mardi 30 décembre 2014

L’appel d’une fille : libérez mon père des prisons iraniennes – Morteza Nikoubazl – Reuters


On torture psychologiquement mon père qui est emprisonné, tout ça pour avoir écrit sur son blog à propos de la Déclaration Universelle des Droits Humains.

En ce moment, mon père, Mohammad-Reza Pourshadjari, aussi connu sous le nom de Siamak Mehr, est détenu dans la prison de Karadj. Il a été arrêté il y a deux mois à Ourmia et détenu à l’isolement pendant 14 jours par le ministère du renseignement. Il a été soumis à des enquêtes très dures et à des tortures psychologiques. On l’a menacé de mort à plusieurs reprises. Une fois transféré à la prison de Karadj, il a encore passé 15 jours à l’isolement.

Pendant le mois qui a suivi son arrestation, ma famille ne savait pas où mon père avait disparu. Nous étions terrifiés. Mon père attend maintenant son procès pour les soi-disant crimes suivants : actes contraires à la sécurité nationale, propagande contre le système, tentative de quitter le pays illégalement, contacts avec Monsieur Ahmed Shaheed, Rapporteur Spécial de l’ONU sur la Situation des Droits Humains en Iran et contacts avec des organisations et des personnes sionistes.

Mon père est un bloggeur, pas un criminel. En mars, mon père, qui avait eu un arrêt cardiaque, du diabète et des calculs rénaux, a écrit : « quand les agents du renseignement du régime islamique ont envahi mon appartement, ils m’ont battu à mort et m’ont emmené pour m’interroger. J’ai été mis à l’isolement, complètement coupé du monde extérieur, sans même jouir de mes droits fondamentaux de prisonnier. On me menaçait de mort sans arrêt. » On l’a conduit dans une salle, les yeux bandés, le laissant croire qu’il allait être pendu.

« Toutes ces souffrances parce que j’avais essayé de partager les articles 17 et 18 de la Déclaration Universelle des Droits Humains avec mes concitoyens ; tout cela parce que j’avais tenté d’informer mes concitoyens des droits que la Déclaration Universelle des Droits Humains leur octroyait. Mon sort en tant que bloggeur et prisonnier de conscience n’est qu’un exemple des milliers de victimes des violations des droits humains en Iran. »

Ce qui rend sa détention actuelle encore plus déchirante cette fois-ci c’est qu’il vient d’être libéré après avoir purgé quatre ans de prison. Il a été arrêté en septembre 2010 et condamné pour propagande contre l’état, insultes au guide suprême et diffamation de l’islam.

Les jours qui ont suivi l’arrestation de mon père, les fonctionnaires de la sécurité lui ont demandé de me convaincre de revenir en Iran. Ils l’avaient assuré que, si cela se produisait, beaucoup de problèmes seraient résolus. La plupart des questions qu’on lui posait concernaient mon travail et mes activités.

Depuis sa prison, mon père notait qu’il était emprisonné « pour avoir exprimé des critiques et des inquiétudes sur l’injustice et les violations des droits humains et des libertés dans mon pays. » Il pourrissait dans une cellule de 21m² avec 40 codétenus « des meurtriers, des violeurs, des agresseurs d’enfants, des contrebandiers, des voleurs et des patients psychotiques pour la plupart. »

La voix de mon père a été réduite au silence par un régime cruel alors c’est moi qui relaie son message au monde : « le peuple iranien est maintenant pris au piège d’un régime religieux médiéval et extrêmement rétrograde qui n’a aucun respect pour les valeurs que le monde civilisé recherche depuis maintenant quatre siècles. Le régime totalitaire de la république islamique opprime le peuple et pas une seule personne du monde des médias ne peut exprimer son opinion sur la situation du pays et de son peuple… »

Le régime iranien a refusé de communiquer sur mon père en dépite de mes demandes répétées. Mon père et moi avons toujours été très proches. Il a pris soin de moi tout au long de ma vie. Je rêve qu’il soit libre un jour. Il est toujours dans mes pensées.

Source : http://www.thedailybeast.com/articles/2014/12/26/a-daughter-s-plea-free-my-father-from-iran-s-prisons.html

Deux ayatollahs et un nouveau patron pour le parlement – Issa Saharkhiz – 26 décembre 2014


Bien avant que la composition du prochain parlement ne se dessine, les machinations pour le poste de président du parlement ont déjà commencé dans certains partis politiques.

Tout indique que les totalitaires en Iran ont décidé d’installer le perdant de l’élection présidentielle de 2013 au perchoir ou tout au moins d’en faire le chef de la faction intégriste.
Il semble que les deux principaux ayatollahs (Ali Khamenei et Mesbah-Yazdi) ont accepté qu’un ayatollah « 100% islamique » devienne le prochain guide suprême, ce qui ouvrirait la voie au rêve du remplacement de la « république islamique » par un « état islamique ».

Les rapports des médias conservateurs révèlent que l’ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah-Yazdi s’appuie sur le front de la fermeté, une association de groupes conservateurs de droite, et s’efforce d’installer son protégé au prochain parlement tout en répandant sa notion d’un « parlement islamique ».

Les rapports confirment qu’Ahmadinejad écarte le plus controversé de ses lieutenants, Rahim Mashaï pour prendre le dessus sur le sale plan de Yazdi. Ce religieux, qui ne s’est pas mêlé de politique pendant les années de la révolution et durant le règne de Khomeiny, se réinvente en appelant à imposer un « guide suprême absolu », et non limité par les lois, la constitution, l’opinion publique, etc.., tout en travaillant sur la direction du prochain parlement.

Son but est d’obtenir la majorité des sièges du prochain parlement pour les membres du front de la fermeté ou les intégristes (conservateurs durs), très liés avec le front, pour que Saïd Djalili soit le prochain président du parlement. Il se débarrasserait ainsi du président actuel Ali Laridjani, qui a établi des relations de travail avec Rouhani, et ainsi ouvrir la porte à plus de confrontations avec le gouvernement d’Hassan Rouhani. D’après ce plan, Kamran Bagheri-Lankarani deviendrait le premier vice-président du parlement pour pouvoir changer la nature du régime de république en théocratie absolue.

Ce qui rend ce plan plus inquiétant est que l’ayatollah Khamenei appuie le processus d’islamisation. De son point de vue, il compenserait l’échec de l’élection présidentielle de 2013 et offrirait une promotion à Saïd Djalili de représentant du guide suprême au conseil national de sécurité à chef de la branche législative du gouvernement. Djalili a récemment fait le tour de ses idées sur tout ce que le public connaît, y compris son idée négative sur le sort des dirigeants du Mouvement Vert.

On ne peut oublier le conseil qu’on a donné à Djalili quand il a perdu la présidentielle : « Faites attention aux quatre ou cinq millions de personnes qui ont voté pour vous ; ils sont importants d’un point de vue qualitatif et il faudra les mobiliser et les utiliser à l’avenir. » Il semblerait que « l’avenir » soit advenu.

Ce qui devrait inquiéter les masses, c’est la composition des centres de pouvoir dans le futur ; au lieu de s’intéresser aux problèmes de la majorité des Iraniens, ce groupe sera en quête de ses rêves totalitaires.

Il est clair que la position clé dans ce jeu est celle de ministre de l’intérieur. Ce rapport montre que le ministre actuel se situe à des kilomètres du programme du gouvernement modéré actuel. Le ministre est un supporter dévoué des plus proches alliés et camarades d’Ahmadinejad. La nomination d’Ismaël Nadjar, gouverneur de Kerman durant la présidence Ahmadinejad, au poste de secrétaire d’état d’où il dirige également le comité de crise du gouvernement, indique les penchants de Nadjar.

