samedi 31 mai 2014

L’Iran et la lutte pour l’égalité

D’abord, il y a eu le site Facebook consacré aux femmes non-voilées, puis le baiser de Cannes et pour finit la vidéo « Happy » postée sur YouTube qui a amenée des arrestations. DW s’intéresse à la lutte pour les libertés fondamentales et l’égalité des sexes en Iran.



« La participation des femmes à la société et à l’économie devrait être considérée comme une chance et non comme une menace. Cela ne fait aucun doute. » Voilà un tweet du président iranien Hassan Rouhani posté le jour international des femmes le mois dernier. Lors d’une interview télévisée le même jour, il a répété le fond de ce tweet en défendant « des chances égales, une protection égale et des droits sociaux égaux » pour les femmes.

Mais une journaliste iranienne basée à Londres a lancé une campagne sur Facebook qui démontre, par son nom autant que par son contenu, que la réalité est loin du but affiché par Rouhani. « Liberté furtive » a commencé lorsque Masih Alinejad a posté une photo d’elle non-voilée sur ce média social et invité ses compatriotes femmes à faire de même.

L’idée s’est répandue comme une traînée de poudre et, en quelques jours, des dizaines de milliers de femmes ont franchi les limites de la loi islamique qui les oblige à avoir les cheveux couverts en public ; elles ont posté sur ce site, des photos d’elles libérées du hidjab.

Un enthousiasme aussi partagé encourageant la tolérance et le militantisme de base parle de lui-même, dit Ryan Mauro de Clarion Project, basé aux Etats-Unis.


La campagne Liberté Furtive a attiré des centaines de milliers de « like »

« Si le président Rouhani était un vrai modéré qui défendait les droits des femmes, elles ne seraient pas obligées de faire ça parce qu’elles n’auraient aucune raison de manifester » a-t-il dit à DW. Il dit aussi que l’expression « égalité des sexes » est relative pour le dirigeant iranien.« Comme le régime lui-même est basé sur la charia islamique, Rouhani ne voit pas de contradiction à réprimer les femmes, à les obliger à se couvrir la tête et à piétiner leur liberté d’expression. »

Une campagne de poids ?

Mauro croit que la campagne d’Alinejad rend Téhéran nerveux. Il cite l’arrestation des jeunes Iraniens qui ont dansé sur la vidéo « Happy » maintenant infâme comme preuve que le régime manque de confiance dans sa propre survie et est marginalisé par les mouvements populaires.

« C’est l’essence même d’une révolution démocratique. Un sentiment d’autonomisation, l’idée qu’ils sont du bon côté de l’histoire et qu’ils peuvent gagner. »

Et pourtant, la militante féministe de premier plan et écrivaine Mansoureh Shojaee, qui a travaillé sur beaucoup de campagnes de haut niveau, dont certaines dénonçant le hidjab obligatoire, n’est pas convaincue que « Liberté Furtive » est assez importante pour avoir une influence majeure. « C’est bien, et je respecte chacune de celles qui y participant. Mais elle ne s’occupe pas des féministes qui s’opposent au hidjab obligatoire et veulent cependant continuer à le porter » a-t-elle dit à DW.


Parce qu’ils sont heureux ….

Shojaee s’occupe aussi de cyber-féminisme et se demande si la campagne en est un bon exemple. « Je me demande ce qui se passerait si elle était attaquée. Ses membres supporteraient-elles de continuer ? Tiendraient-elles le coup ? »Elle pense que cette campagne aurait besoin d’être soutenue par des militantes expérimentées pour la sortir de sa dissimulation furtive et en faire une tentative plus sérieuse et durable qui pourrait vraiment contribuer au changement.

Pas de baiser en public

Gissou Nia, directrice exécutive du Centre de Documentation des Droits Humains en Iran, considère les déclarations contenues dans les photos non-voilées de Facebook comme un témoignage de d’une puissance douce. « Et cela change les mentalités » a-t-elle dit à DW. L’attitude actuelle de vouloir contrôler les femmes a été démontrée lors du dernier festival de Cannes ; la célèbre actrice iranienne Leila Hatami a été publiquement réprimandée pour avoir embrassé Gilles Jacob, le président du festival, sur la joue.

Dans une déclaration sur cet incident, le secrétaire d’état à la culture, Hossein Noushabadi, a dit que quiconque assistait à un évènement international devait respecter « la crédibilité et la chasteté des Iraniennes » pour empêcher de « donner une mauvaise image des Iraniennes » au monde entier.

L’actrice s’est expliquée et a écrit des excuses formelles à l’organisation du cinéma de son pays, mais cela n’a pas empêché un groupe d’étudiantes de porter plainte contre elle et d’appeler à sa flagellation et à sa condamnation à un à dix ans de prison. L’actrice Leila Hatami s’est retrouvée au centre d’une tempête pour un baiser sur la joue à Cannes.

L’incident en dit long et Ryan Mauro considère que l’occident devrait se tenir aux côtés du le peuple iranien pour exploiter cette vague de fond appelant au changement qui y existe de plusieurs années et aider à trouver une manière douce d’évoluer vers une vraie égalité des sexes.

Shojaee est d’accord. « Il y a quelques désavantages à l’implication de l’occident, comme la sécurité, mais les avantages sont plus importants. Nous parlons là de fraternité globale » dit-elle.

Source : http://www.dw.de/iran-and-the-struggle-for-equality/a-17660317

Semaine 22 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Mohammad-Mehdi Abayat transféré à l’isolement à Redjaï Shahr.
  • Le Pasteur Saïd Abedini quitte l’hôpital Dey pour revenir à Redjaï Shahr ; il est sévèrement battu durant le transfert.
  • Le bahaï Shahab Dehghani transféré d’Evine à Redjaï Shahr.
  • Gholamreza Khosravi-Savadjani, condamné à mort, transféré d’Evine à Redjaï Shahr.
  • Keyvan Samimi transféré à Redjaï Shahr en provenance de l’hôpital.
  • Shahram Chinian-Miandoab, bahaï, transféré à la section des criminels dangereux.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Abdolsalam, Abdolhadi et Mehdi Azarm, sunnites kurdes, arrêtés à leur domicile.
  • Saba Azarpeik, journaliste, arrêtée sur son lieu de travail.
  • Abdolreza Davari, proche d’Ahmadinejad, arrêté.
  • Shahab Dehghani, bahaï, commence à purger sa peine de 4 ans à Evine.
  • Ebrahim Ghadi-Far, sunnite kurde, arrêté à son domicile.
  • Massoumeh Gholizadeh, militante azérie de gauche, arrêtée.
  • Ahmad Karami, sunnite kurde, arrêté à son domicile.
  • Mohammad Rassoulizadeh, sunnite kurde, arrêté à son domicile.
  • Abdolrahim Tchana sunnite kurde, arrêté à son domicile.
  • Abdolghani Vahid, sunnite baloutche, arrêté à son domicile
  • Nasser Zarei, sunnite kurde, arrêté à son domicile.
  • 2 jeunes arrêtés à Kermanshah.

