dimanche 30 juin 2013

Journal d’une participante à la foule rétribuée de l’OMPI

L’étudiante Kirghize Alina Alimkoulova raconte comment elle a été recrutée pour se rendre de Prague à Paris pour assister à un rassemblement de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) mouvement iranien d’opposition en exil.

L’OMPI et sa branche politique basée à Paris, le Conseil National de la Résistance d’Iran, sont souvent sujets à controverse. L’OMPI, qui appelle à un changement de régime en Iran, a récemment été retirée de la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis et l’Union Européenne.

Le conseil national de la résistance d’Iran et sa présidente élue, Maryam Radjavi, sont connus pour organiser des rassemblements de masse qui attirent des Iraniens exilés et des soutiens VIP du monde entier. Mais, comme le prouve le journal d’Alimkoulova, certains des dizaines de milliers de supporters qui ont assisté au rassemblement du 22 juin à Paris, ont été motivés par autre chose que leur désir d’un Iran libre.

20 juin
09h00 : J’étais à Prague ; j’écoutais de la musique en ligne et je lisais les nouvelles sur les médias sociaux quand une publicité m’a attirée. Elle offrait un voyage gratuit pour Paris, une ville que j’ai toujours rêvé de visiter au moins une fois dans ma vie.
Le prix était étonnamment peu élevé : aller-retour en bus, chambre d’hôtel quatre étoiles et petit-déjeuner pour 35 euros.
J’ai écrit à l’organisateur et j’ai découvert qu’il y avait une astuce, mais je m’en moquais. L’organisateur m’a expliqué qu’il me faudrait prendre part à un rassemblement à Paris pendant quelques heures. Il m’a promis que ce rassemblement serait pacifique, sans violence, et que je rentrerai chez moi saine et sauve.

21 juin
21h00 : Je suis arrivée à une station de bus de Prague avec un ami, étudiant comme moi originaire du Kirghizstan. Comme l’organisateur me l’avait promis hier soir, il y avait huit bus qui attendaient de nous emmener à Paris.
La plupart des « manifestants » étaient jeunes ; il s’agissait visiblement d’étudiants comme moi. J’ai rencontré beaucoup de Russes, d’Ukrainiens, de Tchèques ainsi que des étudiants originaires de pays asiatiques, tous recrutés par Internet.
Plus d’une heure plus tard, nous étions toujours au terminal routier. Les gens continuaient d’arriver. Il faisait froid et il pleuvait, quelques-uns ont commencé à boire de l’alcool pour se réchauffer. D’autres ont commencé à scander des slogans : « Liberté pour les perroquets iraniens » et « Les organisateurs doivent apporter de la bière. »
Je me suis rapprochée de jeunes-filles russes pour savoir si elles en savaient plus sur le but de notre voyage. « Défendre les droits des femmes iraniennes » m’a dit l’une « Rencontrer de beaux Français » m’a dit l’autre, « Qui se soucie des Iraniennes ? »

23h12 : Finalement, les organisateurs sont arrivés et nous ont fait monter dans les bus. Le voyage commençait.

22 juin
11h56 : Après un long voyage en bus et une nuit sans sommeil, nous sommes arrivés à Paris. Les organisateurs nous ont dit que nous avions toute la journée pour visiter la ville.
J’ai rencontré un étudiant qui venait d’Allemagne pour participer au même rassemblement. Mais il croyait que nous allions participer à un rassemblement pour soutenir le changement en Irak, pas en Iran.

23 juin
00h52 : L’hôtel était à environ 60 kilomètres de Paris. On nous avait promis une nuit dans un hôtel quatre étoiles, mais je n’accorderai même pas une étoile à cet endroit minable où les organisateurs nous ont emmenés. « Qu’attendiez-vous d’autre pour un voyage tout compris à Paris de 35 euros ? » a dit quelqu’un alors que nous faisions la queue pour les toilettes.

11h42 : J’ai trop dormi et j’ai raté le petit-déjeuner. Ceux qui s’étaient réveillés plus tôt ont dit que le petit-déjeuner se composait de lait et d’un sandwich.
13h16 : Les bus nous emmènent dans un endroit étrange proche de l’aéroport Charles de Gaulle. On nous donne des papiers expliquant où aller et ce que nous devons faire. Les appareils-photos ne sont pas autorisés. En sortant du bus, je me suis résignée à l’idée que la fuite n’était pas possible – l’endroit était gardé.
Des drapeaux jaunes et pourpres pendaient partout. Le nom de « Maryam Radjavi » était écrit sur les drapeaux. Je connaissais au moins le nom de la personne qui se cachait derrière cet évènement de masse.
Voir des files de bus sans fin, venant de pays différents était quelque peu inquiétant. Les gardes de sécurité nous contrôlaient à notre entrée dans le bâtiment. Ils m’ont arrêtée parce que j’ai gardé mon appareil-photo dans mon sac à dos malgré les mises en garde des organisateurs. Bizarrement, les gardes m’ont laissé mon appareil photo quand je leur ai glissé quelques euros. En quelques secondes, j’étais à l’intérieur du bâtiment.
14h23 : Nous étions au moins 10.000 à l’intérieur. On jouait une musique étrange. On donnait à tous les participants des bons pour un sandwich et une boisson gratuits. Nous avons mangé et bu puis rejoint le rassemblement qui se tenait dans un endroit qui ressemblait à un énorme stade.
Il y avait des écouteurs sur chaque siège, apparemment pour pouvoir écouter la traduction simultanée des discours. J’ai soudain vu une femme debout à côté de moi. Elle était couverte de la tête aux pieds et n’arrêtait pas de répéter : «  Allah o Akbar. »
C’en était trop pour moi, il me fallait trouver la sortie.
Près des portes de sortie, là où les organisateurs distribuaient des sandwiches au saumon et des kebabs, j’ai entendu des gens parler Kirghize, ma langue maternelle. C’étaient trois étudiants qui venaient d’Allemagne.
21h28 : J’ai passé le reste de la journée à visiter Paris avant de retourner à notre bus.

24 juin
11h57 : Nous sommes de retour à Prague. J’avais le moral à zéro et même les souvenirs que j’avais achetés à Paris ne me le remontaient pas. Réfléchissant à toute cette expérience, un dicton me vient à l’esprit : « On ne trouve de fromage gratuit que dans une souricière. »

Source : http://www.rferl.org/content/iran-mko-ncri-rally-diary/25029410.html

Semaine 26 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Ramin Idalkhani-Azad transféré de la prison de Parsabad à celle de Meshkin Shahr.
  • Arash Mohammadi transféré à l’isolement à la prison de Tabriz après avoir commencé une grève de la faim ; il est de retour au bloc général après la fin de sa grève de la faim.
  • Shahrokh Zamani transféré à l’isolement pour avoir refusé de porter l’uniforme de la prison au tribunal.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Saïd Abdi arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Somayeh Ali-Doust, professeur à l’université d’Oroumieh, arrêtée à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Ahmad Asgari, journaliste et militant étudiant, arrêté.
  • Meyssam Azadi, militant civique, arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Vahid Faezpour, bloggeur arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Hadi Ghezelbash, militant politique kurde de Salmas arrêté.
  • Gholam Gholizadeh, militant civique, arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Nima, Sina et Tohid Hassani arrêtés à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Paria et Sevda Khalilzadeh, arrêtées à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Milad (Saboutaï) Koulani arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Saïd Lotfi arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Ali Nakouï, militant vert, arrêté à Shiraz.
  • Vahid Nassibi arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Massoumeh Parivaj arrêtée à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Hanif Rahmani arrêté chez lui à Karadj.
  • Le Docteur Ali Nazeri arrêté et envoyé à Evine pour purger sa peine d’un an.
  • Guita Rezaï-Zinalani, ingénieur informatique, arrêtée à Kermânchâh.
  • Sima Sakeni arrêtée à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Hossein et Zahra Zad-Ghassem arrêtés à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • Morteza Zarin arrêté à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.
  • 36 militants azéris et leurs amis arrêtés à Oroumieh lors d’une célébration marquant la journée des victimes de la torture.