L’absence de nomination d’un secrétaire d’état politique dans ce ministère après la démission de Kazem Mirvalad en est un autre exemple. Ce poste jouit du contrôle absolu sur le processus électoral au niveau national. Ceci a récemment été confirmé par les débats au parlement pour les candidats aux postes de gouverneurs des provinces ; les penchants des députés durs et de ceux du front de la fermeté sont alignés avec les points de vue de Rahmani Fazli plutôt qu’avec ceux des alliés et conseillers de Rouhani.

Puisque le but ultime des conservateurs durs ne se limite pas au contrôle du prochain parlement mais s’étend à la limitation des programmes du gouvernement actuel modéré et même au limogeage du président aussitôt que possible ou à l’élimination de sa candidature pour un second mandat, il semble que Rouhani n’ait d’autre choix que de remanier son gouvernement pour en faire une équipe unie pour éviter tout sabotage interne.

Le ministre de l’intérieur est un poste clé dans les décisions sur lesquelles Rouhani doit se concentrer. 

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/december/26/article/two-ayatollahs-and-a-new-majlis-boss.html

lundi 29 décembre 2014

Quelques mots d’un enseignant : Abdolreza Ghanbari

Abdolreza Ghanbari est professeur de littérature persane à l’université ; il a été arrêté le jour de l’Achoura 2009 et condamné à mort par la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Sa condamnation à mort a été refusée par la cour suprême en 2012 et son dossier renvoyé à la première chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran qui a réduit sa peine à 15 ans de prison.

1-Mon père était jardinier. Quand il revenait du jardin, je me souviens de ses mains tout égratignées d’avoir travaillé avec des fleurs et des arbustes. Voir ses mains me rendait triste et j’ai toujours pensé que les belles fleurs multicolores, jaunes, blanches rouges et roses, se nourrissaient en fait du sang de mon père. Pendant l’hiver, mon père avait toujours peur que les fleurs de son jardin souffrent du froid. Il faisait tout ce qu’il pouvait pour protéger les fleurs les jours de grand froid. Les années ont passé et j’étais fier d’enseigner. Mon père était aussi très heureux et disait : « les enseignants sont aussi des jardiniers et les enfants sont les fleurs de leur jardin. »

Le 18 juin 2014, nous avons reçu de tristes nouvelles d’un de nos collègues, un enseignant de 40 ans, Kazem Safarzadeh d’une école de Khorramabad. Un de ses élèves est tombé de son lit dans le dortoir d’une école tribale locale ; il s’inquiétait pour ce garçon blessé et l’emmena dans un hôpital de Khorramabad avec deux de ses camarades de classe. Mais la pluie avait causé de graves inondations et la rivière a englouti leur voiture en un instant. Le corps des deux élèves a été retrouvé le lendemain mais le corps de l’enseignant dévoué n’a été trouvé qu’au bout de 14 jours. Ces deux dernières années, il y a eu plusieurs exemples de tristes accidents et de sacrifices consentis par des enseignants. Nous nous souviendrons de l’école de Shin-Abad (village de Piranshahr dans la région de Safilan, Lordegan dans la province de Tcharmahal et Bakhtiari) et de son enseignant dévoué, Yazdan Khosravi ; de Monsieur Davari, enseignant d’Allemand à l’école de Nourabad au Lorestan, en 2006 ; de Khosrow Asgari Hassan, instituteur de l’école Nosrat Kola à Babolsar ; de Hassan Omidzadeh, enseignant à l’école de Bidjarsar dans la banlieue de Shaft dans la province du Guilan et de l’institutrice de la province du Khorassan et de la ville de Mashhad : elle a réussi à sauver l’une de ses élèves qui se noyait mais a fini par sombrer ; son nom n’a même pas été publié ; de l’accident de l’école Vahdat Mazafa à Meshkineshahr en Azerbaïdjan ; de l’accident qui a causé la mort de quatre élèves dans une école de Tchahbahar en 2001. Lors de tous ces évènements, plusieurs enseignants dévoués se sont sacrifiés à cause de l’amour et du dévouement absolus qu’ils portaient à leurs élèves. Il se serait donc juste d’associer les mots sacrifice et enseignant. Les enseignants sont des humains dévoués, capables de se sacrifier pour l’éducation de leurs élèves.

Les enseignants sont pleins d’amour, de dévouement et de passion mais ils ne reçoivent qu’un salaire minimum et n’ont que très peu d’avantages.

Les parents ont un amour et un esprit de sacrifice pour leurs enfants, les enseignants peuvent, de la même façon se sacrifier et même s’immoler par le feu (si nécessaire) pour leurs élèves. Je n’oublierai jamais et vous n’oublierez jamais ce que l’enseignant du village de Bidjarsar, Monsieur Hassan Omidzadeh a dit : « Quand le feu brûlait en moi, je me souvenais avoir regardé mes élèves, tenu leurs petites mains pour les sortir de la classe. J’ai alors pu fermer les yeux un instant pour dire mes dernières prières. J’ai demandé à dieu de me sauver des flammes de l’enfer après ma mort. »

Que répond-on à tant de sacrifice et de dévouement ?

Notre pays a actuellement 1.013.355 enseignants. Comment décrire nos enseignants : « le jardinier se meurt d’être séparé de ses belles fleurs tout en se lamentant à voix haute de leur perte. »

2-Le premier jour d’école et le début de l’école primaire sont les fondements de notre éducation mais, de nos jours, les parents sont amers lors de cet évènement important. C’est parce que les frais de scolarité sont très élevés Presque 92% des Iraniens étudient dans des écoles publiques et la plupart dans des écoles primaires. Presque 52% des Iraniens étudient au niveau primaire. D’après les fonctionnaires de l’éducation, il est illégal de demander aux parents des frais d’inscription dans les écoles publiques. Cependant, il n’existe pas deux écoles qui n’en demandent pas. Il faut noter que la qualité de l’enseignement ne détermine pas le montant de l’inscription. Les écoles privées déterminent leurs frais de scolarité sur cinq critères : 1-le personnel 2-les bâtiments 3-les programmes d’éducation 4-les programmes pratiques 5-l’espace, les équipements et les candidatures aux institutions d’éducation. Même dans les écoles Sampad, qui scolarisent les enfants de l’élite du gouvernement et les écoles Shahed, les parents paient de 200.000 à 2.000.000 de tomans pour les cours facultatifs. La localisation des écoles dans les grandes villes comme Téhéran donne des résultats différents dans les prix de scolarité, du sud au nord. A Téhéran, environ 18% des écoles (1.500) sont privées et les frais de scolarité atteignent 12.000.000 de tomans. Beaucoup d’étudiants pauvres quittent l’école parce qu’ils ne peuvent pas payer les frais de scolarité ; ils rejoignent le monde du travail ou deviennent des délinquants. D’après la constitution, l’éducation doit être gratuite et personne ne devrait payer de frais de scolarité. Les frais de scolarité augmentent tous les ans, qui est responsable de cette négligence ?

3-L’un des outils essentiels pour planifier l’éducation est l’analyse des programmes passés et présents. Dans ces dernières décennies, des développements notables ont été observés en épistémologie, en ontologie et dans les perspectives d’éducation post-modernes. Il faut aussi porter attention à ces points de vue. En dehors d’une poignée de livres et d’articles qui analysent ces concepts, il y a un immense fossé dans la recherche sur ces sujets. Le coût de l’éducation a beaucoup augmenté et peu de directeurs ou de planificateurs peuvent en bénéficier. D’un autre côté, la liberté d’agir à l’intérieur du système de l’éducation est très limitée. Comme des rebelles qui utilisent des armes primitives pour se battre, les fonctionnaires de l’éducation traitent les récentes avancées technologiques de façon très rétrograde.

