 mai 2012 et j’ajoute que la protection de ma vie est du ressort des fonctionnaires de la république islamique. Cette grève de la faim est une protestation et une plainte :

  • Contre les outrages et les interventions en matière judiciaire de l’unité de renseignement de la Sepah et du ministère du renseignement.
  • Contre la perte d’indépendance de la justice.
  • Pour la restauration de la constitution, des procédures judiciaires, de l’indépendance de la justice
  • Pour la restauration des droits des prisonniers politiques et de leurs familles

Je crois que le silence de tout être humain face à l’oppression et à l’injustice est une trahison du sang innocent des martyrs de cette terre. Je crois que mon sang n’est pas plus noble que le sang des Nedas et des Sohrabs ; je crois que la souffrance de mes parents n’est pas supérieure à la souffrance de leurs parents. Nous savons tous que ces institutions ont exploité la pudeur et la patience des prisonniers politiques.

Cette fois-ci, patiemment, je me prépare à cette action ; peut-être trouverai-je une place aux côtés de feu Hoda Saber qui a perdu la vie en prison. Je citerai le Grand Prophète Mahomet : « Un pays et un gouvernement survivront au blasphème mais pas à l’oppression. »

Je prie votre excellence de croire à l’expression de mes salutations distinguées.

Seyed Hossein Ronaghi Maleki
Bloc 350 de la prison d’Evine, le 26 mai 2012

Source : http://www.kaleme.com/1391/03/06/klm-101893/

dimanche 27 mai 2012

Manifestons contre 71 Exécutions en deux Semaines – Kaveh Ghoreishi – 24 mai 2012


Les sources officielles de la république islamique rapportent qu’entre le 1er et le 23 mai, au moins 48 personnes ont été exécutées en Iran, accusées de « trafic de drogue » et de « viol et agressions sexuelles ». Des sources indépendantes parlent de 23 autres exécutions. De plus, une agence de presse officielle relate que le dossier de neuf membres d’un gang est passé à la phase d’exécution dans la province du Guilan, ajoutant que sept des membres sont condamnés à mort.

Le détail de l’exécution des peines de mort en Iran ne sont pas publiées régulièrement et complètement en Iran mais même les chiffres officiels publiés pour le mois d’ordibehest (du 21 avril au 21 mai) et les deux premiers jours de khordad (22 et 23 mai) montrent qu’il y a eu 27 exécutions durant cette période, ce qui représente un hausse significative de la peine de mort comparé au mois précédent (de farvardine).

L’Organisation des Droits Humains en Iran (Sazemane Hoghoughe Bashar Iran) qui traque, enregistre et documente les exécutions dans le pays, a publié une déclaration indiquant qu’il ne peut croire au silence de la communauté internationale sur la hausse des exécutions en Iran ; il en appelle aux Nations Unies pour qu’elles reconsidèrent leurs relations avec la république islamique et qu’elles « mettent fin à toute relation avec le régime iranien. »

50 exécutions en une semaine

Dans les derniers dossiers d’application de la peine de mort, le site officiel de la justice de la province du Fars a annoncé l’exécution de trois prisonniers coupables de trafic de drogue mercredi 23 mai. Ces personnes avaient été arrêtées entre 2007 et 2010, jugées par des tribunaux révolutionnaires et condamnées à mort.

Le journal Djame Djam a annoncé le procès de neuf jeunes hommes accusés d’avoir « infligé des blessures et produit des vidéos amorales » d’une jeune femme de 18 ans par la 12ème chambre du tribunal criminel de la province du Guilan. Sept de ces accusés ont été condamnés à mort, verdict confirmé par la cour suprême iranienne et le verdict a été envoyé au bureau d’exécutions des peines de la justice provinciale.

La veille de la publication de ce rapport, les agences de presse nationales, dont l’agence de presse estudiantines, ont annoncé l’exécution de 14 prisonniers pour trafic de drogue le 22 mai. Habituellement, les agences officielles ne publient pas les noms des personnes exécutées mais en l’occurrence, les noms de toutes les victimes ont été entièrement publiés.

Suite à ces rapports, l’Organisation des Droits Humains en Iran a publié une déclaration condamnant fermement ces exécutions. Mahmoud Amiri-Moghadam, porte-parole de l’organisation a déclaré : « Nous sommes choqués par le silence de la communauté internationale en dépit de l’exécution de 50 personnes en juste une semaine. » D’après la déclaration de l’organisation, 80% de toutes les exécutions en Iran ont pour origine le trafic de drogue jugé à huis clos par les tribunaux révolutionnaires. Amiri-Moghadam en appelle aux Nations-Unies pour reconsidérer sa coopération avec l’Iran : « Beaucoup sont arrêtés et exécutés à cause de cette coopération. La communauté internationale doit condamner ces exécutions et devrait arrêter toute collaboration avec le régime iranien jusqu’à ce qu’il soit prouvé que sa collaboration n’aide pas le système de l’état conduisant à des exécutions. »

Exactement un jour avant la publication (le 21 mai) de la déclaration, les sources officielles d’informations ont rapporté l’exécution de deux prisonniers dans une prison de Sanandadj pour vol et viol. Un jour auparavant, un prisonnier a été pendu dans la ville de Sari pour trafic de drogue. Le même jour, le site d’information kurde Kordpa a relaté l’exécution d’un prisonnier du nom de Hioua Havas à la prison Dizelabad de Kermânchâh. Ce rapport ne mentionnait pas de quoi était accusé ce prisonnier mais il confirmait qu’il avait été arrêté après les manifestations consécutives aux élections présidentielles de 2009. Les sources officielles n’ont pas confirmé cette exécution.

Le 20 mai, les médias iraniens ont fait état de deux exécutions à Ispahan pour vol et viol. Leurs noms complets n’ont pas été publiés.

Des rapports publiés les 17 et 18 mai indiquent qu’au moins 26 prisonniers de trois prisons différentes ont été pendus pendant ces deux jours. Suivant les rapports officiels, sept personnes ont été exécutées à Kermânchâh pendant ces deux jours et trois autres dans la ville d’Ardebil toujours pour trafic de drogue.

Des rapports officieux parlent de 16 autres exécutions dans la ville de Yazd pendant ces deux jours, dont quatre femmes et cinq Afghans.

Le 16 avril, l’agence de presse Fars a cité le chef de la justice provinciale d’Ardebil qui confirmait que 85 personnes avaient été condamnées dans la province, accusées de trafic de drogue.

La moyenne des exécutions en Iran en 2011 était de deux personnes par jour, ce qui classe l’Iran deuxième derrière la Chine. Les chiffres publiés et rapportés pour cette année indiquent une hausse aigüe du nombre d’exécutions et les militants des droits humains prévoient que l’Iran sera premier cette année.

Les pays et les organisations internationales ont condamné l’augmentation des exécutions en Iran ces dernières années. Par exemple, le ministre des affaires étrangères norvégien a déjà annoncé qu’il aborderait la question du nombre croissant d’exécutions en Iran avec les autorités de la république islamique.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2012/may/24/article/stop-cooperating-with-the-islamic-republic.html

samedi 26 mai 2012

Mansour Radpour, prisonnier politique, décède à Radjaï Shahr


Mansour Radpour, prisonnier politique est décédé lundi à 20 heures à la prison de Radjaï Shahr d’après l’Agence de Presse des Militants des Droits Humains (HRANA). Les médecins ont conclu à un arrêt cardiaque à l’issue des examens préliminaires.

Suivant ce rapport, le cou, le visage et les jambes de Mansour avaient noirci avant son décès. Durant sa détention, Radpour a souffert de problèmes de tension artérielle, de problèmes rénaux et cardiaques mais les fonctionnaires de la prison n’ont jamais accepté de l’envoyer à l’hôpital ou de lui fournir des soins médicaux. Des semaines avant son décès, Radpour a commencé à souffrir de nausées mais les médecins du dispensaire de la prison ont refusé de l’hospitaliser.

