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lundi 28 avril 2014

Arrêtez de faire souffrir les mères de ce pays – Narges Mohammadi

Ce lundi, j’ai accompagné les mères, les épouses et les enfants des prisonniers politiques dans la salle de visite de la prison Evine de Téhéran. Dans la salle de visite, j’ai vu des militants, le Docteur Maleki et Monsieur Nourizad.

L’atmosphère dans la salle était tendue, des larmes perlaient dans les yeux qui fixaient la porte, espérant son ouverture pour qu’on leur donne des nouvelles de leurs enfants ou même pouvoir les rencontrer.

La veille, c’était la fête des mères mais dans la salle, personne ne se la souhaitait. J’ai entendu la mère d’Akbar Amini appeler son fils et se frapper la poitrine de douleur. Elle venait de voir son fils, la tête et le cou blessés, derrière une vitre. Elle était tellement dépassée par la douleur et le choc qu’elle n’arrêtait pas de se répéter son nom.

La mère d’Amini souffre de diabète et s’est écroulée par trois fois durant la visite avec son fils, deux fois avant et une fois après. Nous avons appelé une ambulance et ils nous ont dit qu’il fallait l’emmener à l’hôpital. Mais elle a refusé de partir disant qu’elle voulait voir son fils d’abord. Un médecin urgentiste qui était venu pour elle a dit qu’elle était dans un état grave et qu’il fallait l’emmener à l’hôpital immédiatement. C’est alors qu’on l’appela au haut-parleur pour qu’elle aille voir son fils. Elle est partie en toute hâte et quelques minutes plus tard, nous avons entendu ses pleurs et ses cris : les pleurs d’une mère choquée de voir le corps blessé de son fils. C’est alors qu’elle s’est évanouie pour la troisième fois et qu’elle est partie pour l’hôpital.

De l’autre côté de la salle était assise la mère de Saïd Matinepour, pleurant sans arrêt, prononçant quelques paroles entre ses sanglots. Elle aussi s’est évanouie et plusieurs personnes sont venues la secourir et lui apporter de l’eau fraîche. « Mère, s’il vous plaît, relevez-vous, ouvrez les yeux chère mère » lui a dit une personne essayant de l’aider à se remettre et de la consoler.

Mère, quel mot beau et douloureux à la fois. Je ressens la douleur que ces mères et d’autres encore ont ressenti. Des larmes perlent aussi dans mes yeux.

La mère de Saïd a dit avoir vu son fils au bout de neuf mois à l’isolement. Au départ, elle ne l’a pas reconnu tant il avait maigri. Elle a alors demandé à sa bru : « Pourquoi ont-ils dit qu’il n’y aurait pas de visite pendant trois mois ? Qu’ont-ils fait à mon fils ? »

Une mère âgée, le visage pâle m’a demandé pourquoi on ne nous permettait pas de rencontrer nos enfants. « Je suis venue de Boroudjerd, 18 heures de voyage. Je ne partirai pas avant de l’avoir vu. J’ai entendu dire qu’ils avaient frappe nos enfants. Pourquoi ? » C’était la mère de Mohammad Davari.

La mère de Soheil Babadi a élevé la voix. Elle était agitée et ne tenait pas assise. « Je n’ai qu’un fils, Soheil. Je dois le voir » disait-elle.

Dans un autre coin de la salle, une fille console sa mère. L’urgentiste venu pour la mère d’Akbar Amini vient aussi l’examiner ; c’est la mère de Mehdi Dolati. Le docteur dit à ses filles d’emmener leur mère à l’hôpital immédiatement.

On entend de nouveau la voix forte des mères dans la salle ; toutes demandent à voir leurs enfants. Elles scandent « Allah-o-Akbar » et « Libérez les prisonniers politiques ». A plusieurs repris, j’ai senti la terre trembler sous mes pieds. J’ai vu le Docteur Maleki asperger d’eau une mère tout en tenant sa canne.

Monsieur Nourizad écoute les plaintes d »une mère. La mère d’Alireza Radjaï revient de la visite, soutenue par son autre fils qui la console. Elle pleure et gémit « Chère Nargues, ils ont tabassé Alireza. A qui se plaindre ? » Je lui réponds « A dieu ». Elle demande alors pourquoi dieu ne s’occupe pas de leur douleur.

La mère d’Hossein Ronaghi-Maleki est assise à côté des mères de Davari et de Matinepour et toutes pleurent sans arrêt. Elle parle de la maladie de son fils et s’inquiète pour sa santé. De temps en temps, elle récite des prières et va jusqu’aux gardiens pour répéter sa demande de voir son fils.

La mère de Saïd Zeinali arrive, le visage plein de larmes. Elle étreint la mère de Saïd Matinepour qui lui demande : « Ont-ils aussi battu votre fils ? ». Elle lui répond : « Je ne sais pas, peut-être » au milieu de ses sanglots. La mère de Matinepour demande à celle de Zeinali : « Vous l’avez vu aujourd’hui ? ». Elle lui répond : « Je voudrais que mon Saïd soit aussi à Evine, j’aurais été là pour lui. » Ces mères, comme les autres, échangent leurs points de vue et leurs douleurs, même si elles ne se connaissent pas, même si elles ne connaissent pas les enfants des autres mères. Mais elles ont en commun un sentiment : l’amour d’une mère pour son enfant.

