lundi 31 août 2009

Le calvère d'Abdolfattah Soltani, avocat et collaborateur de Shirin Ebadi

Entretien du journal Le Monde avec Abdolfattah Soltani après sa libération: ici

Dans la prison d'Evin à Téhéran, "la nuit, j'entendais des cris"
LE MONDE | 28.08.09 | 16h15 • Mis à jour le 28.08.09 | 20h56

Près deux mois et demi d'incarcération, l'avocat Abdolfattah Soltani, pilier à Téhéran du Centre de défense des droits de l'homme auquel collabore le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a été libéré mercredi 26 août. Cet homme droit et discret, dont le courage n'est plus à démontrer, a été plusieurs fois emprisonné pour son combat en faveur des droits de l'homme. Joint par téléphone à Téhéran à sa sortie de prison, il a raconté son arrestation au Monde. " Le 16 juin (quatre jours après l'élection contestée du président Ahmadinejad), quatre agents en civil se sont présentés dans mon cabinet au nom du parquet révolutionnaire, sans explication, ni mandat d'amener." Les yeux bandés il est emmené dans ce qu'il croit être la prison d'Evin. Il devra attendre vingt-sept heures avant qu'un juge lui signifie qu'il est là pour "activités contre la sûreté de l'Etat et propagande contre le régime".



Ensuite, c'est l'enfer : "Je suis resté dans une cellule minuscule pendant 17 jours, sans voir personne, sans livre, sans nouvelle, sans même la permission de prendre une douche." Les interrogatoires se succèdent. On le menace beaucoup mais on ne le brutalise pas physiquement "Les juges voulaient que je m'engage à renoncer à travailler avec Shirin Ebadi et que je cesse de parler aux médias étrangers, notamment la BBC."

Abdolfattah Soltani ne cède pas. On finit par le transférer à la fameuse "section 209" d'Evin, prison dans la prison aux mains des services secrets des gardiens de la révolution. Pour lui, épuisé par la solitude, c'est "déjà un progrès". "Je partageais ma cellule avec deux, parfois trois détenus. Des jeunes manifestants pour la plupart. J'avais de quoi lire, me laver. J'ai pu téléphoner enfin chez moi."

Les pressions et les interrogations reprennent de plus belle. "J'ai fait valoir que mon arrestation était sans fondement. Qu'ai-je à voir avec les partis politiques ? Je n'appartiens à aucun, je ne milite que pour les droits de l'homme."

Il se rend vite compte que les détenus n'ont pas le droit d'être assistés par un avocat lors des interrogatoires. "Ils ont modifié la procédure pénale en ce sens, si bien que durant l'instruction, règne l'arbitraire le plus total. Moi, je me sentais privilégié en tant qu'avocat, je pouvais répondre, argumenter. Les jeunes ne connaissaient pas leurs droits, ils étaient plus vulnérables aux pressions." D'autant que ces "pressions" sont brutales.

A Evin, à la section 209, il entend tout : "Au cœur de la nuit, il n'était pas rare que ces jeunes soient réveillés et interrogés. A plusieurs reprises, j'ai entendu des cris. "je n'en peux plus ! Arrêtez !"" Ses codétenus le lui confirmeront, plusieurs ont été sévèrement battus et torturés. Certains, venus d'autres prisons, lui expliqueront "qu'ils ont vu des milliers de personnes arrêtées dans des centres de détention semi-secrets comme Kahrizak (fermé depuis par le régime pour "abus"), Shapour ou Pasargad".

Finalement - effet de la campagne internationale en sa faveur ? -, il est libéré, mais doit payer une caution. "L'équivalent de 70 000 euros, ce n'est pas négligeable pour un avocat comme moi qui défend gratuitement des centaines de détenus politiques."

Et l'avenir ? M. Soltani est catégorique. "Les autorités ont fermé notre Centre il y a déjà quelques mois, mais je reprends le travail." Au passage, juriste jusqu'au bout, il porte plainte contre Matin Rasek, le vice-procureur révolutionnaire qui l'a fait arrêter "car je n'ai rien fait d'illégal".

Ce nouveau témoignage s'inscrit dans la polémique en cours au sein du régime sur le traitement des quelque 4 000 personnes arrêtées durant les manifestations post-électorales. Le candidat réformateur Mehdi Karoubi en dénonçant des "viols systématiques" en prison avait provoqué la création d'une commission d'enquête parlementaire à ce sujet. La commission dit pour l'instant ne pas avoir de preuve. Mais l'un de ses membres - s'exprimant toutefois de façon anonyme - a confirmé sur Internet les accusations, précisant mercredi que des viols à l'aide "de bouteilles et de bâton" avaient été pratiqués. Un nouveau sujet d'embarras pour le gouvernement de M. Ahmadinejad qui affronte en fin de semaine le vote de confiance d'un Parlement divisé.

Marie-Claude Decamps

dimanche 30 août 2009

Poèmes à Neda et à Taraneh

Magnifiques poèmes dédiés à Neda et à Taraneh

Par IranBrave
Youtube: http://www.youtube.com/user/IranBrave
Twitter: http://twitter.com/IranBrave




Ils sont le visage de l'Iran

Poème magnifique dédié à tous les Martyrs du Mouvement Vert.

N'oublions pas ces visages de jeunes martyrs. Ils ont réveillé tout un peuple, libéré tout un pays. Plus rien ne sera jamais comme avant. Ils sont notre fierté. Toute notre fierté. Ils sont le visage de l'Iran. Aujourd'hui et pour toujours.


vendredi 28 août 2009

Khamenei: monstre de cruauté et d'arrogance

Les principaux responsables du désastre survenu après l’élection du 12 Juin et en premier lieu Ali Khamenei et Mahmoud Ahmadinejad recherchent à tout prix de minimiser l’ampleur des crimes commis et de se dédouaner de leur responsabilité directe dans la survenue de ces crimes. Les déclarations traduites ci-dessous frôlent le ridicule et sont d’une arrogance incroyable. Elles démontrent clairement que la vie humaine et le respect de la dignité des êtres humains n’ont aucune place dans l’imaginaire pathologique de ces monstres.



Ayatollah Khamenei, l’auto-proclamé "guide suprême des musulmans du monde" (vali-e amr-e moslemin jahaan) a déclaré que "les faits et crimes survenus à KAHRIZAK et dans les dortoirs de l’Université de Téhéran devaient être poursuivis et les responsables punis mais que ces faits étaient d’une importance mineure par rapport l’offense faite au prestige du régime (nezaam)".

"Certains veulent sous estimer et ignorer la grande injustice dont ont été victimes le peuple et le régime islamique après l’élection. Ils veulent ignorer le coup porté au prestige du régime auprès des peuples (du monde) et veulent à tout prix considérer les événements de KAHRIZAK et des dortoirs de l’université comme le sujet principal. Mais cette vue est en soi une offense au régime".

Au sujet de KAHRIZAK et de l’attaque des dortoirs de l’Université de Téhéran : "Dans les événements qui ont suivi l’élection, il y a eu des actes illégaux et des crimes dont il faudra tenir compte, mais il ne convient pas d’en faire un sujet purement médiatique".

"Ces événements étaient prémédités et fomentés à l’étranger".

"Il n’est pas encore prouvé que les leaders de l’opposition (actuellement jugés) aient été liés aux pouvoirs étrangers dans cette affaire. Il ne faut agir sur la base des rumeurs à ce sujet". [Déclaration étonnante dans la mesure où il y a à peine quelques jours, cette "révolution de velours" était présentée comme le fruit d’une collaboration des leaders de l’opposition avec les médias et les gouvernements étrangers!!].

Il a ensuite remercié la police et les unités paramilitaires du Basij (organisées sous l’égide des Gardiens de la Révolution et principaux responsables des tueries lors des manifestations): "La contribution considérable de ces serviteurs ne doit pas éviter que l’on tienne compte des actes illégaux qui pourraient avoir été commis".

Ali Khamenei a ensuite insisté sur le "dédommagement des victimes du centre de détention de KAHRIZAK et également la prise en compte des cas DE RARES PERSONNES AYANT PERDU LA VIE DANS CE CENTRE". Il a ajouté : "Mais ces faits ne doivent pas être mélangés avec le problème principal survenu à la suite de l’élection".

رهبر انقلاب اسلامي در همين زمينه افزودند: عده اي، ظلم بزرگي را كه پس از انتخابات به مردم و نظام اسلامي شد و هتك آبروي نظام در مقابل ملتها را ناديده مي گيرند و مسئله كهريزك يا كوي دانشگاه را قضيه اصلي قلمداد مي كنند اما اين نگاه، خود يك ظلم آشكار است.

source: http://kayhannews.ir/880605/2.htm#other201

revoir le vidéo de ce qui s'est passé dans les dortoirs de l'université: ici

jeudi 27 août 2009

Tombeaux Sans Nom: crimes d'État de grande ampleur

Norooz vient de publier ces nouvelles photos (27 Août) et menace de publier d'autres photos et preuves de corps enterrés en catimini dans ces tombeaux sans nom. Ce site avait déjà révélé l'enterrement de 44 corps avec des certificats sans nom (lire ici). Le Parlement est à présent mobilisé pour en savoir plus. Le scandale prend une dimension considérable et peut être dévastateur pour le régime. Au moins 3 députés conservateurs ont été directement liés aux exactions à KAHRIZAK et ailleurs.Cette histoire est très loin d'être finie.

Babak Daad, blogueur et soldat de liberté et d'espoir

Babak Daad est un blogueur pas comme les autres. Il est en fuite depuis 70 jours. Depuis le jour où il a décidé de faire des révélations et d’accuser le régime criminel et corrompu des mollahs en Iran, il est pourchassé sans relâche par les forces du mal. Son courage et sa persévérance sont une leçon de vie. Des milliers de lecteurs attendent impatiemment ses écrits tous les jours.

Aujourd’hui en Iran, témoigner c’est résister. Résister contre les barbares. Contre ceux qui torturent, violent, assassinent et enterrent en catimini dans des tombeaux sans nom les espoirs de tout un pays. Témoigner dans de telles circonstances relève d’un courage extraordinaire. Cette fois, le monde entier découvre la véritable nature de ce régime criminel qui, au nom de Dieu et l’Islam, commet l’irréparable.

