dimanche 27 avril 2014

Lettre de Bahareh Hedayat en réponse à l'attaque récente de la section 350

Durant ces quatre dernières années, le téléphone a été coupé dans les prisons d’Evine et de Redjaï Shahr. Durant ces quatre dernières années, les prisonniers et leurs familles ont tenté tout ce qui était en leur pouvoir par des moyens légaux pour mettre fin à cette injustice mais sans résultat. Durant ces quatre dernières années, les prisonniers ont été fréquemment fouillés pour saisir tous leurs moyens de communication. Malheureusement, lors de la dernière fouille à la section 350 d’Evine, nous avons été témoins du lâche tabassage de nos frères.

Les autorités judiciaires sont devenues rouges de colère en « découvrant » quelques portables dans la section 350. Il faut demander : « Vous savez ce que c’est d’avoir 26 heures de visite par an avec votre famille ? C’est comme enterrer les prisonniers vivants ! Quand vous coupez le téléphone et privez les prisonniers de leur droit à communiquer avec leurs familles, vous condamnez les prisonniers à une mort lente, une peine non-écrite qui ne fait qu’ajouter à la cruauté et à l’oppression imposées aux prisonniers durant ces années.

Quand les prisonniers n’ont pas accès au téléphone, ils sont finalement condamnés à une demi-heure de communication avec leur famille (essentiellement une communication indirecte) ce qui ronge et met en danger leur santé émotionnelle et psychologique. C’est une sorte de torture lente et silencieuse qui prend la place des ecchymoses et des blessures, bien visibles, elles.

Vous voulez doucement détacher les prisonniers de conscience de leurs familles et du monde extérieur. Vous enfermez les prisonniers dans un vide jusqu’à ce que leurs relations spirituelles ou leur relation avec le monde libre soient bloquées ou même détruites. Vous avez l’intention de les détruire de façon insidieuse et cruelle, mais vous êtes en colère parce que les prisonniers ont choisi de ne pas mourir de mort lente, alors vous avez promis d’augmenter la pression.

Au fil des ans, la situation des prisonniers politiques c’est leur tenir une semaine la tête sous l’eau puis les laisser respirer pendant une demi-heure et répéter l’opération pendant des années. Il est facile de comprendre que la respiration durant la demi-heure est pleine d’angoisse et de stress, mais, malheureusement, les autorités judiciaires sont plus concernées par la raison pour laquelle le prisonnier, la tête sous l’eau pense qu’il a le droit de tricher en agitant les bras et les jambes de bas en haut.

Tentent-ils d’attirer l’attention des « médias dissidents » pour salir le tableau ? Tentent-ils de dire que « les droits humains islamiques » torturent ? Tentent-ils de fournir du contenu aux médias occidentaux ? Les autorités de la prison sont fières d’avoir écrasé toutes les personnes dont ils ont maintenu la tête sous l’eau pendant les inspections. Mais il n’y a personne pour répondre à cette question : quel pourcentage des appels émis de ces portables « découverts »étaient-ils destinés à d’autres qu’aux membres de leurs familles ?

En ce moment, les ministères de la justice et du renseignement ainsi que l’organisation des prisons ont tous signé un pacte pour mettre en place cette peine injuste. Bravo pour votre unité, mais il faut que vous sachiez que la réaction comportementale et la résistance des prisonniers n’est que naturelle et même critique.

Lors de vos procès inéquitables, aucun de nous n’a été condamné à être « enterré vivant. »
Communiquer avec sa famille fait partie des droits du prisonnier. Les en priver n’est pas en conformité avec les normes des droits humains, qu’ils soient islamiques ou non, orientaux ou occidentaux. Nous devrions être fiers des prisons iraniennes quand on les compare à celles de Corée du Nord, d’Abu Ghraib ou de Guantanamo Bay.

Eu égard à la situation des droits au téléphones dans les sections politiques des prisons d’Evine et de Radjaï Shahr, il serait plus approprié d’adopter et d’appliquer des décisions plus humaines. La pratique des fouilles fréquents et de l’intimidation ne conduit nulle part.

Les prisonniers ont le droit de défendre leur santé psychologique et émotionnelle, c’est un droit fondamental et aucun règlement ou arrêté ne peut s’y opposer.

Bahareh Hedayat – Avril 2014
Prison d’Evine
Source : http://www.kaleme.com/1393/02/07/klm-182473/

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