C-Libérations
  • Abolfazl Abedini-Nasr, en liberté provisoire pour 10 jours sous caution.
  • Ahmad-Reza Haeri, frère de Saïd Haeri, libéré sous caution.
  • Hamid Manafi-Nazerloo, militant azéri activist, libéré sous caution.
  • Sassan Soleimani, metteur en scène du clip “Happy” posté sur YouTube, libéré sous une caution de $16.600.

D-Autres Nouvelles
  • Le Docteur Latif Hassani, militant azéri, en grève de la faim à la prison de Radjaï Shahr.
  • Hassan Djavani, 57 ans, met fin à sa grève de la faim au bout de 15 jours.
  • Ayat Mehr-Ali-Beiglou met fin à sa grève de la faim.
  • Plus de 120 enfants de moins de 18 ans attendent d’être pendus dans les prisons iraniennes.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Ali Ajdari, derviche Gonabadi, condamnée à 2 ans de prison.
  • Omid-Ali Akbari, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Mohammad-Amin Akramipour, militant sur le web, condamné à 14 ans de prison.
  • Hamid-Reza Arayesh, derviche Gonabadi, condamné à 4 ans de prison.
  • Abdol-Reza et Mohammad Arayesh, derviches Gonabadi, condamnés à 2 ans de prison.
  • Seyed Ebrahim Bahrami, derviche Gonabadi, condamné à 4 ans de prison.
  • Shahoo Bayazidi, étudiant kurde, condamné à 6 mois de prison.
  • Gholam-Ali Beirami, derviche Gonabadi, condamné à 3 mois+1 jour de prison.
  • Khorshid Dashtaki, derviche Gonabadi, condamnée à 2 ans de prison.
  • Ali-Djan, Esmaïl, Issa, Mehdi, Shahram et Sohrab Dehghan, derviches Gonabadi, condamnés à 2 ans de prison.
  • Amir-Hamzeh Dehghan, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Mohammad-Ali Dehghan, derviche Gonabadi, condamné à 4 ans de prison.
  • Kazem  Dehghani, derviche Gonabadi, condamné à 4 ans de prison.
  • Mohsen Esmaili, derviche Gonabadi, condamné à 1 an de prison.
  • Mehdi Ghanbari, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Massoud Ghassemkhani, militant sur le web, condamné à 22 ans de prison.
  • Amir Golestani, militant sur le web, condamné à 22 ans de prison.
  • Nasrollah Golshan, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Zabihollah Guerdpour, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Fariborz Kardarfar, militant sur le web, condamné à 18 ans de prison.
  • Mehrdad Keshavarz, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Ahmad-Reza Kouhi, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Le militant civique kurde Dana Landj-Abadi condamné à 1 an de prison.
  • Abouzar Malekpour, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Mehdi Marand, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Hamid Mehdizadeh, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Karamat Moradi, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Reza Pishkar, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Adnan Rahmat-Panah, bahaï, condamné en appel à un an de prison.
  • Behiar Radjabi, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Roya Saberinejad-Nobakht, militante sur le web britannique, condamnée à 20 ans de prison.
  • Mohammad-Ali Sadeghi, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Adel Sadouni, militant arabe sur le web, condamné en appel à 3 ans de prison.
  • Naghmeh Shahi Savandi Shirazi, militante sur le web, condamnée à 7 ans + 91 jours de prison.
  • La peine de Maryam Shafipour réduite en appel de 7 à 4 ans.
  • Mohammad-Ali Shamshirzan, derviche Gonabadi, condamné à 4 ans de prison.
  • Mehdi Reyshahri-Tangestani, militant sur le web, condamné à 11 ans de prison.
  • Seyed Massoud Talebi, militant sur le web, condamné à 15 ans de prison.
  • Saleh Tamouli (Tarafi), militant arabe sur le web, condamné en appel à 3 ans de prison.
  • Amanollah Tcheraghi, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Mohammad-Reza Zahedian-Kish, derviche Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • Manoutchehr Zareh, derviche Gonabadi, condamné à 3 ans de prison.
  • Hamzeh (Mehdi) Zargani, militant arabe sur le web, condamné en appel à 3 ans de prison.
  • Une pendaison à Evine samedi.
  • Un homme et deux femmes pendus à Oroumieh.
  • 5 pendaisons à Redjaï Shahr.
  • Une pendaison à Ghazvine mardi.
  • Une femme pendue à Amol mercredi.

L’université – la Culture
  • L’architecte Houshang Seyhoun est décédé.
  • Un nouveau journal Zanan Emrouz parait.

Manifestations 
  • La police attaque une manifestation d’écologistes à Ispahan : 2 blessés et 10 arrestations.
  • Les travailleurs de Saveh profile manifestent pour leurs salaires impayés.
  • Chaîne humaine à Shiraz pour protéger un espace vert contre la construction de 4 gratte-ciels.
  • Les salariés d’Iran Tire have manifestent contre les licenciements, les réductions de salaire et l’augmentation des heures travaillées.

L’Iran à l’étranger 
  • Morteza Tamaddon, chef du conseil de sécurité publique de la province de Téhéran, fait maintenant partie de la liste des sanctions américaine.
  • 86 Iraniens condamnés à mort pour trafic de drogue en Malaisie.
  • Zarif en visite en Algérie.
  • Au moins quatre techniciens iraniens construisant un gazoduc dans la province irakienne de Diyala , ont été tués lors d’une attaque à la bombe.
  • Abdollah Eskandari, garde révolutionnaire, tué en Syrie.
  • Environ 8.000 Iraniens ont émigré en Allemagne en 2013.

L’économie en Iran 
  • Des parties du bazar de Tabriz en grève pour protester contre l’augmentation des impôts.
  • Petrobras ferme son bureau en Iran, n’a aps l’intention d’investir en Iran dans le futur.
  • L’Australie reprend ses exportations de moutons vivants vers l’Iran après un boycott de 40 ans.
  • 21% d’augmentation du prix des loyers en un an en Iran.

Politique en Iran
  • Ali Larijani réélu président du parlement par 187 voix.
  • Maryam Ghorbani nommée préfète de Boushehr.
  • Le gouverneur de la province d’Alborz, Seyed Taher Taheri limogé.
  • Une nouvelle loi aide les ouvriers du bâtiment à s’assurer.

Nouvelles en vrac
  • 4 techniciens iraniens tués dans une attaque terroriste en Irak.
  • Un jeune kurde tué lors d’une fusillade.
  • L’Iran confirme ses deux premiers cas de grippe aviaire.
  • Une partie de la raffinerie d’Ispahan a pris feu.
  • Un père décapite sa fille parce qu’elle était amoureuse.
  • 11 suicides par jour en Iran.

