dimanche 23 novembre 2014

Lettre de Behnam Ebrahimzadeh, syndicaliste et prisonnier de Radjaï Shahr


Il y a eu le massacre de masse des enfants de Gaza, le massacre et le viol des femmes et des jeunes-filles de Shingal en Irak et de Kobanh en Syrie par Daesh, les milliers de vies perdues à cause du virus Ebola en Afrique Occidentale, et maintenant les attaques des femmes iraniennes à l’acide à Ispahan ont attiré l’attention des médias et des réseaux sociaux. Les attaques à l’acide sont aujourd’hui devenues l’évènement qui fait le buzz.

Il est intéressant de noter que la justice et les forces de sécurité n’ont pas réussi à attraper les criminels qui ont commis ces attaques acides. Le récent discours d’un membre du parlement iranien et plusieurs autres officiels indiquent clairement que ces attaques sont dans la droite ligne du décret religieux appelé « promotion de la vertu » qui a pour but le contrôle des femmes dans la société. Les attaques à l’acide ont créé une situation amère et lamentable pour tous. L’attaque brutale des femmes et le jet d’acide à leur visage est un acte sale, répugnant et inexcusable. Cette action vicieuse vise à miner la sécurité publique en utilisant les méthodes les plus inhumaines ; de mon point de vue, c’est le pire des crimes, comparable aux activités terroriste de Daesh.

Malheureusement, en dépit des grandes manifestations dans plusieurs régions d’Iran et surtout à Ispahan, les criminels qui ont commis ce crime barbare n’ont toujours pas été arrêtés. Il est évident que les forces de sécurité arrivent à arrêter immédiatement les militants politiques et sociaux qui préparent une manifestation, mais qu’ils n’arrivent pas à identifier les responsables de ces attaques acides. Leur conduite et leur pratique mettent la dignité et les valeurs humaines en question. L’empathie avec la peine et les souffrances des victimes de ce crime violent n’est qu’une petite étape il est du devoir de tous de soutenir les victimes pour alléger tant soit peu leur souffrance. Il est important en même temps d’extirper ce danger de la société et c’est ce que la population attend au minimum du gouvernement.

En conclusion, il est critique de renforcer l’unité sociale pour tenter de soigner les anxiétés et les peurs causées par des crimes aussi dérangeants. Les victimes des attaques acides devraient recevoir un traitement acceptable et répondant aux normes et bien sûr gratuitement. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour aider les victimes des attaques acides à guérir complètement et ne pas hésiter à remonter le moral de leurs familles. Nous devons condamner fermement les attaques acides contre les femmes.

Le 25 novembre est la journée internationale de protestation contre les violences faites aux femmes. C’est la meilleure occasion de manifester notre soutien aux victimes des attaques à l’acide et dénoncer toute violence faite aux femmes.

Behnam Ebrahimzadeh (Assad) prisonnier politique détenu à la prison de Radjaï-Shahr, section 4 du département 12, le 26 octobre 2014, Karadj, Iran

Source : https://hra-news.org/en/articles/throwing-acid-women-doomed-behnam-ebrahimzadeh

Sur les attaques à l’acide

Suite à une série d’attaques violentes contre des femmes en Iran durant laquelle des individus non-identifiés ont jeté de l’acide au visage de femmes dans la ville d’Ispahan soit disant parce qu’elles étaient mal voilées, la défenseur des droits humains de premier plan Nasrine Sotoudeh a dit à la Campagne Internationale pour les Droits Humains en Iran que le projet de loi « Pour la protection des promoteurs de la vertu et des adversaires du vice » doit être immédiatement suspendu.

« Disséminer dans la population des individus non-identifiés non-éduqués pour promouvoir la vertu est complètement contraire à la loi, les principes de la loi et le raisonnement de la loi ; et c’est une menace pour la population qui doit être arrêté immédiatement » a dit Nasrine Sotoudeh.

« J’espère que les horribles incidents d’Ispahan serviront de signal d’alarme pour les autorités et pour éliminer ce plan…. Les autorités doivent penser à eux-mêmes : est-ce que leurs propres filles, épouses et sœurs répondront aux critères des « adversaires du vice », sinon, devront-elles en payer le prix ? »

L’agence de presse ISNA a été la première à publier la nouvelle d’une attaque à l’acide le 16 octobre 2014. Dans les rapports qui ont suivi, il est apparu petit-à-petit que les attaques à l’acide avaient commencé plusieurs semaines auparavant. Les médias officiels n’ont, à ce jour, rapporté que quatre attaques à l’acide à Ispahan, mais les rapports officieux laissent penser qu’il y aurait eu jusqu’à onze victimes, dont l’une serait décédée de ses blessures.

Ces jours derniers, le ministre iranien de l’intérieur a demandé dans une lettre au chef de la justice de revoir le « plan de protection des promoteurs de la vertu et des adversaires du vice ». Pourtant, Mohammad Dehghan, membre du bureau du parlement, a dit le 20 octobre : « La révision de ce plan ne peut être stoppée par la lettre d’un cadre. Le gouvernement peut annoncer son accord ou son désaccord avec certains articles et ses motivations pendant une session publique. » Le plan a reçu un accord préliminaire du parlement iranien le 21 octobre, mais il doit encore franchir d’autres étapes de procédures et obtenir l’approbation d’institutions officielles avant d’être promulgué.

Lors d’un récent discours, sur la réponse à donner au problème des mal-voilées, l’imam du vendredi d’Ispahan, Mohammad-Taghi Rahbar a déclaré que la promotion de la vertu et l’opposition au vice doit dépasser le simple avertissement verbal. Quatre jours après que les attaques à l’acide aient été rendues publiques, il a cependant infirmé ses déclarations précédentes et a dit : « Je n’ai pas dit que les avertissements devraient dépasser la notification verbale. »

Bien que dans les premiers rapports la connexion entre les attaques acides et le fait d’être mal-voilée ait été minimisé, dans un reportage sur l’attaque de Soheila Djorkesh, l’une des victimes, le journal Farhikhtegan a écrit le 20 octobre : « les familles des victimes d’Ispahan ont dit qu’avant de jeter l’acide sur leurs victimes, les agresseurs ont dit : ‘nous nous opposons aux mal-voilées’. »

Néanmoins, le porte-parole de la justice, Gholam-Hossein Mohseni-Edjeï, a réfuté tout lien entre les attaques à l’acide et le fait d’être mal-voilée. « Contrairement aux allégations de certains sites Web, rien n’est encore confirmé » a-t-il dit aux journalistes le 20 octobre d’après ISNA.

Abbas-Ali Mansouri-Arani, membre de la commission parlementaire iranienne de la sécurité nationale et de la politique étrangère, a dit que les attaques à l’acide étaient probablement l’œuvre « des espions étrangers ». Il a ajouté : « Certains essaient de créer un lien entre ce problème et les discussions sur le hidjab, la chasteté et devoir religieux de la promotion de la vertu et de l’opposition au vice. C’est exactement ce que fait Daesh en Irak et en Syrie, agir contrairement à la charia pour donner à l’islam un visage violent. »

Radio Farda a cité une source le 16 octobre qui disait que durant les dernières semaines, au moins six jeunes femmes victimes des attaques à l’acide, avaient été hospitalisées à l’hôpital Feiz d’Ispahan. Cette source disait que toutes les six étaient «  de belles jeunes-femmes qui ne portaient pas le tchador. »

ISNA a écrit le 16 octobre que des motocyclistes non-identifiés avaient jeté de l’acide sur une jeune femme au volant d’une voiture la veille au soir. C’était en fait le premier article sur les attaques à l’acide publié par une agence de presse gouvernementale.