C-Libérations
  • Seyyed Ahmad-Reza Ahmadpour, religieux, libéré après avoir purgé sa peine.
  • Ali Amini en liberté provisoire.
  • Après avoir purgé son année de prison, la journaliste et féministe Jila Baniyaghoub a été libérée.
  • Saïd Djalalifar en liberté provisoire.
  • Behnam Ebrahimzadeh en liberté provisoire.
  • Houshang Fanaian en liberté provisoire.
  • Morteza Khosravi-Rad en liberté provisoire.
  • Behnam Nikzad, membre de la campagne de Rouhani, a été libéré.
  • Ali Orojzadeh, membre de la champagne de Rouhani, a été libéré.
  • Nasrine Sotoudeh avocate des droits humains en liberté provisoire pour 4 jours.
  • Amin-Farid Yahyaï, membre de la campagne de Rouhani, a été libéré.
  • Les candidats aux élections municipales de Bokan, libérés sous caution.

D-Autres Nouvelles
  • Mohammad-Amin Abdollahi, condamné à mort, est en grève de la faim à la prison d’Oroumieh.
  • Afshine Ossanlou, syndicaliste condamné à 5 ans à la prison de Redjaï Shahr, décède d’un arrêt cardiaque après son transfert à l’hôpital.
  • 2 jours de grève de la faim par 11 syndicalistes pour protester contre les bastonnades et les conditions difficiles à la prison de Redjaï Shahr.
  • Deux serpents venimeux découverts dans le bloc des femmes de la prison d’Evine.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Hassan Assadi-Zeidabadi condamné à une amende d’un million de toman pour absence durant son procès.
  • Seyyed Mahmoud Bagheri condamné à une amende d’un million de toman pour absence durant son procès.
  • Emad Bahavar condamné à une amende d’un million de toman pour absence durant son procès.
  • Mohammad-Hossein Naïmipour condamné à une amende d’un million de toman pour absence durant son procès.
  • Mohsen Sadeghi-Nour condamné à une amende d’un million de toman pour absence durant son procès.
  • 3 hommes et une femme pendus à Redjaï Shahr.
  • Peine d’amputation de la main confirmée pour six prisonniers de Shiraz.
  • 2 pendaisons à Ispahan.

L’université – la Culture
  • Le grand architecte Abdolaziz Farmafarmayan décède à l’âge de 97 ans.
  • Le palais du Golestan intègre le patrimoine mondial de l’humanité.
  • Le syndicat des enseignants iraniens déclaré illégal.

L’Iran à l’étranger 
  • Le ministre des affaires étrangères libanais arrive à Téhéran.
  • L’Iran rapatrie 41 déportés pakistanais.
  • La Bosnie expulse un troisième diplomate iranien.

L’économie en Iran 
  • $1 = 2700 toman lundi, 3300 mercredi.
  • Inflation sur 12 mois à fin juin 32.6%; inflation sur les produits alimentaires : 51.9%.

La politique en Iran
  • Une plainte a été déposée contre Mashaï, chef de cabinet d’Ahmadinejad.

Nouvelles en vrac
  • L’Iran brûle 100 tonnes de drogues illicites.
  • Volleyball : l’Iran bat l’Italie en finale 3-1.

Sur le blog cette semaine

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
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dimanche 23 juin 2013

Interview de la soeur d’Afshine Ossanlou

Le jeudi 20 juin, le syndicaliste emprisonné Afshine Ossanlou a été hospitalisé après avoir subi une attaque cardiaque à la prison de Redjaï Shahr. Il n’a malheureusement pas survécu à cette attaque cardiaque.

Dans une interview avec ISNA, le directeur des prisons de Téhéran a confirmé le décès d’Afshine Ossanlou. Il a dit qu’Ossanlou avait été arrêté en 2010 et devait être libéré en février prochain mais qu’il était malheureusement décédé d’une attaque cardiaque à l’hôpital Martyr Redjaï de Karadj.

Plusieurs autres prisonniers politiques ont déjà perdu la vie en détention à cause de la dure situation en prison et de la négligence des autorités pénitentiaires.

La mère d’Afshine, Fatemeh Galgari avait, par le passé déclaré à Djaras : « Afshine n’a commis aucun crime, il était juste chauffeur de bus et avait exprimé des plaintes sur la mauvaise situation économique des travailleurs. J’espère que ceux qui s’occupent des problèmes des droits humains prêteront attention à la situation des prisonniers politiques et que les prisonniers politiques innocents seront libérés. »

Afshine Ossanlou était le frère de l’ancien prisonnier politique Mansour Ossanlou, fondateur du syndicat Vahed (syndicat des conducteurs de bus). Afshine Ossanlou a été jugé et condamné par le juge Salavati à cinq ans de prison pour « rassemblement et collusion » sur la base de témoignages de passagers et pour avoir détenu un passeport. Sa condamnation a été confirmée en appel.

Le frère d’Afshine, Mansour Ossanlou, a écrit sur Facebook : « On a arrêté Afshine au dortoir des chauffeurs du terminal sud. On l’a emmené au ministère du renseignement à Shahr-e-Rey, et après, en accord avec les agents du renseignement d’Evine, on l’a mis à la section 209. Là, il a été soumis aux plus terribles tortures pour le faire témoigner contre le syndicat et les activités du syndicat. On voulait des aveux comme preuve de concertation dans l’action entre des organisations politiques et syndicales et même la fourniture illégale d’armes aux syndicats pour réaliser des attentats à la bombe avec des groupes politiques opposés à la république islamique. Tout cela n’était qu’un tissu de mensonges et de fausses accusations ; comme il refusait de coopérer, on l’a soumis aux pressions les plus dures. »

Afshine Ossanlou a été arrêté à l’automne 2010 et est resté quatre mois à la section 209 de la prison d’Evine, soumis à des tortures violentes et son corps en portait encore les marques avant sa mort. Les coups répétés à l’aide d’un câble lui avaient causé une déchirure au pied et une tumeur à l’omoplate.

Djaras a interviewé la sœur d’Afshine après la publication de son décès. On entendait les gémissements et les cris de leur mère 

Madame Ossanlou, nous vous présentons toutes nos condoléances. Pourriez-vous nous en dire plus sur les circonstances de la mort de votre frère.
Nous sommes sous le choc, nous n’arrivons pas encore à y croire, nous avons appris la nouvelle par des amis.