Sur le blog cette semaine


Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

mercredi 28 mai 2014

Pourquoi nous écrivons sur Libertés Furtives-Masih Alinejad #mystealthyfreedom

Vous souvenez-vous qu’il y a quelque temps les agences de presse ont demandé d’enregistrer et de leur envoyer des vidéos sur les vendeurs à la sauvette dans le métro, ou sur le 13-bé-dar (célébration traditionnelle en Iran) ou même sur les désastres causés par les grosses chutes de neige dans le nord pour pouvoir diffuser ces vidéos ?

He bien cette page ne vient pas d’un appel mais d’une question émanant des femmes et se demandant « si on retirait notre hidjab pendant que les autorités et leurs forces regardent ailleurs ? »

Après quoi, les réponses ont commencé à arriver, vraiment de partout. Pas une ni deux ; en une seule journée nous avons reçu des centaines d’images et maintenant, nous en sommes certainement à plus de mille ; les gérer et s’en occuper n’est pas simple et prendra un certain temps.

La réponse massive que nous avons reçue signifie que cette cause, cette question simple qui a été à l’origine de tout, prend de plus en plus d’ampleur. Pourquoi ? Parce que cette fois-ci, la question s’adresse à cette partie de la société iranienne qui n’est pas couverte par les médias en Iran pour transmettre leur voix par leurs images. La censure a toujours existé, cette partie de la société est attaquée par Gasht-e-Ershad (force gouvernementale spécialement dédiée au respect du hidjab et des règles islamiques dans la rue, etc…) surtout l’été et peut-être que cela a attiré quelque attention, mais sans que leur propre voix soit entendue.

Le travail des médias ne se limite pas à diffuser de tels évènements qui arrivent occasionnellement (en été, on a tendance à s’habiller plus légèrement et plus librement parce qu’il fait chaud ! et pour les femmes, source de conflits avec les forces mentionnées plus haut). Un journaliste ne doit pas se contenter de saisir son appareil photo et de prendre quelques clichés de filles battues et humiliées par ces forces. Au moins une fois, il faudrait entendre leurs voix avant qu’elles ne deviennent vraiment des victimes et qu’on voit leurs photos.

Sur cette page, une femme nous montre des photos d’elle diffusées auparavant aux médias et sur le web encore et encore, la montrant recevant des avertissements d’une fonctionnaire de Gasht-é-Ershad, détenue, humiliée. « C’est moi, avertie encore et encore à cause de mon foulard (ce qui veut dire que le foulard ne couvrait pas ses cheveux) ; tout le monde a déjà vu ma photo. Maintenant, qu’on entende ma voix » dit-elle.

Personne, aucune agence de presse, n’a jamais parlé de ce qu’a ressenti cette autre fille ; on lui a frappé la tête contre la voiture de police durant son arrestation, elle saigne ; sa vidéo est apparue aux nouvelles pendant des jours et personne n’a entendu sa voix bien qu’elle et beaucoup d’autres femmes se soient battu pendant toutes ces années.

Cette page ne prétend pas être le numéro 1 dans la lutte contre le hidjab. C’est simplement une page que les femmes se sont appropriées et qu’elles ont choisie pour expliquer aux autres comment leurs droits, même un droit de base comme celui de choisir ce qu’elles portent, doivent être mis en pratique furtivement. En fait, ce sont elles qui sont furtives et cela brise le cœur et elles n’ont jamais pu en parler, parce que, pendant plus de 30 ans, tout le monde les a fait taire en disant : « Ce n’est pas le moment d’en parler. »

Cette page est simple et se contente de raconter l’histoire d’une partie de la société iranienne qui a été retirée de la société et censurée.

Si vous voyez que cette page s’allonge c’est parce que le problème du point de vue des femmes (qui ne croient pas au hidjab) était beaucoup plus important qu’il ne semblait l’être. C’était à fleur de peau dans la ville et maintenant, ce sont les femmes elles-mêmes qui crient leurs soucis furtifs à voix haute, pour défier l’absence de liberté et pour que ceux qui disaient toujours « Le hidjab obligatoire n’est pas un problème » soient forcés d’entendre leurs voix fortes et claires.

Source : https://www.facebook.com/page.masihalinejad/posts/10152291717862740

Exemples de ce que vous trouverez sur cette page Facebook :



Je m’imagine un peu féminine 
Sans foulard 
Sans voile
Je m’imagine riant du fond du cœur
Sans avoir à être timide
Sans tous ces regards obscènes
J’imagine sentir le vent dans mes cheveux
Sans être obligée d’avoir peur
Sans avoir à m’inquiéter
Je m’imagine courant dans la rue
Sans entendre un mot 
Sans que l’on parle dans mon dos 
Je m’imagine assise près de mon amoureux 
Sans avoir à supporter les regards de reproche 
Sans avoir à supporter le fanatisme 
Je m’imagine juste vivant de façon un peu féminine 
C’est tout ce que je demande


J’ai 68 ans. J’espère que vous ne vous moquerez pas de moi en me disant que ce n’est plus de mon âge. Je suis aussi un être humain et j’aime être à l’aise. Je veux aller en enfer et cela ne regarde personne. Je ne veux pas être forcée d’aller au ciel.


Route d’Oramanat, Kurdistan d’Iran
La danse est comme une protestation contre les limites du corps. Les femmes kurdes dansent normalement en groupe. Ce sont leurs moments furtifs de liberté aussi, de temps en temps, puis les montagnes et les routes répercutent ces sons joyeux de rébellion pour que tous sachent que nous attendons davantage le futur puisqu’il n’y a pas de liberté possible en Iran sans que les Iraniennes ne luttent pour la liberté et que nous espérons moins de regards de reproche et de jugements d’une société patriarcale.

lundi 26 mai 2014

Pour quelles raisons peut-on être fouetté en Iran ?



Une campagne a commencé en Iran pour qu’une actrice soit fouettée après qu’elle ait été embrassée au festival de Cannes. La flagellation est courante en Iran, mais quelles infractions sont punies par la flagellation se demande Tom de Castella.

En France, c’est une salutation normale. L’actrice Leila Hatami, célèbre pour avoir joué dans Une Séparation qui a gagné un oscar, a été embrassée sur la joue par le président du festival Gilles Jacob. Mais elle a été attaquée par les religieux intégristes pour avoir accepté ce baiser au lieu de se retirer.

Les étudiant radicaux ont condamné « cet acte coupable d’embrasser un étranger en public » et demandé qu’elle soit fouettée suivant l’article 638 du code criminel qui traite de la moralité publique.

L’adultère, les embrassades en public, le vol, les actes homosexuels, la consommation ou la vente d’alcool et le blasphème constituent des raisons d’être fouetté en Iran. Les délinquants sont habituellement condamnés à de 10 à 100 coups de fouet sur le dos donnés avec un fouet d’un mètre de long. Le châtiment est si dur que l’on s’évanouit souvent après sept ou huit coups de fouet ; dit Anicee Van Engeland, spécialiste de l’Iran à la faculté d’études orientales et africaines de l’université de Londres.