Cinq jours après la publication des attaques à l’acide, le secrétaire d’état à l’intérieur, Morteza Mir-Bagheri, a prétendu que les attaques à l’acide ne constituaient pas une série, et que, d’après un rapport du gouverneur d’Ispahan « dans toute la province d’Ispahan, il n’existe absolument aucune inquiétude sur les attaques à l’acide » bien que les journaux aient rapporté que les habitants d’Ispahan pensaient que leur sécurité était compromise.

« L’horrible nouvelle des attaques à l’acide d’Ispahan a mis en danger la sécurité des habitants de cette ville. Les femmes et les jeunes filles de cette ville s’occupent maintenant de leur propre sécurité, sortant moins et s’enfermant chez elles » écrit le journal Etemad le 20 octobre, et il ajoute « et celles qui sortent, n’ouvrent les vitres de leurs véhicules qu’avec peur et en tremblant, font ce qu’elles ont à fait à l’extérieur rapidement, pour se confiner dans leurs voitures aux fenêtres fermées. »

La police d’Ispahan avait déclaré plus tôt que les attaques à l’acide étaient le fait d’une seule personne mais les scènes décrites dans les reportages indiquent que deux motocyclistes avaient commis ces attaques. Le secrétaire d’état à l’intérieur a plus tard déclaré que « trois ou quatre suspects »avaient été arrêtés. Il n’expliquait pas davantage pourquoi on ne savait pas exactement s’il y avait trois ou quatre personnes détenues.

L’avocate Farideh Gheriat a dit à la Campagne que le code pénal islamique ne préconisait pas de peine précise pour les attaques à l’acide. « Dans le code pénal islamique, la peine pour les attaques à l’acide n’est pas explicitement définie. Pour déterminer la peine pour ce genre de crime, des lois similaires ont été utilisées ; elles incluent le paiement du diyah (le prix du sang) pour les blessures. Si la victime n’accepte pas le diyah, la peine appliquée sera le talion. Ce qui veut dire que pour chaque partie du corps perdue, la même partie sera retirée du corps du coupable » a dit Gheirat à la Campagne.

Dans une interview avec le journal Farhikhtegan, Bahman Keshavarz, avocat célèbre de Téhéran a dit : « Le cas similaire le plus important est peut-être ce qui s’est passé à Kerman il y a plus de dix ans. Un groupe à Kerman a commis une série de meurtres de personnes qu’ils avaient eux-mêmes choisies pour améliorer l’éthique de la société. Ils ont été condamné suivant la loi du talion et aussi au diyah. »

Source : http://www.iranhumanrights.org/2014/10/sotoudeh-on-acid-attacks/

samedi 22 novembre 2014

Semaine 47 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Mostafa Daneshjou hospitalisé.
  • Abdolreza Ghanbari, enseignant, transféré de Borazdjan à Radjaï Shahr.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Alireza Djahanshahi séminariste, arrêté lors des prières du vendredi à Semnan.
  • Atta Radjabi, bahaï, arrêté à Hamedan.
  • Hassan Tafah, 85 ans, souffrant d’une leucémie est de retour à Radjaï Shahr à la fin de sa liberté provisoire pour raisons médicales.
  • L’Hodjatoleslam Ali Zakeri est de retour à Evine à la fin de sa liberté provisoire.
  • Saïd Yassaï, membre de Halgheh Erfan, arrêté.

C-Libérations
  • Mohammad-Amin Abdollahi, prisonnier politique kurde, en liberté provisoire.
  • Maryam Alsadat-Yahyahvi libérée.
  • Hossein Derakhshan, père du blog en Iran, amnistié par le guide suprême.
  • Seyyed Ali-Asghar Gharavi, journaliste et religieux, libéré à la fin de sa peine.
  • Faran Hessami, bahaïe, en liberté provisoire pour 3 jours.
  • Mostafa Nili, militant étudiant, libéré à la fin de sa peine.

D-Autres Nouvelles
  • Siamak Ghaderi, journaliste, reçoit le prix International Press Freedom 2014 de la CPJ.
  • La détention provisoire d’Arash Sadeghi prolongée de 2 mois.

Nouvelles de l’injustice en Iran
    • Nemat Fatehi, militant kurde, condamné à 15 ans de prison en appel.
  • Mohsen Khoda-Bandeh-Lou, militant kurde, condamné à 15 ans de prison en appel.
  • Iradj Lohrasb, bahaï, condamné à deux ans de prison pour activités sur Facebook.
  • Tanaz Mohammadi, bahaïe, condamnée à un an de prison pour activités sur Facebook.
  • Kianoosh Rostami, militant kurde, condamné à 15 ans de prison en appel.
  • 2 pendaisons à Zahedan jeudi dernier.
  • 3 pendaisons publiques à Bandar Abbas samedi.
  • Une pendaison à Ghaem Shahr jeudi.

L’université – la Culture
  • L’intervention du professeur Mostafa Malekian annulée par des basidjis..

Manifestations 
  • Le sit-in devant le barreau de Téhéran continue en soutien à Nasrine Sotoudeh.
  • Manifestations à Yassoudj ; il y a plusieurs arrestations.
  • Manifestation en soutien à Mohammad-Ali Taheri devant Evine.
  • es milliers de personnes manifestent contre un changement du code du travail.

L’Iran à l’étranger 
  • Le chef de la sécurité intérieure chinois se rend en Iran pour plus de coopération anti-terroriste.
  • L’Iran utilise une banque chinoise pour transférer de l’argent aux entreprises liées à Qods.
  • La résolution de l’ONU sur l’Iran est adoptée par 78 voix pour et 35 contre.
  • Une chambre de commerce Iran/Amérique a été établie au Maryland.

L’économie en Iran 
  • Les recettes des aéroports iraniens ne couvrent pas leurs dépenses.
  • Une chambre de commerce Iran/Amérique a été établie au Maryland.
  • 58% d’augmentation des échanges commerciaux avec les pays de l’UE.

Politique en Iran
  • Pour la quatrième fois, le candidat au ministère des sciences est refusé par le Parlement.

Nouvelles en vrac
  • L’Iran gagne la médaille d’or aux championnats du monde d’haltérophilie.
  • Le domicile de deux bahaïs d’Hamadān brûlé.
  • Les funérailles de Mostafa Pashaei, chanteur populaire attirent dans la rue les plus grandes foules depuis les manifestations monstres de 2009.

Sur le blog cette semaine


Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

lundi 17 novembre 2014

Lettre de soutien de 30 organisations de défense des droits humains et de la société civile soutenant la résolution de l’assemblée nationale de l’ONU sur la promotion et la protection des droits humains en Iran

Aux états membres de l’assemblée générale de l’ONU,

Votre excellence,

Nous soussignées, organisations des droits humains et de la société civile, vous écrivons pour demander instamment à votre gouvernement de voter en faveur de la résolution A/C.3/69/L.33 sur la promotion et la protection des droits humains en république islamique d’Iran. Ce vote aura lieu durant la 69ème session de l’assemblée générale des Nations Unies, prévue lors du troisième comité le mardi 18 novembre 2014.