Prions pour Babak et pour tous ceux qui témoignent de ces atrocités au péril de leur vie. Faites connaître ses écrits à vos proches, à vos amis, à vos collègues de travail, à vos enfants. Portez son message de courage, de liberté et d’amour.



Nous traduisons intégralement ici un message de Babak Daad datant du 23 Août :


Mehdi s’est ouvert les veines

Je viens juste d’apprendre que Mehdi, victime de viol dans le centre de détention de KAHRIZAK, s’est ouvert les veines vendredi matin avec une lame et a malheureusement perdu beaucoup de sang. Il souffrait d’une très forte dépression et d’une infection au niveau de l’anus et des intestins. Ce vendredi, il était seul avec sa sœur à leur domicile. Les urgentistes sont parvenus in extremis à stopper le saignement.

Ils n’avaient pas mon nouveau numéro de téléphone pour m’alerter plus tôt pour que je puisse aider ou au moins informer. Les médecins ont transfusé deux sacs de sang à Medhi une fois à l’hôpital et l’ont sauvé d’une mort certaine. Malheureusement je n’ai pas les moyens de me rendre en province chez eux. Je prends de leurs nouvelles par téléphone. Ce sont les crimes commis au nom de la protection de la toute puissance du Guide (Khamenei) dans les prisons. Mehdi est toujours hospitalisé. Sa sœur dit qu’il ne dit pas un mot. Que pourrait-il dire d’ailleurs? Qu’est-ce qu’il nous est arrivé? Mon cœur me fait mal.

[Notes plus anciennes] Quelques jours plus tôt, quand j’ai appelé, Mehdi me parlait de Pedram. Il me paraissait d’aller mieux. Sa sœur le pensait aussi. Quand il s’était rendu compte de l’élan de sympathie auprès des gens. Je sentais qu’il revivait. Mais j’étais apparemment trop optimiste. La dépression est imprévisible et sa guérison prend du temps. La détestation du soi et l’absence d’espoir sont les pires conséquences des agressions sexuelles. Je recherche par tous les moyens de l’envoyer à l’étranger (je recherchais en fait! je dois corriger cette note ici en me relisant). Il y a quelques heures lorsque j’ai eu son père au téléphone, je l’ai mis au courant de cette idée. Il était contre et m’a demandé indirectement de ne plus organiser le départ de Mehdi pour l’instant. Il n’a pas donné de raison à son refus. Il était vraiment effrayé depuis la tentative de suicide de son fils. Je le comprends en tant que père et je ne poursuis donc plus mon idée de faire sortir Mehdi d’ici jusqu’à ce que j’en sache plus sur leur situation.

Ce n’est peut-être pas plus mal étant donnée ma situation (toujours en fuite) et mes très faibles moyens. En fait, je n’ai même pas ces très faibles moyens! J’ai récemment écrit dans mes notes la réalité de notre condition ces 70 derniers jours. Notre vie est en danger en permanence…

C’est le désespoir qui a conduit Mehdi à ouvrir ses veines. Elle est bien connue cette histoire qui dit : le diable mettait en vente les outils de son emprise sur l’homme. La colère, le mensonge, le désir charnel, ... On dit que le plus efficace et coûteux était le désespoir. Le diable dit: "rendre un humain désespéré est mon arme la plus efficace".

Hier soir un des agents du régime qui n’arrête pas de me harceler par ses emails m’a envoyé un nouveau message plein d’insultes et de menaces. Ses menaces ne sont pas importantes. Mais dans ses écrits, quelque chose m’a fait réfléchir. Depuis quelques jours, des amis ont crée sur Facebook une page de "Soutien à Babak Daad". Non pas pour soutenir "la personne de Daad" mais pour "défendre sa liberté de parole" et celle de tous ceux qui, pour dire la vérité, sont obligés de fuir pour sauver leur vie et celle de leur famille, de fuir leur maison et leur pays. Cette page se trouve à cette adresse (http://www.facebook.com/group.php?gid=123300322650). Mais cet agent a pointé du doigt le manque de soutien des gens en évoquant le nombre de membres inscrits sur cette page! "Tu n’as que 1600 amis! Tu mets ta vie en danger pour ça? Tu vois que vous êtes la minorité? T’y crois maintenant?". Je dois avouer qu’avec sa façon diabolique de dire les choses, il a pu me rendre désespéré comme un interrogateur ou du moins me faire réfléchir pour une bonne heure. Peut-être qu’ils usent des mêmes stratagèmes pour désespérer et briser les détenus et leurs familles. Je n’étais en rien en colère contre l’attaque visant ma personne. Mais ce stratagème diabolique du régime pour rendre les gens désespérés est affreusement efficace. Je dis cela pour insister sur le fait que l’espoir est le seul besoin vital du mouvement vert et le désespoir en est le poison mortel. Les familles de prisonniers ne doivent pas désespérer. Les détenus libérés, les victimes de torture et de viols et les combattants ont besoin qu’on leur donne de l’espoir et qu’on les soutienne. Nous devons barrer la route au désespoir et éviter qu’il ne s’en prenne à nos cœurs et ceux des victimes et de leurs familles.

Mais en fait pourquoi ne devrions-nous pas nous joindre aux manifestations des familles de détenus de la prison d’Evine qui ont été pris en otage pour défendre nos droits et nos votes? Pourquoi ne pas casser le jeûne de ramadan en leur compagnie, tous ensemble par millions? Viens pour que la honte de matraquage des personnes qui jeûnent s’ajoute aussi à la liste noire de leurs crimes! Viens casser le jeûne sous les matraques pour souffler de l’espoir aux familles des détenus. Pourquoi ne nous rendons-nous pas à Behesth-e Zahra (cimetière de Téhéran) les jeudis pour fleurir les tombes des martyrs entourés dans leur linceuls verts? Pourquoi ne pas rencontrer les "Mères en deuil" les samedis dans les parcs? Pourquoi se passer de simples cliques sur les pages des pétitions et des sites de soutien aux prisonniers et aux combattants? Savez-vous que les auteurs du coup d’Etat mettront genoux à terre par vos soutiens et votre présence? Ils envoient des emails au monde entier pour faire signer une pétition demandant la condamnation de Mousavi et de Karoubi! N’oublions pas notre objectif et ne désespérons pas. N’oubliez pas que la dernière carte du diable est de vous désespérer. Que dieu nous préserve contre le désespoir, sinon ces dictateurs vont éradiquer définitivement toux ceux qui aspirent à la liberté et au respect du droit dans ce pays.

Mehdi a été victime de désespoir par ce régime. Le seul remède pour lui, nous tous, les combattants et les familles des détenus et le principal moteur de la victoire de notre mouvement vert est uniquement l’espoir. Ce fameux email de cet agent a finalement servi pour que je me penche plus sur l’importance de l’espoir.

Page de soutient sur Facebook : http://www.facebook.com/group.php?gid=123300322650
Blog (en Persan) : http://babakdad.blogspot.com/
Ancien Blog (en Persan) : http://babakdad.blogfa.com/

mercredi 26 août 2009

Procès spectacle visant à museler l’opposition

La quatrième séance du procès collectif a directement ciblé hier les principaux responsables des partis de l’opposition légale, le Front de Participation de l’Iran Islamique et l’Organisation des Moujahedins de la Révolution Islamique. Le scénario décrit dans le réquisitoire a également essayé de façon caricaturale de redonner une certaine légitimité au président et au gouvernement issu de l'élection du 12 Juin.



Dans une mise en scène surnaturelle dont le pouvoir judiciaire iranien s’est fait une spécialité, les responsables de l’opposition ont été accusés pêle-mêle de fomenter une révolution de velours en Iran, d’inciter la population à la désobéissance, d’insinuer que l’élection présidentielle était frauduleuse et de collaborer avec les agents étrangers. Le réquisitoire prononcé était d’une violence inouïe et d’une absurdité légendaire. Il est désormais clair que le clan Ahmadinejad est décidé d’interdire purement est simplement les partis de l’opposition œuvrant dans le cadre légal défini par la Constitution de la République Islamique (en particulier ayant accepté le principe du Velayat-e Faghih: jurisprudence/gouvernance du guide).

La phase judiciaire du coup d’Etat initié le 12 Juin 2009 se poursuit et compte effacer toute forme de résistance à la mainmise du clan Khamenei-Ahmadinejad sur les institutions et les richesses du pays. Ces gens ne sont en rien prêts à lâcher du lest et à rechercher le moindre consensus pour apaiser les maux et unir au-delà de leur camp. Ils veulent le pouvoir absolu, tout le pouvoir et se sont visiblement donnés les moyens pour non seulement le garder, mais le renforcer de façon irréversible au détriment des mouvements et des partis politiques réformateurs et de la société civile.




Le Front de Participation et l’Organisation des Moujahedins, les deux principaux partis de l'opposition, devraient être interdits à l'énoncé du verdict.

Le Washington Post affirme dans son édition du 26 Août que les accusés pourraient même risquer l'exécution. "En raison de l'importance des faits... et des violations importantes de la sécurité publique et de la discipline, je demande une peine maximale", a déclaré le procureur, dont le nom n'a pas été rendu publique.

Le quotidien précise que cette demande de châtiment maximal reflète la détermination d'un certain nombre de responsables des Gardiens de la Révolution, de leaders de la prière du vendredi (Ahmad Khatami, le terrible mollah des prières de Téhéran par exemple) et de certains députés à poursuivre leurs ennemis politiques pour leur opposition à l'élection d'Ahmadinejad. Ce même groupe demande également l'arrestation et le jugement des leaders "toujours en liberté", tels que Moussavi, Karoubi et l'ancien Président Khatami.



lundi 24 août 2009

44 corps anonymement enterrés au cimetière Behesht-e Zahra

Plusieurs dizaines de corps ont été enterrés de façon anonyme et sous très haute surveillance policière les 21 et 24 Tir 1388 (12 et 15 Juillet 2009) dans la section 302 du cimetière Behesht-e Zahra de Téhéran. C’est un employé du cimetière qui a livré ce témoignage important à un journaliste du site d’information Norooz. Le journaliste de Norooz a en effet constaté que sur les registres du cimetière, 28 autorisations d’inhumation datant du 21 Tir (12 Juillet) ne possédaient ni nom ni prénom. 16 autres cas similaires datant du 24 Tir (15 Juillet) ont été répertoriés par le même journaliste (44 au total).





