dimanche 7 juin 2015

Semaine 22 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Transfert de Karim Abraham à la prison de Mahabad.
  • Transfert d’Anvar Badri à la prison de Mahabad.
  • Transfert d’Atena Daemi au dispensaire d’Evine.
  • Transfert du syndicaliste Behnam Ebrahimzadeh à l’isolement.
  • Transfert de Massoud Garmsiri à la prison de Mahabad.
  • Transfert de Khaled Herdani à l’hopital.
  • Transfert de Rahman Koshkalam à la prison de Mahabad.
  • Transfert de Younes Mallak à la prison de Mahabad.
  • Transfert d’Ali Moezi à l’isolement.
  • Transfert de l’étudiant Mohammad Mozafari au dispensaire d’Evine.
  • Hospitalisation du Yaran bahaï Afif Naïmi.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Yousef Hasanzadeh commence à purger sa peine à Evine.
  • Arrestation du bahaï d’Ispahan Sohrab Naghipour pour purger ses 2 ans de prison.
  • Arrestation de la bahaïe d’Ispahan Azar Pourkhorsand pour purger ses 2 ans de prison.
  • Arrestation de l’étudiant de l’université d’Hamedan Raouf Shahbazi.

C-Libérations
  • Libération de la bahaïe Sima Eshraghi à la fin de sa peine.
  • Libération du derviche Gonabadi Saleheldin Moradi Sarvestani.
  • Libération sous caution du syndicaliste Pedram Nasrollahi.
  • Libération sous caution du syndicaliste Mahmoud Salehi.
  • Libération sous caution des syndicalistes Aram et Fouad Zandi.

D-Autres Nouvelles
  • Basma Rahman-Ahmad-Rashid Al-Jabouri est en grève de la faim depuis 45 jours.
  • Alireza Rassouli en grève de la faim à la prison de Mahabad.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Condamnation d’Omid Alishenas à 10 ans de prison.
  • Condamnation à un an de prison des bahaïs de Tabriz Farzad, Nassim, Sahar, Simine Bahadori .
  • Condamnation du militant azéri Taha Kermani à 13 ans de prison.
  • Condamnation du militant azéri Hossein-Ali Mohammadi à 13 ans de prison.
  • Condamnation d’Ali Nouri à 7 ans de prison.
  • Condamnation du militant national-religieux Hossein Rafiei à 6 ans de prison.
  • Condamnation d’Assou Rostami à 7 ans de prison.
  • Une pendaison publique à Shiraz.
  • 2 pendaisons à Sari.
  • 4 pendaisons à la prison d’Ourmia lundi.
  • 13 pendaisons à Ghezel Hessar lundi.
  • Une pendaison publique à Jīroft lundi.
  • Une pendaison à Zandjan.
  • 5 pendaisons à Tabriz.

L’université – la Culture
  • Le professeur Zakaria Ghaderi interdit d’enseignement à l’université de Kermanshah.

L’Iran à l’étranger
  •  Saeed Gharloghi de Karaj a été tué en Irak le 27 mai. Djassem Nouri du Khouzestan a été tué à Ramadi.
  • Zarif a des entretiens trilatéraux avec ses homologues chinois et russe.
  • Une délégation parlementaire européenne se rend en Iran.

L’économie en Iran
  • Signature d’un accord avec la Chine sur un transfert de technologie pétrochimique.
  • Le ministre du pétrole rencontre le PDG de Shell.
  • L’Inde et l’Iran signent un accord de coopération économique.
  • Une délégation économique chinoise se rend en Iran pour y investir.

Politique en Iran
  • Trois gardes révolutionnaires tués et deux blessés près d’Ourmia.


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dimanche 31 mai 2015

Semaine 21 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Transfert de Nasser-Mohammad Tilas-Al-Silavi (Abu-Anas) à la prison Karoun.
  • Transfert d’Ali-Akbar Baghbani, secrétaire général du syndicat des enseignants, à Radjai Shahr.
  • Abolghassem (Djavad) Foulodvand sorti de l’hôpital pour retourner à Radjai Shahr.
  • Mehdi Karoubi hospitalisé pour une opération aux yeux.
  • Khosro Mansourian sorti de l’hôpital pour retourner à Evine.
  • Zahra Rahnavard hospitalisée pour une opération aux yeux.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Arrestation du syndicaliste Djafar Azimzadeh.