Après avoir appris la nouvelle, vous êtes-vous rendu à l’hôpital ou à la prison ?
Oui, je me suis rendue aujourd’hui à Redjaï Shahr pour savoir si c’était vrai. On m’a dit d’aller au tribunal pour avoir l’autorisation de voir le corps d’Afshine. Après, je suis allée voir l’infirmière qui m’a dit qu’Afshine avait été transporté à l’hôpital Redjaï jeudi à 20 heures mais qu’il était déjà décédé.

Vous voulez dire qu’il est mort en prison ?
C’est ce que je voulais savoir et je leur ai demandé la cause de la mort de mon frère. Ils m’ont dit que lorsqu’il est arrivé, il était déjà mort mais comme il était jeune, il y avait encore de l’espoir et ils ont essayé de le ranimer pendant une heure sans succès.

Quelle était la cause de la mort ?
Ils disent que c’est une attaque cardiaque.

Aujourd’hui, samedi, la direction de la prison vous a-t-elle contacté depuis jeudi pour vous annoncer la nouvelle de son décès ?
Non, Afshine est mort depuis deux jours mais personne n’a voulu nous contacter.

Avez-vous pu voir son corps ?
Oui… (elle commence à pleurer), nous n’arrivons pas à croire qu’Afshine est parti, il était en bonne santé, en très bonne santé.

Quand avez-vous rendu visite à Afshine pour la dernière fois ?
La dernière fois, ma mère a pu le rencontrer en personne, il allait bien et il espérait même pouvoir obtenir une liberté provisoire.

Combien de temps avait-il été incarcéré et combien de temps avait-il passé en liberté provisoire ?
Il purgeait une peine de cinq ans et avait passé trois ans et demi en prison. Nous étions heureux qu’il n’ait plus qu’un an et quelques mois à purger. Nous ne nous doutions pas qu’il allait perdre la vie en prison. Il n’avait commis aucun crime, il était innocent et incarcéré injustement.

Quelle est sa situation à Redjaï Shahr ?
Il était à Redjaï Shahr depuis trois ans et demi, pas besoin de dire que tout le monde connait la situation de Redjaï Shar. Ma mère était malade et nous avions beaucoup de choses à nous occuper. Il est facile de dire trois ans et demi de prison, dans une situation difficile mais à moins de l’avoir vécu et ressenti, personne ne peut comprendre les difficultés que les prisonniers endurent.
Je dois juste dire qu’aucun des dirigeants de la pénitentiaire n’a suffisamment respecté ou estimé sa famille pour nous contacter et nous apporter la nouvelle de son décès. Que pourrais-je dire d’autre ? Je ne me sens pas bien, je ne peux plus parler.

Source: http://www.rahesabz.net/story/71943/

Lettre d’Afshine Ossanlou, syndicaliste mort en détention

Je m’appelle Afshine Ossanlou, syndicaliste iranien. Je conduis un autocar entre différentes villes et je suis actuellement à la prison de Radjaï Shahr en Iran. A l’automne 2010, je me reposais dans le dortoir des chauffeurs au terminal routier, j’ai été arrêté par des hommes armés en civil et emmené à la section 209 de la prison d’Evine. Je suis resté cinq mois à l’isolement où j’ai été interrogé et torturé. J’ai entre autres été frappé sur la plante des pieds avec des câbles, obligé de courir alors qu’on venait de me frapper, alors que j'avais les pieds couverts de coupures et de plaies, des insultes grossières, des jurons pendant mes semaines d’interrogatoires, 18 heures d’affilée ; j’ai été battu par plusieurs hommes qui m’ont cassé des côtes et des dents. Durant ces cinq mois, ma famille n’avait aucune nouvelle de moi et on ne répondait pas à leurs demandes d’information. On ne m’a même pas permis de téléphoner à ma mère qui est âgée et qui souffrait déjà de l’emprisonnement de mon frère (Mansour Ossanlou, président du syndicat des travailleurs des bus de Téhéran et de sa banlieue)

Je suis marié et j’ai deux fils. Quand j’ai commencé ma vie de famille, je travaillais comme  chauffeur à la base de construction de Khatam dans la province dévastée par la guerre du sud de l’Iran. Le travail était dur : construire de pistes pour traverser la rivière Karkhe, construire des docks de pierre dans le port de Mahshahr et construire des aqueducs depuis la rivière Karkhe jusqu’à Hamideh à Ahvaz. L’amour de mon pays m’a aidé à supporter l’éloignement de ma famille et je rejetais la tristesse.

Au bout de deux ans, tous les chauffeurs, intérimaires ou permanents, ont été licenciés. En 1997, j’ai rejoint la compagnie des bus de Téhéran ; je travaillais par vacation de 12 heures, de jour comme de nuit, dans les rues les plus embouteillées de la ville. Pendant que je travaillais dans cette unité, avec mes collègues les plus expérimentés et les plus sincères, nous avons essayé d’améliorer et de moderniser nos conditions de travail et tenté d’empêcher la corruption ; la direction nous a répondu en nous humiliant, en nous ridiculisant ; le conseil islamique du travail a agi de même ; mais nous avons continué à demander nos salaires en retard, nos primes, nos uniformes, des conditions de travail moins dures, moins nocives, moins dangereuses ainsi que la fin des contrats temporaires dont certains duraient quatre à cinq ans.

Bien que nous n’ayons pas obtenu satisfaction sur beaucoup de points, que les gens haut-placés nous considéraient comme cupides et ingrats, nous avons continué. La direction nous a menacés de licenciement.

Malheureusement, en 2001, alors que je transportais des passagers, j’ai eu un accident qui a causé un mort. J’ai contacté l’assurance de mon entreprise pour qu’elle m’assiste. Mais après quelques entretiens entre la famille de la personne décédée et l’assurance, la somme que l’on me réclamait est passée de 10 à 18 millions de tomans. Et l’assurance s’est déclarée légalement non-responsable.

Mes plaintes au département du travail n’ont servi à rien jusqu’à ce que les directeurs de la compagnie acceptent de payer la totalité de la somme si je démissionnais. Et comme je n’avais pas une telle somme d’argent, j’ai été obligé de démissionner, ce qui m’a fait perdre mes quatre ans d’ancienneté, sans compter les années de dur travail dans des conditions difficiles. Cela a eu de graves conséquences pour ma famille. Mon épouse, qui était enceinte à l’époque, a fait une dépression nerveuse. Depuis lors, j’ai travaillé avec l’entreprise Transportation and Shipping. Ce secteur appartient au privé, il n’y existe pas de syndicat fort et indépendant et les salaires sont souvent payés en retard et il était donc difficile pour les chauffeurs de joindre les deux bouts. Et nous avons commencé à discuter de la façon dont nous pourrions améliorer nos conditions de travail.

J’ai toujours suivi quatre règles dans ma vie : être fier mon travail, essayer de respecter mes pairs, aimer mon pays et ses habitants et servir la société en élevant mes enfants pour qu’ils puissent lui être utiles.

Au bout d’un an de prison dans les sections 209 et 350, sans rien savoir de mon sort, j’ai été condamné à cinq ans de prison par la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire présidée par le juge Salavati. En quelques minutes, j’ai été accusé d’être « une menace pour la sécurité nationale » ; je n’ai pas eu le droit d’être représenté par un avocat. J’ai porté objection sur la procédure, mais ni moi ni ma famille n’avons pu voir le dossier ou les chefs d’accusation, encore moins les étudier.