Cette résolution offre une excellente opportunité pour rappeler les inquiétudes actuelles sur les droits humains identifiées par les membres de la communauté internationale et la société civile iranienne. 16 mois après l’entrée en fonction du président Hassan Rouhani, qui a gagné l’élection après avoir promis d’améliorer la situation des droits humains, ceux qui vivent en Iran continuent de souffrir de violations de leurs droits par les autorités. En fait, durant le mois précédant la revue périodique universelle de l’Iran (UPR) au conseil des droits humains à l’ONU, plusieurs états membres ont exprimé leur consternation devant le manque de progrès durant ces quatre dernières années, y compris sur beaucoup des recommandations que l’Iran a accepté durant le dernier cycle d’UPR en 2010.

Les violations des droits humains sont profondément enracinées dans les lois et les politiques d’Iran, ce qui crée de sérieux obstacles aux réformes nécessaires. Le 28 octobre 2014, le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en république islamique d’Iran, le Docteur Ahmed Shaheed, a relaté que la situation des droits humains en Iran « continuait à susciter de l’inquiétude » et a détaillé les violations des droits à la vie, à être libéré de la torture et de la discrimination basée sur le sexe, la religion et l’ethnie, les droits à l’éducation, à la santé, à un procès équitable, la liberté d’expression, d’association, d’assemblée, de religion et de foi, ainsi que les limites imposées à la presse. En dépit de son invitation de 2005 aux procédures spéciales des Nations Unies, l’Iran n’est toujours pas désireux d’accepter les multiples demandes de visite. De plus, les autorités ont systématiquement travaillé à saper les efforts de la société civile du pays pour promouvoir et protéger les normes internationales des droits humains.

L’attention continue de la communauté internationale est nécessaire si la république islamique d’Iran doit mettre fin à ces violations et à son manque de coopération. Les états membres de l’ONU doivent continuer à exprimer leur inquiétude à propos de ces violations. Ce faisant, les états membres soutiennent la société civile ainsi que ceux qui, au sein du gouvernement iranien, désirent des améliorations dans la situation des droits humains. En votant pour la résolution, les états encourageront le gouvernement iranien à donner la priorité aux droits humains et à promouvoir et à protéger les droits de la population iranienne.

Depuis le début de l’année, l’Iran a exécuté au moins 600 personnes. Ce chiffre inclut des mineurs et des individus qui ont pu être exécutés pour avoir pacifiquement exercé leurs droits dont le droit à la liberté d’opinion, d’association et d’assemblée. La peine de mort est souvent appliquée en Iran en désaccord avec les sauvegardes prescrites internationalement. Les autorités ont exécuté Reyhaneh Djabbari le 25 octobre 2014 malgré les appels répétés des mécanismes des droits humains de l’ONU, dont le bureau du haut-commissaire aux droits humains de surseoir à l’exécution, sans prendre en compte que l’instruction ne respectait pas les normes internationales d’un procès équitable. De plus, la grande majorité des exécutions en Iran est mise en œuvre pour des délits, comme les délits liés à la drogue, qui ne répondent pas aux critères de « crimes les plus sérieux ». La loi iranienne impose la peine de mort pour des relations sexuelles librement consenties entre adultes, comme l’adultère et les relations homosexuelles, et pour des crimes financiers. L’Iran continue d’exécuter en public malgré les appels du secrétaire général de l’ONU adressé aux autorités à mettre fin à cette pratique.

Les exécutions pour atteintes à la sécurité nationale, qui peuvent avoir des motifs politiques, semblent être mises en œuvre de façon disproportionnée contre les membres des communautés ethniques iraniennes dont les Arabes d’Ahvaz, les Kurdes et les baloutches. Les groupes de défense des droits humains s’inquiètent de la situation de 33 Kurdes sunnites, détenus pour la plupart à la prison Radjaï Shahr de Karaj qui risquent une exécution à tout moment. Ces hommes ont été condamnés à mort suite à des procès grossièrement injustes ; les garanties de base, comme le droit à la défense, n’ont pas été respectées, en contradiction avec les normes internationales d’un procès équitable.

Le rapporteur spécial et les organisations des droits humains continuent à exprimer leur profonde inquiétude pour le nombre de militants, de journalistes, de défenseurs des droits humains, de féministes, de syndicalistes, d’étudiants et de membres des minorités ethniques et religieuses actuellement en détention arbitraire. Les prisonniers iraniens risquent toujours la torture ou d’autres mauvais traitements, dont la détention prolongée à l’isolement et le refus de traitement médical. On leur refuse régulièrement l’accès à un avocat ou à des procès équitables. Beaucoup de détenus sont poursuivis sous des accusations vagues d’atteintes à la sécurité nationale, qui sont régulièrement utilisées pour réduire au silence l’expression pacifique, les associations, les assemblées et les autorités religieuses. En juillet 2014 par exemple, la journaliste Sadjedeh Arabsorkhi a commencé à purger sa peine d’un an d’emprisonnement pour « propagande contre le système. » Il semble que cette accusation est liée aux lettres ouvertes adressées à son père Feyzollah Arabsorkhi, ancien secrétaire d’état au commerce et membre influent d’un parti politique réformateur à l’époque de son emprisonnement.

La discrimination systématique des femmes tant par la loi qu’en pratique mérite aussi que l’on s’y intéresse. Ces dernières années, les autorités ont de plus en plus mis en place des mesures discriminatoires visant à réduire l’accès des femmes à l’éducation supérieure, comme les quotas basés sur le sexe, et ont adopté de nouvelles politiques de contrôle des naissances qui ont pour résultat un accès réduit à la santé sexuelle et aux programmes de planning familial. Les autorités continuent de persécuter ceux qui protestent contre les lois et pratiques discriminatoires, souvent en les accusant de vagues délits contre la sécurité nationale. Ce mois-ci, par exemple, Ghoncheh Ghavami a appris sa condamnation à un an de prison et à deux ans d’interdiction de sortie du territoire par un tribunal de Téhéran pour « propagande contre le système. » Elle a été arrêtée pour avoir protesté contre l’interdiction faite aux femmes d’assister aux matchs dans les stades pendant un matche de l’équipe nationale iranienne de volley-ball.

Cette résolution sur la promotion et la protection des droits humains en Iran lors de la 69ème assemblée générale de l’ONU est une opportunité en or pour que la communauté internationale puisse exprimer son inquiétude sur les droits humains. La résolution accueille favorablement les récentes déclarations positives des officiels iraniens tout en attirant l’attention sur la large gamme des violations. De plus, la résolution appelle les autorités à coopérer avec les procédures spéciales de l’ONU dont le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en république islamique d’Iran.

Les vraies mesures du progrès sont une coopération substantielle avec les mécanismes de l’ONU et des améliorations sensibles sur les obligations légales internationales de l’Iran. En votant en faveur de cette résolution le 18 novembre, l’assemblée générale de l’ONU enverra un signal fort au gouvernement et aux Iraniens : le monde se préoccupe de réelles améliorations des droits humains dans le pays.

Nous prions votre excellence de croire à l’expression de nos respectueuses salutations.

