samedi 31 janvier 2015

Motahari et l’échec des réformateurs – Issa Saharkhiz – 16 janvier 2015


Plutôt que de secouer le régime, le jeu que le parlementaire Ali Motahari joue seul au parlement pourrait aboutir à l’échec des plans des réformateurs pour la prochaine législature de l’année prochaine. Ce jeu pourrait créer encore plus de différents au sein du camp réformateur et même mettre en question leur stratégie électorale.

Tout d’abord, les organisateurs du « rassemblement National des réformateurs », satisfaits et pleins d’espoir au bout de six ans d’effort et grâce à l’aide apportée par le gouvernement actuel, ont réussi à rassembler les dirigeants des partis membre du conseil de coordination du front réformateur « Shoraye Hamahangui Jebhe Eslahat » ; ils doivent trouver une solution à ce phénomène puisque, selon leurs dires, le but de ce rassemblement est de « maintenir l’unité » lors des prochaines élections.

La question-clé aujourd’hui est : qu’a fait un député idéologue de l’intégrisme pour mettre en question tout le travail fait par la majorité des réformateurs, qui ont réussi à se glisser au parlement et pourquoi devrait-on voter pour les réformateurs lors des élections législatives de l’année prochaine ?

Le préliminaire serait de comprendre ce qui permet aux réformateurs modérés de se rassembler officiellement et à Mohammad Khatami de parler lors de ce rassemblement où on prévoit aussi de lire un message d’Hashémi Rafsandjani.

Bien sûr, l’annulation de l’autorisation de ce rassemblement ou son échec pourraient créer de plus grands problèmes aux dirigeants du « rassemblement national des réformateurs » ; ils espèrent organiser un rassemblement encore plus important lors de la seconde étape de leur processus de récupération. On ne peut négliger qu’on a proféré des menaces claires de perturber ce rassemblement à peine un jour après son annonce.

Les organisateurs de ce rassemblement tentent de rassurer : toutes les démarches ont été effectuées auprès des autorités, ministère de l’intérieur, police, etc… pour assurer un déroulement sûr et utile. Mais qui ignore que la décision finale de l’autorisation de ce rassemblement, surtout que les personnalités qui doivent y parler sont bien connues du régime, n’est pas entre les mains du ministre de l’intérieur ou de celui du renseignement du gouvernement modéré actuel, et même pas entre celles du président.

On pourrait faire remarquer aux réformistes qui ont aidé à catapulter Hassan Rouhani à la présidence avec d’autres partisans du changement, aux dirigeants et aux supporters du Mouvement Vert que leur situation aurait été bien meilleure s’ils n’avaient pas boycotté les dernières élections législatives.

Mais ceux qui en sont conscients devraient garder présent à l’esprit que la jeunesse d’aujourd’hui critique les résultats des députés réformateurs ; ils les comparent avec, non seulement les faits et gestes d’Ali Motahari mais avancent même que les durs et les intégristes sont plus dévoués à ce qu’ils croient et sont plus persévérants que les députés réformateurs.

Ce groupe suscite des réserves par ce qu’il fait, ce qu’il dit, sur  sa prudence à ne pas affaiblir le gouvernement ou à fournir un prétexte aux intégristes ; les réformateurs au parlement devraient cependant préparer un rapport transparent pour montrer à la nation ce qu’ils ont réussi au parlement. Ils devraient démontrer que la situation aurait été bien pire s’ils n’avaient pas été présents.

Il est de plus en plus évident que, parmi les réformateurs, la plupart sont des députés conservateurs ; ils ont soutenu Mir-Hossein Moussavi et Mehdi Karroubi lors de l’élection présidentielle de 2009 ou même travaillé dans leurs comités électoraux, mais il leur manque l’endurance pour faire ce qu’a fait Ali Motahari pour lever l’assignation à domicile des dirigeants du Mouvement Vert ; ils ne sont même pas prêts à défendre les droits du peuple au parlement contre l’envahissement des durs et des intégristes.

Ce groupe n’a pas la conscience tranquille ; la grande peur qui guide leurs actions est ce que le cœur du régime pourrait penser d’eux : il pourrait les disqualifier pour les empêcher de participer aux prochaines élections législatives. Ils semblent ne pas comprendre que le mécontentement d’Ahmad Djanati et l’échec de la surveillance imposée du conseil des gardiens sont cent fois plus respectables que le mécontentement de certains ou la possibilité d’être candidat mais d’échouer à obtenir les votes.

C’est pourquoi on leur demande au moins de répondre à cette question : Les actions et les positions d’Ali Motahari au parlement ont-elles été celles d’un dur pour ne pas avoir coopéré avec lui ? Ou bien avaient-ils un meilleur plan, ce qui a fait que Motahari a été le seul à parler des buts des réformateurs ? Ses mots ont été les seuls au parlement à faire écho aux désirs et aux demandes du peuple, et il ne prétend même pas être réformateur ou respecter les dirigeants du mouvement réformateur.

Au lieu de perdre leur temps à préparer des listes pour les élections, il vaudrait peut-être mieux pour les réformateurs aujourd’hui penser à se libérer du carcan dans lequel ils se sont eux-mêmes enfermés et clarifier leurs positions et leurs buts. Ils ont besoin d’expliquer si leur but est de suivre un processus visant à réactiver la société civile et à  rendre au peuple le domaine de la politique ou bien un projet limité pour assurer leur siège au parlement ou augmenter leur nombre dans cette institution.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2015/january/16/article/motahari-and-the-checkmating-of-reformers.html

Semaine 04 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Le militant politique Amir Amir-Gholi a été transféré de l’isolement à la section publique d’Evine.
  • Le militant politique Ali Ebadi-Jamkhaneh hospitalisé à Sarakhs.
  • Le militant politique Fakhroldin Faradji hospitalisé pour être opéré.
  • Afshine Karampour est de retour à Evine.
  • Le bahaï Fouad Moghadam hospitalisé.