Il y a plus de 100 ans que les fondements du système moderne d’éducation ont été établis en Iran. Mais il n’y a eu aucune innovation dans les techniques ou les outils d’éducation. Une poignée d’écoles ont récemment été présentées comme des écoles électroniques ou de vrais exemples d’école moderne ne sont là que pour amuser la galerie. A l’opposé de ses soi-disant écoles modernes, il existe des écoles dans les banlieues qui souffrent du manque d’équipements de base comme des salles de classe, des bibliothèques, des terrains de sport, des ateliers de théâtre ou de laboratoires. Il existe d’autres problèmes dans le système de l’enseignement. Par exemple, n’est-il pas plus important d’acquérir de nouvelles méthodes d’enseignement et de s’occuper de la qualité de l’éducation plutôt que de changer les leçons d’un manuel ? Au fait, quel est le budget pour la qualité de l’éducation et l’amélioration de l’éducation ?

Abdolreza Ghanbari – Décembre 2014

Source : https://hra-news.org/en/articles/couple-words-teacher-abdolreza-ghanbari

Une étudiante bahaïe interviewe trois députés iraniens


Ce qui suit a été écrit par un citoyenne journaliste iranienne de l’intérieur utilisant un pseudonyme pour protéger son identité.

Je suis en troisième année de lycée. J’ai d’excellentes notes. Mes professeurs espèrent que mon nom figurera en tête de classement du concours d’entrée à l’université. Mais je sais que même si je suis la première, je n’aurai pas ma place dans les universités iraniennes, comme ma sœur, étudiante en architecture de l’université Beheshti qui a été expulsée dès la deuxième année.

Lundi 15 décembre, un professeur d’université, l’ayatollah Moussavi Bodjnourdi a clairement exprimé le déni des droits civiques fondamentaux pour les bahaïs. « Nous n’avons jamais dit que les bahaïs avaient le droit à l’éducation. Ils n’ont aucun droit civique. Les chrétiens, les juifs et les zoroastriens ont des droits civiques et humains parce qu’ils pratiquent une religion abrahamique » a-t-il dit à l’agence de presse Fars.

J’ai une idée, me suis-je dit, quand ils nous disent eux-mêmes que nous n’avons aucun droit, auprès de qui puis-je protester ? Nous n’avons pas de représentant au parlement vers lequel nous tourner. J’ai alors décidé d’appeler quelques députés de la commission d’éducation et de leur demander, en tant qu’étudiante bahaïe de relancer mes droits en tant que citoyenne iranienne. Tous les trois sont des élus de Téhéran, sont titulaires d’un doctorat et enseignent dans une université ou un centre de recherche.

Zohreh Tabib-Zadeh-Nouri : « Convertissez-vous à l’islam et vous n’aurez plus de problème. »

Zohreh Tabib-Zadeh-Nouri est dentiste et enseigne à l’université Shahid Beheshti ; elle est membre du conseil scientifique de cette université. C’est l’une de celles qui ont posé des questions à l’ancien ministre des sciences Reza Faradji-Dana sur le retour des étudiants bahaïs dans les universités.

Bonjour madame Tabib-Zadeh, j’ai un problème et je voulais vous parlez
D’accord mais vite parce que je dois assister à une réunion tout de suite.

Je suis une lycéenne iranienne et tous mes professeurs espèrent que je serai parmi les premiers dans le concours d’entrée de l’année prochaine. Mais je n’ai aucune assurance de pouvoir intégrer l’université.
Comment cela ?

Parce que je suis bahaïe.
Comment avez-vous eu mon numéro ?

J’ai eu votre numéro par un ami journaliste. On m’a dit que vous feriez votre possible.
Ecoute ma fille. Vous, les bahaïs, êtes hostiles à l’islam et nous ne pouvons pas admettre des ennemis de l’islam à l’université. Vous entrez à l’université et vous commencez à convertir les autres. Maintenant, en raison de l’incurie de l’ancienne équipe de direction du ministère des sciences, plusieurs étudiants bahaïs sont entrés à l’université et des livrets de propagande bahaïs ont été distribués. Bien sûr, les musulmans ne vont pas être trompés par ces livrets, et les bahaïs le savent aussi, mais ils agissent ainsi à cause de leur animosité vis-à-vis de l’islam.

Vous voulez dire que vous ne pouvez rien faire ?
Ecoute ma chèrie. Va étudier le coran, apprends-en plus sur l’islam et prends ta décision. Je te promets que si tu l’étudies avec soin, si tu décides avec sagesse de choisir l’islam comme religion, alors tes problèmes disparaitront d’eux-mêmes. Si tu as besoin de quoi que ce soit pour étudier, tu peux contacter mon bureau. Note le numéro de mon bureau et appelle-moi. Que dieu d’accompagne. Je dois me rendre à ma réunion.

Mehdi Koutchek-Zadeh : “Quitte l’Iran.”

Mehdi Koutchek-Zadeh a un doctorat d’ingénieur hydraulique de l’université Modarrès et il est membre du conseil scientifique de cette université. C’est un député conservateur membre du front de la persévérance. Après deux heures d’entretien téléphonique avec son bureau et de coordination avec son secrétariat, j’ai finalement pu lui parler parce que j’ai insisté pour lui exposer mon problème en personne.

Bonjour Monsieur Koutchek-Zadeh. Je suis une lycéenne de bon niveau et mes professeurs espèrent que je me classerai dans les premiers lors du prochain concours d’entrée à l’université.
Si dieu le veut. Que puis-je pour vous ?

Je ne peux pas rentrer à l’université parce que je suis bahaïe.
(Rires) Nous n’avons pas besoin de vous dans nos universités. Vous avez votre propre université, votre propre organisation et plus encore. Allez à votre université secrète et ne nous faites pas perdre notre temps.

Monsieur Koutchek-Zadeh, quelle que soit ma religion, je suis iranienne et vous représentez tous les Iraniens. C’est votre seule réponse ?
Vous pouvez faire autre chose. Vous pouvez aller en Amérique ou en Israël et leur demander de l’aide. Dites-leur que vous êtes l’une des leurs et vous pourrez facilement entrer à l’université et obtenir un diplôme. Pourquoi rester ici et créer des problèmes pour vous-même et pour nous ?

Mais je veux vivre dans mon pays.
Alors, suis la loi. (Son portable sonne). Je n’ai plus le temps de discuter.

Mohammad Nabavian : « Les universités ne sont pas faites pour les bahaïs. »

Mohammad Nabavian est religieux et il a un doctorat de philosophie comparée. Il est professeur assistant au centre de recherche et d’éducation imam Khomeiny. Il a été l’étudiant de l’ayatollah conservateur Mesbah-Yazdi et a parlé plusieurs fois de rendre les universités plus islamiques.

Monsieur Nabavian, on me refuse l’entrée à l’université. Mes amis m’ont suggéré de vous contacter pour vous expliquer mon problème.
On vous a refusée ? On vous a expulsée de l’université ? Avez-vous un problème avec la morale ?

Non, je ne suis pas à l’université. Mais je crois qu’on m’en refusera l’entrée car je suis bahaïe. Est-ce exact ?
Oui, c’est exact; les universités ne sont pas faites pour les bahaïs. Les universités de pays islamiques doivent être islamiques.

Mais il y a des étudiants d’autres religions, non ?
Religions, oui. Mais le bahaïsme n’est pas une religion, c’est une secte. Une secte fabriquée de toute pièce.

Mais, quelle que soit ma religion, je suis iranienne et vous représentez tous les Iraniens.
Non, je ne vous représente pas. Je représente le peuple musulman d’Iran

Source : http://en.iranwire.com/features/6200/

Lettre à Bahareh Hedayat, étudiante iranienne emprisonnée et féministe


Ci-dessous, des extraits d’une lettre de la journaliste Marzieh Rassouli à Bahareh Hedayat, étudiante féministe. Marzieh et Bahareh se sont trouvées ensemble à la prison d’Evine.