  • Roya Boroumand, directrice de la Fondation Abdorrahman Boroumand
  • Hannah Forster, directrice du Centre Africain pour les Etudes sur la Démocratie et les Droits humains
  • Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe des programmes Moyen-Orient et Afrique du Nord, Amnesty International
  • Kamran Ashtari, directeur d’Arseh Sevom
  • Thomas Hughes, directeur d’Article 19
  • Moon Jeong Ho, Commission Asiatique sur les Droits Humains
  • Alireza Ghouloucou, Association pour la Défense des Prisonniers Politiques Azeris en Iran
  • Teymour Aliassi, représentant de l’ONU, Association pour les Droits Humains au Kurdistan d’Iran – Genève (KMMK-G)
  • Mansour Bibak, codirecteur, Groupe pour les Droits Humains au Baloutchistan
  • Docteur Shirine Eabadi, fondatrice et présidente, Centre des Défenseurs des Droits Humains
  • Renate D. Bloem, représentant de l’ONU Civicus
  • Comité de direction Comité des Reporters des Droits Humains
  • Joël Simon, directeur, Comité de Protection des Journalistes
  • Lucia Nader, directrice, Conectas Direitos Humanos
  • Raphaël Chenuil-Hazan, directeur, Ensemble contre la Peine de Mort
  • Michelle Kissenkoetter, directrice de bureau Asie Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH)
  • Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord, Human Rights Watch
  • Mani Mostofi, directeur, Impact Iran
  • Hadi Ghaemi, directeur, International Campaign for Human Rights in Iran
  • Jessica Stern, directrice International Gay and Lesbian Human Rights Commission
  • Phil Lynch, directeur International Service for Human Rights
  • Mahmoud Amiry-Moghaddam, directeur Iran Human Rights
  • Rod Sandjabi, directeur Iran Human Rights Documentation Center
  • Saghi Ghahraman, présidente Iranian Queer Organization (IRQO)
  • Mehrangiz Kar, présidente Siamak Pourzand Foundation
  • Mahmoud Enayat, directeur Small Media
  • Itoro Eze-Anaba, Partnership for Justice
  • Hassan Nayeb Hashem, représentant au conseil des droits de l’homme de Genève Südwind: All Human Rights for All in Iran
  • Firouzeh Mahmoudi, directrice United for Iran
  • Mohammad Mostafaei, directeur  Universal Tolerance Organization
Source : http://www.iranhrdc.org/english/news/press-statements/1000000549-joint-letter-from-thirty-human-rights-and-civil-society-organizations-supporting-un-general-assembly-resolution-on-promotion-and-protection-of-human-rights-in-iran.html?utm_content=buffercce02&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer

dimanche 16 novembre 2014

Les « bienheureux » qui rêvent du ciel dans leurs cellules – Massoud Bastani – 30 Octobre 2014 - Roozonline

Les prisonniers de Gorgan 

Ce qui suit constitue les deux premières parties d’un rapport sur les bahaïs de Gorgan, une ville du nord de l’Iran, emprisonnés à la prison de RadjaI Shahr, située dans la ville de Karadj, dans la banlieue de Téhéran. Voici le dernier groupe, les prisonniers dont la seule faute est leur hétérodoxie religieuse.

Kourosh Ziari, le Thérapeute « heureux »

Kourosh Ziari est un homme de 50 ans, très heureux et très amusant. Il a fabriqué un jeu de jacquet avec du carton et des bouchons que l’on peut se procurer en prison ; il y joue avec tant de passion que je crois que c’est ce qu’il préfère à tout. Il jette les dés et il jure et fait rire à gorge déployée même son adversaire. Parfois, j’appelle cela « la thérapie heureuse » et quand je passe près de lui, je lui demande en blaguant « Vous êtes encore occupé Docteur, n’est-ce pas ? » Quand le dé ne lui est pas favorable, il crie très fort : « Oh non ! Cette fois, j’ai perdu la chance ! » C’est devenu une expression commune que tout le monde utilise dans notre cellule.

Il vivait dans la ville de Gonbad, proche de Gorgan, avec sa famille jusqu’à deux ans et demi auparavant ; il a alors été arrêté après avoir été convoqué à Gorgan. Il est intéressant de noter que le tribunal l’a condamné à cinq ans de prison sur la base de ses réponses à un questionnaire qui ne comportait que deux questions. D’après Kourosh, son avocat a objecté au juge Moghiseh le jour même, soulignant qu’il n’y avait que deux pages dans un dossier de 600 qui concernaient son client ! « Contrairement à certains qui nous accusent d’espionner ainsi que d’autres choses injustes, nous nous considérons comme des bahaïs iraniens et nous ne nous occupons pas de politique ou de renverser un quelconque régime. Notre regard ne se pose que vers les droits du citoyen. » Il ajoute qu’il a voté pour la première fois lors de l’élection présidentielle de 2009 et qu’il a voté pour Mir-Hossein Moussavi. Il croit qu’il a le droit de voter pour améliorer le futur de son pays.

Le moment le plus amer et le plus triste de la vie de Koroush a été l’accident de voiture de son plus jeune fils qui l’a laissé paralysé dès son enfance à cause d’une atteinte à la moelle épinière. Il a maintenant 20 ans, sa santé mentale est parfaite, il utilise un déambulateur et a besoin d’aide pour se mouvoir. « Mon fils ne me rend visite que tous les six mois à cause de son handicap physique ; le fardeau de s’occuper de tout ce dont il a besoin est retombé sur les épaules de sa maman » dit-il.

Koroush a commencé à fabriquer et à vendre des vêtements à force de travail ; aujourd’hui, c’est un commerçant connu et respecté dans la province du Golestan, au nord de l’Iran. Mais la meilleure nouvelle qu’il ait reçue en prison a été l’admission de son fils aîné, Farès, dans une université américaine où il pourra poursuivre ses études. Quand son fils a quitté le pays pour poursuivre ses études, Kourosh a peut-être ressenti le bonheur et la fierté d’un père dans sa solitude.

Maintenant, il distribue des rations de nourriture déshydratées aux prisonniers du couloir 12. Ces rations sont soit déshydratées, soit de la nourriture brute que les prisonniers cuisineront et consommeront pour suivre leurs régimes. Kourosh accomplit cette tâche avec beaucoup de soin et de persévérance ; quelquefois, il est obligé d'utiliser ses dons de comptable, exactement comme lorsqu’il travaillait, pour garder la trace d’une distribution équitable et pour satisfaire tout le monde.

Il souffre d’un disque lombaire et d’arthrose au genou et est toujours à la recherche de soins ; il apprécie cependant la sympathie et l’humanité de ses camarades de cellule, quelles que soient leurs croyances ou leurs affiliations politiques, et la solidarité sans faille dont ils font preuve. Il croit que le monde repose sur deux piliers, la récompense et le châtiment, et que ceux qui oppriment les autres au nom de Dieu finiront par payer pour leur cruauté.

Farahmand Sanaî, le plus humble des hommes, qui avait un rêve

Quelquefois, les rêves en prison prennent beaucoup d’importance, tant même qu’avant de vous le présenter, je préfère relater le rêve d’un homme de 48 ans dont le visage reflète tout ce qu’il a enduré. « C’est le meilleur rêve que j’ai jamais eu en prison, et j’ai senti que tous mes péchés passés m’étaient pardonnés » dit Farahmand Sanaï.

Dans ce rêve, il sentait qu’il s’envolait vers le royaume des cieux dans un vaisseau spatial de la taille d’un minibus avec 19 bahaïs de Gorgan arrêtés en même temps que lui, sous les mêmes accusations il y a deux ans.

Dans son rêve d’ascension, il voyait Abdoul Baha, le successeur du fondateur de la foi bahaïe, qui lui présentait le prophète de l’islam, Mahimet, son successeur, Ali et son petit-fils Hossein. Saluer tous ces personnages célestes et voir la clarté de leurs visages dans son rêve étaient très doux. Il a même vu Moïse dans son voyage au ciel en forme de rêve et lui a demandé pardon pour toutes les anecdotes qu’il avait écouté sur lui dans le monde temporel.

L’histoire de son rêve a peut-être un sens pour nous aider à comprendre la part de spirituel d’une personne qui a toujours été prêt, sereinement et de bon cœur, à aider tous les prisonniers politiques et les prisonniers de conscience.