J’ai été condamné sur des accusations sans fondement à cinq ans ; j’en avais déjà effectué deux en préventive. Qu’ai-je fait contre la sécurité nationale ? Je ne suis affilié à aucun parti politique, à aucun groupe ou organisation et toutes mes actions étaient légales et se rapportaient à la défense des travailleurs. Le seul crime que j’ai commis était la revendication des droits des travailleurs et de leurs syndicats ; nous arrêter ne nous empêchera pas de revendiquer nos droits. Il est nécessaire de créer des syndicats légitimes, indépendants avec des droits légaux en accord avec le ministère du travail pour améliorer la sécurité de l’emploi, améliorer les salaires en les indexant sur l’inflation, lutter contre le paiement en retard des salaires, pour des contrats permanents entre travailleur et employeur, pour une sécurité sociale nationale, pour la couverture des travailleurs par une assurance, pour l’arrêt de la privatisation du secteur du transport terrestre et maritime, beaucoup d'entreprises sont déjà privatisées, pour mettre fin à l’exploitation des travailleurs par les employeurs. Si les forces de sécurité et le ministère des transports s’occupent de ces sujets, le secteur du commerce se conformera à la loi. Si ces lois sont appliquées, ce sera tout bénéfice pour la sécurité publique, la productivité augmentera et l’industrie dans son ensemble sera plus profitable. Mon crime et celui d’autres, semblable à moi est d’avoir parlé et reparlé de ce sujet.

On discute de ce sujet entre chauffeurs et travailleurs et même avec certains dirigeants du transport, honnêtes et compétents.

Tous ces problèmes devraient être portés devant la Fédération Internationale des Travailleurs des Transports (ITF) et aussi devant l’Organisation Internationale du Travail (ILO) qui nous a toujours prêté une oreille attentive et a soutenu ses frères dans le monde entier, qui comprend nos peines et nos souffrances. Nous voulons qu’ils portent ces problèmes devant les instances internationales ainsi que devant les organisations qui défendent les droits humains. Nous voulons que tous les travailleurs, surtout ceux du secteur des transports, entendent comment tant de travailleurs ont été condamnés injustement et illégalement. Nous voulons que vous fassions savoir comment, dans notre pays, nous n’avons aucun droit des travailleurs, aucun droit humain, comment, pour la plus petite plainte sur nos conditions de travail, nous sommes injustement et illégalement sévèrement torturés et emprisonnés.

Dans l’espoir de lendemains qui chantent pour tous,

Afshin Osanlou, 7 août 2012, prison de Redjaï Shahr, Iran

Source : http://ireport.cnn.com/docs/DOC-852266

Message du bloggeur emprisonné Mohammad Reza Pourshadjari à l’occasion de la journée des prisonniers politiques d’Iran, célébré chaque année par de nombreux groupes et militants des droits humains le 20 juin.

Le message de Monsieur Pourshadjari a été enregistré puis retranscrit.

Je m’appelle Mohammad Reza Pourshadjari. J’écris sous le pseudonyme de Siamak Mehr et mon blog s’intitule « Rapport sur la Terre d’Iran ». Je vous écris de la prison de Karadj à l’occasion de la journée internationale des prisonniers politiques (20 juin) que je dédie à mes camarades prisonniers d’Evine, de Redjaï Shahr et de toute autre prison ou centre de détention, ainsi qu’à tous mes compatriotes qui vivent dans cette grande prison qui s’appelle l’Iran.

Chacun sait que, si l’on se réfère aux normes internationales, la république islamique est l’un des principaux pays à violer les droits humains. Année après année, l’Iran a été condamné pour ces violations par les organisations internationales comme l’ancienne commission de l’ONU pour les droits humains et l’actuel conseil aux droits humains de l’ONU. L’existence de prisonniers politiques est un exemple de violation des droits humains en république islamique.
Avant de plonger dans la situation des prisonniers politiques en Iran, je pense nécessaire de décrire un tableau véridique, même s’il sera bref et limité, de la république islamique. Par cette description, on découvrira pourquoi le sujet des délits politiques et des prisonniers politiques en république islamique s’est transformé en problème complexe et alambiqué ; il n’y a pas de définition claire et indiscutable de ces concepts par les instances dirigeants ou l’opposition.

Ce régime idéologique gère un système totalitaire, discriminatoire et répressif et sa survie repose l’attrait qu’il opère sur la société pour mieux la détruire tout en violant les droits et libertés sociales et politiques du peuple et en l’en privant. Malgré les slogans et les cris du peuple pour la liberté, la dignité humaine et le respect, les dirigeants de ce régime se sont élevés contre le genre humain et l’humanité en refusant de reconnaître la liberté de choix ou tout autre droit personnel. En tant que tel, la république islamique agit comme un frein sur le chemin du progrès individuel et social et de l’évolution. Les restrictions sur les droits individuels en république islamique vont jusqu’à priver les citoyens d’écouter leurs musiques favorites ; ils ne peuvent écouter que ce qui est jugé permis par le gouvernement.

L’imposition de l’état et de la religion par la république islamique a causé des épisodes sombres et sanglants dans l’ère moderne post-industrielle. Quand les aspects laïcs d’un gouvernement se mêlent avec le dogmatisme religieux, l’absurdité, l’abolition des frontières entre vie privée et vie publique, la conscience privée du citoyen est constamment violée par les forces répressives du régime. Un exemple clair : l’imposition du hijab islamique aux femmes. Dans ces conditions violemment répressives, la prison est le moindre des châtiments pour les religieux ou les dissidents qui osent avancer leurs droits ou celui de leurs compatriotes.

Bien que les prisons de la république islamique soient pleines de militants des droits humains, civiques et politiques, de journalistes et de bloggeurs, les dirigeants du régime ne croient pas à l’existence des prisonniers politiques ou des délits politiques. Cependant, en référence à l’article 168 de la constitution, et ils regrettent que cette référence existe, les autorités utilisent le terme de prisonniers de sécurité pour parler des prisonniers politiques et la première accusation portée à l’encontre de ces personnes est « action contraire à la sécurité nationale ». Ce faisant, les autorités du régime tentent de qualifier les activités de leurs opposants non pas de protestation contre le despotisme du régime de mise en danger de la sécurité nationale.

Mon propre destin en tant que bloggeur et prisonnier politique, illustre les injustices infligées aux dissidents et aux critiques du régime des ayatollahs. Début septembre 2010, mon domicile a été attaqué par les agents du ministère du renseignement ; j’ai été arrêté et emmené à la section 8 de la prison de Radjaï Shahr administrée par les gardes révolutionnaires. Les jours suivants, j’ai été battu et torturé. On m’a même emmené une fois jusqu’à un gibet, fait monter sur tabouret et on a prétendu vouloir me pendre. A cette époque, j’ai enduré tant de pressions et de contraintes, j’avais tant peur d’être obligé de me repentir et de demander pardon que j’ai fait une tentative de suicide en me tailladant les veines des bras. J’ai passé huit mois de suite à l’isolement pendant lesquels on m’a interrogé sans arrêt. Pendant tout ce temps, les agents de la république islamique, y compris les enquêteurs du tribunal révolutionnaire me menaçaient de mort et d’exécution.