B-Arrestations-Incarcérations
  • L’avocat Mostafa Daneshdjou de retour à Evine contre l’avis médical.
  • Nasser Abdol-Hosseinzadeh, militant azéri, commence à purger sa peine de 6 mois à la prison de Meshkine-Shahr.
  • Mohammad-Reza Roein-Otoufat commence à purger sa peine de 10 ans à Evine.

C-Libérations
  • Le militant politique Ghorban-Ali Behzadiannejad en liberté provisoire.
  • La militante étudiante Mahdieh Golroo libérée sous caution.
  • Vahid Hakani, converti au christianisme, en liberté conditionnelle.

D-Autres Nouvelles
  • Ali-Asghar Mahmoudian n’a pas été autorisé à assister aux obsèques de sa mère.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • La détention provisoire du journaliste Yaghma Fashkhami a été étendue.
  • Mehdi Farahi-Shandiz condamné à 3 ans de prison supplémentaires.
  • La peine de 20 pour l’activiste sur Facebook Seyed Massoud  Talebi confirmée par la cour suprême.
  • 7 pendaisons à Minab samedi.
  • Une pendaison à Ispahan dimanche.
  • 3 pendaisons à Kerman dimanche.
  • 3 pendaisons à Hamdean lundi.
  • Une pendaison à Shiraz mardi.
  • 2 pendaisons à Arak mardi.
  • Une pendaison à Téhéran mercredi.
  • 2 pendaisons à Ispahan mercredi.

L’université – la Culture
  • Le musicien Madjid Derakhshani interdit de sortie du territoire.
  • Interdiction de l’hebdomadaire Setareh Sobh pour avoir publié la lettre critique du député Motahari au responsable de la justice.

Manifestations 
  • Un millier de mineurs de charbon en grève dans l’Alborz oriental.
  • Des ouvriers manifestent contre la fermeture d’une raffinerie.

L’Iran à l’étranger 
  • Ali Shamkhani, secrétaire du conseil suprême de sécurité nationale, a rencontré Irakli Garibashvili, président du parlement de Géorgie.
  • Mohammad-Javad Zarif est à Yerevan.
  • La vice-présidente du parlement allemand en visite à Téhéran.
  • Velayati rencontre le président Poutine à Moscou.
  • Le ministre de l’économie se rend en Azerbaïdjan.

L’économie en Iran 
  • Une sucrerie fermée à cause de problèmes d’approvisionnement.
  • Des bureaux de change illégaux fermés à Téhéran.

Politique en Iran
  • Le ministre des affaires étrangères convoqué devant le parlement pour avoir marché en compagnie de Kerry.
  • La police envahit les domiciles à Paveh pour ramasser les antennes satellites.

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mercredi 28 janvier 2015

Faezeh Hashemi : ils n’ont pas le vote du peuple alors ils essaient d’obtenir des votes par d’autres moyens – Fereshteh Ghasi – 15 janvier 2015



La fille militante d’Hashémi Rafsandjani, Faezeh, a dit à Rooz qu’elle n’avait pas vu les évènements d’hier au parlement, sans rapport avec les élections législatives de l’année prochaine. D’après elle, les députés qui savent qu’ils n’ont pas les votes du peuple veulent obtenir des votes par d’autres moyens. Elle croit que l’attaque physique et verbale contre Ali Motahari par un groupe de ses propres collègues au parlement qui l’ont empêché de prononcer son discours, sont des efforts pour créer une atmosphère sécuritaire. Elle a aussi dit que les manifestations de 2009 servent d’excuse à certains pour défendre leurs propres intérêts. Elle a conclu en disant que ces personnes avaient peur des noms de Moussavi, Rahnavard et Karroubi.

Plus tôt dans la semaine, Ali Motahari, membre de la faction intégriste du parlement iranien, a été battu par des députés durs et a été blessé aux mains. Dans l’enceinte du parlement il a déclaré considérer que « l’assignation à domicile de Messieurs Moussavi et Karroubi et de Madame Rahnavard, consécutive aux émeutes de rue de 2009, était contraire aux principes de la constitution ». Mais avant de pouvoir finir sa phrase, un groupe de députés a commencé à scander « Mort aux séditieux » un mot que les durs utilisent pour qualifier les dirigeants du Mouvement Vert qui ont ouvertement défié le gouvernement sur l’élection présidentielle de 2009 qui avait reconduit Ahmadinejad à la présidence. Dès le début de l’agitation, les journalistes ont été invités à quitter la session qui a été suspendue par la présidence. Les caméras des photographes présents ont été confisquées et Moussa Ghazanfar-Abadi, député de Bam, a annoncé que le comité spécial qui surveille la conduite des députés, examinerait les remarques de Motahari lors de la prochaine session parlementaire.

La veille, Safar Naimirez, l’un de ceux qui avaient attaqué Motahari, a dit à l’agence de presse Fars que plus de 50 députés avaient porté plainte contre Motahari auprès du comité de surveillance de la conduite des députés.

