samedi 23 avril 2011

Les citoyens de confession bahaïe sont obligés de quitter l’Iran - Fereshteh Ghazi


Dans une interview exclusive avec Rooz, le porte-parole de la communauté bahaïe, Farhad Sabetan, parle des pressions croissantes que le gouvernement iranien fait peser sur les citoyens de confession bahaïe pour les forcer a quitter le pays. 

Démolition de maisons et de cimetières bahaïs, refus d’accéder à l’éducation supérieure, expulsions de l’université, arrestations de masse et interdiction de commercer en Iran, voilà quelques unes des tactiques utilisées par le régime iranien à l’encontre des Bahaïs telles que rapportées par Sabetan ainsi que les militants et organisations de défense des droits humains.
Dans la même veine, la semaine dernière, on a annoncé que la motion pour réduire la peine des sept dirigeants bahaïs de vingt à dix ans avait été rejetée par le tribunal iranien dont le président avait cité la sharia pour justifier sa décision.

Fariba Kamalabadi, Djamal din Khandjani, Afif Naimi, Saïd Rezaï, Behrouz Tavakoli, Vahid Tizfahm et Mahvash Sabet sont les sept dirigeants bahaïs qui dirigeaient le groupe Yaran. Mahvash Sabet est emprisonnée depuis mars 2008 et le reste du groupe depuis mai de la même année sous prétexte de crimes contre la sécurité, espionnage au profit d’Israël, insultes aux valeurs sacrées et propagande contre l’état. La communauté bahaïe a rejeté ces accusations.

Selon Sabetan, le refus de la demande de réexamen des peines de prison n’a été communiqué qu’oralement aux prisonniers bahaïs, aucun écrit à ce sujet et l’ont ignore les attendus de cette décision de justice. Apparemment, le but est de mettre encore plus les prisonniers sous pression. « Le procureur général du pays a déclaré que le jugement rendu par la cour d’appel était contraire à la Sharia dans le sens où le procureur a appliqué sa propre interprétation de la loi, et c’est ce qui nous effraie le plus. » a-t-il continué. D’après Sabetan, « Le verdict doit être notifié par écrit aux avocats de la défense, ce qui n’a pas eu lieu. Il faut que les décisions de justice soient notifiées par écrit pour que nous puissions en étudier la conformité avec le code légal iranien et les bases des attendus. Cela n’a pas été fait, ce qui prouve l’innocence de ces sept prisonniers. »

Les membres de Yaran sont détenus à la prison de Radjaï-Shahr ; Rooz a demandé au porte-parole de la communauté bahaïe s’il savait dans quelle situation se trouvaient les prisonniers ; il a répondu : « Nous ne pouvons pas parler directement aux prisonniers ; nous ne pouvons donc pas vous informer sur leur situation ; d’après des membres de leurs familles qui leur ont rendu visite, ils iraient à peu près bien. La prison de Radjaï-Shahr est l’une des plus redoutées d’Iran ; on y détient des criminels récidivistes ayant commis des crimes graves et condamnés à de lourdes peines. Malheureusement, des prisonniers politiques et des prisonniers de conscience, bahaïs ou non, sont détenus avec ces criminels endurcis, ce qui est inquiétant en soi.

Sabetan explique que la communauté bahaïe veut continuer de protester pour que, peut-être, le régime iranien respecte au moins les droits des prisonniers, qu’ils soient bahaïs ou pas.et aussi pour qu’il autorise une inspection internationale de la situation dans les prisons iraniennes.

Le 29 octobre 2005, le chef suprême des forces armées iraniennes, le général Firouzabadi, a ordonné au ministère du renseignement, à la milice bassidj, aux forces de police, aux gardes révolutionnaires et au commandant des forces armées de surveiller secrètement toutes les activités des Bahaïs et de lui fournir un rapport complet sur leurs activités politiques, sociales et culturelles pour les identifier. Un exemplaire de cette lettre a également été envoyé au responsable de la justice et au bureau du guide suprême.

On y fait implicitement référence dans une lettre confidentielle que Seyed Mohammad Réza Hashémi Golpaygani, secrétaire du conseil de la révolution culturelle d’Iran, a envoyée au guide suprême. Rooz a obtenu une copie de cette lettre qui cite nommément les ordres du guide suprême qui élaborent une politique envers les Bahaïs :

Situation Générale des Bahaïs dans le Pays :
  • 1. Les Bahaïs ne sont pas expulsés sans raison
  • 2. Ils ne sont pas arrêtés, emprisonnés ou punis sans raison
  • 3. On doit les traiter de façon à bloquer leur progrès et leur développement
Situation Culturelle:
  • 4. On ne doit pas les accepter dans les écoles s’ils se déclarent Bahaïs
  • 5. Ils doivent fréquenter des écoles dont les enseignants ont une idéologie forte et un contrôle totale des questions idéologiques.
  • 6. S’ils se déclarent bahaïs, ont ne doit pas les enregistrer ; s’ils sont déjà enregistrés, il faut les expulser.
  • 7. Leurs activités politiques (espionnage) ont été soulignées par les lois et réglementations et leurs activités liées à l’idéologie et à la propagande doivent être traitées par la religion, la propagande et la culture.
  • 8. Les organismes de propagande (comme l’organisme de propagation islamique) doivent mettre en place des branches spéciales pour s’opposer aux activités liées à l’idéologie et à la propagande des Bahaïs.
  • 9. Il sauf soumettre des propositions pour les attaquer à l’extérieur de l’Iran et pour détruire leurs bases culturelles.
  • 10. Ils doivent pouvoir avoir le même niveau de vie que les autres à l’intérieur du pays.
  • 11. Les bahaïs doivent pouvoir bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens iraniens comme obtenir des cartes de rationnement, un passeport, un permis d’inhumer, avoir le droit de travailler dans la mesure ou ils ne font pas de prosélytisme pour le bahaïsme.
  • 12. On doit leur refuser un emploi s’ils se déclarent bahaïs.
  • 13. On doit leur refuser les emplois et les postes privilégiés (comme les postes d’enseignants)
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2011/april/12/article/bahai-citizens-are-forced-to-leave-iran.html

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