mardi 12 avril 2011

Les exécutions publiques : une reproduction de la violence - Mojtaba Samienejad


La violence appelle la violence, qu’un gouvernement l’exerce sur son propre peuple ou sur un pays étranger, et même si elle exercée par un individu sur un autre. Il peut y avoir beaucoup de causes différentes à la genèse de la violence dans une société, des causes politiques, économiques, culturelles, traditionnelles ou religieuses entre autres.

« L’environnement » et tout ce qui le compose a une grande influence sur la violence, d’après plusieurs savants, que la violence sur l’être humain soit « innée » ou « acquise »

Nous avons été témoins de l’exécution d’un homme surnommé « l’assassin de Sadat-Abad ». Le 28 octobre, Yaghoub aurait blessé Mohammad-Réza (la victime) avec un couteau devant plusieurs personnes dont des policiers, et l’aurait laissé mourir devant tout le monde.

L’enregistrement de l’incident, qui a généré beaucoup de controverses, révèle des scènes beaucoup plus effrayantes que le meurtre en lui-même. Naturellement, les gens sur place, surtout les forces de l’ordre « auraient du » sauver la vie de la victime ce qui, si l’on regarde le nombre de spectateurs et de forces de police présents, ne semble pas relever de l’exploit. Les gens se sont justifiés en prétendant que le meurtrier avait menacé de se suicider si quiconque tentait de sauver la victime, bien que, d’après les lois naturelles et la loi, sauver la victime aurait du être considéré comme prioritaire.

Cet incident met en lumière la tolérance élevée de la société pour la violence ; une société en « résumé » était présente sur la scène du crime ; ni les badauds sur le trottoir, ni les forces de l’ordre, dont c’est pourtant le devoir, n’ont tenté de faire cesser cette violence patente. Le dossier a été bouclé en deux mois et l’assassin condamné à mort. Ce qui s’est passé le 28 octobre n’était que « folie soudaine » ou « pressions psychologiques » et/ou « émotion » et tout ceci a été systématiquement reproduit le 5 janvier.
Ce qui s’est passé à Sadat-Abad de Karadj était une reproduction de l’incident du 28 octobre, sauf que le public était plus discipliné et que les acteurs avaient un rôle plus important. A la place du couteau, une potence ; le meurtrier a changé de visage : c’est maintenant une personne chargée de faire respecter l’ordre ; le public et la police ne se contentent plus de regarder, ils applaudissent maintenant. Le public, armé de pancartes et de slogans sanctifie la violence, celle même à laquelle il avait assisté deux mois plus tôt et il considère que sa présence est nécessaire à la société. Les forces de police ont fourni au meurtrier « paix, ordre et sécurité » ; elles sont maintenant louées par ceux–là même qui les avaient critiquées auparavant.

Et cette fois-ci, non seulement le meurtrier n’est pas poursuivi, mais il est soutenu et encouragé par les spectateurs, ce qui lui fait penser que la violence terrible commise il y a deux mois était juste.

La violence du 6 octobre n’est pas différente de celle du 5 janvier ; à ces deux dates il y a eu un incident ; et ce que cette violence implique est similaire dans les deux cas ; la seule différence, c’est que l’incident du 6 octobre a été condamné et haï tandis que celui du 5 janvier a été très bien accueilli. La violence est tellement répandue en Iran que les Iraniens la rencontrent partout : à leur domicile, au travail et dans toutes les rues de la ville. Ils affrontent si souvent des scènes épouvantables qu’ils en oublient que ce qu’ils voient est une violence. Peu importe que la violence soit innée ou acquise, elle est perpétuellement « mise en œuvre » ou même « renforcée ».

La violence existe dans tous les aspects de la vie iranienne, que ce soit la violence contre les femmes, qu’elle soit légale, publique ou traditionnelle, la violence contre les enfants, violence contre les personnes, qu’elle provienne du gouvernement ou d’autres personnes.

On a souvent entendu dire que la violence engendrait la violence, mais la violence sous-produit d’une autre violence est trop souvent considérée comme moins néfaste que la violence originelle ; en d’autres termes, elle ne dégoûte pas autant et devient presqu’une habitude.

La république islamique joue sur les deux tableaux ; elle crée la violence et la reproduit. Les exécutions publiques sont la cause même de la reproduction de la violence, ce qui fait que les condamnations à mort ne sont pratiquement plus condamnées par l’opinion ; la mise en œuvre est condamnée et elle est bien sûr désastreuse. Le but des exécutions publiques est de « faire des exemples », mais en fait, elles produisent ce qui s’est passé hier : une foule accourant pour soutenir la violence.

Il faut donc s’élever contre la création de la violence et sa reproduction. Bien sûr, la violence ne sera jamais totalement éliminée de la société, mais on se doit de la réduire à un niveau minimal. La violence contre les femmes peut entraîner la violence contre les enfants et être reproduite de façons différentes et cette violence reproduite peut émerger sous la forme d’un meurtre. Il faut que la société en prenne conscience et fasse tout ce qui est en son pouvoir pour en protéger les plus vulnérables, ceux qui la rencontreront très tôt dans leur vie ; ainsi la société pourra tant soit peu contenir les formes de violence semblables à celles dont cette exécution est un exemple.

Un ami a écrit : « Bien sûr les exécutions publiques sont mauvaises et ne devraient pas avoir lieu, mais la publication des photos et vidéos de ces exécutions ne sont pas meilleures. » Nous pourrions peut-être commencer par là.

Source : http://www.rahana.org/en/?p=9183

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