Pendant qu’il purgeait sa peine, il a accepté divers missions volontaires comme la lessive, la coordination des heures de visite, être membre du conseil des prisonniers du couloir 12 pour aider ses camarades détenus.

Farahmand Sanaï est l’un des prisonniers de Gorgan qui évite catégoriquement l’implication en politique ; il croit que la politique de nos jours est synonyme de mensonges et de tromperie et qu’elle protège de son ombre de mauvaises actions. Son expérience de vie avec des prisonniers politiques l'a conforté dans son idée.

Il a trois filles de 22, 17 et 16 ans. Farhamand était ascensoriste ; il installait des portes automatiques après ses études universitaires. Il affirme que ses meilleurs moments en prison sont les visites de son épouse et de ses filles.

« C’est sûrement pour ça que tu as accepté de coordonner les heures de visite ! » lui ai-je demandé  en plaisantant. « En fait, depuis que j’ai pris cette responsabilité, je m’accorde moins de temps qu’aux autres pour ne pas qu’ils pensent que je suis injuste envers eux » m’a-t-il répondu en souriant.

Farahmand Sanai a été arrêté en octobre 2012 avec son épouse Farahnaz Tebiani et d’autres bahaïs de Gorgan. Après un mois d’interrogatoires, son épouse a été libérée sous une caution de $50.000, mais Farahmand a été envoyé à la prison de Radjaï Shahr de sinistre mémoire. « Que demanderais-tu à ceux qui t’ont interrogé ou jugé si la situation était juste, claire et équitable, » lui ai-je demandé. Il m’a raconté une autre histoire intéressante. Il rapporte que lors des premiers jours après son arrestation et durant les interrogatoires, le téléphone de celui qui l’interrogeait a sonné et Farahmand a compris qu’il parlait à son fils. Après avoir raccroché, il a dit à Farahmand que son fils se plaignait que ses amis ne l’invitaient pas à leurs fêtes d’anniversaire et qu’il ne pouvait pas assister aux autres fêtes auxquelles il était invité. « A cause de ma profession sensible, je ne peux pas permettre à ma famille de se rendre à beaucoup de fêtes ou de beaucoup voyager. Si un jour, il y a un soulèvement ou un changement de régime, toutes les membres des forces de sécurité comme moi seront plus susceptibles d’être persécutés. » a-t-il dit.

Alors Farahmand, sincèrement et honnêtement lui a dit qu’il pourrait se réfugier chez lui avec sa famille si ce jour arrivait. S’il le désirait, Farahmand et sa famille seraient prêts à l’accueillir.

Celui qui l’interrogeait a été tellement surpris d’entendre ces paroles qu’il n’a peut-être pas pris son offre au sérieux, mais cet homme de Gorgan a prononcé ses paroles si doucement et si sincèrement que je n’ai pas mal à le croire.

Il décrit son humeur en prison comme joyeuse, bien qu’il soit extrêmement difficile pour ses filles d’affronter la coupure du lien affectif avec leur père ; chacune d’elles a des souvenirs inoubliables avec lui.

Pour répondre à une question sur sa vision de l’avenir de ses filles en tant que père, il a répondu sans hésitation : « J’ai longuement parlé avec elles et je crois que toutes ont une idée claire sur ses futures études et carrière : elles seront ingénieurs dans les projets de construction. »

Je l’ai interrogé sur sa journée la plus pénible en prison. Sans hésiter, Farahmand a mentionné le voyage de neuf heures que sa famille doit faire toutes les semaines de Gorgan à Karadj pour lui rendre visite. Il m’a dit : « Un soir, sachant que ma famille était en route pour me rendre visite, j’ai entendu qu’un bus qui allait de Gorgan à Téhéran avait eu un accident et était tombé dans une rivière avec tous ses passagers. Ça a été ma pire nuit en prison puisque c’était ce bus que ma famille prenait toutes les semaines pour me rendre visite. Je me suis tourmenté jusqu’à ce que j’apprenne que ma famille n’était pas dans ce bus. »

 Ces voyages hebdomadaires des familles sont la pire inquiétude des prisonniers de Gorgān. Cette inquiétude ne fait qu’accentuer l’amertume de l’emprisonnement en exil. Presque tous, ont déposé des demandes de transfert dans une prison de leur ville Gorgan pour se débarrasser du problème. D’un autre côté, ils font montre de satisfaction dans leurs conversations. Ce fatalisme religieux et cette soumission à la volonté de Dieu prédomine peut-être parmi ceux qui n’ont commis d’autre crime que d’aider leurs coreligionnaires. Tous les prisonniers politiques et les prisonniers de conscience se considèrent comme les représentants d’une idéologie politique ou d’un courant intellectuel. Bien qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour jouer leurs rôles en traitant bien les autres, en respectant leurs droits et en faisant montre de valeurs morales pour impressionner les autres, la réalité de la vie quotidienne en prison pendant des années permet aux prisonniers d’évaluer leurs fois respectives par l’observation immédiate de leurs conduites dans les conditions les plus dures. C’est là que leurs convictions et leurs allégations sont testées au maximum.  Les bahaïs de Gorgan ont réussi le test à cause de leur simplicité, de la pureté de leurs motivations, de leur volontariat au service des autres et parce que la profondeur de leurs convictions spirituelles est indéniable. Tous sont honnêtes, aiment leurs familles et cherchent toujours à servir les autres. C’est peut-être à cause de l’incapacité de quelques personnes au pouvoir à tolérer les autres idéologies, de leur déni des droits des minorités qu’eux et leurs coreligionnaires ont fini en prison, malheureusement. 

En tant que journaliste et auteur de cet article, j’avais le devoir de décrire impartialement ce que j’ai vu et de raconter l’histoire de ce que j’ai ressenti durant les deux années que j’ai passées en prison avec eux. De mes conversations avec les habitants de Gorgan il résulte qu’ils admettaient tous que leur vie en prison et le sentiment de n’être pas discriminés par leurs codétenus avait été une expérience unique, une expérience qu’ils n’ont pu réaliser qu’en prison, ironiquement. La discrimination comme une ombre sale, avait plané au-dessus de leurs têtes et de celles de leurs coreligionnaires durant toute leur vie, et au-dessus de celles de tous ceux dont l’idéologie différait de celle des dirigeants de notre société.

La douleur de la discrimination est inoubliable, une douleur qui se transforme à tous les instants de la vie en un phénomène étrange dont on ne peut se séparer, la discrimination morbide qui a été abolie dans le monde d’aujourd’hui. La société civile tente de l’éliminer et de créer une nouvelle définition des relations entre êtres humains, et entre nous et notre créateur. A quelle distance nous situons-nous de notre but ?

Source : http://www.roozonline.com/persian/news/newsitem/archive/2014/october/30/article/-1de96b49be.html

La lettre d’Obama à Khamenei pourrait être le point de départ à plus de contacts – Fereshteh Gazi – 10 novembre 2014 - Roozonline

Lors d’une interview avec Rooz, un député iranien a dit que l’Iran et les USA voulaient que les négociations nucléaires en cours aboutissent avant la date butoir du 24 novembre pour pouvoir faire la fête. Ahmad Bakhshayeshi a parlé de « signes » dont il pense qu’ils indiquent que les discussions porteront leurs fruits. Ila aussi dit qu’il croyait que l’Iran était désireux d’avoir des relations avec les USA et que la lettre récente du président américain Barack Obama au guide suprême l’ayatollah Khamenei pourrait être le point de départ à plus de contacts entre ces deux pays éloignés, dans tous les sens du terme.