Les demandes réitérées de Radpour de voir ses enfants ont été refusées par les autorités iraniennes.

Mansour Radpour, 41 ans et originaire de Karadj, avait été arrêté le 17 mai 2007 sur la route de Tchalous (entre Téhéran et la mer Caspienne). Il a été accusé de liens avec l’organisation des Moudjahidines du Peuple (OMPI/PMOI/MEK). Radpour a été détenu dans des « maisons de sécurité » du ministère du renseignement ; il y a été si sévèrement battu qu’il en a eu l’épaule et les côtes gravement endommagées. Il avait, en outre, des difficultés à respirer et n’a reçu aucun soin médical.

Mansour Radpour, arrêté pour « Actes contraires à la sécurité nationale par la coopération avec l’organisation des Moudjahidines du Peuple » avait été condamné à trois ans de prison par le tribunal révolutionnaire de Karadj. Une fois sa peine purgée, il avait été condamné à cinq années supplémentaires.

Source : http://hra-news.org/1389-01-27-05-27-21/12356-1.html

Les organisations étudiantes rétorquent aux remarques du ministre des sciences : Arrêtez l’apartheid dans l’éducation – Kaveh Ghoreishi – 16 mai 2012


Un groupe d’étudiants qui milite pour la défense des droits des étudiants privés d’éducation supérieure a critiqué la politique du ministre iranien des sciences, de la recherche et de la technologie, Kamran Daneshdjou et a déclaré que l’administration Ahmadinejad mène une seconde révolution culturelle en pratiquant « l’apartheid dans l’éducation ».

Dans son rapport, Shoraye defa az haghe tahsil (le conseil de défense du droit à l’éducation) rappelle l’intensification, spécialement durant ces trois dernières années, de la politique qui vise à interdire l’éducation supérieure à des centaines d’étudiants par des décrets des comités de discipline des universités ou par le comité central de discipline du ministère de l’éducation du ministère des sciences mais aussi par la pratique « illégale » de marquage des étudiants par des étoiles à l’entrée nationale des programmes de master. Avec le programme des étoiles, les fonctionnaires de l’université donnent aux étudiants qu’ils ne pensent pas faits pour les études supérieures à cause de leurs idées ou de leurs actions politiques un certain nombre d’étoiles ; les fonctionnaires surveillent les étudiants avec l’aide des organismes de sécurité et d’observation des lois. Plus le nombre d’étoiles est grand, plus les étudiants se verront interdire l’éducation supérieure en partie ou en totalité.

Pendant les nombreuses années où Daneshdjou a été ministre des sciences, il a souvent parlé d’islamisation des universités par la séparation des sexes, l’interdiction de poursuivre des études pour les étudiants dissidents et le licenciement ou la mise à la retraite d’office des professeurs. Un étudiant qui s’est vu interdire les études supérieures a appelé ces programmes « des preuves de la détermination de l’administration de la planification de la poursuite des violations des lois existantes et du refus d’accorder aux étudiants le bénéfice de leurs droits légitimes. »

Poursuite et intensification des politiques destructrices

Le ministre de l’éducation a récemment déclaré que « Les militants du mouvement de la sédition, ses chefs et ceux qui font l’apologie des leurs idées erronées » n’ont pas le droit d’accéder aux universités. D’après l’agence de presse officielle IRNA, Daneshdjou a déclaré lors d’un discours à l’université de Shahroud le 27 avril : « Les individus qui ont perdu le nord après la sédition de 2009 et qui ne suivent pas les commentaires avisés de notre guide suprême avisé et continuent dans leur voie n’ont pas leur place à l’université. Notre société, notre population ne nous le permettent pas et nous ne les trahirons pas. » Sédition est le terme que les autorités iraniennes utilisent pour les grandes manifestations organisées et soutenues par le Mouvement Vert qui ont suivi les élections présidentielles de 2009 où Mahmoud Ahmadinejad a été reconduit dans ses fonctions. Ils affirmaient que les élections avaient été truquées.

Cette déclaration du ministre a provoqué des condamnations fermes et des critiques des organisations estudiantines dans tout le pays. La réponse la plus récente est celle du conseil de défense du droit à l’éducation qui a présenté un rapport détaillé et a traité ces remarques de « criminelles. »

En mars-avril, Daneshdjou a aussi répété son message à Qom. Daftare Tahkim Vahdat, la principale organisation estudiantine du pays a condamné ces remarques et a dit qu’elles « révélaient la violation immédiate des droits des étudiants. »

Un étudiant interdit de poursuivre ses études interviewé par Rooz a dit que le calendrier des remarques de Daneshdjou était important ; elles arrivent deux ou trois semaines avant l’annonce des résultats nationaux du concours d’entrée en master à l’université et « qu’elles augmentent l’inquiétude sur de plus grandes contraintes dans l’éducation supérieure. »

Il a aussi dit que la récente expulsion de professeurs comme Alireza Beheshti, Ghorban Behzadinejad et Mohsen Mirdamadi n’était pas sans lien avec ces remarques. « Il semble que Kamran Daneshdjou veuille créer une atmosphère mortifère dans les universités et mener une deuxième révolution culturelle avec le soutien et le conseil d’institutions pures et dures. »

La révolution culturelle de la révolution islamique, que l’on appelle officiellement « réveil de l’islamisation des universités » a eu lieu dans les premières années de la révolution et a causé le licenciement et la purge de beaucoup de professeurs et d’étudiants des institutions de l’éducation supérieure.

Dans son rapport sur les interdictions d’éducation poursuivies et mises en place durant l’administration Ahmadinejad, le conseil de défense des droits à l’éducation écrit : « les politiques d’apartheid en matière d’éducation, surtout ces trois dernières années, ont pris leur élan dans le pays et des centaines d’étudiants ont été empêché de poursuivre leur éducation supérieure. » Le rapport critique aussi « le marquage par des étoiles des étudiants » par lequel les étudiants ne peuvent pas poursuivre leur éducation à cause de leurs idées et actions politiques. En sus d’être privé d’éducation supérieure, beaucoup d’étudiants « étoilés » ont également été arrêtés, interrogés et incarcérés, surtout après les élections présidentielles de 2009 et lors des manifestations dans tout le pays pour protester contre les résultats de l’élection. Dans ce dernier groupe, Madjid Dori, Zia Nabavi et Mahdieh Golrou* qui sont en train de purger leurs peines de prison. Certains étudiants ont aussi été arrêtés et « étoilés » à cause de leurs manifestations aux débats télévisés d’Ahmadinejad durant la campagne pour l’élection présidentielle de 2009. D’autres étudiants qui sont toujours derrière les barreaux : Saïd Djalalifar, Madjid Tavakoli, Emad Bahavar, Eftekhar Borzorguian, Kaveh Rezaï, Arash Sadeghi, Ali Akbar Mohammadzadeh, Moïn Ghamin* et Ali Adjami.

*Mahdieh Golrou et Moïn Ghamin ont depuis été libérés

Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/article/end-education-apartheid.html

Semaine 21 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Le conseiller de Moussavi Ali Reza Beheshti Shirazi a été transféré à l’hôpital.
  • Le militant national-religieux Massoud Pedram de retour au bloc 350 d’Evine de l’isolement au bloc 2-A. 