Faezeh Hashemi, ancienne députée et directrice de la revue Zan désormais interdite, a dit à Rooz que ces évènements l’avaient surprise. « C’est une histoire étrange. Ce genre de choses arrive en dehors du parlement, mais maintenant, l’atmosphère est tellement tendue que ce genre d’attaques vise à empêcher les députés de parler. Les députés n’ont plus la patience d’écouter leurs collègues qui ont le droit, de par la constitution, d’exprimer leurs points de vue. C’est un avertissement important qui pourrait présager du futur. On devrait absolument enquêter dessus et c’est le parlement lui-même qui devrait le faire.
Le comité de surveillance de la conduite des députés veut examiner le discours de Motahari mais je n’ai jamais entendu parler d’une enquête de ce type. Ce sont des évènements dangereux qui dénotent l’existence d’autres plans. De tels dénigrements alourdissent l’atmosphère et à la fin, personne ne pourra plus exprimer son point de vue, encore moins qu’aujourd’hui. »

Madame Hashemi a dit qu’elle pensait que ces évènements au parlement avaient un lien avec les élections l’année prochaine du conseil des experts et d’un nouveau parlement. « Quand les délinquants ne sont pas punis mais autorisés à se sentir au-dessus des lois, cela indique qu’ils ont des buts bien précis. Nous nous rapprochons des prochaines élections et je pense que cela est lié. Ils veulent créer une atmosphère de peur en montrant comment on traite un député. Ils veulent créer une atmosphère sécuritaire de terreur pour atteindre leurs buts. Cette conduite indique que, puisque ces députés ne sont pas soutenus par le public, ils ne seront pas réélus ; ils veulent créer une atmosphère qu’ils pourront exploiter pour être élus par d’autres moyens. »

Madame Hashemi a souligné l’emportement d’un groupe de députés en entendant les noms de Moussavi, Rahnavard et Karroubi prononcés par Motahari et a dit que cela dénotait leur peur des noms mêmes de ces personnalités emprisonnées.

Seyed Mehdi Moussavinejad, député intégriste dur de Dashtestan, a dit à Rooz qu’en fait c’était Motahari qui avait attaqué les autres députés et non le contraire. Mais un autre député, Abed Fatahi, a confirmé à Rooz que Motahari avait été poussé et frappé physiquement. Certains médias sociaux ont dit que c’était Seyed Mehdi Moussavinejad qui avait poussé Motahari dans l’enceinte du parlement. Mais Moussavinejad a déclaré à Rooz qu’il ne l’avait pas fait et l’a accusé d’avoir attaqué les autres députés.

D’après IRNA, agence de presse appartenant à l’état, le président du parlement, Ali Laridjani, a parlé avec des journalistes du tumulte au parlement. « Nous avons de sérieux problèmes dans ce pays et tout le monde devrait comprendre qu’il nous faut une atmosphère calme pour les traiter. C’est une responsabilité nationale. Les médias aussi devraient suivre ce but de calmer le jeu et non pas créer des problèmes supplémentaires. Il vaudrait mieux promouvoir une démarche vers une atmosphère plus calme. »

Les réactions à cette bataille du parlement varient. Le représentant de l’ayatollah Khamenei au journal conservateur Kayhan, Hossein Shariatmadari, a critiqué Motahari pour avoir manqué de respect à son propre père (idéologue révolutionnaire dirigeant dans les premières années qui ont suivi la chute de la monarchie). Il a comparé Moussavi et Karroubi à Shemr et Yazid, dirigeants musulmans du 17ème siècle qui auraient assassiné le troisième imam chiite.

Massoud Pezeshkian, député de Tabriz, a aussi parlé avec l’agence de presse ILNA, spécialisée dans le travail, et critiqué les attaquants. « Certains n’ont pas la patience d’entendre un discours de sept minutes. En fait, il est bon que le peuple regarde le régime ; ainsi, il saura de quel genre de personnes il est constitué et dans quel langage il s’exprime. Lorsque l’on a pas la patience d’entendre quelqu’un exprimer son opinion, comment peut-on s’attendre à un procès équitable. »

Parmi les soutiens de Motahari, il y avait plusieurs veuves de commandants décédés lors de la guerre de huit ans contre l’Irak.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2015/january/15/article/faezeh-hashemi-they-do-not-have-the-peoples-vote-want-to-obtain-votes-through-other-means.html

lundi 26 janvier 2015

Interview de Nasrine Sotoudeh avec Radio Zamaneh

Radio Zamaneh : Votre libération anticipée était-elle un signe de la détermination du gouvernement à améliorer la situation des droits humains en Iran ?
Nasrine Sotoudeh : On aurait pu l’interpréter ainsi, c’est même ce que j’ai pensé à l’époque. Malheureusement, les libérations de prisonniers ont cessé ; à la place, il y a eu plus d’arrestations et des verdicts plus lourds.
Il faut noter que le domicile de Monsieur Abdolfattah Soltani, qui lui servait de caution, a été confisqué il y a plus de quatre mois. Les autorités lui ont refusé une libération provisoire pour la deuxième fois. Quand je considère tous ces évènements, je suis obligée d’en déduire qu’il n’y a pas de perspective prometteuse pour la libération des autres prisonniers politiques.



RZ : Qu’en est-il de votre autorisation de pratiquer ?
NS : Le conseil de discipline fait partie du Barreau. Quand un avocat est accusé dans n’importe quel tribunal, le procureur en informe le conseil de discipline du Barreau qui le transmet à l’une des chambres du conseil. Mon dossier a été envoyé dans une chambre du conseil de discipline qui s’est opposée à la révocation de mon autorisation. Puis une autre chambre a décidé de suspendre mon autorisation pendant trois ans. Quand un avocat est condamné, le procureur peut en informer le conseil de discipline et demander la suspension de l’autorisation de l’avocat.

RZ : Alors en ce moment, votre autorisation est suspendue ?
NS : Habituellement, lorsque le tribunal énonce son verdict, le procureur le fait suivre au Barreau en demandant la suspension de son autorisation. Dans mon cas, le procureur a envoyé la décision à une chambre du conseil de discipline et sa demande de suspension a été refusée. Puis le tribunal a énoncé son verdict ; il aurait dû être envoyé à la même chambre. C’est ce qui s’est passé, mais il y avait divergence d’opinion entre la première chambre et les membres du Barreau, alors le bureau est intervenu et a envoyé le dossier à la deuxième chambre du conseil de discipline. Ils ont décidé de me condamné à la suspension de mon autorisation pendant trois ans.