C-Libérations
  • Libération provisoire de Behzad Arabgol.
  • Libération sous caution de Negar Haeri.
  • Libération de la bahaïe Shamis Mohadjer à la fin de sa peine.
  • Libération de Massoud Pedram à la fin de sa peine.
  • Libération provisoire d’Ali Zakeri.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Atena Farghdani condamnée à 14 ans de prison.
  • Une pendaison à Ardebil samedi.
  • 6 pendaisons à Ghezel Hessar dimanche.
  • 3 flagellations publiques à Joghotai.
  • 8 exécutions à Ghezel Hessar lundi.
  • Une pendaison à Radjai Shahr mardi.
  • 22 pendaisons à Ghezel Hessar mardi.
  • 3 exécutions publiques à Mashhad.
  • 2 pendaisons à Kerman.
  • Une pendaison à Gatchsaran.
  • Une pendaison à Tabriz.

Manifestations
  • Fin de la grève de 35 jours à Safa Pipes.

L’Iran à l’étranger
  • Velayati assiste à la conférence CICA à Pekin.

L’économie en Iran
  • La fermeture d’une filature met plus de 100 femmes au chômage.

Politique en Iran
  • Larijani réélu à la tête du parlement iranien.

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dimanche 24 mai 2015

Lettre ouverte de « L’Organisation des Femmes Citoyennes » à Shahinedokht Molaverdi, vice-présidente chargée des femmes et de la famille pour protester contre l’arrestation de Nargues Mohammadi

Vendredi 15 mai 2015

Madame la vice-présidente,

Le matin du mardi 5 mai 2015, Nargues Mohammadi, membre de l’Organisation des Femmes Citoyennes et militante des droits humains bien connue, a été arrêtée sans aucun préavis. Deux jours avant, elle avait assisté à une séance de son procès ; la justice aurait pu alors prendre facilement une action comme émettre un mandat.

Auparavant, Nargues Mohammadi avait été emprisonnée en 2012 pour purger sa peine de six ans ; mais, au bout de quelques mois, on a conseillé de la libérer sous caution en raison de son état de santé, pour qu’elle puisse poursuivre son traitement hors de prison. Elle souffre de paralysie musculaire et d’épilepsie ; sans suivi médical, sa vie est en danger. C’est pourquoi ses médecins ont décidé qu’elle ne pouvait plus continuer à purger sa peine.
Nargues Mohammadi n’a jamais rien voulu d’autre que la promotion de la société civile et le suivi des problèmes des droits humains et des femmes.

Il faut aussi noter que Nargues Mohammadi est une mère isolée qui s’occupe seule de ses jumeaux de huit ans Kiana et Ali ; ces deux enfants sont dans une situation très précaire car leur père est absent et qu’ils dépendent uniquement de leur mère.

Considérant tout ce qui précède, nous, Organisation des Femmes Citoyennes, exigeons la libération sans condition de Nargues Mohammadi parce qu’il est évident que militer pour l’égalité et la justice dans la société n’est pas un crime. L’emprisonnement d’une militante comme Nargues Mohammadi est une preuve évidente d’injustice ; c’est une violation patente des droits des citoyens que votre gouvernement s’était engagé à soutenir. Nous vous demandons donc de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour faire part de votre réaction contre cette injustice et demander la libération de Nargues.

Source en Persan :
 

samedi 23 mai 2015

Semaine 20 pour un Iran Libre et Démocratique

Nouvelles des Prisonniers
A-Transferts
  • Transfert de Mohammad Mozafari à la section 6 d’Evine.

B-Arrestations-Incarcérations
  • Arrestation du Kurde sunnite Heiman Bazari.
  • Arrestation du syndicaliste Shapour Ehsani-Rad.
  • Arrestation de l’étudiant kurde sunnite Ebrahim Gholami à Mahabad.
  • Arrestation de Negar Haeri ; elle est transférée à la section 209 d’Evine.
  • Arrestation de l’ouvrier kurde sunnite Mostafa Khadir à Mahabad.
  • Arrestation du militant culturel kurde Djalal Khodamoradi.
  • Arrestation du rédacteur en chef de Bayan Eghtesad Mohammad-Reza Moradi.
  • Retour du militant étudiant Seyed Zia  Nabavi en prison à la fin de sa permission.
C-Libérations
  • Libération de l’avocat des derviches Gonanadi Mostafa Daneshdjou  à la fin de sa peine.
  • Permission de 4 jours pour le prisonnier politique Nader Djani.
  • Libération sous caution du syndicaliste Ebrahim Madadi.
  • Permission de 5 jours pour le prisonnier politique Mehdi Motamedi-Mehr.
  • Permission de 4 jours du bloggeur Nassour Naghipour.
  • Libération sous caution du syndicaliste Davoud Razavi.
  • Libération du journaliste Keyvan Samimi à la fin de sa peine.
D-Autres Nouvelles
  • Grève de la faim de la militante des droits humains Nargues Mohammadi.