Le site d’information Norooz avait déjà fait part de l’existence de cadavres dans un entrepôt industriel frigorifique situé au Sud-Ouest de Téhéran (lire aussi le récit de l’inhumation de Behzad Mohajer). Il est important de noter que les corps ne sont pas frigorifiés dans les chambres froides à usage médical. C’est bien des entrepôts frigorifiques industriels qui étaient utilisés pour entasser les corps. Il est probable que les corps ainsi congelés aient été inhumés à la hâte de façon anonyme pour éviter que les familles ne divulguent l’information.

Le journaliste de Norooz a essayé de récolter plus d’information mais les responsables du cimetière n’ont pas fourni de réponse. Mais certains employés du cimetière ont pu néanmoins livrer les numéros des certificats d’inhumation des corps enterrés dans la section 302 qui pourraient être publiés si une enquête sérieuse est menée (par la commission d’enquête parlementaire par exemple qui manque décidément d’initiative et de volonté pour faire toute la lumière sur ces crimes).

ps : En réponse au démenti ridicule et non argumenté d’un député conservateur (Tajari), membre de la commission de sécurité nationale du Parlement et du comité spécial chargé d’enquêter sur la situation des prisons et des personnes emprisonnées depuis l’élection présidentielle, le site d’information Norooz vient de publier les numéros des 44 certificats d’inhumation et d’interpeller fortement les autres députés afin d’accomplir "leur devoir essentiel de protection des droits et des intérêts du peuple qui les a élus". Norooz annonce également qu’il publiera prochainement des photos et des vidéos en rapport avec ces faits.

Mises à jour:
  • Dans un nouveau développement important relatif à ces révélations, Mahmoud Rezaiian, le Directeur du cimetière Behesht-e Zahra, en poste depuis 24 ans, a été écarté dans la journée du 25 Août. Rezaiian s'était empressé de démentir l'existence de ces "tombeaux sans nom".

Téhéran: le feu sous la cendre

L’après-midi du 19 Août, le jour de commémoration du coup d’Etat anglo-américain du 28 Mordad 1332 (19 Août 1953), Téhéran parait étrangement calme. La chaleur est étouffante. La vie semble tourner au ralenti. Sur les avenues Enghelaab (Révolution) et Kaargar, l’épicentre de l’explosion de contestation post-électorale, seules les traces de bitume fondu rappellent l’ampleur des manifestations et le nombre impressionnant de bacs poubelle incendiés par les manifestants. La seule vue de l’entrée principale de l’Université de Téhéran donne des frissons et rappelle les visages d’ange des jeunes martyrs du mouvement vert. Dans quelques semaines, plusieurs milliers d’étudiants vont effectuer leur rentrée et peupler à nouveau ces dortoirs meurtris lors des premiers jours de la révolte.

Cela fait plusieurs semaines que la présence massive des forces de l’ordre rend tout rassemblement quasi impossible. Ahmadinejad joue les vedettes et fait son show en s’accaparant des médias d’Etat pour présenter son nouveau gouvernement. Les procès collectifs des opposants emprisonnés se poursuivent et les réquisitoires prononcés, malgré leurs contenus grossièrement mensongers, semblent donner l’initiative au gouvernement du coup d’Etat. Rafsanjani est de facto écarté de la prière du vendredi éloignant ainsi une nouvelle opportunité de manifestation. Etemaad-e Melli, le meilleur quotidien réformateur, est interdit de publication pour avoir condamné les exactions commises dans le centre de détention de Kahrizak. Les Allah-o Akbar criés sur les toits dans l’obscurité de la nuit ne semblent pas aussi vigoureux que lors des premières semaines.

Alors Téhéran résigné et rentré dans l’ordre? La révolte matée et la situation normalisée?

Il n’en est rien.

Il suffit de tendre l’oreille dans un taxi, devant un kiosque à journaux ou dans une épicerie pour entendre et sentir cette colère qui gronde et qui monte. Cette colère qui concentre des années d’humiliation et de frustration et qui est prête à exploser à tout moment. Il suffit d’un mot pour que les langues se délient, pour que les images rejaillissent et que les faits reviennent en force. Des jeunes racontent les violents coups de matraque qu’ils ont reçus alors qu’ils ne faisaient que manifester pacifiquement. Des infirmiers décrivent ces blessés qu’ils hospitalisaient anonymement en les dissimulant pour éviter leurs arrestations sur les sites hospitaliers. Ces aides-soignants qui ont vu des forces spéciales en moto briser les vitres de la porte d’entrée d’un hôpital pour pourchasser et frapper les manifestants dans l’enceinte d’un hôpital et y faire exploser des capsules de gaz lacrymogènes.

Téhéran, c’est le feu sous la cendre. Le régime et tout son arsenal répressif militaro-judiciaire ne font que souffler sur les braises, inconscients qu’ils marchent contre le cours de l’Histoire et que tôt ou tard, cette colère les emportera et le peuple iranien gagnera sa liberté.

jeudi 20 août 2009

Clotilde Reiss libérée en attendant le verdict des juges

Le père de la jeune universitaire a salué cette libération conditionnelle en soulignant toutefois qu’il s’agit d’une première étape avant un abandon définitif des poursuites contre elle...

Il aura fallu attendre dimanche soir pour que Clotilde Reiss franchisse enfin les portes de la prison d’Evin, où elle était enfermée depuis plus d’un mois. Interrogé à peine une heure plus tôt au journal de 20 heures sur France 2, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, avait fait part de son espoir d’une « libération imminente ». Au cours d’un entretien téléphonique avec Nicolas Sarkozy, l’universitaire s’est déclarée « soulagée ».

Clotilde Reiss était détenue depuis le 1er juillet. Accusée par les autorités iraniennes d’espionnage à l’occasion des manifestations d’opposition contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, elle avait été arrêtée à l’aéroport alors qu’elle s’apprêtait à rentrer en France après une escale au Liban. Lors de son procès qui avait débuté le 8 août, la jeune femme avait reconnu avoir envoyé des photos des manifestations, et avoir « écrit un rapport d’une page (…) » pour le patron de l’Institut français de recherche en Iran qui dépend de l’ambassade de France. Un dossier bien maigre, on l’aura compris, pour un tel chef d’accusation.

Le procès de la jeune fille, entamé le 8 août, avait paradoxalement marqué un premier pas vers sa libération puisqu’il avait permis une accélération des tractations entre les autorités françaises et iraniennes, qui avaient rapidement évoqué la possibilité d’une mise en liberté conditionnelle si l’universitaire s’engageait à demeurer à l’ambassade de France à Téhéran jusqu’à la décision des juges. Ce nouveau pas dans l’affaire Reiss est donc une bonne nouvelle, mais pas le dénouement d’une saga, qui reste conditionné à ce verdict. « C’est une première étape. Il faut maintenant laisser le processus judiciaire faire sa route. Il y en a probablement pour quelques semaines, j’espère moins, avec à la clé une deuxième étape, le retour définitif de Clotilde », a ainsi rappelé Rémi Reiss. L’Élysée a fait savoir que l’abandon de la procédure judiciaire à l’encontre de la jeune fille restait l’objectif prioritaire.

Le rôle de la Syrie pourrait ici être crucial. Considéré comme le principal allié de Téhéran dans la région, désireux de redorer son blason en Europe, Damas semble en effet s’être impliqué dans la médiation. C’est du moins l’analyse du politologue Ayman Abdel Nour, « la Syrie, affirme-t-il, est parvenue à faciliter le processus ». En visite officielle en Iran prochainement, Bachar Al Assad pourrait jouer de son influence auprès de Mahmoud Ahmadinejad afin d’obtenir un abandon des poursuites contre la jeune française et son retour en France.

La grande question reste le montant de la caution versée aux autorités iraniennes en échange de la liberté conditionnelle de Clotilde. Jeudi matin, Rémi Reiss avait évoqué une somme de « quelques centaines de milliers d’euros » sans en préciser davantage. Propos relativisés par Bernard Kouchner qui a évoqué dimanche une somme « pas énorme », « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Hier, la presse iranienne évoquait cependant une caution d’environ 300 000 dollars.

http://www.humanite.fr/2009-08-18_International_Clotilde-Reiss-liberee-en-attendant-le-verdict-des-juges

dimanche 9 août 2009

Les Gardiens de la révolution veulent punir Moussavi

L'Iran n'en a pas fini avec les procès contre les opposants. Dimanche, un haut responsable des Gardiens de la révolution s'en est pris nommément aux deux candidats de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, et à l'ancien président réformateur Mohammad Khatami. Yadwollah Javani, chef du bureau politique de cette force d'élite du régime, accuse les trois hommes d'avoir participé à un complot qui visait à orchestrer une «révolution de velours» contre la République islamique.

«Quel est le rôle de Khatami, Moussavi et Karoubi dans ce coup d'Etat ?», a-t-il lancé. «S'ils en sont les instigateurs, et c'est le cas, les responsables de la justice et de la sécurité doivent les arrêter, les juger et les punir pour éteindre les feux de ce complot», affirme Yadwollah Javani dans un article publié dans Sobhe Sadegh, l'hebdomadaire du bureau politique des Gardiens de la révolution. Khatami, Moussavi et Karoubi ont tous les trois demandé l'annulation de la présidentielle du 12 juin, qui a conduit à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête du pays.

Ces propos font suite aux déclarations d'un autre responsable militaire, qui a également demandé des mesures contre «les chefs du complot». «Les citoyens, mais aussi les éléments vendus [aux étrangers, ndlr] et les instigateurs de ce complot, attendent de voir comment [le pouvoir] agira», a déclaré le général Massoud Jazayeri, adjoint du chef de l'état-major chargé des questions culturelles et de la propagande. «Il est évident que le jugement des principaux instigateurs des troubles récents aura un rôle déterminant pour neutraliser les éventuels complots à l'avenir», a-t-il dit.

http://www.lefigaro.fr/international/2009/08/09/01003-20090809ARTFIG00115-les-gardiens-de-la-revolution-veulent-punir-moussavi-.php

mercredi 5 août 2009

Les événements de la journée du 5 Août 2009


Inauguration dans un contexte martial


Les autorités iraniennes ont sécurisé la cérémonie d'investiture de Mahmoud Ahmadinejad en mobilisant des dizaines de milliers de forces de l'ordre dans une démonstration de force sécuritaire sans précédent. Ces forces étaient composées de:
1) Policiers,
2) Forces Spéciales (tête et corps hautement protégés par des habits spéciaux),
3) Basijis en tenue léopard militaire et
4) Miliciens habillés en civils et portant leurs désormais célèbres matraques.

