jeudi 17 décembre 2009

Document: les aveux d'un Basiji

Channel 4 News (Iran: Basij member describes election abuse) vient de publier ce document (en anglais).

Traduction en Français ci-dessous (par MG, l'infatigable! un grand merci)
Contenu en Persan: ici
Lire aussi le Blog de Lindsey Hilsum à ce sujet



Iran : Un membre des bassidj décrit la fraude électorale

Par Channel 4 News

Un membre repenti de l’infâme milice bassidj, qui a blessé et tué lors des évènements qui ont suivi les élections iraniennes de cet été, parle à Lindsey Hilsum de ce dont il a été témoin.

« J’ai perdu mon pays et j’ai perdu ma religion » - les mots d’un ancien membre de la milice iranienne bassidj qui dit avoir été témoin des tueries et avoir tenté de stopper les viols pendant le soulèvement qui a suivi les élections présidentielles contestées de juin.

Après des mois d’histoires racontées par des témoins et des victimes, nous avons maintenant un aperçu de ce qui s’est passé par un homme qui prétend avoir fait partie du groupe qu avait ordre d’attaquer.

Il demande maintenant asile au Royaume-Uni et a parlé à Channel 4 News, en exclusivité, des ordres reçus par les bassidj pour assurer la victoire aux élections du Président Mahmoud Ahmadinejad.

Dans son blog, Lindsey Hilsum a écrit. “L’authentification la plus convaincante c’est que son histoire confirme les rapports que nous avions des victimes et des groupes défendant les droits humains qui disent que le viol a été utilisé dans tout l’Iran dans ces mois brutaux qui ont suivi les élections de juin. Ca et son désespoir. J’ai rarement interviewé quelqu’un d’aussi désespéré. »

Les ordres des élections

En vérité, les ordres ne sont pas arrivés après les élections. Les ordres, pour tout ce que vous avez vu, sont arrivés avant les élections. Nous étions prêts. Nous ne pouvions même pas imaginer que le peuple agirait de façon si grandiose. Nous avions reçu des ordres pour les activités des étudiants. Trois ou quatre mois avant les élections, nous avons suivi des cours sur la pensée idéologique et politique et sur le contrôle des foules. Nous savions ce que nous avions à faire mais nous n’étions pas prêts à voir ce que nous avons vu. Il y a eu des accrochages sévères les premiers jours, nous avons donc reçu de nouveaux ordres pour les jours à venir.

Un dilemme religieux

« Je suis tout le temps dans la tourmente. J’ai passé plus de vingt ans élevé comme ça et avant moi une maisonnée de martyrs. Je continue de penser, qu’est-ce qui est bien ? Ce que j’ai choisi maintenant ou le chemin qu’ils ont pris ? Notre famille est très engagée. Elle compte de nombreux martyrs. Mon oncle a accédé au martyre avec Monsieur D. et le Docteur AHD. Nous somme une famille très religieuse – toujours sur la ligne de front, avec toujours des souvenirs de guerre, de front et de révolution. Depuis ces évènements, je continue de me demander, qui a raison ?

La consolidation des élections

« Trois ou quatre mois avant, j’avais des activités sociales, me préparant à voir comment le peuple appréhenderait les élections, le taux de participation – est-ce qu’elles seraient bien reçues, y croyaient-ils, pensaient-ils encore que l’on pouvait encore faire quelque chose ? Ca se passait bien même si on disait que Khatami (ancien président réformiste) allait y aller puis n’allait pas y aller. Tout ça créait de l’agitation. Les gens étaient vraiment enthousiastes. Nous recevions beaucoup de statistiques que nous analysions. Vous voulions avoir un aperçu de ce que seraient les affrontements. Quand la campagne a commencé, l’excitation est montée d’un cran. Nous avions reçu des ordres quelques mois auparavant : la jurisprudence existait, la jurisprudence de l’imam Zaman (le 13eme imam dont on attend le retour comme celui du Messie) dont l’incarnation est l’Ayatollah Khamenei, il a annoncé que pour la promotion et le développement de l’Islam et le développement de la révolution, personne ne serait plus efficace que Mr. Ahmadinejad. Donc, l’ordre est arrivé : Mr. Khamenei s’est décidé, Mr. Khamenei a Mr. Ahmadinejad en tête pour la présidence et s’est donc lui qui doit être déclaré vainqueur. C’est le plus adapté à cette révolution, à l’ordre et au Velâyat-é-Faqih (le système iranien de gouvernance religieuse.)