Les dimanches, jours de visite, je demandais toujours à Raheleh si quelque ami ne m’avait pas envoyé de message. Elle me répondait que non mais qu’un tel t’as écrit quelque chose dans une publication. Je savais que je n’étais pas la seule à ressentir la même chose. Maryam aussi avait le cœur brisé. Son amie venait de se marier. Maryam demandait incrédule : « Elle ne m’a pas invitée ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas au moins envoyé un message ? Ce n’est pas parce que je ne peux pas m’y rendre qu’elle n’aurait pas dû m’inviter ? »

Et toi ? Penses-tu encore à ce genre de choses après cinq ans en prison ? Ces préoccupations sont peut-être normales au début. Au début, quand ton corps est en prison mais ton esprit se concentre encore sur l’extérieur. Cela erre de maison en maison, d’une rue à l’autre, et d’une personne à une autre. Au début, on erre, on se sent déplacée. Cela prend du temps à l’esprit et au corps de se rejoindre pour finir par trouver la paix. Le sort a voulu que je n’aille pas au-delà du début. Mais peut-être que si j’étais restée plus longtemps, cette part inconnue de mon être, qui était toujours en attente, aurait-elle commencé à se mettre en marche et j’aurais alors oublié toutes ces préoccupations. Le processus de l’acclimatation, comme une douce mère qui ne veut pas que son enfant ait des difficultés dans sa vie, aurait fini par se saisir de moi, me berçant pour m’endormir, jusqu’à un état d’oubli.

Je ne sais pas si tu t’es réconciliée avec ces choses, ou s’il y a même des problèmes qui te préoccupent ? Je voudrais pouvoir te parler de tout cela. Pas par lettre, mais plutôt te parler face à face, comme nous parlions en prison. On s’asseyait en bas et commencions à discuter, si absorbées que celles qui nous regardaient pensaient que nous avions une conversation privée intense. Elles nous demandaient la permission avant de s’approcher. « Puis-je descendre ? Je ne vous dérange pas ? » Demandaient-elles.

Quelquefois, je pense à ta libération, combien tu te sentiras perdue et déçue dehors. Tu marcheras dans la rue et personne ne connaîtra ton secret. Comme si rien ne s’était passé. Comme si tu n’avais pas été absente. Comme si ta vie ne t’avait pas manqué pendant toutes ces années. Immédiatement après ta libération, tu deviendras comme tous ces gens sans visage qui attendent que le feu passe au vert. On te bousculera quand tu essaieras de prendre le métro pour se faire de la place. Toutes ces choses que tu n’as pas ressenties pendant des années, que tu as peut-être même oubliées, se précipiteront sur toi. Elles ne t’attendront pas. Pas une seule minute ! Et pour les évènements quotidiens, tu ne seras pas différente des autres. 

Durant cette méditation, on me suggère qu’il vaudrait peut-être mieux d’espérer d’abord ta libération, après quoi, on pourra s’inquiéter de ce qui t’arrivera. « Il faut que Bahareh soit libérée, après, peu importe si elle finit par être comme nous autres ? » Disent-ils. Je me demande combien de temps il te faudra pour devenir l’une des nôtres ?

Je veux publier cette lettre sur mon blog. Ainsi, j’aurai parlé avec toi ici aussi. Ecrire à ton propos sur mon blog me permettra de parler de toi aux rares personnes qui comptent pour moi, qui pourront le lire. Je veux leur dire que tu n’es pas qu’une prisonnière courageuse dont ils ont vu la photo ou dont ils ont lu l’histoire dans différents reportages ou déclarations. Je veux leur dire que tu es une vraie personne. En fait la meilleure.

Source : http://3rouzpish.blogspot.co.uk/2014_12_01_archive.html

dimanche 28 décembre 2014

Déclaration des militants des droits humains des prisons d’Evine et de Radjaï Shahr

Nous rendons hommage au 66ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains, alors que nous sommes témoins de violations systématiques des droits humains par les organisations officielles et officieuses du gouvernement de notre pays bien-aimé.

Ces jours-ci, nous commémorons le 16ème mois du mandat de Rouhani qui a su rendre espoir et jouit d’un grand soutien. Durant cette période, nous avons vu quelques efforts du gouvernement pour améliorer la situation dans quelques domaines : le gouvernement s’oppose à la censure du net, soutient le retour d’anciens professeures et étudiants expulsés des universités, projet de charte des droits du citoyen, tentatives d’améliorer les conditions de l’environnement et approbation du projet de libre accès à l’information. Malheureusement, en raison de la structure du pouvoir et de la juridiction de la république islamique, de la concentration du pouvoir entre les mains d’organisations non-élues et qui n’ont pas à répondre de leurs actes, l’augmentation des violations des droits humains est telle que l’on perd espoir de voir une quelconque amélioration sur ce point précis.

Infractions aux procédures et normes d’un procès équitable, augmentation des verdicts lourds et justes, dont la peine de mort, refus de mise en place de certains article du code pénal qui conduiraient à la libération de beaucoup de prisonniers (comme l’article 134), retards dans la mise en place du nouveau code criminel, voilà des violations majeures des droits humains qui sont commises dans le domaine judiciaire. Malheureusement, dans le domaine légal, l’approbation de plusieurs articles, projets de loi et recommandations comme le « soutien au bien et l’interdiction du mal » produisent une violence aggravée, systématique et officielle, et une limitation des libertés sociales par des organisations non-élues et qui n’ont pas à répondre de leurs actes, soutenues par certaines factions du gouvernement. Le rejet de la convention « interdisant toute sorte de discrimination contre les femmes » ainsi que du projet pour prévenir la violence contre les femmes et les enfants ont conduit à plus de discrimination et d’inégalité pour les femmes de ce pays. De plus, il est important de noter l’approbation et le décret d’application d’articles du code pénal islamique (2013) dont les articles 220, 286, 291, 292, 302,303 et 349, par lesquels les juges peuvent condamner à mort des opposants politiques ou de conscience. En se basant sur ces articles, tout citoyen peut commettre un crime sous de piètres prétextes sans en être puni. Et ce ne sont que quelques exemples des violations systématiques des droits humains sous la législature actuelle.

L’exécutif du 11ème gouvernement se bat toujours avec différents problèmes à cause des promesses faites au peuple. Il a échoué à mettre en œuvre certaines parties de la constitution, surtout celles relatives aux droits de la nation à cause de l’approche sécuritaire actuelle du gouvernement envers les problèmes politiques et sécuritaires ; l’incarcération illégale des dirigeants du Mouvement Vert : Mir-Hossein Moussavi, Zahra Rahnavard et Mehdi Karroubi, une distribution des richesses injuste et inadéquate qui a causé plus de pauvreté et d’inégalité ainsi que l’élargissement du fossé entre les classes de la société. L’absence de sécurité de l’emploi, surtout parmi ceux qui gagnent le moins est aussi un exemple des problèmes évoqués ci-dessus.

Dans le domaine de la sécurité et de l’hygiène, l’injection d’une partie des revenus du pétrole a permis une amélioration temporaire de la santé des citoyens ; cependant, l’hygiène et la santé publique ne sont pas dans un état acceptable et durable et nous faisons face à des maladies largement répandues comme le cancer et les maladies cardiovasculaires et respiratoires.

Il faut aussi souligner l’importance des politiques sociales qui ont fait augmenter la violence à l’intérieur de la société. Par exemple, l’augmentation de la violence et des attaques contre les femmes à Ispahan et à Djahrom qui rendent la société malsaine et dangereuse.