Les manifestants ont été dispersés, matraqués et attaqués par des tirs de gaz lacrymogènes. La densité des forces de l'ordre sur la Place Bahaarestaan était telle qu'il était impossible de se regrouper. Les forces de l'ordre ont pris possession de la Place Bahaarestaan dès 7h du matin. Elles continuaient d'arriver en bus et en 4x4 tout au long de la matinée. Des camionnettes étaient aussi stationnées sur la Place pour emmener les personnes arrêtées. Le réseau de téléphone portable était coupé. Les stations de métro Bahaarestaan et Mellat étaient fermées pour éviter que les manifestants ne déferlent sur cette zone de guerre.

Tous les commerçants avaient été obligés de fermer leur magasins jusqu'à midi. Les centres commerciaux et les écoles proches de la Place Bahaarestan étaient remplis de renforts militaires prêts à intervenir. Il y avait une différence notable avec les manifestations précédentes: les masques anti-gaz des unités spéciales étaient de type militaire. Le bruit courait depuis 3 jours que les unités spéciales utiliseraient des gaz lacrymogènes de type militaire.

Président élu héliporté au Parlement du Peuple pour prêter serment!

Dans cette ambiance surnaturelle et digne d'une zone de guerre, le président "triomphalement élu par 62,63% des voix", s'est rendu en hélicoptère au Parlement car il lui était impossible circuler en voiture dans les avenues conduisant à la Place Bahaarestaan. On ne peut s'empêcher de penser à Mohammad Mossadegh qui, exactement sur cette même Place, debout sur une chaise et entouré par des milliers de manifestants avait lancé: "le Parlement est là où est le Peuple" (photo).


Les forces de l'ordre repoussaient les manifestants vers les grandes avenues entourant la Place Bahaarestaan. Certains manifestants ont été refoulés vers la Place des Shohadaa (Martyrs), l'ancienne Place Jaleh où Mohammad Reza Shah Pahlavi avait donné l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants en 1978 (17 Shahrivar 1357). Une fois refoulés sur cette place hautement symbolique, les manifestants chantaient: "Jaleh est toujours en Sang"!

Par ailleurs les forces de l'ordre étaient massivement présentes à d'autres endroits de la capitale: Vanak, Takht-e Taavoos, Vali-e Asr, Parkvey. De très nombreux heurts ont été signalés. Plusieurs personnes ont été arrêtées.

Dans ce contexte, le commandant adjoint des Forces de sécurité de l'État, Ahmad Reza Radan, l'un des tortionnaires du centre de détention de KAHRIZAK (lire ici et ici) a déclaré: "Il n'y a eu aucune manifestation à Téhéran aujourd'hui"!


D'autres informations de cette journée:

21:00
  • Une réunion a eu lieu entre le Procureur Général de Téhéran, le terrible Saeed Mortazavi (dont la spécialité est de terroriser les prisonniers politiques sur le plan judiciaire) et certains parlementaires apparemment pour discuter de l'arrestation de Mir Hossein Moussavi et de retirer à Khatami le droit de quitter le territoire. Moussavi, Karoubi et Khatami semblent être les prochains sur la liste. Le quotidien Keyhan, proche de Khamenei et d'Ahmadinejad, les a déjà appelés "traitres" et annoncé qu'il publierait des preuves de leur culpabilité très prochainement. Nous devrions être fixés dans les jours qui viennent car Ahmadinejad a promis d'annoncer la couleur très vite.
  • Gibbs vient de dire qu'il a dit une bêtise hier!
  • Confirmé: Hillary Clinton a bien dit ce que les US étaient admiratifs de la résistance iranienne: ici
  • Des heurts ont été signalés sur la Place Vanak
  • Ahmadinejad dans son discours inaugural a appelé à "l'unité"!!!
  • Les procès et les confessions ne passent décidément pas. Plusieurs religieux de haut rang tels que Sanei et Montazeri ont publié des communiqués plus que virulents à ce sujet.
  • Les Basijis attaquent les personnes avec téléphone portable!
  • Des signes de fatigue et de tension étaient perceptibles chez les forces de l'ordre
  • Twitter jubile de voir la Maison Blanche faire marche arrière!
  • Mir-Hamid Hassanzadeh, l'un des piliers de la campagne de Moussavi a été arrêté ce matin. L'étau se resserre.
  • Ahmadinejad a été héliporté pour se rendre au Parlement! Il n'a pas pu s'y rendre en voiture ce matin.
  • N'oubliez pas le blog excellent du NYT (en anglais): ici
  • Vidéos datés de ce jour en provenance de Téhéran




20:30
  • La plupart des personnes arrêtées ce matin à Bahaarestaan étaient des femmes.
  • BBC: de très nombreux manifestants au Bazar. Jusqu'à midi, il n'y a pas eu de heurts. Après midi, avec l'arrivée des renforts importants dans les rangs des agents anti-émeute, les heurts ont commencé
  • Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et leurs matraques pour disperser les manifestants
  • Les manifestants n'ont pas pu se regrouper et manifester à Bahaarestaan à cause du nombre impressionnant de forces de l'ordre présentes
  • RV est pris pour manifester demain à 18h.
  • Les Bazaris ont fermé leur magasins. La fermeture du Bazar est un nouveau signe d'alerte pour le régime.
  • Le Monde dédié enfin un article à la contestation sur le web
  • Lorsque la foule est entrée au Bazar, elle a pris de l'ampleur très rapidement
  • Hale Sahabi a été violemment arrêté sur la place Bahaarestaan
  • Certains groupes de manifestants dans le quartier de Javadier (Sud de Téhéran) ont attaqué et frappé des basijis en moto
  • Depuis lundi les Basiji semblent porter des cagoules beaucoup plus qu'avant. Ils ont peur d'être identifiés.
  • Pour la première fois, de 200 à 250 membres des familles de prisonniers ont manifesté devant le tribunal de Téhéran, en chantant Allah-o Akbar. Le pouvoir judiciaire est sous le feu des critiques depuis l'organisation des procès bidons. Le prochain procès aura lieu demain.
  • Les écoles jouxtant la Place Bahaarestaan ont été transformées en bases militaires pour stationner des forces armées et paramilitaires.
  • Gooya News: plusieurs dizaines de milliers de forces de l'ordre ont été déployées à Téhéran pour contrôler les manifestations. C'est du jamais vu.
  • Hillary Clinton aurait annoncé sur Sky News que les US sont admiratifs de la résistance des Iraniens face à Ahmadinejad! Petite rectification de la gaffe de Robert Gibbs hier? Obama est aussi testé car l'Iran est le premier vrai test de politique étrangère pour son Administration.

13:00
  • Jusqu'à la Place Imam Khomeini, tous les 5m, des regroupements de 7 à 8 forces de l'ordre (Sepaah, Basi ou miliciens en civils) étaient stationnés
  • Confirmé: Banque Melli sité près du Bazar, de nombreux magasins ont fermé. La station de police du Bazar pris par les manifestants.
  • Il y avait beaucoup de sièges vides au Parement pendant l'inauguration ce matin.
  • Une femme sur la Place Bahaarestaan: "Mort à Ahmadinejad". Elle a été arrêtée puis libérée sous la pression des manifestants.
  • Un membre du Parlement et de la commission de sécurité nationale demande que l'on retire à Khatami le droit le quitter le pays.
  • Sur la Place Vanak (Nord de Téhéran), il est interdit de se regrouper, de s'arrêter sinon les manifestants sont matraqués.
  • Devant le Parlement: "Hokoumat-e Zoor Nemikhahim, Majless-e Mozdour Nemikhahim" (nous ne voulons pas un gouvernement de répression, nous ne voulons pas un parlement traitre)
  • Press TV (financé par le gouvernement iranien): plus de 5000 forces de l'ordre stationnées autour de Bahaarestaan. Si c'est Press TV qui le dit ...
  • Premières photos d'aujourd'hui: http://twitpic.com/cu7i3; http://twitpic.com/cu7ht; http://twitpic.com/cu7h6
  • Regardez les sièges vides ici : http://www.youtube.com/watch?v=z-mNkpuPYdI
  • Information non confirmée: certains policiers auraient quitté leurs uniformes pour rejoindre les manifestants

12:30
  • Basij s'était préparé à réprimer fortement les manifestations. Les Basijis ont été positionnées à de très nombreux endroits stratégiques de Téhéran pour étouffer tout début de rassemblement.
  • CNN: plusieurs milliers de forces de l'ordre quadrillent le quartier de Bahaarestaan
  • CNN: des manifestants auraient été autorisés à faire un "sit in" en signe de protestation devant l'entrée du Parement. Beaucoup de femmes parmi eux, sans heurt pour l'instant.
  • De très nombreuses forces de l'ordre sont aussi présente sur l'avenue Enghelaab (Révolution)
  • Clairement, ça ne fait que commencer. La cérémonie a été organisée tôt ce matin pour couper court. Mais la journée sera longue et le message clair!
  • Les marchants d'or ont fermé leurs magasins au Bazar
  • Les manifestants contrôleraient la Place des Shohadaa (Martyrs)
  • Il n'y aucun appel à violence. La violence est uniquement dans le camps d'en face.
  • La manifestation s'est à présent étendue à la Place 7 Tir et au quartier de l'Université de Téhéran, haut lieu de la résistance depuis le début de ce mouvement. La dispersion semble être une stratégie voulue, déjà utilisée lors des précédentes manifestations, pour épuiser et disperser les agents de répression: Basij, unités spéciales fortement armées (yegaan-e vije), miliciens habillés en civils (lebaas shakhsi)
  • Le système de messagerie SMS étant coupé, il est difficile de récolter les témoignages en direct.
  • Les forces de l'ordre auraient déployé des caméras pour enregistrer les manifestations (station de métro de Bahaarestaan par exemple). Ces images pourraient être utilisées pour identifier les manifestants et aussi pour les intimider.