Faranak Amidi, du service en Persan de la BBC, dit que le châtiment était traditionnellement administré en place publique pour humilier le coupable, mais maintenant, il a souvent lieu dans un poste de police. C’est la façon habituelle de punir les jeunes qui sortent entre personnes de sexe opposé, dit-elle. Elle a été condamnée à dix coups de fouet après que la police ait attaqué une fête, bien qu’elle ait choisi de payer une amende à la place. Son cousin a reçu 100 coups de fouet pour une infraction similaire et a dû être hospitalisé.

La flagellation peut aussi être utilisée comme peine « légère » pour d’autres sortes de crimes comme l’adultère, passible de la peine de mort ou de la lapidation, dit Van Engeland. Les enfants de moins de 18 ans n’y sont pas soumis.

Il y a peu de chances pour que des étrangers soient punis pour s’être tenus par la main, mais ceux qui ont des relations sexuelles avec un musulman peuvent l’être.

Tom Davies, d’Amnesty International dit que la flagellation est une forme de torture et est interdite par les lois internationales, comme les blessures physiques, elle peut causer des dommages psychologiques qui perdurent dans le temps, dit-il.

Source : http://www.bbc.com/news/blogs-magazine-monitor-27547956?ocid=socialflow_twitter

La guerre de l’Iran contre les femmes

La répression s'est concentrée sur les Iraniennes la semaine dernière et a mis la politique misogyne de la république islamique en lumière.

Les théocrates qui dirigent l’Iran ne sont pas contents des photos publiées sur Facebook de femmes se débarrassant de leur hidjab et des démonstrations publiques d’affection entre hommes et femmes et a mis fin, entre autres marques d’affection, aux baisers amoureux en public. La révolution islamique de 1979 a institué des lois forçant les femmes à se couvrir d’un hidjab ou d’un niqab La semaine dernière, le baiser de l’actrice iranienne Leila Hatami sur la joue de Gilles Jacob, président du festival de Cannes, 83 ans a déclenché la fureur de l’institution religieuse et d’un groupe d’étudiants radicaux.

Le groupe étudiant Hezbollah, lié aux gardes révolutionnaires, a exigé « sa flagellation comme stipulé dans la loi. » L’organisation étudiante a attaqué Hatami pour avoir « embrassé un étranger », a écrit le site d’information des gardes Tasnim. Le groupe d’étudiants radicaux s’est assuré le soutien du régime en la personne d’Hossein Noushabadi, secrétaire d’état à la culture. Il a traité l’apparition à Cannes comme « une violation de nos croyances religieuses » et a dit que « l’Iranienne est le symbole de la chasteté et de l’innocence. »

L’érudit allemand et syrien, Bassam Tibi, spécialiste du Moyen-Orient, a longtemps proclamé que l’avancement de la démocratie au Moyen-Orient dépendit des droits de femmes dans les régimes non-démocratiques et autoritaires.

Tout ceci aide à explique pourquoi la poussée des Iraniennes cherchant à se débarrasser des entraves que les hommes leur imposent pourrait signifier un mouvement lent vers la décomposition du régime.

Les exigences vestimentaires des Iraniennes pourraient se conformer aux critères occidentaux de liberté si on en éliminait l’aspect obligatoire.

Néanmoins, Meir Djavedanfar, expert israélien de l’Iran, a écrit vendredi sur son site, l’Observateur Iran-Israël, que, d’après une nouvelle étude de l’université d’Oxford : « On pense que le code vestimentaire de l’Iran islamique imposé aux femmes contribue à la montée en flèche de la sclérose en plaques mortelle parmi les Iraniennes. La raison en est qu’il réduit l’exposition du corps au soleil, une source importante de vitamine D. »

L’étude a montré qu’entre 1989 et 2005, le taux de sclérose en plaques parmi les femmes de Téhéran a augmenté de 700%.

Djavedanfar a clairement résumé le code vestimentaire anti-femmes en Iran : « Toutes les religions sont saintes. Mais je pense qu’il revient aux gens de décider ce qu’ils veulent porter et non pas d’être obligés de s’habiller d’une certaine façon, surtout quand cela présente un risque pour la santé. C’est aussi le piétinement de leur droit humain à choisir. »

« La police de la moralité » donne la chasse aux femmes qui violent le code vestimentaire du pays et inflige des avertissements oraux et des amendes. Certaines femmes sont arrêtées.
L’attitude de l’institution religieuse, masculine envers le sexe féminin rappelle les mots célèbres de l’auteur irlandais Oscar Wilde sur l’orthodoxie intégriste : « La moralité n’est que l’attitude que nous adoptons envers les gens que nous n’aimons pas personnellement. »

La république islamique a longtemps privés les femmes de tous leurs droits dans de nombreux aspects de leur vie. Par exemple, les candidates sont interdites lors des élections présidentielles.

Ces dernières semaines, les femmes sont devenues le punching-ball de président iranien soi-disant modéré, Hassan Rouhani.

L’arrestation de trois jeunes femmes en même temps que des hommes pour avoir posté une vidéo de « Happy » dans laquelle les femmes dansent sans hidjab a déclenché un simulacre de procès public. Le régime a contraint les femmes à présenter leurs excuses pour avoir violé et « blessé la pudeur publique. »

Il est difficile d’imaginer qu’un système qui abolit le bonheur, pourra, sous sa forme actuelle, survivre aux forces de la modernité

Benjamin Weinthal écrit des rapports sur les affaires européennes pour le Jerusalem Post et est membre de la Fondation de Défense des Démocraties.

Source : http://www.jpost.com/Diplomacy-and-Politics/Irans-war-on-women-353255

Lettre de Vahid Tizfahm à son fils depuis la prison de Radjaï-Shahr – 16 mai 2014

  
Vahid Tizfahm, un des chefs de la communauté bahaïe, purge actuellement une peine de 20 ans à la prison de Radjaï-Shahr



Samim, mon très chef fils,

Comme tu le sais,  le 15 mai, cela fera six ans que je suis entré en prison. Je suis parfaitement au courant de tous les problèmes et difficultés auxquels tu as du faire face, quelquefois seul et quelquefois avec l’aide des autres. Aujourd’hui, j’ai décidé de me pencher sur ces 32 dernières années pour partager avec toi quelques-unes des expériences douces-amères de ma vie.