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Une amputation au Khouzestan dimanche.
  • Une pendaison publique à Shiraz.
  • Une pendaison publique à Minab mardi.
  • 4 pendaisons à Arak mardi.
  • 5 pendaisons à Shiraz mardi.
  • 5 pendaisons à Radjai Shahr mercredi.
  • Une pendaison publique à Ghotchan jeudi.
  • 11 pendaisons à Ghezel Hessar.

L’université – la Culture
  • VOA arrête ses programmes radio en Persan.

L’Iran à l’étranger
  • Le ministre de la défense, le brigadier général Hossein Dehghan rencontre son homologue en Irak.
  • Velayati rencontre le président Assad à Damas.
  • Une délégation de taliban en visite à Téhéran.
  • Le ministre des affaires étrangères iranien convoque le chargé d’affaires de Bahrein.
  • Le ministre des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a rencontré la vice-secrétaire générale aux affaires humanitaires et à la coordination de l’aide d’urgence Valerie Amos le 20 mai à Téhéran.

Politique en Iran
  • Suite aux manifestions des ouvriers du rail d’Ahvaz, 60 licenciements.

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dimanche 17 mai 2015

Rouhani attaqué de tous côtés – Issa Saharkhiz – 1er mai 2015

Alors que le cabinet d’Hassan Rouhani continue d’améliorer la position régionale et internationale de l’Iran, les politiciens durs et les militaires intensifient leur surveillance et leurs attaques. On s’y attendait, mais les attaques se sont transformées en menaces de démission ou d’éviction.

La dernière attaque vient de Djavad Karimi Ghodoussi, membre dur de la commission parlementaire de la sécurité nationale et de la politique étrangère ; il l’oralement mis en garde ; « Si Rouhani ne retire pas ses commentaires (la police en Iran n’a pas le devoir de maintenir les lois islamiques, mais uniquement les lois) et ne se repent pas devant les oulémas et les martyrs, s’il ne présente pas ses excuses au peuple, l’islam lui imposera ce qu’il a imposé par le passé. »

Mohammad-Ali Assoudi, représentant de l’ayatollah Khamenei auprès des gardes révolutionnaires, a utilisé d’autres mots pour le même message quand il a dit que Rouhani devrait tirer des leçons de ce qui est arrivé à Bani-Sadr, premier président du régime islamique après 1979. Il a été demi par le parlement mais avait fui le pays avant.

Trois religieux de haut rang de Qom ont également publié des déclarations critiquant sévèrement Rouhani.

Tout cela indique que le groupe qui, en son temps, considérait Mahmoud Ahmadinejad comme proche de ses idées, ne tolère pas les semblables de Mir-Hossein Moussavi, Mehdi Karroubi, Mohammad Khatami et Hashemi-Rafsandjani et n’accepterait pas non plus un second mandat pour Rouhani. Il utilise tout ce qui est à sa disposition pour le discréditer et finalement l’évincer du pouvoir à mi-mandat.

Il semble improbable que le parlement actuel puisse réunir une majorité des deux tiers pour évincer Rouhani. Mais comme on prévoit que la plupart des députés actuels ne seront pas réélus en février 2016, ils pensent que c’est leur seule chance d’agir. On s’attend à ce que le prochain parlement soit surtout constitué de modérés.

La constitution permet au parlement, par un vote d’une majorité des deux tiers, de convoquer le président qui a alors 30 jours pour se rendre devant le parlement pour convaincre les députés de sa politique et de ses qualifications pour rester en place. Si les deux tiers des députés ne lui votent pas la confiance, le résultat est communiqué au guide suprême qui prend sa décision.

