dimanche 31 mai 2015

Semaine 21 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Transfert de Nasser-Mohammad Tilas-Al-Silavi (Abu-Anas) à la prison Karoun.
  • Transfert d’Ali-Akbar Baghbani, secrétaire général du syndicat des enseignants, à Radjai Shahr.
  • Abolghassem (Djavad) Foulodvand sorti de l’hôpital pour retourner à Radjai Shahr.
  • Mehdi Karoubi hospitalisé pour une opération aux yeux.
  • Khosro Mansourian sorti de l’hôpital pour retourner à Evine.
  • Zahra Rahnavard hospitalisée pour une opération aux yeux.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Arrestation du syndicaliste Djafar Azimzadeh.

C-Libérations
  • Libération provisoire de Behzad Arabgol.
  • Libération sous caution de Negar Haeri.
  • Libération de la bahaïe Shamis Mohadjer à la fin de sa peine.
  • Libération de Massoud Pedram à la fin de sa peine.
  • Libération provisoire d’Ali Zakeri.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Atena Farghdani condamnée à 14 ans de prison.
  • Une pendaison à Ardebil samedi.
  • 6 pendaisons à Ghezel Hessar dimanche.
  • 3 flagellations publiques à Joghotai.
  • 8 exécutions à Ghezel Hessar lundi.
  • Une pendaison à Radjai Shahr mardi.
  • 22 pendaisons à Ghezel Hessar mardi.
  • 3 exécutions publiques à Mashhad.
  • 2 pendaisons à Kerman.
  • Une pendaison à Gatchsaran.
  • Une pendaison à Tabriz.

Manifestations
  • Fin de la grève de 35 jours à Safa Pipes.

L’Iran à l’étranger
  • Velayati assiste à la conférence CICA à Pekin.

L’économie en Iran
  • La fermeture d’une filature met plus de 100 femmes au chômage.

Politique en Iran
  • Larijani réélu à la tête du parlement iranien.

Sur le blog cette semaine
 

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

dimanche 24 mai 2015

Lettre ouverte de « L’Organisation des Femmes Citoyennes » à Shahinedokht Molaverdi, vice-présidente chargée des femmes et de la famille pour protester contre l’arrestation de Nargues Mohammadi

Vendredi 15 mai 2015

Madame la vice-présidente,

Le matin du mardi 5 mai 2015, Nargues Mohammadi, membre de l’Organisation des Femmes Citoyennes et militante des droits humains bien connue, a été arrêtée sans aucun préavis. Deux jours avant, elle avait assisté à une séance de son procès ; la justice aurait pu alors prendre facilement une action comme émettre un mandat.

Auparavant, Nargues Mohammadi avait été emprisonnée en 2012 pour purger sa peine de six ans ; mais, au bout de quelques mois, on a conseillé de la libérer sous caution en raison de son état de santé, pour qu’elle puisse poursuivre son traitement hors de prison. Elle souffre de paralysie musculaire et d’épilepsie ; sans suivi médical, sa vie est en danger. C’est pourquoi ses médecins ont décidé qu’elle ne pouvait plus continuer à purger sa peine.
Nargues Mohammadi n’a jamais rien voulu d’autre que la promotion de la société civile et le suivi des problèmes des droits humains et des femmes.

Il faut aussi noter que Nargues Mohammadi est une mère isolée qui s’occupe seule de ses jumeaux de huit ans Kiana et Ali ; ces deux enfants sont dans une situation très précaire car leur père est absent et qu’ils dépendent uniquement de leur mère.

Considérant tout ce qui précède, nous, Organisation des Femmes Citoyennes, exigeons la libération sans condition de Nargues Mohammadi parce qu’il est évident que militer pour l’égalité et la justice dans la société n’est pas un crime. L’emprisonnement d’une militante comme Nargues Mohammadi est une preuve évidente d’injustice ; c’est une violation patente des droits des citoyens que votre gouvernement s’était engagé à soutenir. Nous vous demandons donc de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire part de votre réaction contre cette injustice et demander la libération de Nargues.

Source en Persan :
 

samedi 23 mai 2015

Semaine 20 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Transfert de Mohammad Mozafari à la section 6 d’Evine.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Arrestation du Kurde sunnite Heiman Bazari.
  • Arrestation du syndicaliste Shapour Ehsani-Rad.
  • Arrestation de l’étudiant kurde sunnite Ebrahim Gholami à Mahabad.
  • Arrestation de Negar Haeri ; elle est transférée à la section 209 d’Evine.
  • Arrestation de l’ouvrier kurde sunnite Mostafa Khadir à Mahabad.
  • Arrestation du militant culturel kurde Djalal Khodamoradi.
  • Arrestation du rédacteur en chef de Bayan Eghtesad Mohammad-Reza Moradi.
  • Retour du militant étudiant Seyed Zia  Nabavi en prison à la fin de sa permission.
C-Libérations
  • Libération de l’avocat des derviches Gonanadi Mostafa Daneshdjou  à la fin de sa peine.
  • Permission de 4 jours pour le prisonnier politique Nader Djani.
  • Libération sous caution du syndicaliste Ebrahim Madadi.
  • Permission de 5 jours pour le prisonnier politique Mehdi Motamedi-Mehr.
  • Permission de 4 jours du bloggeur Nassour Naghipour.
  • Libération sous caution du syndicaliste Davoud Razavi.
  • Libération du journaliste Keyvan Samimi à la fin de sa peine.
D-Autres Nouvelles
  • Grève de la faim de la militante des droits humains Nargues Mohammadi.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Une amputation au Khouzestan dimanche.
  • Une pendaison publique à Shiraz.
  • Une pendaison publique à Minab mardi.
  • 4 pendaisons à Arak mardi.
  • 5 pendaisons à Shiraz mardi.
  • 5 pendaisons à Radjai Shahr mercredi.
  • Une pendaison publique à Ghotchan jeudi.
  • 11 pendaisons à Ghezel Hessar.

L’université – la Culture
  • VOA arrête ses programmes radio en Persan.

L’Iran à l’étranger
  • Le ministre de la défense, le brigadier général Hossein Dehghan rencontre son homologue en Irak.
  • Velayati rencontre le président Assad à Damas.
  • Une délégation de taliban en visite à Téhéran.
  • Le ministre des affaires étrangères iranien convoque le chargé d’affaires de Bahrein.
  • Le ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a rencontré la vice-secrétaire générale aux affaires humanitaires et à la coordination de l’aide d’urgence Valerie Amos le 20 mai à Téhéran.

Politique en Iran
  • Suite aux manifestions des ouvriers du rail d’Ahvaz, 60 licenciements.

Sur le blog cette semaine

 

Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

dimanche 17 mai 2015

Rouhani attaqué de tous côtés – Issa Saharkhiz – 1er mai 2015

Alors que le cabinet d’Hassan Rouhani continue d’améliorer la position régionale et internationale de l’Iran, les politiciens durs et les militaires intensifient leur surveillance et leurs attaques. On s’y attendait, mais les attaques se sont transformées en menaces de démission ou d’éviction.

La dernière attaque vient de Djavad Karimi Ghodoussi, membre dur de la commission parlementaire de la sécurité nationale et de la politique étrangère ; il l’oralement mis en garde ; « Si Rouhani ne retire pas ses commentaires (la police en Iran n’a pas le devoir de maintenir les lois islamiques, mais uniquement les lois) et ne se repent pas devant les oulémas et les martyrs, s’il ne présente pas ses excuses au peuple, l’islam lui imposera ce qu’il a imposé par le passé. »

Mohammad-Ali Assoudi, représentant de l’ayatollah Khamenei auprès des gardes révolutionnaires, a utilisé d’autres mots pour le même message quand il a dit que Rouhani devrait tirer des leçons de ce qui est arrivé à Bani-Sadr, premier président du régime islamique après 1979. Il a été demi par le parlement mais avait fui le pays avant.

Trois religieux de haut rang de Qom ont également publié des déclarations critiquant sévèrement Rouhani.

Tout cela indique que le groupe qui, en son temps, considérait Mahmoud Ahmadinejad comme proche de ses idées, ne tolère pas les semblables de Mir-Hossein Moussavi, Mehdi Karroubi, Mohammad Khatami et Hashemi-Rafsandjani et n’accepterait pas non plus un second mandat pour Rouhani. Il utilise tout ce qui est à sa disposition pour le discréditer et finalement l’évincer du pouvoir à mi-mandat.

Il semble improbable que le parlement actuel puisse réunir une majorité des deux tiers pour évincer Rouhani. Mais comme on prévoit que la plupart des députés actuels ne seront pas réélus en février 2016, ils pensent que c’est leur seule chance d’agir. On s’attend à ce que le prochain parlement soit surtout constitué de modérés.

La constitution permet au parlement, par un vote d’une majorité des deux tiers, de convoquer le président qui a alors 30 jours pour se rendre devant le parlement pour convaincre les députés de sa politique et de ses qualifications pour rester en place. Si les deux tiers des députés ne lui votent pas la confiance, le résultat est communiqué au guide suprême qui prend sa décision.

Maintenant qu’il est évident que les durs ont décidé de se débarrasser du chef de l’exécutif, une façon de les en empêcher est d’obtenir, pour l’exécutif, un large soutien public en mettant en œuvre les parties de la constitution qui sont restées lettres mortes et en tenant ses promesses de campagne.