Il y a de nombreuses années, quand j’avais neuf ans, les agents de sécurité ont attaqué notre domicile un matin. Après avoir fouillé les pièces, les placards et nos livres, ils ont arrêté mon père qui avait 42 ans et l’ont emmené. Au bout de huit mois de visites hebdomadaires à la prison d’Oroumieh, pendant l’une de nos dernières visites, mon père a demandé à ma mère : « Si Dieu voulait que je donne ma vie pour mes convictions et ma foi, me promettrai-tu de prendre soin de nos enfants et de les élever pour en faire d’honorables membres de la société selon mes vœux ? » Attristée par cette demande, ma mère a répondu : « Oui, je te le promets. Sois rassuré et continue ton chemin fermement. »

Finalement, en mai 1982, durant une visite à la prison, nous avons attendu anxieusement avec mes sœurs et mon frère de trois ans de voir, une fois encore le visage aimant de notre père traverser la salle jusqu’à ce qu’un garde finisse par nous informer que notre père n’était plus là, qu’on l’avait emmené ailleurs. Découragés et déçus, nous sommes rentrés à la maison. Après deux jours passés à faire des recherches et à faire appel aux diverses autorités administratives et légales, nous n’avions reçu aucune réponse définitive ; finalement, de désespoir, nous sommes allés à la morgue du ministère de la justice à Oroumieh, dans l’espoir de trouver notre père. Le fonctionnaire de service nous a dit recevoir plusieurs corps non-identifiés quotidiennement. Voyant que nous insistions, il a reconnu qu’il y avait un corps correspondant à notre description ; il avait reçu trois balles.

Ces années-là, j’étais plein de questions et d’ambivalence ! Pourquoi mon père, un homme dévot, altruiste et honnête, dont le seul crime, alors qu’il était enseignant, était de servir ses compatriotes et les bahaïs dans sa communauté, devait être exécuté ? Ceux qui avaient commis cet acte haineux s’étaient-ils demandé quelle était la cible de leurs balles et pourquoi ? Les bourreaux qui avaient exécuté la sentence s’étaient-ils demandé quel était son crime ? De quoi était-il coupable pour être traité de façon si lâche ? De quoi était-il coupable pour n’avoir pas droit à un avocat, n’avoir pas le droit de se défendre et faire face à un chef d’accusation qui n’avait jamais été étayé par une preuve ? Finalement, il avait été mis à mort uniquement à cause de sa religion, à son ferme refus de renier sa foi, malgré les menaces et les encouragements.

Mon père bien-aimé a perdu la vie parce que ses convictions différaient de celles de ceux qui étaient au pouvoir ; il a perdu la vie à cause de l’absence d’une justice indépendante et équitable et des décisions d’un ou de plusieurs individus pervers et dévoyés. Il voulait témoigner de sa « foi dans l’unité de toute l’humanité et dans le développement et le progrès de l’Iran et de ses peuples en se dévouant et en rendant service à tous ceux qu’il connaissait ». Il avait choisi d’être indéfectible et inébranlable dans ses convictions et de se sacrifier plutôt que de s’accrocher à une existence terrestre de plaisirs matériels, une vie abjecte de déni. Malgré sa profonde dévotion et son amour pour son épouse, ses enfants et ses sœurs, il avai crié son adoration pour son bien-aimé en nous quittant, tenant la photo d’Houshmand, son fils de trois ans dans sa main fermée.

Mon cher Samim, mon précieux fils, l’histoire se répète. Je purge actuellement une peine de 20 ans en exil à la prison de Radjaï-Shahr, une des peines les plus lourdes infligées aux prisonniers de conscience. Durant ces six dernières années, j’ai passé de nombreux mois à l’isolement à la section 209, je t’en parlerai une autre fois. J’ai vécu pendant des mois dans cette prison terrible connue sous le nom de « trou noir » parmi les prisonniers iraniens, dans des cellules de 10 m² pour cinq prisonniers. Bien sûr, il y a trois ans et demi que la prison de Radjaï-Shahr de Karadj est devenue ma maison et mon abri ; c’est l’une des prisons iraniennes de haute sécurité. En dehors de quelques prisonniers politiques et de conscience, la majorité des détenus y sont considérés comme dangereux et sont condamnés à mort. J’ai été détenu 20 mois avant de pouvoir rencontrer mon avocat pendant une demi-heure et sous une surveillance stricte. C’est tout ! Je me souviens qu’un des prisonniers politiques d’Evine qui a été exécuté il y a deux ans m’avait dit : « Les choses changent beaucoup dans notre pays ; ton père n’a pas eu droit à un avocat, mais toi tu en as un et, à la génération suivante, ton fils jouira de tous ses droits légaux de prisonnier ! »

Mon cher fils, après le martyre de mon père, j’ai étudié avec diligence ; bien que, tant à l’école qu’au lycée, j’aie été en but à de nombreuses insultes et discriminations de certains de mes enseignants et camarades de classe, la plupart d’entre eux m’ont soutenu et ont défendu mes droits en tant que bahaï. Après avoir obtenu mon baccalauréat, on m’a interdit d’entrer à l’université, j’ai dû continuer à étudier par correspondance par l’Institut Bahaï d’Education Supérieure. Je n’étais pas le seul. Malgré l’illégalité de l’interdiction, et en violation des droits de la population de la constitution, des milliers de jeunes bahaïs ont été privé d’éducation supérieure dans les universités du pays. Néanmoins, ils se sont efforcés avec diligence de vaincre cette calamité en continuant d’étudier par correspondance, une situation très difficile. Ils ont étudié dans une université fondée en fait pour répondre à ce malheur. En 2002, 19 ans après le martyre de mon père, les autorités ont ordonné la destruction du cimetière bahaï d’Oroumieh. Il nous a fallu transférer les restes de mon père dans un autre lieu et cela nous a rappelé tous les souvenirs amers du passé.

Samim, mon cher fils, durant toutes ces années, ton père a passé son temps et usé son énergie au service de la communauté bahaïe et de ses compatriotes et il n’a jamais laissé passer une occasion de le faire. En fait, je suis coupable de m’être efforcé d’aider et de soutenir les autres. Rien d’autre ! Bien sûr, d’innombrables autres bahaïs dans les villes et villages de notre pays ont enduré beaucoup de ces difficultés et il faudrait beaucoup de temps pour raconter leur histoire.

La société iranienne a maintenant changé et on voit beaucoup de signes de sa croissance et de sa transformation. Par exemple, beaucoup de gens épris de liberté et à l’esprit ouvert de tous les différents groupes sociaux, dont des religieux éclairés, des écrivains libéraux, des journalistes courageux, des avocats indépendants et qui font preuve d’abnégation, ainsi que des militants sociaux, politiques et culturels ont pris conscience de la vérité et ils défendent les droits de tous leurs compatriotes, donc ceux issus de la communauté bahaïe et des gens comme moi.

Mon cher fils, avec cette conscience continuellement accrue, la conscience sociale en plein essor et la sensibilité du peuple iranien qui s’exacerbe pour les droits humains de leurs compatriotes, nous pouvons maintenant espérer un futur plus radieux, la baisse des discriminations et de la persécution des libre-penseurs, des adhérents des idéologies différentes, des minorités ethniques et religieuses et des intellectuels de cette société, tous étant l’honneur de l’Iran. J’ai grand espoir que les adolescents et les jeunes d’aujourd’hui, dont tu fais partie, pourront jouer un rôle important dans la sensibilisation, le progrès dans l’éducation, la justice et l’équité, l’éradication de la pauvreté, la promotion de la moralité et de la spiritualité dans la société iranienne. J’espère qu’ils continueront, avec résolution et abnégation, à promouvoir le développement spirituel, social et économique de notre Iran bien-aimé avec l’aide et la collaboration de nos compatriotes.

