samedi 31 juillet 2010

Khamenei: Vous devez m’obéir - Nazanin Kamdar - 22 juillet 2010

La fatwa du guide suprême de la république islamique à propos de lui-même
 
Nazanin Kamdar
 
Le bureau du guide suprême a publié un des ordres les plus importants du deuxième guide du pays. En bref, l’ordre indique que tous doivent obéir à Mr. Khamenei.

L’ordre d’obéir à Mr. Khamenei est publié par lui-même tandis que ces jours-ci, des militants politiques ont envoyé de très nombreuses lettres à l’ayatollah Khamenei mettant en doute ses certificats et ses qualifications au poste de guide. Au tout premier plan, le journaliste emprisonné Issa Saharkhiz qui a listé des accusations contre le guide devant le tribunal.

Suivant le texte publié sur le site Web de l’ayatollah Khamenei, en réponse à la question, comment doit-on obéir au guide, il parle de lui-même comme d’une « branche de la tutelle du prophète Mahomet et des imams infaillibles », « représentant de l’imam caché » et se classe lui-même au même niveau que le prophète de l’islam Mahomet. « La tutelle du faqih (juriste religieux) est la gouvernance du faqih qualifié en l’absence d’imam infaillible. C’est une branche de la tutelle et de la gouvernance du prophète Mahomet et des imams infaillibles. Vous pouvez être dévoués à la tutelle du faqih en obéissant à ses règlements administratifs. »

Suivant la procédure normale, quand le site de l’ayatollah Khamenei publie un texte, tous les médias iraniens sont obligés de le publier en intégralité. Mais beaucoup disent que « l’ayatollah Khamenei n’est pas une source d’émulation, n’a pas écrit de traité et ne peut pas répondre aux questions de cette sorte suivant la jurisprudence shiite. »

Un expert politique a dit à Rooz : « Par cette action, l’ayatollah Khamenei, qui répondait précédemment à des questions non-politiques du niveau de l’administration sanitaire de la ville de Qom, est entré dans l’ère du discours politique. Cette soi-disant fatwa peut être considérée comme un nouveau pas sur le chemin de la dictature personnelle. »

Cette source continue : « Puisqu’il n’a pas écrit de traité et n’est pas considéré comme une source d’émulation, l’ayatollah Khamenei n’a, jusqu’à présent, pas osé s’occuper de ces sujets. Même s’il l’avait fait, cela n’aurait pas été publié en tant que fatwa religieuse. C’est pourquoi cette action est sans précédent. »

Lors de sa dernière réunion avec les législateurs du Majlis, l’ayatollah Khamenei a fait des remarques à propos de sa position et de l’interprétation qui en étaient donnée par certains élus du Majlis, autorisant la disqualification de potentiels candidats réformistes pour les prochaines élections législatives.

Suivant Rajanews, il aurait dit : « Le manque d’obéissance au faqih et au guide suprême est une blessure infligée au régime islamique lui-même et je ne le tolérerai pas de quiconque, individu ou groupe. Grâce à Dieu, de nos jours, tous les individus et tous les groupes suivant la voie de l’imam sont dévoués et obéissants au faqih et au guide suprême. Nous espérons que la désobéissance ne se fera jamais jour. »

Ces derniers mois, des dizaines de religieux et de personnalités politiques dures ont loué le guide suprême par oral et par écrit, tant et si bien que la publication d’un article élogieux à son endroit dans le journal Kayhan a été attaqué par son bureau.

La fatwa récente de l’ayatollah Khamenei a été bien accueillie par les durs des Pasdarans (Corps des gardes révolutionnaires islamiques – IRGC). Le site Web Javan Online, proche de l’IRGC a écrit : « Suivant les règles et procédures d’embauche dans les sociétés et associations d’état ainsi que dans beaucoup d’institutions d’éducation, l’obéissance au guide suprême est un critère essentiel de sélection et ce critère devra dorénavant être examiné encore plus scrupuleusement. »

Source : http://www.roozonline.com/english/news/newsitem/article/2010/july/22//khamenei-you-must-obey-me.html

vendredi 30 juillet 2010

Un rapport de la prison de Radjaï-Shahr - Docteur Saïd Massouri

 Jeudi 29 juillet 2010 – RAHANADans une lettre émouvante, Saïd Massouri, incarcéré depuis 2000, décrit la situation poignante de la prison de Radjaï-Shahr. Le Docteur Saïd Massouri a été arrêté en décembre 2000, dans la ville de Dezfoul et est actuellement détenu dans la section 10 du pavillon 4 de la prison de Radjaï-Shahr de Karadj. Son procès initial et celui en appel l’avaient condamné à mort. De ses 10 ans de prison, il en a passé 3 à l’isolement dans les prisons de Téhéran et Dezfoul. Après des efforts intensifs, sa peine de mort a été commuée en emprisonnement à vie.

Suivant les rapports de RAHANA, Massouri n’a jamais bénéficié de permission pendant ses 10 ans ; pendant sa préventive et son isolement, il a été soumis à des tortures physiques et psychologiques intenses. Massouri a été transféré à la prison de Radjaï-Shahr connue pour ses conditions inhumaines il y a quelques années. Dans une lettre écrite de l’intérieur de la prison et qui est parvenue à l’agence de presse RAHANA « La maison des droits de l’homme d’Iran », Massouri décrit les conditions inhumaines de la prison :

La vie à l’extérieur de la prison continue comme d’habitude et il est difficile d’imaginer quel enfer, quelle tragédie humaine se passent à quelques mètres, derrière les murs de la prison qu’ils côtoient quotidiennement, un peu comme ceux qui vivaient à proximité des camps d’Auschwitz et de Dachau, qui n’avaient peut-être aucune idée de ce qui pouvait se passer derrière les murs de ces camps notoires.

Je veux dépeindre la prison de Radjaï-Shahr, qui parait grande aux citoyens de Karadj mais qui n’est en réalité qu’une très petite prison en raison de sa surpopulation. C’est un monde différent, ressemblant beaucoup à l’enfer décrit dans les films de fiction, plein de feu et de fumée. Un monde rempli de visages brûlés, noirs, ébouriffés, de corps nus couverts de sueur et de marques rouges de piqûres de puce. Un monde plein de pantalons déchirés donc les lambeaux servent de ceintures, de pieds nus et sales, de vêtements portés à l’envers et couverts de puces, déchirés, de claquettes dépareillées. Un monde à l’air pollué, par l’odeur extrême des ordures en putréfaction, par les égouts débordant dans les toilettes, par la toxicité du vomi séché, par le flegme infectieux et les odeurs corporelles de corps vivant dans la promiscuité et ayant rarement l’occasion de se baigner et culminant par l’odeur de l’urine de ceux qui ne se contrôlent plus.

Voilà la toile de fond du formidable tumulte et des cris des prisonniers qui semblent passer leurs journées entières à faire la queue. Des prisonniers faisant la queue debout, une bouteille de plastique retournée à la main pour leur servir de tasse à thé, tassés dans des queues multiples, longues, pour utiliser les toilettes ou prendre une douche, etc…

Des visages décharnés par la malnutrition mais cachés derrière des barbes touffues et des cheveux ébouriffés, des toux déchirantes causées par les problèmes respiratoires dus à la contamination de l’air à l’intérieur, des corps méconnaissables qui rappellent les enfants africains en temps de famine, des masses de prisonniers dans les couloirs, tels des zombies, frappés par la chaleur, leurs yeux sans vie fixant les murs et le plafond, des corps décharnés cherchant les puces dans les coutures des vêtements, des corps frôlant d’autres corps, trop habitués aux images qui les entourent.