Le président a déjà pris cette orientation et s’efforce de la promouvoir au sein d’un régime qui s’agrippe aux « administrations parallèles ». Il doit canaliser sa politique et ses actions pour que le peuple garde l’espoir, pour que, lors des élections, il sache pour qui voter. Même si cela résulte en un « vote de protestation ».

Source :

Lettre du Docteur Maleki à Ahmad Shaheed

Le docteur Mohammad Maleki, ancien recteur de l’université de Téhéran et professeur retraite de cette université, a écrit au docteur Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Iran pour se plaindre des violations des droits humains en Iran, et plus spécialement sur son droit fondamental de se rendre à l’étranger pour rendre visite à ses enfants.
« Le droit de voyager et le droit de rendre visite à ses enfants sont des droits fondamentaux des dissidents. »
Au docteur Ahmad Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Iran
Téhéran, le 18 avril 2015
Cher Docteur,
Je m’appelle Mohammad Maleki ; je suis professeur en retraite de l’université de Téhéran. Je vous écris car vous êtes en charge de la surveillance des violations des droits humains en Iran. Je vous demande votre soutien en ma demande de justice : la république islamique d’Iran viole mes droits fondamentaux, en l’occurrence, mon droit à voyager pour voir mes enfants. J’ai bien sûr épuisé toutes les procédures légales pour jouir de mes droits avant de vous écrire. Je vais vous exposer brièvement ce que j’ai fait ces derniers mois.

Quelques jours après vous avoir écrit sur la torture dans les prisons iraniennes, j’ai été interdit de sortie du territoire par le tribunal de Téhéran le 10 septembre 2011. Le 8 novembre, j’ai accompagné un ami convoqué à la prison d’Evine et j’ai demandé au bureau du procureur de la prison où en était mon interdiction de sortie du territoire. Le fonctionnaire a cherché dans son ordinateur et trouvé une lettre à moi adressée qui indiquait que l’interdiction avait été levée (je vous joins une copie de ma demande au bureau du procureur et la réponse). Je me suis rendu au bureau des passeports pour vérifier que c’était vrai et on m’y a dit qu’il n’y avait plus de problème. J’ai donc préparé les papiers nécessaires et j’ai demandé le renouvellement de mon passeport. On m’a dit que je le recevrai par courrier dans deux semaines, mais je n’avais toujours rien reçu au bout d’un mois. Je me suis rendu au bureau spécial de la police où l’on m’a dit de m’adresser à la poste, où l’on m’a dit de m’adresser au bureau des passeports de Téhéran, où l’on m’a dit de m’adresser à monsieur Tadjik, procureur général du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Quand je me suis présenté au bureau de monsieur Tadjik, on m’a demandé de me rendre au bureau du procureur d’Evine. Quelques mois après m’avoir renvoyé d’un bureau à  un autre, le bureau du procureur de la prison d’Evine m’a informé qu’on me contacterait pour clarifier la situation. Au bout d’un mois, toujours pas de contact. Je me suis donc rendu au bureau du procureur de la prison d’Evine le 17 mars 2015 ; on m’y a dit que de « hauts fonctionnaires » avaient arrêté le renouvellement de mon passeport ; on ne m’a, bien entendu, pas dit qui étaient ces « hauts » fonctionnaires.

Vous savez mieux que moi que, d’après le deuxième paragraphe de l’article 13 de la déclaration universelle des droits humains : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». D’après l’article 33 de la constitution de la république islamique : « Personne ne peut être obligé de rester dans un endroit, sauf dans les cas prévus par la loi ». D’après les articles 132 et 133 du code de procédure pénale de la république islamique : « Le tribunal peut édicter un décret interdisant la sortie du territoire à l’encontre d’un accusé uniquement dans les cas spécifiques où il existe un risque qu’il s’enfuit ou se cache. Un tel décret ne sera valable que pour une durée de six mois. » De plus, d’après l’article 137-3 de la déclaration des droits civiques du président Rouhani : « Tous les citoyens ont le droit de quitter ou de rentrer librement dans le pays et aucun citoyen ne peut se voir nier ce droit, sauf dans les cas prévus par la loi ».

Quel principe, quelle loi ou quel jugement équitable m’a-t-il privé de ces droits ? Je ne suis pas un voleur ou un escroc et je n’ai commis aucun crime. Je ne suis coupable que d’être un dissident qui critique les dirigeants de la république islamique pour défendre les droits humains. C’est pourquoi on me refuse ce droit et bien d’autres droits civiques. Le droit de voyager pour rencontrer sa famille et ses enfants sont des droits des groupes d’opposition.

J’ai 82 ans et je ne peux ni ne veux résider à l’étranger. Les fonctionnaires de la sécurité et de la justice de la république islamique d’Iran sont parfaitement au courant de ma position sur le sujet. De plus, j’ai clairement exprimé mes commentaires et mes critiques en Iran, j’ai franchement critiqué le système et je n’ai pas d’autre commentaire à exprimer à l’étranger qui se rapporteraient aux autorités de la sécurité ou de la justice. Il n’y a donc aucune justification à cette injustice et oppression patente.

Cher Docteur Ahmad Shaheed,

Je ne suis qu’un exemple de cette injustice. Beaucoup de militants civiques et politiques en Iran se sont vus illégalement et sans raison refuser le droit de quitter le pays depuis longtemps. On leur interdit de rendre visite à leurs enfants et à leur famille depuis des années. L’un des exemples les plus évidents est Monsieur Abbas Amir-Entezam, à qui on a interdit le droit de quitter le territoire pour voir ses enfants depuis plus de 30 ans.

Comme la république islamique, sa structure administrative et sa justice n’arrivent pas à résoudre ce problème, je demande votre soutien pour répondre à cette tyrannie. Pourquoi et pendant combien de temps vais-je être privé du droit de voyager pour voir mes enfants ? Cela fait environ 7 ans que je n’ai pas vu mon fils et je veux assister à sa remise de diplôme. C’est évidemment le désir naturel de chaque père. Je vous prie instamment de demander au gouvernement et aux autorités iraniennes de mettre fin à ces conduites injustes et inhumaines et d’arrêter de violer les droits humains du peuple d’Iran.

Je vous prie de croire, cher Docteur, à l’expression de ma gratitude anticipée et de mes salutations les plus sincères.

Docteur Mohammad Maleki
Ancien recteur de l’université de Téhéran – Professeur en retraite

Source :

Interview de Shirine Ebadi par Amy Goodman

Amy Goodman : Nous continuons notre émission depuis La Haye aux Pays Bas où nous rencontrons la lauréate du Prix Nobel de la Paix Shirine Ebadi. En 2003, elle est devenue la première musulmane à obtenir ce prix pour sa défense des droits humains, surtout ceux des Iraniennes, des enfants et des prisonniers politiques. Elle a été la première femme juge en Iran et elle est en exil depuis 2009.
Shirine Ebadi est à La Haye cette semaine pour une conférence marquant le centième anniversaire du Congrès International des Femmes quand plus d’un millier de femmes s’y sont rendues pour appeler à la fin de la première guerre mondiale. Cet évènement a marqué la formation de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberte, le WILPF. Cette semaine, le WILPF a rassemblé une nouvelle génération de féministes pacifistes à La Haye pour célébrer le centenaire de cette organisation par une conférence appelée les Femmes Arrêtent la Guerre. Lundi, Shirine Ebadi a parlé lors de la session inaugurale de la menace que représente l’état islamique auto-proclamé.
Shirine Ebadi :
Nous devons nous rappeler que Daech n’est pas un simple groupe terroriste. C’est une idéologie. On ne combat pas une idéologie par des bombes. Cette mauvaise idéologie ne peut être combattue que par une interprétation correcte de la religion. Si on avait alors jeté des livres au peuple, aux talibans au lieu de bombes, si on avait construit des écoles en Afghanistan, on aurait pu construire 4.000 écoles en mémoire des 4.000 victimes du 11 septembre, nous n’aurions pas Daech. N’oublions pas que les racines de Daech, ce sont les talibans, alors ne recommençons pas les mêmes erreurs.
Je n’ai qu’un très court temps de parole, alors je suggère aux Nations Unies qu’elles établissent une convention encourageant tous les pays à réduire leurs budgets militaire de 10% et utiliser l’argent pour l’éducation et le bien-être du peuple. Vous verrez que le futur du monde en sera meilleur.

AG : La lauréate du prix Nobel de la Paix 2003, Shirine Ebadi, lors de la session inaugurale du WILPF et de la conférence du centenaire Les Femmes arrêtent la Guerre ici à La Haye. Dimanche, j’ai interviewé Shirine Ebadi lors du rassemblement des lauréates du prix Nobel de la paix à l’initiative des Femmes Nobel. J’ai commencé par demander au docteur Ebadi de parler de la signification de l’accord-cadre entre l’Iran et les grandes puissances pour diminuer le programme nucléaire iranien pour au moins une décennie.
SE :
J’espère que les négociations vont pouvoir aboutir car les sanctions ont appauvri la population et qu’il y a une grande pression économique en Iran. Bien sûr, les extrémistes des deux côtés, en Iran et en Amérique, ne sont pas d’accord avec cet accord. Personnellement, je n’approuve pas le programme nucléaire du gouvernement car il est très cher et qu’il ne correspond pas, économiquement à ce dont nous avons besoin. On aurait pu dépenser beaucoup moins et investir dans l’énergie solaire. L’énergie nucléaire en général n’est pas bonne pour l’environnement de l’Iran. L’Iran est situé sur une zone de failles sismiques et nous craignons qu’un autre Fukushima puisse se produire en Iran. Notre intérêt national est donc que cet accord soit conclu pour pouvoir bénéficier de ses résultats.