RZ : Quelle leçon tirez-vous des réactions provoquées par cette condamnation ? Est-ce qu’elle pourrait devenir la règle ?
NS : En aucune façon. Ce verdict a provoqué une protestation généralisée dans toute la communauté des gens de loi. Il y a eu des tonnes de correspondance entre les avocats, le bureau et la deuxième chambre du conseil de discipline exprimant l’inquiétude suscitée par ce verdict. Il y a tellement de problèmes légaux avec ce verdict qu’aucun des directeurs du bureau n’est prêt à l’endosser. Il n’est donc pas possible que cela se généralise. Une décision prise avec tant de hâte et comportant tant d’irrégularités ne peut pas faire jurisprudence.

RZ : Que pensez-vous de la situation des droits humains en Iran ?
NS : Je pense tout d’abord que l’atmosphère sécuritaire du pays doit changer. Le gouvernement élu doit tout faire pour y mettre fin. Il y a beaucoup d’experts du sujet qui font actuellement partie des prisonniers politiques. Le gouvernement devrait libérer tous les prisonniers politiques et commencer à discuter avec les experts du sujet.

RZ : Pensez-vous que les changements doivent provenir du gouvernement ou de l’institution politique. ?
NS : C’est une bonne question. Durant leur emprisonnement, les prisonniers politiques ont été confrontés à de nombreuses reprises à la situation suivante : ils demandaient des libertés provisoires ou pour raisons médicales et on leur répondait que celui qui les interrogeait devait l’approuver au préalable, et ce, alors que l’enquête était finie, que le procès avait eu lieu, que le verdict avait été énoncé et que ces personnes purgeaient leurs peines. Quand le gouvernement de Monsieur Rouhani est arrivé au pouvoir, vues les déclarations du ministre du renseignement avant le vote de confiance du parlement, il est apparu que le ministère du renseignement aurait une attitude plus sage, mettrait fin à l’approche sécuritaire, et traiterait les demandes du peuple plus rationnellement. Actuellement, on dit que la justice demande toujours l’avis du ministère du renseignement avant de se prononcer, ce qui érode complètement le pouvoir de la justice. Nous espérons que la justice mettra fin à sa dépendance totale vis-à-vis du ministère du renseignement et commence à prendre des décisions basées sur les documents et les preuves présentés au tribunal.

Source : http://archive.radiozamaneh.com/english/content/lawyer-nasrin-sotoudeh-state-human-rights-iran

Lettre de Behnam Ebrahimzadeh

A tous les êtres épris de liberté

Je m’oppose à la nouvelle peine d’emprisonnement qui m’a été notifiée.

Je m’appelle Behnam Ebrahimzadeh et je vous écris de la prison de Radjaï-Shahr. Tout d’abord, je voudrais tous vous remercier pour votre soutien, mes chers amis d’Iran ou d’ailleurs, de par le vaste monde, j’y ai été très sensible. J’ai mis fin à ma grève de la faim à la demande de mon fils Nima, à celle de ma famille, des autres prisonniers, de mes camarades de travail, et de vous tous, si nombreux, qui m’avez soutenu de tout votre cœur. Mais je maintiens mes revendications ; la plus pressante est mon retour à la section 12, celle des prisonniers politiques à Radjaï-Shahr. Et comme j’ai fait une grève de la faim, mon état de santé est grave. Je suis sûr que vous savez que mon fils, Nima Ebrahimzadeh, lutte contre le cancer. Son état a empiré et il a été transféré à l’hôpital Hafte-Tir. Je veux le rejoindre immédiatement.

J’ai été condamné à cinq ans de prison ; j’en ai déjà purgé quatre. Mais j’ai été rejugé. Le tribunal n’a même pas autorisé mon avocate, Manijeh Mohammadi, à participer à mon procès. J’ai été jugé par les 26ème et 15ème chambres, présidées par le juge Salavati ; le verdict a été énoncé le 29 décembre. Les chefs d’accusation étaient rassemblements et collusion contre la sécurité nationale, relations avec l’OMPI, propagande contre le régime, relations avec Ahmad Shahid et possession d’antenne satellite. Je n’accepte pas le verdict et j’ai nié les relations avec l’OMPI. Je n’ai jamais eu de relations avec cette organisation. C’est une accusation forgée de toutes pièces.

Je ne suis pas un bandit, je n’ai commis aucun crime. Je suis un syndicaliste qui défend les droits des travailleurs, les droits des enfants et les droits humains. Voilà de quoi on m’accuse et j’ai été condamné à plus de neuf ans et quatre mois de prison pour ça. Cette nouvelle peine a touché mon fils malade Nima ; il a souffert d’un stress émotionnel et psychologique. Mon épouse et ma famille subissent des pressions énormes. J’insiste de nouveau et je veux que le monde entier entende ma voix : je m’oppose à ce verdict. Je réfute l’accusation de relations avec l’OMPI et je persiste dans mes demandes antérieures, et si je suis coupable, c’est de défendre l’humanité ; je suis, de toute façon, toujours un être humain qui défend les droits humains. Je voudrais demander à toutes les organisations de par le monde et à tous ceux qui entendront ma voix de me soutenir, moi et mes demandes.

Behnam Ebrahimzadeh

Source : https://hra-news.org/en/articles/behnam-ebrahimzadehs-letter-new-imprisonment-sentence

Semaine 03 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Omid Alishenas, militant politique, transféré à la section générale d’Evine.
  • Afshine Baymani, militant politique, transféré à l’isolement à Radjaï Shahr.
  • Atena Daemi, militante civique, transférée à la section générale d’Evine.
  • Arjang Davoudi, militant politique, transféré à l’isolement à Radjaï Shahr.
  • Mohammad-Saïd Hosseinizadeh-Movahed, transféré à la section générale d’Evine.
  • Ali Nouri, militant politique, transféré à la section générale d’Evine.
  • Le journaliste Saïd Razavi-Faghih hospitalisé.
  • Assou Rostami, militant des droits des enfants, transféré à la section générale d’Evine.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Djalil Badavi, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Mohsen Darianoosh, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Ahmad Dehnad, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Mansour Hosseinzadeh, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Sadigh Kakeh-Mami, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Madjid Khakdan, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Zahra Khandan, journaliste, arrêtée à Téhéran.
  • Reza Makri, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Saha Mortezaï, féministe, arrêtée à Téhéran.
  • Mansour Naderi, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Kamil Nedjati, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Nader Rassouli, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Reza Soltani-Azar, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • Shahab Zarine, Kurde, arrêté à Mahabad.
  • 84 personnes arrêtées lors d’une soirée à Mashhad.
  • 20 arrestations lors d’une soirée à Amol.

