dimanche 7 août 2011

Lettre à son Excellence le Docteur Ahmad Shahid, Rapporteur Spécial de l’ONU sur les Droits Humains en Iran.


Dis la vérité et honte au diable."

Votre excellence,

Ce qui m’a poussé à écrire cette lettre est que nous avons le même passé de diplomates au service de nos pays respectifs, ce qui nous rapproche et nous permet de rapprocher nos points de vue sur un sujet particulier. Votre remarquable passé de ministre des affaires étrangères des Maldives a fait que la plus haute organisation internationale vous fait confiance pour enquêter sur la situation des droits humains dans mon pays. Tandis que moi, chargé d’affaires temporaire et ancien ambassadeur à Helsinki, au bout de 21 ans de bons et loyaux services au ministère des affaires étrangères, je suis maintenant réfugié politique dans le pays qui m’accueille, la Finlande.

Mes collègues et moi-même, protestant contre la répression sans merci du peuple iranien et désireux de relayer au monde entier les pleurs d’une nation souffrant désespérément, n’avons pas trouvé d’autre alternative que de bouger de façon politique pour refléter toutes les violations des droits humains dont sont victimes les citoyens de la république islamique :  des voix étouffées, des bouches cousues, des mentons contusionnés, des prisonniers attachés, des martyrs perdus, des mères privées de leurs enfants, des journaux fermés, des partis politiques dissous, des religions minoritaires interdites, et, encore plus important, des avocats punis.

Votre excellence,

Je vous écris cette lettre ouverte pour redire les violations impitoyables et mille fois répétées des droits humains en Iran. Je sais pertinemment que des dizaines de résolutions de l’ONU, des centaines de déclarations des organisations défendant les droits humains et des milliers de témoignages sur les tragédies humaines advenant dans ce trou noir appelé « république islamique » suffisent largement pour détailler les crimes des autorités dépravées et des dirigeants grossiers.  Ces documents suffisent à souligner les tragédies abondantes en république islamique.

Quelle meilleure justification que la nomination d’un rapporteur spécial aux droits humains en république islamique pour enquêter et y évaluer la situation des droits humains, c’est le premier pays a avoir cet honneur depuis la fondation du Conseil en 2006 ? Si des preuves suffisantes n’avaient pas existé, le Conseil n’aurait jamais pensé à nommer un Rapporteur sur les droits humains en Iran.

Par cette lettre, je vous transmets de la souffrance en même temps que les preuves solides que vous détenez, je vous présente un argumentaire simple sur la critique de la situation des droits humains en Iran. Je prétends que la réaction brutale des principales autorités de la république islamique voulant « interdire qu rapporteur l’entrée sur le  sol iranien » ne fait que corroborer la gravité des tragédies horribles et monstrueuses qui s’y déroulent. Le régime est même prêt à justifier le rejet de votre témoignage choquant sur leurs crimes.

Le vers de poésie persane citée au début de cette lettre est une simple description à l’Iranienne des escrocs impliqués dans de mauvaises actions. Imaginons qu’un citoyen iranien accusé de recel de marchandises volées ou de cadavre soit mis en examen par le tribunal. Quelle meilleure preuve de sa culpabilité pour lui que de protester de son innocence mais d’interdire l’accès de son domicile aux fonctionnaires enquêteurs ? Ainsi le proverbe persan dit :

" Dis la vérité et honte au diable.”

Ceci explique pourquoi les autorités de la république islamique, du responsable de la justice au ministre des affaires étrangères, depuis le chef du conseil de sécurité nationale au commandant en chef de l’IRGC, portent le drapeau du refus de vous laisser pénétrer dans notre cher pays. En détaillant leurs discours stupides, il est effrayant que d’un côté le président qualifie le pays de « pays le plus libre du monde » et que Djavad Laridjani, chef du bureau des droits humains auprès de la justice qualifie l’Iran de « seule démocratie du Moyen-Orient » alors que le responsable de la justice, Sadegh Laridjani annonce avec audace que « notre politique est de ne pas accepter le Rapporteur. »

Il est aussi inquiétant d’entendre Sadegh Laridjani, le juge de tous les juges déclarer : « La base occidentale des droits humains n’est pas applicable et nous ne pouvons pas les laisser nous imposer une notion de droits humains adoptée par un système culturel libéral. Notre régime religieux peut créer son propre système de droits humains basé sur ses principes. »