AG : Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dit que c’est un rêve pour l’Iran mais un cauchemar pour le reste du monde. Votre réaction ?
SE :
Comme je l’ai déjà dit, je ne suis d’accord avec aucun programme nucléaire en général. Il faut donc les arrêter le plus tôt possible. Dans le même temps, un pays qui a la bombe atomique ne peut pas juger ainsi un autre pays.

AG : Netanyahu dit que cela conduira à une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient.
SE :
C’est possible. Il peut y avoir une course au nucléaire. Mais qui l’a commencée au Moyen-Orient ? Quel est le pays du Moyen-Orient qui a eu une bombe le premier ? Je crois que la réponse est facile.

AG : A cause de la pression que subit le président Obama sur l’accord nucléaire, il dit qu’une partie de l’accord consistera en une levée progressive des sanctions.
SE :
Les lois en Amérique ainsi que le type de sanctions ne permettent pas la levée des sanctions d’un seul coup. Il est très normal que la levée soit progressive. Mais cela ne devrait pas durer trop longtemps. Les sanctions ont causé l’appauvrissement de la population bien sûr. La politique économique du gouvernement et la corruption existante, le manque de transparence du gouvernement affecte le peuple autant que les sanctions. En fait, ce ne sont pas seulement les sanctions qui appauvrissent le peuple mais aussi le manque de transparence, la corruption et les programmes économiques erronés.

AG : Docteur Ebadi, il serait difficile de vous qualifier d’apologiste du gouvernement iranien. D’abord, vous vivez en exil. Ensuite, votre mari a été arrêté par le gouvernement, votre sœur a été arrêtée depuis que vous avez eu le prix Nobel de la Paix. Que dites-vous à ceux qui critiquent l’accord en disant qu’il va renforcer le gouvernement iranien ?
SE :
Je critique le gouvernement iranien pour ses violations des droits humains et pour la corruption, mais quand les Etats-Unis critiquent le gouvernement iranien c’est parce qu’ils ont peur que le gouvernement iranien se rapproche de la bombe atomique. Il y a une différence entre ma critique du gouvernement et celle des Etats-Unis. Ce qui veut dire que ceux qui critiquent le gouvernement iranien en Amérique n’abordent pas le sujet des violations des droits humains. Cela ne leur semble pas important. Nous voyons qu’ils sont des amis proches de l’Arabie Saoudite qui est la championne des violations des droits humains au Moyen-Orient.

AG : Quelle est votre critique du gouvernement de Rouhani ? Quelle comparaison entre Rouhani et, bon, son prédécesseur, Ahmadinejad ?
SE :
Rouhani sourit plus qu’Ahmadinejad, c’est tout. Parce que, d’après la constitution, tous les pouvoirs appartiennent au guide et que les pouvoirs du président sont limités. C’est pourquoi, après l’arrivée au pouvoir de Rouhani, nous n’avons vu aucun changement. La situation des droits humains ne s’est pas améliorée. S’ils parlent maintenant à l’Amérique, c’est parce que le guide a permis de telles négociations.

AG : Qu’en est-il du nombre d’arrestations, des droits des femmes en Iran, comment les femmes peuvent-elles s’exprimer sous le gouvernement Rouhani ?
SE :
Malheureusement, la situation des femmes ne s’est pas améliorée sous Rouhani. Dans les universités, les filles sont séparées des garçons. Lors des concerts, les femmes ne peuvent plus jouer alors qu’elles le pouvaient auparavant. Les prisonniers politiques sont toujours en prison. Monsieur Rouhani a promis que Moussavi et Karroubi, qui n’ont pas été jugés mais sont assignés à domicile, seraient libérés, mais à ce jour, il n’y est pas arrivé et n’en parle même plus.

AG : Moussavi, Karroubi, deux politiciens iraniens influents, concurrents d’Ahmadinejad pour la présidence.
SE :
Moussavi était candidat en 2009. Mais comme il avait des désaccords avec Khamenei, le guide, il est assigne à domicile. Rouhani a promis qu’il le libèrerait. Mais non seulement il ne l’a pas libéré depuis son arrivée au pouvoir mais il n’en parle même plus publiquement, il n’a rien dit sur le sujet.

AG : Docteur Ebadi, je voulais vous parler de Marzieh Afkham, porte-parole du ministère des affaires étrangères. On dit qu’elle va devenir la première ambassadrice d’Iran depuis la révolution iranienne de 1979.
SE :
Il y a un proverbe qui dit qu’une fleur ne fait pas le printemps. La comparant à toutes les femmes qu’on a obligé à rester à la maison, une femme politiquement très proche du gouvernement ne change pas grand-chose. Vous savez très bien que, d’après les statistiques du gouvernement, il y a trois fois plus de femmes que d’hommes au chômage en Iran, alors qu’il y a 60% d’étudiantes dans les universités. Cela veut dire qu’en Iran, les femmes sont plus éduquées mais sans emploi. Pour montrer au monde qu’ils respectent les femmes, ils en utilisent une, par exemple une ambassadrice, ce qui est une bonne chose, mais il ne faudrait pas limiter cette promotion à une seule personne. Il faudrait l’étendre.

AG : Votre déclaration sur Daech, l’état islamique auto-proclamé et sa montée en puissance ?
SE :
Daech n’est pas seulement un groupe terroriste, c’est une idéologie erronée. Ils utilisent une interprétation erronée de l’islam pour tuer les gens, violer et vendre les femmes. Pour combattre Daech, une coalition de 40 pays a été formée sous la direction des USA ; ils les bombardent plusieurs fois par jour. Mais cela ne marchera pas car on n’arrête pas une idéologie avec des bombes. Il faudrait leur envoyer des livres au lieu de bombes.

AG : Le président Obama vous a-t-il demandé ce qu’il fallait faire ? Que lui conseilleriez-vous ?
SE :
Je lui dirais qu’il faudrait essayer de construire des écoles, qu’au lieu d’envoyer des bombes, il faudrait envoyer des livres et tenter de combattre la corruption dans la région. Alors Daech finirait par perdre de son influence.

AG : Quand avez-vous quitté l’Iran, Docteur Ebadi ?
SE :
J’ai quitté l’Iran exactement le 21 juin 2009, quelques heures avant l’élection présidentielle qui a causé la mort de plusieurs personnes dans la rue et l’assignation à domicile de Moussavi et Karroubi. Et je n’ai pas pu rentrer. Et comme ils ne pouvaient pas m’arrêter puisque je n’étais pas en Iran, ils ont arrêté mon mari et ma sœur dans l’espoir qu’avec cette prise d’otages ils me réduiraient au silence. Mais non. Alors le gouvernement a décidé d’exproprier tous mes biens pour les vendre aux enchères. Malheureusement, beaucoup de mes collègues sont toujours en prison. Mais je suis heureuse de dire que je n’ai jamais arrêté ne serait-ce qu'une heure. Et mes amis en Iran continuent aussi.

AG : Quand vous dites n’avoir pas arrêté ne serait-ce qu'une heure, vous parlez de ce que votre organisation fait pour les femmes et les jeunes filles ?
SE :
Oui. Bien sûr, avant, tout cela était public mais maintenant tout est clandestin pour ne pas causer d’ennuis à mes collègues

AG : Votre mari et votre sœur, où sont-ils maintenant ?
SE :
Ils ont, bien sûr, été libérés sous caution au bout d’un moment car le gouvernement a bien vu qu’il ne pourrait pas me réduire au silence. Sous la pression de l’opinion publique et des organisations internationales ils les ont libérés parce qu’ils étaient vraiment innocents. Ils n’étaient pas du tout mes collègues de travail. Ils ont chacun leur propre travail.

AG : Vous les avez revus depuis 2009 ?
SE :
Je les ai revus chacun une fois.

AG : S’ils le désiraient, ils pourraient quitter le pays ?
SE :
Chacun d’eux a pu quitter le pays une fois.

AG : Alors, comment cela vous affecte-t-il personnellement ? Vous avez vu votre marin, une fois en six ans ?
SE :
Naturellement, ma vie n’est pas très confortable. Mais c’est le prix à payer pour la liberté en Iran. Je ne suis pas la seule à être frappée. Mes collègues emprisonnés paient un tribut plus lourd.

AG : Donc, pour être claires, Docteur Ebadi, vous êtes la cible du gouvernement iranien, et pourtant, pour l’accord nucléaire, vous êtes favorable à la levée des sanctions, non ?
SE :
Oui, car si les négociations n’aboutissent pas, les sanctions continueront. Et elles peuvent même empirer. Et le peuple pourrait être de plus en plus touché. Tous mes efforts tendent à améliorer la vie de mes concitoyens.

AG : Faites-vous confiance au gouvernement iranien ?
SE :
Jamais de la vie.