C-Libérations
  • Parastou Biravand, journaliste féministe, libérée au bout de 4 jours.
  • Vali Doroudi, militant kurde, en liberté provisoire pour 8 jours.
  • Mohsen Mir-Damadi, prisonnier politique, en liberté provisoire.
  • Fardine Mirki, syndicaliste kurde, libéré sous caution.
  • Ali Rashidi, économiste, en liberté provisoire pour 4 jours.
  • Alireza Redjaï, militant politique, en liberté conditionnelle.
  • Rozita Vaseghi, bahaïe, libérée à la fin de sa pein de de 5 ans.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Le verdict de Djabar et Malek-Mohammad Abadian cassé par la cour suprême.
  • Mohammad-Sadigh Mangouri, militant kurde, condamné à 3 ans avec sursis.
  • Le verdict de Nezam-Oldin Molazadeh cassé par la cour suprême.
  • Les verdicts de Molavi Fatehi Mohammad Naghshbandi et Molavi Abdolghafar Naghshbandi ont été abrogés par la cour suprême.
  • La détention provisoire d’Arash Sadeghi étendue de 2 mois.
  • 2 pendaisons publiques à Shiraz.
  • Une pendaison dans le Khorassan.
  • 3 pendaisons publiques en Azerbaïdjan.
  • Un homme condamné à l’ablation d’un œil et d’une oreille.

L’université – la Culture
  • "Mardom Emrouz" saisi et interdit en in relation avec son soutien à Charlie Hebdo.
  • Les autorités obligent une musicienne à quitter la scène lors d’un concert à Téhéran.

Manifestations 
  • Les mineurs de Bafgh manifestent à Téhéran pour leurs arriérés de salaire.
  • Les enseignants en grève à travers l’Iran pour protester contre les problèmes économiques.

L’Iran à l’étranger 
  • Le ministre de la défense, le brigadier général de l’IRGC Hossein Dehghan a rencontré son homologue russe le général Serguei Shoigu à Téhéran.
  • Hossein Amir Abdollahian se rend au Qatar.
  • Le commandant en chef de la marine de l’IRGC rencontre son homologue d’Oman.
  • Ali Larijani, président du parlement iranien en visite en Turquie.
  • Mohammad-Javad Zarif, ministre des affaires étrangères en visite à Kaboul.

Politique en Iran
  • Un grand nombre de studios photographiques scellés dans le Mazandaran.
  • Une mosquée sunnite fermée à Téhéran.
  • Des députés portent plainte contre Motahari.

Nouvelles en vrac
  • 2.000 drogués morts en 8 mois.



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lundi 19 janvier 2015

Semaine 02 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Keyvan Samimi est de retour à Radjaï Shahr.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Le journaliste Ehsan Akbari arrêté.
  • Atena Farghdani battue, arrêtée et envoyée à la prison de Ghartchak.
  • Djafar Ghafouri, Kurde Sunnite, envoyé à Mahabad pour purger ses 6 mois de prison.
  • Le journaliste Seradjedin Mir-Damadi est de retour à Evine à la fin de sa liberté provisoire.
  • 18 terroristes arrêtés au Sistan-Baloutchistan.

C-Libérations
  • Saïd Hosseini en liberté conditionnelle de la prison de Meshkine Shahr.
  • Le journaliste Mehrdad Sardjoui libéré d’Evine à la fin de sa peine.
  • L’avocat Massoud Shamsnejad libéré de la prison d’Ourmia à la fin de sa peine.

D-Autres Nouvelles
  • Abdollah Momeini poignardé et hospitalisé.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mostafa Faghihi, journaliste, condamné à un an de prison.
  • Une pendaison à Yazd.
  • Deux pendaisons à la prison de Shiraz.
  • 5 pendaisons à Arak mardi.
  • Une pendaison à Sari mercredi.

L’université – la Culture
  • Le concert d’Homayoun Shadjarian à Bandar Abbas annulé par les autorités.
  • Nora Mossama, étudiante bahaïe, expulsée de l’université du Mazandaran.

L’Iran à l’étranger 
  • Rouhani rencontre le président vénézuélien.


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samedi 10 janvier 2015

Semaine 01 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Fakhroldin Faradji, prisonnier politique, transféré à la section des malades à la prison de Tabas.
  • Seyed Hadi Hosseini, prisonnier kurde condamné à mort, transféré à Radjaï Shahr.
  • Djamaloldin Khandjani hospitalisé.
  • Sedigh Mohammadi, prisonnier kurde condamné à mort, transféré à Radjaï Shahr.
  • Hamzeh Savari, prisonnier arabe de Radjaï Shahr, hospitalisé.

B-Arrestations-Incarcérations
  • L'Ayatollah Mohammad-Reza Nekouman arrêté à Qom.
  • Saïd Pourheydar, journaliste, arrêté un mois après son retour en Iran.
  • 50 femmes arrêtées pour avoir porté des vêtements non-islamiques.
  • 30 arrestations dans un village baloutche.

C-Libérations
  • La bahaïe Nassim Ashrafi en liberté provisoire pour raisons médicales sous une caution de 50 millions de tomans.
  • Le journaliste Serajedin Mir-Damadi en liberté provisoire.