Maintenant qu’il est évident que les durs ont décidé de se débarrasser du chef de l’exécutif, une façon de les en empêcher est d’obtenir, pour l’exécutif, un large soutien public en mettant en œuvre les parties de la constitution qui sont restées lettres mortes et en tenant ses promesses de campagne.

Le président a déjà pris cette orientation et s’efforce de la promouvoir au sein d’un régime qui s’agrippe aux « administrations parallèles ». Il doit canaliser sa politique et ses actions pour que le peuple garde l’espoir, pour que, lors des élections, il sache pour qui voter. Même si cela résulte en un « vote de protestation ».

Source :

Lettre du Docteur Maleki à Ahmad Shaheed

Le docteur Mohammad Maleki, ancien recteur de l’université de Téhéran et professeur retraite de cette université, a écrit au docteur Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Iran pour se plaindre des violations des droits humains en Iran, et plus spécialement sur son droit fondamental de se rendre à l’étranger pour rendre visite à ses enfants.
« Le droit de voyager et le droit de rendre visite à ses enfants sont des droits fondamentaux des dissidents. »
Au docteur Ahmad Shaheed, rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Iran
Téhéran, le 18 avril 2015
Cher Docteur,
Je m’appelle Mohammad Maleki ; je suis professeur en retraite de l’université de Téhéran. Je vous écris car vous êtes en charge de la surveillance des violations des droits humains en Iran. Je vous demande votre soutien en ma demande de justice : la république islamique d’Iran viole mes droits fondamentaux, en l’occurrence, mon droit à voyager pour voir mes enfants. J’ai bien sûr épuisé toutes les procédures légales pour jouir de mes droits avant de vous écrire. Je vais vous exposer brièvement ce que j’ai fait ces derniers mois.

Quelques jours après vous avoir écrit sur la torture dans les prisons iraniennes, j’ai été interdit de sortie du territoire par le tribunal de Téhéran le 10 septembre 2011. Le 8 novembre, j’ai accompagné un ami convoqué à la prison d’Evine et j’ai demandé au bureau du procureur de la prison où en était mon interdiction de sortie du territoire. Le fonctionnaire a cherché dans son ordinateur et trouvé une lettre à moi adressée qui indiquait que l’interdiction avait été levée (je vous joins une copie de ma demande au bureau du procureur et la réponse). Je me suis rendu au bureau des passeports pour vérifier que c’était vrai et on m’y a dit qu’il n’y avait plus de problème. J’ai donc préparé les papiers nécessaires et j’ai demandé le renouvellement de mon passeport. On m’a dit que je le recevrai par courrier dans deux semaines, mais je n’avais toujours rien reçu au bout d’un mois. Je me suis rendu au bureau spécial de la police où l’on m’a dit de m’adresser à la poste, où l’on m’a dit de m’adresser au bureau des passeports de Téhéran, où l’on m’a dit de m’adresser à monsieur Tadjik, procureur général du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Quand je me suis présenté au bureau de monsieur Tadjik, on m’a demandé de me rendre au bureau du procureur d’Evine. Quelques mois après m’avoir renvoyé d’un bureau à  un autre, le bureau du procureur de la prison d’Evine m’a informé qu’on me contacterait pour clarifier la situation. Au bout d’un mois, toujours pas de contact. Je me suis donc rendu au bureau du procureur de la prison d’Evine le 17 mars 2015 ; on m’y a dit que de « hauts fonctionnaires » avaient arrêté le renouvellement de mon passeport ; on ne m’a, bien entendu, pas dit qui étaient ces « hauts » fonctionnaires.

Vous savez mieux que moi que, d’après le deuxième paragraphe de l’article 13 de la déclaration universelle des droits humains : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». D’après l’article 33 de la constitution de la république islamique : « Personne ne peut être obligé de rester dans un endroit, sauf dans les cas prévus par la loi ». D’après les articles 132 et 133 du code de procédure pénale de la république islamique : « Le tribunal peut édicter un décret interdisant la sortie du territoire à l’encontre d’un accusé uniquement dans les cas spécifiques où il existe un risque qu’il s’enfuit ou se cache. Un tel décret ne sera valable que pour une durée de six mois. » De plus, d’après l’article 137-3 de la déclaration des droits civiques du président Rouhani : « Tous les citoyens ont le droit de quitter ou de rentrer librement dans le pays et aucun citoyen ne peut se voir nier ce droit, sauf dans les cas prévus par la loi ».

