Lundi 1er août 2011 – Le prisonnier politique Mehdi Nozar, favorable au mouvement Vert, avocat et expert légal auprès de l’organisation iranienne de l’héritage culturel et du tourisme (OIHCT) a été limogé et arrêté par les forces de sécurité en juillet 2009 pour avoir participé aux manifestations qui ont suivi les élections présidentielles.
Il y a longtemps, un héros nommé Arash Kamanguir a sacrifié sa vie pour que son pays reste fier et qu’aucune parcelle de son sol ne tombe aux mains de l’ennemi. Cette époque est passée depuis longtemps mais mon pays a actuellement besoin de milliers de héros comme Arash.
Chère Farima,
C’est un endroit étrange où les sensations sont mitigées. Je suis à la fois heureux et triste. Je suis heureux car j’ai ressenti ce qu’est le vrai amour pendant tout le temps de notre séparation et triste parce qu’être loin de toi est difficile et épuisant.
Ma chérie, bien que je réalise plus que jamais que je ne me suis pas conduit à ton égard de la façon que tu méritais, je voudrais néanmoins compenser le passé, maintenant que je suis en prison et parmi tellement d’étoiles brillantes divines. Je me sens perdu parmi tant d’hommes nobles. Je suis honteux quand je parle de moi en tant que prisonnier politique qu milieu de tant de jeunes hommes nobles qui nous apprennent la liberté. Par rapport à eux, je ne suis qu’une tâche noire dans un ciel d’étoiles brillantes.
Plus que jamais, quand je pense au passé, je souhaiterais être à tes côtés, mais je réalise que mon pays aussi a besoin de moi. Mon pays m’appelle, un pays dont les champs s’imbiberont de mon sang et de celui de ces hommes nobles, incarcérés de par la faute des crimes de nos oppresseurs.
Mais Dieu est avec nous, un dieu qui nous aime et un dieu qui sait que moi aussi, je suis innocent. Quand tu me verras, ne pleure pas mon aimée car tes larmes ne feront qu’augmenter la joie de notre ennemi. Sois fière de moi, je suis en prison pour le bien de mon pays.
Farima, ni ma vie ni les nôtres n’ont d’importance face à ce que notre pays a enduré. Durant notre voyage vers la liberté, il y a eu beaucoup de bains de sang et beaucoup d’amants ont souffert de la séparation, avant même que toi et moi ne soyons nés. J’étais inquiet. Comment rester indifférent quand on voit des milliers de ses compatriotes vivre dans les pires conditions ? J’ai vu ce que d’autres ont choisi d’ignorer. Moi aussi, j’aurais pu rester indifférent, une indifférence qui aurait causé mon abandon. Comme beaucoup d’autres, j’aurais pu me laisser porter par le vent et poursuivre mes intérêts personnels, mais alors qu’aurais-je fait de ma conscience ?
Si quelqu’un s’enquiert de moi, je veux que tu lui dises fièrement qu’il souffre pour vous et moi pour qu’un jour nous puissions vivre dans un monde meilleur, pour que nous puissions vivre dans un pays dont nous pourrons être fiers.
Mon épouse chérie,
J’ai été témoin de la mort de Hoda Saber, ici à Evine. J’ai été témoin de la mort d’un guerrier pacifique qui m’a beaucoup appris par sa vie autant que par sa mort. Il m’a appris la liberté, car comment vivre avec Hoda Saber et oublier la liberté ? J’espère un jour vivre dans un pays où les larmes ne couleront plus des yeux des citoyens. Plutôt qu’une vie qui leur est imposée, je souhaite à chaque citoyen iranien de vivre la vie qu’il mérite.
Ma Farima au cœur d’or,
Ma vie est certes difficile sans toi et ceux que j’aime, mais nous ne sommes pas importants. C’est la société dans laquelle nous vivons qui est importante. Ce qui est important, c’est que le soleil soit caché par tant de nuages qui ont plongé notre pays dans l’ombre. Il nous faut changer ces nuages en pluie. C’est notre éternel amour réciproque qui est important, et le plus important c’est que je sais que tu comprends….
Parfois, tu me manques tant que je veux casser ces murs et courir vers toi. Je suis sans défense contre ces hauts murs qui nous séparent. Quand tu me rends visite en prison et que tu pleures, cela me brise le cœur. Je ne veux pas que tu pleures ma chère Farima car ce sont mes idéaux qui m’ont conduit ici et je suis fier de mes idéaux. Je crois que l’injustice ne gagnera pas et qu’un jour, les oppresseurs perdront le pouvoir et eux partis, c’est toi, c’est moi, notre amour et tous les innocents et les opprimés qui resteront debout.
….
Mon épouse chérie,
Reste avec moi et continue de m’aimer ; tu porteras ainsi témoignage du fait que ce mur injuste finira par s’écrouler. Le jour viendra où mon pays goûtera la douce saveur de la liberté. Nous reconstruirons notre pays sur le sang des hommes et femmes innocents qui ont enseigné au monde la dignité et la liberté.
Ma chérie, je te suis à jamais reconnaissant de ta présence et fier et heureux d’être dans une prison que beaucoup respectent, une prison dont les prisonniers symbolisent la liberté.
Aime moi toujours car mon amour pour toi est éternel.
Mehdi Nozar
Prison d’Evine, Bloc 350
Source: Kaleme: http://www.kaleme.com/1390/05/10/klm-67578/
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