« Le respect de la loi en ce qui concerne les accusations à l’encontre des prisonniers, voila le vœu d’un homme nommé Taghi Rahmani qui a été emprisonné 14 ans en république islamique d’Iran. »
Voici ma réponse à la question qu’un jeune homme m’avait posée avant les élections présidentielles de 2009 en Iran, sur ce qui me poussait à voter Mehdi Karroubi ; je crois que Karroubi a rencontré les prisonniers politiques avec grâce, entendu leurs problèmes et fait tout ce qu’il pouvait pour protéger leurs droits.
J’ai raconté cette anecdote pour parler de la façon dont mon épouse Nargues Mohammadi a été arrêtée et traitée.
Mon épouse Nargues Mohammadi a été arrêtée à minuit. Elle a été interrogée toute la nuit jusqu’à l’aube. Durant les premières heures de son interrogatoire, elle a été insultée de la pire des façons. On l’a comparée à des prostituées ce qui l’a mise en colère.
Après que Nargues ait été arrêtée par des agents du ministère du renseignement, le procureur de Téhéran lui a demandé : « Pourquoi avoir permis à quelqu’un sans mandat d’arrêt de pénétrer à votre domicile ? Pourquoi leur avoir permis de le perquisitionner ? » Nargues répondit : « Nous avons protesté mais personne ne nous a écouté. »
Nargues a souffert d’intenses cramps musculaires après son interrogatoire. Elle a eu des crises deux fois par jour pendant deux semaines. Malgré cela, les interrogatoires ont continué. Les sessions étaient longues et les questions répétitives. Elles portaient sur les déclarations du Centre et incluaient des menaces.
Une fois, Nargues s’est écroulée en raison d’une crise nerveuse. Puis, cela s’est reproduit. On l’a jetée dans les escaliers. Sa santé s’est détériorée en dépit des tranquillisants qu’elle prenait et un docteur a même dit aux personnes qui l’interrogeaient qu’elle mourait mourir.
Mais que voulaient-il tirer de Nargues ? Ils voulaient qu’elle condamne le Centre de Défense des Militants des Droits Humains, le Conseil National de la Paix et d’autres ONGs avec lesquelles elle travaillait. Je demande donc où est la limite entre la sécurité et la procédure judiciaire au sein de la Justice ?
On peut ignorer le pressions psychologiques et mentales imposées à une mère de jumeaux de 3 ans et demi et de la privation dont elle a souffert n’ayant pu voir ses enfants pendant les 20 premiers jours de sa détention, mais comment laisser passer la façon dont une personne malade a été interrogée ?
Les différents entre le procureur et l’appareil sécuritaire ont travaillé contre Nargues Mohammadi. Mais qu’en est-il de sa famille et de ce qu’elle a du endurer ?
La famille a été mise dans une situation difficile après son arrestation. Des questions comme, où est-elle ? Quand va-t-elle téléphoner ? etc.. m’ont hanté pendant des jours. Nous nous doutions bien que l’absence de nouvelles drerait longtemps, mais Nargues a téléphoné plus rapidement que prévu. Elle a dit qu’elle n’allait pas bien et m’a demandé d’apporter son dossier médical à la prison d’Evine.
Nous avons apporté son dossier médical et expliqué les dangers de sa maladie. Mais nous avons du le faire plusieurs fois parce qu’à chaque fois que nous expliquions son état, ils disaient qu’ils avaient perdu le dossier. A la fin, ils acceptaient de prendre son dossier.
Quand Nargues a été relâchée, elle avait énormément perdu de poids. Elle a parlé de ses jours d’interrogatoires et dit qu’elle n’avait alors que deux soucis, ses enfants et cette militante Zeinab Djalalian qui risquait la pendaison.
Quelques jours après sa libération, Nargues a été prise de crampes alors qu’elle marchait dans la rue ; elle a été hospitalisée et libérée 10 jours plus tard.
J’ai raconté ceci pour expliquer, en tant que citoyen ayant passé plus de 14 ans en prison, ayant milité politiquement et intellectuellement depuis 1974, n’ayant jamais eu aucune responsabilité politique, je demande le respect de la loi pour les prisonniers.
C’est l’expérience d’un homme qui a passé des années sur les champs de bataille politiques et intellectuels de la société et de quelqu’un qui a fait de la prison et qui a vu sa famille être emprisonné. Il faut vivre cette situation pour comprendre ce dont je parle, croyez-moi
Source: http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/article/2010/july/19//my-husbands-prison-experience-narges-mohammadi.html
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