Pour développer l’Iran, il faut que chaque Iranien participe, quelle que soient sa classe, son ethnie ou sa religion. Je récite cette prière avec foi chaque soir avant de me coucher : « Oh Dieu bon ! Sois notre soutien et accorde nous la force de réaliser nos vœux, de négliger les biens matériels et fais de ce pays un exemple du monde céleste de l’au-delà. » Et donc, mon cher fils, tes pensées, tes buts et tes convictions ainsi que celles des jeunes de ta génération doivent se concentrer sur la croissance spirituelle, morale et personnelle ainsi que sur l’aide à autrui et plus spécifiquement à vos compatriotes pour que, quand le besoin s’en fera sentir, vous aidiez vos proches en leur consacrant du temps, de l’énergie et que vous utilisiez vos prédispositions pour développer vos potentiels pour qu’ensemble vous continuiez à apprendre par l’expérience, en répandant l’amour et l’unité, en les aidant à lutter pour leur croissance spirituelle, personnelle et matérielle. Vous les jeunes ardents et doués êtes la source de l’amour et de l’espoir de ceux qui ont besoin d’être aidés et assistés et aspirent au bonheur et à une vie meilleure.

Ton père, Vahid Tizfahm,
Prison de Redjaï Shahr
09 mai 2014

Source: http://www.rahesabz.net/story/82744

samedi 24 mai 2014

Pour un changement- Madjid Tavakoli

Madjid Tavakoli, leader étudiant iranien, a été arrêté en décembre 2009. Le 3 mai 2010, il a commencé une grève de la faim pour protester contre son transfert à l’isolement. Il a écrit cette lettre de la prison d’Evine en juin 2010.

Cette note a pour but de promouvoir la participation et le militantisme dans les mouvements populaires du troisième millénaire. Cet essai ne s’adresse pas uniquement les militants iraniens ; il s’adresse à chaque militant participant à des campagnes non-violentes dans le monde entier. La génération d’aujourd’hui devrait connaître parfaitement l’occasion précieuse offerte en Iran d’aujourd’hui, occasion attendue impatiemment de par le monde : une occasion de participer activement à la construction de son propre destin. Vivre une révolution majeure de l’histoire a toujours été le désir le plus profond de nombreuses générations, surtout pour les personnes éprises de liberté. Mais maintenant, nous pouvons prendre l’histoire et notre destin en mains ; nous devrions en être reconnaissants. Dans l’obscurité de cette nuit qui semble ne jamais devoir finir, nous espérons que demain arrivera… que le monde se renouvellera, que le despotisme disparaîtra, que la liberté s’élèvera et que nous en jouirons tous, en mémoire de tous les combattants de la liberté, de tous les prisonniers en général et de tous les martyrs du Mouvement Vert en particulier.

L’espoir est la colonne vertébrale du mouvement non-violent en Iran aujourd’hui ; et c’est par l’espoir que nous bâtirons les fondations de la réalité de demain. La réalité est soutenue par l’espoir. C’est-à-dire que le changement dépend de la volonté et de l’action, comme on dit : « Les révolutions dépendent de la volonté des révolutionnaires. » Maintenant, nous savons que nous sommes en train de forger la réalité de demain ; par notre action, nous construisons notre propre histoire, il faut donc porter notre attention sur un élément essentiel, le savoir et la conscience, pour qu’en combinant espoir et conscience, nous arrivions à notre but. Car à la fin, nous vaincrons !

Une campagne progressiste, depuis sa direction jusqu’à sa base, depuis ses demandes élémentaires jusqu’à ses principes ultimes, apprend constamment, s’intègre et se tonifie ; la critique garantie sa survie et la survie de sa direction, de ses militants et de ses sympathisants. La critique du mouvement devrait être conçue de manière positive et prospective. Deux types de critiques devraient être analysées et différenciées : la critique « interne » et la critique « externe ».

Les dirigeants et les militants connus qui font partie du mouvement, qui sont ses piliers et ses modèles, ne devraient pas critiquer en général. Au contraire, ils devraient se concentrer sur des messages d’espoir et de victoire à toutes les strates du mouvement. Mais, dans les réunions de travail restreintes, ils devraient utiliser la critique du mouvement pour définir de nouveaux plans et de nouvelles politiques. A l’extérieur, les sympathisants devraient le critiquer positivement, tirant des leçons des erreurs passées mais construisant le futur et se concentrant sur les priorités d’aujourd’hui et les nécessités de la prospective. Donc, en identifiant clairement ces deux groupes, les forces internes et externes du mouvement, nous trouverons comment conduire notre information, nos analyses et notre communication au mieux. Par exemple, dans un groupe de 20 militants, le responsable du réseau de militants ou d’opposants, devrait constamment développer l’idée que « Nous allons gagner ! »

Un autre point important : nous devrions être constamment attentifs à la nécessité d’augmenter les atouts sociaux, culturels, politiques et économiques du Mouvement Vert. Vue l’envergure d’une telle campagne nationale, il faut attirer un large public et tenter de les y inclure. L’unité du Mouvement Vert est cruciale pour nous permettre d’atteindre notre but final ; elle doit être construite dans le calme pour permettre sa longévité. Depuis le début, le mouvement a reçu un large soutien des anciennes forces d’opposition, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Au fur et à mesure de l'augmentation du mécontentement et de l'affaiblissement des réformes, les dirigeants de l’opposition ont appelé plus fréquemment au changement.

L’universalité du mouvement a été rendue possible parce qu’il a su inclure les forces tant internes qu'externes mécontentes de la situation actuelle. Cette approche inclusive continuera puisque le Mouvement Vert s’efforce de changer la situation présente pour bâtir un meilleur futur. Aujourd’hui, la question de l’unité à l’intérieur du mouvement tourne autour de deux points : comment préserver l’unité dans la diversité et comment éviter les conflits en maintenant le respect des différences. L’unité, basée sur ces principes, l’unité est construite non sur les différences mais uniquement sur des dénominateurs communs, dont le plus prégnant est notre combat commun contre le despotisme.

Les valeurs et le discours du mouvement populaire doivent être pleins d’espoir. Il est essentiel que nous gardions à l’esprit quelques principes pour exprimer les valeurs du mouvement révolutionnaire du peuple iranien. Les valeurs révolutionnaires sont essentiellement transmises par les séquelles de la révolution. C’est ce principe qui a été largement utilisé dans les révolutions destructrices et sanglantes pour justifier les exécutions révolutionnaires. Insister sur le caractère non-violent du mouvement tout en rejetant la violence du contrecoup d’un changement radical, d’une révolution, deviendra la priorité de tous, surtout des révolutionnaires. Il est donc nécessaire de réfléchir de façon approfondie sur les valeurs qui dirigent nos efforts déployés pour changer la situation actuelle.