Finalement, le système répressif islamique m’a condamné à quatre ans de prison pour avoir publié mes pensées et mes convictions sur mon blog. Ils ont qualifié cela de « diffusion de propagande contre le régime » et de « profanation ». Depuis lors, je suis en prison depuis trois ans dans une situation encore pire que ce que mes compatriotes pourraient se l’imaginer. La nuit, je dors dans une cellule avec deux prisonniers de droit commun dont l’un souffre de désordres psychologiques et a tué sa propre mère. L’autre est un jeune homme qui a décapité sa sœur avec un couteau, l’a démembrée et en dispersé les morceaux par toute la ville. Même dans un zoo, on ne met pas la gazelle et le daim dans la même cage que le loup, la hyène ou l’ours.

Pour conclure, je rappelle ouvertement aux dirigeants de la république islamique qu’Iran veut dire liberté, ma liberté et la liberté de gens comme moi. Au nom de l’Iran, nous ne devons pas tolérer les ennemis de la liberté.

Source : http://persian2english.com/?p=24550

samedi 22 juin 2013

Semaine 25 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Jila Bani-Yaghoub transférée au dispensaire d’Evine puis à l’hôpital pour une nuit après qu’un objet lui soit tombé sur la tête.
  • Ali Moezi exilé de la prison d’Evine au pénitencier central de Karadj.
  • Afshin Ossanlou hospitalisé après une attaque cardiaque à Evine.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Ali Raouf, syndicaliste, arrêté à Téhéran.
  • Arash Mohammadi, militant étudiant, arrêté pendant la fête qui a suivi l’élection à Tabriz, sévèrement battu, il commence une grève de la faim.
  • Arash Nassirzadeh commence à purger sa peine à la prison d’Evine.
  • Behnam Nikzad, membre de la campagne de Rouhani, arrêté à Tabriz.
  • Ali Orodjzadeh, membre de la campagne de Rouhani, arrêté à Tabriz.
  • Hassan Saremi, frère d’Ali Saremi exécuté en 2010, arrêté avec ses enfants Shahla et Hamed Saremi.
  • Amin-Farid Yahyaï, membre de la campagne de Rouhani, arrêté à Tabriz.
  • Pejman Zafarmand de nouveau arrêté.
  • Plus de 90 militants arrêtés à Tabriz.

C-Libérations
  • Omid Abdolvahabi, reporter basé à Téhéran-du journal Mardomsalari et du site Web réformateur, a été libéré.
  • Le journaliste Ali Ghazali a été libéré.
  • Shirine Mir-Karimi a été libérée.
  • Mohammad Parsi, arrêté durant le meeting de Rouhani, relâché.
  • Le journaliste Fouad Sadeghi a été libéré.

D-Autres Nouvelles
  • Azizollah Samandari reçoit le prix néo-zélandais du « dévouement suprême »..

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Vahid Haghani, chrétien de Shiraz, condamné à 44 mois de prison.
  • Mojtaba Seyyed-Alaedin Hossein, chrétien de Shiraz, condamné à 52 mois de prison.
  • Ehsan Houshmand a été condamné à un an avec sursis.
  • Détention provisoire prorogée d’une semaine pour Djamileh Karimi.
  • Mehdi Koukhian, militant azéri, condamné en appel à un an de prison.
  • Saïd Madani a été condamné à 6 ans de prison et 10 ans d’exil.
  • Mohammad (Kourosh) Nassiri condamné à 11 ans de prison pour participation à une page Facebook.
  • Mohammad-Reza Partoï (Kourosh), chrétien de Shiraz, condamné à 44 mois de prison.
  • Homayoun Shokouhi, chrétien de Shiraz, condamné à 52 mois de prison.
  • La peine de prison d’ Abbas Valizadeh annulée en appel.
  • Une pendaison à la prison de Redjaï Shahr.
  • 14 exécutions secrètes dans les prisons d’Hormozgan.
  • Abolition des pendaisons publiques en raison des exigences internationales et des droits humains à Ghazvine.

L’université – la Culture
  • Le musicien célèbre Djalil Shahnaz est décédé.
  • L’écrivain célèbre Fahimeh Rahimi est décédée.
  • Plusieurs imprimeries de Qom fermées pour avoir publié des livres et autres écrits non autorisés.
  • Le ministre des sciences met fin à la mise à la retraite anticipée des professeurs d’université.
  • Déferlement de films iraniens au festival de Moscou.

Manifestations 
  • Manifestation à Yazd contre la destruction de maisons historiques.
  • Manifestation à Kermânchâh ; principal slogan : « Laissez la Syrie tranquille, occupez-vous plutôt de nous ! »

L’Iran à l’étranger 
  • Les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France se déclarent prêts à travailler avec le nouveau président.
  • La cour suprême britannique invalide les sanctions contre une banque iranienne.
  • L’Iran arraisonne deux bateaux de pêche émiratis dans le golfe et arrête 13 personnes.
  • Le ministre des affaires étrangères rencontre l’ambassadeur de Suisse à Téhéran..

L’économie en Iran 
  • Les ouvriers de l’usine Azmayesh n’ont pas été payés depuis 9 mois.
  • 220 licenciements après la fermeture d’une usine de tabac.
  • La devise iranienne, le rial regagne 9% en une semaine : 1US$=33,000 rial.
  • D’après un audit de la cour suprême, la banque centrale a dévalué la devise nationale.

La politique en Iran
  • Résultats de l’élection : Total 36704k. Rouhani 18613k, Ghalibaf 6077k, Jalili 4168k, Rezaï 3884k, Velayati 2268k, Gharazi 446k
  • Ahmadinejad cite à comparaître suite à une plainte de Laridjani.
  • Résultat officiel des élections au conseil municipal de Téhéran : 18 conservateurs et 13 réformateurs.
  • Pour améliorer les relations entre les deux branches, Rouhani a nommé Mohammad Bagher Nobakht, pour l’exécutif et Ali Laridjani a nommé Mohammad Reza Bahonar pour représenter le législatif.
  • Ahmadinejad a demandé par 3 fois au guide suprême un décret permettant à Mashaï d’être candidat ; il a refusé.

Nouvelles en vrac
  • L’Iran est qualifié pour la coupe du monde de football 2014 au Brésil.