B- Arrestations/Incarcérations
  • Rastin Aalemi étudiant de l’université du Mazandaran, arrêté.
  • Sholeh Afshari, bahaïe, arrêtée à Ispahan.
  • Ali Aghazadeh commerçant du bazar de Tabriz, arrêté.
  • Hossein Ahmadian arrêté à Maragheh.
  • Mostafa Avazpour arrêté à Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Le journaliste Rahman Bouzari a été transféré à la prison d’Evine pour commencer à purger sa peine de 2 ans.
  • Mohammad Eskandarzadeh arrêté à Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Bahram Ferdossian,  bahaï, arrêté à Ispahan.
  • Abolfazl Garamani étudiant de l’université du Mazandaran, arrêté.
  • Mehran Keshavarz, garde révolutionnaire, arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Pouria Khaleghi étudiant de l’université du Mazandaran, arrêté.
  • Rouhollah Khani arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Askar Khaniari arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Hassan Mirzakhani arrêté à Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Akbar Mohajeri arrêté à Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Hamid Noghoudi arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Ghader Norouzi arrêté à Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Esrafil Omidi, étudiant de l’université Shahid Beheshti, arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Mana Pirali, bahaï, arrêté à Ispahan.
  • Mehrdad Raha arrêté à Oroumieh pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac.
  • Mobine Rastemian étudiant de l’université du Mazandaran, arrêté.
  • Fariborz Reisdana, économiste et membre de l’association iranienne des écrivains, arrêté pour purger sa peine d’un an de prison.
  • Azam Tabibi, bahaïe, arrêtée à Ispahan.
  • Afsaneh Toghi arrêtée à l’intérieur de l’université de Tabriz pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.
  • Arrestations lors d’une soirée privée ( 9 hommes + 6 femmes) où l’on servait de l’alcool.
  • Des dizaines d’arrestations en Azebaïdjan Oriental et Occidental pour avoir manifesté contre l’assèchement du lac d’Oroumieh.

C-Libérations
  • Le religieux blogger Ahmad Reza Ahmadpour cesse sa grève de la faim après qu’on lui ait octroyé une liberté provisoire.
  • Mahdieh Golrou, militante étudiante, libérée à la fin de sa peine.
  • La féministe Mahboubeh Karami a été libérée sous caution il y a quelques jours. Elle était détenue depuis le 15 mai de l’année dernière. 
  • L’enseignant syndicaliste Ali Poursoleiman a été libéré après avoir purgé sa peine d’un an de prison.
  • L’auteur et traducteur littéraire Mohammad Soleimaninia a été libéré sous caution.

D-Autres Nouvelles 
  • Mohammad Sedigh Kaboudvand est en grève de la faim depuis le 14 mai.
  • L’Iran va rejuger les frères kurdes Moradi condamnés à mort.
  • Mohammad Reza Motamednia arrête sa grève de la faim au bout de 42 jours.
  • Le prisonnier politique Mansour Radpour décède en détention à la prison de Redjaï Shahr.
  • Le blogger emprisonné Hossein Ronaghi Maleki a commencé une grève de la faim.
  • Les autorités des prisons ont récemment admis avoir entraîné des chiens pour attaquer les prisonniers.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mostafa Armine, militant kurde, condamné à 15,5 ans de prison puis à l’exil pour Moharebeh.
  • Niousha Badi Sabet, bahaïe, condamnée à 1 an de prison + 1 an avec sursis.
  • Saïd Derayat, militant kurde, condamné à 4 ans de prison.
  • Ali Divasalar, bahaï, condamné à 2 ans de prison + 2 ans avec sursis.
  • Reza Djolodarzadeh rédacteur en chef de l’hebdomadaire interdit Sobhe Azadi a été condamné à un an de prison.
  • Anissa Fanaian, bahaïe, condamnée à 4 ans et 4 mois.
  • Abolfazl Ghadiani condamné à un an de prison de plus pour avoir écrit à Khamenei.
  • Mohammad Ghafarian voit sa condamnation confirmée par la cour d’appel : 3.5 ans de prison + 70 coups de fouet.
  • Solmaz Ghassemi, bahaïe, condamnée à 1 an de prison + 1 an avec sursis.
  • Sarah Haj Ebrahimi, bahaïe, condamnée à 2 ans de prison + 2 ans avec sursis.
  • Moussa Hatefi militant kurde, condamné à 7 ans de prison.
  • Sabah Khaiat condamné en appel à 6 ans de prison.
  • Ali Marhamati, militant kurde, condamné à 4 ans de prison.
  • Shamis Nourani, bahaï, condamné à 1 an de prison + 1 an avec sursis.
  • Personne n’est coupable de la mort de Hoda Saber (prisonnier politique décédé après une grève de la faim de 9 jours) et Haleh Sahabi (décédée lors des funérailles de son père) : Procureur.
  • Amir Seif condamné à 5 ans de prison et 74 coups de fouet pour actions contre la sécurité nationale : participation aux manifestations et insultes aux autorités.
  • Deux exécutions à Ispahan samedi.
  • Sept exécutions à la prison Lakan de Rasht dimanche.
  • 14 pendaisons lundi : deux hommes à Sanandaj, un homme à Sari et un à Kermanshah.
  • Un homme condamné pour consommation d’alcool fouetté en public à Mianeh.
  • 3 pendaisons à la prison d’Adelabad de Shiraz mardi.
  • Un homme a reçu 74 coups de fouet en public à Dashte Azadegan dans la province du Khouzestan.
  • Une pendaison publique à Ilam jeudi.

L’université - La culture
  • Le ministère de l’éducation coopère avec les séminaires théologiques pour produire des manuels scolaires. 
  • Les membres du groupe musical (rap) vibrations arrêtés à Mahabad.
  • Parissa Hafezi, chef du bureau Reuters de Téhéran, interdite de sortie du territoire.
  • 9 Cafés Internet fermés parce qu’ils utilisaient des proxies anti-filtrage.
  • Asghar Farhadi reçoit le prix Média de l’union européenne à Cannes – il tournera son prochain film en France.
  • L’Iranien Abbas Kiarostami se rend au Japon pour son film présenté à Cannes  « Comme  Quelqu’un d’Amoureux ».
  • L’Iran va délivrer des licences pour les medias étrangers d’Amérique Latine et des pays du “réveil arabe”.
  • Le bas-relief élamite de Kourangoun de Baba Meydan dans la region du Fars menace de destruction.
  • L’étudiant en langue et littérature anglaises Yekta Fahandej a été expulse de l’université Payamenour de Shiraz parce qu’il est bahaï.

Les manifestations
  • Manifestations à Oroumieh lundi pour protester contre l’assèchement du lac.
  • Les enseignants de classes maternelles manifestent devant le parlement.
  • Manifestation clandestine pour les droits des homosexuels à Téhéran.

L’économie de l’Iran
  • Les factures d’eau augmentent de 20%.
  • $1 = 1700 tomans.
  • Le plus grand raffineur de Corée du Sud SK Energy arrêtera d’acheter du pétrole iranien en juillet.
  • 800 ouvriers du métro d’Ahvaz n’ont pas été payés depuis 5 mois.
  • Les exportations de pétrole vers la Chine ont chuté de 23% en avril par rapport à l'année dernière.
  • L’Iran prévoit un nouveau terminal pétrolier hors du détroit d’Hormouz pour protéger ses exportations.
  • Des centaines de briquèteries ont fermé ; des milliers de travailleurs saisonniers au chômage dans la région de Kermanshah.
  • Incendie dans une usine pétrochimique du Khouzestan.
  • L’Iran va exporter des produits pétroliers vers l’Equateur.