12:00 (heure de Téhéran)
  • De très nombreux manifestants continueraient à se diriger vers le Bazar. C'est assez inattendu. Impliquer les Bazaris semblent être une des priorités du mouvement vert depuis quelques jours. Ceci pourrait accélérer le lancement d'une grève générale pour serait dévastatrice pour le pouvoir.
  • Confirmé par plusieurs sources: il y a énormément de monde au Bazar
  • Un nombre impressionnant de forces spéciales (Yegaan-e Vije), en vêtement militaire (lebaas palangi) sont positionnées dans les bâtiments à proximité de la Place Bahaarestaan.
  • D'autres sources font état de heurts au Bazar. Il est trop tôt pour confirmer.
  • De Bahaarestaan, de l'avenue de la République (Jomhoori) jusqu'à l'intersection Saadi, les manifestants sont très nombreux mais ne peuvent pas s'arrêter ou se regrouper en raison de la présence massive des forces de l'ordre.
  • Il manquait pas mal de personnalités (Khatami, Rafsanjani) à la cérémonie d'inauguration. Voir les photos ici: http://onlymehdi.tumblr.com/post/156235442
  • Haleh Sahabi, la fille d'Ezattolah Sahabi a été arrêtée ce matin selon le site de la vague vert de liberté. Il a eu des actes violents lors de son arrestation.

11:00 (heure de Téhéran)

  • La cérémonie d'investiture de Mahmoud Ahmadinejad a eu lieu ce matin au Parlement (Majless) situé à Bahaarestaan.
  • Les manifestants semblent avoir pris possession du Bazar de Téhéran. Les forces de l'ordre semblent dépassées et n'entreprennent aucune action pour l'instant. L'antenne de la Police à Bazar serait sous le contrôle des manifestants.
  • Le Bazar joue un rôle économique majeur et si le soutien des Bazaris (commerçants du Bazar) se confirme, ça serait une très mauvaise nouvelle pour le pouvoir.
  • Des rassemblements importants et dispersés sont rapportés des quartiers tels que Mirdamad, Youssef Abad et Shahrak-e Gharb
  • Slogan: Basiji-e Bi Gheirat, Doshman-e Khoon-e Mellat (Basiji sans honneur, tu es l'ennemi du sang du peuple)
  • Sur la place de le station centrale des chemins de fer (Raah-Ahan), les manifestants chantent "Mort aux Dictateurs!"
  • De la Place des Shohadaa (Martyrs) jusqu'à la Place de Bahaarestaan, slogan: "Gouvernement de coup d'État, Démission! Démission!"
  • CNN: Plusieurs centaines de forces de l'ordre encerclement la Place de Bahaarestaan, des hélicoptères militaires survolent la zone.
  • La station de métro de Bahaarestaan est fermé. La ligne de bus Place Azadi (Liberté) vers la Place Bahaarestaan est suspendue
  • Slogan à Shahrak-e Gharb: Mon frère Martyr, je récupérerai ton Vote - Indépendance/Liberté/République Iranienne (au lieu d'Islamique)
  • Les policiers du Baazaar semblent avoir soutenu et protégé les manifestants. Ils ont ouvert les portes de leur site. Les manifestants sont à l'intérieur.
  • La police a fait usage de gaz lacrymogène sur la Place de Bahaarestaan
  • Le Guardian prend goût au "Live Blogging" pour l'Iran. C'est un blog excellent (en Anglais): http://www.guardian.co.uk/news/blog/2009/aug/05/ahmadinejad-sworn-in. Ce n'est pas en France que les journaux vont faire cela.
  • Et une citation du "Président" pour bien commencer son mandat:"On entend certains leaders occidentaux dire qu'ils reconnaissent mais qu'ils ne félicitent pas le nouveau gouvernement. Bien, personne en Iran n'attend vos messages". Bien que stupide, ce message contient un clin d'œil à la gaffe de Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche qui a dit hier la chose suivante: "les États-Unis reconnaissent AN comme le président élu". Espérons que ce n'est qu'une gaffe de plus dans la communication décidément bizarre du président Obama.

mardi 4 août 2009

Manifestation historique demain 5 Août à Téhéran

Demain, 14 Mordad 1388 (5 Août 2009), nous commémorerons le 103ème anniversaire du Mouvement Constitutionnel Iranien qui marqua le point de départ de la longue marche du peuple iranien vers une société libre et démocratique. Un siècle plus tard, tout en réprimant dans le sang le mouvement de contestation pacifique du peuple iranien, le régime de Téhéran s’apprête à inaugurer un nouveau président frauduleusement désigné par le Guide Ali Khamenei.

Au nom des victimes qui ont laissé leur vie pour que nous vivions un jour dans un Iran libre et démocratique, au nom de toutes les souffrances ressenties par les faibles et les sans voix (en particulier les familles des victimes), nous avons l’obligation morale de nous soulever contre cette tyrannie religieuse pour dire non à l’intronisation d’un président illégitime et criminel.

Une manifestation cruciale et historique est annoncée de façon unanime par toutes les organisations soutenant la Vague Verte de Liberté devant le Parlement iranien, sur la Place Bahaarestaan, dès les premières heures de demain, mercredi 14 Mordad (5 Août).

Dans cette longue marche vers la liberté, inspirée par les luttes de nos ancêtres et balisée par le sang de nos martyrs, nous ne renoncerons pas, nous ne transigerons pas, nous ne faiblirons pas!




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Behzad Mohajer, un autre Martyr, remis à sa famille après 50 jours

Nous traduisons ici un article bouleversant de Nima Namdari (Blog) concernant Behzad Mohajer, un autre Martyr, remis à sa famille après 50 jours. D'autres précisions peuvent être trouvée dans l'article de Fereshteh Ghazi (Twitter/IranBaan) ici.

Les mots nous manquent. Nos pensées vont à Behzad, à sa famille et à ses proches. Nous n'oublierons jamais ces crimes. Nous n'oublierons jamais Behzad.



Tu es resté avec la terre, nous partons avec la rage (par Nima Namdari)

Son corps est dur comme une pierre après 50 jours d’enfermement dans la chambre froide de la morgue (la chambre froide, n’est-ce pas la prison des morts?). Les laveurs ont du mal à le retourner. Son corps congelé n’entrait pas dans le creux de la pierre de Ghosl. Son corps est enflé. Sa poitrine coupée de part en part, comme une croix, du cou jusqu’au nombril et d’une épaule à l’autre. On dirait qu’on l’a autopsié. Peut-être qu’ils cherchaient des balles. Un petit cercle sur la partie gauche de sa poitrine, là où un jour un cœur battait, montre une trace de balle. Un trou qui sur la blancheur de la poitrine saute aux yeux. Par contre l’autre petit trou, caché sous le bras droit, est à peine visible. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison, parce que quand on retourne le cadavre, la vision de ce dos en sang et totalement ravagé, déchire le cœur et te fait oublier le petit trou derrière le bras droit. Combien de balles l’ont transpercé? Deux ou peut-être même qu’une seule. Peut-être qu’il voulait faire bouclier avec son bras mais la balle l’a traversé et a transpercé sa poitrine. Mais où est alors la trace de balle sur l’autre côté du bras? Je n’en sais rien.



Les laveurs le lavent encore. Ça se voit qu’avant sa mort, il était à l’hôpital. Les bandages et aiguilles et autres choses dont je ne sais le nom et que l’on attache aux corps des gens à l’hôpital, étaient toujours collées à son corps de pierre. Les laveurs les détachent du corps. Une eau rouge de sang coule et évacue les bandages, aiguilles et … . Des bouts de coton blanc, couvrent peu à peu son corps martyrisé. Ils déchirent le tissu pour préparer le linceul.



Nous sommes peu nombreux. De 20 à 30 personnes. La chaleur de Mordad à midi tape très fort. Mais ça a l’avantage de vaporiser tout de suite les larmes sur le visage. Maman s’est quasiment évanouie, ses cris sont à peine audibles et compréhensibles. Tante pleure en silence comme d’habitude. Les forts mouvements de ses épaules, laissent deviner la force de ses pleurs. Une famille avec plein de garçons a au moins l’avantage de ne pas manquer de bras pour transporter un cadavre. Mes 2 frères et moi, les 3 fils de ma tante et les 3 fils de mon oncle sommes un bataillon sans sœur. On porte le corps jusqu’à la section 208. Il avait déjà acheté un emplacement près de la tombe de sa mère. Il voulait être enterré près d’elle. On le met dans sa tombe. La voiture de police n’est pas loin. Les agents ne font que regarder. Ces minables n’ont pas d’excuse. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire nous avec les larmes brûlantes de Mordad, la terre chaude de Behesht-e Zahra et ce cadavre dans la tombe?

Je me surprends d’écrire aussi facilement. Je n’aurais jamais pensé pouvoir écrire aussi facilement que nous avons mis l’oncle Behzad dans sa tombe, notre petit oncle, notre oncle joyeux et déconneur. Ça faisait un certain temps que je ne l’avais pas vu d’ailleurs. C’était de ma faute. Par paresse. Je ne peux pas vous décrire ce qu’on a ressenti hier avec Maman, quand on est allés chez lui chercher sa carte d’identité et ses papiers pour la tombe. Il s’était habitué à la solitude. Sa petite maison bien propre, ses vêtements neufs qu’il avait achetés récemment. Deux costumes bien rangés dans son armoire, le bout de papier à côté du téléphone : sucre, huile de friture, pruneaux, …, on dirait une liste pour des courses. Du pain barbari bien découpé et rangé au frigo, des aubergines précuites dans le congélateur, des vaisselles bien rangées dans le sèche vaisselle. Que sa petite maison est propre et bien rangée. Qu’on me dise pas que dans une maison sans femme, c’est toujours le chaos. La brosse à dents devant le miroir, les photos de Nasrin, sa mère et moi près du téléphone. Ce sont les détails qui brûlent le cœur. Tu n'aurais jamais pensé que le cœur de quelqu’un brûle en regardant ta serviette et ta brosse à dents? Le mien et celui de maman ont brûlé hier.

Et maintenant, cette petite vie, simple, normale et belle est ensevelie sous la terre. Ah... comme j’écris simplement "ensevelie sous terre". Ashkan, Sina, Arsalan, Ali, Alborz, Babak et moi avons enterré l’oncle Behzad (heureusement qu’il n’y avait pas Raham, c’est celui qui se chagrine le plus). On l’a mis dans sa tombe, près de sa mère, avec son corps dur et martyrisé, avec sa trace de balle (balles?), avec tous les efforts et les souffrances qu’il avait eus pendant ces 47 années. On l’a laissé au repos, sous la terre d’un cimetière où son père était enterré il y a 40 ans. Quand l’orphelinat et la pauvreté ont commencé pour lui. On l’a enseveli sous la terre avec toutes ces années de pauvreté et de difficulté, de solitude et de travail, de guerre et de front, avec les rêves simples d’une personne normale.

