dimanche 28 octobre 2012

Lettre de Hossein Ronaghi-Maleki en soutien à Nasrine Sotoudeh


Personne ne pense aux fleurs
Personne ne pense aux poissons rouges
Personne ne veut croire
Que le jardin se meurt
Que le soleil calcine le cœur du jardin
Que petit à petit, l’esprit du jardin
Se vide de ses souvenirs verts
On dirait que les sens du jardin
Sont sortis de son corps, qu’ils se sont enracinés dans la solitude du jardin
La cour de notre maison est esseulée
La cour de notre maison baille dans l’attente de la pluie d’un nuage inconnu
Le bassin de notre maison est vide.

Chère Dame Nasrine,

En suivant le chemin de la liberté, ceux qui la cherchent endurent inévitablement beaucoup de douleurs et de souffrances, la douleur aberrante de l’injustice et de l’oppression. Mais ces douleurs que nous supportons ensemble pour le but commun de notre Iran bien-aimé ne sont pas vaines.

Vous qui vous sacrifiez,

Voici quelques jours que vous avez lancé une grève de la faim ; j’en connais la raison : jouir de vos droits humains de base, symbole des droits de tous, dont vous avez été privée, comme nous en avons été privés. Je ne sais pas si je dois, comme les autres, vous exhorter à y mettre fin ; si je le fais, j'oppose à l’injustice le silence ; si je ne le fais pas, pourquoi ne pas me joindre à vous dans votre quête ? Alors pourquoi se plaindre docilement ? Pourquoi, en vous voyant, en nous voyant, en me voyant, n’élevons-nous pas la voix ?

Inébranlable dame de mon pays,

Vous m’avez dit un jour, dans cette même prison, que vous croyiez fermement que tout ce que nous faisions n’était pas vain. Que nous suivions le bon chemin et que les résultats viendraient et que toutes nos luttes porteraient leurs fruits. Vous avez dit que dans cette ère de communication de masse, rien ne pourrait rester caché et que la victoire s’offrirait à nous. Vous m’avez donné d’Aung San Suu Kyi et d’autres combattants de la liberté en exemple. Tous, ils ont longtemps souffert mais sont restés fermes et n’ont pas perdu la foi au milieu du tourbillon des déceptions.

Chère Nasrine,

Nous sommes à vos côtés, nous avons foi dans votre but. Ne partageons-nous pas tous les mêmes joies et les mêmes peines ? Comment ne pas avoir le cœur brisé par la tyrannie et l’oppression qui vous sont infligées ? Oui, nous avons tous eu notre part de souffrance et de tristesse, mais il y a autre chose. L’emprisonnement, considéré comme honorable si c’est pour la défense des droits des autres, de l’honneur des autres, et pour la protection de la liberté et de la justice, de l’intérêt national et le progrès de la patrie, quelles que soient les injustices et les souffrances qu’il puisse causer. C’est pourquoi nous sommes fiers de vous et de nos camarades de cellule qui vous ressemblent. Aujourd’hui, j’ai décidé d’exercer mes droits, de protester et de m’opposer à l’injustice et à l’oppression qui nous dirigent actuellement, aux évènements atterrants qui sont devenus la norme et qui se protégés par l’anarchie, illégalement. On voit bien que la supercherie, l’hypocrisie, les mensonges et la répression ne fonctionnent plus car le peuple a rendu les armes de la menace, de la séduction et de la supercherie inopérantes.

Inéluctablement, les fondations de la tyrannie s’écrouleront, l’oppression s’éteindra et la liberté se lèvera.

Hossein Ronaghi Maleki
Prison d’Evine

Source : http://www.kaleme.com/1391/08/04/klm-117330/

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