Angoissant et horrifiant

J’étais totalement interloqué. Comment expliquer ? C’est quelqu’un contre lequel je n’osais même pas une seule pensée hostile. Exprimer une opinion personnelle allant à l’encontre des désirs et de l’opinion, particulièrement si cette opinion appartient au guide suprême ou se réfère du Velâyat-é-Faqih, c’était un scénario vraiment angoissant et horrifiant. C’était une situation terrible. D’un côté je voyais le peuple et de l’autre il y avait l’ordre.

La fraude aux urnes

Les réponses à vos questions datent d’avant les élections. Lors d’une réunion privée destinée aux responsables des urnes à laquelle j’ai participé en compagnie de mon frère, tout a été clarifié. On nous a donné des ordres sur tout ce qui arriverait je jour des élections. Nous faisions partie des responsables des urnes.

Le rôle des bassidj

J’ignore ce que vous savez exactement sur la Bassidj mais c’est un organisme extrêmement vaste, plus étendu que vous ne pourriez l’imaginer. Vous pensez peut-être que ce n’est pas une organisation formelle ; en fait, tout cela est très précis et extrêmement organisé avec un planning sophistiqué où tout apparaît. Quand on reçoit un ordre ou quand le guide suprême exprime son opinion, hé bien Mr. D. est le porte-parole du guide et nous sommes les porte-parole de Mr. D. Les fondamentaux de l’islam, du chiisme et du Velâyat sont tels que nous avons accepté le Velâyat. Quand le Velâyat émet une opinion, tout le monde doit la suivre, parce qu’en dehors de cela, il n’y a pas de place. Vous êtes un étranger. Il (Khamenei) fait une annonce et Mr. D. la traduit sous forme de conseil et de discussion. Tout est hiérarchisé. Mr. Khamenei n’a pas besoin de venir faire une annonce spécifique pour les soldats quand je dis soldat, moi ou nous nous voyons comme les soldats de l’imam Zaman. Il n’a pas besoin de faire une annonce directe aux forces (bassidj), il exprime son opinion et grâce au système pyramidal, l’information atteint ceux qui doivent l’entendre. L’opinion de Mr. D est totalement soumise au guide suprême. On nous l’a dit lors des réunions. Les commandants de la Sepah (garde révolutionnaire) assistaient à cette réunion privée dont je vous ai parlé en compagnie des commandants des unités bassidj de différents secteurs. Il était impératif d’avoir la vision du guide, et on a annoncé que sa vision c’était l’élection d’Ahmadinejad.

La fraude électorale

Pour nous les responsables des urnes, l’ordre était : Agha (Khamenei) désire la victoire d’Ahmadinejad. Nous sommes là pour nous substituer aux illettrés et à ceux qui ne peuvent voter seuls, et nous votons ainsi (pour Ahmadinejad) quelque ait été leur intention de vote. Certains votent blanc. Lors du dépouillement, les votes blancs ne seront pas annoncés comme nuls. Ce (les illettrés) sont généralement des hommes et des femmes âgés – ce sont de vrais croyants appartenant à la communauté de la mosquée et des affaires religieuses dans les régions où le taux d’alphabétisation est faible comme les villages ou les quartiers des grandes villes.

Le vote jeune supprimé

Notre problème, c’était les jeunes et les étudiants de l’université, les autres, on y était préparé. Bon, ils (les étudiants) n’étaient pas là pour le dépouillement. Quand ils sont partis, comment dire, j’ai très honte maintenant, mais ils sont venus aux urnes et ils sont partis. A la clôture du scrutin, il ne restait que nous. Nous étions honnêtes puisque nous suivions les ordres. A la clôture du scrutin, les urnes furent ouvertes, mais pas toutes. Quelques unes furent ouvertes et les votes comptés et nous reçûmes alors l’ordre d’envoyer les urnes au poste central.