L’Iran à l’étranger
  • Le ministre des affaires étrangères Ali Akbar Salehi est parti pour le Koweït dimanche. 
  • L’Iran rappelle son ambassadeur en Azerbaïdjan.
  • Trois routiers iraniens enlevés en Syrie.
  • L’Hodjat ol-Eslam Mohammad Mohammadi, représentant du guide suprême et chef de l’organisation caritative islamique, a rencontré le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah.
  • Le secrétaire du conseil suprême national de sécurité, Saïd Djalili a rencontré le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki et le président Djalal Talabani.
  • Ahmadinejad rencontre le conseiller du président soudanais.
  • Ahmadinejad invite Assad de Syrie à se rendre à Téhéran pour participer à une réunion des pays non-alignés.
  • L’Iran et l’Afghanistan ont signé un accord de coopération pour la lutte contre la drogue.
  • Il y a actuellement 5.700 Iraniens en Turquie enregistrés comme réfugiés ou demandeurs d’asile.

La politique en Iran
  • Le diplomate iranien accusé d’attouchements sur enfants au Brésil renvoyé du ministère des affaires étrangères.
  • L’ancien vice-président de la banque centrale, accusé de fraude, continue à assister au conseil des ministres.
  • Un accord a été signé pour partager les revenus du pétrole entre les gardes révolutionnaires et la bassidj.

Nouvelles en vrac 
  • Les Iraniens achètent des réservoirs d’oxygène pour échapper à la pollution de Téhéran : 5 minutes d’oxygène = $3.
  • Explosion d’une mine : deux morts.
  • Les corps de 98 Iraniens et de 13 Irakiens tués Durant la guerre 1980-1988 sont rentrés dans leurs pays respectifs lundi.

Sur le Blog cette semaine 

dimanche 20 mai 2012

Koutchakzadeh: Poser des questions est déplacé - Fereshteh Ghazi – 13 mai 2012



Les plaintes et la confrontation que deux députés ont récemment créées à l’encontre des journalistes et des professionnels du dessin de presse en Iran ont suscité une réponse rapide et unitaire de la communauté des dessinateurs dans ce pays.

Un dessinateur de presse, Mahmoud Shokrabe, a dessiné le député, d’Arak, Ahmad Lotfi Ashtiani qui a rétorqué en portant plainte contre l’artiste. Shokrabe a été jugé coupable et condamné à être fouetté. Mehdi Koutchakzadeh, député de Téhéran, a publiquement maudit les journalistes de l’hebdomadaire Asseman à la cafétéria du parlement quand un journaliste l’a interrogé sur ce sujet.

Rooz a parlé à ces deux députés et voici leurs réponses aux questions de Rooz.

Interrogé sur les dessins et la plainte, Ashtiani n’a rien expliqué et n’a pas du tout parlé du sujet. Mais, lorsqu’on lui a demandé s’il porterait plainte également contre les autres dessinateurs qui l’avaient dessiné pour soutenir leur collègue condamné, Ashtiani a dit ne pas avoir vu les autres dessins.

Quand nous lui avons demandé s’il pensait personnellement que fouetter l’artiste était la réponse appropriée à un dessin satirique, Ashtiani a raccroché le téléphone.

L’incident a poussé Mana Nistani à demander aux autres dessinateurs de dessiner des caricatures du député d’Arak et de les poster en soutien à leur collègue. Elle a fait de même sur son site et a écrit : « En signe d’empathie avec mon collègue et pour protester contre la sainteté fabriquée de toutes pièces pour cet homme politique, je demande à tous mes collègues de ne pas rester indifférents. Il n’est pas nécessaire de créer un tumulte ou de tomber dans des pièges politiques. Prenez vos crayons et dessiner une caricature du député d’Arak sans être insultant et publiez-le sur vos blogs ou sites Web. »

Nistani a déclaré à Rooz : « J’ai écrit cette note et j’ai demandé à mes collègues de ne pas rester indifférents parce que la situation des dessins de presse en Iran pourrait empirer, et cela m’inquiète. Il est clair que le peu de dessinateurs qui travaillent actuellement vont arrêter à cause des lois actuelles. En fait, ma note voulait défendre le maigre espace où les dessinateurs peuvent encore respirer en Iran. Il n’est même pas question de faire reculer les restrictions actuelles ou de briser les tabous. »

J’ai demandé à Monsieur Nistani l’impact de son action et il a répondu : « L’impact le moins important est que les dessinateurs ont montré qu’ils étaient responsables et qu’ils ressentaient de l’empathie pour leurs collègues, même s’ils ne sont pas organisés, ou plutôt si ceux qui sont meilleurs que nous ont décidé que nous ne devrions pas avoir d’organisation. Un autre effet c’est que cela a démontré à ce juge qu’il n’était pas une autorité supérieure et que les dessinateurs défendraient aisément leurs droits. Que signifie cette action du gouvernement quand il existe une biennale du dessin de presse soutenue par le gouvernement iranien où les dessinateurs sont non seulement autorisés à dessiner le portrait des personnalités politiques ou non, mais reçoivent même des récompense pour avoir réalisé ces œuvres, tandis qu’une autre partie du gouvernement menace un dessinateur puni pour avoir dessiné un député ?

D’autres dessinateurs ont vite répondu à l’appel à la solidarité de Mana et les dessinateurs suivant ont posté des caricatures d’Ahmad Lotfi Ashtiani sur les propres blogs ou Web sites ou sur ceux des autres : Tooka Nistani, Djamal Rahmati, Nikahang Kowsar (qui publie sur Rooz), Vahid Nikgou, Payam Boroumand, Hanif Bahari, Shahabodin Alavi, Morteza Khosravi, Soheil Shakeri, Sepehr Ali Mohammadlou, Ali Tadjadod, Kasra Abbasabadi, Sassan Khadem, Mohammad Tadjik, Vahid Djaafari, Khayam Movidi, Saïd Sadeghi, Hamed Shamlou, Mohsen Irani, Djahangir Darmani et Naïm Tadvin.

Quand j’ai dit à Mana que le député d’Arak avait dit ne pas avoir vu les autres caricatures, il a répondu : « Quand nous aurons rassemblé toutes les œuvres et si Monsieur le député le demande, nous les publierons toutes dans un livret pour lui offrir en souvenir. J’espère qu’il comprendra le fait que, lorsqu’un dessinateur choisit un sujet, il présente en fait une partie de son propre esprit dans son œuvre. Il lui fait une faveur et c’est une chose que j’aimerais que Monsieur Lotfi comprenne. »

Monsieur Shokrabe est dessinateur dans la publication Name Amir d’Arak. Ce n’est pas la première fois qu’un dessinateur se retrouve devant un tribunal en Iran à cause de son travail. Hassan Karimzadeh, Touka Nistani, Nikahang Kowsar, Mana Nistani et Keyvan Zargar font partie des dessinateurs iraniens qui ont eu à faire avec la justice à cause de leur travail.

Plus tôt Hassan Karimzadeh a également été condamné à être fouetté pour son travail et Massoud Shokrane est donc le second dessinateur à être ainsi condamné en Iran.

Koutchakzadeh maudit les journalistes

Mehdi Koutchekzadeh, député de Téhéran a attaqué verbalement Saïd Shams, journaliste de l’hebdomadaire Asseman et l’a maudit quand il l’a interrogé sur le sujet. D’après les site Web Baztaf, Koutchekzadeh a maudit et insulté Saïd Sham et Mohammad Ghouchani, journaliste et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Asseman dans la cafétéria du parlement. En hurlant contre les journalistes, Koutchekzadeh criait que Ghoutchani valait moins que le chien de Mortazavi.

Quand Rooz a demandé à ce député si sa conduite était digne d’un député, sa réponse a été : « Cela ne vous regarde pas. Vous n’avez pas à me le demander. » Quand le journaliste a insisté pour obtenir une réponse, Koutchekzadeh a dit : « Vous n’avez pas l’air très intelligent. Vous ne comprenez pas le Persan. Je ne vous aime pas et je hais ceux qui adorent les étrangers. » Le journaliste de Rooz a alors dit : « Mais vous appartenez au comité culturel du parlement et on est en droit d’attendre mieux que ça de vous » ce à quoi il a répondu : « Si je dois apprendre à parler de vous, amoureux des étrangers, ma situation serait vraiment intenable. »  Et quand le journaliste a demandé : « Est-ce-que votre situation aujourd’hui est tellement bonne que vous puissiez attaquer un journaliste au parlement ? » Koutchazadeh a raccroché le téléphone.

