Il a suffi de quelques lignes dans un communiqué laconique du site Kaleme ce jeudi 27 décembre : « Nasrin Sotoudeh a été autorisée de quitter temporairement la prison » pour que les réseaux sociaux entrent en ébullition. L’avocate iranienne détenue depuis le 4 septembre 2010 ne laisse décidément personne indifférent. Depuis qu’elle a interrompu sa grève de la faim de 49 jours il y a trois semaines pour faire révoquer une décision du pouvoir judiciaire concernant l’interdiction pour sa fille de 12 ans Mehraveh de quitter le territoire, un sentiment de soulagement s’était substitué à l’énorme inquiétude de perdre une telle icône. Un soulagement rapidement nuancé par des nouvelles de sa grande faiblesse physique et d’une perte de poids gravissime. La nouvelle du site Kaleme a donc naturellement conduit à une explosion de joie, malheureusement de courte durée. Son époux Reza Khandan faisait part en effet sur sa page Facebook de discussions pour la mise en liberté provisoire de Nasrin mais démentait la nouvelle de sa libération. Malgré la grande déception, la nouvelle initiale et l’indication de Reza Khandan concernant la poursuite des discussions ont créé un certain espoir de voir ce symbole du combat contre le régime totalitaire de Téhéran retrouver ses jeunes enfants après 28 mois de captivité totale.
Quelques heures plus tard, un nouveau récit était publié sur plusieurs sites de l’opposition décrivant la cérémonie de deuil qui a suivi le décès de la mère de Nasrin il y a une semaine. Les autorités avaient accepté qu’elle participe à cette cérémonie pendant quelques heures seulement pour accueillir amis et sympathisants. L’article fournissait des informations sur l'état physique de Nasrin depuis la fin de sa grève de la faim. On y apprenait que malgré un visage émacié et des yeux creusés, malgré un corps qui ne pesait plus que 43 kg, en ce jour de deuil de sa mère, Nasrin avait trouvé les ressources psychologiques de paraître forte et agile, de recevoir et de remercier ses invités et de sourire à ses jeunes enfants.
Nasrin Sotoudeh est devenue une véritable icône dont le régime iranien ne sait plus trop comment se défaire, tant la perception de l’injustice et l’absurdité des charges imaginaires contre elle sont criantes. Sa notoriété dépasse largement les frontières et le regard de ses enfants, innocents et victimes, marquera pour longtemps la conscience collective en Iran.
En ce jeudi 27 décembre 2012, une journée forte en émotion, Nasrin Sotoudeh et l’Iran ont échangé subtilement de nouveaux signes d’amour et des messages d’espoir, en attendant la fin de la tyrannie.
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