L’universalité de nos valeurs, qui englobent toutes les aspirations essentielles découlant des mouvements contemporains, le respect des autres, les valeurs et les droits et le caractère anti-despotique de notre mouvement révolutionnaire, est devenue une valeur fondatrice. A cela s’ajoute le pluralisme et la tolérance, qui garantissent la coexistence pacifique socio-politique de demain. Les valeurs universelles comme la liberté, l’égalité, la fraternité et les droits humains sont devenues la base de l’ordre politique post-religieux, laïc et démocratique. Il faut savoir que le Mouvement Vert du peuple d’Iran est large et populaire ; il a été créé pour changer le statu-quo en une campagne non-violente connue sous le nom de révolution de velours ou de « couleur » pour la liberté et la démocratie, en prolongement de mouvements similaires. Peu importe ce que le régime, sa propagande et ses partisans disent, le fait que le mouvement ressemble à la révolution de velours est une fierté pour nous tous.

Le Mouvement Vert est subversif et veut changer la situation existante. Il repose sur la participation active de la population et le renforcement de la société civile, c’est-à-dire une présence active, objective et consciente dans la société. Il repose sur une large augmentation de la conscience. Il repose sur la participation courageuse dans les rassemblements. Il exige de la persévérance jusqu’à ce qu’on réponde à nos exigences. Il demande de la résistance de la part de ses dirigeants. Dans la phase actuelle de notre mouvement anti-despotique, nous avons une approche subversive, nous affrontons les institutions sur le statu-quo et maintenons une communication ciblée, centrée sur le public.

Bien que l’information et la communication soient des activités pré-révolutionnaires préparant la voie de la révolution, dans la phase de la révolution elle-même, des activités comme des rassemblements réguliers, les groupes d’étude etc. sont toujours importantes. Il faut une approche stratégique sur ces sujets en général, quelle que soit la phase du mouvement que l’on vit.

En ce qui concerne la méthodologie de notre mouvement, la non-violence doit rester notre principe général ainsi que les méthodes pour détourner la violence.

Le mouvement est né de la fraude électorale scandaleuse et massive et la répression qui l’a suivie, arrestations massives, tortures, viol et exécutions ; il arbore la couleur Verte. Le Mouvement Vert cherchait, au début, son « vote » volé ; au fil du temps, comme décrit plus haut, il est devenu un mouvement subversif ne cherchant rien moins qu’un changement de régime et le renversement du guide suprême. Les slogans initiaux en faveur de Moussavi et contre Ahmadinejad sont devenus hostiles au guide et à la tutelle des théologiens. Au fur et à mesure que le fossé s’agrandissait entre l’état d’une part et la nation d’autre part, le peuple a prouvé sa volonté inébranlable d’apporter un changement radical à la république islamique, incarnation de la montée en puissance des fascistes islamiques.

Les sanctions internationales peuvent empirer les difficultés économiques de l’Iran, elles n’auront pas un effet catastrophique sur l’avenir du pays. Sous la règle de la république islamique, les difficultés économiques sont devenues une réalité enracinée. La fin de la dictature en Iran ne peut qu’apporter des lendemains meilleurs. L’arme nucléaire et le programme de missiles balistiques ont enhardi la communauté internationale qui a imposé des sanctions encore plus dures. Les pays libres et les amoureux de la liberté dans le monde entier devraient à la fois augmenter la pression sur le régime et soutenir le peuple iranien dans leur mouvement révolutionnaire anti-despotique. Le premier et principal problème de l’Iran, ce sont les droits humains et le monde devrait mettre ce sujet en tête de ses préoccupations quand il affronte le régime iranien. Le régime fera tout pour détourner l’attention internationale des droits humains pour parler du problème nucléaire.

Une attention particulière doit être portée aux médias et à la communication, axes de la direction du mouvement pour le changement. Il faut dénoncer les tactiques des médias de la république islamique.

Le nouvel ordre politique qui apparaîtra après un changement radical en Iran est un autre sujet crucial. Notre problème aujourd’hui ne se limite pas à des despotes au pouvoir ; il s’étend à tout le système de gouvernement ce qui pourrait permettre l’émergence d’un autre despotisme. Donc, le futur devrait être prévu avec soin et expliqué. Ce faisant, on ne peut se limiter aux grands principes ; il faut plutôt englober des problèmes centraux comme le droit des minorités, les droits de nos communautés ethniques, notre future politique étrangère, le futur de notre industrie nucléaire, et la méthodologie de gouvernance du futur.

Madjid Tavakoli
Juin 2010, prison d’Evine, Téhéran, Iran

Source : http://tavaana.org/en/content/change-majid-tavakoli

Semaine 21 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Ali Moezi de retour à la section générale de Redjaï Shahr.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Hossein Farzine de retour à la prison de Vakil-Abad à la fin de sa liberté provisoire.
  • Mehdi Kargar, militant kurde, arrêté à Djavanroud.
  • Laïgh Karimi, militant kurde, arrêté à Paveh.
  • Arash Mehdi-Khani, Sunnite kurde, arrêté à Sanandaj.
  • Mohammad Mehrabani, militant kurde, arrêté à Paveh.
  • Pouria Nouri, frère du derviche Kasra Nouri, arrêté à Shiraz et libéré le jour même.
  • Mohammad Nourizad arrêté à Shiraz, envoyé par avion à Téhéran, retourne à Shiraz en bus.
  • Behzad Nabavi, militant politique, libéré à la fin de sa peine.
  • Farideh Shah-Goli, militante de gauche, arrêtée pour purger sa peine de 3 ans.

C-Libérations
  • Mohammad-Amin Abdollahi en liberté provisoire pour 18 jours.
  • Akbar Azad en liberté provisoire.
  • Setareh Davari libérée d’Evine.
  • Golrokh et Shidrokh Firouzian, bahaïes de Semnan, libérées à la fin de leur peine.
  • Yaghoub Khezri, militant culturel kurde, libéré de la prison de Mahabad.
  • Djamil Mohammadi, syndicaliste, libéré sous caution.
  • Mohammad-Reza Partoei (Kourosh), converti au christianisme, en liberté conditionnelle.

D-Autres Nouvelles
  • Hassan Djavani, militant politique, est en grève de la faim à la prison de Bandar Abbas.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Arash Moghadam-Aslanpour (Ashaei), militant culturel zoroastrien, condamné en appel à 8 ans de prison.
  • Abdol-Ghafour Ghalandari, dervish Gonabadi, condamné à 2 ans de prison.
  • L’avocat kurde Massoud Shamsinejad condamné à 4 mois de prison.
  • Maryam Sharbatdar-Ghods, épouse de Feizollah Arab-Sorkhi, condamnée à 1 an de prison avec un sursis de 5 ans.
  • Une pendaison à la prison Karoun.
  • 4 pendaisons à Ghazvine samedi.
  • 10 Exécutions à Kerman samedi.
  • 2 exécutions à Zahedan lundi.
  • 5 exécutions à Radjaï Shahr lundi.
  • Une pendaison à la prison de Mashhad.

