Les longues queues pour donner son sang pour les victimes du tremblement de terre qui a frappé le nord de l’Iran et à Téhéran dans quelques autres villes, la collecte organisée de dons pour les victimes et, plus généralement, la réponse du public à la journée nationale de deuil, tout cela montre que les efforts conjoints du gouvernement et du journal de droite Keyhan pour éviter la formation de « réseaux sociaux » pour aider les victimes du tremblement de terre en Azerbaïdjan ont échoué. Le journal Keyhan, organe du vali faghih (gouvernement religieux) a, sans le vouloir, révélé la profondeur de la crise, supprimée et censurée à la télévision et dans quelques médias. Deux jours après le tremblement de terre, il titrait dans son éditorial « l’évènement (c’est-à-dire le tremblement de terre de samedi) a donné une bonne excuse aux groupes d’opposition en désordre pour se réorganiser et retrouver de l’énergie » ce qui sous-entend que les groupes d’opposition utilisent cette catastrophe de façon opportuniste pour gagner des partisans.
Le directeur de la cellule de crise du ministère de l’intérieur a mis deux jours pour subitement annoncer : « La fin de la phase d’aide et de secours des opérations d’assistance » alors que les opérations de secours continuaient en fait, un signal pour éviter les efforts d’assistance des citoyens.
Heureusement, l’administration et Keyhan sont des cas isolés et la maturité de quelques agences de presse du pays (comme ISNA, ILNA et MEHR) qui ont su prendre leurs distances par rapport à la politique secrète du gouvernement en ce qui concerne l’aide et l’assistance aux victimes du tremblement de terre, montre que la censure ne peut pas toujours être imposée à un public intelligent. Voyons-en deux exemples.
L’agence de presse étudiante ISNA a publié les critiques du public et a cité Asr-é-Iran :
« Le peuple d’Azerbaïdjan a besoin d’aide et les réseaux d’information diffusent des documentaires sur la Somalie ; un autre réseau se réjouit malheureusement de certains évènements ; un autre encore diffuse des programmes de divertissement. On n’attend pas d’être scientifique pour connaître les besoins et les goûts de ses lecteurs. On espère que les responsables de ces médias ouvriront les yeux et verront les longues queues pour donner son sang aux victimes du tremblement de terre (des queues spontanées, qui ne répondaient pas à un appel officiel du réseau national de radio-télévision). Ces queues n’indiquent-elles pas ce dont le peuple a besoin ? Ces médias ne lisent-ils pas les commentaires et les réactions de leurs lecteurs ? Si vous n’entendez pas ces voix, écoutez au moins ce que dit le parlement. »
Un autre exemple : ce que l’agence de presse du travail ILNA a écrit. Elle qualifie le nombre de victimes « d’incroyable », sous-entendant que les chiffres avancés par le gouvernement sur le nombre de morts et de victimes ne sont pas sincères :
« Les districts de Haris, Ahar et Varzeghan comptent respectivement 96, 325 et 110 villages ; Presque tous ont été complètement démolis par le tremblement de terre de samedi détruisant ainsi plus de 500 communes de 80 à 100%. Le nombre de morts du tremblement de terre est donc supérieur à celui annoncé dans les médias par les autorités. Quand le nombre de morts causées par le tremblement de terre est supérieur à 251 pour Haris uniquement, le chiffre officiel lui est de 100 ce qui le rend douteux »
Le gouvernement iranien et le journal Keyhan ont tort tous les deux. Les tremblements de terre de samedi ne fournissent pas un prétexte à l’opposition pour réorganiser et revigorer ses réseaux sociaux. Les catastrophes naturelles ne sont qu’un évènement permettant au peuple de briser les murs de la censure et de se retrouver. Ce sont ces évènements qui rassemblent le peuple. Ceux eux qui ont un problème.
Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2012/august/15/article/the-disgrace-of-a-major-act-of-censorship.html
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