AG : He bien c’est la raison que les opposants utilisent pour ne pas soutenir un accord avec l’Iran.
SE :
Dans l’accord, il est stipulé que, si le gouvernement iranien ne respecte pas l’accord, l’embargo et les sanctions peuvent revenir.

AG : Je vous ai demandé le conseil que vous donneriez au président Obama, ce que vous diriez aux opposants à un accord nucléaire avec l’Iran. Que diriez-vous aux militants pacifistes dans le monde ?
SE :
Les militants pacifistes devraient, en fait, travailler à la justice. Et aussi, ils devraient tenir les gouvernements pour responsables. Par exemple, quand nous observons le Moyen-Orient, nous voyons qu’il brule. Pourquoi ? Parce qu’une poignée de dictateurs y sont présents depuis des années. Ils violent les droits humains. Ils sont corrompus. Ils empechent la croissance de la société civile. Le peuple s’appauvrit de jour en jour. Malheureusement, le monde ferme les yeux. Un jour, les peuples en ont assez et rejettent ou déposent leurs dictateurs. Mais la société civile n’a pas encore pris forme. C’est l’anarchie et toute la région brule maintenant. Malheureusement, les peuples ont deux mauvais choix : supporter un dictateur ou c’est l’anarchie et l’insécurité. Les deux choix sont mauvais. Nous ne devrions pas les laisser en arriver là. Regardez la Syrie : la famille Assad gouverne depuis plus de 40 ans. La situation est telle que certains pensent que si Assad s’en va, Daech le remplacera. Et ils ne savent plus s’il faut choisir Daech ou Assad, qui a tué tant de gens. Donc, quand je parle avec des pacifistes je leur dis : « ne laissez pas les pays en arriver au point où ils prennent feu et ou vous devrez éteindre le feu. » Ne laissez pas le feu prendre de l’ampleur. Il faut conclure pour fournir une infrastructure. En médecine, on dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. La même chose est vraie pour la paix. Arrêtons. Evitons la guerre.

AG : Nous vivons une époque très violente. Les USA sont impliqués dans la plus longue guerre de leur histoire en Afghanistan. Et puis nous avons la guerre en Irak, en Syrie, au Yémen, en Lybie. Pouvez-vous donner un conseil au monde en tant que lauréate du prix Nobel de la Paix, en tant que femme ?
SE :
Ce que vous désirez pour votre propre peuple, désirez-le aussi pour les peuples de ces pays qui ont été détruits, effacés parce que de grandes entreprises veulent gagner plus d’argent en vendant plus d’armes. Alors, mon conseil est : traitez le peuple afghan comme vous traitez votre propre peuple. Regardez les enfants irakiens comme vous regardez vos enfants. Alors vous verrez que la solution est là.

AG : Docteur Shirine Eabadi, merci beaucoup de nous avoir rejoints.
SE :
Merci.

Hassan Ronaghi, frère du militant emprisonné Hossein Ronaghi.


Chaque minute qu’Hossein passe en détention aggrave son état de santé.

Bien que souffrant de graves problèmes intestinaux, rénaux et cardiaques, Hossein reçoit une nourriture pauvre, n’a pas accès à ses médicaments et est privé de soins médicaux en prison.

Hossein supporte des douleurs indicibles et ne peut même plus prendre de médicaments antidouleur qui sont nocifs pour sa santé.

La vie d’Hossein est en danger

Mon frère, tu souffres tous les jours alors que tu es en prison et ta vie est en danger. Sache que nous aussi, nous souffrons avec toi à l’extérieur de la prison et nous prions pour que les officiels responsables n’aient pas oublié leur humanité et que leurs consciences se réveillent.

Sache, mon frère, que notre peuple ne t’as pas oublié.

Source :
 

samedi 16 mai 2015

Semaine 19 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
 
A-Transferts
 

  • Transfert du derviche Gonabadi Reza Entessari au dispensaire de la prison.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Arrestation de la bahaïe Rouha Imani à Kerman.
  • Arrestation de la Mère en Deuil Neda Mostaghimi pour purger sa peine de 3 ans.
  • Arrestation de Yaghoub Omri à Piranshahr.

C-Libérations
  • Libération sous caution du syndicaliste kurde Hamed Mahmoudnejad.
  • Permission de 4 jours pour le militant étudiant Seyed Zia Nabavi.
  • Libération de Molavi Fatehi Mohammad Naghshbandi.
  • Libération du militant azéri Ali Rezaei.
  • Libération du militant étudiant Madjid Tavakoli à la fin de sa peine.
  • Libération du bahaï Djalayer Vahdat à la fin de sa peine de 5ans.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Condamnation d’Atena Daemi à 7 ans de prison.
  • 4 pendaisons à la prison d’Ourmia samedi.
  • Une pendaison à Rasht dimanche.
  • Une pendaison à Mashhad dimanche.
  • 4 pendaisons à Arak mardi.
  • 3 pendaisons à Hamedan mardi.
  • Une pendaison à Rasht mercredi.
  • Une pendaison à Ghazvine mercredi.
  • 7 pendaisons à Shiraz.

L’université – la Culture
  • Eviction de 29 exposants de la Foire au Livre de Téhéran.
  • Mohammad-Ali Sepanlou décède à l’âge de 75 ans.

Manifestations
  • Manifestations à Sardasht en soutien à Mahabad.
  • Les syndicats des chemins de fer manifestent depuis 14 jours à Ahvaz.
  • Continuation des manifestations des enseignants.
  • Rassemblement devant le bureau du gouverneur de Piranshahr.
  • Grève des mineurs de Tabas pour demander le paiement de leurs salaires.
  • Safa pipe est en grève depuis plus de 3 semaines.
  • Grève générale au Kurdistan oriental jeudi.

L’Iran à l’étranger
  • Le président irakien en visite à Téhéran.

L’économie en Iran
  • L’Iran achète 9 avions de ligne, un record depuis 30 ans.
  • L’Iran reçoit son 7eme versement : $4.9 milliards.

Politique en Iran
  • Escarmouches armées au Kurdistan.
  • Les forces de sécurité ont empêché le Front National de tenir sa réunion annuelle.

Nouvelles en vrac
  • La graphiste Farkhondeh Sadegh et la dentiste Laleh Keshavarz sont les premières Iraniennes à arriver au sommet de l’Everest.
  • Al-Shabab capture des marins iraniens au large de la Somalie.

Sur le blog cette semaine
 
 
Et toujours, la liste des prisonniers politiques en Iran (en Anglais) : http://hyperactivist.info/ipr.html
Aidez-nous à la tenir à jour

dimanche 10 mai 2015

« Les députés ne connaissent pas la différence entre la citoyenneté et la carte verte. » - Fereshteh Ghazi – 24 avril 2015


Les commissions de sécurité nationale et de politique étrangère du parlement devaient débattre du problème des fonctionnaires qui ont une double nationalité ou une carte verte la semaine dernière. Le débat a été ajourné mais les membres des comités disent maintenant à Rooz que les députés qui l’ont initié ont maintenant changé de tactique et veulent maintenant s’en prendre à ceux qui ont une carte de résident permanent aux USA, la célèbre carte verte.

Djavad Karimi Ghodoussi, membre de la commission qui appartient au Front de la Fermeté, avait d’abord dit à l’agence de presse Fars que la commission de sécurité nationale du parlement discuterait du problème des membres des trois branches du gouvernement qui ont une double nationalité ou une carte verte américaine. La discussion devait se concentrer sur les lacunes légales qui permettent à des binationaux d’occuper des positions de premier plan dans le gouvernement, ce que les députés veulent empêcher. Mais ce plan a été ajourné car, comme un membre de la commission l’a dit à Rooz, les députés qui voulaient s’occuper du problème ne connaissaient pas la différence entre une personne ayant la double nationalité, et une qui détient un permis de séjour comme la carte verte. La raison officielle de l’ajournement a été que la commission n’était pas encore prête à traiter le problème.

Mohammad Hassan Asfari, secrétaire de la commission de sécurité nationale a dit à Rooz : «Nous n’avons pas de binationaux au gouvernement, au parlement ou à la justice parce que c’est contraire à la constitution. Ça ne vaut vraiment pas la peine d’en discuter. Le problème des cartes vertes n’a rien à voir avec la double nationalité. Ceux qui ont une carte verte sont des gens qui se rendent aux USA ou ailleurs et obtiennent des permis de résidence et qui doivent y retourner pour le renouveler. La carte verte n’a rien à voir avec les binationaux. Un binational est une personne qui a une carte d’identité et dans un autre pays. C’est illégal pour les fonctionnaires de la république islamique et quiconque a une double nationalité n’a droit à aucun poste dans notre pays. »

Ahmad Bakhshayesh, autre membre de la même commission, a expliqué son point de vue à Rooz : « Il se disait que certains fonctionnaires étaient en fait des binationaux mais en discutant, il est apparu qu’en fait, ils avaient des cartes vertes. La citoyenneté d’un autre pays est différente car elle donne le droit de participer aux élections dans ce pays. La carte verte n’offre pas cette possibilité. Un détenteur de carte verte doit rentrer aux USA tous les six mois. Certains fonctionnaires ont probablement des cartes vertes, c’est ce que nous avons discuté. Quand nous en avons discuté, certains membres ont dit qu’il n’y avait pas de différence. Une personne qui voulait travailler dans un ministère ne devrait pas avoir non plus de carte verte. Mais c’est un problème différent qui doit être discuté au parlement. Cette discussion n’a pas encore été prévue.