L’université – la Culture
  • Les cours de droits humains disparaissent de l’université de Téhéran.
  • Le musicien kurde Abbas Kamandi est décédé.
  • Instagram bloqué en Iran sur décision de justice.

Manifestations 
  • Les étudiants manifestent à l’université de Tabriz pendant le discours d’un ministre d’Ahmadinejad.
  • 200 coupeurs de canes de l’agro-industrie Karoun Shoushtar mettent fin à leurs quatre jours de manifestations devant le siège de la sécurité sociale de Téhéran.

L’Iran à l’étranger 
  • Rouhani assiste au CICA à Shanghaï.
  • Rouhani rencontre Poutine et Ban Ki Moon à Shanghaï.
  • Zarif rencontre le ministre des affaires étrangères Davutoglu à Shanghaï.
  • Le secrétaire d’état aux affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian se rend en visite au Yemen.

L’économie en Iran 
  • China’s Metallurgical Group Corp va investir $347 million pour construire une aciérie produisant 1 million de tonnes/an dans la région de Chaharmahal-Bakhtiari.

Politique en Iran
  • Le député Motahari appelle à manifester contre l’assignation à domicile.
  • Rouhani défend les 6 danseurs iraniens de Happy de Pharrell.

Nouvelles en vrac
  • Le procureur de Khorramabad assassiné à Ahvaz.

Sur le blog cette semaine

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

jeudi 22 mai 2014

En Iran, pas de place pour « Happy » – Scott Peterson 21 mai 2014

De jeunes Iraniens qui avaient filmé une version du tube « Happy » Ont été arrêtés puis relâchés. L’ayatollah Rouhollah Khomeiny avait dit : « En Islam, pas de rigolade. »


Dans cette capture d’écran de la vidéo postée sur YouTube, les gens dansent sur le tube de Pharrell Williams sur les toits de Téhéran.

Istanbul et Téhéran

L’infraction : trop s’être amusés.

En Iran, les libertés sociales se sont souvent mesurées à la fréquence à laquelle on voyait hommes et femmes main dans la main ou jusqu’où les femmes pouvaient repousser leurs foulards. Alors, les six jeunes qui ont dansé ensemble sur les toits, cheveux au vent dans leur propre version du tube joyeux « Happy » ont pris des risques.

Il y a une génération, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, père de la révolution islamique de 1979, a édicté une règle sans compromis quand il a dit que Dieu « n’avait pas créé l’homme pour qu’il s’amuse… Il n’y a pas d’humour dans l’islam, pas de rigolade en islam. » 

Il n’y avait pas non plus de musique. Monsieur Khomeiny a dit à Radio Iran de se battre « de toutes ses forces » parce qu’il n’y avait « pas de différence entre la musique et l’opium. »

Les six danseurs ont été arrêtés, et, hier soir, ils ont été présentés à la télévision iranienne peu de temps après leur arrestation, dos tourné à la caméra. Le chef de la police de Téhéran, Hossein Sadjenia, a traité la vidéo de « clip vulgaire » qui « choquait la pudeur du public » et a mis en garde les Iraniens contre d’autres actes « corrompus ».

L’arrestation, qui a déclenché une tempête de critiques internationales sur les médias sociaux, suit le discours du président Hassan Rouhani ce week-end demandant plus de liberté sur internet. Aujourd’hui, alors qu’on rapporte que le groupe « Happy » a été libéré, Monsieur Rouhani a twitté un extrait d’un de ses discours de juin dernier : « Le bonheur fait partie des droits de notre peuple. Il ne faut pas être trop durs avec les conduites causées par la joie. »

Une guerre

De l’extérieur, la culture iranienne peut apparaître banale et chicaneuse.

Mais une clique d’officiels intégristes se considèrent comme les gardiens de la pureté culturelle de la république islamique et mettent en garde contre « l’invasion culturelle » de l’occident. Le tube vidéo de Pharrell Williams a produit des copy cats dans 140 pays ; il n’est pas surprenant que la version de Téhéran, vue 165.000 fois avant l’arrestation, ait fini par produire une réponse lourde.

La production d’une telle vidéo a toujours été risquée en Iran où des règles strictes régissent la façon dont les femmes doivent se couvrir la tête, interdissent de danser en public et limitent les contacts en public entre les hommes et les femmes quand ils ne sont pas mariés ensemble.

Voilà contre quoi Rouhani se bat alors qu’il tente de tenir ses promesses de campagne de plus de liberté sociale ; jusqu’à présent, les progrès ont été limités, les médias se sont un peu ouverts à la musique. « Pourquoi tremblons-nous tant ? Pourquoi nous tapissons-nous dans un coin, agrippant un bouclier et une épée de bois de peur de prendre une balle dans cette guerre culturelle ? » a-t-il dit ce week-end avant les arrestations d’  « Happy ». Même s’il y a des attaques, et il y en a, il faut y faire face par des moyens modernes, pas des méthodes passives et lâches. »

Poussez-Tirez

D’autres versions de « happy » ont été produites, en même temps qu’un nouveau phénomène sur internet : des Iraniennes postent des photos d’elles à l’extérieur, mais sans être vues, retirant leurs foulards avec joie.

Il y a deux semaines, une manifestation a eu lieu à Téhéran contre la campagne anti-foulard et l’assouplissement des normes de pudeur alors que les températures du printemps grimpent. Les manifestants intégristes, dont des femmes portant de longs tchadors noirs, se plaignaient que ces femmes étaient « mal-voilées. »

L’arrestation du groupe « Happy » pourrait se retourner contre le régime, suscitant la ridiculisation des règles, comme les tristes versions anonymes postées de « Happy » respectant strictement les règles de l’islam sur la couverture du corps.

Lors de la diffusion télévisée, les six se tenaient tête basse comme s’ils étaient obligés d’avouer ; ils ont dit qu’on les avait poussés par ruse à faire la vidéo, alléguant qu’ils pensaient participer à une audition.

Le chef de la police de Téhéran s’est vanté d’avoir identifié les six en deux heures quand il a reçu l’ordre de les arrêter, leurs noms apparaissaient en clair sur la vidéo, et de les avoir cueillis en six heures. Personne n’a mentionné le fait que la vidéo avait été postée depuis plusieurs semaines.

Le site d’information IranWire a cité une source : « Tous les jeunes producteurs ont reçu des appels téléphoniques pour les informer qu’un de leurs amis avait eu un accident de voiture et avait besoin de leur aide. Quand ils sont arrivés à l’adresse donnée au téléphone, les forces de sécurité les attendaient pour les arrêter. »

Cette source a dit hier à IranWire qu’ils seraient libérés aujourd’hui contre une caution de $10.000 et l’engagement de ne pas parler aux médias.

Source : http://www.csmonitor.com/World/Middle-East/2014/0521/.U3z41ovfMog.twitter