Il faut noter que le dessin à l’origine de l’attaque est une image relativement bénigne du député sans aucune connotation politique.

Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2012/may/13/article/kootchakzadeh-asking-questions-is-out-of-place.html

samedi 19 mai 2012

La Démocratie en Iran a besoin de Patience et d’Intelligence – Taghi Rahmani – 15 mai 2012


Lors de mes précédents articles, j’ai écrit sur ce dont le mouvement pro-démocratie en Iran a besoin et qui peut aussi servir de principes d’unité pour ses actions. Pour continuer, je crois que, pour construire des fondations démocratiques, il faut reconnaître trois problèmes fondamentaux :

1. La compréhension des promoteurs de la démocratie et de leur public cible.
2. L’identification des forces effectives à l’intérieur du régime capables d’aider le processus
3. Les potentiels et capacités des forces pro-démocratie de proposer des actions réalisables qui pousseront ses sympathisants à agir avec une vision spécifique.

Il convient d’y ajouter d’autres facteurs liés à la situation économique et sociale.

L’importance de la compréhension du pouvoir, de la position et des qualités des sympathisants de la démocratie ne peut être surestimée. Si nous acceptons que les sympathisants de la démocratie sont au cœur dans la compréhension, le dialogue et les accords, alors les discussions et les actions seront en pratique et en théorie unifiées et rapprochées. Les personnes qui soutiennent la démocratie en Iran veulent un forfait de liberté qui inclut les libertés civiles, les libertés professionnelles, les libertés ethniques et une égalité des sexes. Mais la position, le pouvoir et les caractéristiques de sections de la société qui y sont favorables doivent être compris et identifiés dès le début, avant même une discussion sur les théories et actions spécifiques, qui appartiennent à une phase ultérieure. En d’autres termes, si l’on ne connait pas la situation actuelle, on discutera sans fin des demandes et des désirs plutôt que des possibilités actuelles et réalisables et des buts réels. Donc, si une vision à long terme est certainement nécessaire, elle n’est pas suffisante en elle-même.

En bref, on peut dire que les parties de la société qui désirent la démocratie dans une économie basée sur le pétrole n’ont pas les moyens de s’organiser par elles-mêmes, et ce parce que même sous les meilleurs auspices, un tel gouvernement ne fournirait que des moyens de survie à la population et ne tolèrerait pas une identité indépendante de la population.

Les parties de la société favorables à la démocratie ont une présence bien visible et des relations au sein de la population du pays mais elles n’ont aucun pouvoir tangible. En d’autres termes, il leur manque une présence puissante et décisive qui puisse attirer indépendamment les politiques au pouvoir pour exposer et défendre leurs intérêts. Par exemple les docteurs, les ingénieurs, les avocats, etc… qui en Iran manquent d’organisation indépendante pour protéger et promouvoir leurs intérêts.

Ces portions de la société manquent de l’influence traditionnelle dont jouissent les classes moyennes occidentales. Mais est-ce à dire qu’elles n’ont aucun pouvoir ? Le pouvoir a des attributs spécifiques qui ne se manifestent que dans certaines circonstances quand ils ont utilisés à bon escient pour atteindre une position sociale sûre ou renforcer les jeunes institutions indépendantes de la société civile. Donc, le potentiel et le pouvoir de cette partie de la société doit être convenablement comprise dès le départ, ce qui peut être accompli à deux niveaux :

1. Ses forces, c’est-à-dire le rôle que cette partie de la société joue dans la bureaucratie, les structures et les relations sociales du pays en tant qu’élite éduquée de cette société qui dirige ce pays.
2. Ses faiblesses : c’est-à-dire leurs contraintes par rapport à l’argent disponible dans le régime basé sur le pétrole qui peut réduire le pouvoir des classes moyennes en se mobilisant pour canaliser l’argent et les ressources d’autres secteurs de la société. Dans le même temps, la dépendance d’une grande partie des classes moyennes à l’argent de ce régime basé sur le pétrole doit être comprise. Durant les manifestations de rue, les sympathisants de la démocratie étaient menacés de licenciement quand ils occupaient un emploi de fonctionnaire ou assimilé, les incitant ainsi à se taire. 

Il est donc important d’analyser les faiblesses et les forces de ce secteur de la société pour apprendre les conditions optimales lui permettant de résister aux pressions. Est-ce durant les périodes électorales, les époques de crises économiques ou des cadres, des faiblesses du régime à cause de ses dissensions internes ou à la pression internationale, etc. ? En apprendre plus aider les chefs pro-démocratie à utiliser ses forces plus efficacement. 

Gardant cela à l’esprit, chaque action envisagée par les chefs pro-démocratie doit être évaluée pour savoir si elle mobilisera le peuple. Quels slogans spécifiques produiront la vague sociale bénéfique au dialogue entre les différents groupes sociaux et ses militants ? C’est ainsi que la bouée de sauvetage est reliée au mouvement pro-démocratie. Ce qui signifie lier la politique à la vie, une coexistence de la société civile avec la politique. C’est ainsi qu’on peut créer une vague. Des vagues multiples peuvent éventuellement exercer des pressions sur la dictature. Si l’opposition n’est pas en phase avec la société, les deux seront exploités par le régime. Ceci dit, il est maintenant important de discerner quels groupes et individus ont agi durant les manifestations du Mouvement Vert.

Il est important pour le Mouvement Vert de faire des recherches sur le sujet pour comprendre la meilleure façon d’agir et quand de façon à ce que, si ces évènements devaient se répéter, ils continuent jusqu’à ce que la société atteigne la démocratie.

L’analyse des hauts et des bas des jours où le mouvement en faveur de la démocratie s’engageait dans des actions de rue, la compréhension des aptitudes du régime, y compris les actions spécifiques du mouvement pro-démocratie peuvent constituer un bon guide pour le futur. Nous savons que le futur apportera plus de tensions mais la réponse juste et le succès de la société civile dépendront de notre patience et de nos actions. Nous ne devons pas oublier qu’il n’est pas très difficile de commencer à manifester en Iran. Et même si la situation n’y est pas très favorable actuellement, cela s’est déjà passé plusieurs fois dans le passé. Il importe que lorsque les mouvements favorables à la démocratie commenceront à bouger, il s’établisse et s’officialise. Et changer quelque chose en une institution et « l’officialiser » est la tâche la plus difficile de notre société. C’est ce à quoi nous devons penser, c’est à ce problème qu’il faut trouver une solution.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2012/may/15/article/iranian-democracy-requires-patience-and-intelligence.html


Semaine 20 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Djavad Alikhani transféré à l’hôpital Modarres pour des calculs rénaux.
  • Le président du Front de la Participation Mohsen Mirdamadi hospitalisé dimanche
  • Nargues Mohammadi transférée au dispensaire d’Evine puis à la prison de Zandjan.
  • Sarir Sadeghi transféré de Pelak 100 à la prison de Shiraz.
  • Riaz Sobhani transféré pieds et poings liés de la prison de Radjaï Shahr à un hôpital de Téhéran. 

B- Arrestations/Incarcérations
  • Yaghoub Moghani Kar arrêté à Karadj et envoyé à la prison de Rejaï Shahr, bloc du ministère du renseignement.
  • On ignore ce qu’est devenu Mohammad Hossein Nakhaï, bahaï de 85 ans arrêté à Birdjand lors d’une attaque contre son domicile me 13 Mai. 
  • Djalal SalehPour (Bulut) étudiant et poète de l’université de Tabriz, arrêté par les agents du renseignement.
  • Mohammad Djavad Shahpari rejoint deux autres membres de sa famille au bloc 350 d’Evine.
  • Afrasihab Sobhani, bahaï, arrêté à Semnan.