D-Autres Nouvelles
  • 59 prisonniers politiques sont en grève de la faim à Ahvaz.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • La peine d’un an de prison supplémentaire confirmée en appel pour Peyman Aref.
  • Le compositeur Madjid Derakhshani interdit de sortie du territoire.Behnam Ebrahimzadeh, syndicaliste terminant ses 5 ans de prison à Radjaï Shahr, condamné à 9.5 ans supplémentaires en connexion avec le Jeudi Noir.
  • Arash Moghadam-Aslanpour (Ashaei) condamné à un an de prison supplémentaire.
  • Saber Mokhled Mavaneh, prisonnier politique kurde, exécuté à la prison d’Ourmia.
  • On a coupé les doigts d’un voleur dans la province de Yazd.
  • 4 pendaisons publiques à Mashhad dimanche.
  • Une pendaison à Ghazvine mardi.
  • 3 pendaisons à Ourmia mardi.
  • Une pendaison à Ourmia mercredi.

L’université – la Culture
  • Levée de l’interdiction du site « Entekhab » au bout de 90 jours.
  • La romancière iranienne Zoya Pirzad reçoit la Legion d’Honneur.
  • L’Iran ferme les bureaux de 17 chaînes étrangères.
  • WhatsApp, LINE et Tango sont maintenant filtrés.

Manifestations 
  • Fin de la grève à Pars Wagon d’Arak.
  • Les conducteurs de bus de Téhéran manifestent pour leur allocation logement.

L’Iran à l’étranger 
  • Des représentants des ministres des affaires étrangères français et allemand se rendent à Téhéran.
  • Le président du Venezuela en visite à Téhéran.


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mardi 6 janvier 2015

Déclaration des prisonnières politiques de la prison d’Evine sur l’exil de Hakimeh Shokri



Un groupe de prisonnières politiques a signé une lettre ouverte pour se plaindre de l’exil illegal d’Hakimeh Shokri à la prison de Ghartchak et a demandé aux autorités d’y répondre.

Hakimeh Shokri est une prisonnière du mouvement vert et membre des mères en deuil du parc Laleh. Elle a été transférée à la prison de Ghartchak le 15 décembre. 

Elle s’attendait à une libération conditionnelle, n’ayant plus que sept mois à faire sur sa peine de trois ans. Sous prétexte d’une convocation auprès du procureur d’Evine, elle a été emmenée sans même pouvoir prendre ses quelques effets personnels.

La situation de la prison de Ghartchak à Varamine est connue de tous ; y détenir ne serait-ce que des criminels est un problème. Les conditions inhumaines de la section des femmes ont été dénoncées à de multiples reprises mais presque rien n’a été fait.

De plus, Hakimeh Shokri, prisonnière du mouvement vert, a été transférée à la prison de Ghartchak à Varamine sans préavis. De notre point de vue, ce transfert est un « exil » et elle est contrainte de purger le reste de sa peine dans cette situation horrible.

Comme d’habitude, les autorités de la prison donnent les mêmes excuses pour l’exil de douzaines de nos amies de la section 350 d’Evine pendant ces 5 ans.

Incarcérer les prisonniers politiques dans de telles conditions qui ne seraient même pas autorisées pour des prisonniers de droit commun est impardonnable.

D’un autre point de vue, l’exil est contraire aux droits d’Hakimeh Shokri ; c’est une double peine à l’encontre d’une personne emprisonnée pour avoir soutenu le mouvement vert.

Nous protestons contre cet exil soudain, irraisonnable et injustifié et demandons aux autorités judiciaires le retour ou la libération de cette prisonnière politique.

  • Bahareh Hedayat, 
  • Sadjedeh Arab-Sorkhi, 
  • Maryam Shafipour, 
  • Farideh Shahgouli, 
  • Fariba Kamal-Abadi, 
  • Farane Hessami, 
  • Nassim Bagheri, 
  • Noushine Khadem, 
  • Shahine Mohadjer, 
  • Maryam Naghash-Zargaran, 
  • Ellahe Barmaki, 
  • Sedigheh Moradi, 
  • Maryam Akbari-Monfared

Source : https://hra-news.org/en/statements/statement-women-political-prisoners-evin-prison-hakime-shokris-exile


Lettre de Mohammmad Nazari depuis la prison de Radjaï Shahr


Mohammad Nazari, prisonnier politique détenu dans le hall 12 de la section 4 de la prison de Radjaï Shahr de Karadj, est emprisonné pour coopération avec le Parti Démocrate du Kurdistan depuis 19 ans sans aucune interruption.

Alors que j’écris cette lettre, certains ne sont pas d’accord et pensent que c’est du suicide, mais je n’ai pas beaucoup d’espoir d’être libéré de prison où j’ai déjà passé 21 ans de ma vie. J’ai vu des codétenus mourir après une longue période d’emprisonnement comme Alireza Kheirabadi au bout de 15 ans, Mohammad-Mehdi Zalieh au bout de 21 ans et Taher Mostafavi au bout de 20 ans, le régime avait refusé de les libérer ; alors, à 85 ans, souffrant d’un cancer, il me faudrait être très naïf pour penser à la liberté.

Je m’appelle Mohammad Nazari et je suis condamné à perpétuité. D’après ceux qui m’interrogeaient, je n’étais pas accusé de soutenir le Parti Démocratique, j'étais accusé, en tant que chiite parlant le Turc, d’avoir soutenu un parti sunnite et kurde.

Ils n’avaient pas de preuves ni de témoins, mais ils m’ont forcé à avouer des faits sortis de leur imagination et si j’avais refusé, on m’aurait exécuté.

