Le 6 du mois persan de Farvardine (26 mars) est le jour anniversaire du prophète Zarathoustra ; c’est aussi le jour où il a commencé à prier son créateur. Mon message pour le Nouvel-An : nous considérons chaque jour comme faste, les signes d’un merveilleux printemps vont croissant, la source du printemps c’est le Nouvel-An ; chaque jour nos yeux engrangent de nouvelles merveilles qui dureront jusqu’au mois de Khordad [juin/juillet ]: une joie de vivre printanière, de l’homme, de la terre et du ciel. A l’arrivée de la chaleur de l’été, leur intensité ira diminuant.
C’est le troisième Nouvel-An loin de la maison ; non seulement aucun ressenti de la venue du printemps mais encore aucun calendrier, en fait il y a bien un calendrier mais il n’indique pas les concordances solaires et lunaires et bien sûr pas non plus la concordance avec le calendrier occidental ; il coïncide avec les plus vieilles informations sur l’Iran. Ce calendrier ne mentionne ni les saisons, ni la nature, ni Zarathoustra, ni rien de tout ça. Sa raison d’être, ce sont les évènements qui frappent l’Iran, et leur importance qui va croissant ou décroissant. Par exemple, le jour du changement d’année correspond avec la libération provisoire de certains détenus et l’arrivée inopinée de Nasrine Sotoudeh chez elle, de même que le 1er Favardine (21 mars) correspond à la naissance d’un être cher en Iran, le 5 Farvardine (24 mars) au jour où Kasra Nouri, l’un des derviches détenus à la prison d’Adel-Abad de Shiraz s’est évanoui au sixième jour de sa grève de la faim.
Le 6 Farvardine, après une semaine de liberté provisoire, Nasrine devra retourner en prison. Je ne me souvenais plus de la date de naissance de Zarathoustra ni celle du début de sa prédication mais, le sixième jour après Norouz, j’ai plusieurs fois décroché le téléphone pour contacter Nasrine, et je l’ai raccroché tout doucement. Tous les jours du nouveau calendrier sont pleins de jours propices aux relations, pleins aussi de l’angoisse de savoir s’il faut ou non prendre contact ; il correspond à mon destin, toujours attendre dans l’incertitude, attendre la décision des autres, savoir si je dois ou non écrire. Surtout, ne pas créer davantage de problèmes, ne pas gêner, ne pas… La voix tranquille et triste de Réza Khandan qui dit que la relation est établie, la voix dit que l’incertitude a disparu, qu’ils viennent de rentrer de voyage… La voix décidée et gentille de Nasrine, un peu gênée qui enfin me libère de mon stress.
Il y a d’abord eu les gentilles salutations habituelles, les conseils de l’avocate de toujours qui se soucie de la situation des prisonniers, et puis l’empathie et puis elle en voulait un peu à toute la propagande officielle autour de ses libérations provisoires, bien loin de la vérité ; selon elle, ces libérations provisoires, trop courtes, ne compensent pas les peines lourdes et injustes, elles ne résolvent aucun problème. Elle dit qu’à la mort de ses parents, elle n’a eu qu’une permission d’un jour ; elle parle avec une grande tristesse et une grande amertume de leurs décès. Et maintenant, au sixième jour, elle doit retourner en prison sans finir ses vacances avec son mari et ses enfants. Elle dit que cette libération provisoire trop courte n’est pas le remède à toutes ces condamnations, à toutes ces injustices. Elle dit que le remède serait de respecter les personnes qui souffrent de condamnations injustes et qui sont fatiguées de cette injustice. Elle dit que le remède serait de fixer les innombrables prisonniers dans l’incertitude sur leur sort (de nombreux prisonniers n’ont pas de statut légal, accusé, condamné, en incarcération préventive, etc…) de leur permettre d’être jugés équitablement. Elle dit que les prisons sont pleines, que de nombreux jeunes ont été condamnés pour s’être intéressés au sort de leurs compatriotes, ce qui met leur avenir en danger, alors comment penser à réclamer la liberté dans ces conditions ? Elle dit que l’abrogation de toutes les condamnations injustes, est son vœu du nouvel an. Elle dit que sa liberté provisoire est trop courte, qu’il lui fallait rejoindre ses codétenues, alors elle a dit au-revoir.
Le 6 Farvardine de mon calendrier a concordé avec le jour de la prière de Nasrine pour ses amis. Qu’elle ait longue vie et que ses paroles soient éternelles.
Source : http://www.roozonline.com/persian/opinion/opinion-article/archive/2013/march/28/article/-64806860b2.html
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