C-Libérations
  • Zahed Banafeshi, arrêté le 1er Mai a été libéré du centre de détention des gardes révolutionnaires de Sanandadj.
  • Le militant étudiant de l’université de Babol Moïn Ghamin a été libéré après 23 jours de détention.
  • Shirkou Kordi, arrêté le 1er Mai a été libéré du centre de détention des gardes révolutionnaires de Sanandadj.
  • Mohammad Latifi, arrêté le 1er Mai a été libéré du centre de détention des gardes révolutionnaires de Sanandadj.
  • La militante des droits humains et membre de la champagne Un Million de Signatures Ronak Safarzadeh relâchée après 55 mois.
  • Hamid Tarimoradi, arrêté le 1er Mai a été libéré du centre de détention des gardes révolutionnaires de Sanandadj.
  • Mohammad Tavassoli, membre du Mouvement de la Liberté a été libéré sous caution.
  • Après plus de 2 ans de prison, le militant étudiant Sina Zahiri est libéré de la prison de Redjaï Shahr. 

D-Autres Nouvelles 
  • Le militant Peyman Aref de nouveau cité à comparaître.
  • Le chef de l’opposition Mehdi Karroubi, assigné à domicile, a rencontré sa famille.
  • Le chef de l’opposition iranienne Moussavi et son épouse Zahra Rahnavard, assignés à domicile, ont rencontré la mère de Zahra Rahnavard.
  • L’écrivain emprisonné et théoricien de la démocratie Massoud Pedram en grève de la faim. 
  • La délocalisation  de la prison d’Evine est reportée pour cause de manque de fonds.
  • Les prisons d’Ispahan contiennent 3 fois le nombre de prisonniers pour lesquelles elles ont été construites.
  • Des syndicalistes en grève de la faim à la prison de Tabriz.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Sahar Beiram Abadi, bahaïe condamnée à 2 ans de prison + 1 an avec sursis.
  • Le Docteur Omid Kokabi est condamné à 10 ans pour avoir refusé de coopérer avec les gardes révolutionnaires.
  • Saman Ostevar, directeur d’une école maternelle de Bam et bahaï condamné à 2 ans de prison + 1 an avec sursis.
  • Mehdi Ramezani, père de Ramin, tué durant les manifestations post électorales, condamné à 3 ans de prison.
  • Sirvan Saberi, militant politique kurde, condamné à 3 ans de prison ; il se trouve actuellement à la prison de Sanandaj.
  • Nahale Shahidi, bahaïe condamnée à 2 ans de prison + 1 an avec sursis.
  • L’Iran démolit les maisons des militants d’Ahwaz au bulldozer.
  • 13 personnes jugées et condamnées pour espionnage au profit d’Israël. 
  • Majid Jamali Fashi qui a plaidé coupable du meurtre du scientifique nucléaire Massoud Ali-Mohammadi est exécuté mardi.
  • Un voleur a eu quatre doigts coupés à la prison de Mashhad.
  • Une femme et 6 hommes pendus à Kermanshah, 3 hommes à Ardebil, et 16 personnes à la prison de Yazd jeudi, soit un total de 26 personnes en une seule journée, dont 5 femmes et 5 Afghans.

L’université - La culture
  • Le directeur de la foire aux livres de Téhéran rapporte que 120 livres ont été ramassés à cause de ce qu’il appelle « une violation du règlement de la foire. »
  • 397 antennes satellites confisquées à Arak la semaine dernière.
  • De nombreux professeurs d’université obligés de prendre leur retraite.
  • La fatwa de Khamenei sur l’illégalité de l’usage des dispositifs anti-filtrage est bloquée.
  • Le secrétaire général du front de la participation Mohsen Mirdamadi expulsé de l’université de Téhéran.
  • Parviz Shahriari, grande figure de l’éducation en Iran, emprisonné sous le Shah et la république islamique, décède à l’âge de 85 ans.
  • Une biographie du guide suprême interdite.

Les manifestations
  • La semaine dernière, un groupe d’étudiants de l’université Azad de Marivan s’est rassemblé devant le bâtiment du gouverneur pour protester contre ce qu’ils appellent « des dangers vitaux ».
  • Les ouvriers de la canne à sucre et ceux des industries alimentaires de Shoushtar manifestent contre les salaires trop bas et le manque de transparence des contrats.
  • Les manifestations au Sistan-Baloutchistan font au moins un mort.
  • Bataille entre les forces de l’ordre et les ouvriers de l’université d’art de Karadj. 

L’économie de l’Iran
  • L’usine textile Eram de Téhéran, qui employait plus de 200 ouvriers en a réduit le nombre à 180.
  • 200 ouvriers perdent leur emploi après la fermeture de l’usine d’huile végétale « Nab ».
  • USD 1 = 1593 tomans.
  • L’Iran, incapable de vendre son pétrole le stocke sur des tankers.
  • Le dollar grimpe de 7% (de 1580 tomans à 1695 tomans) en une seule journée.
  • Le centre des statistiques : le chômage a baissé de 1.2% pour atteindre 12.3% lors de l’année iranienne qui s’est terminée le 19 mars 2012.
  • Grosse augmentation du montant des loyers à Téhéran.
  • Les subventions augmentent de 45,500 tomans ($27) à 73,000 tomans ($43) par personne et par mois.
  • L’Iran augmente le prix de l’essence de 700 à 1200 tomans le litre lors de la seconde phase de la réforme des subventions.
  • 325 usines d’engrais ferment en Iran / 15.000 ouvriers au chômage.
  • Deux usines de Zandjan ont licencié 140 ouvriers après avoir arrêté de payer leurs salaires depuis cinq mois. 
  • Les exportations pétrochimiques ont chuté de 90% en 2 semaines suite aux sanctions européennes.

L’Iran à l’étranger
  • L’Iran désactive le système de traçage de ses tankers.
  • Le secrétaire d’état aux affaires arabes et africaines se rend en Afrique du Sud et en Namibie.
  • L’Iran envoie encore des armes à la Syrie, d’après un rapport de l’ONU.
  • Les forces armées de l’union européenne sauve un bateau de pêche iranien et son équipage des pirates.
  • La république islamique d’Iran menace Google de poursuites judiciaires s’il utilise un nom autre que « golfe persique ».
  • Après une décision de justice, le Japon gèle les avoirs de l’Iran.
  • Des hackers arabes lancent une cyber-attaque contre la compagnie nationale de pétrole iranienne. 
  • Le Sri-Lanka annonce qu’il va réduire ses importations de pétrole iranien.
  • Les systèmes de brouillage et de surveillance des communications et les équipements de surveillance, nouvelles cibles des sanctions contre l’Iran.
  • L’Iran accueillera la 12ème conférence internationale des mathématiques du 2 au 5 septembre.
  • Deux pèlerins iraniens enlevés en Syrie ont été relâchés et remis aux autorités turques sur la frontière entre la Turquie et la Syrie. 

 La politique en Iran
  • Le chef de l’assemblée iranienne des experts : il est acceptable de publier un avertissement au guide suprême. 
  • La bataille pour le poste de président du parlement : Haddad Adel contre  Laridjani.
  • Rafsandjani: le gouvernement iranien doit permettre la critique ; le chef du conseil d’expédience : il faut permettre la critique constructive du gouvernement. 
  • Les Azéris iraniens mettent en place un conseil national en Turquie qui  aspire à l’indépendance.
  • Le parlement approuve l’augmentation des subventions lors de la seconde phase du plan de réforme des subventions.
  • Le parlement iranien approuve le budget de $462 milliards.