Quel principe, quelle loi ou quel jugement équitable m’a-t-il privé de ces droits ? Je ne suis pas un voleur ou un escroc et je n’ai commis aucun crime. Je ne suis coupable que d’être un dissident qui critique les dirigeants de la république islamique pour défendre les droits humains. C’est pourquoi on me refuse ce droit et bien d’autres droits civiques. Le droit de voyager pour rencontrer sa famille et ses enfants sont des droits des groupes d’opposition.

J’ai 82 ans et je ne peux ni ne veux résider à l’étranger. Les fonctionnaires de la sécurité et de la justice de la république islamique d’Iran sont parfaitement au courant de ma position sur le sujet. De plus, j’ai clairement exprimé mes commentaires et mes critiques en Iran, j’ai franchement critiqué le système et je n’ai pas d’autre commentaire à exprimer à l’étranger qui se rapporteraient aux autorités de la sécurité ou de la justice. Il n’y a donc aucune justification à cette injustice et oppression patente.

Cher Docteur Ahmad Shaheed,

Je ne suis qu’un exemple de cette injustice. Beaucoup de militants civiques et politiques en Iran se sont vus illégalement et sans raison refuser le droit de quitter le pays depuis longtemps. On leur interdit de rendre visite à leurs enfants et à leur famille depuis des années. L’un des exemples les plus évidents est Monsieur Abbas Amir-Entezam, à qui on a interdit le droit de quitter le territoire pour voir ses enfants depuis plus de 30 ans.

Comme la république islamique, sa structure administrative et sa justice n’arrivent pas à résoudre ce problème, je demande votre soutien pour répondre à cette tyrannie. Pourquoi et pendant combien de temps vais-je être privé du droit de voyager pour voir mes enfants ? Cela fait environ 7 ans que je n’ai pas vu mon fils et je veux assister à sa remise de diplôme. C’est évidemment le désir naturel de chaque père. Je vous prie instamment de demander au gouvernement et aux autorités iraniennes de mettre fin à ces conduites injustes et inhumaines et d’arrêter de violer les droits humains du peuple d’Iran.

Je vous prie de croire, cher Docteur, à l’expression de ma gratitude anticipée et de mes salutations les plus sincères.

Docteur Mohammad Maleki
Ancien recteur de l’université de Téhéran – Professeur en retraite

Source :

Interview de Shirine Ebadi par Amy Goodman

Amy Goodman : Nous continuons notre émission depuis La Haye aux Pays Bas où nous rencontrons la lauréate du Prix Nobel de la Paix Shirine Ebadi. En 2003, elle est devenue la première musulmane à obtenir ce prix pour sa défense des droits humains, surtout ceux des Iraniennes, des enfants et des prisonniers politiques. Elle a été la première femme juge en Iran et elle est en exil depuis 2009.
Shirine Ebadi est à La Haye cette semaine pour une conférence marquant le centième anniversaire du Congrès International des Femmes quand plus d’un millier de femmes s’y sont rendues pour appeler à la fin de la première guerre mondiale. Cet évènement a marqué la formation de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberte, le WILPF. Cette semaine, le WILPF a rassemblé une nouvelle génération de féministes pacifistes à La Haye pour célébrer le centenaire de cette organisation par une conférence appelée les Femmes Arrêtent la Guerre. Lundi, Shirine Ebadi a parlé lors de la session inaugurale de la menace que représente l’état islamique auto-proclamé.
Shirine Ebadi :
Nous devons nous rappeler que Daech n’est pas un simple groupe terroriste. C’est une idéologie. On ne combat pas une idéologie par des bombes. Cette mauvaise idéologie ne peut être combattue que par une interprétation correcte de la religion. Si on avait alors jeté des livres au peuple, aux talibans au lieu de bombes, si on avait construit des écoles en Afghanistan, on aurait pu construire 4.000 écoles en mémoire des 4.000 victimes du 11 septembre, nous n’aurions pas Daech. N’oublions pas que les racines de Daech, ce sont les talibans, alors ne recommençons pas les mêmes erreurs.
Je n’ai qu’un très court temps de parole, alors je suggère aux Nations Unies qu’elles établissent une convention encourageant tous les pays à réduire leurs budgets militaire de 10% et utiliser l’argent pour l’éducation et le bien-être du peuple. Vous verrez que le futur du monde en sera meilleur.