La dernière session de négociations au niveau ministériel a commencé à Oman de l’autre côté du golfe persique le week-end dernier. Mohammad-Djavad Sharif et John Kerry, ministres des affaires extérieures d’Iran et des USA et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton se sont rencontrés pour discuter des points de blocage et y trouver des solutions.

Quelques jours avant la rencontre, les médias américains ont révélé que Monsieur Obama avait écrit une lettre secrète à Monsieur Khamenei le mois dernier. D’après le Wall Street Journal, cette lettre suggérait la possibilité d’une coopération USA-Iran contre les militants en Irak et en Syrie connus sous le nom d’état islamique. Les officiels des deux capitales n’ont à ce jour fourni aucun des détails de cette lettre.

Rooz a parlé au député Ahmad Bakhshayeshi des nouveaux développements entre les USA et l’Iran, ainsi que du problème nucléaire ; il a dit que cette lettre pouvait n’être « qu’une guerre psychologique que certains médias américains avaient voulu créer juste avant les discussions. Aucun officiel en Iran ou aux USA ne s’est avancé à commenter cette lettre. »
Bakhshayeshi a ensuite avancé plusieurs scénarios possible pour ce qui se passe actuellement : « Par cette lettre, Monsieur Obama essaie de dire que les militants de l’état islamique sont les ennemis de l’Iran et des USA et que donc, si un accord est trouvé sur le nucléaire, une coopération pourrait intervenir contre l’état islamique auto-proclamé, comme l’Iran et l’Irak avaient des intérêts communs en Irak ou en Afghanistan contre les talibans. Cette lettre pourrait être un moyen de pression pour un accord lors des discussions sur le nucléaire, même si c’est l’Iran qui doit faire les concessions les plus importantes. Le deuxième scenario c’est que, sans s’occuper du nucléaire, l’Iran et les USA pourraient coopérer dans d’autres champs d’intérêt commun. Il est vrai que lors de ces 32 dernières années, depuis la révolution, les USA ont tout fait pour renverser l’Iran et ses dirigeants en vain, mais pendant cette période il y a aussi eu des hauts et des bas alors qu’il n’y avait plus aucune relation entre les deux gouvernements. Monsieur Obama a compris que les frappes aériennes contre l’état islamique n’amenaient à rien et que seul l’Iran pouvait libérer l’Irak des islamistes en pénétrant en Irak pour y aider l’armée irakienne à s’organiser. Nous avons ainsi coopérer avec les Américains dans le passé contre les talibans et pour régler certains problèmes en Irak. Mais, tandis que nous coopérions avec les Américains en Afghanistan contre les talibans, ils traitaient l’Iran et le gouvernement Khatami de membres de l’axe du mal. Voici leur remerciement. Le troisième scénario est que Monsieur Obama a fini par comprendre qu’il ne pourra pas détruire la république islamique, qui est un régime fort et un point d’ancrage de stabilité au Moyen-Orient, ce qui est un grand progrès. Il vaudrait donc mieux établir des relations même si l’Arabie Saoudite, Israël tentent de faire pression sur les USA. »

De la même façon qu’Obama a été sévèrement critiqué par certains républicains pour cette lettre, Bakhshayeshi souligne que certains éléments s’opposent à la normalisation des relations ou au moins à des discussions avec les USA en Iran. « En Iran aussi il y a des groupes qui croient que le prestige de l’Iran réside dans son opposition aux USA ou dans son affrontement avec eux, que sa réputation auprès des Syriens, des Libanais, etc… serait entachée si l’Iran changeait de position envers les USA. Ils pensent qu’il ne faudrait pas discuter avec eux. D’autres avancent que même le prophète de l’islam, Mahomet, a envoyé des émissaires dans beaucoup de pays et a continué à le faire même si certains ont été ridiculisés. Au bout de 35 ans, chaque partie prenante de ce conflit a compris qu’il ne pouvait détruire l’autre et qu’il fallait donc établir des relations pour maintenir la stabilité dans la région du golfe persique. Les USA ont compris que l’Iran jouissait d’un solide support logistique militaire. Les Américains ont observé l’Iran et ont vu sa grande influence au Liban, en Syrie, en Irak et sur le Hamas. Les USA n’ont pas pu se débarrasser de Maleki alors que l’Iran y a réussi. L’Iran a maintenant davantage d’influence au Yémen, et cela inquiète l’Arabie Saoudite, et donc aussi les USA.

L’Iran a toujours voulu avoir des relations avec les USA si ceux-ci abandonnaient leurs exigences extrêmes. Il n’a jamais été question d’une lutte sans fin entre l’Iran et les USA. L’Iran veut que ses relations internationales soient reconnues et veut jouer son rôle. Et il ne veut pas payer pour ça. L’ayatollah Khomeiny avait dit lui aussi que les relations entre l’Iran et les USA devaient s’établir sur une base d’égalité et si ceux-ci abandonnaient leurs exigences extrêmes les choses peuvent changer. L’une de ces exigences concerne le nucléaire. Qu’est-ce que cela peut faire aux USA que l’Iran veuille enrichir ou pas ? Pourquoi l’Iran doit-il faire l’objet de sanctions ? Si les USA abandonnent ces demandes extrêmes alors l’Iran seront prêts à établir des relations. Les USA ont compris qu’ils ne pouvaient rien faire à l’Iran. Ils ont incité Saddam à attaquer l’Iran lors d’une guerre qui a duré huit ans, ils ont donné le feu vert au Kurdistan et au Turkménistan pour attaquer notre avion. Et rien n’y a fait. Ils en ont conclu qu’ils devaient avoir des relations avec l’Iran, mais sur des bases d’égalité.

Sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, le président a écrit plusieurs lettres à Obama, qui ne les a pas comprises d’un point de vue diplomatique. A travers ses lettres, Monsieur Obama montre la futilité des politiques précédentes. Si c’est le cas, alors tant mieux. Je pense que les deux devraient coopérer contre l’état islamique. S’il y a eu une lettre, alors je pense qu’ils devraient coopérer contre l’état islamique. Ils ont coopéré dans le passé et il ne s’est rien passé. Ce pourrait être le point de départ à plus de contacts.

Je vois trois signes que les discussions se concluront par un accord : le premier, Monsieur Rouhani désire profondément le succès de ces discussions pour générer plus de contacts économiques et plus d’affaires. Je pense que si cela a lieu, le régime des sanctions tombera et l’Iran deviendra une région propice aux investisseurs internationaux. Monsieur Obama aussi désire profondément laisser un héritage positif sur le sujet pour pouvoir dire qu’il a empêché l’Iran d’avoir des armes nucléaires. Donc tous les deux veulent un arrangement sur ce problème. Le deuxième signe est que Monsieur Ryabkof (représentant russe aux discussions sur le nucléaire) a dit que 98% de l’accord est déjà acquis sur le problème nucléaire. Les 2% restants concernent les détails sur les sanctions et l’enrichissement. Le troisième signe, ce sont les paroles de Monsieur Rafsandjani qui a envoyé un message à Obama et aux Américains : s’ils ne peuvent trouver un accord avec ce gouvernement qui émane de l’élite culturelle, alors avec qui pourront-ils le faire ? »