Sur le blog cette semaine


Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
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vendredi 21 juin 2013

Interview avec un membre de la commission parlementaire de sécurité nationale Ahmad Bakhshayesh – Fereshteh Ghazi – 19 juin 2012

Interviewé par Rooz sur le sort du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, Ahmad Bakhshayesh, un conservateur, membre de la commission parlementaire sur la sécurité nationale et la politique étrangère, a déclaré : « l’époque d’Ahmadinejad est finie. »

Sur l’assignation à domicile de Mir-Hossein Moussavi, qui date de 2011, il a commenté : « Si Moussavi s’était tenu tranquille il y a quatre ans, ce serait lui le président aujourd’hui, pas Hassan Rouhani. »

Extraits de l’interview :
Rooz : Comment évaluez-vous la victoire d’Hassan Rouhani et la défaite des conservateurs ?
Bakhshayesh : Je vois cinq raisons au vote populaire pour Monsieur Rouhani. La première est que le peuple vote pour l’autre faction tous les huit ans, c’est quelque chose que nous avons remarqué. La seconde est la mauvaise compréhension des conservateurs. Ils croyaient que le peuple leur était dévoué et voterait pour eux de toute façon et c’est pourquoi ils ont choisi de débattre et de se concurrencer entre eux plutôt qu’avec leurs opposants. La troisième tient aux évènements et aux discussions qui ont eu lieu il y a quatre ans. Ces évènements sont toujours présents à l’esprit du peuple qui croit que peut-être, son vote n’a pas été compté, a été méprisé. La dernière raison est la disqualification de Monsieur Rafsandjani qui l’a, d’une certaine façon, transformé en héros. La résistance négative d’Ahmadinejad après la disqualification de Mashaï a aussi joué un rôle. Avant cette disqualification, il emmenait Mashaï partout où il allait et appelait au vote du peuple en sa faveur. Après sa disqualification, il a choisi de garder le silence et est entré dans une sorte de résistance négative. Même le jour du vote, il a choisi de se rendre aux urnes à cinq heures du soir plutôt que tôt le matin.

Rooz : Durant ces huit dernières années et plus spécialement les quatre dernières, les politiques économique, intérieure et internationale de l’administration ont mené le pays au bord de la crise. Le peuple a été mis sous pression surtout du point de vue économique. Ils se sont détournés des conservateurs à cause de ces politiques et non de leur propre abattement, vous ne croyez pas ?
Bakhshayesh : Bien sûr, mais on peut l’interpréter de deux façons, la première, c’est celle que vous avez décrite. : vous dîtes que les politiques intérieures, économiques et étrangère de Monsieur Ahmadinejad ont conduit à la victoire de Monsieur Rouhani. Je dis que monsieur Ahmadinejad fait partie des conservateurs qui n’étaient pas d’accord avec lui, ce qui l’a empêché de faire mieux. De plus, les taux de change et la politique économique du pays se sont détériorés ces sept ou huit derniers mois seulement, avant il était très apprécié en province.

Rooz : Vous ne croyez donc pas à la défaite des conservateurs ?
Bakhshayesh : C’est une défaite mais elle n’est pas grave. Les conservateurs se sont divisés. Ils croyaient qu’ils allaient jouer entre eux. Par exemple, Djalili, pour qui j’ai voté, est un modéré. Je le connais depuis l’université, nous vivions dans la même chambre. Au début de sa campagne, il s’est montré comme un guerrier et il voulait gagner contre les conservateurs radicaux.

Rooz : L’une des demandes de ceux qui ont voté pour Rouhani est la levée de l’assignation à domicile de Messieurs Moussavi et Karroubi et de Madame Rahnavard. C’était visible lors des évènements qui ont eu lieu dans la rue ; on a entendu des appels à la libération des prisonniers politiques lors des fêtes populaires. Qu’en pensez-vous ?
Bakhshayesh : Je ne le crois pas. Le peuple veut de meilleures conditions économiques. Il y a l’inflation et le problème du chômage. Il y a aussi des demandes politiques à la marge, comme les appels à la liberté. Ceux qui ont gagné font la fête, leur fête. Leurs réjouissances étaient sincères.

Rooz : Pensez-vous que la levée de l’assignation à domicile et la libération des prisonniers politiques soient souhaitables ?
Bakhshayesh : Il ne faudrait pas que cela arrive immédiatement. Monsieur Rouhani doit d’abord entrer en fonction. Il y a le guide suprême, le parlement et il faut que le gouvernement soir formé. Notre problème actuel n’est pas la situation de Moussavi, de Karroubi ou des prisonniers politiques. C’est la situation économique. Il a dit qu’on pouvait résoudre le problème de Karroubi et de Moussavi. Les prisonniers politiques seront aussi libérés, naturellement, dans cette nouvelle atmosphère, mais il faut un peu de temps.

Rooz : Monsieur Ahmadinejad a-t-il été cité à comparaître par Monsieur Laridjani ou par le parlement ?
Bakhshayesh : Je l’ignore, mais j’ai appris aujourd’hui que c’était à cause du ministre des sports qu’il devait nommer en trois mois, ce qu’il n’avait pas fait. Le comité de l’article 90 du parlement a porté plainte sur ce point et Monsieur Ahmadinejad doit comparaître au pénal le 26 novembre. En fait, c’est le tribunal administratif qui doit enquêter. Monsieur Laridjani a également déposé plainte, mais je ne connais pas les détails. Je crois que l’affaire ne sera pas jugée puisque sa présidence a pris fin. Le but est de réduire les tensions et Ahmadinejad le sait aussi.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/19/article/ahmadinejad-should-look-down-and-depart.html

jeudi 20 juin 2013

Khamenei a-t-il entendu le cri du peuple ? Mehdi Saharkhiz onlymehdi(at)gmail.com – 19 juin 2013

Ces derniers jours, on a vu différentes interprétations et analyses des résultats de l’élection présidentielle du 14 juin, des commentaires qui se réfèrent tous à un évènement important : la victoire électorale de Rouhani qui a choqué presque tout le monde.

Depuis l’élection présidentielle truquée de 2009, il y a quatre ans, je n’ai cessé de me demander combien de temps le régime continuerait à opprimer le peuple tout en se prétendant son représentant ou jusqu’à quand le peuple ne serait qu’un pion dans le mauvais jeu politique de ses dirigeants.

Et maintenant, il semblerait que Khamenei ait entendu, pour la première fois, les problèmes du pays, par les débats télévisés des candidats qu’il a approuvés en personne. Ces candidats ont décrit un tableau tellement noir des crises que traverse le pays et du futur du pays que l’Iran semblait invivable et qu’on ne pouvait désirer le diriger. Le tableau était tellement horrible qu’Haddad Adel s’est senti obligé de le qualifier d’irréaliste. Et il faut se souvenir de la proximité d’Haddad avec le guide suprême. Il était clair qu’il exprimait le point de vue des plus hauts responsables politiques et des cercles iraniens dirigeants.

Ces dernières années, Khamenei n’a eu affaire qu’à des personnes qui s’inclinent devant lui. Mais maintenant, et après le coup d’état électoral de 2009, il a appris la situation effrayante, les crises et les réalités du pays par son propre réseau de radio-télévision, de la bouche mêmes de ceux qui lui sont le plus proches.

Et alors, quelque chose qu’il n’avait jamais cru possible s’est passé : les deux factions politiques qui s’affrontaient depuis quelques années, se sont rassemblées alors que le champion qui lui était si proche n’acceptait même pas d'aborder les sujets les plus simples. Et cela a produit une énorme vague. Beaucoup de ceux qui, jusqu’à la veille, appelaient au boycott des élections, se sont joints à ceux qui appelaient à la participation au vote depuis des semaines. Alors les gens sont sortis de partout pour voter. L’élection, dont les experts et les profanes pensaient qu’elle se passerait en deux tours, s’est décidée en un seul tour, même si avec quelque retard. Il n’était pas techniquement difficile d’agir pour que les élections aient besoin d’un second tour, mais l’unanimité et la participation au vote étaient telles que, si deuxième tour il y avait, les parades de rue et la campagne du candidat réformateur (Rouhani) aurait rempli les urnes de façon plus choquante et surprenante encore qu’au premier tour.