On l’a couvert de terre. Oncle! Adieu, adieu toute cette jeunesse mélancolique, toutes ces soirées de solitude, toutes ces journées de sueur et travail. Tu es resté avec la terre, nous partons avec la rage.



ps: très beau poème en persan écrit par Behzad il y a 2 ans à l'occasion de la mort de sa mère
http://www.mowjcamp.com/article/id/10849

شعر زیر را شهید بهزاد مهاجر، دو سال پیش، پس از مرگ مادرش سروده و در دفترچه اشعارش ثبت کرده است:

به خانه ندارم دگر چشم براهی
که تک چشم براهم برفته به آهی

نماندی و رفتی تو ای تک چراغم
چگونه گذارم من این عمر واهی

کنون ره سپارم در این کوره راهم
نبینم بجز گرد باد و تباهی

به قصد نجاتم روم زین مکان مصیبت
که شاید ببینم چراغی به راهی

امان زین تبه پیشگان زمانه
چه خواهند از جان هر بی پناهی

Manifestation à Bruxelles, le 5 août

Appel à la manifestation - Communiqué de Presse
(texte en Persan disponible ci-dessous, compte-rendu ajouté après la manifestation également disponible ci-dessous)

Face à certains événements publics susceptibles de mettre en péril les principes de liberté et d’égalité, chaque peuple sait ce qu’il doit refuser. Ce refus du peuple iranien s’est manifesté au grand jour, dès le lendemain de l’élection présidentielle iranienne du 12 juin 2009 qui a frauduleusement désigné Mahmoud Ahmadinejad comme vainqueur.

En Iran et à l’extérieur du pays, les femmes et les hommes iraniens n’ont cessé de dénoncer pacifiquement ce mensonge officiel et de contester légalement ce résultat honteux. Ils demandent l’annulation du résultat de ce scrutin contestable et la réorganisation d’une nouvelle élection transparente en présence d’observateurs internationaux. La réponse du régime en place à ces revendications légitimes n’a été jusqu’aujourd’hui que la répression. À la suite des manifestations qui ont eu lieu et qui se poursuivent encore dans toutes les grandes villes du pays, il y a eu, selon les sources officielles et gouvernementales, quatre mille prisonniers - parmi lesquels on trouve de simples manifestants, un bon nombre de journalistes et d’écrivains ainsi que des membres de partis politiques - et une centaine de victimes tuées par balle ou sous la torture.

En faisant fi de l’opinion publique nationale et internationale, le régime iranien a décidé d’organiser au 5 août la cérémonie d’investiture présidentielle. En réponse à cette mascarade qui n’a aucune légitimité, nous, l’Association des défenseurs des droits de l'Homme en Iran-Belgique, lançons un appel à la manifestation le même jour de 17 h. à 19 h devant l’Ambassade de la République Islamique d’Iran à Bruxelles, Av. F. Roosevelt , 15, Ixelles.

Cet appel s’adresse à tous ceux qui se veulent solidaires avec les revendications démocratiques et légitimes du peuple iranien. Rejoignez-nous pour dire non à la dictature que Khamenei et Ahmadinejad imposent aux Iraniens, et pour demander la libération immédiate de tous les prisonniers politiques. Nous tenons à votre présence parmi nous. Soyons nombreux pour donner corps à ce slogan en Iran qui dit : NOUS SOMMES INNOMBRABLES.

Association des défenseurs des droits de l'Homme en Iran -Belgique
02/08/09
Contact : 0476-551832
E-mail : iranianbelgique@yahoo.fr


دعوت به تظاهرات
هموطنان عزیز

حکومت جمهوری اسلامی با بی‌اعتنایی به خواست عمومی و اعتراضات مردمی به تقلب صورت گرفته در انتخابات اخیر ریاست جمهوری، قصد دارد برای آقای محمود احمدی‌نژاد مراسم تحلیف برگزار كند. مراسم تحلیف محمود احمدی نژاد رئیس جمهوری منتصب، غیر قانونی و کودتایی ایران در روز چهارشنبه 14 مرداد 1388(برابر با 5 اوت2009)، دو روز پس از تنفيذ حکم رياست جمهوري وی توسط آقای علي خامنه اي ریاست حکومت اسلامی برگزار خواهد شد.

این مراسم در حالی برگزار می شود که بسیاری از مردم کشورمان به نتیجه انتخابات معترض هستند و از طریق راهپیمایی های مسالمت آمیز، به اشکال گوناگون خواست خود مبنی بر ابطال انتخابات را بیان کرده و می کنند. این در حالی است که حکومت بجای پاسخ مناسب به خواسته های برحق مردم، دست به سرکوب خونین و بی رحمانه ایشان زده است. در نتيجه سرکوب اعتراض هاي مردمي توسط نيروهاي حکومتی-دولتي، بسیاری از جوانان، زنان، سياستمداران و فعالان اجتماعي به همراه روزنامه نگاران کشورمان بازداشت شده و بنا بر آمار منابع دولتي، دست کم چهار هزار نفر دستگیر و افزون بر 100 نفر کشته و صدها نفر دیگر مجروح شده اند.

هموطنان گرامی
کانون دفاع از حقوق بشر در ایران- بلژیک، برای اعتراض به مراسم تنفیذ و تحلیف قلابی محمود احمدی نژاد که فاقد هرگونه ارزش مدنی – مردمی و ملی است، تظاهراتی را در روز چهارشنبه 5 اوت 2009 ساعت 5 بعد از ظهر در برابر سفارت جمهوری اسلامی در بروکسل سازماندهی کرده است. با حضوری گسترده و متحد در این تظاهرات، باید بار دیگر جهانیان را متوجه این امر مهم بنماییم که محمود احمدی نژاد رئیس جمهور قانونی مردم ایران نیست!

- شرکت در این تظاهرات "نه" به احمدی نژاد است؛
- شرکت در این تظاهرات "نه" به علی خامنه ای است؛
- شرکت در این تظاهرات "نه" به دیکتاتوری است؛
- شرکت در این تظاهرات برای مطالبه آزادی تمام زندانیان سیاسی در ایران است؛
- شرکت در این تظاهرات برای دفاع از خواسته های بر حق و دموکراتیک مردم ایران است.


آدرس: روبروی سفارت جمهوری اسلامی در بروکسل
زمان: ساعت 5 بعد از ظهر، روز چهارشنبه 5 اوت 2009

کانون مدافعان حقوق بشر در ایران- بلژیک
29 ژوئیه 2009

Adresse: Av. F. Roosevelt,15
1050 BXL
Le mercredi 5 Août
à 17h.
TEL: 0476.551832

گزارش تظاهرات 5 اوت در بروکسل
احمدی نژاد رئیس جمهور ایران نیست!
هم زمان با روز تحلیف تقلبی و کودتایی احمدی نژاد در مجلس شورای اسلامی تظاهراتی در برابر سفارت جمهوری اسلامی در بروکسل برگزار شد. تمرکز اصلی تظاهراتی که کانون مدافعان حقوق بشر در ایران- بلژیک، در بروکسل سازماندهی کرده بود در جهت گفتن نه به احمدی نژاد و نه به به رهبر جمهوری اسلامی علی خامنه ای بود. محیط تظاهرات با پوسترها، شعارها، پلاکارد ها، تعدادی از عکس های جان باختگان، تهیه لیستی 80 نفره به زبان انگلیسی از شهدای ماه های اخیر، پرچم سه رنگ ایران، تزیین شده بود. در این آکسیون بزبان های فرانسه و فارسی توسط شخصیت های سیاسی، فرهنگی و اجنماعی ایرانیان در بلژیک، سخنرانانی های به هر دو زبان انجام گرفت. تمام شعارهای فارسی و فرانسوی تظاهرات، در جهت همبستگی با مردم کشورمان، برای اعتراض به سرکوب خشونت آميز آنان در خيابان ها، برای دفاع ازحقوق شهروندی، برای مخالفت با كودتای احمدی نژاد، احمد جنتی و علی خامنه أی بود. بيش از ۲۰۰ ايرانی و بلژیکی در اين تجمع اعتراضی شركت كردند. در تظاهرات بروکسل برای همبستگی با روز نه به احمدی نژاد، نمایندگانی از کمیته های همبستگی با مبارزات مردم ایران از آخن و اتریش و از کانون ره آورد، شرکت کردند. ایرانیان با شركت خود در اين تظاهرات بارقه ای از اميد و همبستگی را در دل هم ميهنانشان درداخل كشور تاباندند و نشان دادند كه به مسائل كشورشان توجه ويژه دارند و خواهان تغييرات عميق و اساسی در ايران هستند و اینکه احمدی نژاد را به عنوان رئیس جمهور ایران به رسمیت نمی شناسند. از طرف دو مرکز تلویزیونی از تظاهرات بروکسل گزارش تهیه شد و بزرگترين و مهم ترين آژانس خبری و رسانه ای بلژيك با نام "بلگا" از اين تظاهرات گزارش تهيه و مخابره كرد.
انتهای تظاهرات با خواندن قطعنامه کانون مدافعان حقوق بشر در ایران بلژیک، همراه شد و ایرانیان از افکار عمومی بین المللی و ارگان های بین المللی خواستند که احمدی نژاد را به عنوان رئیس حمهور ایران به رسمیت نشناسند و نیز خواهان آزادی تمام زندانیان سیاسی شدند و مخالفت خود را با سرکوب اعتراضات مسالمت آمیز مردم ایران اعلام داشتند. تظاهرات با خواندن سرود ای ایران به پایان رسید.

گزارش از طرف: کانون مدافعان حقوق بشر در ایران بلژیک
5 اوت 2009




Manifestation à Paris, le 4 août

Appel à manifester aujourd'hui 4 août lancé par le Comité indépendant contre la répression des citoyens iraniens, devant l’ambassade de la République Islamique d’Iran, Place d’Iéna, 17h - 19h, Avec l’intervention de Nasser Pakdaman.

Pour plus d'information, consulter le site http://www.whereismyvote.fr/

lundi 3 août 2009

ENSEMBLE, tout redevient possible!