AG : La lauréate du prix Nobel de la Paix 2003, Shirine Ebadi, lors de la session inaugurale du WILPF et de la conférence du centenaire Les Femmes arrêtent la Guerre ici à La Haye. Dimanche, j’ai interviewé Shirine Ebadi lors du rassemblement des lauréates du prix Nobel de la paix à l’initiative des Femmes Nobel. J’ai commencé par demander au docteur Ebadi de parler de la signification de l’accord-cadre entre l’Iran et les grandes puissances pour diminuer le programme nucléaire iranien pour au moins une décennie.
SE :
J’espère que les négociations vont pouvoir aboutir car les sanctions ont appauvri la population et qu’il y a une grande pression économique en Iran. Bien sûr, les extrémistes des deux côtés, en Iran et en Amérique, ne sont pas d’accord avec cet accord. Personnellement, je n’approuve pas le programme nucléaire du gouvernement car il est très cher et qu’il ne correspond pas, économiquement à ce dont nous avons besoin. On aurait pu dépenser beaucoup moins et investir dans l’énergie solaire. L’énergie nucléaire en général n’est pas bonne pour l’environnement de l’Iran. L’Iran est situé sur une zone de failles sismiques et nous craignons qu’un autre Fukushima puisse se produire en Iran. Notre intérêt national est donc que cet accord soit conclu pour pouvoir bénéficier de ses résultats.

AG : Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dit que c’est un rêve pour l’Iran mais un cauchemar pour le reste du monde. Votre réaction ?
SE :
Comme je l’ai déjà dit, je ne suis d’accord avec aucun programme nucléaire en général. Il faut donc les arrêter le plus tôt possible. Dans le même temps, un pays qui a la bombe atomique ne peut pas juger ainsi un autre pays.

AG : Netanyahu dit que cela conduira à une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient.
SE :
C’est possible. Il peut y avoir une course au nucléaire. Mais qui l’a commencée au Moyen-Orient ? Quel est le pays du Moyen-Orient qui a eu une bombe le premier ? Je crois que la réponse est facile.

AG : A cause de la pression que subit le président Obama sur l’accord nucléaire, il dit qu’une partie de l’accord consistera en une levée progressive des sanctions.
SE :
Les lois en Amérique ainsi que le type de sanctions ne permettent pas la levée des sanctions d’un seul coup. Il est très normal que la levée soit progressive. Mais cela ne devrait pas durer trop longtemps. Les sanctions ont causé l’appauvrissement de la population bien sûr. La politique économique du gouvernement et la corruption existante, le manque de transparence du gouvernement affecte le peuple autant que les sanctions. En fait, ce ne sont pas seulement les sanctions qui appauvrissent le peuple mais aussi le manque de transparence, la corruption et les programmes économiques erronés.

AG : Docteur Ebadi, il serait difficile de vous qualifier d’apologiste du gouvernement iranien. D’abord, vous vivez en exil. Ensuite, votre mari a été arrêté par le gouvernement, votre sœur a été arrêtée depuis que vous avez eu le prix Nobel de la Paix. Que dites-vous à ceux qui critiquent l’accord en disant qu’il va renforcer le gouvernement iranien ?
SE :
Je critique le gouvernement iranien pour ses violations des droits humains et pour la corruption, mais quand les Etats-Unis critiquent le gouvernement iranien c’est parce qu’ils ont peur que le gouvernement iranien se rapproche de la bombe atomique. Il y a une différence entre ma critique du gouvernement et celle des Etats-Unis. Ce qui veut dire que ceux qui critiquent le gouvernement iranien en Amérique n’abordent pas le sujet des violations des droits humains. Cela ne leur semble pas important. Nous voyons qu’ils sont des amis proches de l’Arabie Saoudite qui est la championne des violations des droits humains au Moyen-Orient.

AG : Quelle est votre critique du gouvernement de Rouhani ? Quelle comparaison entre Rouhani et, bon, son prédécesseur, Ahmadinejad ?
SE :
Rouhani sourit plus qu’Ahmadinejad, c’est tout. Parce que, d’après la constitution, tous les pouvoirs appartiennent au guide et que les pouvoirs du président sont limités. C’est pourquoi, après l’arrivée au pouvoir de Rouhani, nous n’avons vu aucun changement. La situation des droits humains ne s’est pas améliorée. S’ils parlent maintenant à l’Amérique, c’est parce que le guide a permis de telles négociations.

