lundi 1 août 2011

Les Mères du parc Laleh (Mères en deuil d’Iran) exigent une enquête immédiate sur la terrible situation des prisons iraniennes


Aucun humain épris de liberté ne peut se taire en entendant les terribles nouvelles qui sortent de temps en temps des prisons iraniennes . Ces nouvelles racontent l’histoire d’une catastrophe humaine massive qui se passe quotidiennement dans toutes les prisons du pays, qu’elles soient grandes ou petites, célèbres ou inconnues.

D’après les prisonniers, des simulacres d’exécution, les viols, les ongles arrachés, les têtes de prisonniers enfoncées dans la cuvette des toilettes, les attaques de chiens méchants, la torture de membres proches de la famille, la prise forcée de neuroleptiques jusqu’à être réduits à l’état de légume, les longs interrogatoires, nus, les humiliations sexuelles, les flagellations, la privation de sommeil, l’enfermement dans une petite cage, les longues détentions à l’isolement, les menaces et les mensonges, voilà les tortures les plus communes dans les prisons de la république islamique. Mais torturer les prisonniers pour leur extorquer de faux aveux ne constitue qu’une partie de leurs crimes et  ce que l’on fait quotidiennement subir aux prisonniers politiques ou de droit commun, jeunes ou vieux, hommes ou femmes est horrible et inhumain.

Certaines des lettres que les prisonniers ont réussi à faire sortir décrivent la catastrophe en cours dans les prisons. En écrivant ces lettres, les prisonniers risquent leurs vies avec l’espoir qu’au dehors, quelques personnes les entendent et venir à leur secours.

La deuxième de ces terrifiantes lettres provient du journaliste emprisonné Mehdi Mahmoudian qui est toujours torturé pour avoir fait sortir une première lettres révélant les crimes commis à la prison de Kahrizak. A cause de cette seconde lettre, il a été transféré à l’isolement et a du être hospitalisé suite à une grève de la faim et de la soif. Kahrizak est cette prison célèbre où des manifestants arrêtés lors de l’été 2009 ont perdu la vie peu de temps après leur arrestation. Le régime a bien essayé de réparer les dégâts en la fermant temporairement et en jugeant certains de ses petits chefs à huis clos, mais des crimes plus grands encore ont encore lieu dans les prisons ; les prisonniers meurent à petit feu.

Dans sa deuxième lettre écrite de la prison de Redjaï-Shahr, Mehdi Mahmoudian révèle la terrible situation et parle des tortures sauvages qu’ont y pratique. Les gangs de trafiquants de drogue qui y sévissent, le grand nombre de drogués, les viols et le commerce d’êtres humains et les échanges sexe contre drogue ont causé une épidémie de sida et d’hépatite.

Seyed Zia Nabavi, ancien étudiant, qui purge actuellement une peine de 10 ans à la prison Karoun d’Ahvaz, relate la situation terrible de cette prison. Le nombre de prisonniers est trois fois la capacité nominale de la prison et un tiers d’entre eux sont contraints de dormir par terre, un tiers dort dans une petite cour, s’abritant dans les toilettes quand il pleut. Malheureusement, après chaque averse un peu forte, les égouts se déversent dans la cour et les prisonniers n’ont d’autre choix que de supporter l’odeur pestilentielle, de manger, de dormir, de « vivre » parmi les cafards et les rats. A l’heure de la promenade, il y a trois prisonniers marchant et fumant par mètre carré. « Au-dessus de la cour se trouve un treillis qui limite l’arrivée d’air frais et ajoute encore à la touffeur extrême des étés d’Ahvaz, ce qui non seulement prive les prisonniers de la joie de voir le ciel mais les transforme aussi en animaux en cage. »

Une autre lettre révélatrice a été écrite par neuf prisonnières récemment transférées à la prison de Gharchak dans la banlieue de Varamine ; elle nous raconte les horribles conditions de cette prison. Bien qu’elles aient toutes été transférées de nouveau dans d’autres prisons depuis, il est douloureux de savoir que d’autres femmes et jeunes filles souffrent dans cette prison.

Le nombre de détenues excède plusieurs fois la capacité de cet ancien élevage de poulets. Elles souffrent non seulement du manque d’hygiène et de ventilation mais aussi de la faim, de l’insécurité, on les punit en les battant avec des matraques et en leur arrachnat les ongles.

