Introduction
En février, comme durant les mois précédents, le peuple iranien a été témoin du harcèlement et des persécutions des familles des prisonniers de conscience. Des agents de sécurité ont attaqué le domicile de deux des filles de Mir-Hossein Moussavi et d’un des fils de Mehdi Karroubi ; ils ont confisqué leurs ordinateurs et beaucoup d’objets personnels, les ont interrogés pendant des heures et ont fini par les menacer d’être traités plus sévèrement s’ils continuaient à informer le public et à donner des interviews aux médias. Une des filles de Mir-Hossein Moussavi a expliqué que son mari avait divorcé à cause des pressions exercées à son encontre par les forces de sécurité.
Le harcèlement des familles des militants politiques et des droits civiques ne se limite pas à ce qui précède ; beaucoup de journalistes travaillant pour des médias en langue persane, dont la BBC n’ont pu échapper à un tel traitement.
Le gouvernement iranien ne tolère pas les voix dissidentes et rétorque à ceux qui critiquent la situation actuelle de la façon la plus dure. Il n’accepte pas non plus que les médias internationaux ou nationaux soulignent les actions illégales commises par les forces de sécurité. Les fonctionnaires de la sécurité et les tribunaux les interviews avec les médias comme une tentative de renversement du régime et traitent ce sujet sévèrement. Ils tentent de créer une atmosphère d’intimidation pour essayer de réduire les citoyens au silence.
En plus de ce qui précède, le rapport sur la situation des droits humains en Iran durant le mois de Bahman 1391, basé sur divers journaux et sites web, paraîtra en Anglais et en Persan après vérification des sources
Situation des droits humains en Iran durant le mois de Bahman 1391
Section 1: Les droits civiques et politiques
A) Situation des militants politiques et sociaux non-conformistes
- 1. Arash Shaltouki, derviche Gonabadi, Souran Daneshvar, Zana Moïni, Davoud Ghassimi, Mohammad Kohneh Poushi et Saman Mahmoudi, militants des droits civiques et des étudiants de la ville de Marivan ont été arrêtés. Taher Faghih et quatre autres religieux, supporters de l’ayatollah Ali Mohammad Dastgheib, un religieux critique du régime iranien ont aussi été arrêtés.
- 2. Mehdi Tadjik, militant étudiant, s’est rendu à la prison d’Evine pour purger sa peine de deux ans d’emprisonnement.
- 3. Les cinq ans d’emprisonnement de l’étudiant Djamal Ghadernejad ont été confirmés par la cour d’appel. Ali Moazami, derviche Gonabadi, a été condamné à deux ans de prison. Saïd Abedini, citoyen Irano-Américain a été condamné à 8 ans de prison. Hessamodin Ghorbani, militant étudiant, a été condamné à 20 coups de fouet et à une amende de 3.500.000 rials.
- 4. La situation de plusieurs prisonniers de conscience est toujours qualifiée de mauvaise. Par exemple, les autorités de la prison n’ont pas envoyé Saleh Kohandel et Missagh Yazdan Nejad au centre de soins. Feizollah Arab Sorkhi, membre emprisonné de l’organisation des Moudjahidines de la Révolution Islamique, a été ramené en prison avant la fin de son traitement médical. On a refusé tout traitement médical à Mehdi Khazali qui est en danger à cause de sa grève de la faim de 50 jours.
- 5. Massoud Pedram, membre du conseil des militants Nationalistes-Religieux, qui purge actuellement sa peine au bloc 350 de la prison d’Evine, a été cité à comparaître devant le tribunal d’Evine et interrogé pour un nouveau chef d’accusation porté à son encontre.
- 6. Les fonctionnaires de la sécurité ont refusé l’enterrement de Yahya Sadegh Vaziri, dernier ministre de la justice de l’époque Pahlavi dans le caveau familial de la ville de Sanandaj. Toute cérémonie à sa mémoire à également été interdite à Sanandaj.
- 7. Arjang Davoudi, prisonnier politique banni à la prison de Bandar Abbas, a été transféré à l’isolement.