Nouvelles en vrac 
  • L’union européenne libère un dow iranien des pirates somaliens.
  • Les restes de 57 soldats iraniens tués pendant la guerre des années 80 découverts dans la péninsule de Faw en Irak.
  • Le ministre de la santé est inquiet de l’augmentation de la consommation d’alcool et de l’alcoolisme en Iran.
  • Alerte à la pollution atmosphérique à Téhéran.
  • Un autre commandant en retraite des gardes révolutionnaires meurt d’une attaque cardiaque.

Des Nouvelles de Nasrine
  • Campagne pour la Libération de l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh (voir sur le blog)


Sur le Blog cette semaine 


jeudi 17 mai 2012

De quoi les mères emprisonnées en Iran ont-elles le plus peur ? Elahe Amani et Lys Anzia – WNN Features


(WNN) Téhéran, IRAN : Construite en 1971 la prison d’Evine, à Téhéran, capitale de l’Iran, est un lieu qui apporte aux prisonniers dépression, frustration et isolation. Les mères prisonnières ont souvent une peur secrète qui les hante, « être oubliées » de leurs enfants restés à la maison.

L’emprisonnement n’est pas facile en Iran. Il touche les femmes différemment des hommes ; l’impunité peut faire craindre aux femmes des avances sexuelles, la violence et l’intimidation. Beaucoup de prisonnières ont également des besoins spécifiques liés à leur santé physique et aux traumatismes psychologiques. Les mères prisonnières ont des besoins accrus à cause du souci qu’elles se font pour leurs enfants.

A l’échelle du monde, les mères condamnées peuvent permettre à leurs enfants de partager leur détention ou pas. En Hollande, les prisonnières peuvent garder leurs enfants pendant leur détention jusqu’à leur quatrième anniversaire, après quoi, il faut trouver un endroit où les enfants pourront séjourner en dehors des murs de la prison.

En Suède, les enfants et les bébés sont rarement autorisés à rester avec leurs mères emprisonnées, sauf pour les nourrissons jusqu’à l’âge de trois mois. Ce qui veut dire que les enfants au-delà d’un an sans exception ne sont pas autorisés à rester avec leurs mères.

La loi afghane autorise leurs enfants à rester en prison avec leurs mères jusqu’à l’âge de sept ans. Au contraire, en Iran, beaucoup de prisonnières de conscience ne sont pas autorisées à recevoir la visite de leurs enfants pendant des semaines après leur arrivée en prison. Si les enfants et les membres de la famille ont droit aux visites, ils ne peuvent voir leurs mères lors de visites très limitées.

Au Cap, en Afrique du Sud, il y a une nouvelle initiative visant à rendre la prison des mères « amicale pour les enfants » pour que mères et enfants puissent être ensemble dans un environnement naturel et créatif. Le but est que la mère et l’enfant puissent séjourner ensemble, heureux pendant au moins deux ans.

Le nombre de prisonnières augmentant dans les prisons fédérales et nationales, les mères sont souvent envoyées dans des centres trop éloignés pour que leurs familles viennent leur rendre souvent visite. Aux Etats-Unis, un grand nombre de mères sont incarcérées dans des prisons privées à cause de leur « statut illégal » d’immigrantes (la plupart mexicaines ou d’autres régions d’Amérique Latine) ce qui fait qu’elles sont immédiatement séparées de leurs enfants pendant qu’elles attendent d’être déportées. Certaines préfèrent choisir d’attendre que le gouvernement américain juge leur plainte contre la déportation.

Nargues Mohammadi, défenseur des droits humains en Iran

Le 9 juin 2010, au milieu de la nuit, l’avocate des droits humains de 39 ans est emmenée en détention arbitraire par les fonctionnaires de la sécurité iranienne lors d’un raid contre son domicile. Cette invasion s’est faite sans mandat de perquisition. Mohammadi a été emmenée et placée à l’isolement pendant trois semaines. Cet isolement n’a été brisé qu’après que Nargues ait commencé à souffrir d’un mal mystérieux et invalidant qui la frappe encore. Aujourd’hui, en dépit de ses séjours à l’hôpital, elle souffre d’une maladie « qui ressemblerait à de l’épilepsie » qui provoque des évanouissements incontrôlés, des paralysies et des blessures.

Le stress d’une mère en prison peut être écrasant. « Le droit des mères et des enfants à une vie de famille demande des égards spéciaux » dit un manuel de direction de prison du centre international pour les études sur les prisons, qui travaille avec des experts des droits humains et de la réforme des prisons. « Les punitions ne devraient pas comprendre une interdiction totale des contacts avec la famille » souligne le manuel. « Dans la plupart des sociétés, les femmes sont les premières responsables de la famille, particulièrement quand il y a des enfants. Ce qui veut dire que, lorsqu’une femme est envoyée en prison, les conséquences pour la famille restée dehors peuvent être très significatives » ajoute ce rapport.

Mohammadi, prisonnière de conscience, a été accusée « d’assemblée et de collusion contre la sécurité nationale » ainsi que «d’activités de propagande contre le régime de la république islamique. » En première instance, elle a été condamnée à onze ans de prison, condamnation réduite en février 2012 à six ans de prison.

Mère de jumeaux, Nargues est aujourd’hui exceptionnellement vulnérable. Et ses enfants aussi. Son fils Ali et sa sœur Kiani ont maintenant 6 ans : leur mère a milité pour les droits humains en Iran depuis le début de ses études universitaires. Née en 1972, juste un an après la construction d’Evine, elle a obtenu un diplôme de physique et d’ingénierie de l’université internationale Imam Khomeini située dans la ville de Ghazvine, à 250 kilomètres au nord-ouest de Téhéran.

Pour son travail d’avocate, Nargues a été honorée en 2009 à Bolzano en Italie du prix Alexander Langer, mais elle n’a pas pu assister à la cérémonie à cause d’une interdiction de sortie du territoire qui la frappait.

C’est la lauréate iranienne du prix Nobel de la paix Shirine Ebadi qui a accepté la récompense de Nargues en Italie. «  En reconnaissance de son courage dans la défense des droits humains, plus spécifiquement la défense des droits des étudiants, des femmes et d’autres militants de la société civile. » Mohammadi a été honorée d’une standing ovation lors de son appel téléphonique à Ebadi durant l’évènement.

« Si un jour nous atteignons les buts de l’article 19 de la déclaration universelle des droits humains, ce sera un jour de victoire pour l’humanité. Si un jour, les humains peuvent, sans peur, insécurité, prison ou mort, exprimer leurs croyances et leurs pensées par des moyens pacifiques, commencer à les publier, alors l’autoritarisme serait miné. » 

En 2008, en tant que porte-parole et vice-président du Centre des Défenseurs des Droits Humains, Mohammadi devait affronter un danger spécifique croissant. Elle a plus tard été amenée devant la quatrième chambre du tribunal révolutionnaire en mai 2009 pour adhésion au CDDH. Après sa défense et un dépôt de caution de $40.000, Nargues a été mise en liberté provisoire et les accusations retirées, mais les dangers qu’elle devait affronter en tant que défenseur des droits des femmes et des êtres humains persistaient.

Le Centre des Défenseurs des Droits Humains en Iran

Le Centre des Défenseurs des Droits Humains en Iran a été formé par les efforts combinés de cinq avocats de premier plan, y compris le membre fondateur et ancien juge, lauréate du prix Nobel de la paix Shirine Ebadi. Il a été formé en partie pour surveiller et fournir une assistance légale gracieuse et aussi pour représenter dans les dossiers où la protection des droits humains sous l’égide de la loi était en jeu dans la région ; le CDDH a été menacé puis complètement fermé par un « lock-out » du gouvernement iranien en décembre 2008.