Arrêter les protestations

On attendait une réaction, en conséquence toutes les forces bassidj ont été averties avant les élections d’être mobilisées le lendemain des élections. Ils nous ont dit de venir de bonne heure pour des groupes de prière. Il y a eu la prière, suivie par un court discours confirmant la victoire de Mr. Ahmadinejad et l’en félicitant. On a offert des gâteaux et des sucreries et on a organisé les forces en deux équipes. Certains districts avaient été détectés à l’avance comme secteurs à problème – on les appelait les points rouges et la présence des forces de sécurité y était essentielle. C’était annoncé, les équipes étaient choisies et déployées à l’avance. Nous nous étions mis en route de très bonne heure, avant que quiconque ne puisse bouger. Tout le monde était en position et armé. Les ordres étaient d’empêcher tout rassemblement.
Répression violente
On devait réprimer fermement tout signe de protestation et, si quelque chose se passait, attaquer. Attaquer les gens ne voulait rien dire. Je vous l’ai dit, quiconque pensait différemment de l’Ayatollah Khamenei et hors du Velâyat-é-Faqih était considéré comme un étranger. Il n’y avait donc pas de place pour s’y opposer, son opinion et sa protestation ne signifiait rien. C’était simple. Nous n’avions pas à penser ni aux votants ni aux manifestants. A nos yeux, il ne s’agissait pas d’une contestation d’un problème mais de l’Ayatollah Khamenei lui-même. Et nous ne pouvions tout simplement pas comprendre qu’on veuille le mettre en question. C’est notre guide.

Le contrôle de la ville

Ce jour-là, dans ce district, il y avait des matraques et des câbles qui s’enroulaient et se déroulaient facilement. S’ils saisissent le bras de quelqu’un et que vous tiriez, vous pouvez faire de sérieux dégâts. Des pulvérisateurs comme les bombes au poivre ; certains avaient des menottes, oui nous étions préparés. Tout s’est passé comme prévu parce que tout avait été bien pensé. Les véhicules sont arrivés à l’heure, le petit-déjeuner, les prières, tout à l’heure. La ville était sous notre contrôle.

Des échauffourées sans précédent

Ayant été de service au bureau de vote le soir précédent, je faisais partie de l’équipe d’après-midi. Je suis rentré me reposer à la maison et je suis revenu l’après-midi. A mon retour, je n’en croyais pas mes yeux. Je ne l’aurais jamais cru. C’était incroyable. Les accrochages étaient sérieux. C’était sans précédent. J’avais déjà vu des attaques avant, mais comme ça, jamais. Les gens ne reculaient pas on n’arrivait pas à les contenir, on avait de réels problèmes. Je l’ai dit, j’avais des problèmes avec tout ce qui avait été révélé et j’étais perdu. Je ne voulais pas trop m’impliquer. Mais je devais être présent. Je n’avais pas le droit de dire je ne veux pas être présent. Ma présence physique était nécessaire. Les accrochages étaient très intenses. Les forces (bassidj) étaient bien impliquées et les gens ne cédaient ni ne reculaient en aucune façon. On les dispersait, ils se rassemblaient et revenaient. Ils nous résistaient. Je n’étais pas d’un grade si bas qu’il m’oblige à m’impliquer directement. J’aurais pu mais je pouvais aussi choisir. Les gens qui, comme moi, dirigeaient, observaient et faisaient des rapports pouvaient se contenter de faire acte de présence. Je suis resté silencieux aux côtés de mes collègues. En vous parlant maintenant, tout me revient. C’est très difficile. Je ne peux pas encore tout pénétrer. Pourquoi est-ce que ça s’est déroulé comme ça ?

Permission de tirer

Le premier jour a été très dur pour nous. Ce soir-là quand nous sommes tous rentrés à la base, les commandants ont fait leurs rapports sur les différents districts de la ville. On nous a dit qu’il y aurait d’autres ordres pour les jours suivants. L’ordre est arrivé d’attaquer tout le monde sans retenue ni pitié, sans prendre l’âge en considération, quiconque n’était pas d’accord. On nous a expliqué qu’il n’y avait aucune différence entre un enfant et un adulte, un homme et une femme. Une attaque adéquate, sans sommation et sans aucune discussion. Ca me paraissait étrange, tout était surréaliste, ce n’était pas normal. Nous avions la permission de tirer, nous devions tous être armés, nous devions soutenir la police et les forces de sécurité. Le jour d’après, il me semble que les gens étaient aussi prêts que nous. Ils étaient plus nombreux, nous étions préparés, eux aussi.

