mercredi 19 mai 2010

Nous nous en remettons à Dieu, pas à la justice (familles des prisonniers politiques)

Site Kalameh : A l’approche de l’anniversaire des élections présidentielles controversées de l’année dernière, plusieurs familles de prisonniers politiques ont publié une déclaration pour décrire les souffrances et les épreuves qu’elles-mêmes et leurs proches ont endurées cette année. Exprimant leurs inquiétudes, ils ont déclaré qu’il n’y avait aucune lumière au bout du tunnel en ce qui concerne la façon dont le régime traite les prisonniers politiques.

Beaucoup purgent des peines longues tandis que d’autres ont été envoyées pour d’obscures raisons, dans des prisons lugubres comme celle de Radjaï Shahr,comme il est de notoriété publique.

Lettre des FAMILLES DES PRISONNIERS POLITIQUES  
Nous nous en remettons à Dieu, pas à la justice….

Au nom de Dieu qui rend justice aux oppressés 
A la grande nation iranienne,
 
Voilà un an que nos conjoints, parents et enfants ont été arrêtés. Pendant cette année, nous, les familles des prisonniers politiques, avons enduré beaucoup de difficultés et de souffrances, certaines partagées avec le peuple d’Iran, d’autres que nous n’avons partagées qu’avec Dieu dans l’intimité de nos cœurs, car nul n’est plus près de nous et plus informé de la vérité que Dieu.

Aujourd’hui, écrivant cette lettre au peuple iranien, nous sommes aussi inquiets et dans l’expectative qu’au jour de l’arrestation de nos êtres chers. Il n’y a aucune lumière au bout du tunnel en ce qui concerne la façon dont le régime traite les prisonniers politiques. Beaucoup purgent des peines longues tandis que d’autres ont été envoyées pour d’obscures raisons, dans des prisons lugubres comme celle de Radjaï Shahr, comme il est de notoriété publique, alors qu’on en sélectionne certains pour des permissions accordées contre des cautions de plusieurs centaines de millions de tomans. On nous oublie, nous sommes dans le doute. Les questions nous emplissent l’esprit, des questions auxquelles le gouvernement et la justice ne répondent pas de façon convaincante claire et ouverte.

Pourquoi avoir arrêté nos enfants ? Pourquoi les avoir forcé à participer à des procès spectacles vous souciant peu ou pas du tout de leur défense et de leur représentation légale ? Pourquoi tant d’insistance à ignorer leurs droits ? Pourquoi, au bout de tout ce temps, ne peuvent-ils toujours pas rencontrer leurs avocats ? Pourquoi leurs avocats ignorent-ils les charges qui pèsent contre eux et quand pourront-ils consulter leurs dossiers ? Pour les garder à l’isolement pendant des mois et les soumettre à des interrogatoires inhumains et les torturer alors qu’ils ont les yeux bandés ?

Pourquoi les juges prononçant les verdicts initiaux expriment-ils leur regret de les avoir prononcés après l’appel prétendant avoir alourdi les peines parce qu’ils s’imaginaient qu’elles seraient réduites par la cour d’appel ?

Les verdicts et les peines ne devraient-ils pas être prononcés suivant les crimes commis ? Pourquoi ce principe fondamental de droit et de justice ne se reflète-t-il dans aucun jugement ? Pourquoi tant de peines de prison de longue durée et de peines de mort ? Pourquoi tant de cautions de centaines de millions de tomans, une incertitude permanente et des temps d’attente qui sont de vraies tortures ? Pourquoi les enquêteurs devraient dicter leur loi aux juges et aux enquêtes ? Pourquoi n’existe-t-il pas une justice indépendante ?

Pendant des années, nous avons cru que c’était à la justice que les opprimés pouvaient s’adresser pour obtenir réparation et qu’elle s’occupait de punir les malfaisants. Au fil du temps, notre déception n’a fait qu’augmenter et dorénavant, notre seul espoir, notre seul refuge, c’est Dieu.

L’honorable procureur de Téhéran a récemment déclaré que le pire péché est de cacher la vérité. Pendant toute une année nous avons tous demandé, pourquoi cachez-vous la vérité ?

Soyons cohérents et faisons preuve de transparence dans tout ce que nous faisons. Les dirigeants, ceux qui détiennent le pouvoir, ne devraient-ils pas s’occuper de ce manque de transparence, de cette dissimulation de la vérité ? Qu’est-ce qu’un citoyen ordinaire, femme au foyer, journaliste, étudiant ou militant politique pourrait-il cacher qui ne soit révélé après tant de mois d’interrogatoires ? Ce manque de transparence et cette dissimulation de la vérité sont-elles leur priorité ou celle de ceux qui détiennent le pouvoir ?

La semaine dernière, cinq prisonniers d’Evine ont été exécutés. Ces exécutions comportent de nombreuses zones d’ombre dans les processus des arrestations, des interrogatoires, des procès, des verdicts, et dans le timing. Nous exprimons notre grande inquiétude sur le sort de nos enfants et de nos êtres chers. Nous, familles des prisonniers politiques, condamnons la façons dont ces exécutions ont été conduites.

Nous protestons contre le manque d’information sur ces exécutions et dénonçons la façon injuste dont les familles endeuillées des personnes exécutées ont été traitées. Nous demandons à la justice de commencer à traiter ces sujets avec équité, transparence et le plus grand respect de la vérité.
 
Signé par plusieurs familles de prisonniers politiques



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