Quand les députés ont compris la vraie différence entre une carte verte et la citoyenneté, le sujet a été mis de côté. Mis ils veulent toujours interdire à une personne qui a une carte verte d’avoir un poste au gouvernement, en tant que ministre, secrétaire d’état ou député. »
Il y a environ trois mois, 13 députés, essentiellement du Front de la Fermeté, ont envoyé une note officielle a Hassan Rouhani lui demandant d’empêcher les binationaux d’avoir un emploi de fonctionnaire. On rapporte que le Front pensait à une personne en particulier en demandant ce débat : Mohammad Nahavandian, le chef de cabinet du président Hassan Rouhani qui a eu une carte verte pendant de nombreuses années. Le bureau du président a répondu en qualifiant cette allégation de « mensonge » qui aurait dû être exprimée formellement pour éviter le « chahut ».

Source :
 

La démolition de la maison d’un prisonnier bahaï – Fereshteh Ghazi – 24 avril 2015


La résidence secondaire de Djamaledine Khandjani, membre du conseil bahaï emprisonné, a été démolie par les agents de sécurité de la ville de Semnan. D’après un membre de la famille, on leur a dit qu’ils avaient 48 heures pour évacuer la maison et le lendemain, bien qu’ils aient obtenu un ordre de la cour suprême de repousser la démolition, la maison, située au milieu d’un champ, a été détruite au bulldozer.

Djamaledine Khandjani, membre du conseil des sept bahaïs d’Iran, est emprisonné depuis 2009 sans aucune permission de sortie. Il a été condamné à 20 ans de prison. Fouad Khandjani, son petit-fils, et Navid Khandjani, autre membre de la famille, sont également emprisonnés.

Siavosh Khandjani, autre membre de la famille et la belle-sœur de Djamaledine, ont dit à Rooz que la pression sur leur famille a augmenté depuis la détention de leur oncle. Il ajouté que la pression était systématique et avait commencé par l’arrestation de Djamaledine. Il a ajouté que la terre sur laquelle était bâtie la maison démolie leur appartenait depuis bien avant la naissance du bahaïsme, que la maison avait un permis de construire datant de 18 ans et était la résidence de la famille. « Le terrain possède un titre de propriété datant de 100 ans mais les autorités disent que le propriétaire en est inconnu et que le titre n’est pas reconnu. Elles ont aussi trouvé des failles dans la maison et qu’elle était plus grande que sur le permis de construire.

Ils nous ont donné 48 heures pour évacuer ils ont détruit 270 mètres carrés de la maison et ont prétendu que la construction ne respectait pas le permis de construire. Mais un tribunal avait jugé en leur faveur auparavant sur ce sujet.»

 Il a raconté l’histoire de la ferme : la famille n’a pas reçu d’argent du gouvernement pour construire la maison ou cultiver la ferme qui comprend plus de 40 hectares d’arbres fruitiers. « Mais à l’époque de la récolte, ils ont bloqué la route menant à la ferme, nous empêchant ainsi de commercialiser de 200 à 300 tonnes de fruits. Il y a quelques années, ils ont détruit une citerne que nous avions construite pour la ferme alors même que nous avions obtenu toutes les autorisations nécessaires. Nous avions un accord de métairie de 30 ans qu’ils ont violé et nous ont forcés à vendre tout notre bétail.

Même s’il y a plus de 200 ans que nous possédons cette terre, bien avant la naissance même du bahaïsme, ils ont installé un poste de sécurité et ont commencé à fouiller tous les véhicules et tous les individus. Les gardes révolutionnaires et le bureau de renseignement de Semnan ont décrété que la région était une zone militaire et ont établi un poste près de la maison qu’ils viennent de détruire. Nous, nos animaux et même nos plantes ne sommes pas à l’abri des invasions. Ils nous ont empêchés de conduire nos troupeaux dans des régions plus chaudes, ce qui a conduit à de nombreuses pertes.»


Parlant de Djamaledine qui est en prison, un membre de la famille dit : « Il a plus de 80 ans et avait un commerce prospère avant la révolution de 1979. Il était responsable des affaires de la communauté bahaïe en Iran jusqu'à 2008. Il n’a eu aucune permission pour visiter sa famille. Il a été opéré du cœur à l’hôpital et a été ramené en prison juste après. Fouad est le petit-fils de Djamaledine et lui aussi est en prison depuis quatre ans ; sa peine se termine dans quelques mois ; lui non plus n’a pas eu de permission. Sa sœur Lava va maintenant finir de purger sa peine dans quelques mois. Navid, le fils de mon frère, a porté plainte car il n’a pas pu poursuivre ses études supérieures ; en réponse, il a été condamné à 12 ans de prison. Il y a deux semaines, il a été hospitalisé pour des douleurs à l’estomac et a été opéré. Il est pourtant jeune, mais il a été hospitalisé de nouveau. »
Siavosh Khandjani dit : « Beaucoup de membres de notre famille sont musulmans et nous vivons ensemble, nous participons aux cérémonies les uns des autres. Ce sont les gardes révolutionnaires et l’agence du renseignement qui sont durs avec nous. Nous ne savons vraiment pas combien de temps ils veulent continuer ainsi. »

Source :
 

Témoignage d’Issa Savari

Issa Savari est un Arabe d’Ahvaz, militant politique et des droits civiques.
Nom                        Issa Savari
Lieu de naissance  Sussangerd, Iran
Date de naissance 6 septembre 1979
Profession              Auto-entrepreneur

Interviewer             Centre Iranien de Documentation sur les Droits Humains
Date de l’interview 1er décembre 2012

Je m’appelle Issa Savari, fils de Mehdi, je suis né le 6 septembre 1979 à Al-Khafadjieh, commune d’Ahvaz et j’étais auto-entrepreneur.

J’ai été emprisonné à deux reprises pour motifs politiques. En 2007, j’ai été condamné à six ans de prison par la quatrième chambre du tribunal révolutionnaire d’Ahvaz. J’ai bénéficié d’une libération conditionnelle au bout de trois ans. J’ai ensuite été arrêté à la frontière turque en 2011. J’ai passé huit mois à la prison de Dezful et je suis arrivé en Turquie le 30 décembre 2011.

Je suis né dans une famille politique. Mon frère Moussa, qui vit maintenant en Norvège, a été arrêté en 1992. Il a passé un an à la prison Karoun. C’est comme si nous avions été élevés dans un environnement conscient de la politique. En raison des discriminations raciales, religieuses et autres, les idées politiques sont omniprésentes parmi les militants sociaux, politiques et légaux. Nous avons acquis ces idées de nos amis et de nos relations et avons commencé à militer.

J’ai milité en 2005, 2006 et 2007, même si nos activités ont culminé en 2005, durant les manifestations. Nous avons continué à militer jusqu'à notre arrestation en 2007.

Implication dans les manifestations de 2005
En 2005, le bureau du président Khatami a fait une promesse publique ; nous l’avons imprimée et distribuée aux militants et aux citoyens ordinaires. Les manifestations ont débuté en avril 2005 et ont duré jusqu'à l’aïd-el-fitr(1).

Pendant les manifestations, nous avons enregistré des vidéos des manifestations et documenté les noms, les lieux et les photos des personnes arrêtées pour les remettre plus tard aux organisations de défense des droits humains, surtout à la Fondation des Droits Humains Al-Ahvaz.

Nous avons photographié et filmé la bassidj(2) et le police autant que possible. Comme vous l’imaginez, photographier et filmer pendant des manifestations est très difficile. Nous avons envoyé ces photos et ces vidéos à beaucoup de militants légaux et politiques hors d’Iran.

Je travaille actuellement dans deux domaines ; je suis militant politique et je participe à beaucoup de programmes de télévision.

Arrestations et interrogatoires
En prison, j’ai vu des prisonniers qui n’étaient pas très actifs mais qui avaient été condamnés à 10, 15 ou 20 ans de prison. Au centre de détention du ministère du renseignement, celui qui m’interrogeait m’a dit que, si j’avais été arrêté en 2005, j’aurais été condamné à 30 ans de prison. Mais comme les manifestations de 2007 étaient moins importantes que celles de 2005, on condamnait les militants à moins de six ans. En prison, j’ai rencontré des amis avec lesquels je partageais certaines activités. Certains sont toujours en prison, d’autres ont été libérés. Certains avaient été arrêtés en même temps que moi.

Celui qui m’interrogeait m’a dit que c’étaient les autorités de la prison qui décidaient du verdict, pas le juge. Il m’a dit que le procès ne servait qu’à donner une apparence légale.

On ne nous donnait pas le nom de ceux qui nous interrogeaient, mais on m’a dit que pour moi, c’était monsieur Sobhani. Je ne sais pas si c’est vrai.

Je n’ai pas vu leurs visages car j’avais les yeux bandés et qu’ils s’asseyaient derrière moi. Je n’ai même pas vu les gardiens. Ils rentraient et m’interrogeaient puis le bourreau ou le gardien me torturait.

