mercredi 6 avril 2011

A l’occasion de l’anniversaire de Bahareh Hedayat – Mansoureh Shodjaï


Nous sommes aujourd’hui les témoins d’un printemps qui surgit de toutes parts et nous pensons à une jeune femme, Bahareh Hedayat, détenue dans la célèbre prison d’Evine à Téhéran. En Persan, « Bahareh » signifie printemps. Nous nous sommes rassemblés ici pour planter un arbre en ce jour de printemps et pour surmonter l’hiver. Aujourd’hui, c’est son anniversaire. En plantant cet arbre, nous voulons invoquer une renaissance et un nouveau commencement.

Aujourd’hui, c’est le trentième anniversaire de Bahareh, une jeune femme à l’apogée de sa beauté et de sa maturité. Elle est en prison depuis plus d’un an et il faut nous demander si elle passera encore les dix prochaines années en prison. Personne n’a la réponse. Mais peut-être ce jeune arbre que nous plantons à l’occasion de son anniversaire recevra-t-il la réponse murmurée par le vent de la liberté.

Notre Bahareh milite dans le mouvement étudiant iranien depuis plus de dix ans et depuis le début de la campagne « Un Million de Signatures » en 2006. Elle a joué un rôle clé dans le rapprochement des mouvements étudiants et féministes et c’était d’ailleurs le principal chef d’accusation à son encontre. Cette jeune femme était responsable des deux principaux mouvements d’opposition en Iran. Elle a aussi participé aux manifestations massives en faveur de la démocratie qui ont suivi les élections de 2009 avec le slogan « Où est mon vote ? » 

Il y a un an, nous nous sommes rassemblés chez elle en secret. Elle n’était pas présente. Avec quelques uns de ses amis et son charmant époux, nous avons fêté son anniversaire en son absence. C’est alors qu’elle a appelé depuis la prison et a parlé à son époux et quelques uns d’entre nous. Son mari nous a demandé d’exprimer nos vœux de bon anniversaire à haute et intelligible voix.
Ce jour là, elle a entendu nos voix ; elle nous a entendu et s’en est grandement réjouie. Ce jour-là, nous étions dix à nous être rendus secrètement chez elle. Mais aujourd’hui, des centaines d’autres voix se sont jointes aux nôtres. Elles appartiennent à ceux qui défendent les droits humains et ceux des femmes.  Nous nous sommes rassemblés pour fêter son anniversaire. Et elle entendra clairement nos voix par-delà les arbres.

Nous voix s’envolent dans le vent de la liberté et peuvent traverser les océans et survoler les montagnes pour atteindre les prisonnières dans le monde entier et aussi en Iran. Je pense à des femmes comme Nasrine Sotoudeh, Mahdieh Golrou, Alyeh Eghdamdoust, Fakhri Mohtashamipour et beaucoup d’autres.

L’idée de planter un arbre pour protester contre les violations des droits humains, les exécutions et la peine de mort a été mise en œuvre pour la première fois le 13 mars 2011 lors de la Journée Internationale des Femmes à Vienne. Ce jour-là également, j’avais prononcé un bref discours. J’avais alors souhaité que des arbres d’amitié s’élèvent à la place des potences pour rendre l’air plus respirable et le monde plus vivable.

Aujourd’hui, je souhaite qu’un arbre soit planté pour remplacer chaque barreau de prison qui porte son ombre sur les jeunes visages de Bahareh Hedayat et des autres femmes emprisonnées dans le monde entier ; je souhaite que l’ombre de ces arbres abrite les hommes et les femmes du monde entier vivant dans la paix et l’égalité.

Source: http://www.feministschool.com/english/spip.php?article436

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