L’Histoire s’accélère indiscutablement et nous vivons des jours et des semaines qui resteront à jamais gravés dans nos cœurs. Nos pères nous ont toujours décrit, avec passion et souvent en larmes, les journées glorieuses des années 1330-32 (1951-53) qui, grâce au leadership de Mohammad Mossadegh, avaient donné un sens à leur vie, celles qui leur avait donné la conviction que l’Iran pouvait être un grand pays indépendant, fort, pacifique et démocratique œuvrant pour le bien de tous au sein de la communauté internationale. Mais pour nous les jeunes générations, ces faits historiques ont toujours été un rêve. Un genre de rêve qui forge une enfance à la recherche de héros, de mythe, de gloire et de bonheur. Mais, un rêve brisé le 28 Mordad 1332 (19 Août 1953), lorsque qu’un coup d’Etat anglo-américain mis fin aux acquis colossaux du gouvernement démocratique de Mohammad Mossadegh.

Or désormais, quelques semaines seulement après le début de la révolution en cours, les plus jeunes générations peuvent enfin se vanter d’avoir leurs propres références. Non pas celles puisées dans les livres ou contées par nos parents, mais celles forgées par les images et les faits vus et vécus au plus profond de nos cœurs. Un mouvement populaire dont la formidable puissance est synonyme d’une fierté collective retrouvée. Un mouvement qui redonne du sens à nos vies et qui nous donne l’intime conviction qu’en Iran, tout est à nouveau possible. Que ce pays grandiose peut être reconstruit brique après brique, école après école et qu’il peut à nouveau relever la tête au sein de la communauté des nations.

Dans chaque mouvement populaire, il y a de signes qui ne trompent pas. Les Iraniens se sont mis spontanément à se parler, à s’unir, à s’organiser, bref, à se sentir, à sentir une certaine idée de la nation iranienne. Cet acquis est déjà considérable! Il permet de reconstruire le tissu des liens familiaux, culturels et sociaux littéralement ravagés par trente années d’obscurantisme religieux.

Parallèlement à cette lutte de titans engagée contre le régime tyrannique des mollahs et qui peut durer des mois, voire des années, notre pays a commencé à panser ses plaies et a initié une véritable thérapie collective salvatrice et indispensable après tant d’années de malheur et de destruction.

Nous avons à présent l’intime conviction que ce n’est qu’ENSEMBLE que nous pourrons guérir et reconstruire notre pays. Et nous savons désormais comment le faire.


Qu’ils nous disent pourquoi nos enfants sont morts!

Ce reportage a été préparé par Fereshteh Ghazi (Blog remarquable, IranBaan sur Twitter), journaliste à Rooz Online et militante des droits de l’Homme, au sujet du traitement réservé par le régime de Téhéran aux familles des victimes et des disparus ces dernières semaines. La multiplicité de ces témoignages accablants et la concordance des informations sur les méthodes utilisées par l’appareil répressif du régime, prouvent une nouvelle fois que nous sommes en présence de crimes d’Etat de très grande ampleur, systématiques et généralisés, d’une brutalité extrême.

Nous saluons ici le travail considérable fait par Fereshteh et par d’autres journalistes, militants et blogueurs iraniens au péril de leur vie.

Pour que le monde entier le sache, en tant qu'êtres humains, nous avons l’obligation de témoigner.




Qu’ils nous disent pourquoi nos enfants sont morts!

Alors que tous les jours, de nouvelles victimes sont identifiées, les familles de ces victimes sont soumises à une pression extrême afin de les empêcher de divulguer des informations au sujet des crimes commis. Ces familles n’ont même pas le droit d’organiser des cérémonies de deuil. Ces familles veulent connaître les raisons et les circonstances de la mort de leurs enfants.

Amir Javadi-Far, étudiant en management à l’université de Ghazvin, est l’un des martyrs des événements récents qui a été inhumé la semaine dernière. Aujourd’hui, c’est la cérémonie de son 7ème jour de deuil au cimentière Behesht-e Zahra (les 3ème, 7ème et 40ème jours sont en général commémorés par les musulmans). Le corps sans vie de ce jeune de 25 ans qui avait été arrêté le 18 Tir (9 Juillet), a été remis dimanche dernier à sa famille, alors que celle-ci ignorait totalement le lieu et les conditions de détention de leur fils. Ali Javadi-Far, le père d’Amir, a déclaré à Rooz Online la semaine passée, qu’il voulait révéler des informations dans les prochains jours.

Hier, ce père meurtri de douleur, a déclaré à Rooz Online qu’il voulait connaître la raison de la mort de son fils. "J’ai remis (aux autorités) mon fils sain et sauf et lorsque je l’ai récupéré, il y avait des signes de violences et de tortures sur son corps". Il a aussi précisé qu’en raison de son propre état, il n’a vu que la partie supérieure du corps de son fils. Il ignore dans quel état se trouvaient ses membres inférieurs. Il ajoute: "Lorsque j’ai identifié le cadavre de mon fils, il avait été autopsié et le rapport avait conclu une mort de cause inconnue, que la raison du décès était en cours d’étude". "Je veux juste connaître la raison de sa mort, les circonstances de sa mort. C’est ce que j’ai demandé quand on m’a remis son corps. Ils m’ont dit : un comité est en charge de mener une enquête et ils vous transmettront leur conclusion.

Personne n’a indiqué à M. Javadi-Far à quel organisme appartenait ce fameux "comité". Il a juste pu participer à une réunion de ce comité mercredi dernier. "Dans ce comité qui s’intitulait commission de sécurité nationale ou quelque chose dans ce genre, des représentants des trois pouvoirs (judiciaire, législatif et exécutif) et le gouverneur de Téhéran étaient présents. Ils ont indiqué qu’ils suivraient le dossier. J’ai insisté sur le fait que dans le certificat de décès de mon fils, il était indiqué : mort de cause inconnue. Je veux savoir ce que cela signifie". "J’ai aussi demandé que les assassins, tortionnaires et commanditaires de la mort de mon fils soient identifiés et jugés en ma présence. La justice de notre pays nous doit cela. C’est notre droit". "Nous cherchons la justice et notre seule demande est l’application de cette justice. J’attends une réponse du comité. S’ils ne donnent pas une réponse convaincante, je procéderai différemment". Le père d’Amir a précise en outre que la déposition d’une plainte dépendrait de la réponse de ce comité et qu’il était prêt à saisir tous les organes légaux compétents. "Je respecte la loi et j’attends de la loi une réponse. Si ce n’est pas le cas, notre droit est bafoué".

Cause du décès : infarctus ou inconnue

Jusqu’à présent, les causes de la mort des autres martyrs du mouvement de protestation n’ont pas été révélées non plus. Dans la plupart des cas, comme dans le cas d’Amir, la cause indiquée dans le certificat de décès est "inconnue". Parfois, il est indiqué "infarctus cérébral" ou "cardiaque". Dans tous les cas de figure, ces martyrs avaient été autopsiés, les balles extraites de leurs corps sans vie et en plus les familles pouvaient voir les traces de violences, de blessures, de torture et de balles sur les corps de leurs enfants. Jusqu’à présent, aucune de ces familles n’a été autorisée d’organiser une cérémonie de deuil. Toutes les moquées de Téhéran ont été obligées de refuser ce genre de cérémonie.

Pression sur la famille de Neda

Jeudi dernier, à l’occasion du 40ème jour de Neda, il y avait une cérémonie de deuil à Behesht-e Zahra sur sa tombe, à laquelle sa mère n’a pas pu prendre part. Un proche de la famille de Neda a indiqué à Rooz Online qu’à la veille de cette cérémonie, la mère et la sœur de Neda avaient été emmenées et soumises à une très forte pression pour qu’elles ne participent pas à cette cérémonie. Alors que Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi participaient à cette cérémonie avec des milliers d’autres manifestants, la mère de Neda a été obligée de commémorer seule le souvenir de sa fille dans un parc à proximité de son domicile.

Pas d’autorisation pour la moindre cérémonie de deuil pour la famille Ghahremani

Ramin Ghahremani, 15 jours après s’être rendu volontairement (aux autorités) pour prouver son innocence, a été libéré avec un corps qui portait des traces de torture. Après sa libération, il a dit à sa mère qu’il avait été pendu par les pieds pendant plusieurs jours et qu’il avait reçu des coups très violents sur la tête. Ramin Ghahremani a été hospitalisé après sa libération et y est décédé. Un de ses proches à indiqué à Rooz Online : "A l’hôpital, on nous a dit que le crâne de Ramin était cassé, mais après sa mort, les agents ont emmené son corps et quatre jours plus tard, après avoir obtenu une déclaration écrite de la famille, ils leur ont rendu le corps". Ce proche a aussi précisé qu’on a même interdit à la famille d’organiser une cérémonie intime à leur domicile. Ils sont sous une très forte pression pour éviter tout entretien et toute divulgation d’informations concernant la mort de leur fils.

Arrestation de la mère d’un martyr

Les "Mères en Deuil" ont confirmé l’arrestation de la mère d’un martyr à Kermanshah. On est toujours sans nouvelle d’elle. Zahra (Behjat) Nozari, la mère de Pouya Maghsoud Bigui, étudiant en médecine à l’université de Kermanshah, qui pour protester contre la mort de son fils, le corps couvert de boue, s’était installée devant le bâtiment des Renseignements de Kermanshah, a été arrêtée. Pouya Maghsoud Bigui avait été arrêté le 30 Khordad (samedi 20 Juin) par les forces de l’ordre et soumis à des actes de torture pendant sa détention. Il est mort après sa libération. Zahra Nozari avait perdu son époux lorsqu’elle était jeune et depuis, elle avait élevé seule ses deux enfants en faisant un travail éprouvant de couturier. Elle a perdu son fils alors qu’il s’apprêtait à terminer ses études de médecine. Les proches et les amis de Zahra sont sous intenses pressions pour garder le silence.

Selon Rooz Online, les familles et les proches des martyrs sont systématiquement soumis à une très forte pression et c’est pour cette raison que l’on ignore même les noms de certains martyrs à ce jour. Ces familles qui, pour récupérer les corps de leurs enfants, ont dû payer un prix pour le "droit de balle" (Note du traducteur : chaque balle utilisée pour tuer une personne correspond à un prix, à un tarif. Plus il y a de balles dans un cadavre, plus le prix à payer est élevé pour la famille. Ainsi sont implémentées l’Islam et la parole divine en République Islamique d’Iran!), et aussi s’engager de ne pas porter pas plainte contre les forces de l’ordre. Certaines familles ont même été obligées d’écrire que Mir Hossein Moussavi était le responsable de la mort de leurs enfants.