- 8. Safaï Moghadam, Mehdi Ghomeishi, Hassan Dadkhah et Iradj Zareh, tous militants politiques, ont été convoqués au ministère du renseignement de la province du Khouzestan et ont été interrogés. Shiroudi a aussi été convoqué au département de la sécurité de l’université Shahid Tchamran d’Ahvaz et y a été interrogé.
- 9. Les familles des militants politiques et civiques et des dissidents n’ont pas été protégées du harcèlement des autorités sécuritaires. Par exemple, Zahra et Nargues Moussavi, filles de Mir-Hossein Moussavi, et Hossein Karroubi, fils de Mehdi Karroubi, ont été détenus et interrogés pendant plusieurs heures, leurs ordinateurs et leurs effets personnels ont été confisqués. Kokab Moussavi, une autre fille de Mir-Hossein Moussavi, a aussi été citée à comparaître devant le tribunal révolutionnaire et interrogée. Seyed Hossein Shirazi, fils de l’ayatollah Seyed Sadegh Shirazi, a également été cité à comparaître devant le tribunal religieux et interrogé. Les parents et le frère d’Anouar Hossein Panahi et de Mohammad Rostam Nejad, deux prisonniers politiques, ont été convoqués au bureau du renseignement de la ville de Ghorveh. Le père de deux jeunes hommes nommés Houshiar et Hossein, tués à Mahabad, a été convoqué au bureau du renseignement de la ville de Mahabad et interrogé. Maryam Shirini, derviche Gonabadi et épouse d’Amir Islami, a été convoquée au bureau du renseignement de Téhéran.
- 10. Le cinquième congrès du parti « La Volonté de la Nation » a été interrompu par les forces de sécurité.
- 11. Amir Mohammad Someh Moghaddam a été expulsé de l’université.
B)Situation de la presse, des médias et des journalistes
- 1. Dix-sept journalistes ont été arrêtés ce mois, seuls quatre ont été libérés sous caution après plusieurs mois de détention. Nom des personnes arrêtées : Fatemeh Saghartchi, Reyhaneh Tabatabaï, Motahareh Shafie, Emily Amraï, Nasrine Takhayori, Saba Azarpeik, Nargues Djoudaki, Ali Dehghan, Sassan Aghaï, Akbar Montadjebi, Djavad Daliri, Milad Fadaï Asl, Keyvan Mehregan, Hossein Yaghtchi, Soleiman Mohammadi, Pejman Mousavi et Pouria Alami.
- 2. Roïn Otofat, militant de l’édition, a été arrêté.
- 3. Le site Web Tabnak a été bloqué.
- 4. Mossayeb Naïmi, ancien rédacteur en chef du journal Iran, a été déclaré coupable par le jury du tribunal de la presse.
- 3. Autres exemples de violations des droits humains :
- 4. Lors du mois de Bahman, 19 personnes ont été exécutées. Le procureur général de la ville d’Oroumieh rapporte une exécution publique. D’après les autorités judiciaires, le condamné était coupable de meurtre. Yasser K. a été pendu dans la ville de Kerman et A.B. a été exécuté en public dans la ville de Shiraz. D’après les agences de presse gouvernementales, ils étaient accusés de viol. K. Kh, A. N. et A. H. ont été exécutés dans la province de Ghazvine. A. M., et R. M. ont été pendus dans la ville d’Arak. Allahnazar Sh, Rahmatollah Sh, Abdollah Sh, S. H. et Nematollah Sh ont été pendus dans la ville de Kerman. Tch. B. Gh. et Mohsen K. ont été exécutés respectivement dans les villes de Sharoud et d’Ispahan. Les agences d’informations gouvernementales ont déclaré qu’ils étaient accusés de possession de drogue. Une personne nommée Ali a été exécutée à Téhéran. Les agences d’informations gouvernementales ont rapporté qu’il était accusé de vol et de meurtre. H. A., M. V. et Y. F. ont été exécutés en public dans la ville de Shiraz. Les agences d’informations gouvernementales dont ISNA ont rapporté qu’ils étaient accusés du viol d’un garçon de 14 ans.
