lundi 2 septembre 2013

Lettre de Hossein Ronaghi-Maleki à sa mere Zoleikha Moussavi

Je te salue mère bien-aimée qui signifie pour moi plus que la vie !

Je sais que je n’ai pas besoin de préliminaires quand je parle avec toi. Durant toutes ces pénibles années, tu as respecté mes convictions ; avec d’autres mères à ton image, vous avez soutenu les efforts de vos enfants pour obtenir la dignité et la liberté de notre pays bien-aimé l’Iran. Vous avez accordé votre soutien alors même que nos efforts étaient à la source de vos douleurs, de vos angoisses et de beaucoup de difficultés.

Mère ! Tu sais que réprimer quelqu’un en en faisant un prisonnier politique représente l’ultime pression sur ceux qui n’ont pas renoncé à leur promesse d’aider à la liberté de notre nation. Mais les partisans de l’autorité qui mentent et dirigent par la dictature savent tous très bien qu’ils ne peuvent nous imposer leurs désirs par la force. Ceux qui, au nom de la religion, ont fait couler le sang pendant le mois sacré, qui ont perpétré les atrocités de Kahrizak, torturé et emprisonné les enfants d’Iran, savent très bien qu’un jour ils devront répondre de leurs actes. D’après ce que Dieu nous a transmis par le Coran, tous les tyrans feront face aux conséquences de leurs méfaits.

Ma chère mère, quand je te regarde, je vois sur ton visage le dessin de ces temps de tumulte. Dans tes yeux, je vois la tendresse, la douleur et le chagrin. D’une part, je me déteste d’être le catalyseur de tes souffrances, d’autre part je me console en sachant que tu ne m’as pas élevé pour que je sois faible et sans défense. 

Mère, grâce aux principes et aux idéaux que tu m’as inculqués et appris à honorer, j’ai pu traverser les jours les plus sombres. Tu es tenace et tu m’as appris la persévérance. Tu m’as dit que ces jours passeraient et que chacun finirait pas avoir ses bons jours. Lors de mes derniers jours à l’isolement, tu m’as parlé de la section des femmes, des prisonnières et de leur bravoure. Ta voix mélancolique m’a conduit à la sérénité et je me suis calmé. Aussi simplement que çà.

Ma mère fidèle ! Il y a quelque temps, après le tremblement de terre en Azerbaïdjan, tu es restée debout jusqu’à l’aube pour empaqueter des affaires pour les victimes ; au lieu de tenter de me dissuader de me rendre dans la zone frappée par le tremblement de terre, tu m’y as encouragé et soutenu, t’en souviens-tu ? Même après mon arrestation et le calvaire qui s’en est suivi, tu ne m’as jamais dit : « Tu t’es trompé Hossein ! » Alors que je partais pour la zone frappée par le tremblement de terre, malgré tes yeux inquiets, tu m’as béni en me disant au-revoir. Malgré les tourments et les souffrances considérables que tu as endurés, tu m’as parlé des personnes frappées par le tremblement de terre, déplacées, démunies, sans abri dans le froid piquant. Malgré la longue oppression que tu as endurée, c’est encore toi qui n’as pas renoncé à ton sens des responsabilités et à une profonde compassion.

Ma mère fidèle ! Quand le sang coule à cause du pouvoir et de la tyrannie, les pleurs deviennent puissants et se muent en tempête. Oui, depuis des demeures anonymes aux tables vides, jusqu’aux lamentations des mères, aux verrous des prisons, à la douleur d’hier, au présent sanglant, à demain plein de joie, de flamme en flamme, de chaîne en chaîne, un ouragan se formera qui brisera les entraves de l’esclavage. La tyrannie sera détruite et son idéologie corrompue exposée. C’est ce jour-là que la liberté surgira et libèrera le peuple opprimé.

Ma mère au cœur tendre ! La liberté est un droit humain et son cap est la dignité et l’humanité. Il existe des centaines d’hommes et de femmes qui ont subi la prison et la torture en cheminant vers un goût de liberté et de justice. Et je suis l’un d’entre eux. L’emprisonnement n’est pas la réponse à la liberté d’expression. Je continuerai à protester en prison contre le mépris de la loi et la conduite criminelle de l’oppresseur ; je ne me tairais jamais devant la répression et l’injustice qui règnent. Je continuerai à protester en faisant la grève de la faim qui est le dernier recours pour demander les droits humains les plus fondamentaux quand l’appareil dirigeant ne prête aucune attention à nos cris. J’espère que, comme par le passé, les gens de mon pays entendront nos cris et nous soutiendrons, mes compagnons et moi.

Ne pleure pas, j’ai foi en des jours plus radieux.

Ton fils Hossein
Prison d’Evine
Mardi 7 novembre 2012

Pour moi, vivre c’est être avec toi
Près, loin,
Repu, affamé
Languissant, joyeux.
Les moments privés de ta présence,
La notion de la mort
Dans ton honneur, à tes côtés
C’est l’expression de ta vie
Et la signification de l’amour
En fin de compte
Avec toi, toujours avec toi, vivant pour toi
Oh ma terre !

Source : http://www.ronaghi.me/p/blog-page_7049.html


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