Une foule d’autres prisonniers, isolés ou par groupes de deux, incapables de marcher à cause de la foule, regarde les autres qui jouent avec les points de suture sur leurs poignets ou leur cou, posés suite à des automutilations. Beaucoup ont à la main une petite serviette ou un morceau de tissu qui leur sert à s’éponger la sueur sur la tête ou le visage toutes les deux minutes ; cela leur sert également à se masquer la bouche et le nez pour mieux supporter la puanteur de l’air contaminé. Ajoutez à cela le tumulte et le bruit assourdissant de leurs haut-parleurs qui crient des insultes vulgaires, exigeant le silence, ordonnant de respecter les règles en usage aux toilettes et aux douches, etc… On ne réalise la dureté des conditions que lorsqu’on sait que l’endroi,t censé héberger 90 personnes au maximum, contient plus de 1.100 prisonniers. Il y a une douche pour 250 prisonniers, un pain ou un flacon de savon pour 500, une toilette (souvent pleine et en plein dégorgement) pour 170. Pour cinq prisonniers, l’espace disponible est de 5m2, ce qui oblige les prisonniers à utiliser les couloirs et les escaliers ; une couverture pour 5 ou 6 prisonniers ; des prisonniers contraints d’être en dehors de leurs cellules de 19h00 à 07h00, debout, à cause du manque d’espace. Même à l’air libre, on trouve rarement une place. On sert souvent la nourriture sur une feuille de journal et la seule façon pour pouvoir manger est de trouver une place où s’asseoir à l’air libre. Ces conditions touchent également les gardiens qui non seulement sont confrontés à la tâche redoutable de compter les détenus et de garder trace de leur passage, mais encore sont confrontés à toutes sortes de maladies et d’infections.

Il est toujours surprenant d’entendre du matin au soir la télévision parler de dignité humaine, de droits humains et de la façon de gouverner le monde, mais pas un mot de ce qui se passe derrière les murs de cette prison. Apparemment, la santé publique, les douches et les toilettes sont tellement liées à la sécurité nationale qu’en parler est considéré comme un crime contre la sécurité nationale. Prenons par exemple Reza Djoushan, 22 ans, transféré à l’isolement pour avoir eu l’audace d’élever la voix et de se plaindre de la situation. Bien que son transfert à l’isolement n’ait pas été une surprise pour moi, la situation à Radjaï-Shahr et dans d’autres prisons est si terrible qu’elle ne sera pas résolue en envoyant les gens à l’isolement. Rien d’étonnant à ce que beaucoup de prisonniers incarcérés dans les célèbres prisons iraniennes rêvent d’endroits comme les prisons de Guantanamo et d’Abu Ghraib comme de rêves inaccessibles, leur exécution devenant leur seul espoir tangible d’échapper à cette tragédie humaine insupportable.

Saïd Massouri - Prison de Radjaï-Shahr - Juillet 2010

Sources: http://www.rhairan.us/archives/21043

http://negar-irani.posterous.com/24433459

mercredi 28 juillet 2010

Le cyber-guerrier oublié d’Iran – par Azarmehr - @potkazar

Il s’appelle Hossein Ronaghi Maleki, mais il est plus connu sous son nom de guerre sur Facebook, Babak Khorramdin, héros iranien qui a résisté à l’envahisseur arabe depuis son château de Badh pendant plus de vingt ans.
 
Hossein est un surdoué de l’informatique qui a décidé d’utiliser son cerveau pour aider son peuple à vaincre le contrôle du gouvernement et la censure des informations. Pendant les manifestations de l’année dernière consécutives aux élections truquées, Hossein a joué un rôle clé en fournissant des proxies anti-filtrage et mis à jour juste avant les jours des manifestations attendues assurant ainsi une diffusion rapide parmi la cyber communauté iranienne ; ceci aidait les citoyens journalistes à montrer ce qui se qui se passait à l’intérieur de l’Iran au monde entier. Son arrestation était devenue la première priorité du ministère du renseignement. Le guide suprême Khamenei, calife des temps modernes, a remué ciel et terre pour arrêter le Babak des temps modernes qui ébranlait les fondations mêmes de son autorité depuis ses cyber-tranchées.
 
Quand le Babak historique fut capturé, le calife abbasside Al-Mu’tassam a voulu faire passer le message le plus dévastateur à ses partisans en lui infligeant le châtiment le plus barbare ; il ordonna à ses suppôts de lui couper les jambes et les bras, un par un, pour le faire mourir à petit feu.
 
Babak se tamponna bravement le visage avec le sang qui s’écoulait de ses blessures, privant ainsi le calife et le reste de l’armée abbasside de la vue de son visage pâlissant suite à ses hémorragies, pour qu’ils n’aient pas l’impression qu’il puisse sembler effrayé.
 
Depuis son arrestation, Hossein a été soumis aux tortures les plus horribles, et, pour empirer encore les choses, il souffre du cœur et des reins. Son frère Hassan a également été emprisonné même si Hassan n’avait absolument aucune activité politique. Pour lui mettre encore plus de pression, pour le briser complètement, on le força à regarder son frère être torturé pendant un mois, ce qui fait qu’Hassan souffre maintenant de blessures au cou.
 
Le régime refuse à Hossein un traitement médical plus que nécessaire. La dernière fois qu’il a pu s’entretenir au téléphone avec sa mère, il n’a pas pu aller au bout de la conversation à cause de constantes quintes de toux.
 
Hossein Ronaghi-Maleki, notre équivalent actuel de Babak Khorramdin, est désormais en grève de la faim et résiste à toutes les pressions barbares que le régime exerce sur lui pour le faire venir à la télévision d’état pour faire de faux aveux. Il se tamponne le visage de sang pour refuser aux suppôts du régime la satisfaction de l’avoir brisé.
 
Tandis que tant de gens se réjouissent à tort de recevoir des récompenses et des acclamations sans avoir contribué à la lutte contre la censure d’Internet en Iran avec beaucoup d’emphase sur de faux logiciels anti-filtrage non existants, le vrai héros de la cyber-révolution iranienne, Hossein Ronaghi-Maleki est oublié, personne ne s’en occupe, mais il reste fièrement debout et résolu jusqu’à la fin.
 
Original en Anglais: http://azarmehr.blogspot.com/2010/07/irans-forgotten-cyber-warrior.html

dimanche 25 juillet 2010

Rooz - Paul Taylor - La saga d’une victime de la torture reflète l’histoire de l’Iran - 17 juillet 2010

Houshang Assadi est une victime de l’égalité des chances devant la torture. Il a été torturé du temps du shah et encore torturé après la révolution islamique. Il ressent encore les douleurs toutes les nuits.

Ce journaliste ancien communiste de 59 ans qui vit en exil à Paris peut finalement se venger de son ancien tortionnaire, un homme qu’il en est venu à connaître et à craindre sous le nom de frère Hamid grâce à Internet.

Le récit des malheurs d’Assadi reflète l’histoire moderne de l’Iran. Il y relate les horreurs et l’intrigue avec humanité et des touches de poésie et d’humour dans un livre intitulé « Lettres à mon tortionnaire » qui vient d’être publié en version Anglaise.

Quand il a été torturé pour la première fois par la police secrète du Shah, la Savak à la prison Moshtarek de Téhéran à la fin des années 70s, il partageait sa cellule avec un religieux musulman nommé Ali Khamenei. Ils sont devenus amis.

Quand Assadi a de nouveau été torturé dans la même prison au début des années 80s, Khamenei était handicapé suite à un attentat à la bombe et était devenu président de la république islamique, établie après le renversement du shah par la révolution de 1979.

Aujourd’hui, Khamenei est le guide suprême d’Iran supervisant une nouvelle répression des réformistes imposée après les manifestations contre la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinedjad l’année dernière. Certaines des mêmes prisons et techniques d’interrogatoires sont encore une fois utilisées, d’après l’opposition.

Pendant les deux ans de liberté relative qui ont suivi la tourmente révolutionnaire, Assadi est resté en contact avec Khamenei, avant sa seconde arrestation.

Le livre dépeint un Khamenei intellectuel, humain, passionné de littérature, qui apprécie les plaisanteries, méconnaissable par rapport au sévère idéologue fondamentaliste d’aujourd’hui.

