dimanche 2 octobre 2011

Une nouvelle phase de turbulences pour le régime Iranien

Le régime iranien est entré dans une nouvelle phase de turbulences. La lutte de pouvoir au sommet de l’Etat entre le clan Ahmadinejad et celui du guide Ali Khamenei s’est exacerbée avec les révélations autour de ce qui est désormais appelé par le régime lui-même, le "plus grand scandale financier de l’histoire de la République Islamique". La lutte sans merci entre les factions conservatrices a pour conséquence la divulgation des scandales de corruption qui restaient jusqu’à présent cachés pour ne pas porter atteinte au régime et à son guide. Ces scandales sont d’autant plus choquants qu’ils concernent le détournement de sommes d’argent considérables alors que la vaste majorité d’Iraniens est dans une situation de fragilité, de pauvreté et d’insécurité aggravée depuis l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad.


La révélation de l’ampleur de ces scandales financiers par les responsables de premier rang du régime est utilisée à des fins politiques et en vue d’isoler Ahmadinejad. Mais ce lynchage en public dépasse largement le cadre d’une simple rivalité politique pour démontrer, si besoin était, l’échec total du système de gouvernement de la République Islamique. Il ne dédouane bien entendu en rien le "clan des révélateurs" car ils jouent eux-mêmes un rôle central dans les institutions et mécanismes de contrôle du régime. Comment imaginer que le Parlement ou l’incontournable bureau du guide de la révolution Ali Khamenei n’aient pas été informés? 

Ahmadinejad qui pendant la campagne présidentielle de 2005 avait marqué les esprits en se présentant comme le champion anti-corruption proche du peuple, qui ne cessait d’annoncer en public des révélations imminentes de listes de personnalités corrompues, aura bien du mal à se relever face à la violence de ces attaques. Même si ces attaques ciblent en premier lieu son directeur de cabinet, le très controversé Esfandiar Rahim-Mashaei et son cercle de collaborateurs et d’hommes d’affaires, elles affaiblissent et isolent considérablement Ahmadinejad. Ce dernier ne semble pas vouloir se séparer de Mashaei et promet au contraire de nouvelles révélations contre le clan d’en-face. Le signe le plus révélateur de cet isolement est la virulence des attaques d’un poids lourd tel que l’Ayatollah Mesbah Yazdi qui était il y a encore 2 ans, l’un des ardents défenseurs d’Ahmadinejad.  

Pour éviter une crise institutionnelle susceptible de provoquer des élections anticipées, le régime devrait tout faire pour conserver Ahmadinejad jusqu’au terme de son mandat. Mais la virulence de l’affrontement quotidien des clans au cœur du pouvoir rend l’hypothèse d’une démission ou d’une destitution d’Ahmadinejad tout à fait plausible. Ironiquement, un président que le régime a voulu à tout prix maintenir au pouvoir en 2009 par des élections truquées suivies d’une répression sanglante de la vague de contestation populaire, est devenu trop encombrant et imprévisible. Son maintien au pouvoir pourrait s’avérer fatal au régime.


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