Deux nouveaux martyrs

Ces deux derniers jours, les identités de deux nouveaux martyrs ont été révélées : Behzad Mohajer et Mostafa Kiarostami.

Mostafa Kiarostami avait 22 ans. Il avait participé le 26 Tir (17 Juillet) à la prière du vendredi. Il est décédé en raison des coups reçus au niveau de sa tête. Selon le site Vague Verte de Liberté, Mostafa Kiarostami était frappé par les Basiji et les miliciens habillés en civil devant l’université de Téhéran de telle sorte qu’il ne pouvait pas rentrer à son domicile. Il a alors demandé de l’aide à sa mère en l’appelant. Lorsque sa mère l’a ramené à leur domicile, elle s’est rendu compte de la gravité de son état et l’a transporté à l’Hôpital Kasra de Téhéran. Ce jeune est décédé dans la soirée des suites d’une hémorragie cérébrale causée par les coups de matraque. Mais la cause de son décès est déclarée "accident vasculaire cérébral".

Le corps de Behzad Mohajer a été remis à sa famille le 10 Mordad (1er Août), dans la morgue frigorifiée du centre de détention de KAHRIZAK. Behzad Mohajer avait 47 ans. Il était porté disparu lors des manifestations pacifiques du lundi 25 Khordad (15 Juin). Aucune trace de lui n’était disponible avant la remise de son corps sans vie à sa famille. D’après certaines sources, une blessure par balle au niveau de sa poitrine a causé sa mort.

samedi 1 août 2009

Comble de l'injustice: le procès de la honte

Les autorités iraniennes ont ouvert hier samedi 1er Août un procès collectif des figures de l’opposition. Ces personnes ont été arrêtées quelques jours seulement après l’élection présidentielle du 12 Juin et dès le début du vaste mouvement de protestation. Ils sont à présent accusés par le régime de conspiration avec les pouvoirs étrangers pour l’organisation d’une révolution à travers le terrorisme, la subversion et une campagne médiatique pour discréditer l’élection présidentielle du 12 Juin.



Pure hallucination!

A quelques jours de l’investiture de Mahmoud Ahmadinejad, le régime semble vouloir harceler les partis de l’opposition en soumettant leurs principaux leaders à une très forte pression psychologique et politique. Le régime compte également peser au maximum sur l’opinion publique, afin de discréditer la révolte populaire.

Ainsi, après une phase de répression violente des manifestations, suivie d’une campagne d’arrestations et d’exactions commises dans les centres de détention tels que Kahrizak, Evin et Gohardasht, les autorités iraniennes semblent avoir démarré la phase judiciaire de leur guerre totale contre les réformateurs et le mouvement vert.

L’ampleur de ce procès, son caractère massif et collectif, l’absence totale de toute information préalable des accusés et de leurs avocats démontrent qu’il s’agit une fois de plus d’un véritable show judiciaire stalinien dont la république islamique s’est faite une spécialité. Le bras judiciaire du régime, sous l’égide d’Ali Khamenei, est en effet totalement rôdé à ce genre de situations. Il est passé maître dans l’organisation de procès bidons.

Les informations en provenance de Téhéran sont très riches et nombreuses. Il s'agit d'un événement clé qui peut faire boomerang dans les prochains jours et causer une réaction explosive des masses populaires lors des prochaines manifestations (dès demain, le jour de l'inauguration d'Ahmadinejad) car ce procès ridicule aggrave considérablement le sentiment d'humiliation ressenti par le peuple Iranien à l'issue de l'élection présidentielle.

Lors de la première séance du procès hier samedi, le procureur s’est donné beaucoup de mal pour prouver que les "accusés responsables du récent mouvement de contestation" avaient agi sous l’ordre de l’étranger. Il a cité parmi les conspirateurs des personnalités telles que la lauréate du prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi (voir sa réaction ci-dessous!) et l’historien Abbas Milani. Il a également montré du doigt les groupes défenseurs des droits de l’Homme comme agents de l’étranger pour déstabiliser le régime ainsi que Mir Hossein Moussavi qui "reçoit (selon lui) un soutien crucial de la part des ennemis du régime en Iran et à l’étranger".

En terme de couverture, ce procès a aussi été un classique du genre ! Seule l’agence de presse semi-officielle Fars News qui a des liens très forts avec le corps des Gardiens de la Révolution a pu rendre compte des échanges lors de ce procès. Il est aussi important de noter que presque simultanément, le quotidien ultra-conservateur Kayhan, publiait les chefs d’inculpation et la théorie centrale du complot déjoué dans des termes quasi identiques. Les sites réformateurs ont immédiatement relevé qu’une littérature "Kayhan-esque" était visiblement utilisée et dans l’énoncé des faits et dans les propos tenus par les accusés.

Mohammad Ali Abtahi, l’ancien vice président de Mohammad Khatami, l’un des blogueurs les plus lus en Iran, était l’une des deux personnes qui étaient appelées hier à se défendre. "Je crois que les réformateurs s’étaient préparés pour cette élection depuis 2-3 ans dans le but de limiter les pouvoirs du Guide suprême. Je veux dire à tous nos amis qu’il n’y a pas eu de fraude électorale et que toute cette histoire de fraude était un mensonge pour créer un mouvement de protestation", a dit Abtahi, selon Fars News. Il a ajouté que pour divulguer cette fausse information sur la fraude électorale, Moussavi, Khatami et Rafsanjani s’étaient promis de se soutenir mutuellement (Rafsanjani, qui risque également gros, a d’ailleurs fortement critiqué le procès).

Mohammad Atrianfar, un journaliste reconnu et un ancien adjoint du ministre de l’Intérieur était également présent au procès ainsi que Behzad Nabavi, Mohsen Safai-Farahani et Kian Tajbakhsh, un chercheur Irano-Américain arrêté le mois dernier.

Le procureur adjoint de Téhéran, Abdolreza Mohebati, a aussi fait référence à Maziar Bahari, journaliste à Newsweek et emprisonné également, pour évoquer le rôle des médias étrangers dans la divulgation des rumeurs concernant la falsification du scrutin. Plus tard dans la journée, Maziar Bahari s’est présenté devant la presse en marge du procès pour confirmer que les médias voulaient effectivement organiser une "révolution de velours". Il a ensuite demandé pardon au peuple iranien et au Guide suprême Ali Khamenei.

Il y a eu des passages très confus dans les propos tenus par Mohammad Ali Abtahi qui laissaient penser que les affirmations étaient l’objet d’un compromis entre les opinions de l’accusé et ce que ses interrogateurs voulaient lui entendre dire.


Réactions

Les réactions à cette parodie de procès ont été très nombreuses.

Mohammad Khatami
L’ancien président Mohammad Khatami a déclaré sur son site Internet que ce procès était une honte. "Ce qu’ils ont appelé le procès des accusés des événements récents est contraire à la Constitution et aux règles élémentaires de droit. Ce procès n’a aucune valeur légale. En plus des arrestations et de l’emprisonnement, des manquements graves aux droits de ces accusés ont été constatés pour la tenue de ce procès public. Aucun information préalable n’a été transmise aux accusés et à leurs avocats". Khatami encourage également dans ce communiqué les autorités à rechercher les responsables des exactions et des meurtres qui ont eu lieu dans les centres de détention. Source.

Shirin Ebadi
Le prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi: "Il y avait plus de 100 erreurs juridiques dans le réquisitoire prononcé. Les accusations étaient à sens unique et présentées de façon expéditive. Les accusés ont été mis sous pression et ils n’avaient pas accès à leurs avocats. Les confessions obtenues sous la torture sont dépourvues de toute valeur juridique. Beaucoup de propos qui ont été décrits comme confessions ne représentent en réalité aucun délit. Madame Ebadi a ajouté au sujet de Maziar Bahari, journaliste à Newsweek et emprisonné également : "Il travaille pour Newsweek et il est naturel qu’il soit payé par son employeur. Ces messieurs se mettent en colère quand les événements qu’ils ont eux-mêmes causés sont rapportés dans le monde entier. Ils appellent le journaliste espion". Source.

Mir Hossein Moussavi
Dans le procès d’hier, on nous dit que les fils de la révolution ont avoué d’avoir eu des liens avec l’étranger et d’avoir visé le renversement du régime! Ce procès est une mise en scène. Ses organisateurs ont perdu toute crédibilité. Les dents des tortionnaires et des confesseurs touchent maintenant les os du peuple. Dans un procès où tout est mensonge et fraude, ils espèrent démontrer que l’élection n’était pas frauduleuse!

Si vous n’êtes pas du genre à frauder, alors montrez le au moins dans les apparences lorsque vous mettez en scène un procès judiciaire. En évoquant des faits totalement hors sujet, en citant des livres sans intérêt, en utilisant des reportages de journalistes totalement inconnus et en se fondant sur des confessions obtenues visiblement sous une torture digne du Moyen Âge, recherchent-il vraiment à convaincre le peuple ? Les gens ont de la sympathie avec les fils dont ils sont restés sans nouvelle depuis 50 jours. (A nos frères en prison, je dis), ne soyez pas tristes! Sachez que le peuple vous comprend et sait que le sauvetage de vos vies est prioritaire sur tout le reste. Source.

Mohammad-Reza Tabesh
Dans un entretien à Parliamentnews, Mohammad-Reza Tabesh, le chef du groupe des réformateurs au parlement, se dit très choqué par la façon suivant laquelle ce procès a été tenu. "Si le Guide était informé de la situation dans les prisons, du traitement réservé aux détenus et à leurs familles, de la violation de la loi, tout comme lorsqu’il a ordonné la fermeture du centre de détention de Kahrizak, il aurait immédiatement fermé ces centres aussi, modifié l’administration de la justice pour une conduite plus équitable des procès. Il aurait ordonné que les responsables de ces actes soient punis. Tabesh a aussi ajouté que selon l’épouse de Mohammad Ali Abtahi, ce dernier a perdu 18 kg en 43 jours de détention et qu’on l’obligeait à prendre des tranquillisants depuis quelques jours pour le réduire mentalement. Source.


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