CONNAISSEUR DE LA TORTURE

Quand Assadi a été condamné à mort pour avoir soi-disant pris part à un complot communiste visant à renverser le régime islamique, son épouse a contacté le président pour lui demander de l’aide.

Khamenei a envoyé au juge une lettre manuscrite disant simplement qu’il avait toujours été au courant des idées politiques du journaliste. Assadi ne croit pas que ce soit ce qui l’a sauvé de l’exécution.

« Je n’étais pas assez important dans le parti. Ils ont exécuté les membres dirigeants au tout premier niveau. Je ne faisais pas partie du premier cercle. J’étais un journaliste de Mardom, le journal du parti » a-t-il déclaré dans une interview à Reuters.

Assadi a survécu à l’assassinat en masse de milliers de prisonniers politiques ordonné par le dirigeant révolutionnaire, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny en 1988 après avoir déclaré au tribunal qu’il avait renié le parti communiste Toudeh pour devenir un musulman fidèle.

En tant que connaisseur de la torture, il perçoit très distinctement les différences entre ceux qui la pratiquent :

« Le but de la savak était d’obtenir des informations tandis que les islamistes veulent vous casser, vous insulter. »

Frère Hamid l’appelait « mauviette inutile » et le faisait aboyer comme un chien quand il voulait « avouer » pour faire cesser la douleur.

Le but était de faire qu’un pécheur se repente et embrasse l’islam, même s’il n’y avait aucune garantie de finalement éviter l’exécution

Quelques unes des techniques employées :

  • Suspendre les prisonniers par une chaîne attachée aux mains liées dans le dos
  •  Flageller la plante des pieds jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus marcher ou se tenir debout sans endurer le martyre
  • Leur casser les dents et leur refuser de voir un dentiste
Assadi a également été soumis à l’humiliation d’être contraint de manger ses propres excréments et ceux de ses compagnons de cellule gauchistes.

Frère Hamid voulait qu’il avoue faire part d’un complot pour un coup d’état communiste qui aurait été étrangement forgé par les services de renseignement soviétique et britannique.

On lui ordonnait d’écrire ses « aveux » sur des feuilles de papier blanc laissées dans la salle de torture. S’ils ne correspondaient pas à ce qui était attendu, il était soumis à de nouveaux supplices.

« Ils veulent vous faire jouer le rôle qu’ils ont écrit pour vous dans leur propre scénario » dit Assadi, un fou de cinéma qui publiait un magazine de films à Téhéran jusqu’à ce qu’il soit envahi et fermé en 2005, année où il a fui en France avec son épouse.

Avant chaque séance de torture, frère Hamid invoquait les saints des musulmans shiites : « Au nom de la céleste Fatemeh… » Claque !

Quand le tortionnaire était fatigué, il mettait une cassette qui serinait un chant hypnotique shiite rappelant le champ de bataille où Hussein, le petit-fils du prophète Maohemet a été tué : « Kerbala, Kerbala, nous sommes en route… »

La prison de Moshtarek est aujourd’hui un musée avec des expositions dénonçant les tortionnaires du shah. Mais leurs techniques sont encore utilisées à la prison d’Evine, qui s’étend toujours ; c’est le principal centre de détention pour les délinquants politiques, d’après les détenus relâchés.

Maintenant c’est au tour de frère Hamid de transpirer depuis qu’Assadi l’a démasqué alors qu’il donnait une interview à Voice of America en tant qu’ambassadeur dans un pays d’Asie centrale. L’envoyé a été promptement rappelé à Téhéran et mis à la retraite.

Assadi, qui travaille avec son épouse Nooshabeh Amiri pour un site d’information (www.roozonline.com), a posté sur Internet une photo de son tourmenteur en compagnie du président Ahmadinedjad lors d’une visite officielle au Tadjikistan.

« Allah soit loué un million de fois, tu as grossi. Ton double menton s’étale au–dessus de ton uniforme officiel d’ambassadeur » a-t-il écrit. Bien que les yeux bandés la plupart du temps qu’il a passé en prison, il dit avoir clairement vu frère Hamid trois fois.

De jeunes exilés, militants de la démocratie faisant partie du Mouvement Vert interdit ont trouvé de nouvelles photos de frère Hamid, qui a été jusqu’au poste de vice-ministre du renseignement, assistant à une réunion d’anciens ambassadeurs.

Ils ont découvert son addresse, le nom de ses enfants et ont contacté sa fille via sa page FaceBook.

A l’âge d’Internet, même les tortionnaires doivent craindre pour leur intimité.

(Letters to My Torturer; Love, Revolution and Imprisonment in Khomeini’s Iran; published by Oneworld, Oxford Reuters)

Source :http://www.roozonline.com/english/news/newsitem/article/2010/july/17//torture-victims-saga-mirrors-irans-history.html

Défense émouvante d’Issa Saharkhiz derrière le huis clos du tribunal révolutionnaire islamique-1ère partie

Honorables président de la cour et membres du jury,

Je suis sûr que vous savez ce qui va suivre : moi, Issa Saharkhiz, ai été arrêté il y a un an et deux semaines, le 3 juillet 2009 comme indiqué dans mon dossier n° 11257/88/TD, dans la cité de Pandjdastgah, village de Tirkadeh, ville de Nour. Les fonctionnaires du ministère du renseignement de la province du Mazandaran (très probablement de la ville de Sari), sur les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques (y compris le ministre du renseignement de l’époque, Hojjatol-Islam Gholam-Hossein Mohseni-Eje'i et son responsable et supérieur hiérarchique direct Mahmoud Ahmadinedjad, qui, comme indiqué dans les articles 133, 134, 136 et 137 de la constitution est totalement responsable des instructions données à tous les membres de son cabinet et de leur direction) ont commencé, en l’absence de provocation de ma part, à me battre, ce qui a provoqué des blessures sérieuses : oedèmes et meurtrissures des côtés de mon torse et de mes poignets, une blessure au tendon à l’épaule gauche, fractures aux côtes et luxation des os du cartilage de la partie inférieure de la poitrine.

Au moment de mon arrestation, le responsable de l’équipe du ministère de l’information a même déclaré : « Si quelqu’un tente de s’obstiner ou de s’entêter à propos de votre arrestation, même si c’est votre propre enfant, je m’assurerai qu’il soit puni en conséquence. » Cette affirmation révèle d’elle-même son jugement a priori sur ma personnalité, basé sur les idées de ses supérieurs (peut-être le ministre lui-même)

Les tortures lourdes, les bastonnades et les coups que j’ai subis d’au moins six agents sont une violation grossière de nos lois nationales et en particulier une violation de notre constitution et du code pénal islamique.

Article 38 de notre constitution : « Toute forme de torture dans le but d’extorquer des aveux ou d’obtenir des informations est interdite. Obliger des gens à témoigner, à avouer ou à prêter serment n’est pas licite et tout témoignage, aveu ou serment obtenu sous la contrainte est dénué de valeur et de crédit. La violation de cet article est passible de sanction suivant la loi. »

Ce sujet a également été souligné dans le code pénal islamique article 574 : « Tout fonctionnaire de la justice ou d’une autre administration du gouvernement qui contraindrait un accusé aux aveux par l’usage du harcèlement ou de toute forme de représailles sera condamné à une peine d’emprisonnement de six mois à trois ans en plus des dommages et intérêts. »

Vous savez mieux que moi, et les membres du public aujourd’hui également, que la république islamique d’Iran s’est engagée à respecter les lois et règlements internationaux en particulier la déclaration universelle des droits humains. Article 5 de la déclaration universelle des droits humains : « Nul ne sera soumis à la torture ou à des traitements ou châtiments cruels, inhumains ou dégradants. ». Article 11 de cette même déclaration : « Tout accusé a le droit d’être présumé innocent jusqu'à ce qu’on prouve sa culpabilité suivant la loi lors d’un procès public durant lequel il aura toutes les garanties nécessaires à sa défense. »

Après avoir subi une telle violence physique et avoir été battu par les agents, je les ai informé que j’avais des côtes de cassées, mais ils n’ont fait que se moquer de moi, refusant de me transférer à l’hôpital ou dans un autre établissement médical. Alors même que j’aurais pu souffrir d’hémorragie interne, j’ai été emmené en voiture jusqu’à Téhéran, 400 kilomètres, et transféré directement à la prison d’Evine.