C’est pourquoi le sommet du régime a réellement entendu la voix forte, les appels et les protestations du public. Alors maintenant, il faut attendre pour voir si monsieur Khamenei permettra le changement en grand et en profondeur. Ce n’est que le début. Aujourd’hui, après des années, la volonté de la nation a gagné et le peuple tient la barre du pays.

Ceux qui, comme moi, n’ont pas voté, espèrent que la liberté et la sécurité vont bientôt régner sur le peuple en souffrance de cette terre. Et cela implique la libération et la sécurité de ceux qui, comme Moussavi et Karroubi, ont beaucoup donné pour le peuple.

Il est maintenant temps pour ces deux groupes, et les groupes qui les séparent, d’exprimer leurs demandes et, au lieu de se plaindre les uns des autres, de se réunir pour prendre des actions communes. Ils peuvent le faire malgré ce qui les sépare. Le présent et le futur du pays peuvent s’améliorer par la coopération, la patience, le dialogue et un réalisme raisonné.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2013/june/19/article/did-khamenei-hear-the-peoples-call.html

mardi 18 juin 2013

Karbashi déclare à Rooz : le peuple a donné une leçon au régime et aux réformateurs – Fereshteh Ghazi – 17 juin 2013

Le chef du parti réformateur iranien Kargozaran Sazandegui, Gholam- Hossein Karbashi a appelé le vote des Iraniens  le 14 juin pour Hassan Rouhani lors de l’élection présidentielle le fruit de la maturité de la société iranienne. Il a ajouté que ce vote était un message aux réformateurs et au régime : « Le peuple a envoyé son message : si vous nous bloquez la voie, nous trouverons d’autres moyens d’arriver à nos fins et nous progresserons gentiment en utilisant des moyens civiques pacifiques. »

Extraits de l’interview :
Rooz : Après la victoire de réformateurs, que programmez-vous ? Les réformateurs et Monsieur Rouhani ont-ils un plan pour changer la situation actuelle du pays ou bien ils ne s’attendaient pas à gagner et ils ont utilisé l’atmosphère de l’élection pour porter les demandes du peuple ?
Karbashi : On ne peut pas savoir ce qui va se passer. Mais l’enthousiasme explique les exigences du peuple dans les domaines politique, social, économique et même culturel. Personne, Monsieur Rouhani compris, ne peut prétendre répondre à toutes ces exigences, ni à court terme, ni même à moyen terme. Il faut le dire franchement au peuple. Et pourtant, Monsieur Rouhani a des plans, il a dit que la situation pouvait être améliorée. Mais il faudra réduire les exigences. Même si nous croyons que la situation ne va pas empirer mais qu’elle va s’améliorer petit à petit, c’est un signe encourageant. Je suis très optimiste car le mouvement qui s’est créé est très mûr et a beaucoup d’expérience, il comprend très bien les problèmes. Regardez : en quelques jours, le temps que les réformateurs s’unissent, que Monsieur Rouhani soit élu, sans couverture médiatique, sans réelle champagne, des fondations sociales très solides se sont créées jusqu’aux provinces et aux villages du pays. Par exemple, dans la région de Ghom, il y avait des villages où il était presque impossible aux réformateurs de faire campagne alors qu’il y a eu des villages où 100% des électeurs ont voté pour Monsieur Rouhani.

Rooz : Les analystes pensaient qu’il y aurait beaucoup d’abstention à cause de la dernière élection. Comment voyez-vous la participation au vote ?
Karbashi : Il faut mentionner deux choses. Premièrement, les demandes du peuple, lors des élections précédentes et maintenant n’ont pas été prises en compte des points de vue social, économique, culturel et politiques. Il continue à demander la même chose de différentes façons. Le peuple n’abandonne pas. Certains participent positivement, en participant à l’élection et en agissant dans la sphère sociale par exemple, d’autres agissent négativement. La participation aux élections est l’une des façons les plus objectives de répéter leurs exigences, et les demandes économiques sont les plus importantes. Peu importe notre regards, on ne peut nier que la grande majorité du peuple rencontre des problèmes économiques et dans sa vie quotidienne. L’inflation, la hausse des prix, etc…poussent à l’action. Quand la maturité politique est faible, ces demandes prennent la forme d’actions destructives alors qu’en Iran ou une grande expérience a été acquise lors de ces 20 à 30 dernières années sur les sujets sociaux et politiques, la participation aux élections pour mettre en œuvre un changement minimum et l’une des voies pour obtenir la satisfaction de leurs demandes. D’autres aspects en sont la maturité du peuple et de la société dans son ensemble surtout dans une situation d’oppression et de déni de leurs exigences. C’est là que la maturité apparaît. Bien sûr, cette situation peut mener à des actions négatives qui pourraient représenter un danger pour la société alors que l’alternative en est une réponse positive par des évènements comme les élections et l’action par des méthodes raisonnables. Il semble que la société iranienne a atteint cette maturité politique sans organisation politique solide puisque les groupes politiques ne sont pas vraiment libres de s’engager dans le militantisme politique. Alors, il apparaît que l’organisation politique est solide au sein de la société, qu’elle utilise des méthodes raisonnables pour des demandes raisonnables, et c’est très encourageant.

Rooz : J’ai récemment parlé avec Saïd Leylaz. Il m’a dit que le problème n’était pas le changement d’une personne mais le changement de la politique du pays et si le guide suprême ne décide pas de changer de politique, alors le changement d’une personne n’apportera pas le changement. Qu’en pensez-vous ? Voyez-vous un changement dans la politique ? Surtout alors que beaucoup pensent que les votes ne seraient pas non plus pris en compte cette fois. Mais les votes ont été comptés et pris en compte, cela signifie-t-il un changement de politique ?
Karbashi : C’est vrai dans une démocratie où l’on change non pas les individus mais les programmes, les politiques et les méthodes d’administration de la société. Ceux qui sollicitent les votes des électeurs veulent répondre aux demandes du peuple. Quand les politiciens se rendent compte d’une demande forte de changement dans la société, ils acceptent beaucoup de leurs demandes, même si ce n’est que pour la continuité du régime et la stabilité du pays. L’expérience nous a montré que le changement en Iran n’est pas impossible, sauf si des méthodes déraisonnables sont utilisées. Je pense que ce qui s’est passé a créé une base pour mettre en place les nombreux changements demandés par le peuple.

Rooz : L’élection précédente continue à faire souffrir, des morts, d’autres encore en prison alors que d’autres continuent à payer un lourd tribut politiquement, économiquement et même personnellement. Et pourtant, ils ont voté pleins d’espoir. Quel message désirez-vous faire passer aux dirigeants et aux réformateurs ?
Karbashi : En allant voter, le peuple a envoyé le message que la réforme est possible par des moyens raisonnables, contrairement à ceux qui disaient que le régime ne prendrait pas leurs votes en compte. Si les réformateurs sont raisonnables, ils réussiront. Les réformes ne commencent pas avec les demandes les plus nombreuses mais par celles auxquelles on peut répondre. Le peuple a envoyé le message que si sa voie est bloquée, il trouvera d’autres méthodes pour atteindre ses fins. Il ne s’arrêtera pas et utilisera d’autres moyens civiques et pacifiques pour réformer et obtenir ce qu’il demande. Le peuple a donné une leçon aux dirigeants et aux réformateurs et maintenant nous devons apprendre de cette leçon. 