- 5. Le président de la deuxième chambre du tribunal révolutionnaire de Kerman a annoncé la peine de mort de huit personnes accusées de production et de trafic de drogue. Gholam Hossein Khaledi garde de la réserve de Dena, a été condamné à mort pour avoir tué un chasseur. Djamshid, Morteza, Ebrahim, Fatemeh et Morteza ont été condamnés à mort. Les médias nationaux iraniens ont rapportés qu’ils étaient accusés de meurtre. Ali Sh. et Karim ont été condamnés à mort. D’après les medias nationaux iraniens, ils étaient accusés de viol. La peine de mort de Mahafarid Khosravi, Behzad Behzadi, Iradj Shojaï et Saïd Kiani a été confirmée par la cour suprême. Les agences d’information gouvernementales rapportent qu’ils étaient accusés d’ Efsad-e Fel Arz (Corruption de la terre).
- 6. Le procureur général de la province de Sari a annoncé avoir coupé la main d’une personne condamné pour vol.
- 1. La situation économique en Iran continue d’être négative. La banque centrale d’Iran a prédit que l’inflation atteindrait 32% en 1391. Le ministre de la santé et de l’éducation médicale d’Iran a déclaré que le peuple ne peut plus s’offrir de médicaments.
- 2. En ce qui concerne la situation des travailleurs, on peut mentionner les exemples suivants : 180 ouvriers de l’usine Foro Alliage Azna, 53 ouvriers du complexe Motaghin et tous les ouvriers de l’entreprise Djahad Nasr ont perdu leur emploi. 1800 ouvriers de la construction des chemins de fer ont reçu leurs premiers salaires depuis le début de l’année, 87.000 retraités de la métallurgie n’ont pas touché leur retraite depuis trois mois. Environ 200 ouvriers et sous-traitants du département général des routes et du développement urbain de la province de Kohkoliyeh et Boyer Ahmad n’ont pas été payés depuis six mois. Quelques 5.000 ouvriers de l’usine Guiti Passand n’ont pas reçu leurs salaires et les ouvriers de l’usine Ghartch-é-Sina qui ont été licenciés n’ont pas reçu leurs arriérés de salaire depuis plus de deux ans.
- 3. Sharif Saïd Panah et Mozafar Saleh Nia, membre du conseil du syndicat libre des travailleurs iraniens, ont été cités à comparaitre devant le tribunal de Sanandaj. Djafar Azimzadeh et Parvine Mohammadi, deux militants des droits des travailleurs, ont été convoqués au ministère du renseignement.
Section 3 : Héritage culturel et environnement
Les rapports sur l’héritage culturel et l’environnement du mois de Bahman indiquent également la situation défavorable de ces secteurs.
- 1. Le jardin écologique de Noshahr a été exposé à la destruction. Les pipelines traversant le parc national de Bamoi ont accru le risque de destruction de ce parc.
- 2. La réparation des pierres du mausolée de Cyrus avec du ciment a conduit à la prolifération de lichens qui peuvent endommager la pierre.
Conclusion
Pour conclure ce rapport mensuel, je voudrais attirer l’attention de la république islamique d’Iran sur le fait que les restrictions ou les obligations de diffusion de l’information et de communication avec les médias, même ceux de l’étranger, est une violation des normes internationales des droits humains.
Le respect de la liberté d’expression exige que tous les journalistes qui ont été arrêtés ce mois-ci sous l’accusation de collaboration avec les médias étrangers, et leurs noms sont cités dans ce rapport, soient libérés immédiatement et sans conditions.
Shirin Ebadi - Défenseur des Droits Humains et prix Nobel 2003 - 19 février 2013
Pour plus d’information sur les rapports ci-dessus mentionnés, merci de vous référer aux sites Web d’information suivants : Agence de Presse des Etudiants Iraniens (ISNA), Agence de Presse de la République Islamique (IRNA), Agence de Presse du Travail Iranien (ILNA), Agence de Presse Fars, Agence de Presse Mehr, Agence du Club de la Presse des Jeunes Journalistes, Site web CDHR , JARAS, Commité des Reporters des Droits Humains, Nedaye Azadi, Baztab, HRANA, Ghanoon, Kaleme, Mohebbat News, Sunni Online, International Campaign for Human Rights in Iran, Majzooban-e Noor, Melli Mazhabi, Nedaye Sabze Azadi, Radio Zamaneh, Radio Farda et BBC
Source: http://www.humanrights-ir.org/php/view_en.php?objnr=864