AG : Qu’en est-il du nombre d’arrestations, des droits des femmes en Iran, comment les femmes peuvent-elles s’exprimer sous le gouvernement Rouhani ?
SE :
Malheureusement, la situation des femmes ne s’est pas améliorée sous Rouhani. Dans les universités, les filles sont séparées des garçons. Lors des concerts, les femmes ne peuvent plus jouer alors qu’elles le pouvaient auparavant. Les prisonniers politiques sont toujours en prison. Monsieur Rouhani a promis que Moussavi et Karroubi, qui n’ont pas été jugés mais sont assignés à domicile, seraient libérés, mais à ce jour, il n’y est pas arrivé et n’en parle même plus.

AG : Moussavi, Karroubi, deux politiciens iraniens influents, concurrents d’Ahmadinejad pour la présidence.
SE :
Moussavi était candidat en 2009. Mais comme il avait des désaccords avec Khamenei, le guide, il est assigne à domicile. Rouhani a promis qu’il le libèrerait. Mais non seulement il ne l’a pas libéré depuis son arrivée au pouvoir mais il n’en parle même plus publiquement, il n’a rien dit sur le sujet.

AG : Docteur Ebadi, je voulais vous parler de Marzieh Afkham, porte-parole du ministère des affaires étrangères. On dit qu’elle va devenir la première ambassadrice d’Iran depuis la révolution iranienne de 1979.
SE :
Il y a un proverbe qui dit qu’une fleur ne fait pas le printemps. La comparant à toutes les femmes qu’on a obligé à rester à la maison, une femme politiquement très proche du gouvernement ne change pas grand-chose. Vous savez très bien que, d’après les statistiques du gouvernement, il y a trois fois plus de femmes que d’hommes au chômage en Iran, alors qu’il y a 60% d’étudiantes dans les universités. Cela veut dire qu’en Iran, les femmes sont plus éduquées mais sans emploi. Pour montrer au monde qu’ils respectent les femmes, ils en utilisent une, par exemple une ambassadrice, ce qui est une bonne chose, mais il ne faudrait pas limiter cette promotion à une seule personne. Il faudrait l’étendre.

AG : Votre déclaration sur Daech, l’état islamique auto-proclamé et sa montée en puissance ?
SE :
Daech n’est pas seulement un groupe terroriste, c’est une idéologie erronée. Ils utilisent une interprétation erronée de l’islam pour tuer les gens, violer et vendre les femmes. Pour combattre Daech, une coalition de 40 pays a été formée sous la direction des USA ; ils les bombardent plusieurs fois par jour. Mais cela ne marchera pas car on n’arrête pas une idéologie avec des bombes. Il faudrait leur envoyer des livres au lieu de bombes.

AG : Le président Obama vous a-t-il demandé ce qu’il fallait faire ? Que lui conseilleriez-vous ?
SE :
Je lui dirais qu’il faudrait essayer de construire des écoles, qu’au lieu d’envoyer des bombes, il faudrait envoyer des livres et tenter de combattre la corruption dans la région. Alors Daech finirait par perdre de son influence.

AG : Quand avez-vous quitté l’Iran, Docteur Ebadi ?
SE :
J’ai quitté l’Iran exactement le 21 juin 2009, quelques heures avant l’élection présidentielle qui a causé la mort de plusieurs personnes dans la rue et l’assignation à domicile de Moussavi et Karroubi. Et je n’ai pas pu rentrer. Et comme ils ne pouvaient pas m’arrêter puisque je n’étais pas en Iran, ils ont arrêté mon mari et ma sœur dans l’espoir qu’avec cette prise d’otages ils me réduiraient au silence. Mais non. Alors le gouvernement a décidé d’exproprier tous mes biens pour les vendre aux enchères. Malheureusement, beaucoup de mes collègues sont toujours en prison. Mais je suis heureuse de dire que je n’ai jamais arrêté ne serait-ce qu'une heure. Et mes amis en Iran continuent aussi.