Les manifestations contre le décret visant à « empêcher le mariage des enfants » malgré l’importance du nombre de mariages d’enfants, surtout de petites filles, a suscité beaucoup de questions dans l’opinion publique, surtout chez les militants des droits des enfants.

Dans cette situation, nous sommes incrédules face aux allégations des autorités responsables sur « la situation satisfaisante des droits humains en Iran » et « la transparence nécessaire » sur le sujet.

A propos de ces allégations, nous remarquons aussi l’absence du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la Situation des Droits Humains en Iran pour la 4ème année consécutive.

Pour conclure, nous exprimons notre inquiétude sur les violations systématiques des droits humains en Iran et les dommages irréparables faits à la société iranienne, nous demandons aux autorités d’œuvrer efficacement dans ce domaine en coopérant avec la société civile, en mettant en œuvre les conventions internationales pour améliorer la situation des droits humains en Iran.

Militants des droits humains et politiques des prisons d’Evine et de Radjaï Shahr : 
Abdolfattah Soltani – Saïd Madani Ghahfarakhi – Mehdi Khodaï – Keyvan Samimi – Saïd Razavi Faghih

Source : https://hra-news.org/en/statements/declaration-human-rights-activists-evin-rajai-shahr-prison

L’obsédé sexuel qui m’a interrogée – Fereshteh Ghazi


Jusqu’à ce qu’elle soit assise les yeux bandés face à un mur dans une salle d’interrogatoire, Fereshteh Ghazi n’avait jamais imaginé être menacée de viol, ne s’était pas attendue à ce qu’on lui demande d’avouer des relations sexuelles illicites avec des gens qu’elle n’avait jamais rencontrés.

Des centaines de journalistes et de militants politiques ont été arrêtés en Iran, beaucoup ont été soumis à la torture pour avouer des crimes qu’ils n’avaient pas commis et emprisonnés dans des conditions inhumaines, souvent à l’isolement. Ces hommes et ces femmes ont été accusés d’immoralité, d’être des « ennemis de dieu », d’espionnage au profit des de gouvernements occidentaux « hostiles ». La journaliste et militante des droits humains Fereshteh Ghazi a été l’une des premières à parler publiquement de son calvaire, donnant à d’autres femmes reporters soumises à un traitement similaire le courage de raconter leurs histoires.

Saïd Mortazavi, alors procureur général de Téhéran, a ordonné l’arrestation de Fereshteh Ghazi et de plusieurs autres journalistes le 28 octobre 2004. Il a été par la suite suspendu de ses fonctions en 2010 après que trois gouvernements anti-gouvernementaux soient morts en détention à la prison de Kahrizak en 2009. Le 15 octobre 2014, il a fini par être démis de ses fonctions.

L’arrestation de Fereshteh Ghazi et de ses collègues, connue en Iran comme le « dossier des sites web » a beaucoup attiré l’attention des médias internationaux. Après leur libération, les journalistes ont refusé de se taire et ont parlé de ce qui leur était arrivé et des brutalités qu’elles ont subies en prison, y compris des menaces de viol et d’autres formes de torture mentale. Les journalistes ont raconté leurs expériences au bureau de surveillance de la constitution et à l’ancien responsable de la justice, l’ayatollah Hashemi-Shahroudi. 

IranWire a parlé à Fereshteh Ghazi des accusations dont elle a fait l’objet et des menaces de viol répétées.

Avant votre arrestation, imaginiez-vous être accusée de relations illicites ou d’immoralité ?
Non, à l’époque, c’était différent. Aujourd’hui, on menace couramment les gens de viol ou on les accuse de relations illicites qui n’existent pas ou d’actions immorales ; c’est utilisé pour torturer les détenus. A cette époque, on avait bien entendu dire qu’un journaliste arrêté ou un militant politique avait été accusé de choses comme des relations illicites ou d’avoir bu de l’alcool ou encore d’être drogué, mais comme ils n’en avaient jamais parlé, ce n’était pour nous qu’une rumeur. Je n’ai jamais imaginé que si j’étais arrêtée une telle chose m’arriverait.

Comment avez-vous réagi lorsque cela vous est arrivé ?
J’ai été choquée. J’ai été un moment prise de vertige et je n’arrivais pas vraiment à croire ce que j’entendais. J’ai fait une grève de la faim mais sans résultat. Rien n’a changé. Le juge Zafar Ghandi a dit : « Je vais vous montrer ce que nous faisons des prisonniers professionnels ! » Ils croyaient que les grèves de la faim étaient réservées aux prisonniers professionnels.

Comment a-t-il réagi en portant ces accusations ?
Je pense que plus que tout, c’était un obsédé sexuel et qu’il aimait porter ces accusations durant les interrogatoires. Je l’ai entendu dire par mes co-accusées interrogées par la même personne. Le ton de sa voix, sa façon de parler, les mots qu’il utilisait, rien de tout cela ne dénotait une personne normale.

Pouvez-vous nous dire ce qu’il vous a dit ?
Il voulait que j’avoue des relations illicites avec des personnes haut-placées à cette époque, depuis Mostafa Tadjzadeh, Ata’ollah Mohadjerani et Mohammad-Ali Abtahi jusqu’à Khatami lui-même. Je n’ai jamais rencontré certains d’entre eux, j’en ai rencontré d’autres uniquement brièvement. Mais il voulait que j’avoue avoir eu des relations illicites avec eux. Comme je n’ai pas répondu, il a commencé à parler de façon dégoûtante et énervante. Il parlait des relations illicites comme s’il feuilletait un porno.

Vous avez été contrainte à avouer ?
On m’accusait de deux choses et exerçait des pressions sur moi pour que j’en reconnaisse au moins une. Je devais accepter soit les relations illicites soit avouer que j’étais une espionne. J’ai avoué l’espionnage parce qu’il n’impliquait que moi. Si j’avais avoué les relations illicites, d’autres personnes auraient été impliquées.

Vous avez vu le visage de celui qui vous interrogeait ?
Au début, quand j’étais au « centre de détention secret », j’étais toujours interrogée les yeux bandés. Mais une fois, quand il m’a accusée d’immoralité, je me suis levée pour protester et j’ai retiré le bandeau. Il a donné un coup de pied à la chaise par derrière, mon visage a heurté le bras de la chaise et je me suis cassé le nez. Quand j’ai été transférée à la prison d’Evine, les interrogatoires se sont arrêtés. On voulait juste que j’avoue face à une caméra. Je n’avais pas les yeux bandés durant ces sessions. Après ma libération, j’ai compris que c’était le même homme qui avait interrogé mes co-accusées sous des noms différents, Keshavarz et Fallah. Un an et demi après l’arrestation, je me suis rendue à l’étranger ; à mon retour, j’ai été convoquée au ministère du renseignement. Et je l’ai vu, celui qui m’avait interrogée.

Mortazavi a-t-il assisté à certains de vos interrogatoires ?
Une fois, j’ai reconnu sa voix au centre de détention. En tant que journaliste, j’ai assisté à beaucoup de conférences de presse. Avant mon arrestation, il m’avait déjà interrogée une fois. Je connaissais sa voix et ses expressions. Après l’arrestation, il nous a interrogées plusieurs fois dans son bureau.

En tant que procureur, vous a-t-il personnellement accusée d’immoralité ?
Saïd Mortazavi essayait de ne pas dire ce genre de choses en public. Mais une fois, il a expulsé mon avocat de la pièce ; il est passé si près de moi que j’ai senti son souffle sur mon visage. Il m'a dit que tout ce qu’on m’avait dit lors des interrogatoires pouvait se passer. On m’avait menacé de viol à plusieurs reprises : « Il y a beaucoup d’hommes qui n’ont pas vu une femme depuis des années. On va vous mettre dans la même cellule qu’eux ». Ou bien : « Il y a beaucoup d’accidents en Iran. Votre mari sera écrasé par une voiture. » Etc. J’ai été choquée d’entendre Mortazavi dire que de telles choses pourraient se passer. Je voulais porter plainte contre celui qui m’avait interrogée mais le procureur disait la même chose que lui. Ils étaient de mèche.