A la prison d’Evine, le médecin de garde a fait l’examen médical d’entrée et enregistré mes blessures : œdème et meurtrissures aux côtés gauche et droit du torse et aux poignets comprenant des blessures graves à la cage thoracique. En conséquence et après consultation avec les fonctionnaires de la prison, le médecin ordonna mon transfert immédiat, cette même nuit, à l’hôpital Ghamare Banihashem (situé au nord de l’autoroute Nord avant le pont de Seyyed Khandan). Un certain nombre de fonctionnaires furent alors envoyés à l’hôpital et le troisième étage fut vidé pour préparer mon admission éventuelle.

Honorables membres de l’assistance et des médias,

Mon arrestation a eu lieu dans les circonstances décrites ci-dessus et j’ai été accusé de délits (à savoir participation à des manifestations et incitation à manifester) alors que je n’ai jamais commis ces fautes. Les accusations dont on me charge étaient soit une forme de conspiration contre moi, soit arrangées spécifiquement pour traiter les évènements qui ont suivi les élections présidentielles du 12 juin 2009. Autrement, il n’aurait pas été nécessaire de publier de telles charges sous le prétexte que les actes commis allaient à l’encontre de la sécurité nationale, alors que l’offense commise n’était en fait que le simple crime d’information. Un acte qui est intrinsèquement contraire aux articles 37 et 39 de notre constitution.

Article 37 de notre constitution qui traite de la présomption d’innocence : « L’innocence doit être présumée et nul ne doit être considéré coupable à moins que sa culpabilité n’ait été établie par un tribunal compétent. »

Le premier des chefs d’accusation présentés à la cour, a été supprimé et remplacé par deux autres (insultes aux dirigeants de l’état et propagande à l’encontre du régime) ce qui parle en faveur de l’authenticité de mes plaintes. La question qui se pose à nous est donc de savoir pourquoi une personne accusée d’être un membre de la presse par des documents et des preuves (partant du principe que les accusations aient été prouvées), accusé d’être un journaliste, prenant la plume et écrivant des articles est également qualifiée d’accusé de collusion contre la sécurité nationale ? En se basant sur les accusations du ministère de la justice, comment justifier mon emprisonnement pendant 380 jours dans les sections 209 et 350 de la prison d’Evine, dans celle de Radjaï Shahr et dans celle de Fardis réservée aux criminels endurcis ? De plus, non seulement on m’a refusé la libération sous caution alors que j’étais en attente de mon procès, mais on m’a en plus privé du droit de permission temporaire.

Honorable membres de la cour et du jury,

Comme je l’ai expliqué auparavant, je suis un journaliste connu, et même si je n’ai pas commis de crime, j’ai été torturé physiquement et transféré à la section 209 de la prison d’Evine. En raison de mon état physique déplorable, j’ai été emmené à l’hôpital à 22h30 le 3 juillet 2009. On a pris des radios sous différents angles, j’ai été examiné par trois médecins, dont celui de garde à la prison ce soir-là et deux autres spécialistes appelé en urgence, je n’ai malheureusement pas été hospitalisé mais mes côtes cassées et ma cage thoracique fracturée ont été explicitement confirmées. L’examen médical a conclu que la performation pulmonaire et rénale par les os cassés et donc l’hémorragie interne étaient négatives.

A 01h30, samedi 4 juillet 2009, je fus ramené dans la cellule d’isolement 31 de la section 209 d’Evine. A cette époque, on m’a prescrit toute une gamme d’anti-douleurs (des pilules, des capsules, des crèmes et des suppositoires) pour soulager mes douleurs. Depuis le tout début, j’avais souligné que je devrais être examiné par un médecin légiste pour pouvoir entamer les démarches légales nécessaires. Malheureusement, les agents du ministère du renseignement et ceux chargés de mon dossier n’ont pas accédé à ma demande et ont même refusé de suivre la procédure qui m’aurait fourni le traitement médical nécessaire. Autrement dit, les personnes en charge de mon dossier ont quitté le droit chemin pour m’infliger des douleurs et leur conduite a fait que je souffre constamment de mes blessures et fractures, jour et nuit. Comme vous le voyez aujourd’hui, les fractures sont visibles sur ma peau et la nuit, quand je dors, je ressens comme une aiguille qui me transpercerait le corps, une douleur que je devrai endurer pour le restant de mes jours.

La question aujourd’hui est pourquoi, alors que mes amis et moi, citoyens de ce pays, portons plainte auprès des autorités, particulièrement contre le responsable de la justice, l’ancien ministre du renseignement et le procureur général, les années passent et nos plaintes ne sont pas envoyées au tribunal, mais quand l’ordre d’arrestation pour ceux qui me ressemblent est rédigé, mon arrestation et mon emprisonnement se font dans l’espace d’une seule journée depuis l’un des lieux les plus éloignés du pays ? De plus, bien qu’environ une année se soit écoulée depuis l’enregistrement de la plainte, alors que 8 mois se soient écoulés depuis les dernières enquêtes du procureur, le tribunal n’a pas tenu audience, pour, qu’au moins, l’accusé dont les crimes n’ont pas été prouvés, puisse bénéficier de quelques mois d’emprisonnement de moins que le minimum défini par la loi.

Honorable président du tribunal,

Article 34 de notre constitution : « C’est le droit imprescriptible de chaque citoyen de demander justice auprès des tribunaux compétents. Tous les citoyens ont le droit d’ester en ces tribunaux et personne ne peut être empêché d’accéder aux tribunaux auprès desquels il a un droit de recours légal. »

Monsieur Gholam-Hossein Mohseni-Eje'i m’a infligé des blessures comme prouvé par le rapport du médecin légiste (il m’a visé avec un objet lourd et m’a mordu l’oreille) ; j’ai contacté les fonctionnaires de la justice, j’ai fait enregistrer ma plainte il y a cinq ans, les preuves ont été jointes au dossier qui était complet ; le tribunal n’a jamais statué sur ce cas et l’accusé n’a jamais été arrête. Mais quand on dépose plainte contre moi, je suis torturé et frappé de façon éhontée, je suis arrêté et emprisonné pour une durée illimitée en tant que prisonnier de conscience. N’est-ce pas le signe d’un traitement de faveur dans le système de la justice iranienne ? Est-ce ce qui est évoqué comme le respect de la loi, de la justice et du système judiciaire islamique ?

Distingués membres du jury et du tribunal

Je fais référence à la page 17 de mon dossier et aux procédures réglementaires datées du 3 juillet 2009 (date de mon arrestation) ; le bureau du procureur de Nour m’a signifié les accusations suivantes :

  • Se basant sur le mandat d’arrêt du ministre du renseignement et la 3eme chambre du tribunal révolutionnaire chargée de la sécurité, vous êtes accusé de : « Participation à des manifestations avec l’intention de créer le chaos, et de porter atteinte au régime et à la sécurité de la nation » Que répondez-vous ?
  • Je réfute cette accusation je n’ai participé à aucun rassemblement, à aucune manifestation et je n’ai pas l’intention d’y participer dans l’avenir. Quand il y a eu des risques d’affrontements entre la population et le président, grâce à l’autorité qui m’avait été conférée par le quartier général de Monsieur Karroubi et agissant en tant que porte-parole officieux de la campagne de Monsieur Moussavi, j’ai donné une interview à Al-Alam (chaîne en langue arabe) ; j’y ai annoncé que le rassemblement initialement prévu place Vali-Asr le 30 juin avait été annulé et j’ai demandé à la population de ne pas se rassembler pour éviter les affrontements.