Il conclut en disant que les deux parties veulent célébrer cet accord, mais que, s’il ne devait pas avoir lieu, les discussions se poursuivraient au-delà du 24 novembre.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/november/10/article/obamas-letter-to-khamenei-could-be-a-starting-point-for-more-contacts.html

samedi 15 novembre 2014

Semaine 46 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Ali Aslanpour transféré de l’hôpital à la prison de Radjaï Shahr.
  • Afshine Baymani transféré à l’isolement à la prison de Radjaï Shahr puis de retour à la section générale.
  • Arjang Davoudi transféré à l’isolement à la prison de Radjaï Shahr puis à l’hôpital puis de retour en prison.
  • Ghoncheh Ghavami transférée à la prison de Ghartchak.
  • Seradjedin Mir-Damadi, journaliste, transféré à la section financière d’Evine.
  • Ali Moradi, prisonnier politique kurde, battu et transféré à l’isolement à Minab.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Ahmad et Hossein Al-Bavi, sunnites d’Ahvaz, arrêtés.
  • Abou-Massoud Al-Badavi, sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Seyyed Djassem Al-Boshokeh (Abu-Forough), sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Hassan Al-Hazbavi (Abou-Ali), sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Ahmad Al-Heidari (Abu-Howra) et Hamid Al-Heidari (Abou-Amdjad), sunnites d’Ahvaz, arrêtés.
  • Hatchem Al-Nasseri, sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Aghil Al-Saadi , Amin Al-Saadi (Abu-Yousri) et Shaghigheh-Mohammad Al-Saadi, sunnites d’Ahvaz, arrêtés.
  • Abbas Al-Sari, sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Raham Baraktchizadeh, arrêté durant l’ashoura 2009, se rend à Evine pour purger sa peine de 7.5 ans.
  • Ghazban Beit-Sayah, sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Adnan Rahmat-Panah, bahaï, commence à purger sa peine à Shiraz.
  • Nadjib Raissi, sunnite, arrêté au Sistan-Baloutchistan.
  • Massoud Rezaei, converti au christianisme, commence à purger sa peine de 5 ans à Shiraz.
  • Mohammad  Saedi, sunnite d’Ahvaz, arrêté.
  • Mohammad Tilas-Al-Silavi (Abou-Nasr) et Nasser-Mohammad Tilas-Al-Silavi (Abou-Anas), sunnites d’Ahvaz, arrêtés.
  • 62 citoyens afghans arrêtés lors d’émeutes à Shahr-é-Rey.
  • 230 arrestations au Kurdistan oriental pendant des manifestations en soutien à Kobane.
  • 16 militants sunnites arrêtés durant des cours de Coran.

C-Libérations
  • Amin Al-Saadi (Abou-Yousri), arabe sunnite, libéré après interrogatoire.
  • Behzad (Hossein) Assiaei bénéficie d’une amnistie et est libéré.
  • Seyyed Amar Kalantari, journaliste, en liberté provisoire pour deux jours.
  • Kaveh Rahimi bénéficie d’une amnistie et est libéré.
  • Homayoun Shokouhi, converti au christianisme, en liberté conditionnelle.
  • Reyhaneh Tabatabaï, journaliste, libérée à la fin de ses 6 mois de prison.
  • L'hodjatoleslam Ali Zakeri en liberté provisoire.

D-Autres Nouvelles
  • Arjang Davoudi est en grève de la faim.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Marivan Abdolkarim Reza, Kurde irakien, condamné par la cour suprême à 33 ans de prison pour Moharebeh.
  • Mostafa Shomali, militant des droits humains, condamné à 7 ans de prison.
  • Une pendaison à Mashhad samedi.
  • Une pendaison publique à Shiraz mercredi.

L’université – la Culture
  • Le film iranien « Je ne suis pas en colère » est toujours censuré ; sa distribution est retardée en Iran.
  • Le professeur d’économie de l’université de Semnan Mikael Azimi expulsé après 4 ans d’enseignement.
  • Le cinéaste iranien Darioush Mehrdjoui a reçu la médaille des Arts et des Lettres.
  • Le comité de filtrage refuse le projet de filtrage de Viber.

Manifestations 
  • Un groupe d’étudiants de l’université Internationale de Ghazvine ont manifesté contre les récentes attaques à l’acide contre des femmes à Ispahan et l’échec des autorités à arrêter les coupables..

L’Iran à l’étranger 
  • Kerry, Zarif, Ashton en négociation sur le nucléaire à Oman.
  • Le vice-président irakien Maliki arrive à Téhéran.
  • Un ingénieur nucléaire iranien tué en Syrie.
  • La Russie signe un contrat pour construite deux nouveaux réacteurs nucléaires à Boushehr.
  • Rouhani se rend en Azerbaïdjan.
  • Le ministre de la défense autrichien en visite à Téhéran.

L’économie en Iran 
  • Iran Khodro exporte 1400 véhicules durant les sept premiers mois, 100% d’augmentation par rapport à l’année dernière..

Politique en Iran
  • Mohammad Sarafraz remplace Ezzatollah Zarghami à la tête de l’IRIB.
  • Les bassidjis ont reçu le feu vert pour lutter contre les mal-voilées.
  • Les autorités ont accepté une demande d’accueillir deux rapporteurs de l’ONU sur les droits humains en Iran l’année prochaine.
  • Le ministère iranien des sports a réagi à la pression de l’opinion publique et a annoncé qu’il avait l’intention de réserver une partie des stades qu public féminin. 

Nouvelles en vrac
  • Plus de 170 sans-abri à Kerman après une tempête.
  • La FIVB n’accordera plus aucune competition à l’Iran jusqu’à ce que l’interdiction de la presence des femmes soit levee et Ghoncheh Ghavami libérée.
  • Une autre bahaïe, Nargues Barghi, interdite d’inhumation à Tabriz.

Sur le blog cette semaine


Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

mardi 11 novembre 2014

Lettre de Peyman Aref à Hassan Rouhani : « J’ai voté pour vous, pour que vous ne laissiez pas l’université se transformer pas en caserne. »




Au président de la république islamique d’Iran, l’honorable Docteur Hassan Rouhani

Monsieur le Président,

J’ai fait partie des militants étudiants qui ont pris part aux élections et qui ont voté pour vous en 2013, malgré toutes les réserves dues aux controverses entourant l’élection présidentielle de 2009.

L’une des raisons de mon militantisme politique que ce soit lors de l’élection de 2009 ou de celle de 2013, c’était mon désir de mettre fin, ou à tout le moins de diminuer, les effets du projet de répression contre l’université que le cabinet de Mahmoud Ahmedinejad présenté comme la deuxième révolution culturelle(1) . Il a mené les institutions universitaires au bord de l’annihilation.

Oui, j’ai voté pour vous pour qu’il n’y ait plus de professeur licencié ni d’étudiant « étoilé »(2) .
J’ai voté pour que vous empêchiez que les universités ne se transforment en casernes, pour mettre fin à l’animosité des forces de sécurité contre les étudiants, pour arrêter la traque des étudiants, pour qu’on arrête de leur interdire de poursuivre leurs études et de les emprisonner.

Vous aviez promis qu’il n’y aurait plus d’étudiants « étoilés » et que nul ne serait empêché de poursuivre ses études à cause de son militantisme.

Alors, j’ai voté pour vous. Nous l’avons tous fait, et vous êtes devenu président, avez nommé vos ministres, choisi celui du renseignement et il a été approuvé par le parlement. Pour être juste, vous avez choisi un ministre du renseignement qui avait une réputation de modération, de logique et de raison. Ce choix a rendu espoir à nos cœurs déprimés et réprimés et nous avons commencé à espérer que le ministère du renseignement ne traquerait plus les étudiants, ne les emprisonnerait plus pour raisons politiques, qu’on n’ « étoilerait » plus les étudiants, qu’il ne jouerait plus avec leurs vies et leurs jeunesses et qu’on finirait par leur reconnaître la liberté universitaire.


