La réponse, courte mais étrange du président iranien à la question de Christiane Amanpour a causé une vague de critiques contre lui. L’un des slogans principaux de Rouhani durant sa campagne présidentielle était la libération des journalistes et des prisonniers politiques. Seulement un an après son arrivée au pouvoir, Rouhani a pourtant déclaré à CNN qu’il « ne croyait pas qu’une personne pourrait être détenue ou emprisonnée parce qu’elle est journaliste. »
Rouhani a fait cette déclaration alors qu’au moins 14 journalistes sont actuellement emprisonnés en Iran, certains emprisonnés après l’élection de Rouhani. Ce nombre est beaucoup plus élevé si l’on prend en compte tous les journalistes ayant connu la prison ces dernières années, surtout après l’élection présidentielle controversée de 2009.
Pour évaluer l’allégation de Rouhani, j’ai rendu visite aux familles de journalistes emprisonnés : Massoud Bastani, Bahman Ahmadi Amoui, emprisonnés depuis 2009 et Reyhaneh Tabatabaï, emprisonnée après l’arrivée au pouvoir de Rouhani. J’ai demandé aux familles de ces journalistes : pourquoi vos êtres chers sont-ils en prison et quel est leur crime ?
L’épouse d’Ahmadi-Amoui, Jila Bani-Yaghoub, qui a elle-même été emprisonnée à cause de ses activités professionnelles en tant que journaliste et qui purge actuellement une peine de 30 ans d’interdiction de toute activité journalistique, a dit à Rooz : « Bahman n’est en prison qu’à cause de ses articles. Il a été accusé de propagande contre le régime et d’actes contraires à la sécurité nationale ; les preuves qui ont été présentées étaient ses articles… La plupart de ses articles étaient de nature économique et critiquaient les politiques économiques du cabinet Ahmadinejad. » Bani-Yaghoub ajoute que, dans une lettre ouverte aux députés écrite l’année dernière depuis sa prison, Ahmadi-Amoui a souligné que ces critiques contre les politiques économiques d’Ahmadinejad ont été reprises par le parlement, sauf qu’il les a faites il y a six ans et que cela lui a valu cinq ans de prison.
L’épouse de Massoud Bastani, Mahsa Amrabadi, elle-même journaliste, a été emprisonnée pour ses activités professionnelles. Elle a déclaré à Rooz : « Massoud est en prison par ce qu’il est journaliste, c’est certain. Les preuves qui ont été mentionnées se rapportent au journalisme. Le journalisme en lui-même n’est pas un crime d’après la loi.. et nous remercions ces messieurs pour au moins ne pas l’avoir inclus dans le code pénal islamique. Cependant, nos collègues journalistes emprisonnés ont tous été condamnés pour actes contraires à la sécurité nationale et conspiration par le biais d’écriture d’articles ; ce qui veut dire pour leurs activités journalistiques mêmes. »
Réagissant à l’étrange allégation de Rouhani, la mère de Reyhaneh Tabatabaï a déclaré à Rooz : « Nous attendions certainement plus de lui. Même s’il voulait éluder la question, il aurait pu répondre de façon plus diplomatique. Le jour de l’arrestation de Reyhaneh, je vous ai dit que ceux qui l’avaient arrêtée voulaient mettre la faute sur Rouhani pour l’affaiblir, même si son arrestation n’avait rien à voir avec lui. Je maintiens ce que j’ai dit et je défends toujours Monsieur Rouhani, mais sa réponse m’a choquée et brisé le cœur. Reyhaneh était journaliste et c’est pour ça qu’elle est en prison. »
Marzieh Rassouli, Reyhaneh Tabatabaï, Massoud Bastani, Bahman Ahmadi-Amoui, Ahmad Zeidabadi, Seraj Mirdamadi, Alireza Rajaï, Khosrow et Massoud Kordpour, Alireza Beheshti-Shirazi, Saïd Matinepour, Keyvan Samimi, Jason Rezaian et Yeganeh Salehi font partie des journalistes actuellement emprisonnés en Iran.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/october/01/article/if-no-journalists-jailed-in-iran-why-did-you-promise-their-release.html
NDLT : Bahman Ahmadi-Amoui et Yeganeh Salehi ont été libérés en octobre
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