Regarder mourir les gens

Le deuxième jour, je ne sais pas comment dire, c’est tellement douloureux pour moi, c’est dur d’en parler, le souvenir en est horrible… les blessés et ceux qui mouraient. C’est vraiment difficile de rester à regarder les gens mourir. Je devais rester là, je n’avais pas le choix. Non (je n’ai tué personne), j’ai juste accompagné les autres. J’essayais de ne pas m’impliquer du tout. Ils avaient préparé un hôpital pour les blessés et les morts. C’était un hôpital bassidj. C’était très dur. Si tuer était un problème, on expliquait que c’était pour la cause et que c’était une bonne action. J’ai vu une seule personne tuée dans la rue, mais à l’hôpital, il y en avait beaucoup beaucoup plus que dans les rues de tous les coins de la ville. Parce qu’on avait donné l’ordre, la permission avait été accordée. C’était intolérable.

Des choses indicibles

C’est à partir de là que les choses ont empiré. Nous étions tous novices. On suivait les ordres et les commandements. Les accrochages étaient de forme et de genre différents. Comment dire, certaines choses sont indicibles. Je ne peux pas pénétrer mentalement et idéologiquement ce qui s’est passé. Lors des accrochages, tous les blessés étaient arrêtés. Si on ne pouvait pas les attraper, on prenait quelqu’un d’autre. Ils arrêtaient tous ceux qu’ils pouvaient. Peu importe qui, blessé ou non. Si c’était des militants, c’était encore mieux, de jeunes enfants, de jeunes adultes. Le traitement qu’on leur réservait, le mode d’attaque et la durée de l’attaque, tout ça m’a choqué.

Les ordres d’arrestations

Les ordres étaient d’arrêter autant de jeunes de 12 à 18 ans que possible et de les emmener. C’était le groupe qui posait le plus de problèmes et l’idée était de ne pas les laisser se rassembler. Beaucoup ont été arrêtés. De nouveau, beaucoup d’endroits avaient été préparés pour les recevoir et les garder. Le soir, j’y étais, j’y avais suivi mon frère. Je ne l’avait pas vu depuis plusieurs jours ayant tous les deux été retenus par tous ces évènements. J’ai beaucoup de respect pour lui et je l’aime tendrement. Depuis notre enfance, nous avons toujours tout fait ensemble. Nous sommes comme des jumeaux. Il m’avait dit, je serai là ce soir, viens et nous rentrerons à la maison ensemble.

Les hurlements

On avait préparé des containers. On avait arrêté des adolescents et on leur demandait leur âge pour les trier. Ceux qui avaient plus de 18 ans allaient dans un container, ceux qui en avaient moins dans les autres. Le plus grand nombre avait moins de 18 ans. Trois ou quatre containers ont été remplis de 25 personnes chacun.
J’ai vu tout ça, je suis passé devant pour me rendre dans le bâtiment principal pour voir mon frère. Je l’ai salué lui ainsi que des amis. On a alors entendu du bruit en provenance de la cour. Nous avons pensé que les adolescents faisaient du grabuge, nous y sommes allés mais il n’y avait personne d’autre que les forces (bassidj). Le bruit venait des containers. Des hurlements, des supplications et des pleurs. Nous n’avons pas compris ce qui se passait. Ils suppliaient: “Nous sommes désolés, s’il vous plaît, nous regrettons ce que nous avons fait. » Ou des cris ou des pleurs. Nous étions embarrassés. Nous ne pouvions pas croire qu’ils agiraient ainsi, violer.