La condamnation de Nargues Mohammadi mentionne spécifiquement son « appartenance au CDDH » comme l’une des « accusations légales » qui ont conduit Nargues en prison. Un nombre croissant d’avocats liés au CDDH sont maintenant également en prison.

« Quel espoir est plus puissant que la chaîne humaine, où tous les individus de tous les coins du monde agissent solidairement pour se soutenir les uns les autres » a dit Mohammadi en réponse à son prix Alexander Langer en 2009. « Les gouvernements ne peuvent plus utiliser l’excuse de la souveraineté nationale pour bâtir un mur autour des peuples de leurs nations et l’utiliser encore pour traiter leurs citoyens comme il leur chante et considérer toute objection venant du monde comme une interférence dans leurs affaires internes. »

Les membres du CDDH ont fait face à des amendes excessives, à du harcèlement, à de l’intimidation, à des détentions arbitraires ainsi qu’à de longues peines de prison. Certains ont quitté le pays pour demander l’asile. A d’autres, comme l’avocate des droits humains et mère Nasrine Sotoudeh, le système judiciaire iranien a interdit de travailler dans le domaine de la loi pendant les 20 prochaines années. Sotoudeh est aussi une mère. Elle vit actuellement à la prison d’Evine pour purger une lourde peine de six ans qui a déjà comporté des grèves de la faim, la maladie et des interrogatoires.

Nasrine Sotoudeh et Nargues Mohammadi n’ont pas accès à leurs enfants en tant que prisonnières en Iran. Dans une lettre écrite à ses enfants en prison, Nasrine a écrit : « Mes chers Mehraveh et Nima, je vous aime tous les deux beaucoup. Je souhaite votre bonheur et votre prospérité, comme tous les parents. C’est à vous que je pense d’abord quand je dois prendre une décision. Il convient de considérer le bien-être des enfants dans chaque décision. Vos visites sont très importantes pour moi. Je souffre de ne pas vous avoir tenu dans mes bras depuis des mois. Je suis à l’agonie de ne pas entendre vos voix. »

La marginalisation des prisonnières

« Les autorités iraniennes font leur possible pour marginaliser les défenseurs des droits humains, leur donnant de lourdes peines, l’exil et l’interdiction de leurs activités professionnelles » dit Gerald Staberock, secrétaire général de l’Organisation Mondiale Contre la Torture dans une déclaration conjointe avec la Fédération Internationales des Droits Humains en Mars 2012. « Les prisonniers de conscience et les autres prisonniers sont constamment sujets à la torture et à d’autres mauvais traitements ainsi qu’à la peine de mort. Tout ceci vise à intimider la société dans son entier et la plonger dans un silence de mort » ajoute-t-il.

Nous pouvons parler aux mères, mais qu’arrive-t-il aux enfants des prisonnières en Iran ? Qu’arrive-t-il aux enfants dont l’un ou les deux parents sont détenus ? En dépit des impacts clairs et sérieux sur l’enfant, ce sujet a reçu peu d’attention dans le monde.

« Les droits légaux des enfants d’après la loi internationale se sont développés depuis 1919, des traités régionaux et mondiaux sauvegardant leurs intérêts. Cependant, beaucoup de ces droits inscrits dans la Convention sur les Droits des Enfants et d’autres textes sont mis en défaut quand un parent est emprisonné » dit le Quaker ONU – Bureau des Nations-Unies à Genève.

Globalement, l’incarcération implique le plus souvent des restrictions aux droits humains, spécialement en Iran. Il y implique des dommages excessifs et ce que certains défenseurs appellent des dommages « injustifiés » pour les enfants dont les parents sont emprisonnés.

« Mes jeunes enfants gardent des visions et des souvenirs douloureux, qui les affectent la nuit » dit Nargues dans une plainte officielle déposée auprès du gouvernement iranien, suite à l’arrestation de son époux Taghi Rahmani qui a été le récipiendaire du prix Hellman-Hammet pour les Droits Humains en 1980.

Souvent, les prisonniers de conscience sont séparés des membres de leurs familles par une tactique pour les intimider et les détruire. En avril 2011, les autorités iraniennes ont « interdit à Nargues Mohammadi de contacter son époux Taghi Rahmani en prison » a déclaré la Campagne Internationale pour les Droits Humains en Iran.

Aujourd’hui, les enfants de Nargues Mohammadi et de Taghi Rahmani vivent sans leurs parents. Leur mère Nargues purge sa peine et leur père, le militant Taghi Rahmani, a demandé l’asile en Europe. Ils vivent maintenant chez leur grand-mère paternelle. Mais ils ne peuvent pas voir ou joindre leurs parents quand ils en ont le plus besoin.

Nargues raconte : « Je me souviens qu’un soir, mes enfants n’arrivaient pas à s’endormir ; tous deux parlaient quand ils rêvaient… Plus tôt ce soir-là, ils ont vu les agents de sécurité venir chez nous et hurler des horreurs et des obscénités à Taghi. Je me souviens que le petit Ali arpentait la maison en se marmonnant ‘Sortez de ma maison, laissez mon père tranquille’. Ils ont finalement emmené Taghi. Ma petite file Kiani s’est allongée sur le froid carrelage de l’entrée, des larmes roulaient sur son visage, et elle a appelé son père. J’étais impuissante, transformée en statue de pierre, je fixais ma fille de quatre ans sans savoir que faire… Je suis un être humain, une mère, une épouse, combien de ces souffrances, de ces douleurs devrais-je encore supporter ? »

Les enfants dont les parents sont prisonniers de conscience sont particulièrement affectés quand ils sont témoins d’injustice, surtout s’ils se sentent incapables de sauver ou d’aider le parent affecté par des décisions de justice qu’ils ne peuvent contrôler. Souvent les parents prisonniers de conscience ressentent une grande frustration et un sentiment de culpabilité pour ne pouvoir aider leurs enfants sans leur présence et le confort quotidien de la présence de leurs parents. Dans une lettre « du fond du cœur » écrite au gouvernement iranien pour expliquer son expérience de mère, Mohammadi raconte : « Quand Kiana est née, j’ai eu une césarienne. J’avais beaucoup de points de suture sur le ventre et la chaleur du petit corps précieux de Kiana que je pressais contre mon corps soignait mes blessures. Quand Kiana n’avait que trois ans, elle a dû subir une intervention chirurgicale abdominale et elle aussi avait beaucoup de points de suture dont il fallait s’occuper pour les guérir. J’étais sa mère et c’était mon devoir de m’en occuper et de la soigner jusqu’à sa guérison. Mais j’ai été arrêtée et emmenée en prison. Je n’étais pas là pour m’occuper d’elle, pour la guérir comme elle m’avait guérie. »

Christy Fujio, ancien avocat spécialisé dans l’émigration et directeur du programme d’asile des Médecins pour les Droits Humains aux USA explique : « Le gouvernement iranien veut leur casser le moral, il veut faire un exemple. Ils le font ouvertement par la torture, mais aussi plus subtilement en refusant de les soigner et en les laissant souffrir de leurs blessures. »

« Les souffrances causées par les disparitions forcées, l’isolement prolongé et d’autres mauvais traitements, par des peines de prison longues ne s’arrêtent pas à la porte de la prison » dit Amnesty International. Les membres des familles des personnes emprisonnées souffrent longtemps d’anxiété, de dépression et de peur. Ces symptômes sont particulièrement graves pour les femmes et leurs familles, spécialement les enfants.

Dans son discours d’acceptation du prix en 2009, Nargues Mohammadi dit : « Nous devons parler d’espoir et d’amour. Nous avons tous droit à la liberté d’expression et de pensée : article 19 de la déclaration universelle des droits humains. »

Source : http://womennewsnetwork.net/2012/05/14/imprisoned-mothers-iran-fea/