En avez-vous parlé après votre libération ?
J’avais été très blessée alors j’en ai parlé publiquement. Je pensais que si ceux qui avaient été arrêtés avant moi en avaient parlé, j’aurais au moins évité le choc et j’aurais été mieux préparée aux interrogatoires. Je me souviens que l’atmosphère était si lourde que, lorsque je parlais à mes collègues de cette conduite inhumaine et des accusations d’immoralité, certains me disaient : « N’en parle pas. Ça peut te coûter cher. » Je demandais pourquoi il ne fallait pas que j’en parle. A ma libération, j’ai parlé, plus que du reste, des pressions exercées au travers de ces accusations d’immoralité. Je voulais que ceux qui risquaient d’être arrêtés après moi sachent au moins à quoi s’attendre et sur quoi porteraient les interrogatoires. J’abordais le sujet lors de réunions avec tous les officiels que je rencontrais.
J’avais l’impression que, si l’on abordait le sujet, on pourrait l’éviter. J’avais bien sûr tort. Cela a continué après nous et cela continue toujours.

Avez-vous mentionné les accusations d’immoralité et la façon dont les interrogatoires avaient été menés lors de votre entrevue avec l’ayatollah Hashemi-Shahroudi ?
Quand nous avons rencontré Monsieur Shahroudi nous a dit de ne pas parler des accusations d’immoralité abordées lors des interrogatoires et de nous en tenir aux accusations politiques. J’ai dit que c’était ma principale doléance. En tant que journaliste, je dois savoir pourquoi j’ai été accusée de relations illicites et pourquoi je ne devrais pas en parler. J’ai rapporté tous les détails. Je me sentais si mal que j’ai quitté la réunion en plein milieu. Plus tard, Monsieur Khatami a cité Monsieur Shahroudi disant : « elle se sentait si mal que cela m’a touché »

Qui vous a dit de ne pas parler de ces sujets ?
Quelques personnes qui avaient préparé la réunion. L’assistant de Monsieur Shahroudi. Même certaines de mes co-accusées, qui ne voulaient pas en parler à cause de l’atmosphère qui régnait. J’ai bien sûr tout décrit en détail.

Quelle a été la réaction de Shahroudi quand il a pris connaissance de ces choses?
La première chose que Shahroudi a dite était très intéressante : « Monsieur Mortazavi m’a dit que vous aviez fait des choses vulgaires sur internet. Vous avez publié des images vulgaires des imams chiites, de l’imam Khomeiny, du guide et même de Monsieur Khatami. Les ordinateurs sont mauvais. J’ai un ordinateur à la maison, mais quand je pars, je ferme la porte de la pièce à clé pour que ma fille n’y touche pas et ne soit pas touchée par le vice. »
Monsieur Shahroudi croyait réellement que nous avions créé ces images, par exemple, une de l’ayatollah Khamenei en sous-vêtements, et que nous les avions postées. Voyez plutôt, le responsable de la justice ne connaissait pas les détails d’un dossier dont le monde entier parlait. Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU de l’époque en avait parlé.
Quand nous avons commencé à parler, il était clair qu’il était choqué. On nous avait donné une demi-heure, ensuite nous devions nous rendre à une réunion, une session de conseil suprême de la révolution si je ne me trompe pas. Mais la réunion s’est poursuivie tandis que nous parlions. Monsieur Shahroudi n’a pas assisté à la réunion et a continué à nous écouter attentivement.

La réunion a-t-elle apporté quelque chose ?
Après la rencontre avec Monsieur Shahroudi, nous n’avons plus été convoquées par Mortazavi et on lui a retiré le dossier. Entre notre libération et notre rencontre avec Shahroudi, j’ai été convoquée et interrogée par Mortazavi 13 fois.

Après cette rencontre, vous avez assisté à une session du conseil constitutionnel et vous leur avez parlé des interrogatoires. Quelle a été leur réaction ?
Nous avons rencontré le conseil constitutionnel avant Monsieur Shahroudi. Monsieur Khatami avait chargé le conseil de réviser notre dossier. Nous avons expliqué les problèmes en détail au conseil, des accusations d’immoralité et de sécurité, des accusations d’espionnage aux conduites illégales, des arrestations illégales au centre de détention secret et tout ce qui s’y est passé ainsi que plus tard à la prison d’Evine. Ils ont été profondément touchés.
Mais je me souviens encore de quelque chose pendant cette réunion qui me fait sourire amèrement quand j’y pense. Imaginez, nous avions tout expliqué : les menaces de viol, les menaces d’arrestation ou de meurtre pour les membres de nos familles, les accusations de conduite immorale et d’espionnage, les coups, mon nez cassé. Et soudain, Hashemzadeh Harissi, qui est aussi membre du conseil des experts, m’a interrompu pour me demander : « Madame Ghazi, je n’ai qu’une question : la personne qui vous interrogeait était-elle un homme ou une femme ? »

En ce moment, beaucoup parlent d’expériences similaires. Quand vous entendez parler des personnes récemment arrêtées, cela vous rappelle-t-il votre propre expérience ?
Pour vous dire la vérité, je me sens amère et blessée. J’ai ressenti cela dans ma chair et dans tous mes os. Je suis triste que les efforts de divulgation de mes collègues et les miens, pour que les autorités arrêtent ce processus n’aient mené à rien. Malgré toutes les pressions et les risques, nous ne nous sommes pas tues. Nous avons donné des interviews et nous sommes adressées aux autorités. Certains n’ont pas eu confiance et n’ont pas aimé ce que nous disions. Ils nous ont demandé de nous taire et de ne parler que des interrogatoires sur les sujets politiques et sécuritaires. Nous n’avons pas suivi leurs conseils et avons continué à parler.
Malheureusement, nous avions tort et cette méthode perdure toujours.

Source : http://en.iranwire.com/features/6150/

samedi 27 décembre 2014

Lettres de deux enfants d’avocats emprisonnés à leurs pères.


Voici plus de trois ans que vous n’êtes plus à nos côtés. Nous savions, depuis le début, que le chemin des droits humains est difficile et plein de danger, mais nous croyons en votre persévérance et nous savons que vous n’arrêterez jamais, ne serait-ce qu’un instant, de suivre la vérité et les droits pour établir la loi. Aujourd’hui, journée internationale des droits humains, nous nous souvenons de vous et de tous ceux qui sont en prison, nous nous rappelons votre bonté et votre absence à nos côtés et nous désirons pouvoir vous embrasser au plus vite.

Maedeh, fille d’Abdolfattah Soltani – Ali, fils de Mohammad Seifzadeh

Source : https://hra-news.org/en/two-imprisoned-lawyers-childrens-letter-fathers

Interview de Nastaran Naïmi, épouse de Soheil Arabi – 14 décembre 2014



Soheil Arabi a été condamné à mort pour avoir insulté le prophète et les imams sur Facebook ; sa condamnation a été approuvée par la cour suprême.

Madame Naïmi, bien que je comprenne qu’il vous soit pénible de répéter ce que vous avez déjà dit, merci de nous donner les dernières informations sur Monsieur Arabi, si possible.
Le dossier reste inchangé et il n’y a pas de nouvelle information. Le seul changement c’est que nous avons interjeté appel et que cet appel n’a pas encore été enregistré. Nous espérons que notre appel soit pris en considération pour nous permettre de prouver que la procédure précédente n’était pas légale. Nous avons confiance en la justice, ce qui veut dire que nous espérons un procès juste pour Soheil qui casserait ce verdict injuste, ce qui nous remplirait tous de joie.