Le 31 juillet 2007, j’ai été arrêté dans la ville d’Ahvaz chez mon oncle maternel, avenue Alavi. Le même soir, deux autres amis ont été arrêtés. L’un d’eux, Abdol-Rahman Heidari, vit maintenant en Australie, l’autre à Ahvaz. Nous avons été arrêtés tous les quatre le même soir. Lors de ma seconde arrestation, il se trouve que nous étions ensemble et nous avons encore été tous arrêtés.

Il était presque l’heure de la prière du matin quand ils ont frappé à la porte. Une personne de ma famille a ouvert la porte et ils l’ont pris immédiatement. Puis ils l’ont envoyé me dire qu’ils voulaient me parler. J’ai été surpris, j’ai cru que je rêvais. Quand j’ai ouvert la porte, la cour était pleine de policiers en civil. C’étaient les forces de sécurité et quelques policiers qui avaient accepté de les accompagner.

Personne n’a présenté de carte, de mandat d’arrêt ou d’ordre du tribunal. Quand j’ai ouvert la porte, on m’a attrapé et jeté par terre. On m’a bandé les yeux et emmené en voiture. Je ne voyais rien ; on m’a fouillé La même nuit, on est allé chez moi à Al-Khafadjieh. On a fouillé mon domicile et saisi tous mes drapeaux d’Ahvaz et plus de 600 ou 700 tracts.

Ils ne savent rien faire d’autre que d’insulter. Ils insultent continuellement ta religion et ta famille, du gardien de prison à l’inspecteur.

On m’a accusé d’insultes aux principes sacrés de la nation par insultes aux 12 imams, même s’il n’existait aucune preuve de mes insultes aux 12 imams. Je suis sunnite mais certains membres de ma famille sont chiites, comme mon père et ma mère.

On nous a envoyés au centre de détention du ministère du renseignement à Tchaharshir. Il y avait deux bâtiments blancs. On nous a envoyés dans celui des forces de sécurité. Les tortures ont commencé cette même nuit. Nous ignorions pourquoi on avait décidé de nous torturer.

Ils étaient au moins 20 ou 30. On nous a d’abord amenés au bureau principal avenue Amanieh, puis au no. 6 du centre de détention du ministère du renseignement à Tchaharshir. Quand j’ai ouvert la porte, j’ai vu plus de 10 ou 12 véhicules et d’autres appartenaient aux policiers en civil. C’est à côté de l’université imam Hossein qui est sous la direction du ministère du renseignement.

Dès notre arrivée, on a commencé à nous torturer. Nous ne savions pas de quoi nous étions accusés. On ne nous a pas laissé demander pourquoi on nous torturait. Une nuit, je leur ai demandé ce que j’avais fait. On ne m’a pas répondu. On nous a juste dit que nous étions antirévolutionnaires et wahhabites.

On nous criait dessus en disant qu’on allait en finir avec nous. Ils disaient qu’ils nous enfermeraient ici jusqu'à ce que nos cheveux soient de la même couleur que nos dents. C’est tout. Le lendemain, on nous a emmenés à la prison de Sepidar pour y prendre nos empreintes digitales. De là, on nous a conduits au tribunal.

Nous avons passé 57 jours au centre de détention du ministère du renseignement. Ensuite, on nous a envoyés a la prison de Sepidar ou nous avons passé deux mois. Finalement on nous a envoyés à la prison Karoun.

Durant la première semaine, on nous interrogeait quotidiennement, le matin, à midi puis de nouveau le soir. Au bout d’une semaine, on nous interrogeait deux fois par semaine, les lundi et mercredis. Comme on avait confisqué nos documents, drapeaux et tracts, on nous demandait comment nous les avions obtenus et pourquoi. Nous leur avons répondu que c’était parce que cela nous intéressait. Ce que nous avions fait n’était pas un crime. On nous a dit que notre situation résultait de nos activités.

On a consulté nos comptes de messagerie électronique. Comme nous envoyions nos mails depuis des cybercafés, ils avaient la trace de toute notre correspondance. Nous ne supprimions pas les lettres que nous envoyions à l’étranger qui faisaient part de nos activités légales et du nom des prisonniers.

D’après ce qu’on nous a dit de nos conversations téléphoniques, il semblerait que nous ayons été sur écoute depuis trois mois. On surveillait nos conversations téléphoniques sur fixe et mobile. On nous a apporté les drapeaux et les tracts en nous demandant pour quelle organisation nous travaillions. Ils voulaient savoir pour quel parti nous travaillions. Nous ne travaillions pour aucun parti, mais nous avons été accusés de le faire.

Nous utilisions Yahoo Messenger et ils possédaient nos conversations. Ils ne nous ont montré aucun exemple de vidéo ou d’enregistrement, mais ils répétaient ce que j’avais dit au téléphone. IranCell était notre operateur téléphonique. On nous a dit qu’IranCell était contrôlé par les gardes révolutionnaires(3).

Finalement, nous avons eu trois chefs d’accusation : « propagande contre le régime », « agissements contraire à la sécurité nationale par contact avec des groupes hors d’Iran » et « insultes aux principes nationaux sacrés par insultes aux 12 imams ». Ce dernier chef d’accusation a été abandonné par la suite.

Nous avons quand même été condamnés à six ans de prison pour les deux autres chefs d’accusation. C’était un an pour « propagande contre le régime » et cinq pour « contacts avec des groupes hors d’Iran ». Nous collaborions avec un site web saoudien, cause des cinq ans supplémentaires. J’avais presque 28 ans à l’époque.

Torture et jugement
On nous a torturés de diverses manières. On mettait un prisonnier sur un lit et on lui attachait les mains et les pieds aux barreaux du lit pour qu’il ne puisse plus bouger. On mettait aussi un morceau de tissu dans la bouche du prisonnier pour l’empêcher de parler. On le battait ensuite avec un câble ou un tuyau jusqu'à ce que le prisonnier s’évanouisse.

On mettait un prisonnier sur une chaise, on lui attachait ensemble la main gauche et les deux pieds, on lui donnait du papier et un stylo et on commençait à lui poser des questions. S’il ne répondait pas, on le frappait avec un câble ou un tuyau pour le faire tomber par terre.
Lors de ma deuxième arrestation, en 2011, on m’a mis une corde au cou et on m’a dit qu’on allait me pendre. Ils ont retiré la chaise de sous mes pieds pendant un ou deux secondes. C’était une corde de coton.

Quand j’ai été relâché, j’avais des caillots de sang aux pieds à force d’avoir été attaché et de la température très froide dans les cellules. Quand j’étais torturé, mon maillot de corps collait à mon dos. La pièce sentait le sang et la putréfaction.

A la prison de Sepidar, quand vous partez pour un interrogatoire, on vous lit juste les chefs d’accusation et vous vous déclarez coupable ou non coupable. C’est tout. Mais durant le procès qui a débuté le 19 février 2008, je juge me riait au nez quand je me défendais. C’était le juge Torki de la quatrième chambre du tribunal d’Ahvaz. Il m’a dit qu’il ne me croyait pas. Je lui ai demandé pourquoi ce procès dans ce cas ? Il n’y avait que le juge et moi au tribunal.

J’ai été arrêté le 31 juillet 2007 et on m’a donné mes chefs d’accusation le lendemain, 1er aout 2007. L’ayatollah Behbahani était juge de la 12eme chambre, c’est lui qui me les a données. J’avais les yeux bandés lorsque je suis parti au tribunal. C’est ma famille qui a assisté aux séances suivantes qui a pu l’identifier. Ils m’ont dit que c’était un religieux.

J’ai ensuite été torturé jusqu’au 22 octobre 2007. Pendant tout ce temps, j’étais à l’isolement au centre de détention du ministère du renseignement d’Ahvaz. On nous a envoyés en prison le 22 octobre 2007.

Je suis resté à la prison de Sepidar du 22 octobre au 19 décembre 2007, et à celle de Karoun du 19 décembre 2007 jusqu'à mon procès le 19 février 2008.

Le procès a duré environ 20 à 25 minutes. On m’a dit que j’avais partiellement avoué. Je leur ai répondu que ces aveux avaient été obtenus sous la torture et qu’eux aussi auraient avoué s’ils avaient été dans ma situation. Ils m’ont obligé à avouer en menaçant de s’en prendre à ma famille. Comment ne pas avouer ? La seule solution était d’avouer pour qu’on me laisse en paix.

Durant l’instruction, ils ont menacé ma famille et arrêté mon père plusieurs fois. Ils ont aussi arrêté l’un de mes frères.

Lors de ma deuxième arrestation, près de la frontière turque, c’était diffèrent. Ils ont enfermé une fille dans la cellule d’à-côté en me disant que c’était la fille de mon ami Mansour. Ils m’ont demandé où était mon ami.

Ils le recherchaient mais il s’était échappé. Ils m’ont demandé où il était et m’ont dit qu’ils feraient du mal à sa fille si je ne leur répondais pas. Je leur ai dit que je me devais à ma communauté, nous étions une communauté tribale. J’ai pleuré et leur ai demandé de libérer la fille.