Les pages 115 à 120 de mon dossier sont consacrées aux interrogatoires du 8 au 10 juillet 2009 (environ une semaine après mon arrestation). On y trouve la question suivante :

  • Concernant l’accusation d’incitation à la participation aux manifestations, merci de donner toute information pouvant éclairer le sujet. 
  • Comme indiqué au juge président le tribunal de Nour, moi, Issa Saharkhiz, je n’ai participé à aucune des manifestations pacifiques de la population. De plus, en raison de ma position réformiste, j’ai toujours cherché à encourager la population à avancer vers la démocratie, davantage de droits humains plutôt que vers la révolte et le chaos. En ce qui concerne les évènements qui ont débuté le 12 juin 2009 et les manifestations d’une nation cherchant à retrouver ses droits perdus qui s’en sont suivi, j’ai concentré mes efforts sur la promotion de rassemblements basés sur le slogan Allah-O-Akbar (Dieu est grand) les rassemblements silencieux arborant des symboles verts et offrant des fleurs aux individus armés se conduisant de façon inhumaine pour que, avec l’aide de Dieu, nous puissions mettre un terme à ce type de conduite.
  • Qualifier les résultats des élections de coup d’état, n’est-ce pas inviter la population à manifester et à créer le chaos ?
  • Coup d’état est un terme légal et politique, basé sur certaines conditions ; il peut avoir des conséquences bénéfiques ou maléfiques. J’ai qualifié les résultats de coup d’état comme beaucoup d’autres personnes de premier plan de notre pays (comme Seyyed Mohammad Khatami) ce qui ne change pas la nature des élections. La constitution de la république islamique, qui a vu le jour suite à une révolution à laquelle je m’honore d’avoir participé, contient plusieurs principes dont le droit de la population à se rassembler et à manifester. Article 27 de notre constitution qui traite du droit de se rassembler et de manifester : « Les rassemblement publics et les défilés peuvent avoir lieu librement à partir du moment où les armes en sont absentes et où ils ne portent pas atteinte aux principes fondamentaux de l’Islam. » Naturellement, manifester et créer le chaos sont deux choses totalement différentes. En fait, le chaos vient de ceux qui se mettent en travers des droits d’une nation et de ses citoyens ou qui les foulent aux pieds, les privant ainsi de se rassembler et de manifester légalement. La moindre des choses serait que ce soit eux qui soient accusés et traînés en justice. »

Honorable président du tribunal, membres du jury et vous tous qui êtes présents,

Si l’on considère la preuve ci-dessus et ma déclaration, mon incarcération illégale dans plusieurs prisons ne viole-t-elle pas l’article 32 de notre constitution ? Imaginons un instant que les autorités du ministère du renseignement et les enquêteurs de la 3ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran spécialisée dans la sécurité aient eu tort de prétendre à une théorie de la conspiration et qu’il soit faux que j’ai participé à des manifestations et ai incité à y participer. Après avoir entendu ma défense et en l’absence de toute preuve du contraire, après qu’il soit devenu clair à leurs yeux que les accusations n’étaient pas fondées et que donc elles ont été abandonnées, n’auraient-ils pas du fermer mon dossier, me libérer de prison sans aucun châtiment afin de ne pas violer les lois édictées dans la constitution ? Mon incarcération de plus d’une année n’e vient-elle pas elle-même en violation de l’article 32 de notre constitution ? Ils prétendent que j’ai commis un crime contre la sécurité nationale pour s’assurer que je sois interdit de permission de sortie. Je n’ai donc même pas pu assister à la construction pour la fondation caritative de ma mère en l’honneur de mon frère martyr Saïd Saharkhiz, privant des douzaines d’orphelins d’assistance. Nous ne saurons jamais combien de vies auraient pu être sauvées si nous avions pu donner accès à cette fondation et à son assistance.

Article 32 de la constitution : « …un procès préliminaire doit être terminé aussi rapidement que possible. » Partant du principe que les accusations initiales n’aient pas été abandonnées, garder quelqu’un en prison pendant 380 jours, est-ce vraiment « un procès préliminaire terminé aussi rapidement que possible ? » Est-ce vraiment le respect de la loi par la justice de la république islamique ? Qui est responsable de la violation de cet article ? Quelle personnes, à quel poste et quels services doivent être châtiés en se basant sur les principes de cet article ? Est-ce la section sous l’autorité directe du guide suprême l’ayatollah Khamenei, dont le responsable est directement nommé par le guide suprême en contradiction avec la loi ? Ou bien le guide suprême de la république islamique a-t-il failli à ses obligations stipulées dans le paragraphe 2 de l’article 110 de la constitution : « Supervision de l’exécution correcte de la politique générale du système » ?

Dans ce cas, n’est-il pas sujet à l’article 11 de la constitution : « Si le guide devient incapable de remplir ses devoirs constitutionnels ou perd une des qualifications stipulées dans les articles 5 et 109, ou si l’on apprend qu’il ne possédait pas quelques unes de ces qualifications dès le début, il sera démis.. » ?

La question de savoir qui a violé l’article 32 de notre constitution doit être traitée et une peine spécifique doit être infligée

Source : Défense d’Issa Saharkhiz Kaleme: http://www.kaleme.com/1389/04/27/klm-26091



samedi 24 juillet 2010

Rooz-Fereshteh Ghazi-Une Interview qui n’a jamais eu lieu-19 juillet 2010

Le Rédacteur en chef de Fars : Vous êtes tous des traîtres et des agents des sionistes


Fereshteh Ghazi

Suite à la publication d’interviews de familles de plusieurs victimes mortes pendant les manifestations contre les élections controversées du 12 juin, et la dénégation des familles, nous avons contacté Abbas Tavanfar, rédacteur en chef de l’agence de presse pour l’interroger sur les interviews. Il a refusé de discuter avec nous de ce sujet et accusé les journalistes iraniens contraints à l’exil d’avoir trahi leur pays et d’être des agents du sionisme.

Durant l’année écoulée, la république islamique a qualifié ceux qui manifestaient contre les élections du 12 juin de « perturbateurs ». D’un autre côté, elle prétend que plusieurs des victimes étaient membres de la milice bassidj.

Hossein Taeb, à l’origine commander de la bassidj, a initialement prétendu que 7 membres de la bassidj étaient devenus martyrs. D’autres officiels ont progressivement augmenté le nombre. Aziz Djafari, responsable du corps des gardes révolutionnaires islamiques Pasdaran (IRGC) a prétendu qu’il y en avait 13 alors que le général Araghi, responsable de l’IRGC de Téhéran a annoncé le chiffre de 12.

Ces allégations ont été faites alors que les officiels ont, jusqu’à ce jour, refusé d’identifier un quelconque membre de la bassidj soi-disant tué. A la place, ils ont essayé de forcer et de menacer les familles des victimes pour qu’elles s’expriment contre le mouvement vert et ses dirigeants.

A ce sujet, l’agence de presse Fars, affiliée aux institutions sécuritaires et militaires, a publié des interviews de familles de plusieurs victimes, leur faisant dire que Mehdi Karroubi et Mir Hossein Moussavi étaient responsables du décès de leurs enfants. Toutes les familles ont nié les interviews, avertissant qu’elles ne laisseraient personne utiliser le sang des leurs.

Les familles de Meissam Ebadi et Sadjad Sabzalipour avaient auparavant déclaré à Rooz lors d’interviews exclusives que l’agence de presse Fars avait manipulé leurs paroles et publié des déclarations qu’elles n’avaient jamais faites.

Les deux familles ont déclaré qu’elles avaient l’intention de porter plainte contre l’agence de presse Fars.

Malgré les dénégations des familles, le rédacteur en chef de l’agence de presse Fars déclare que tous les reportages de l’agence sont corrects et que l’agence a des preuves pour soutenir ses allégations. Mais il ne donne aucune preuve au sujet de cette controverse et à la place, il s’attaque aux journalistes et autres médias.