D’après les dires d’une personne importante, dans ce pays la loi ne sourit qu’à qui a de l’or. En 2001-2002, on m’a demandé de payer 5 millions de tomans pour être libéré, mais, comme je ne les avais pas, je suis toujours détenu. En 2012, mon procès a été révisé sur ordre du procureur général ; au bout de quelques mois, j’ai été amnistié et le tribunal a ordonné ma libération, mais, au dernier moment, les services du renseignement se sont opposés à ma libération, ce qui est révélateur de leur haine et de leurs complexes ; il nous faut donc attendre un miracle pour être libres un jour !

Pour conclure, je voudrais vous demander de bloquer certains enquêteurs qui sont libres de faire ce que bon leur semble pour obtenir de l’avancement : leurs cœurs sont pleins de haine, de complexes et de préjugés absurdes ; ils causent le malheur des gens qui sont trop isolés, j’aurais beaucoup à dire…

J’espère que plus personne ne sera sacrifié à cause de ses convictions.

Mohammad Nazari, fils d’Hamdullah, depuis la prison de Radjaï Shahr

Source : https://hra-news.org/en/articles/mohammad-nazaris-letter-rajai-shahr-prison

lundi 5 janvier 2015

L’avocate des droits humains promet de continuer à manifester – Golnaz Esfandiari


Nasrine Sotoudeh (au centre, portant une fleur) manifeste devant le barreau iranien le mois dernier avec plus personnes qui la soutiennent

La célèbre avocate des droits humains Nasrine Sotoudeh dit qu’elle est déterminée à continuer de manifester contre la décision qui lui interdit d’exercer.

Nasrine Sotoudeh a commencé un piquet de grève à l’extérieur du Barreau de Téhéran il y a un mois, portant des pancartes « droit au travail » et « droit à la dissidence » après que le Barreau, sous la pression officielle dit-on, lui a interdit d’exercer en tant qu’avocate, pendant trois ans.

« Si ce verdict n’est pas annulé, je continuerai à manifester jusqu’à la fin de l’interdiction des trois ans » a déclaré Nasrine Sotoudeh à RFE/RL par téléphone le 26 novembre.

Elle a aussi dit que l’indépendance du Barreau Iranien doit être restaurée.

Nasrine Sotoudeh a été libérée de prison l’année dernière après avoir purgé la moitié de sa peine de six ans pour des accusations comme agissements contre la sécurité nationale de l’Iran et propagande contre le système.

Nasrine Sotoudeh, co-lauréate du Prix Sakharov du Parlement Européen pour les Droits Humains en 2012, dit que sa manifestation pacifique a reçu le soutien de beaucoup de militants et d’intellectuels en Iran.

« Chaque jour, de 09h30 à 12h00, je manifeste devant le Barreau. Beaucoup de militants politiques et sociaux ainsi que des personnalités se sont jointes à moi » dit-elle.

Nasrine Sotoudeh ajoute que certains de ceux qui se sont joints à elle ont subi des pressions des autorités qui les ont menacés d’arrestation.

Nasrine Sotoudeh déclare que les fonctionnaires du renseignement l’ont arrêtée et interrogée pendant plusieurs heures le 25 novembre après qu’elle ait participé à un rassemblement contre les attaques à l’acide visant les femmes à Ispahan.

« On m’a demandé combien de temps j’allais continuer à manifester ; on a également proféré quelques menaces. Je ne crois pas que mon arrestation, qui a duré sept heures ce jour-là, était sans rapport avec ma manifestation de longue durée devant le Barreau»

L’avocate des droits humains a dit à RFE/RFL que beaucoup de passants lui ont exprimé leur soutien pour ses actions.

« Quelquefois, ils disent même de loin ‘Nous sommes avec vous’ et ils font le V de la victoire. »

Nasrine Sotoudeh a gagné le respect de beaucoup, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran pour sa résistance face à un état répressif.

Avant son arrestation en 2010, Nasrine Sotoudeh s’occupait de dossiers sensibles de droits humains et politiques.

Pendant son incarcération, elle a fait plusieurs grèves de la faim pour protester contre sa peine et une interdiction de quitter le territoire imposée à sa fille.

Source : http://www.rferl.org/content/iranian-human-rights-lawyer-vows-to-continue-protest/26711946.html

Interview de Saba Sherdoust, amie de Mahdieh Golrou

Mahdieh Golrou qui avait passé 30 mois de sa jeunesse derrière les barreaux pour avoir milité pour le droit à l’éducation, a été arrêtée par les gardes révolutionnaires le 26 octobre. Les autorités n’ont pas dévoilé la raison de son arrestation mais il est clair qu’elle est en rapport avec sa participation aux manifestations demandant que le gouvernement arrête ceux qui ont commis les attaques à l’acide. 

Saba Sherdoust est son amie et a accepté de nous donner une interview.

Daneshjou News : Madame Sherdoust, quand et comment Mahdieh Golrou a-t-elle été arrêtée ?
Saba Sherdoust : Mahdieh a été arrêtée le dimanche 26 octobre alors qu’elle quittait son domicile pour se rendre à son travail. Après son arrestation, elle a été ramenée chez elle et que certains de ses effets personnels ont été saisis comme son téléphone portable et son ordinateur portable.

DJ : Pourquoi a-t-elle été arrêtée et quelle agence du gouvernement l’a-t-elle arrêtée ?
SS : Avant son arrestation de dimanche, nous nous étions rassemblées avec d’autres femmes devant le parlement rue Baharestan pour manifester contre les attaques à l’acide ayant eu lieu contre des femmes à Ispahan. Le lendemain, Madame Golrou m’a contactée pour me dire qu’elle avait été contactée par des personnes dont elle ne connaissait pas le numéro ; elle n’avait pas pu répondre  car elle était en cours.
En raison de ses activités récentes, je peux dire que Madame Golrou a certainement été arrêtée pour sa participation à des manifestations contre les attaques acides à l’encontre des femmes.
De plus, autant que je sache, Madame Golrou n’était pas politiquement active et se concentrait uniquement sur les sujets sociaux et les problèmes des femmes.

