mardi 26 avril 2011

Cacophonie à la tête de l’Etat iranien: Ahmadinejad contre Khamenei


Mais où est passé Mahmoud Ahmadinejad ? 

Plus d’une semaine après le limogeage surprise de Heydar Moslehi, le ministre de l’information, suivi par l’annulation du décret présidentiel sur l’ordre direct d’Ali Khamenei, le président est absent. Le président boude. Le président n’a même pas pris part au conseil des ministres du dimanche qui a été tenu en présence de Moslehi et sous la direction du premier vice-président Rahimi. Fait exceptionnel, Ahmadinejad n’a pas honoré ses fonctions exécutives et ne s’est même pas rendu à la présidence, avenue Pasteur, depuis plus d’une semaine ! 

Ce président tant controversé et défendu bec et ongles par le camp ultra-conservateur, ce président imposé après tant de violence et d’injustice, ce président pour qui Khamenei s’est personnellement investi depuis 6 ans en descendant littéralement dans l’arène perdant ainsi toute légitimité et tout soupçon d'impartialité, ce président refuse tout simplement d’obéir aux ordres du sacro-saint guide la révolution !

Certains sites d’information affirment que la réaction d’Ahmadinejad s’inscrit dans le cadre d’un rapport de force en vue des élections législatives du Mars 2012. Il souhaiterait positionner ses hommes et en particulier Esfandiar Rahim-Mashaï, son ex-directeur de cabinet honni des cercles ultra-conservateurs pro-Khamenei. Ce clan-là, formerait une nouvelle vague de "sédition", une véritable "déviation" par rapport à la ligne du guide, pour reprendre le vocabulaire communément utilisé par le quotidien Kayhan et d’autres publications similaires. Rahim-Mashaï serait leur tête de file pour les prochaines élections législatives et présidentielles.  

Des personnalités telles que Ali Larijani, le président du Parlement et Mohammad Reza Mahdavi Kani, le tout nouveau chef du Conseil de discernement, ont semble-t-il essayé de jouer les médiateurs, sans succès. Selon les dernières informations (à prendre au conditionnel, tant la situation parait volatile et les "sources" divergentes), Ahmadinejad aurait rencontré Khamanei hier soir et exigerait à présent : 1) la nomination de Rahim-Mashaï au poste du premier vice-président, 2) le limogeage de Saïd Jalili, le chef du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale et 3) le départ de Heydar Moslehi du ministère de l’Information. 

Ahmadinejad, certain du fait que Khamenei n’oserait jamais se désolidariser définitivement de lui sans perdre toute crédibilité et sans prendre le risque de faire imploser le régime, serait en train de faire monter les enchères pour un meilleur partage des pouvoirs et pour imposer ses hommes clés tel que Rahim-Mashaï.

Quelque-soit l’issue de cette crise inédite, le déballage public de cette cacophonie à la tête de l’Etat témoigne de l’exacerbation des tensions  entre les alliés ultra-conservateurs de 2009 susceptible d’accélérer la désintégration du régime.  

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