Abbas Tavangar a refusé d’être interviewé par Rooz. Mais avant de terminer notre communication, nous avons échangé des remarques qui sont utiles pour éclairer le sujet.

Rooz: Bonjour Monsieur Tavangar, je suis Fereshteh Ghazi de Rooz. Comment allez-vous ?


Abbas Tavangar (Tavangar): Vous ne travaillez pas pour le bien du peuple. Notre peuple ne vous fait pas confiance et considère vos paroles comme des mensonges. Je ne parlerai pas avec vous.

Rooz: Monsieur. Tavangar, vous ne m’avez pas encore laissé parlé. Vous publiez des interviews de familles de martyrs morts après les élections qui sont encore sur votre site Web en dépit de leurs dénégations. Je vous ai appelé pour demander si vous essayiez d’aider les familles ou de faire autre chose. Pourquoi vos interviews ont-elles été réfutées par les familles ?

Tavangar: Notre peuple ne vous fait pas confiance. Il vous considère comme des menteurs et des colporteurs de rumeurs. Nos reportages sont véridiques et étayés par des preuves. Nous ne pouvons discuter de rien avec vous, vous avez vendu votre patrie et êtes des agents du sionisme. Notre peuple ne vous fait pas confiance, vous avez quitté le pays pour travailler pour l’Amérique et le régime sioniste. Et maintenant vous vous occupez de notre peuple ? L’Amérique et Israël s’occupent maintenant de notre peuple ?


Source : http://www.roozonline.com/english/news/newsitem/article/2010/july/19//an-interview-that-never-was.html



Rooz-Aujourd’hui des affaires intérieures, demain un impact global-11/07/2010

Houshang Asadi

Les évènements de l’année passée en Iran, qui ont attiré l’attention du monde sur un pays « au croisement de l’histoire », ne sont pas uniquement une force motrice pour des changements radicaux à l’intérieur, mais jouent également un rôle décisif dans un monde en équilibre précaire et au bord d’une nouvelle guerre.

Depuis le 11 septembre, une force s’élevant des profondeurs des siècles oubliés pour défier l’occident, s’occupe de recruter des partisans parmi les musulmans du monde entier. Cette force tire sa puissance davantage de l’idéologie que de l’argent et des fusils

Les idéologues dirigeants de ce renouveau islamique offrent une lecture fondamentaliste de l’islam qui divise le monde en deux camps distincts : le divin et le satanique. Pour eux, la civilisation occidentale, profondément enracinée dans l’humanisme et le libéralisme, est la manifestation du mal par excellence. Al Qaeda de Ben Laden est habituellement citée comme le principal représentant militant de ce point de vue, fondé sur la branche sunnite de l’islam. Néanmoins, comme les évènements post-électoraux en Iran ont pu l’indiquer, le régime iranien soutient le point de vue susmentionné du monde, ce qui positionne le fondamentalisme chiite aux côtés de l’idéologie des talibans, alors que ces derniers se sont manifestés par la destruction des statues du Buddha à Bamyan, le précédent a, ces jours-ci, orchesté la « disparition » de quelques statues de bronze de héros nationaux et séculiers des rues et parcs publics d’Iran. Les statues volées étaient toutes des œuvres post-révolutionnaires, dont l’une en particulier, la statue de Shahriar, le poète préféré du guide suprême d’Iran ; ce qui illustre l’étendue de l’idéologie partagée entre les talibans d’Afghanistan et leurs demi-frères iraniens.

En fait, nous assistons actuellement en Iran à une bataille serrée entre une lecture libérale de l’Islam et une autre fondamentaliste. Il y a juste un peu plus d’un siècle, la révolution constitutionnelle iranienne, la première à avoir lieu hors de l’occident, s’est écroulée quand elle a du faire face à la lecture fondamentaliste de l’islam. Ce qui s’en est suivi fut un compromis entre les deux lectures précédemment mentionnées, ce qui a donné la formation d’un état laïc approuvant les règlements d’une constitution en conformité avec la sharia. La contradiction intrinsèque de cette constitution donnera naissance par la suite à la révolution islamique de 1979.

Depuis le début, la révolution islamique a cherché à réprimer la société civile en remplaçant les lois civiles par celle de la sharia comme base légale de la société iranienne. Mais le conflit de longue durée entre les religieux libéraux et leurs collègues fondamentalistes n’a refait surface que récemment, lorsque le successeur de l’ayatollah Khomeiny, l’ayatollah Khamenei, a pris des mesures draconiennes pour changer la « république islamique » en « califat islamique ».

Il y a maintenant deux camps distincts en Iran. Le premier est composé des fondamentalistes shiites qui soutiennent l’ayatollah Khamenei. Les idées de Khamenei viennent de trois influences différentes :

  • Les idées des frères musulmans, généralement considérés comme les pères fondateurs du fondamentalisme islamique des temps modernes. Avant la révolution de 1979, Khamenei a personnellement traduit de l’original Arabe en Persan les œuvres importantes du dirigeant intellectuel des frères, Seyyed Qutb. Les idées de Qutb, et plus particulièrement sa haine profonde de l’occident sont facilement discernables parmi le clergé dirigeant l’Iran aujourd’hui.
  • Les Fadā’iyān-e Islam (dévoués à l’islam), les premiers partisans des frères musulmans en Iran, dirigés par Mojtaba Navab-Safavi qui ont commis les premiers attentats terroristes religieux dans l’Iran moderne. Khamenei cite fréquemment Navab-Safavi comme son modèle en politique. Il a nommé son fils aîné Mojtaba, ce qui est peut-être une indication de son admiration pour cet homme.
  • La troisième influence vient d’un groupe connu sous le nom de société Hodjatieh qui considère que sa mission est de préparer l’avènement du Mahdi, le 12ème imam des shiites dont on croit qu’il a été occulté pour mille ans et dont on espère que le retour à la fin du monde apportera la paix et la justice. On a révélé récemment que Khamenei visite chaque mercredi Djamkaran, un puits de la ville de Qom considéré par beaucoup de shiites comme l’endroit ou le Mahdi se cacherait. Des témoins oculaires rapportent que Khamenei a été vu profondément abîmé dans ses prières prétendant communiquer avec l’imam caché.


Les membres du second groupe sont totalement opposés aux premiers et considèrent leurs idées et agissements comme rien moins que catastrophiques pour le futur de l’Iran. La grande majorité des intellectuels de ce pays, la classe moyenne, les jeunes et une part importante de ceux qui travaillent à l’intérieur du « système » appartiennent au second groupe, que l’on nomme collectivement le Mouvement Vert. Du point de vue des fondamentalistes shiites, les membres de ce mouvement ne valent pas mieux que des infidèles. En tant que tels, on peut les emrpisonner, les torturer, les violer, etc…

L’issue de la lutte pour le pouvoir entre ces deux factions opposées a une grande signification, pas uniquement pour l’Iran, mais pour la communauté internationale. Une victoire des « taliban » iraniens entraînerait l’Iran dans une spirale descendante et mettrait la richesse du pays et son pouvoir géopolitique entièrement à la disposition de ceux qui croient que l’hégémonie globale de l’islam est possible par un djihad violent, raison pour laquelle ils veulent avoir une capacité nucléaire. Gardant à l’esprit que l’Iran a longtemps été une source d’inspiration pour de nombreux mouvement sociaux et idéologiques de la région, on voit combien l’issue de la bataille entre ces deux camps en Iran est critique pour le pays, la région et le monde entier.