AG : Quand vous dites n’avoir pas arrêté ne serait-ce qu'une heure, vous parlez de ce que votre organisation fait pour les femmes et les jeunes filles ?
SE :
Oui. Bien sûr, avant, tout cela était public mais maintenant tout est clandestin pour ne pas causer d’ennuis à mes collègues

AG : Votre mari et votre sœur, où sont-ils maintenant ?
SE :
Ils ont, bien sûr, été libérés sous caution au bout d’un moment car le gouvernement a bien vu qu’il ne pourrait pas me réduire au silence. Sous la pression de l’opinion publique et des organisations internationales ils les ont libérés parce qu’ils étaient vraiment innocents. Ils n’étaient pas du tout mes collègues de travail. Ils ont chacun leur propre travail.

AG : Vous les avez revus depuis 2009 ?
SE :
Je les ai revus chacun une fois.

AG : S’ils le désiraient, ils pourraient quitter le pays ?
SE :
Chacun d’eux a pu quitter le pays une fois.

AG : Alors, comment cela vous affecte-t-il personnellement ? Vous avez vu votre marin, une fois en six ans ?
SE :
Naturellement, ma vie n’est pas très confortable. Mais c’est le prix à payer pour la liberté en Iran. Je ne suis pas la seule à être frappée. Mes collègues emprisonnés paient un tribut plus lourd.

AG : Donc, pour être claires, Docteur Ebadi, vous êtes la cible du gouvernement iranien, et pourtant, pour l’accord nucléaire, vous êtes favorable à la levée des sanctions, non ?
SE :
Oui, car si les négociations n’aboutissent pas, les sanctions continueront. Et elles peuvent même empirer. Et le peuple pourrait être de plus en plus touché. Tous mes efforts tendent à améliorer la vie de mes concitoyens.

AG : Faites-vous confiance au gouvernement iranien ?
SE :
Jamais de la vie.

AG : He bien c’est la raison que les opposants utilisent pour ne pas soutenir un accord avec l’Iran.
SE :
Dans l’accord, il est stipulé que, si le gouvernement iranien ne respecte pas l’accord, l’embargo et les sanctions peuvent revenir.

AG : Je vous ai demandé le conseil que vous donneriez au président Obama, ce que vous diriez aux opposants à un accord nucléaire avec l’Iran. Que diriez-vous aux militants pacifistes dans le monde ?
SE :
Les militants pacifistes devraient, en fait, travailler à la justice. Et aussi, ils devraient tenir les gouvernements pour responsables. Par exemple, quand nous observons le Moyen-Orient, nous voyons qu’il brule. Pourquoi ? Parce qu’une poignée de dictateurs y sont présents depuis des années. Ils violent les droits humains. Ils sont corrompus. Ils empechent la croissance de la société civile. Le peuple s’appauvrit de jour en jour. Malheureusement, le monde ferme les yeux. Un jour, les peuples en ont assez et rejettent ou déposent leurs dictateurs. Mais la société civile n’a pas encore pris forme. C’est l’anarchie et toute la région brule maintenant. Malheureusement, les peuples ont deux mauvais choix : supporter un dictateur ou c’est l’anarchie et l’insécurité. Les deux choix sont mauvais. Nous ne devrions pas les laisser en arriver là. Regardez la Syrie : la famille Assad gouverne depuis plus de 40 ans. La situation est telle que certains pensent que si Assad s’en va, Daech le remplacera. Et ils ne savent plus s’il faut choisir Daech ou Assad, qui a tué tant de gens. Donc, quand je parle avec des pacifistes je leur dis : « ne laissez pas les pays en arriver au point où ils prennent feu et ou vous devrez éteindre le feu. » Ne laissez pas le feu prendre de l’ampleur. Il faut conclure pour fournir une infrastructure. En médecine, on dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. La même chose est vraie pour la paix. Arrêtons. Evitons la guerre.

AG : Nous vivons une époque très violente. Les USA sont impliqués dans la plus longue guerre de leur histoire en Afghanistan. Et puis nous avons la guerre en Irak, en Syrie, au Yémen, en Lybie. Pouvez-vous donner un conseil au monde en tant que lauréate du prix Nobel de la Paix, en tant que femme ?
SE :
Ce que vous désirez pour votre propre peuple, désirez-le aussi pour les peuples de ces pays qui ont été détruits, effacés parce que de grandes entreprises veulent gagner plus d’argent en vendant plus d’armes. Alors, mon conseil est : traitez le peuple afghan comme vous traitez votre propre peuple. Regardez les enfants irakiens comme vous regardez vos enfants. Alors vous verrez que la solution est là.

AG : Docteur Shirine Eabadi, merci beaucoup de nous avoir rejoints.
SE :
Merci.