Document – Vidéo d’un prisonnier torturé à la prison de Rajaï-Shahr de Karaj (Iran)
La prison de Rajaï-Shahr de la ville de Karaj (50 km de Téhéran) est l’une des prisons les plus dangereuses d'Iran. Rajaï-Shahr est devenu un lieu de détention pour plus de 70 prisonniers politiques. En raison des comportements arbitraires des responsables de cette prison, de très graves violations des droits de l’homme y ont été commises : torture, viol, meurtre, etc.
HRANA, l’organe d’information du groupement des militants des droits de l’homme en Iran, a décidé de publier un nouveau document vidéo dans le cadre de la publication des preuves concernant le comportement barbare des responsables de cette prison.
Cette vidéo a été enregistrée à la prison de Rajaï-Shahr. Elle a été transmise à l’extérieur par un moyen dont l’agence ne publie pas les détails pour des raisons de sécurité. Cette vidéo fournit des informations sur les actes de torture et les violences inhumaines subis par plusieurs prisonniers.
Ces documents, ainsi que la vidéo publiée par l’agence hier révélant le témoignage d’un prisonnier ayant été violé et torturé, ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres démontrant la situation catastrophique des prisonniers dans ce lieu de détention et le manque total d’intérêt des responsables de cette prison et du pouvoir judiciaire iranien à l’égard de cette situation. [Lire aussi sur ce blog: Bahram Tasviri Khiabani]
Concernant la direction de cette prison, il convient d'ajouter les points suivants :
- L’ancien directeur (M. Sh.) a été jugé coupable et arrêté en 2003 pour un trafic de filles iraniennes vers les pays du golfe persique (cette personne purge actuellement « sa peine » en étant le responsable des paramilitaire basijis de cette même prison).
- L’ancien responsable de sécurité (R. Khademi) a été exilé ailleurs pour avoir harcelé des prisonnières de cette prison.
- Le médecin et d’autres responsables de sections ont été arrêtés ces 18 derniers mois pour des violences commises et trafic de drogue.
De très nombreux détenus de cette prison, à l’image des témoins qui apparaissent dans ces vidéos, ont à plusieurs reprises réclamé le soutien des associations de défense des droits de l’homme pour leur sécurité et leur vie. Ils ont espoir que, grâce à leurs révélations et malgré l’énorme risque encouru pour leur vie, les responsables de cette prison changeront de comportement et que les droits les plus élémentaires des prisonniers seront respectés.
Transcription de cette vidéo
Ici c'est la prison de Rajaï-Shahr, section #1, salle #1, le 1er Khordad 1389 (22 Mai 2010). Nous sommes auprès de Monsieur Mohsen Peykvand. Aujourd’hui, Hassan Akharian, directeur de la prison, a violemment frappé Moshen et quelques autres prisonniers. Il a brisé la main de Mohsen. Lorsqu’il a été transféré à l’infirmerie, le Docteur Rajavi, responsable de l’infirmerie, a demandé son hospitalisation mais Hassan Akharian (et Amini [?]) se sont opposés à l’hospitalisation de Mohsen et d'autres prisonniers. Hassan Akharian est devenu un énorme problème pour les prisonniers ici. Il a ouvert une salle de torture. Il a fait interdire les visites de façon arbitraire. Il est drogué et se comporte comme un fou. Bref, il a beaucoup aggravé la situation dans cette prison. Monsieur Mohsen Peykvand va lui-même vous l’expliquer.
- Mohsen : qu’est-ce que je dois dire ?
- Raconte ce qui s’est passé.
- Mohsen : sur un malentendu, ils m’ont emmené au studio [cellule d'isolement, voir plus bas], ils m’ont menotté et bandé les yeux, avec Monsieur Saman Mohammadi. J’étais avec quelques autres. Ils sont partis dans la salle. Il nous a retenu tous les deux. Il l’a fait de son propre chef. Il s’est mis à nous frapper. On a demandé : "pourquoi sur un malentendu, sans bagarre et sans rien du tout?" Il m'a bandé les yeux et m’a frappé. Je ne peux plus bouger les mains et les pieds. J’ai perdu conscience. On m’a emmené à l’infirmerie. Là-bas, Monsieur Rajavi le responsable de l’infirmerie, a demandé que je sois hospitalisé. Monsieur Akharian et Monsieur Amin [ont] envoyé le gardien pasdar [gardien de la révolution] de la section pour dire que ce n’était pas possible, qu’ils n’étaient pas d’accord. Ils ont dit qu'ils prenaient la responsabilité de ne pas nous hospitaliser. On n’a aucune garantie pour nos vies.
- Vous pouvez porter plainte contre Monsieur Akharian ?
- Oui
- Vous l’avez déjà fait ? Il y a eu une suite ?
- Non
- Est-ce que quelqu’un d’autre veut dire autre chose ?
- [inaudible]
- … tu ne veux pas dire quelque chose ?
- Non, je n’ai rien à dire
- Dans cette prison, il n’y pas que ce cas. Tout le monde est dans la même situation. Personne ne se donne la peine de s’occuper de cette situation. Les gardiens introduisent des drogues dans la prison et tout le monde s’en fout. Tout le monde souffre dans cette prison. Les tortures auxquelles on est soumis, là vous avez vu l’un des meilleurs cas.
- Ses 2 bras sont cassés et il a été frappé et tu dis que c’est un bon cas ?
- Oui, c’est un des meilleurs cas
- Bahram Tasviri a été frappé dans « le studio » (?) [nom utilisé pour les cellules d’isolement ? voir plus bas], ils lui ont brisé les deux pieds, la main. Il est dans un sale état. Sa famille a porté plainte. Sans aucune suite.
- Saman Mohammadi [un autre prisonnier semble vouloir indiquer le cas de Saman Mohammadi évoqué aussi par Mohsen Peykvand]
- Comment sont les cellules d’isolement, qui sont appelées « les studios » ?
- C’est affreux. Pas de douche. On ne peut aller aux toilettes que deux fois par jour. Ils gardent [les prisonniers] là-bas sans [date ?].
- Dis lui que les soirs on entend ces cris… [inaudible]
- Ici, dans la salle 2, entendre les bruits de torture et les cris des prisonniers c’est devenu quelque chose de normal pour nous. Deux mètres au-dessus de notre tête, ce sont les cellules d’isolement de la première section. Je ne sais pas s’il y a une instance responsable pour surveiller cette situation ?
- Non, ils disent qu’ils ont les pleins pouvoirs, ils disent frapper.
- Oui [Hassan] Akharian [le directeur de la prison] lui-même m’a dit qu’Ali Haj-Kazem lui a donné les pleins pouvoirs.
- Quelques agents ont été payés pour venir nous frapper dans notre sommeil, nous ont arrosé d’eau bouillante. Et personne n’a donné suite.
- Monsieur Akharian dit que comme il est un [agent des Renseignements], personne n’ose lui dire quoique ce soit dans cette prison.
- [conversations inaudibles]
- Fin
Source : Human Rights Activitis News Agency
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