Violence sexuelle

C’est un fardeau tellement lourd, j’ai mal à la tête. Mais vous êtes une femme. Je suis sûr que vous comprenez. Vous pouvez m’accorder un peu de temps ? C’est comme si la scène se déroulait de nouveau devant moi. Les visages, les cris m’accompagnent à chaque instant. On ne peut ni oublier ni s’en séparer. Ils suppliaient, ils criaient, ils demandaient de l’aide, mais mon frère est plus gradé que moi, nous sommes allés voir ce qui se passait. Deux hommes de la Sepah se sont présentés à notre approche. Nous avons demandé la raison de ce bruit. Ils ont dit : « rien, c’est Fath ol Moin (l’aide à la victoire) ». Nous avons dit : « que voulez-vous dire, que faites-vous ? Qui est à l’intérieur ? ». C’était des bassidj de province que nous ne connaissions pas. Nous avons demandé : « Que ce passe-t-il, pourquoi pleurent-ils ? » Nous continuions et la confrontation s’est envenimée ; ils ont dit : « vous n’avez pas le droit de rentrer ici. » Mon frère a dit : « que voulez-vous dire ? Je suis l’un des chefs ici. Vous ne pouvez pas me dire que je n’ai pas le droit. » Et c’était vraiment le cas, mais ils ne nous ont pas laissé entrer. Nous étions tous responsables et nous nous sommes affrontés. Au bout de quelques minutes, un véhicule est entré dans la cour. Quelqu’un avait dû prévenir les autres que nous tentions de les empêcher de faire ce qu’ils avaient prévu, le Fath ol Moin. Ils sont venus pour empêcher la détérioration de la situation. Ils ont dit que notre supérieur nous convoquait. Ils ont dit : « Allez-y. Il veut vous parler. » Quand nous sommes arrivés, il était visiblement furieux et très frustré. Ils ont dit : « Allez-y Hadji veut vous parler ». Mon frère était furieux et très frustré. Il était très en colère. Quand nous sommes arrivés il a dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? L’agression sexuelle est un crime grave. Qui a donné l’ordre ? Qui a autorisé ça ? » Hadji a répondu calmement en souriant: “C’est Fath ol Moin. C’est une bonne action. Il n’y a rien de mal là-dedans. Pourquoi vous plaindre?” Quand Hadji a prononcé ces mots, il pensait que cela calmerait mon frère de le savoir. Mais ce fut le contraire, il s’est énervé davantage. Il a élevé la voix : « Comment cela, ce n’est pas un crime ? Comment cela ce n’est pas un crime reconnu ? C’est une bonne action? » Hadji a vu qu’il avait perdu le contrôle et a dit : « C’est quoi le sujet important ? Il ne s’est rien passé. Quel est le problème ? » Mon frère a dit: “Comment ça c’est quoi le sujet important ? Qu’y a-t-il de plus dégoûtant, de plus répugnant que ça ? Avec des enfants, ce sont des enfants, ils n’ont rien fait. Ils sont de notre ville. » Hadji a vu qu’il ne pouvait plus le contrôler, qu’il voulait retourner à la base pour arrêter ce qui se passait. Il a dit : « Tu peux rester ici pour l’instant. Demain, il y aura une réunion où nous en discuterons pour déterminer la nature du problème. » J’ai insisté pour rester avec lui. Mais Hadji a dit : « Tu vas te reposer, nous le raccompagnerons à la maison. Tu y vas, le chauffeur va te conduire et t’y attendre. On t’appellera ». Ils m’ont lâché à la maison et mon frère est resté. Je n’aurais jamais pensé que ces sujets pouvaient être autant souillés.

Douleur et honte

La douleur et la honte devant le peuple et devant Dieu. J’ai perdu mon monde et ma religion. Je pensais suivre le même chemin que mes oncles et nos martyrs. Mon intérêt et mon enthousiasme étaient d’être honnête pour atteindre au martyr. Nous nous considérions comme supérieurs et séparés des autres. Nous croyions réellement que ce que nous faisions était correct, que nous servions le peuple, que nous servions Dieu et que notre mission exclusive était de servir Dieu. Mais maintenant, j’ai honte vis-à-vis du peuple même de dire que je me suis trompé, et j’ai honte vis-à-vis de ma religion. J’ai commis des crimes sciemment et sans le savoir. Je reste avec ma conscience qui me punit de ce que j’ai fait. J’espère que Dieu et le peuple me pardonneront.

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