Voir ces mères mourant d’envie de voir leurs enfants emprisonnés le jour de la fête des mères n’est pas chose facile. Et je suis déconcertée de l’indifférence des dirigeants de ce pays face à tant de mères en larmes parce qu’elles ne peuvent pas voir ou être avec leurs enfants.

Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/april/28/article/stop-the-suffering-of-the-mothers-of-this-country.html

mardi 22 avril 2014

Premier jour de visite après le « jeudi noir » à la prison d’Evine de Téhéran – 21 avril 2014

Témoignages des familles de prisonniers politiques au premier jour de visite ayant suivi l’attaque violente contre la section 350 de la prison d’Evine par des agents de sécurité en civil et des gardes de la prison :

« On l’a menotté, on lui a entravé les pieds, on lui a posé un bandeau sur les yeux et en même temps on l’a battu avec une matraque »

Sœur de Mohammad-Sadegh (Arash) Honarvar-Shodjaï Khoï, religieux d’opposition http://goo.gl/rnTfmi

« Mon fils est en grève de la faim, il a le dos contusionné. Les agents de sécurité ont demandé aux familles de ne pas donner d’interview. »

Mère de Davar Hosseini, militant étudiant http://goo.gl/rnTfmi

« Il a une facture du cou et porte une minerve. Il a également une fracture du crâne et il n’a même pas été recousu. Il m’a confié qu’il n’entendait plus de l’oreille droite et il n’arrivait pas à parler correctement non plus. Quand sa mère l’a vu, elle s’est évanouie, elle était en état de choc, nous n’avons pas pu rester alors nous sommes sortis. »

Père d’Akbar Amini, militant du Mouvement Vert http://goo.gl/5v97Fm

« Durant l’attaque contre la section, Emad se trouvait au premier étage. Quand il a entendu les hommes hurler en bas, il a protesté et a été attaqué par dix agents en civil ; il est resté debout et les a regardés dans les yeux. Il n’arrêtait pas de tomber et de se relever…. Mais il ne s’est défendu à aucun moment. C’est Dieu lui-même qui l’a sauvé. »

Epouse d’Emad Bahavar, membre du Mouvement de la Liberté http://goo.gl/y5WrHr

« On l’a tellement battu qu’il ne tenait plus debout. Il est aussi en grève de la faim et n’avait pas la force de parler. »

Mère de Yashar Darolshafaei, militant de gauche http://goo.gl/rnTfmi

« J’ai vu Monsieur Arab. Il n’avait pas pu s’habiller correctement car il avait le bras bandé. Lui aussi avait la poitrine et les bras plein d’ecchymoses. Je les ai vues car il n’était pas habillé correctement. Il a dit qu’il avait probablement l’épaule cassée et qu’on lui avait mis un bandage. »

Epouse de Siamak Ghaderi, journaliste http://goo.gl/OF8a8j

« Aujourd’hui, pendant la visite, les yeux de tous les visiteurs attendant de voir leurs êtres chers étaient pleins de larmes. La salle était pleine de hurlements et de slogans. Une ambulance a dû venir pour emmener la mère d’Akbar Amini à l’hôpital car elle s’était évanouie à plusieurs reprises en voyant son fils. Les forces de sécurité et la police étaient en faction devant la porte. La plupart des prisonniers s’étaient rasé la tête en solidarité avec leurs frères. Quand les rideaux se sont levés, toutes les familles ont éclaté en sanglots. »

Epouse d’Hassan Assadi-Zeidabadi, militant des droits humains http://goo.gl/uJFLro

« Ils ont envoyé une poignée d’agents en civil dans la pièce et leur ont dit de frapper nos enfants. Quand j’ai vu mon fils, il m’a dit que leurs vies étaient en danger. Je supplie tous les êtres humains, toutes les organisations et quiconque le peut de nous aider. La vie de nos enfants est en danger. Avant qu’autre chose ne se produise, il faut faire quelque chose. Nous demandant aux députés, dont Monsieur Mottahari d’agir immédiatement. »

Père d’Hossein Ronaghi-Maleki, bloggeur http://goo.gl/vf26Fe

« Tout ce qu’on a lu sur les sites Web est confirmé. Ils les ont tabassés après les avoir menottés. Les corps sont contusionnés et il y a une série de fractures. On ne se conduit pas comme ça même avec un prisonnier de guerre. »

Epouse de Soheil Babadi accusé d’avoir accusé les imams chiites http://goo.gl/rnTfmi

« Amertume, amertume, amertume… Aucune nouvelle des blessés les plus graves détenus à l’isolement ; la violence réelle exercée sur les nôtres sont bien pires que ce qu’il y avait sur les sites web… Un bruit ininterrompu de pleurs, des cris, la vue du cou brisé d’Akbar Amini, les veines arrachées d’Omid Behrouzi, l’évanouissement des mères en deuil, l’ambulance à la porte, l’odeur du sang, partout l’odeur du sang. »

Fille de Massoud Pedram, militant national-religieux http://goo.gl/CknYHE



Abdolfatah Soltani (avocat) hautement respecté des prisonniers de la section 350 ; on lui a rasé la tête et le visage pour l'humilier.


Evanouissement de la mère d'Akbar Amini après avoir vu son fils avec une fracture du crâne et du cou