——–

Houshang Assadi est journaliste. Il a été emprisonné sous le règne du shah ; il a eu comme compagnon de cellule pendant 9 mois l’actuel guide suprême d’Iran, l’ayatollah Khamenei. En 1983, après la révolution islamique et la répression que le gouvernement iranien a exercée sur tous partis d’opposition, Assadi a été arrêté et emprisonné à Téhéran. Il a été détenu au secret pendant presque deux ans pendant lesquels il a été sévèrement torturé jusqu’à ce qu’il avoue être un espion des services de renseignements britanniques et russes. Il est opposé à l’intervention militaire des USA en Iran. Il vient de publier aux éditions Oneworld Publications un livre Lettres à mon Tortionnaire : Amour, Révolution et Emprisonnement en Iran.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/article/2010/july/11//todays-internal-affairs-tomorrows-global-impact.html

lundi 19 juillet 2010

NYT - Le président iranien renouvelle sa pression sur les conservateurs

WILLIAM YONG et ROBERT F. WORTH

Publié le 16 juillet 2010
 
TEHERAN — Ayant réussi à réprimer le soulèvement de l’opposition consécutif aux élections présidentielles controversées de l’été dernier, le président Mahamoud Ahmadinedjad et ses partisans concentrent maintenant leurs efforts sur un autre groupe rival, les conservateurs traditionnels iraniens.
 
Les rivaux conservateurs de Monsieur Ahmadinedjad répliquent , l’accusant publiquement de mettre à l’écart les religieux et le parlement, de poursuivre une idéologie « extrémiste » et d’intriguer pour consolider son contrôle sur toutes les branches du système politique iranien.

« Maintenant qu’ils pensent s’être débarrassés des réformistes, ils pensent peut-être qu’il est temps d’éliminer leurs opposants principalistes » explique Mortéza Nabavi, rédacteur en chef du journal du courant dominant conservateur lors d’une interview inhabituellement crue publiée vendredi dans l’hebdomadaire Panjereh. Les conservateurs iraniens, y compris le groupe d’Ahamdinedjad, préfèrent le terme « principalisme » à celui de « fondamentalisme ».

Les grèves qui ont éclaté dans le bazar de Téhéran la semaine dernière, provoquées par un projet d’augmentation des taxes, reflète la fracture croissante entre les factions conservatrices, les commerçants ou bazaris du côté des traditionalistes.

Monsieur Ahmadinedjad a souvent nourri les peurs traditionnelles des conservateurs ; il a fait allusion aux divisions entre conservateurs, mettant en garde : « Le régime n’a qu’un seul parti » lors d’un discours prononcé lundi sur son site Web officiel, ce qui a provoqué un scandale parmi ses rivaux conservateurs.

« Je pense que nous assistons à une sort de McCarthyisme à l’iranienne où Ahmadinedjad se débarrasserait de tous ceux qui ne sont pas avec lui en les accusant d’être anti-révolutionnaires ou non islamique » dit un analyste politique iranien qui a refusé d’être identifié par peur des représailles.

En un sens, la lutte pour le pouvoir au sein des conservateurs est un retour à la situation d’avant les élections présidentielles de l’année dernière qui ont déchaîné les pires dissensions internes depuis des décennies en Iran. L’occident a largement considéré les manifestations de rue comme un défi à la théocratie iranienne. Mais au bout d’un an, les épanchements de colère publique n’ont apporté aucun effet tangible, la poussière est retombée pour dévoiler de nouveau une fracture plus profonde de l’élite politique en Iran.

La faille est en partie une faille de générations, Monsieur Ahmadinedjad conduisant une cohorte conservatrice soutenue par l’élite des gardes révolutionnaires. De l’autre côté, une génération plus âgée dont l’autorité émane de ses liens avec l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, le dirigeant de la révolution islamique de 1979. Les législateurs réformistes représentent actuellement une minorité largement impuissante au parlement. « Ahmadinedjad veut une nouvelle définition du conservatisme. Il veut dire, les vrais conservateurs, ce n’est plus vous, c’est nous » ajoute l’analyste politique.
 
Les conservateurs les plus anciens, y compris les religieux, les législateurs et les dirigeants du bazar, ancien centre des échanges et du commerce, ont longtemps mis en questions les compétences de Monsieur Ahmadinedjad et ont même accusé ses ministres de corruption. Mais récemment, ils sont allés plus loin, accusant la faction de Monsieur Ahmadinedjad de trahir les principes de la révolution islamique et d’être adepte d’un culte messianique qui rejette le rôle d’intermédiaire du clergé.

Pour certains, ces critiques se résument à un appel déguisé des anciens conservateurs au guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, pour brider le président ou même le démettre. Les divisions ont surgi le mois dernier, quand les parlementaires conservateurs ont bloque par un vote les efforts de Monsieur Ahmadinedjad pour prendre le contrôle de la plus grande institution universitaire iranienne, l’université Azad, qui possède des établissements dans tout le pays et d’énormes atouts financiers. Cette université a été fondée par Ali Akbar Rafsandjani, ancien président de la république et figure centrale des conservateurs traditionnels. Apres le vote, un porte-parole de Monsieur Ahmadinedjad a déclaré que les législateurs « avaient aidé la conspiration » une expression souvent utilisée pour les manifestants et les groupes terroristes.

Le lendemain, une manifestation soutenue par le gouvernement s’est formée devant le parlement, les manifestants y dénonçant Ali Laridjani, président du parlement et rival conservateur de Monsieur Ahmadinedjad. « Nous dénoncerons les parlementaires perfides » disait l’une des affiches publiées par ILNA, l’agence de presse iranienne semi-officielle. A Qom, des étudiants partisans du gouvernement ont distribué des tracts disant : « Monsieur Laridjani, rendez-nous notre vote, vous ne nous représentez plus. »

Monsieur Laridjani s’est moqué de ceux qui le critiquaient les traitant d’ « impudents, sans logique et avides de controverses. »
 
L’ayatollah Khamenei a essayé d’apparaître neutre dans cette dispute à propos de l’université ordonnant aux deux parties, Messieurs Ahmadinedjad et Rafsandjani d’arrêter d’essayer de changer le statut de l’université

Depuis lors, un autre front s’est ouvert contre l’administration. .Les commerçants iraniens, les bazaris, se sont soulevés pour protester contre les plans de Monsieur Ahmadinedjad de les pressurer par plus d’impôts. Le grand bazar central de Téhéran, un vaste labyrinthe complexe formé de tunnels arqués et de cours, a fermé pour protester pendant plus d’une semaine, et la grève s’est étendue a d’autres grandes villes.

La dimension politique du conflit n’est pas encore totalement formée mais la classe des commerçants iraniens est profondément liée au parti conservateur traditionnel, le Motalefeh, dont les membres détiennent des postes clés dans l’université Azad. Monsieur Rafsandjani était membre du Motalefeh et a toujours de forts liens avec lui.

Les conservateurs traditionnels se sont opposés à l’administration de Monsieur Ahmadinedjad sur de nombreux problèmes durant l’année écoule, y compris sur des nominations controverses à des postes ministériels et sur la tentative de remaniement du système des subventions vieux de plusieurs décennies. En avril, la tension est montée d’un cran quand les législateurs conservateurs ont demandé l’arrestation du premier vice-président Mohammad-Reza Rahimi pour corruption.

Dernièrement, le ton est monté des deux côtés. Lundi, un parlementaire conservateur de premier plan, Omidvar Rezaï, a averti que le gouvernement de Monsieur Ahmadinedjad avait violé la constitution iranienne et que le parlement « pourrait être obligé de faire usage des ses pouvoirs légaux » y compris la dégradation et la destitution du président selon le site Web d’information Khabar Online.

Le mois dernier, beaucoup de conservateurs ont été choqués quand des chahuteurs pro-Ahmadinedjad ont empêché Hassan Khomeiny, le petit-fils de l’ayatollah Khomeiny de prononcer un discours lors d’une commémoration de la mort de son grand-père.