Jusqu ‘à hier, la république islamique était très désireuse de devenir membre du Conseil des Droits Humains, le monde l’aurait-il oublié ? La république islamique a peut-être oublié qu’elle se devait de mettre en œuvre les termes d’un contrat, d’un traité ou d’une convention à moins de s’en retirer. Quelle différence entre l’acceptation de visites inopinées de l’AIEA sur les sites nucléaires iraniens (l’AIEA étant une autorité internationale) et celle d’un autre correspondant spécial d’une autre autorité internationale, le Conseil aux Droits Humains ?

Excellence,

Le juge de tous les juges de notre pays sait pertinemment que même s’il ne s’agissait pas de traité international sur les droits humains ou n’importe quel autre traité comportant la signature de la république islamique, les autorités gouvernementales auraient quand même commis des violations flagrantes des lois et de la constitution de notre pays. Le mépris de l’Iran pour les lois internationales est une autre histoire. Je vais vous donner un exemple intéressant :

D’après le code civil iranien, basé sur la jurisprudence islamique, une personne est présumée innocente jusqu’à ce qu’un tribunal légitime la déclare coupable.  Il est effrayant que dans ce pays se déclarant libre et démocratique, deux personnalités de premier plan de la république islamique, l’ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi et l’ancien président du parlement Mehdi Karroubi soient assignés à domicile depuis cinq longs mois. En ce qui les concerne, il n’y a eu ni procès ni verdict les condamnant.

Considérant le traitement contradictoire du code civil et de la constitution par la république islamique, si Mehdi Karroubi annonçait qu’il comparaîtrait à son procès, si ces deux hommes sont vraiment des criminels, alors pourquoi leurs épouses sont également assignées à domicile ? Il vous faut reconnaître que le problème de la république islamique commence par ce simple exemple  et se termine avec la lauréate du Prix Nobel de la Paix Shirine Ebadi qui déclare qu’il existe des milliers de violations systématiques des droits humains !

Excellence,

Etant musulman, vous savez mieux que personne la signification du mot « shahid » ; il se trouve même que s’est votre nom de famille. Un « shahid » est quelqu’un qui se sacrifie pour protéger son honneur, sa dignité et sa nation. Il ne fait aucun doute que des milliers d’Iraniens sans défense ont été martyrisés qu cours des siècles passés, mais il faut noter que le mot « martyr vivant » est devenu populaire durant la guerre imposée par l’Irak dans les années 80s.

D’après nos combattants, le « martyr vivant » était quelqu’un qui n’était pas mort sur le champ de bataille mais qui témoignant par son corps brisé et meurtri de l’invasion de notre beau pays par Saddam.

Docteur Shahid, s’il n’y avait pas eu les milliers de martyrs pour la cause de la liberté, de la démocratie et des droits humains, le rapport sur les maltraitances inhumaines de la république islamique ne vous aurait jamais été adressé ; la république islamique est donc un trou noir plein de « martyrs vivants » qui peuvent vous décrire une toute petite partie de ces crimes. Certains de ces martyrs vivants sont Mohammad Nourizadeh, Narguès Mohammadi, et Nasrine Sotoudeh.

Conclusion :

Finalement, en dépit de l’éternel discours troublant des dirigeants de la république islamique, nous ne pouvons ignorer le discours honnête d’un peuple sympathique et des militants des droits humains. Malheureusement, certains se servent du sujet des droits humains comme d’un outil politique pour obtenir le pouvoir, méprisant ainsi les droits de ce pays ainsi que ses opinions.
Vous reconnaîtrez qu’une telle conduite ne fait qu’inciter d’autres pays semblables à la république islamique à violer les droits humains. Bien que toute la solution du problème ne repose pas entre vos mains ou dans votre agenda, nous savons pertinemment que vous, en tant que personnalité reconnue dans le domaine des droits humains) êtes plus éloquent et à même que quiconque de mettre un terme à l’exploitation des droits humains.
Une nation entière et son avenir sont liés au dur travail qui vous attend et je vous souhaite de réussir.

Un ancien diplomate

Hossein Alizadeh

Source: http://www.roozonline.com/persian/opinion/opinion-article/archive/2011/july/12/article/-ab74c0715d.html

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