Extraits de cette lettre :
« La prison Ghartchak de Varamine comporte sept cellules dont chacune a une capacité de quelques dizaines de prisonnières mais qui en abritent chacune 200. Le manque de ventilation ainsi que les odeurs de gaz provenant des égouts ont causé des problèmes respiratoires à beaucoup de prisonnières. Il y a deux salles d’eau et deux toilettes pour plus de 200 prisonnières. En raison de ces restrictions, beaucoup de prisonnières utilisent l’espace entre les bâtiments pour se laver. N’ayant pas d’autre point d’eau, les prisonnières sont obligées d’utiliser les robinets des toilettes pour faire leur vaisselle et leur lessive. Trois repas quotidiens sont censés être servis à la cantine mais en raison du manque de nourriture, plusieurs prisonnières ne les ont pas eu la semaine dernière. Chaque repas consiste en deux tranches de pain rassis et une pomme de terre ou une petite portion de pâtes. Et l’on voit les résultats de la malnutrition surtout qu’il y a beaucoup de prisonnières mineures. En raison du manque de nourriture, les combats sont permanents et on appelle la cantine la « pièce où l’on se bat ».

Nous avons de temps en temps des nouvelles des prisons de Shiraz et elles sont inquiétantes. Par exemple, les rapports sur la mort suspecte du militant politique Réza Mohammadi. A la famille, qui n’avait pas eu de nouvelles depuis longtemps, on a annoncé que la cause de la mort était « un chute sur le sol des toilettes ».  Non seulement on n’a pas rendu le corps à sa famille en dépit de ses demandes répétées, mais on l’a intimidée, les services du renseignement allant jusqu’à arrêter son frère pour l’empêcher de répandre la nouvelle de sa mort.

De la prison de Sanandadj, au Kurdistan, nous entendons que le ministère du renseignement et les gardiens de la révolution humilient et mettent les prisonniers sous pression pendant les interrogatoires, leur rendant la vie insupportable. Les gardiens attaquent les prisonniers politiques, les battant et détruisant ou emportant le peu qu’ils possèdent.

Les nouvelles de la prison Vakil Abad de Mashhad nous parlent non seulement d’exécutions de masse mais aussi de conditions généralement inhumaines. Seyed Hashem Khastar, représentant des enseignants au conseil des éducateurs et qui y est détenu, a écrit au responsable national de la justice ; dans cette lettre il dévoile quelques détails sur la prison : les prisonniers, quatre fois la capacité nominale de la prison, se voient refuser leurs droits les plus fondamentaux et il compare la prison aux « camps de la mort d’Hitler ».

En général, la surpopulation, la non ségrégation des prisonniers en fonction de leurs prétendus crimes, l’insécurité, le manque criant d’installations sanitaires et d’accès aux soins médicaux, le manque ou l’interdiction des mass media comme les journaux ou la radio, les droits d’appels téléphoniques et de visite, indiquent non seulement le mépris des règlements des prisons, mais aussi le mépris des droits humains en prison, ce qui n’est qu’une petite partie du plus vaste problème des violations des droits humains en ce pays.

Comment se taire lorsque nous voyons de nos yeux les meilleurs de nos enfants souffrir d’une telle situation ? Face à cette situation, il ne s’agit plus seulement d’exiger la libération de tous les prisonniers politiques. Ce qui se passe dans les prisons de la république islamique est contraire à la dignité humaine et s’est le devoir de toute personne éprise de justice de se soulever contre cette situation.

Les Mères du Parc Laleh (Mères en Deuil) et leurs sympathisants, en plus de souligner leur juste demande de libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, demandent que jusqu’à ce que cela advienne, leur sécurité et leur bien-être soient garantis, que tous leurs droits, ainsi que ceux des prisonniers de droit commun, soient respectés en accord avec les règlements des prisons et que les prisons qui ne répondent pas aux normes internationales soient fermées. Luttant main dans la main avec les familles des prisonniers politiques, nous demandons à tous ceux épris de liberté et aux organisations internationales de défense des droits humains de soutenir nos exigences et d’obliger la république islamique d’Iran à se conformer aux lois internationales vis-à-vis de ses citoyens.

Nous exigeons la fermeture immédiate de toutes les prisons illégales et non enregistrées, l’accès à l’hygiène et aux soins médicaux (en particulier pour les femmes et leurs enfants), la séparation des prisonniers en fonction de leurs crimes et enfin le respect des droits fondamentaux des prisonniers, qu’ils soient politiques ou de droit commun.


Source: http://www.madaraneparklale.org/2011/05/mothers-of-laleh-park-mourning-mothers.html

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