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/17/article/people-taught-the-regime-and-reformists-a-lesson.html

Où est Arash Sadeghi ? Interview avec le père et l’avocat de l’étudiant emprisonné – Fereshteh Ghazi - 17 juin 2013



Environ 200 militants politiques ont signé une lettre déclarant qu’Arash Sadeghi avait commencé une grève de la faim en prison après avoir été battu et attaqué par les agents de sécurité. Ils y expriment leur inquiétude sur les spéculations qui entourent la situation et l’état du militant étudiant. Sur la toile, on a même supputé la mort d’Arash.

Où se trouve Arash Sadeghi ?
Quelle est sa situation actuelle, et pourquoi, contrairement aux autres prisonniers de conscience, n’est-il pas détenu dans une section publique ? Pourquoi est-il détenu à la section 209 de la prison d’Evine ? Ce sont des questions sans réponse de l’avocat et de la famille d’Arash, en dépit de leurs nombreuses demandes. Le père d’Arash, Hossein Sadeghi et son avocat, Alizadeh Tabatabaï, ont réfuté les rumeurs sur la mort d’Arash mais ont affirmé que leurs efforts pour enquêter sur sa situation ont été infructueuses.

Hossein Sadeghi a dit à Rooz : « Une source nous a dit qu’Arash faisait la grève de la faim et qu’il avait été rossé par les gardiens de prison. Nous n’avons reçu aucune réponse. »

Où Arash est-il détenu ?
Hossein Sadeghi : On nous a dit de ne pas parler et de faire en sorte que très peu d’informations soient publiées. On ne nous donne aucune information sur l’endroit où Arash se trouve, sa situation où la raison pour laquelle il est traité de la sorte…Nous savons seulement qu’il est en vie. » En raison des pressions exercées par les autorités sécuritaires sur sa famille, Hosseien Sadeghi n’a pas pu nous donner davantage d’information.

Alizadeh Tabatabaï : « Tout ce que je sais d’Arash c’est qu’il est détenu à la section 209. J’ai aussi entendu dire qu’il avait été attaqué et qu’il avait commencé une grève de la faim ; je ne sais rien d’autre malgré les efforts déployés pour suivre son dossier.

Maître Tabatabaï réfute les rumeurs selon lesquels il aurait commenté la mort d’Arash Sadeghi. « C’est complètement faux, et je nie en avoir parlé. Je ne sais rien de la situation d’Arash. J’ai suivi le dossier mais on ne me dit pas où il se trouve ou dans quel état il est. »

Maître Tabatabaï rappelle qu’il était l’avocat d’Arash lors de son premier procès mais qu’il ne le défend pas dans son dernier dossier. « J’ai utilisé mon mandat précédent d’avocat pour enquêter, mais cela n’a donné aucun résultat. »

Sur la détention probable d’Arash Sadeghi à la section 209 au lieu de la section générale, Maître Tabatabaï dit : « D’un point de vue légal, jusqu’à ce que l’acte d’accusation soit rédigé, le procureur peut demander l’avis d’un expert pour terminer l’enquête. Mais beaucoup d’experts judiciaires ne reconnaissent pas l’habilitation du ministère du renseignement à détenir l’accusé et la section 209 est sous la responsabilité du ministère du renseignement. Dans le premier procès d’Arash, le verdict a été énoncé mais je ne sais rien de son nouveau dossier puisque je n’ai reçu aucune réponse.

Arash Sadeghi est étudiant en Master de philosophie, membre de la campagne présidentielle de Mir-Hossein Moussavi en 2009 et membre de l’association islamique de l’université Allameh Tabatabaï. Il a été arrêté une première fois en juillet 2009, au début des manifestations populaires qui ont suivi l’élection présidentielle de 2009 en Iran. Il a été libéré sous caution mais en mars 2010, il a été de nouveau arrêté pour être encore libéré sous caution quelques semaines plus tard.

En novembre 2010, la mère de Monsieur Sadeghi a fait une attaque cardiaque et en est morte après l’attaque de son domicile de nuit par des agents de sécurité qui venaient arrêter son fils.
Dans une interview de Rooz, Arash Sadeghi a décrit l’attaque : « A environ quatre heures du matin, des agents de sécurité sont venus chez nous ; comme on ne leur a pas ouvert la porte, ils ont cassé une fenêtre et sont entrés par la porte qu’ils ont ouverte avec la clé qui se trouvait à l’intérieur. Ils hurlaient et ont beaucoup choqué, terrorisé la maisonnée pendant leur perquisition. Quand ils ont cassé la fenêtre pour rentrer dans notre maison, ma mère a fait une attaque cardiaque et est tombée de son lit. Elle est décédée quatre jours plus tard à l’hôpital. »

Arash Sadeghi a été condamné à six ans de prison et 74 coups de fouet par la 26ème chambre du tribunal révolutionnaire présidée par le juge Pir-Abbassi qui l’a condamné pour « collusion et conspiration contre le régime » et « diffusion de propagande contre le régime ». La peine a été réduite en appel à 5 ans de prison. D’après les normes légales, Arash devrait être transféré à la section publique pour purger sa peine mais il est toujours détenu à la section 209 de la prison d’Evine.

Arash a été arrêté une troisième fois le 15 janvier 2012 et est, depuis lors, détenu à la section 209 de la prison d’Evine.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/17/article/where-is-arash-sadeghi.html

Inquiétude des militants politiques et civiques
A cause de la situation décrite ci-dessus, 197 militants des droits humains et de la société civique ont écrit une lettre pour exprimer leur inquiétude sur la situation d’Arash Sadeghi et appeler à sa libération sans condition.

Extraits de cette lettre :
Arash Sadeghi est un militant étudiant de l’université Allameh Tabatabaï à qui on a interdit de poursuivre ses études. Il se trouve à la section 209 de la prison d’Evine depuis le 15 janvier 2012. Il a été battu par les gardiens de prison le 1er juin 2013 et a lancé une grève de la faim le jour même…

Au bout de 18 mois de prison, Arash Sadeghi a été libéré en décembre 2011. Cependant, il a été arrêté de nouveau trois semaines plus tard et il est depuis emprisonné. Après sa dernière arrestation, la troisième chambre du tribunal d’Evine a accusé Arash de « diffusion de propagande contre le régime » à cause d’une lettre qu’il avait envoyée au procureur.

Nous soussignés, exprimons notre grande inquiétude sur la situation inconnue d’Arash Sadeghi et nous croyons que détenir un prisonnier à l’isolement est un exemple patent de torture. Fondamentalement, détenir un prisonnier sans accusation formelle n’est pas légalement justifié. Nous, un groupe de journalistes, de militants politiques et des droits civiques et humains, rappelons au gouvernement iranien ses engagements internationaux sur les droits humains, dont son engagement à reconnaître et à soutenir la liberté d’expression stipulée dans diverses conventions dont l’article 19 de la déclaration universelle des droits humains et les sections 1 et 2 de l’article 19 du traité international sur les droits civiques et politiques. Nous demandons la libération sans condition d’Arash Sadeghi et tenons le régime iranien responsable de la vie et de la santé de ce prisonnier politique.

Source : http://persian2english.com/?p=24538