« La conduite d’extrémistes qui ne sont pas ouverts au débat ou à la logique a créé une division au sein des principalistes ».dit Mohammad Ashfrafi-Esfahani, un religieux important membre de l’organisme qui supervise les partis politiques, dans des commentaires publiés par ILNA. « Ce groupe n’épargne personne, pas même la famille de l’imam [Khomeiny] »

Un éditorial du 21 juin de Khabar Online, que l’on croit être lié à Monsieur Laridjani, met en garde contre : « Un mouvement extrémiste, portant les vêtements de l’islam et de la révolution. »

Monsieur Nabavi, rédacteur en chef du journal, suggère également que la faction de Monsieur Ahmadinedjad appartient à une secte, bannie il y a des décennies par l’ayatollah Khomeiny, qui met l’accent sur le retour prophétisé du 12ème imam shiite qui aurait disparu qu neuvième siècle. L’accusation est courante, mais les conservateurs ne l’avaient jusque là pas portée si clairement et ouvertement.

« Ces gens disent qu’ils ont un contact direct avec le 12ème imam et que donc ils peuvent nous diriger » dit Monsieur Nabavi dans cette interview. « Ce n’est pas qu’une affaire de clergé opposé au gouvernement, il s’agit de quelque chose de beaucoup plus profond. »

Sources : http://www.nytimes.com/2010/07/17/world/middleeast/17rift.html?pagewanted=1&_r=2&sq=iran nabavi&st=cse&scp=1

samedi 17 juillet 2010

C’est un crime d’être une femme en Iran

Margaret Wente - Saturday's Globe and Mail

 Sakineh Mohammadi Ashtiani, mère iranienne condamnée à la lapidation pour adultère est pour l’instant toujours en vie, sauvée par un cri de révolte international contre le barbarisme d’état. Mais l’histoire n’est pas finie. Elle est toujours dans le couloir de la mort. Une fois l’émotion retombées, le régime peut simplement choisir de la pendre à la place.

« Ce régime a pris trop de vies » dit Maryam Namazie, militante des droits de l’homme qui vit aujourd’hui à Londres. « Il va bien falloir que ça s’arrête un jour. »

D’après madame Namazie, la prison de Tabriz où Sakineh est enfermée contient 200 autres condamnés à mort. Trente-cinq sont des femmes condamnées à la lapidation. L’une d’entre elles est Maryam Bagherzadeh, 25 ans, en prion depuis quatre ans. Son exécution a été retardée car elle est tombée enceinte lors d’une courte permission. Le régime attend généralement l’accouchement des femmes enceintes pour les tuer.

Puis il y a Azar Bagheri, 19 ans. Elle en avait 14 quand on l’a forcée à se marier. Son mari l’a lourdement chargée, déclarant qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle avait eu des relations avec un autre homme. Elle a été arrêtée, condamnée pour relations sexuelles en dehors du mariage et condamnée à la lapidation alors qu’elle n’avait que 15 ans. On l’a soumise à un simulacre de lapidation à deux reprises : enterrée jusqu’à la poitrine et menacée de mort si elle ne collaborait pas. Le couloir de la mort comprend des enfants, des adolescents et 18 personnes condamnées à la pendaison pour homosexualité. La semaine dernière une jeune fille de 16 ans s’est tuée dans sa cellule pour échapper à la pendaison.

Même le bronzage est un crime contre l’islam. « Le public attend de nous que nous réagissions fermement et rapidement à toute inconduite sociale de la part de femmes et d’hommes qui rejettent nos valeurs islamiques » a annoncé en avril le chef de la police de Téhéran Hossein Sadjedinia. « Dans quelques quartiers du nord de Téhéran, on voit beaucoup de femmes et de jeunes filles bronzées qui ressemblent à des mannequins lors d’un défilé. Nous ne tolérerons plus cette situation et commencer par avertir celles qui se comportent ainsi, puis nous les arrêterons et les emprisonnerons. »

Comme le présente madame Namzie : « C’est un crime d’être une femme en Iran. »

On pourrait penser que l’habitude du régime d’assassiner les femmes pour des crimes imaginaire lui vaudrait une condamnation universelle, en particulier d’institutions comme les Nations-Unies. On aurait tort. En avril, l’Iran s’est vu offrir un siège à la commission de l’ONU sur le statut des femmes dont le but est « l’égalité des sexes et la promotion des femmes. » Personne n’a expliqué comment la lapidation des femmes fait avancer l’égalité des sexes. C’est une inversion morale tellement tordue qu’elle défie la satire. Si vous nourrissiez encore quelques illusions sur le fait que l’ONU soit vraiment intéressée par les droits des femmes, abandonnez les tout de suite.

La nomination ridicule de l’Iran était un prix de consolation après son échec, à obtenir un siège au conseil de l’ONU pour les droits humains, en dépit d’un lobbying sévère. Ce qui n’aurait pas été tellement étrange qu’il y parait puisque les membres de ce conseil comprennent des nations aussi soucieuses des droits humains que l’Arabie Saoudite. Le Conseil des droits humains est dominé par un bloc d’états islamiques et africains qui refusent de condamner l’Iran de quelque façon que ce soit. A la place, le conseil passe le plus clair de son temps à dénoncer Israël et les Etats-Unis. « C’est tragique ; c’est comme demander à l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid de siéger à la commission pour l’égalité des races » dit Madame Namazie qui a fuit l’Iran en 1980.

Certains groupes féministes occidentaux ont été ostensiblement silencieux sur la lapidation et autres pittoresques coutumes iraniennes. Ils ont tellement peur d’être infectés par les Américains et les néo-conservateurs qu’ils préfèrent ne rien dire. Même chose pour les groupes musulmans « modérés » en occident.

Pendant des années, la lutte pour les droits humains des femmes iraniennes a été menée par un groupe infatigable d’avocates comme Madame Namazie et Mina Ahadi qui vit maintenant en Allemagne. Madame Ahadi a échappé de peu à la mort pour avoir fait campagne contre les vêtements islamiques obligatoires. (Son époux a été exécuté). « Quand nous organisons des évènements au niveau mondial, quand nous manifestons au niveau mondial et en particulier quand nous contactons les gouvernements européens et que ces gouvernements mettent la pression sur le régime islamique en Iran, nous avons quelquefois une chance, » a-t-elle dit à CNN.

La condamnation de Sakineh Mohammadi Ashtiani a été basée sur de fausses preuves insistent son avocat et ses deux enfants. Elle a déjà reçu 99 coups de fouet. Comme leurs efforts pour plaider pour sa vie n’ont pas porté leurs fruits, son fils s’est tourné vers les militants occidentaux pour trouver de l’aide, une manœuvre à haut risque qui lui a valu une convocation au poste de police. Amnesty International et Human Rights Watch se sont emparé du dossier. Les femmes, de la Norvège au Canada, y compris la PDG de Indigo Books, Heather Reisman, ont lancé des pétitions par Internet. La pétition de madame Reisman, datant d’il y a onze jours rassemble déjà plus de 100.000 signatures (www.freesakineh.org.)

Le régime iranien décrit vigoureusement les manifestations occidentales comme une attaque contre l’Iran et les valeurs islamiques. Alors, a quoi servent vraiment ces pétitions ? Ceux qui suivent les affaires iraniennes disent qu’elles ont vraiment un impact. La lapidation est énormément impopulaire en Iran et les Iraniens n’aiment pas que leur pays soit représenté comme médiéval et barbare. Le soutien de l’extérieur donne également de l’énergie à ceux qui vivent en Iran et luttent contre le régime.

« L’agitation que les médias occidentaux ont lancée en relation avec ce dossier n’affectera pas nos juges » insiste un officiel iranien. « La mise ne pratique des lois religieuses islamique comme la lapidation, le hidjab et l’héritage ont toujours été en but à leur animosité effrontée, par principe, ils s’oppose à tout ce qui touche la loi religieuse. »

Mais grâce aux efforts inlassables de femmes comme Maryam Namazie, Mina Ahadi, Shirin Ebadi et d’autres, Shakineh est toujours en vie. Aussi longtemps qu’être une femme en Iran sera un crime, ils ne s’arrêteront pas. Et nous non plus, nous ne devrions pas nous arrêter.

Source: http://www.theglobeandmail.com/news/opinions/its-a-crime-to-be-a-woman-in-iran/article1643091/?cmpid=rss1