La deuxième fois, ils m’ont même demandé de participer à un film non politique, en parlant des familles des militants qui vivaient hors d’Iran. Ils m’imposaient des choses idiotes à dire sur ces familles. J’ai refusé de participer au film. Ce qu’on me demandait de dire n’était même pas politique. Ils ne m’ont pas laissé tranquille, même après ma libération. Ils n’arrêtaient pas de m’appeler. J’ai dû m’enfuir pour éviter de participer à de tels films. J’ignore s’ils avaient l’intention de diffuser les films sur Press TV ou ailleurs, ce n’était pas clair.

Premier emprisonnement aux prisons de Sepidar et de Karoun
Lors de ma première arrestation, nous étions 600 prisonniers à la section 6 de la prison de Sepidar. La plupart des prisonniers dormaient dans la cour. C’était l’hiver. On avait couvert les cours de bâches de plastique mais quand il pleuvait, il y avait des fuites. Certains prisonniers avaient la tuberculose. Nous étions mélangés avec des voleurs, des drogués et des assassins. Il n’y avait pas de séparation et je ne me sentais pas en sécurité. Nous nous sommes plaints aux chefs de la prison mais ils n’ont rien fait.

Nous étions plus de 500 prisonniers à la section 6 de la prison Karoun et cependant, il y avait davantage d’espace dans la même prison. La situation était encore pire qu’à la prison de Sepidar. Nous ne pouvions même pas approcher les chefs de la prison. Quand un officiel venait en visite, on nous enfermait et nous n’avions pas le droit de le voir. Là encore, nous étions dans la même section que les voleurs et les drogués.

D’autres prisonniers nous ont dit qu’ils obtenaient de la drogue. Ils fumaient de l’opium dans les cellules. Nous ne pouvions pas nous y opposer car ils étaient drogués. Nous nous sommes plaint et avons écrit des lettres disant que nous ne pouvions pas vivre avec eux. Nous avons même demandé à nos familles d’écrire. Mais rien n’a changé. Certains drogués sont morts, ils avaient la tuberculose.

Il y avait un dispensaire a la prison Karoun, mais il ne servait à rien. Quand ils ont vu nos cartes de prisonniers et qu’ils ont compris que nous étions des prisonniers politiques, ils ont dit : « Mettez ce séparatiste aux ordures. » Il y avait une différence entre les drogués et les prisonniers politiques.

Les gardes et ceux qui nous interrogeaient nous parlaient Persan. Il y avait des Arabes parmi eux mais plus de 90% étaient Persans. Je ne peux pas dire de quelle région ils venaient en fonction de leurs accents.

Nous étions actifs même à la prison Karoun. Une fois, j’ai remis à ma mère une lettre pour une organisation de défense des droits humains  Ils m’ont convoqué dix jours au ministère du renseignement.

On ne m’a pas torturé car j’étais déjà condamné à six ans de prison. On m’a juste demandé pourquoi j’avais repris mes activités. J’ai répondu que je ne pouvais pas me taire. On m’a dit que je devrais être reconnaissant de n’avoir pris que six ans de prison, car, si j’avais été arrêté en 2005, j’en aurais pris pour 30 ans.
C’était le chef de ceux qui m’interrogeaient qui avait parlé ainsi. C’était celui qui s’était occupé de moi en 2007 et qui m’avait interrogé dix jours quand on m’avait envoyé à la prison de Karoun, et qui m’a aussi interrogé en 2011. En 2011, il m’a dit : « Apparemment, vous voulez toujours être à mes côtés. » Je me souviens de sa voix.

Apres m’avoir condamné à six ans de prison, on m’a envoyé à la prison Karoun. J’y suis resté jusqu’au 2 aout 2008, puis j’ai été transféré à la prison Behzisti qui se situe à environ 15 kilomètres d’Ahvaz. J’y suis resté jusqu'à ma libération, le 15 juillet 2010, soit exactement trois ans, et huit mois de plus en 2011.

Au total, j’ai été emprisonné dans quatre prisons différentes : Karoun, Sepidar, Behzisti et Dezful. Celle de Dezful est la pire, pire encore que Karoun. Chaque section abrite de 50 à 60 lits, donc chaque section a une capacité de 60 personnes. La capacité maximum est de 100 prisonniers, si 40 dorment dans la cour. Et pourtant, il y a de 500 à 600 prisonniers dans ces sections de 50 à 60 lits. A la prison de Dezful, je partageais ma cellule avec cinq personnes.

Deuxième arrestation et emprisonnement à la prison de Dezful
Ils m’ont suivi et arrêté à la frontière turque. La police aux frontières de Sarvar m’a arrêté dans la région d’Ourmia. On m’a transféré au centre de détention du ministère du renseignement d’Ourmia où j’ai passé deux jours et où on ne m’a pas torturé.

Puis on m’a placé dans un endroit appelé la salle de break pendant 24 heures. On vous attache les mains et les pieds puis on ouvre les vannes d’eau. C’était en avril 2011 et il faisait chaud. J’ai dû boire comme un chien puisque j’avais les mains et les pieds entravés. J’étais en sous-vêtements. Au bout de 24 heures, je ne pouvais plus parler. Ils s’étaient vengés de moi.

Cette fois-ci, nos activités se limitaient à organiser l’anniversaire des manifestations de 2005 à Ahvaz. Ce n’était pas très grave. Le pire aurait été propagande contre le regime. Mais de toute façon, ils ne s’occupent pas des chefs d’accusation.

Mes amis sont encore en prison. J’ai été libéré sous caution à cause de mon état de santé qui était mauvais à cette époque.

Je m’étais beaucoup affaibli en raison des tortures perpétuelles. A la prison de Dezful, j’étais dans une section avec des sauvages, pas des prisonniers, des sauvages. Pendant huit mois, je na’ eu ni visites ni téléphone, de mon entrée en prison à ma libération, aucune visite de ma famille, ils ne laissaient personne me parler.

Je dormais près des sandales des prisonniers. Quiconque sortait des toilettes passait avec ses sandales mouillées au-dessus de ma tête. Je n’avais pas le droit de dormir dans un lit. On me traitait comme un animal.

Le chef de la prison de Dezful, monsieur Zameni, leur avait dit de me mettre dans un endroit où je vivrais comme un chien. J’ai fini par demander à un prisonnier d’appeler ma famille pour me faire sortir. J’en étais arrivé à ne plus pouvoir parler. Ils ont dû me libérer sous une caution de deux milliards de rials.

Libération
J’ai été libéré mais mes amis sont toujours à la prison de Dezful. L’un deux fait partie de ma famille, j’ai été arrêté en même temps que lui et son procès n’a toujours pas eu lieu. Je n’avais aucun contact avec lui en prison. Nous étions dans des sections différentes.

A ma libération, ma famille m’a emmené à l’hôpital Imam Khomeiny d’Ahvaz où j’ai passé 15 jours. Ensuite, je suis resté à la maison mais les fonctionnaires de la sécurité n’arrêtaient pas de m’appeler pour m’interdire de m’échapper ou de parler à quiconque.

Pour payer ma caution, nous avons utilisé les titres de propriété de trois maisons qui appartenaient à la famille et qui étaient situées dans le village.

J’ai été libéré le 12 octobre 2011 et je suis arrivé en Turquie le 30 décembre 2011. C’était l’hiver et je suis allé directement au bureau du Haut-Commissariat aux refugiés de l‘ONU.

Depuis mon départ d’Iran, ils ont convoqué mon plus jeune frère. Après ma première arrestation, ils avaient renvoyé un autre de mes frères, sergent dans l’armée. J’ai des documents pour le prouver.

Je n’ai pas le droit de parler à ma famille car ils leur ont dit de ne pas m’appeler. Dieu seul sait combien j’ai envie de parler à mes parents, mais je ne le peux pas pour leur propre sécurité. On les a convoqués plusieurs fois, même s’ils n’ont rien fait de mal. C’est à cause de moi. Leurs téléphones sont sur écoute, les familles des militants politiques sont surveillées.

(1) Fête religieuse marquant la fin du Ramadan
(2) Milice paramilitaire instituée par l’ayatollah Khomeiny en 1979. Les bassidjis sont des supplétifs des gardes révolutionnaires et ont été impliqués dans la violente répression des manifestations de masse qui ont suivi les élections présidentielles truquées de 2009. En 2014, un ancien commandant de la bassidj a admis avoir tiré sur les manifestants en 2009.
(3) Le contrôle des gardes révolutionnaires sur les principales entreprises de télécommunication dont IranCell a été confirmé par de nombreuses sources.

Source :
 

Interview avec la mere d’Omid Ali-Shenas

Omid Ali-Shenas a été arrêté le 4 septembre et a été transféré à la section 2A d’Evine, tenue par les gardes révolutionnaires. Malgré la demande d’une caution de 100 million de tomans, le tribunal d’instance et les procureurs ont refusé, pour des raisons inconnues, d’accepter la caution. Il a été transféré à la section 8 de la prison d’Evine après son jugement et est en attente du verdict.



Simine Eyvaz-Zadeh, enseignante, pense, à propos des activités des jeunes comme Omid : « Je sais, pour les côtoyer dans le cadre de mon travail, que ces personnes ont le cœur pur et de bonnes intentions. La situation évolue positivement et ils se radicalisent ainsi et deviennent un peu extrémistes et interprètent mal la loi ; mais il faut prendre en compte leur jeune âge ainsi que leur manque d’expérience.

On lui a signifié que ces chefs d’accusation étaient : propagande contre le régime, agissements contre la sécurité nationale et insultes au guide, mais lui et son avocat ont refusé ces allégations.

