mardi 22 juin 2010

Rooz/Farahmand Alipour: A la personne qui a changé Néda en une voix

14 juin 2010 -

Farahmand Alipour



J’écris en l’honneur de quelqu’un que je n’ai jamais vu, Néda qui a enregistré la voix et les larmes de l’Iran dans les derniers moments de sa vie. Et alors que le sang jaillissait de son cœur et de ses yeux, on n’entendait plus que les cris de ses larmes.



J’ai toujours dit que Néda était née deux fois. La première fois en tant qu’enfant d’une mère courageuse dont les cheveux sont devenus gris d’incrédulité et la deuxième fois quand un petit téléphone portable l’a porté à la face du monde. Aussi longtemps que les portraits et les posters de Néda s’inviteront sur les murs et les écrans de télévision des villes du monde, nous verrons combien le monde est petit et qu’aucune réelle distance ne sépare une petite rue du cœur de la capitale de la république islamiques des gratte-ciels de New York ou de la ville magique de Lecce dans le sud de l’Italie.



Néda n’était pas une héroïne, elle ne s’était pas entraînée à combattre la théocratie. Elle était l’une des milliers descendus dans la rue le 20 juin pour observer perplexe l’enfer que les gardes révolutionnaires du chef de la république islamique avaient créé à Téhéran. La mythologie religieuse explique que, quand l’arrogance prit le contrôle de Nimrod, il se nomma lui-même Dieu pour égaler les dieux et créa le paradis sur terre et le nomma Eden. Le paradis ne dura pas et fut détruit par un éclair. Par contraste, il est étrange que, voulant égaler les dieux, l’ayatollah Khamenei et ses substituts aient bâti l’enfer sur terre, dans les rues de Téhéran, à Kahrizak et dans des dizaines d’universités dans tout l’Iran, ce que même les châtiments divins les plus durs ne décrivent pas.



Neda était une goutte dans l’océan de la colère causée par les remarques du chef du gouvernement et les actions de son administration. Elle a été victime de la répression et de la terreur mais la caméra a enregistré sa mort et informé le monde de son existence et l’on transformé en héroïne éternelle.



Beaucoup furent tués suite aux élections présidentielles iraniennes de 2009. Certains noms ont été gravés dans l’histoire, mais d’autres n’ont jamais été entendus et leurs visages sont inconnus. Ils ont tous fait le même sacrifice et vivront, tels des tulipes, dans le jardin de la conscience de l’histoire de l’Iran et une autre personne doit raconter leur histoire. Cette tâche revient à la personne qui le mérite le plus, comme Ferdowsi mérite la louange pour l’histoire d’un héros du Sistan qui est resté éternel. Comme les lèvres assoiffées de Zeinab ont raconté l’histoire de Hossein et en ont fait l’archétype des martyrs du Moyen Orient tandis que les têtes coupées s’égaillaient autour d’elle lors de l’Ashoura.



Shariaty avait raison quand il disait que ceux qui nous ont quitté on agi comme Hossein tandis que ceux qui sont resté doivent agir comme Zeinab pour que le sang versé soit enregistré dans l’histoire pour qu’on ne l’oublie pas.



Peut-être si les derniers moments des vie de Mohsen Ruholamini, Amir Djavadifar et d’autres martyrisés à Kahrizak avaient fait l’objet de vidéo clips, le monde en aurait-il été davantage touché et même secoué. Ce qui démontre l’importance du narrateur dont le visage et le nom nous restent aujourd’hui cachés S’il n’avait pas été présent, il manquerait un élément à notre monde et à l’histoire du 20 juin.



Neda est née une seconde fois le 20 juin, cette fois plus grande et plus légendaire. Elle est née d’un soudain jaillissement et a laissé une larme sur le visage de millions de personnes dans le monde entier.



Source: http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/article/2010/june/14//to-the-person-who-turned-neda-into-a-voice.html















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