Vous avez présenté le Docteur Mili Monfared au parlement et notre espoir a grandi d’une réforme dans l’atmosphère gelée de l’université. Il n’a pas été approuvé, alors vous avez présenté le Docteur Djafar Tofighi. Le docteur Tofighi a formé une commission d’urgence pour résoudre les problèmes des étudiants étoilés. Je lui ai envoyé une demande concernant mon admission à l’université de Téhéran en 2012 pour passer mon doctorat après mon excellente place au concours. Mais nous avons découvert que le doyen de l’époque ne m’avait même pas enregistré au bureau des admissions, me fermant la porte de l’université de Téhéran.

Pas de problème, ai-je décidé, je repasserai le concours pour le doctorat et je ne ferai rien pour provoquer les forces de sécurité.

J’ai étudié plusieurs mois et j’ai passé le concours d’entrée en sciences politiques en mars. Je l’ai eu du premier coup avec d’excellentes notes. En mai, j’ai reçu mon admission dans cinq universités, celle de Téhéran, Tarbiat Modarres, Allameh Tabatabaï, Kharazmi et Shahid Beheshti à passer les oraux.

Je les ai passés de mai à juillet et ma note la plus basse était de 85/100. Le huit août, les résultats ont été annoncés. Je suis allé au bureau des admissions, certain de l’avoir obtenue ; mais je n’en ai pas cru mes yeux ; sur mon dossier était écrit « Recalé pour dossier incomplet ; voir le bureau des admissions au deuxième étage. » Je connais très bien le bureau du deuxième étage : le conseil de sélection des étudiants et des professeurs ainsi que son président, le docteur Morteza Nourbakhsh.

Ces escaliers, je les ai montés et descendus entre 2006 et 2011 pour effacer une de mes « étoiles » pour pouvoir défendre ma thèse de doctorat après avoir signé un engagement [de ne plus militer].

Au conseil de sélection, j’ai découvert que j’avais été admis à l’université Tarbiat Modarres, mais le jour même, le ministère du renseignement avait envoyé une lettre au conseil de sélection, citant l’article trois des règles de sélection sur les « ennemis de l’état ». C’est pourquoi toutes mes « étoiles » étaient de retour et je ne pouvais pas poursuivre mes études.

J’ai rédigé une réclamation et l’ai remise au conseil, sur leur propre recommandation. J’ai également écrit une lettre au ministre du renseignement, lui rappelant la signification du mot « ennemi ». J’ai contacté les membres de la commission parlementaire de l’enseignement supérieur. J’ai contacté le ministre des sciences et écrit une réclamation à cette décision ; en réponse, tous, du docteur Tofighi, au docteur Mili Monfared et au docteur Fereydoun ont écrit : « Monsieur Nourbakhsh, s’il vous plaît, réexaminez et résolvez ce problème et tenez-nous au courant. » Le conseil de sélection a transmis mon objection au ministre du renseignement, a rendu l’avis que je devrais être autorisé à poursuivre mes études et demandé au ministre du renseignement de réexaminer le problème. Pendant ce temps, le docteur Faradji-Dana a été récusé par le parlement et j’ai témoigné en sa faveur, ce qui, apparemment, a mis le ministre du renseignement en colère et la traque a recommencé.

La lettre de réclamation a été envoyée à un comité de six membres du ministère du renseignement ; puis un membre intérimaire de ce comité, qui se trouve être celui qui m’interrogeait en prison, a passé mon témoignage en faveur du docteur Faradji-Dana au peigne fin et il m’a attribué malhonnêtement les paroles d’un autre témoin. Cet autre témoin est un ancien militant étudiant de premier plan, très respecté, qui a quitté le pays il y a plusieurs années en raison de cette sorte de persécution, et qui peut donc évidemment exprimer plus librement des points de vue plus radicaux que moi. Ce membre du comité a réussi à changer le vote des deux autres membres et le résultat a été 3-3.

Après quoi, un député courageux et honorable a transmis ma lettre au docteur Alavi, ministre du renseignement, et il a donné un ordre clair pour résoudre le problème et me permettre de poursuivre mes études. Malheureusement, cet ordre n’a pas été suivi par les fonctionnaires. De plus, en raison de ce vote, le comité du ministère du renseignement ne peut donner le résultat du vote, positif ou négatif à la demande du conseil de sélection. La situation perdure à ce jour et le ministère du renseignement refuse de répondre au comité de sélection depuis maintenant plus de 40 jours.

D’après le règlement du haut conseil de la révolution culturelle, si le ministre du renseignement refuse de répondre au conseil de sélection dans un délai de 30 jours, le conseil de sélection a le droit de prendre une décision et de la mettre en œuvre. Mais, à cause de leur peur du ministère du renseignement, le conseil de sélection a refusé de le faire et attend toujours la réponse du ministre qui pourrait ne jamais arriver, même longtemps après la fin de votre mandat.

Et pendant ce temps-là, c’est ma jeunesse et ma vie qui sont gâchées. Ce qui reste, c’est la violation continue de l’article 30 de la constitution (3)  par le ministre du renseignement de votre gouvernement, un gouvernement censé représenter un peu d’air frais raisonnable et modéré, non seulement pour sa politique étrangère mais aussi à l’intérieur, pour que les universités iraniennes n’aient plus d’étudiants « étoilés » ou victimes d’injustice.

Malheureusement, Monsieur le Président, le ciel des universités iraniennes est toujours constellé d’étudiants « étoilés » sous votre gouvernement.

Vous aviez promis le bonheur à la société et à l’université.

Cette semaine, à l’université de Téhéran, vous avez dit que vous tiendriez vos promesses envers les étudiants et leurs requêtes.

Vous êtes responsable des promesses que vous avez faites.

Monsieur le Président, je comprends qu’apporter la modération et la raison à un ministère du renseignement habitué à une conduite violente et à une vision du monde paranoïaque n’est pas chose facile. Je vous demande néanmoins de prendre en compte ce problème important et d’arrêter d’interdit l’accès à l’éducation supérieure sur des bases politiques une fois pour toutes.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mes salutations respectueuses et de mes remerciements anticipés.

Peyman Aref, 12 octobre 2014

1-La révolution culturelle iranienne a suivi immédiatement la révolution de 1979 ; elle a fermé les universités de 1980 à 1983, a interdit des livres et expulsé des milliers d’étudiants et de professeurs de l’université à leur réouverture. Des centaines d’étudiants ont été blessés ou ont perdu la vie lors des attaques violentes contre les campus
2-Les étudiants « étoilés » ont réussi le concours d’entrée à l’université ou qui ont suivi des cours après leur admission à l’université mais à qui on a par la suite, interdit de poursuivre leurs études en raisons de leurs convictions politiques et de leur militantisme, ou, dans le cas des étudiants bahaïs, de leur religion. Les autorités ajoutent de une à trois étoiles aux notes des étudiants pour leur interdire l’admission dans l’université. Cette discrimination a vu le jour peu après l’élection de Mahmoud Ahmedinejad à la présidence en 2005.
3-L’article 30 de la constitution iranienne stipule : « Le gouvernement doit donner à tous les citoyens une éducation gratuite jusqu’au secondaire et doit donner une éducation supérieure gratuite pour répondre à la demande d’autosuffisance du pays. »

Source : https://tavaana.org/en/content/peyman-aref-hassan-rouhani-%E2%80%9Ci-voted-you-keep-universities-turning-barracks%E2%80%9D