Je l’espère aussi. Serit-il possible de nous dire si Shoheil avait d’autres activités en dehors du Cyber espace.
Oui, Soheil avait d’autres activités et je l’accepte. Soheil a été condamné à trois ans par le juge Salavati pour insulte au guide suprême  et propagande contre le régime à cause de sa page Facebook qu’il utilisait pour s’exprimer. Bien sûr, il se limitait à des sujets sociaux et quotidiens comme le travail des enfants et l’inflation. Il écrivait des articles sur ces problèmes et les articles sont toujours sur sa page Facebook qui est toujours active. Mais nous affirmons que l’accusation d’« insultes au prophète » se base sur d’autres pages administrées par plusieurs personnes dont Soheil. De plus, tous ces contenus venaient de la colère. L’ignorance des conséquences de ses actes peut être prise en considération pour casser ce jugement. En plus de l’ignorance, il faut noter qu’il n’a pas rédigé le contenu, de même qu’il n’a pas dessiné les caricatures postées sur ces pages ; elles ont été copiées d’autres sources. Est-ce une peine juste pour ces accusations ? C’est contraire à la loi.

Quand a-t-il été arrêté pour la première fois ?
Soheil a été arrêté le 6 janvier 2014.

Combien de temps ont duré les interrogatoires ?
Soheil a été arrêté par le service de renseignement des gardes révolutionnaires et, autant que je sache, il a passé quatre semaines à la section 2A et quatre autres semaines à la section 209, après quoi, il a été transféré à la section 350 de la prison d’Evine.

Pouvez-vous nous donner des précisions sur son arrestation ?
Soheil a été arrêté entre 6h00 et 08h00 à la maison. Ils n’avaient pas de mandat d’amené mais un mandat de perquisition et un mandat de confiscation pour ses effets personnels. Ils ont saisi l’ordinateur, l’appareil photo, le magnétophone, le disque dur, des clés USB, etc. On les a rendus plus tard mais toutes les informations avaient été effacées.

A-t-il été arrêté de façon normale et polie ?
Leur attitude était polie et professionnelle. Je dois répéter qu’ils n’avaient pas de mandat d’amené. Ils ont aussi dit qu’ils arrêtaient Soheil pour deux ou trois questions et c’est pourquoi je me suis tenue tranquille. J’attendais son retour tous les jours. Je me demande encore comment son dossier en est arrivé là.

Avez-vous du nouveau sur l’appel ?
Nous n’avons reçu aucune nouvelle directe de l’appel. Mais ses avocats travaillent à convaincre le juge et nous avons bon espoir. Nous espérons que l’appel sera pris en considération et à présent, il a été convenu d’envoyer le dossier à la chambre 34. J’espère que l’appel sera approuvé et qu’il amènera de bonnes nouvelles.

Vous confirmez naturellement qu’avant le verdict, vous n’avez fait aucune déclaration publique et vous n’avez contacté personne à propos de Soheil ?
Je le confirme, parce que j’ai toujours cru à l’équité du système judiciaire et je crois toujours que le problème doit être résolu à l’intérieur du pays. Je sens que le dossier est devenu politique, ce qui a affecté la procédure. Mais j’ai bon espoir que des juges intègres, à l’intérieur du pays, s’occuperont de notre requête.

Alors, sur votre requête, nous ne publierons pas de nouvelles sur ce dossier au niveau international ?
Vous pouvez informer les organisations de défense des droits humains si vous le voulez, mais s’il vous plaît, demandez-leur de patienter jusqu’à ce que nous recevions la réponse à notre appel et ne réagissez pas avant. Je vous fais confiance pour informer le public.

Merci beaucoup du temps que vous nous avez consacré. Je suis sûre que vous recevrez de bonnes nouvelles de Soheil.
Je l’espère aussi. Merci beaucoup.

Source : https://hra-news.org/en/interviews/interview-nastaran-naeemi-wife-soheil-arabi

Les femmes continuent la lutte pour leurs droits malgré les obstacles – Mansoureh Shodjaï – 12 décembre 2014

Le 10 décembre 1950, l’assemblée générale de l’ONU a déclaré la journée des droits humains pour attirer l’attention sur la déclaration universelle des droits humains dans le monde entier et en faire la norme pour tous les peuples et les nations.

64 ans plus tard, les violations des droits humains continuent sous différentes formes dans toutes les sociétés humaines, malheureusement. En dépit des efforts des militants des droits humains qui poursuivent les buts de la déclaration, la mise en œuvre des principes de la déclaration n’est toujours pas effective, surtout dans les pays du grand sud.

Cette présentation se concentre sur la lutte des féministes iraniennes contre les violations des droits humains, surtout depuis la révolution islamique de 1979 jusqu’à 2014.

Je vais tenter de montrer comment les Iraniennes ont réussi à prendre position contre les violations des droits humains, même si le problème perdure.

L’émergence du féminisme en Iran date du début du 20ème siècle, l’époque de la révolution constitutionnelle. A cette époque, les femmes demandaient la liberté d’association, d’éducation et de la presse.

Mais en 1906, lorsque le mouvement nationaliste a réussi à instaurer une constitution qui exigeait « l’égalité de tous les citoyens devant la loi », les femmes ne faisaient pas partie de ces « citoyens ». Le tournant pour le mouvement féministe iranien a été leur concentration sur le droit de vote !

Cette demande a finalement été entendue en 1961, quand les femmes ont obtenu le droit de vote et aussi le droit d’être élues au parlement. Elles ont obtenu plus encore par la loi de protection de la famille. Cela a été possible grâce aux luttes historiques des femmes et aussi aux réformes de Mohammad-Reza Shah Pahlavi regroupées sous le nom de « révolution blanche ».

En 1979, durant la période révolutionnaire, lors de la formation du mouvement contre le shah, les femmes ont aussi été une force majeure en faveur du changement. Pour la deuxième fois dans l’histoire des révolutions iraniennes, les femmes n’étaient plus les égales des hommes selon la loi.

Peu de temps après l’instauration de la république islamique, l’ayatollah Khomeiny a demandé l’abrogation de la loi de protection de la famille, ordonné la mise en place de la charia dans tout le pays et édicté un décret demandant aux femmes de s’habiller « correctement ». Dans le même temps, certaines professions ont été interdites aux femmes, dans la justice, par exemple.

Connaissant bien ce que ces lois impliquaient, les femmes se sont mobilisées en masse. Le 8 mars 1979, journée internationale des femmes, des milliers de femmes sont descendues dans la rue, manifestant contre l’obligation du « hidjab » et l’abrogation de la loi de protection de la famille.

Après les années terribles, 1983 à 1988, quand les exécutions de masse et la guerre de huit ans contre l’Irak ont eu lieu, des réformes progressistes ont été mises en place petit à petit. Durant la présidence du réformateur Mohammad Khatami, de 1997 à 2004, les femmes ont pu créer des organisations indépendantes et quelques femmes ont été élues députées.

En 2005, peu de temps après le début de la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, des groupes organisés de femmes ont agi contre la discrimination légale basée sur le sexe.

Ces mouvements ont travaillé sur plusieurs sujets : lutte contre la violence, la guerre et la discrimination. Certains ont organisé une campagne contre la lapidation et presque tous se sont unis pour créer la Campagne d'Un Million de Signatures pour l’Egalité. C’est l’évènement historique le plus important qui a donné forme au mouvement féministe iranien.
Pendant la présidence Ahmadinejad (2005-2009), les fondatrices de la Campagne et de jeunes féministes d’autres mouvements ont été arrêtées et emprisonnées.