DJ : Les agences de sécurité étaient-elles plus sensibles aux attaques acides ou au retour à l’activité de la société civile ?
SS : Les deux. Quand la colère populaire a déclenché des manifestations et de la dissidence civile, l’opposition aux attaques acides s’est changée en ce qui était vu comme un problème de sécurité. D’autres personnes qui couvraient les manifestations ont aussi été arrêtées, dont un photographe de l’ISNA et deux autres membres de la presse qui avaient fait des reportages sur les attaques.
D’un autre côté, les autorités ont intensifié la pression sur les militants civiques en général. Ces évènements démontrent qu’ils ne permettront pas aux militants d’agir dans quelque sphère que ce soit de la société civile. Les dirigeants ne désirent pas voir les militants des droits civiques s’occuper des problèmes sociaux, coopérer avec les ONGs ou participer à des rassemblements non-violents.
La peur d’une augmentation de la participation civique a créé plus de menaces, de convocations et d’arrestations, et donc une escalade de la pression sur les militants. Bien sûr, cette situation existait aussi durant la présidence Khatami. La politique étrangère a évolué alors que les pressions internes persistaient. Tout cela persiste car la participation civile active pourrait préparer le chemin de la démocratie.

DJ : Mahdieh a-t-elle eu des contacts avec l’extérieur depuis son arrestation et où est-elle incarcérée ?
SS : Elle appelle brièvement ses proches pour dire qu’elle va bien.
Comme elle a été arrêtée par les gardes révolutionnaires, elle est détenue dans l’un de leurs centres de détention. A ce jour, elle n’a toujours pas rencontré son avocat. Mais sa famille continue de suivre sa situation avec qui de droit et le bureau du procureur.

Source : http://www.daneshjoonews.com/archives/15380


samedi 3 janvier 2015

La gifle du pardon – Arash Khamooshi

 Samirah Alinejad gifle le meurtrier de son fil savant de retirer le noeud coolant d’autour de son cou dans la ville du Nour, nord de l’Iran, le 15 avril 2014 in the northern Iranian city of Noor on April 15, 2014 (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

Téhéran le 30 décembre 2014 – J’ai appris l’existence de Balal, condamné à mort, quand le metteur en scène iranien Mostafa Kiaei m’a invité à une projection privée organisée pour lever des fonds pour le « diyeh », le prix du sang, qui peut être payé à la famille d’une victime pour éviter la peine de mort.

Mon épouse et moi militons dans une association qui faisait campagne pour Balal, qui avait poignardé un jeune-homme lors d’une bagarre de rue en 2007. Deux jours avant la date prévue de l’exécution, j’ai reçu un appel nous demandant de nous rendre de Téhéran à Nour, une ville du nord où il était emprisonné. Je n’y allais pas en tant que photographe, mais plutôt en tant qu’être humain.


Samereh Alinejad et Abdolghani Hosseinzadeh sur la tombe de leur fils (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

Il semblait que, même si plusieurs membres de la famille de la victime voulaient accepter le prix du sang, la mère de la victime, Samirah Alinejad ne le voulait pas. Nous nous attendions à ce qu’il soit pendu.

On a essayé de la persuader d’accepter le prix du sang mais elle se sentait assiégée et s’était retirée chez elle et ne répondait plus au téléphone.


La mère du meurtrier  Balal alors qu’on emmène son fils à l’échafaud (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

Une émission de football populaire, 90, avait même mentionné le dossier de Balal demandant qu’il soit pardonné. L’exécution était prévue à l’aube du 15 avril et l’échafaud avait été préparé la veille.

Le matin, il y avait environ 1.000 personnes, certaines s’étaient placé un coran sur la tête pour appeler à son pardon. Ses sœurs étaient présentes, pleurant et demandant qu’il soit épargné. Il n’y avait pas d’autre média de présent.


Le meurtrier iranien Balal sur l’échafaud (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

A 06h20, Balal a été emmené menotté par les gardiens de prison. Il avait les yeux bandés et ils lui ont mis le nœud coulant autour du cou. Il a crié pour demander pardon mais la mère, qui selon le « Ghessas », version chiite du talion, avait le droit de renverser la chaise sur laquelle le condamné se trouvait, a dit qu’elle ne voulait pas le pardonner.

Quelques minutes plus tard, la mère de la victime s’est approchée de Balal ; mais, au lieu de renverser la chaise comme nous l’attendions, elle l’a giflé et dit qu’elle le pardonnait. C’était incroyable, une vraie surprise. On a retiré le nœud coulant. Les gens se réjouissaient.


La mère d’Abdollah Hosseinzadeh retire le noeud coolant du cou de l’assassin de son fils (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

Je n’étais vraiment pas là pour prendre des photos mais maintenant que je l’ai fait, je pense que j’ai fait ce qui devrait être le vrai but du journalisme : essayer de mieux comprendre. J’ai réussi à utiliser mon rôle de photographe pour aider à monter quelque chose comme cela dans la société. J’ai assisté à d’autres exécutions à Téhéran ; certains y amènent même leurs enfants des centaines de personnes filment sur leurs portables. Je ne comprends pas du tout. Je suis rentré à Téhéran et j’ai enregistré les images.


Les mères d’Abdollah Hosseinzadeh et de son assassin, Balal, pleurent ensemble après qu’il ait été pardonné (AFP/ Arash Khamooshi / ISNA)

Le Guardian l’a récupéré le premier puis l’AFP a acheté les images. J’espère qu’un jour ils n’y aura plus d’exécutions publiques. Je ne sais pas comment on peut pendre des gens à un carrefour où, quelques heures plus tard, des parents passeront pour emmener leurs enfants à l’école.

Arash Khamooshi est un photographe iranien qui travaille pour l’agence ISNA 

Source : http://blogs.afp.com/correspondent/?post/iran-execution-pardon#.VKObGCuG-Sr