Omid n’est membre d’aucun groupe ou mouvement politique, il s’occupent des enfants qui travaillent, il rencontre régulièrement les familles des prisonniers politiques et s’oppose à la peine de mort. Toutes ses activités étaient pacifiques, il voulait des reformes. Tout était légal, il ne s’agissait pas de propagande contre le régime, ni de conspiration contre la sécurité nationale.

Sa situation à la section 8 n’est pas bonne du tout. Il y a tant de prisonniers que certains dorment dans les couloirs. Les toilettes sont le seul endroit où personne ne dort. Il est détenu avec des délinquants financiers, des voleurs et des hooligans et le risque de conflit entre eux est inquiétant.

La situation sanitaire de la section 8 n’est pas bonne ; en raison de la surpopulation, les épidémies se propagent. Dernièrement, certains prisonniers ont attrapé la grippe qui s’est propagée à tous les prisonniers. Mon fils est l’un d’eux et, en tant que mère, je pense qu’il n’est pas en sécurité et cette situation m’inquiète.

Ma seule demande, mon seul espoir, est que mon fils soit traité avec équité, c’est tout ce que je demande. »

Source :

 

Lettre du père d’Hossein Ronaghi au procureur de Téhéran – 6 avril 2015



Monsieur le procureur du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Monsieur Jafari-Dolatabadi,


Monsieur,

Les autorités ont l’intention d’hospitaliser mon fils Hossein Ronaghi à l’hôpital universitaire Shohada-ye-Tadjrish sans nous demander notre avis, et je ne peux permettre qu’il y soit transféré hors de notre présence.

Nous sommes inquiets ; les autorités pourraient prescrire des traitements et lui injecter des médicaments qui mettraient davantage encore sa vie en danger pour ainsi en finir avec lui. J’ai informé les autorités de la prison ainsi que l’inspection pénitentiaire et Madame Hassani du bureau de suivi du Procureur que l’hôpital Shohada-ye-Tadjrish est un établissement généraliste d’enseignement qui n’est pas spécialisé en néphrologie.

J’avais déjà demandé de ne pas hospitaliser mon fils Hossein sans ma permission. On doit me tenir informé de l’état de sante de mon fils et m’impliquer dans les décisions y afférentes. Mon fils a de nouveau besoin d’être hospitalisé et je dois agir rapidement pour éviter ce qui s’est passé la dernière fois : il a perdu l’usage d’un de ses reins.

Le mois dernier, on a interdit l’hospitalisation d’Hossein et on ne lui a donné aucun de ses médicaments ; son état de santé s’est donc encore détérioré. Et maintenant que son état s’est aggravé à cause des décisions de certains responsables, on veut l’hospitaliser au centre d’enseignement de Shohada-ye-Tadjrish, un établissement qui n’est pas spécialisé dans ce dont souffre Hossein.

Lors de sa dernière hospitalisation à l’hôpital Baghiyatallah, les médecins ont recommandé son opération et les ordonnances étaient disponibles. Malheureusement, on ne nous en a pas informés, on nous a tout caché et Hossein a perdu l’usage d’un rein. Les fonctionnaires qui ont ainsi agi sont directement responsables de la dégradation de l’état de santé d’Hossein.

J’ai contacté le bureau du procureur, l’inspection pénitentiaire et les autorités de la prison pour leur dire que je m’opposais à l’hospitalisation de mon enfant à l’hôpital Shohada-ye-Tadjrish. On doit nous dire quand ils ont l’intention de transférer Hossein pour que nous soyons à ses côtés. Car nous ne faisons pas confiance à certains fonctionnaires et ils pourraient profiter de notre absence pour se débarrasser d’Hossein.

Je vous demande donc, Monsieur le Procureur, de diligenter une enquête pour éviter que la vie de mon fils soit mise davantage en danger et pour mettre fin dès que possible à son incarcération.

Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur, à l’expression de mes salutations les plus sincères.

Seyed Ahmad Ronaghi-Maleki, père du prisonnier politique Hossein Ronaghi-Maleki

Source :

samedi 9 mai 2015

Interview avec Behnam Roghani, un bahaï condamné à mort par Morteza Esmailpour - 28 mars 2015

Morteza Esmailpour : Comment voyez-vous la situation des bahaïs après la révolution de 1978 ?
Behnam Roghani 
Apres la révolution islamique en Iran a débuté une campagne systématique contre la foi bahaïe et les bahaïs au plus haut niveau de la direction de la république islamique. Les dirigeants de la république islamique d’Iran ont des problèmes idéologiques avec les bahaïs ; ils ont planifié l’élimination physique des bahaïs de la société iranienne. Et ce alors que les bahaïs, à cause de leurs croyances religieuses, évitent toujours la violence, ne se mêlent absolument pas de politique et obéissent aux lois de leur pays de résidence.


 

ME : Les attaques contre les bahaïs venaient-elles de forces autonomes ou étaient-elles orchestrées par le chef de la république islamique d’Iran ?
BR :
L’ancien guide suprême, l’ayatollah Khomeiny, a attaqué les bahaïs à de nombreuses reprises (dans ses discours) ; dans l’un de ses étranges discours, il a qualifié les bahaïs « d’animaux dont il faut avoir peur ».Ses propos ont donné le feu vert aux durs en Iran pour persécuter et réprimer les bahaïs. Le harcèlement à l’encontre des bahaïs était tel que 200 bahaïs et membres de l’assemblée bahaïe d’Iran ont été exécutés durant les premiers jours de la révolution ; pendant des années, les bahaïs ont dû affronter des problèmes comme la confiscation de leurs biens, l’interdiction de poursuivre des études supérieures ou de trouver un travail ainsi que de longues peines de prison. Dans le même temps, la campagne contre les bahaïs s’est intensifiée ; dans les manuels scolaires, plusieurs pages étaient même consacrées à la promotion de la haine des bahaïs. De plus, dans les mosquées, lors des prières du vendredi, les imams attaquaient brutalement les bahaïs dans leurs prêches. La campagne était si puissante et systématique que certains Iraniens y ont cru au point de se joindre à la persécution et à  la répression des bahaïs.

ME : La situation a-t-elle changé après la mort de Khomeiny ?
BR
: A la mort de  Khomeiny, l’ayatollah Khamenei lui a succédé ; l’atmosphère était un peu plus ouverte et moins stressante. L’ayatollah Khamenei, qui n’avait rejoint les rangs de la haute hiérarchie religieuse que tardivement, quand il était interrogé sur le statut des bahaïs a promulgué des décrets à leur encontre. Dans l’un de ces décrets, il a déclaré que tous les bahaïs étaient « impurs » et « intouchables » et a interdit de commercer avec eux. Il a interdit à ses partisans d’utiliser des ustensiles et des couverts utilisés précédemment par des bahaïs pour boire ou manger, et leur a demandé d’attaquer cette minorité religieuse en Iran.

ME : Ces dernières années, nous avons été témoins de la promulgation de beaucoup de décrets à l’encontre de la communauté bahaïe. En avez-vous personnellement souffert ?
BR :
La promulgation de décrets religieux n’est pas une nouveauté en Iran ; puisque la république islamique a choisi l’islam chiite comme religion officielle en Iran, tous sont censés demander l’avis des religieux de haut rang pour leurs questions et leurs problèmes. Un groupe de lobbyistes durs, qui avaient des relations particulières avec certains de ces religieux leur ont demandé « des décrets religieux spécifiques » qui ont causé de lourdes sanctions contre les bahaïs et les membres d’autres minorités religieuses ainsi que contre les convertis et quelques autres Iraniens, ce qui a permis aux durs de confisquer leurs biens « légalement ». J’ai été victime d’un de ces « décrets spécifiques » provenant d’un groupe islamique dur et j’ai été condamné à mort.

ME : La promulgation de ce décret à votre encontre était-elle de la propagande ou était-elle personnelle ?
BR :
Il faut bien sûr noter que les décrets comme celui promulgué à mon encontre étaient surtout politiques ; ils cherchaient à créer la peur, la panique et la répression parmi les nouveaux convertis anciennement musulmans qui voulaient révéler et promouvoir leurs nouvelles fois. Dans mon cas, le décret mentionne que je suis « hérétique » et qu’il faut que mon sang soit versé. Dans leur jargon, un hérétique est un musulman qui désire adhérer à une autre foi que l’islam. Le sang d’une telle personne n’a pas de valeur et doit être versé et ce décret religieux sert de condamnation à mort.

ME : Pour conclure, comment voyez-vous la situation des bahaïs et quel serait votre souhait ?
BR : La situation des bahaïs n’a pas changé. Actuellement, il y a environ 100 bahaïs en prison et quelques autres sont en liste d’attente pour y entrer. L’interdiction de l’éducation supérieure pour les bahaïs s’est intensifiée comme les restrictions et les exclusions diverses. Ceci dit, avec l’avènement des cyber-technologies et des outils de communication ainsi que de la conscience plus aigüe de la situation des bahaïs, une connaissance approfondie de la foi bahaïe, les campagnes à l’encontre des bahaïs menées par la république islamique d’Iran ont fini par devenir impopulaires et la population iranienne y est hostile.

Source :  http://iranpresswatch.org/post/11735