En raison de ces conditions difficiles, les féministes ont passé les derniers mois de la présidence Ahmadinejad à attendre une occasion pour refaire surface.

Se fiant au pouvoir collectif des femmes actives agissant ensemble, les féministes de ces mouvements ont formé le collectif « Femmes pour les Demandes Civique en Temps d’Election » basé sur des buts et des idéaux communs. Elles ont ensuite rejoint le soulèvement général et le Mouvement Vert en utilisant leur pouvoir et leur pensée.

Ainsi, les différents courants féministes iraniens se sont unis et ont réussi à inciter le Mouvement Vert à se concentrer sur ses demandes de droits civiques et de démocratie.

Cette coalition majeure de plusieurs groupes et des vagues féministes ont participé à l’élection présidentielle de 2009 en portant deux messages clairs : d’abord, que l’Iran adhère à la Convention Internationale pour l’Elimination de toute Forme de Discrimination contre les Felles (CEDAW) et ensuite l’amendement de plusieurs articles discriminatoires de la constitution iranienne.

Le rassemblement de ces demandes sous le slogan « Nous votons pour les demandes des femmes » fut le signe de l’entrée du mouvement dans la sphère politique, même s’il n’a reçu le soutien d’aucun candidat à la présidentielle.

Pendant les grandes manifestations du Mouvement Vert, causées par le trucage de l’élection, la participation significative des féministes a démontré leur engagement dans une lutte unie pour obtenir ce qu’elles demandaient, la démocratie. Les femmes qui étaient descendues dans la rue avec le slogan « Nous votons pour les demandes des femmes » ont continué à manifester avec le slogan « Où est mon vote ? »

Les évènements violents qui ont suivi l’élection présidentielle de 2009 ont empêché les mouvements sociaux de continuer à revendiquer plus de démocratie.

Huit ans de souffrance sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, les difficultés économiques découlant des sanctions, les violations en masse des droits humains, l’augmentation des violations des droits des femmes, les menaces militaires, l’exil forcé des militants, etc., ont conduit à une attitude modérée de la société civile et des groupes du gouvernement pour l’élection présidentielle en 2013.

Les groupes de femmes ont commencé à être plus actifs politiquement. Une coalition nommée « Hamandish » a vu le jour ; elle incluait des féministes laïques, religieuses progressistes, des femmes ordinaires et même des femmes qui se battaient pour l’égalité tout en étant proches du gouvernement.

Ces groupes revendiquaient surtout plus de droits pour les citoyennes et leur participation au niveau politique. Cet engagement était beaucoup moins radical que le précédent.

Finalement, un candidat modéré, qui avait une attitude politique modérée, tant au niveau international qu’intérieur, envers les droits humains et ceux des femmes a gagné l’élection (Monsieur Rouhani).

Les négociations sur le nucléaire entre l’Iran et l’Occident (2013-2014), leurs effets sur les crises économique et politique d’un côté, l’instabilité de la région, surtout en Irak et en Syrie, l’émergence de Daesh de l’autre, ont diminué l’importance de la participation et du discours politique des militants des droits civiques et des féministes.

Dans cette situation, le nouveau gouvernement a décidé de se concentrer davantage sur la politique étrangère, ce qui veut dire qu’il a oublié les promesses faites sur la protection des droits humains.

Dans le même temps, les violations des droits humains, les discriminations toujours en hausse contre les femmes ainsi que l’instabilité économique ont de nouveau mené la société vers le pessimisme.

Il semble que la présence de quelques femmes en faveur de l’égalité au sein du gouvernement n’ait pas porté ses fruits : les femmes n’ont pas réussi à instaurer une loi sur les droits de la famille et les droits civiques, de nouvelles restrictions se sont fait jour pour les femmes, surtout les célibataires, en matière de travail, la promotion de la stérilisation chirurgicale des hommes comme des femmes a été interdite, la discrimination par le sexe à l’université et sur le lieu de travail a été instituée et la loi a « légalisé » la violence pour assurer le « hidjab obligatoire ».

Par exemple, en octobre 2014, le parlement a voté une loi pour rendre le hidjab obligatoire ; résultat, des femmes qui, selon le régime, n’étaient pas correctement voilées, ont fait l’objet d’attaques de la part de groupes extrémistes violents.

Les féministes ont interprété ces crimes brutaux comme un signe de montée en puissance des groupes intégristes et extrémistes dans la région, surtout liés aux idées de Daesh, à l’intérieur des groupes iraniens extrémistes. Malgré toutes les menaces, les féministes ont organisé une manifestation devant le parlement pour protester contre les attaques à l’acide. Malheureusement, les forces de police ont choisi d’arrêter plusieurs féministes lors de cette manifestation plutôt que les agresseurs qui avaient perpétré ces attaques à l’acide.

En dépit de l’arrestation de ces jeunes militantes comme Mahdieh Golroo, qui est toujours emprisonnée, ces attaques semblent avoir pris fin. Il est à noter que quelques membres du gouvernement ont condamné les attaques.

Malgré de nombreuses restrictions et limitations qui leur sont imposées, les féministes luttent toujours contre la violence en Iran. Elles se battent pour leurs droits, même si elles sont encore loin de l’égalité « écrite » dans la Déclaration Universelle.

Presque 64 ans après la promulgation de la Déclaration Universelle des Droits Humains, la lutte des Iraniennes contre les violations des droits humains ressemble à une coquille de noix sur une mer déchaînée.

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2014/december/12/article/women-continue-struggle-for-rights-despite-barriers.html

Semaine 51 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Le journaliste Mashallah Haeri retourne en prison avant la fin de son traitement médical.
  • Mohammad-Hossein Rezaei est de retour à la section générale après 12 jours à l’isolement à la prison de Minab.
  • Keyvan Samimi, journaliste, hospitalisé.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Mohammad-Amin Abdollahi est de retour à Tabas à la fin de sa libération provisoire.
  • Seyyed Mahmoud Bagheri est de retour à Evine à la fin de sa libération provisoire.
  • Yaghma Fashkhami, journaliste à Roozan, arrêté.
  • Nassour Naghipour est de retour à Evine à la fin de sa libération provisoire.
  • Mohammad Parsi, militant politique, commence à purger sa peine de 3 ans à Evine.
  • Soussane Tabianian, bahaïe, commence à purger sa peine d’un an à Semnan.
  • 3 arrestations près de la frontière nord-ouest de personnes portant des explosifs.

C-Libérations
  • Adnan Rahmat-Panah, bahaï, en libération provisoire pour raisons médicales pour 5 jours.
  • 117 prisonniers accusés de crimes économiques libérés de la prison d’Ardebil.

D-Autres Nouvelles
  • Amir Mirzaei-Hekmati arrête sa grève de la faim.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Seyyed Massoud Talebi condamné à cinq ans de plus pour un total de 20 ans.
  • Une pendaison à Ghazvine.
  • Une pendaison à Mashhad.
  • 4 hommes et une femme pendus à Tabriz.
  • 7 pendaisons à Adel Abad le jour de Noël.

L’université – la Culture
  • La municipalité de Téhéran a fermé les bureaux des journaux "Roshangaran" et "Zanan".
  • Le journal Rouzan a été suspendu.

Manifestations 
  • Grève générale au Kurdistan en solidarité avec les prisonniers grévistes de la faim.
  • Des centaines d’ouvriers d’Arak Pars Wagon son ten grève pour le renouvellement du contrat de leur représentant.

L’économie en Iran 
  • 53% d’augmentation dans les exportations de pétrole iranien vers la Chine.

Politique en Iran
  • La célébration de Noël interdite à Salmas et à Ourmia.

Sur le blog cette semaine

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour