mardi 26 février 2013

Situation des droits humains en Iran durant le mois de Bahman 1391 - Shirin Ebadi


Shirin Ebadi, défenseur des droits humains et prix Nobel de la paix, continue de produire ses rapports mensuels sur les droits humains, vient de publier celui de Bahman 1391 (janvier-février 2013). Ce rapport a été publié le 19 février :

Introduction
En février, comme durant les mois précédents, le peuple iranien a été témoin du harcèlement et des persécutions des familles des prisonniers de conscience. Des agents de sécurité ont attaqué le domicile de deux des filles de Mir-Hossein Moussavi et d’un des fils de Mehdi Karroubi ; ils ont confisqué leurs ordinateurs et beaucoup d’objets personnels, les ont interrogés pendant des heures et ont fini par les menacer d’être traités plus sévèrement s’ils continuaient à informer le public et à donner des interviews aux médias. Une des filles de Mir-Hossein Moussavi a expliqué que son mari avait divorcé à cause des pressions exercées à son encontre par les forces de sécurité.
Le harcèlement des familles des militants politiques et des droits civiques ne se limite pas à ce qui précède ; beaucoup de journalistes travaillant pour des médias en langue persane, dont la BBC n’ont pu échapper à un tel traitement.
Le gouvernement iranien ne tolère pas les voix dissidentes et rétorque à ceux qui critiquent la situation actuelle de la façon la plus dure. Il n’accepte pas non plus que les médias internationaux ou nationaux soulignent les actions illégales commises par les forces de sécurité. Les fonctionnaires de la sécurité et les tribunaux les interviews avec les médias comme une tentative de renversement du régime et traitent ce sujet sévèrement. Ils tentent de créer une atmosphère d’intimidation pour essayer de réduire les citoyens au silence.
En plus de ce qui précède, le rapport sur la situation des droits humains en Iran durant le mois de Bahman 1391, basé sur divers journaux et sites web, paraîtra en Anglais et en Persan après vérification des sources

Situation des droits humains en Iran durant le mois de Bahman 1391

Section 1: Les droits civiques et politiques


A) Situation des militants politiques et sociaux non-conformistes

  • 1. Arash Shaltouki, derviche Gonabadi, Souran Daneshvar, Zana Moïni, Davoud Ghassimi, Mohammad Kohneh Poushi et Saman Mahmoudi, militants des droits civiques et des étudiants de la ville de Marivan ont été arrêtés. Taher Faghih et quatre autres religieux, supporters de l’ayatollah Ali Mohammad Dastgheib, un religieux critique du régime iranien ont aussi été arrêtés.
  • 2. Mehdi Tadjik, militant étudiant, s’est rendu à la prison d’Evine pour purger sa peine de deux ans d’emprisonnement.
  • 3. Les cinq ans d’emprisonnement de l’étudiant Djamal Ghadernejad ont été confirmés par la cour d’appel. Ali Moazami, derviche Gonabadi, a été condamné à deux ans de prison. Saïd Abedini, citoyen Irano-Américain a été condamné à 8 ans de prison. Hessamodin Ghorbani, militant étudiant, a été condamné à 20 coups de fouet et à une amende de 3.500.000 rials.
  • 4. La situation de plusieurs prisonniers de conscience est toujours qualifiée de mauvaise. Par exemple, les autorités de la prison n’ont pas envoyé Saleh Kohandel et Missagh Yazdan Nejad au centre de soins. Feizollah Arab Sorkhi, membre emprisonné de l’organisation des Moudjahidines de la Révolution Islamique, a été ramené en prison avant la fin de son traitement médical. On a refusé tout traitement médical à Mehdi Khazali qui est en danger à cause de sa grève de la faim de 50 jours.
  • 5. Massoud Pedram, membre du conseil des militants Nationalistes-Religieux, qui purge actuellement sa peine au bloc 350 de la prison d’Evine, a été cité à comparaître devant le tribunal d’Evine et interrogé pour un nouveau chef d’accusation porté à son encontre.
  • 6. Les fonctionnaires de la sécurité ont refusé l’enterrement de Yahya Sadegh Vaziri, dernier ministre de la justice de l’époque Pahlavi dans le caveau familial de la ville de Sanandaj. Toute cérémonie à sa mémoire à également été interdite à Sanandaj.
  • 7. Arjang Davoudi, prisonnier politique banni à la prison de Bandar Abbas, a été transféré à l’isolement.
  • 8. Safaï Moghadam, Mehdi Ghomeishi, Hassan Dadkhah et Iradj Zareh, tous militants politiques, ont été convoqués au ministère du renseignement de la province du Khouzestan et ont été interrogés. Shiroudi a aussi été convoqué au département de la sécurité de l’université Shahid Tchamran d’Ahvaz et y a été interrogé.
  • 9. Les familles des militants politiques et civiques et des dissidents n’ont pas été protégées du harcèlement des autorités sécuritaires. Par exemple, Zahra et Nargues Moussavi, filles de Mir-Hossein Moussavi, et Hossein Karroubi, fils de Mehdi Karroubi, ont été détenus et interrogés pendant plusieurs heures, leurs ordinateurs et leurs effets personnels ont été confisqués. Kokab Moussavi, une autre fille de Mir-Hossein Moussavi, a aussi été citée à comparaître devant le tribunal révolutionnaire et interrogée. Seyed Hossein Shirazi, fils de l’ayatollah Seyed Sadegh Shirazi, a également été cité à comparaître devant le tribunal religieux et interrogé. Les parents et le frère d’Anouar Hossein Panahi et de Mohammad Rostam Nejad, deux prisonniers politiques, ont été convoqués au bureau du renseignement de la ville de Ghorveh. Le père de deux jeunes hommes nommés Houshiar et Hossein, tués à Mahabad, a été convoqué au bureau du renseignement de la ville de Mahabad et interrogé. Maryam Shirini, derviche Gonabadi et épouse d’Amir Islami, a été convoquée au bureau du renseignement de Téhéran.
  • 10. Le cinquième congrès du parti « La Volonté de la Nation » a été interrompu par les forces de sécurité.
  • 11. Amir Mohammad Someh Moghaddam a été expulsé de l’université.

B)Situation de la presse, des médias et des journalistes

  • 1. Dix-sept journalistes ont été arrêtés ce mois, seuls quatre ont été libérés sous caution après plusieurs mois de détention. Nom des personnes arrêtées : Fatemeh Saghartchi, Reyhaneh Tabatabaï, Motahareh Shafie, Emily Amraï, Nasrine Takhayori, Saba Azarpeik, Nargues Djoudaki, Ali Dehghan, Sassan Aghaï, Akbar Montadjebi, Djavad Daliri, Milad Fadaï Asl, Keyvan Mehregan, Hossein Yaghtchi, Soleiman Mohammadi, Pejman Mousavi et Pouria Alami.
  • 2. Roïn Otofat, militant de l’édition, a été arrêté.
  • 3. Le site Web Tabnak a été bloqué.
  • 4. Mossayeb Naïmi, ancien rédacteur en chef du journal Iran, a été déclaré coupable par le jury du tribunal de la presse.
  • 3. Autres exemples de violations des droits humains : 
  • 4.     Lors du mois de Bahman, 19 personnes ont été exécutées. Le procureur général de la ville d’Oroumieh rapporte une exécution publique. D’après les autorités judiciaires, le condamné était coupable de meurtre. Yasser K. a été pendu dans la ville de Kerman et A.B. a été exécuté en public dans la ville de Shiraz. D’après les agences de presse gouvernementales, ils étaient accusés de viol. K. Kh, A. N. et A. H. ont été exécutés dans la province de Ghazvine. A. M., et R. M. ont été pendus dans la ville d’Arak. Allahnazar Sh, Rahmatollah Sh, Abdollah Sh, S. H. et Nematollah Sh ont été pendus dans la ville de Kerman. Tch. B. Gh. et Mohsen K. ont été exécutés respectivement dans les villes de Sharoud et d’Ispahan. Les agences d’informations gouvernementales ont déclaré qu’ils étaient accusés de possession de drogue. Une personne nommée Ali a été exécutée à Téhéran. Les agences d’informations gouvernementales ont rapporté qu’il était accusé de vol et de meurtre. H. A., M. V. et Y. F. ont été exécutés en public dans la ville de Shiraz. Les agences d’informations gouvernementales dont ISNA ont rapporté qu’ils étaient accusés du viol d’un garçon de 14 ans.
  • 5. Le président de la deuxième chambre du tribunal révolutionnaire de Kerman a annoncé la peine de mort de huit personnes accusées de production et de trafic de drogue. Gholam Hossein Khaledi garde de la réserve de Dena, a été condamné à mort pour avoir tué un chasseur. Djamshid, Morteza, Ebrahim, Fatemeh et Morteza ont été condamnés à mort. Les médias nationaux iraniens ont rapportés qu’ils étaient accusés de meurtre. Ali Sh. et Karim ont été condamnés à mort. D’après les medias nationaux iraniens, ils étaient accusés de viol. La peine de mort de Mahafarid Khosravi, Behzad Behzadi, Iradj Shojaï et Saïd Kiani a été confirmée par la cour suprême. Les agences d’information gouvernementales rapportent qu’ils étaient accusés d’ Efsad-e Fel Arz (Corruption de la terre).
  • 6. Le procureur général de la province de Sari a annoncé avoir coupé la main d’une personne condamné pour vol.
Section 2 : Droits économiques et sociaux


  • 1. La situation économique en Iran continue d’être négative. La banque centrale d’Iran a prédit que l’inflation atteindrait 32% en 1391. Le ministre de la santé et de l’éducation médicale d’Iran a déclaré que le peuple ne peut plus s’offrir de médicaments.
  • 2. En ce qui concerne la situation des travailleurs, on peut mentionner les exemples suivants : 180 ouvriers de l’usine Foro Alliage Azna, 53 ouvriers du complexe Motaghin et tous les ouvriers de l’entreprise Djahad Nasr ont perdu leur emploi. 1800 ouvriers de la construction des chemins de fer ont reçu leurs premiers salaires depuis le début de l’année, 87.000 retraités de la métallurgie n’ont pas touché leur retraite depuis trois mois. Environ 200 ouvriers et sous-traitants du département général des routes et du développement urbain de la province de Kohkoliyeh et Boyer Ahmad n’ont pas été payés depuis six mois. Quelques 5.000 ouvriers de l’usine Guiti Passand n’ont pas reçu leurs salaires et les ouvriers de l’usine Ghartch-é-Sina qui ont été licenciés n’ont pas reçu leurs arriérés de salaire depuis plus de deux ans.
  • 3. Sharif Saïd Panah et Mozafar Saleh Nia, membre du conseil du syndicat libre des travailleurs iraniens, ont été cités à comparaitre devant le tribunal de Sanandaj. Djafar Azimzadeh et Parvine Mohammadi, deux militants des droits des travailleurs, ont été convoqués au ministère du renseignement.

Section 3 : Héritage culturel et environnement

Les rapports sur l’héritage culturel et l’environnement du mois de Bahman indiquent également la situation défavorable de ces secteurs.

  • 1. Le jardin écologique de Noshahr a été exposé à la destruction. Les pipelines traversant le parc national de Bamoi ont accru le risque de destruction de ce parc.
  • 2. La réparation des pierres du mausolée de Cyrus avec du ciment a conduit à la prolifération de lichens qui peuvent endommager la pierre.

Conclusion

Pour conclure ce rapport mensuel, je voudrais attirer l’attention de la république islamique d’Iran sur le fait que les restrictions ou les obligations de diffusion de l’information et de communication avec les médias, même ceux de l’étranger, est une violation des normes internationales des droits humains.
Le respect de la liberté d’expression exige que tous les journalistes qui ont été arrêtés ce mois-ci sous l’accusation de collaboration avec les médias étrangers, et leurs noms sont cités dans ce rapport, soient libérés immédiatement et sans conditions.

Shirin Ebadi - Défenseur des Droits Humains et prix Nobel 2003 - 19 février 2013

Pour plus d’information sur les rapports ci-dessus mentionnés, merci de vous référer aux sites Web d’information suivants : Agence de Presse des Etudiants Iraniens (ISNA), Agence de Presse de la République Islamique (IRNA), Agence de Presse du Travail Iranien (ILNA), Agence de Presse Fars, Agence de Presse Mehr, Agence du Club de la Presse des Jeunes Journalistes, Site web CDHR , JARAS, Commité des Reporters des Droits Humains, Nedaye Azadi, Baztab, HRANA, Ghanoon, Kaleme, Mohebbat News, Sunni Online, International Campaign for Human Rights in Iran, Majzooban-e Noor, Melli Mazhabi, Nedaye Sabze Azadi, Radio Zamaneh, Radio Farda et BBC

Source: http://www.humanrights-ir.org/php/view_en.php?objnr=864


lundi 25 février 2013

Interview avec Abdolreza Tadjik, journaliste : les reportages sur les désastres en Iran sont émotionnels


Le journaliste iranien Abdolreza Tadjik est basé en France. Il a gagné le prix de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières en 2010. Il a accepté une interview avec Khabarnegaran.info pour s’exprimer sur la couverture médiatique des désastres comme les grèves de la faim, les exécutions, les morts et l’énoncé des sentences.

Khabarnegaran : Pourquoi les nouvelles des pendaisons, des grèves de la faim, les morts en Iran sont-elles si fréquemment publiées et sur de si grandes échelles ? Les Iraniens s’y habituent ou bien est-ce l’une de leurs demandes ?

Tadjik : Les titres controversés et les analyses provocantes attirent le plus de lecteurs. C’est pourquoi les journalistes choisissent ces sujets pour nourrir la faim émotionnelle de la société. Et ceci ne se limite pas à l’Iran.

Khabarnegaran : Jusqu’où vont les journalistes pour provoquer les émotions populaires en couvrant de telles nouvelles catastrophiques ? Ne craignez-vous pas que les médias iraniens ne finissent pas considérer ces informations comme la norme ?

Tadjik : Il est très triste de s’habituer à lire des nouvelles catastrophiques quotidiennement, surtout pour la classe moyenne intellectuelle. Ce qui veut dire que l’on ne se pose plus de questions après de telles informations. Les journalistes font en sorte que ces informations ne deviennent pas une norme ou une habitude. Ils provoquent les émotions populaires pour les attirer. 

Khabarnegaran : Ne pensez-vous pas que la société devient de moins en moins sensible aux grèves de la faim et à la prison en lisant de plus en plus d’articles sur le sujet ? N’est-ce pas lié à l’approche émotionnelle des médias ?

Tadjik : On ne parle pas de pendaisons qui deviennent la norme avec des milliers de gens qui viennent la voir. Il suffit de regarder la page des faits divers des journaux ou des sites d’information pour comprendre combien leur approche est populiste. Les nouvelles de l’exécution et de la pendaison est plus facile à publier quand il s’agit d’un violeur ou d’un trafiquant de drogue. Il faut faire preuve de prudence quand une personne ou un groupe impose son idéologie au reste de la société. Il y a eu, par exemple plusieurs personnes pendues à Téhéran pour cambriolage. Les médias et le monde virtuel des utilisateurs iraniens ont nourri la colère du peuple sur l’atmosphère d’insécurité régnant dans la société. On peut aussi dire que le procès a été hâté à cause de l’intense couverture médiatique et le résultat en a été qu’ils ont été exécutés.
C’est la même chose pour les exécutions politiques et les grèves de la faim. Couvrir le cas d’un prisonnier politique, de sa situation en prison alors que sa situation est la même que celle des autres prisonniers n’est pas professionnel, c’est de la provocation des émotions publiques.

Khabarnegaran : Si l’on se réfère au cas du bloggeur Sattar Beheshti, les médias ont joué un rôle important pour informer le public. Ne voyez-vous pas de telles actions comme utiles ?

Tadjik : Malheureusement, les journalistes et les reporteurs ont agi émotionnellement. Ces mêmes journalistes qui louent la justice pour un dossier la condamneront pour un autre. Un journaliste doit chercher des  faits plutôt que de juger. Les journalistes n’ont pas fait un bon travail, ils n’ont pas trouvé suffisamment d’informations sur le dossier de Sattar Beheshti. Ils étaient englués dans l’émotion ce qui leur a fait oublier de trouver de nouvelles informations.

Khabarnegaran : En sommes-nous arrivés au point où seule la mort peut faire les gros titres ?
Tadjik : Le journal Salam a titré sur Saïd Imami alors qu’il était encore vivant. Lors des sixièmes élections législatives également, les médias étaient très informatifs. La mort n’est donc pas le seul sujet des gros titres.

Khabarnegaran : Suggérez-vous que les médias ne savent pas comment informer efficacement sous la pression et la censure ?

Tadjik : Les médias iraniens publiés à l’intérieur du pays vivent dans une atmosphère étouffante. Shargh publiait des informations sur les droits humains quotidiennement. Ils s’arrangeaient pour informer le public sans dépasser la ligne rouge. Aujourd’hui encore, heureusement, il existe quelques périodiques qui couvrent ces informations sans avoir recours aux émotions.

Khabarnegaran : Pourquoi les médias perdent-ils graduellement leur intérêt et leur sensibilité pour les problèmes de droits humains ?

Tadjik : Quelquefois, les journalistes considèrent les médias comme un marchepied pour atteindre leurs buts politiques, voilà comment une couverture médiatique correcte est entachée et comment des informations importantes perdent de leur priorité.

Khabarnegaran : Devrions-nous définir de nouveaux bureau d’information couvrant en particulier les droits humains et les exécutions ?

Tadjik : Suite à l’élection présidentielle de 1998, une nouvelle diplomatie culturelle a formé les journaux réformateurs. La publication d’informations sur les prisonniers politiques s’est faite petit à petit, avec beaucoup de précautions. La demande de la société a poussé les médias à laisser les précautions de côté. Ils couvraient les informations sur les droits humains dans la section politique. Suite à la demande croissante pour de telles informations, ils ont fini par créer des sections légales. Aujourd’hui, nous sentons encore cette fracture. Sous la pression actuelle, les noms des prisonniers et des personnalités arrêtées ainsi que les nouvelles des droits humains irritent grandement le gouvernement. On peut dépasser cette fracture en interviewant des députés sur ces sujets et en traitant ces sujets de façon générale.

Khabarnegaran : Devrions-nous créer des médias ou des sites web spécialisés pour traiter ces sujets ?

Tadjik : Il y a plusieurs sites web qui ne couvrent que les droits humains. La principale menace pour eux, ce sont les émotions. Un journaliste devrait rendre visite à la famille des prisonniers politiques pour obtenir des informations sur leurs dossiers. Cela rend difficile la ségrégation entre les émotions et l’information. Un journaliste a beaucoup plus de responsabilités qu’un citoyen ordinaire qui rapporte des informations.

Khabarnegaran : Quelle est votre évaluation des sites web Verts après l’élection de 2009 ?

Tadjik : En ce qui concerne les informations sur les prisonniers politiques et leurs familles, ces sites web font un très bon travail.

Khabarnegaran : Pensez-vous que ces sites web sont assez influents pour faire des informations sur les prisonniers politiques une norme, pour que ces informations soient publiées plus facilement ?

Tadjik : Je n’en donne pas exclusivement crédit aux sites web Verts. Même si cela se produisait, je crois qu’ils le devraient à leur jeu avec les émotions.

Khabarnegaran : Comment les médias  qu’ils soient basés en Iran ou à l’étranger, devraient-ils contribuer à la société?

Tadjik : Les medias devraient utiliser toutes les opportunités pour que les informations soient publiées. Les médias en Persan, basés à l’étranger doivent comprendre qu’il leur faut creuser davantage et ne pas se laisser submerger par les émotions. Ils doivent se servir du luxe d’une atmosphère libre de censure et ne pas le dilapider avec de la littérature erronée.

21 février 2013

Source : http://www.majzooban.org/en/news-and-exclusive-content/3815-interview-with-abdolreza-tajik-journalist-coverage-of-disaster-news-in-iran-is-emotional.html

samedi 23 février 2013

Semaine 08 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Le prisonnier politique condamné à mort Saman Nassim a été transféré de la prison de Mahabad à celle d’Oroumieh prison.
  • L’avocat des droits humains Mohammad Seifzadeh a été transféré à la prison de Rejaï Shahr à la fin de son traitement à l’hôpital..

B- Arrestations/Incarcérations
  • Le militant National Religieux  Roin Atoufat arrêté.
  • Le militant des droits civiques Behboud Gholizadeh a été arrêté par le ministère du renseignement à Miandoab.
  • Un autre journaliste, Ehsan Mazandarani, a été arrêté.
  • Nava Naïmi, bahaie d’Ispahan arrêtée.
  • Le bahaï de Semnan, Akbar Pour-Hosseini, convoqué, arrêté et incarcéré pour purger sa peine de 18 mois de prison.
  • Le bahaï Sama Raoufi a été arrêté par 5 agents armés du ministre de l’intelligence à Sanandaj.
  • Ali Shariati commence à purger sa peine de 8 mois à Evine.
  • 300 derviches Gonabadi arrêtés devant Evine, ils s’étaient rassemblés pour soutenir les avocats des derviches emprisonnés jeudi ; ils ont été libérés le même jour..

C-Libérations
  • Le rédacteur en chef du quotidien Etemad Djavad Daliri a été libéré sous caution.
  • Mohammad Davari bénéficie d’une permission de sortie au bout de 3 ans d’emprisonnement.
  • Fatemeh Sagharchi rédactrice du site Djamaran/journaliste/militante des medias emprisonnée depuis 3 semaines, a été libérée sous une caution de 120 million de tomans.
  • Le journaliste Hossein Yaghchi a été libéré..

D-Autres Nouvelles
  • Le prisonnier politique Djafar Afshari détenu à la prison d’Oroumieh a commencé une grève de la faim et s’est cousu les lèvres.
  • Mohammad Reza Pourshajari fait une attaque cardiaque à la prison de Radjaï Shahr.
  • Après 37 jours sans nouvelles des avocats des derviches Gonabadi détenus à l’isolement, leurs familles ont eu le droit de leur rendre visite..

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Le prisonnier politique Mostafa Fardjam qui souffre d’amnésie à cause des tortures subies, a été condamné à 18 ans de prison.
  • Mostafa Fegheh a été condamné à 4 ans de prison pour affiliation avec un groupe kurde interdit.
  • Le militant étudiant Hessam Ghorbani, de l’université de Yassoudj, a été condamné à 20 coups de fouet et à une amende.
  • Le militant étudiant Yashar Piri, a été condamné à 3 mois de prison et à 30 coups de fouet par le tribunal de Tabriz court.
  • Mohammad Seifzadeh, avocat des droits humains, a été condamné à 6 ans de prison.
  • Un homme a été pendu à la prison de Sanandaj la semaine dernière.
  • 4 exécutions dans la prison de Zahedan.
  • 3 exécutions à la prison d’Arak dimanche.
  • 3 exécutions publiques à Shiraz dimanche.
  • 8 exécutions à la prison Adelabad de Shiraz mardi.
  • 1 exécution mercredi.
  • 3 exécutions à la prison de Kermanshah mercredi.
  • 1 exécution publique à Arak mercredi.
  • 2 exécutions à la prison de Yazd jeudi.
L’université – la Culture
  • Sepideh Vaziri-Pourhaghighi et Samir Golshan ont été expulsés de l’université Payam-é-Nour de Kharameh à cause de leur confession bahaïe.
  • Norouzi gagne le prix World Photo Press.
  • Djafar Panahi gagne le prix du scénario du festival de cinema de Berlin pour “Pardé” (le Rideau fermé).

L’Iran à l’étranger
  • Intelsat aux Etats Unis et au Canada retire de son bouquet la chaîne iranienne PressTV.
  • Le Nigeria dit avoir arrêté une cellule liée à l’Iran qui visait des intérêts américain et israélien.
  • Le vice-président aux affaires internationales arrive à la Havane.
  • Un diplomate iranien demande l’asile en Norvège.
  • L’Espagne arrête 3 hommes soupçonnés d’espionner les dissidents demandeurs d’asile iraniens pour le compte du régime d’Iran.

La politique en Iran 
  • Le guide suprême critique le président iranien pour la première fois.
  • Le président iranien propose un nouveau ministre des communications et de la technologie.
  • Le congé de maternité pour les Iraniennes passé de 6 à 9 mois.
  • Naïmeh Eshraghi, petite-fille de l’Ayatollah Khomeini, critique fermement l’assignation à domicile de Moussavi, Karroubi et Rahnavard.
  • Le marché Keyan à Ahvaz, important centre de commerce pour les Arabes pauvres, a été brulé par les forces de sécurité iraniennes le 14 février.

Nouvelles en vrac
  • L’Iran confisque les statues de Bouddha exposées dans les magasins.
  • 30.000 mariages par an d’enfants de moins de 15 ans en Iran.

Sur le blog cette semaine

dimanche 17 février 2013

Deux députés déclarent à Rooz : Les journalistes détenus ne sont pas des criminels – Fereshteh Ghazi – 3 février 2013


Dans une interview exclusive de Rooz, deux députés du parlement iranien, le Madjlis, ont déclaré que les journalistes arrêtés la semaine dernière n’étaient pas des criminels et que les tribunaux devaient infirmer leur jugement. Les deux députés, Mansour Haghighatpour et Fatollah Hosseini ont dit que le parlement devrait aussi examiner les arrestations de ces journalistes.

Plus d’une semaine s’est écoulée depuis les arrestations massives d’un groupe de journalistes ; la justice n’a toujours pas annoncé officiellement la raison de cette mesure, l’endroit où ils sont détenus ou la situation des détenus, ce qui dément les rapports publiés par les médias affiliés à la sécurité et les interviews dans lesquelles les journalistes sont décrits comme des criminels associés à des étrangers.

Les journalistes détenus n’ont pas eu le droit de choisir un avocat et leurs dossiers n’ont été revendiqués par aucun tribunal. Et malgré tout, l’agence de presse Fars par exemple, les traite publiquement de criminels.

Les arrestations ont commencé le 26 janvier par l’arrestation de Soleiman Mohammadi, rédacteur du quotidien Bahar et de Milad Fedaï Asl, rédacteur à l’agence spécialisée dans le monde du travail ILNA. Le lendemain, les agents de sécurité ont attaqué les bureaux des quotidiens Etemad, Bahar, Shargh, et Arman et de l’hebdomadaire Asseman y arrêtant Djavad Deliri, Nasrine Takhiri, Sassan Aghaï, Akbar Montadjabi, Pourya Alemi, Pejman Moussavi, Emilie Amraï, Motahereh Shafii et Nargues Djodaki.

Ali Asghar Shafafian, époux de Madame Shafii a dit aux reporters que son épouse a été libérée à cause de son dossier médical : elle souffre de sclérose en plaques.

Suite aux arrestations, l’agence de presse Fars, affiliée à l’appareil de sécurité et d’espionnage de la république islamique d’Iran, a publié des interviews de plusieurs députés qui traitaient les détenus de traîtres, de criminels et de supplétifs des étrangers, remerciant le ministre du renseignement pour ces arrestations. Hassan Kamran Dastdjerdi, Hossein Naghavi, Mansour Haghighatpour, Mohammad Ismaïli, Mohammad Saleh Jowkar, Fatollah Hosseini et Djavad Karimi Ghodoussi font partie des députés qui ont approuvé ces arrestations. Mais lorsque Rooz a interviewé Mansour Haghighatpour, vice-président du comité de la sécurité nationale du parlement et Fatollah Hosseini, membre du même comité pour les interroger sur les preuves étayant ces accusations portées contre les reporters alors qu’aucun tribunal n’avait accepté d’enquêter sur les arrestations, Haghighatpour qui, jusqu’à présent avait dit que les détenus étaient des supplétifs du gouvernement français et avait dit à l’agence de presse Fars qu’ils étaient des agents français et britanniques, a dit à Rooz qu’il n’avait pas d’information sur les détails du dossier, qu’il ne connaissait pas les journalistes, ajoutant qu’il n’avait fait que survoler le dossier.

Extraits de l’interview du député Mansour Haghighatpour

Rooz : Le parlement se mêlera-t-il de ces arrestations ?
Haghighatpour : Le parlement va sûrement suivre l’affaire et si les journalistes sont jugés coupables, ils seront traités selon la loi, sinon, ils seront libérés. Nous suivrons l’affaire comme nous l’avons fait pour le dossier Beheshti.

Rooz : S’ils sont jugés coupables. Alors, vous non plus ne savez pas si les journalistes ont vraiment commis un crime ou violé les lois. Si c’est le cas, pourquoi les avez-vous accusé d’être des agents de la France ou de la Grande-Bretagne lors de votre interview avec l’agence de presse Fars ?
Haghighatpour : Nous avons confiance dans notre appareil de renseignement et nous savons qu’ils se conduisent comme il faut.

Rooz : Mais aucun tribunal ne s’est encore réuni pour enquêter sur l’affaire. Comment pouvez-vous les accuser ainsi ?
Haghighatpour : En tant que vice-président du comité de sécurité nationale du parlement, je sais des choses que vous ignorez. Votre jugement est basé sur vos préjugés, vos tendances alors que le mien est basé sur ce que je sais.

Rooz : Quelles informations ?
Haghighatpour : On est en train d’enquêter sur l’affaire et si l’on découvre que les journalistes ont commis un crime, ils seront traités selon la loi.

Rooz : L’un des détenus est un journaliste qui a traduit un livre dénonçant l’organisation des Moudjahidines du peuple.
Haghighatpour : Je ne connais pas les détails et je ne connais pas les journalistes non plus. Je n’ai que des informations générales et on ne nous a rien dit du détail des violations.

Rooz : S’il s’avère que ces journalistes n’ont commis aucun crime, qu’ils ne sont pas des supplétifs de la France ou de la Grande-Bretagne, qu’ils ne sont pas ce que vous les avez accusés d’être, leur présenterez-vous vos excuses ?
Haghighatpour : S’il s’avère qu’ils n’ont commis aucun crime, ils seront libérés et j’en parlerai en me basant sur les informations reçues.

Rooz : La façon dont ces journalistes ont été traités…
Haghighatpour : Vous ne savez pas comment ils ont été traités. Ils ont été invités par l’agence de sécurité à répondre à quelques questions. Ils répondront à ces questions et des individus et des juges les jugeront.

Rooz : Pensez-vous que les traiter de criminels avant qu’ils n’aient été jugés par un tribunal est un crime ?
Haghighatpour : Je n’ai pas dit que c’était des criminels. J’ai parlé sur la base des informations que j’avais reçues. Je crois que c’est le rôle du tribunal de déterminer si ces accusations étaient vraies ou fausses. Il n’y a qu’un tribunal pour dire s’il s’agit ou non de criminels.

Un autre membre du comité de sécurité nationale du parlement à avoir remercié le ministre du renseignement pour les arrestations lors d’une interview avec l’agence de presse Fars, Fatollah Hosseini, a aussi dit à Rooz que les journalistes détenus n’étaient pas des criminels et que seul un tribunal était habilité à les juger.

Extraits de l’interview du député Fatollah Hosseini :

Rooz : Que pensez-vous des arrestations récentes de journalistes ?
Hosseini : Le monde est témoin de la détermination de la république islamique lors de ces 34 dernières années. Le régime appartient au peuple d’Iran. Le peuple a durement gagné cette révolution et la défendra. La république islamique ne joue pas là-dessus. Le ministre du renseignement agira contre quiconque fait du mal à la république islamique et la justice enquêtera au cas où les droits de quiconque seraient violés à ce propos.

Rooz : Le parlement se mêlera-t-il de ce problème ?
Hosseini : Certainement. Les députés surveillent suffisamment les ministres. Aucun de nos officiels ne fait quoi que ce soit d’illégal. Mais si les droits de quelqu’un sont violés, nous le reconnaissons et lui redonnons ses droits. Le parlement surveille aussi ce dossier.

Rooz : Les journalistes détenus n’ont pas eu droit à un avocat et vous, avec d’autres députés avez porté des accusations à leur encontre dans une interview avec l’agence de presse Fars.
Hosseini : Ce n’est pas du tout le cas. Les ennemis de l’Iran à l’étranger n’ont rien à faire et n’ont rien à publier alors ils créent une ambiance spéciale pour les élections. Les éléments occidentaux veulent nous attaquer mais nous sommes vigilants. Nous n’avons pas besoin que des gens de l’étranger nous disent ce que nous devons faire pour préserver les droits des individus. Les contre-révolutionnaires veulent savoir qui est détenu et qui ne l’est pas mais la république islamique ne permettra pas que les droits soient violés.

Rooz : Alors qu’aucun tribunal n’enquête encore sur ce problème, vous avez traité les journalistes de criminels, de traîtres et de supplétifs de l’étranger. Sur quelles bases ?
Hosseini : C’est faux, peu importe qui l’a dit. Ce ne sont pas des criminels. La justice respecte la loi. Ce sont aux tribunaux et aux jurys de juger. Il y a des lois pour ça, mais l’action du ministre du renseignement a certainement été décisive. Vous êtes iranienne et vous devez admettre qu’en Iran, la liberté est totale. Nos amis suivront l’affaire et le parlement enquêtera pour s’assurer que les droits de tous soient respectés.

Rooz : Le parlement présentera-t-il ses excuses à ces personnes s’il est prouvé que ces journalistes ne faisaient que leur travail ?
Hosseini : Vous devriez laisser la république islamique faire son travail. Je sens que vos remarques sont marginales. Il n’existe pas de pardon pour quiconque en Iran est un supplétif ou attaque le régime. Je suis sûr que le ministre du renseignement ne politisera pas l’affaire.

Rooz : Je voulais dire les députés qui ont traité ces journalistes de traîtres et de criminels.
Hosseini : Aucun député n’a dit que c’était des criminels. C’est peut-être eux-mêmes qui l’ont dit.
Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/february/03/article/detained-journalists-are-not-criminals.html

samedi 16 février 2013

Semaine 07 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Le journaliste emprisonné Mohammad Davari est en soins intensifs après une attaque cardiaque cause par la nouvelle du décès de son frère.
  • Amir Eslami, avocat des derviches Gonabadi, transféré du bloc 209 d’Evine à l’hôpital de cardiologie de Téhéran puis de retour à Evine au bout de quelques heures.
  • Hospitalisation d’urgence du religieux dissident emprisonné Arash Honarvar Shodjaï.
  • Le membre emprisonné de l’Association Verte du Kurdistan, Kamran Rahimi, exilé de la prison de Sanandaj à celle de Maragheh.
  • L’avocat des droits humains emprisonné Mohammad Seifzadeh a été hospitalisé.
  • Le prisonnier politique Mostafa Tadjzadeh de nouveau hospitalisé pour divers problèmes de santé dus à 27 mois de jeûne..

B- Arrestations/Incarcérations
  • Fardin Eghsani, bahaï, arrêté sur son lieu de travail à Oroumieh.
  • Le bahaï Taher Eskandarian condamné à 3 ans a été arrêté et emprisonné à Semnan.
  • Ardeshir Fanaian, bahaï, arrêté chez lui à Semnan.
  • Shidrokh Firoozian, bahaïe, arrêtée chez elle à Semnan.
  • Arrestation de Hossein Karroubi, fils du leader de l’opposition Mehdi Karroubi lundi matin ; il a été libéré lundi après-midi.
  • Farahnaz Moghadam, bahaïe, arrêtée chez elle à Oroumieh.
  • Arrestation de Zahra et de Nargues, les filles du leader de l’opposition  Mir Hossein Moussavi lundi matin ; elles ont été relâchées le même jour dans l’après-midi.
  • Yassan Moussavi, frère de Houman (leurs parents ont été exécutés dans les années 1980s) syndicaliste du bazar de Téhéran et membre de la campagne de Moussavi, a été arrêté la semaine dernière.
  • Le journaliste Mehdi Tadjik s’est rendu à la prison d’Evine pour purger sa peine de 2-ans.
  • Plus de 50 arabes iraniens arrêtés à Ahvaz.
  • La police de Téhéran arrête 80 personnes accusées d’être des brigands et des vandales.

C-Libérations
  • Le prisonnier politique Bahman Sadeghi en liberté provisoire pour 4 jours.
  • Arash Shaltouki, derviche Gonabadi, libéré sous une caution de 50 millions de tomans.
  • Le prisonnier politique Mohammad Ali Velayati en liberté provisoire pour raisons médicales pour 3 jours.
  • Le prisonnier politique Shahin Zeinali en liberté provisoire pour 4 jours..

D-Autres Nouvelles
  • Le prisonnier de conscience Arjang Davoudi a lancé une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement à l’isolement.
  • La fille de Rafsandjani Faezeh Hashemi est à l’isolement.
  • L’épouse de Moussavi Zahra Rahnavard, accompagnée d’agents de sécurité a été autorisée de rendre visite à sa mère.
  • Le militant étudiant iranien Madjid Tavakoli s’est vu décerner le prestigieux prix norvégien de l’Etudiant pour la paix par contumace.
  • Shahrokh Zamani interdit de visites en personne et d’appels téléphoniques.
  • Les familles des journalistes arrêtés il y a 20 jours n’ont toujours pas pu leur rendre visite en prison jeudi..

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • La cour d’appel a confirmé la peine de 5 ans de Djamal GhaderNejad, militant étudiant kurde de Mahabad.
  • Afsaneh Madjidi, bahaïe de Karaj, condamnée à un an de prison.
  • Mehrdad et Orang Mahdavi, bahaïs de Karaj, condamnés à un an de prison chacun.
  • Naghmeh Rezvani, bahaïe de Karaj, condamnée à un an de prison.
  • Kamran Sabet, bahaï de Karaj, condamné à un an de prison.
  • Baharak Saheli, bahaïe de Karaj, condamnée à un an de prison.
  • Deux exécutions à la prison d’Arak mardi.
  • Une exécution publique à Téhéran mercredi.
  • Une pendaison publique à Shiraz jeudi.
  • Une pendaison à la prison de Karoun jeudi.

L’université – la Culture
  • Le militant étudiant Amir Mohammad Moghaddam a été expulsé de l’université Ferdowsi de Mashhad.
  • Nouveau film du metteur en scène Djafar Panahi, qui défie l’interdiction de tourner des films, présenté au festival du film de Berlin.
  • Le militant étudiant Amir Mohammad Someeh étudiant en génie mécanique à l’université Ferdowsi de Mashhad a été expulsé. 
  • La cyber police pirate un grand nombre d’e-mails.
  • Un studio d’enregistrement de musique fermé à Téhéran.
  • Plusieurs réalisateurs de court-métrages et de documentaires ont été convoqués et interrogés.

Manifestations
  • Les ouvriers de Nima Construction se rassemblent à Sanandaj..

L’économie de l’Iran 
  • Les exportations pharmaceutiques américaines vers l’Iran ont diminué de moitié en 2012.
  • L’Iran interdit l’exportation de pistaches pour 6-mois pour tenter de contrôler son prix qui a doublé en un mois.

L’Iran à l’étranger
  • Irak: 5 morts dans une attaque contre un camp de l’OMPI près de Bagdad.
  • L’Iran et le Hezbollah construise un réseau de milices en Syrie en cas de chute d’Assad, déclarent des  officiels.
  • L’Iran rappelle son ambassadeur en Bulgarie après que la Bulgarie ait accusé le Hezbollah d’avoir posé une bombe dans un bus de touristes israéliens à Burgas.
  • Le général Hassan Shateri, commandant de la force Qods est le premier général iranien tué lors du conflit syrien.

La politique en Iran 
  • Ahmadinejad nomme le ministre du travail démis de ses fonctions par le parlement conseiller aux affaires sociales.

Nouvelles en vrac
  • Un tremblement de terre d’une magnitude de 3.6 sur l’échelle de Richer frappe la ville de Dehloran dans la province d’Ilam à l’ouest de l’Iran, jeudi.

Sur le blog cette semaine


dimanche 10 février 2013

Lettre de Shirin Ebadi au Docteur Ahmed Shaheed sur les Arrestations Récentes de Journalistes en Iran


Mercredi 30 janvier 2013

A son Excellence le Docteur Ahmed Shaheed, Honorable Rapporteur Spécial des Nations Unies pour les Droits Humains en Iran,

Depuis le 28 janvier, les bureaux et les domiciles de journalistes iraniens ont été attaqués par les forces de sécurité. Plusieurs journalistes ont été arrêtés. Bien que certains, dont Motahereh Shafi, aient été libérés, 14 sont actuellement emprisonnés : Emily Amraï, Nasrine Takhayori, Saba Azar Peyk, Nargues Djoudaki, Ali Dehghan, Sassan Aghaï, Akbar Montadjebi, Djavad Daliri, Milad Fadaï Asl, Keyvan Mehregan, Hossein Yaghtchi, Soleiman Mohammadi, Pejman Moussavi, Poriya Alami

D’après les autorités judiciaires, les détenus sont accusés d’actes contre la sécurité nationale, et, c’est important « Ces arrestations continueront » (agence d’information nationale ISNA le 29 janvier 2013). En d’autres termes, les forces de sécurité essaient d’intimider les journalistes et de les forcer à se taire en lançant les arrestations massives et ces fausses accusations.

Ces arrestations violent les lois de la république d’Iran. Suivant les informations reçues de la famille des journalistes détenus, en dépit du rapport d’ISNA, ils n’ont pas été formellement accusés et il n’y avait pas de mandat d’arrêt à leur encontre. Les détenus se sont vus refuser une représentation légale. En raison du manque de procédures, toutes ces arrestations sont considérées comme arbitraires.

Je voudrais donc attirer votre attention sur ce problème et affirmer que si cette situation se prolonge, non seulement la diffusion des informations en sera limitée mais encore il s’agit d’une étape supplémentaire visant à générer la peur parmi les citoyens pour les empêcher de manifester légalement, de quelque manière que ce soit.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Rapporteur Spécial, l’expression de mes salutations les meilleures

Shirin Ebadi
Avocate des Droits Humains et laureate 2003 du prix Nobel de la paix

CC
Bureau de Madame Navanethem Pillay, Honorable Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits Humains
Bureau du secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon
L’Honorable Rapporteur Spécial de l’ONU sur la liberté d’opinion et d’expression
Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire

Source: http://www.humanrights-ir.org/php/view_en.php?objnr=849

samedi 9 février 2013

Carte postale de Téhéran - 21 janvier 2013 - Daria Kirsanova




Téhéran est une ville étrange : une métropole énorme de 12 millions d’habitants, dotée d’un réseau impressionnant d’autoroutes, à la circulation extrêmement indisciplinée et en même temps la capitale d’un état religieux qui a tendance à restreindre sa société au carcan de la tradition. Et paradoxalement, contre vents et marées, d’autres mots conviennent à Téhéran en tant que ville, à l’Iran en tant que pays et à l’art contemporain iranien en tant que phénomène social. Une multitude d’obstacles, le manque de financement, le manque de structures publiques, des études universitaires peu propices (ni l’art contemporain ni la théorie qui le traite ne sont bien accueillis comme sujets de recherche) n’ont pas pu empêcher l’apparition d’une scène d’art contemporain dynamique et diversifiée, dont un système de galeries en croissance constante qui aspirent toutes au statut « professionnel » dont elles jouissent en occident.

Fresque dans une rue de Téhéran

Mon premier voyage en Iran a eu lieu en 2010 ; j’avais beaucoup entendu parler de la censure et d’autres problèmes que les artistes et les cinéastes rencontrent dans ce pays et j’ai été surprise de découvrir beaucoup de galeries exposant des œuvres d’art conceptuel intéressantes et sophistiquées qui portaient un message politique. C’était exactement un an après la répression du soulèvement du « Mouvement Vert » révolutionnaire de 2009 ; des artistes dont Amir Mobed, Shahab Fotouhi, Barbad Golshiri, Neda Razavipour, Mahmoud Bakhshi et Rozita Sharafjahan tentaient de donner du sens à ce qui s’était passé durant les mois de manifestations. C’était une époque qui alliait la réflexion sur les évènements et le deuil des victimes prises individuellement et non du Mouvement Vert en tant que force politique.

Cette liberté d’expression était, et reste encore, possible à cause de la situation marginale des arts plastiques en Iran ; il constitue presque un monde à part. Le public des galeries est surtout composé des personnes impliquées dans l’art, d’une façon ou d’une autre. Même maintenant, la majorité du public ne connait pas l’existence des galeries et, dans une grande mesure, trouve les pratiques de l’art conceptuel d’un abord difficile. Curieusement, cette situation de l’art contemporain au sein du contexte social iranien l’a grandement avantagé ; elle a permis aux artistes et aux galeries de travailler avec un certain degré de liberté créatrice. Mais les choses changent.

A l’automne dernier, j’ai fait mon dernier voyage en date à Téhéran et le plus long aussi. J’y suis resté un mois et j’ai pu y observer la scène artistique en action. La situation politique et économique du pays était beaucoup plus difficile et il y avait beaucoup moins de touristes étrangers à cause de l’hystérie des médias occidentaux mais il s’y passait quand même beaucoup de choses. Depuis les deux ans de mon premier voyage, les galeries de Téhéran étaient devenues plus connues et plus bourgeoises.


 Conversation d’artiste par Anahita Razmi à la plateforme Sazmanab pour les arts contemporains

La communauté artistique a répondu par l’augmentation du nombre d’espaces pour les projets, d’ateliers et de tables rondes tous à but non lucratif. L’un des plus anciens espaces de projets dirigé par des artistes et la galerie Parking, fondée par l’artiste et commissaire d’exposition Amirali Ghassemi. Depuis son ouverture en 1998, ses activités se sont étendues de l’Iran à la scène internationale. Un autre espace artistique indépendant est Sazmanab, fondé en 2009 ; il a développé un programme très solide d’expositions, de discussions, de projections et de résidences internationales. Ce programme montre un engagement clair de conserver les connexions de Téhéran aux réseaux internationaux et vice-versa. L’un des derniers projets de cet espace a été l’exposition « Scénarios Cachés » organisé par un jeune commissaire d’exposition en résidence originaire de Turquie, Nesli Gül, avec des œuvres de Kardelen Fincanci et d’Ismaïl Egler. Les œuvres, réalisées spécialement pour ce spectacle étaient concentrées sur la notion d’obéissance à l’intérieur de différentes structures sociales, dont le monde de l’art lui-même.


Daniel Kötter, ‘Théâtre d’Etat Lagos/Téhéran/Berlin’ (2011), installation Galerie Raf 

Le second spectacle de la galerie Raf qui vient d’ouvrir était une exposition par un vidéaste et cinéaste expérimental allemand Daniel Kötter (autre artiste en résidence à Sazmanab). Son film en trois parties Théâtre d’Etat Lagos/Téhéran/Berlin (2011) s’intéresse aux structures architecturales et aux histoires dérangeantes entourant la construction de ces opéras dans ces trois villes. Durant l’exposition, la galerie a aussi hébergé une discussion sur le rôle des institutions culturelles au sein d’un contexte urbain.


Atelier International d’artistes Raybon

Une autre collaboration fascinante est celle de l’atelier international d’artistes Raybon ; une galerie commerciale, la galerie Mohsen, adopte certaines caractéristiques d’un espace public. Cette initiative, organisée par le centre d’art Raybon en collaboration avec Sazmanab, a vu des artistes iraniens, indiens, chinois, libanais et sud-africains travailler ensemble étayés par une série de discussions, de présentations d’artistes et d’ateliers portes ouvertes. Tout ce travail a culminé dans un spectacle final qui a duré deux semaines. L’une des œuvres les plus surprenantes produites durant l’atelier a été un collage minimaliste de peinture par la photographe Katayoun Karami ; jusqu’à présent elle avait principalement travaillé sur l’autoportrait. Il est réconfortant d’assister à ces évènements et à ces initiatives qui se passent à Téhéran pour tenter de remplir le vide créé par le manque de structure institutionnelle adéquate.

Il n’est pas possible de parler des institutions artistiques en Iran sans mentionner le Musée d’Arts Contemporains de Téhéran qui comporte une grande collection d’art occidental s’étalant du postimpressionnisme au minimalisme des années 1970. Dans le passé, il était impliqué dans le développement de la pratique des arts contemporains dans le pays. Inauguré en 1977, deux ans avant la révolution de 1979, le musée a été le premier au monde des musées d’art contemporain. Cependant, ces dernières années, ses activités se sont considérablement réduites et il ne semble plus avoir d’influence sur la scène de l’art contemporain en Iran. Pendant tout le temps de ma visite en Iran, le musée abritait une exposition majeure de Günther Uecke, organisée en collaboration avec l’ambassade d’Allemagne.


Sara Assefi, installation partie d’un spectacle de groupe « Hors du Temps », galerie Azad 

Les galeries de Téhéran sont terriblement dynamiques, les expositions changent toutes les semaines ou toutes les deux semaines ; les espaces artistiques y ont un rythme différent des occidentaux qui font tourner leurs expositions toutes les six ou huit semaines. L’un des faits saillants de mon voyage a été le spectacle solo de Shahla Hosseini, une artiste maintenant connue au niveau international ; elle n’expose que rarement, même en Iran ; sa pratique est fondamentale à la progression de l’art contemporain iranien. Les peintures d’Hosseini, réalisées en technique mixte et ses collages inspirés par Joseph Beuys dans des vitrines de verre sont pleins d’histoires personnelles et même sentimentales. L’un des plus beaux espaces  de Téhéran, la galerie Aoun, a exposé un spectacle de groupe intitulé « Extraterrestre » sous la direction du commissaire d’exposition Babak Etminani ; il se concentrait sur l’abstraction en peinture et en sculpture.


« Extraterrestre », installation, commissaire Babak Etminani, Galerie Aoun

La politique est présente dans tous les aspects de la vie urbaine en Iran et les artistes cherchent constamment de nouvelles façons de s’engager dans le débat politique. Mojtaba Amini commence par les controverses profondes de la société iranienne, regardant au-delà des problèmes les plus visibles des relations entre les sexes, de la guerre et de l’ambition nucléaire. Sa première exposition solo, à la galerie Aaran, réfléchissait sur la situation actuelle du pays dans des œuvres pleines d’anxiété pour le futur. La galerie Azad est probablement l’espace commercial le plus expérimental et le plus ouvert intellectuellement à Téhéran. Je ne pouvais m’empêcher d’y retourner et j’y ai d’abord vu une exposition brillante du photographe Mehran Mohadher, qui centre sa pratique sur une enquête perpétuelle sur les possibilités de ce moyen d’expression. Quelques heures avant de me rendre à l’aéroport, je me suis arrêtée à la galerie pour revoir « Hors du Temps », une exposition de groupe d’une exceptionnelle qualité réalisée par 18 nouveaux diplômés dans le domaine de l’art. L’exposition affirmait que la nouvelle génération d’artistes en Iran possédait le potentiel pour faire avancer l’art, pour développer un langage plus sophistiqué de l’expression artistique tout en restant fidèle à son engagement social. J’ai hâte d’être de retour en Iran pour le voir.

Source : http://blog.frieze.com/postcard-from-tehran/

Semaine 06 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers
A- Transferts
  • Le prisonnier politique Ahmadreza Ahmadpour souffrant d’une multitude de maladies hospitalisé à cause de médicaments administré en prison.
  • Adel Naïmi a été transféré d’Evine à Redjaï Shahr.

B- Arrestations/Incarcérations
  • Deux semaines après sa liberation provisoire, Mahsa Amrabadi est de retour à la prison d’Evine.
  • Le réformiste de premier plan Feyzollah Arabsorkhi est de retour à Evine ; il a quitté l’hôpital avant la fin de son traitement.
  • Le Docteur Latif Hassani, militant Azari, arrêté.
  • L’étudiant diplômé Khaled Mohammadi a arrêté la semaine dernière, aucune nouvelle depuis.
  • Shahram Radmehr, militant Azari, arrêté.

C-Libérations
  • Ali Dehghan, journaliste, libéré sous caution.
  • La prisonnière politique Zahra Mansouri a été libérée provisoirement pour raisons médicales, elle souffre de cancer du sein.
  • Mohammad Tavakoli membre du syndicat des enseignants de Kermanshah est libéré sous une caution de 50 million tomans.

D-Autres Nouvelles
  • Les derviches en grève de la faim Saleh Moradi et Kasra Nouri forcés de signer une lettre disant qu’ils vont bien.
  • 3 prisonniers politiques de Radjaï Shahr se voient refuser la visite de sa famille parce qu’ils ont refusé de porter l’uniforme de la prison..

Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Peine réduite à 1 an + une amende de 600 Toman pour le prisonnier de 85 ans Mohammad Hossein Nakhaei.
  • Après 7 ans de prison un citoyen afghan a été exécuté à la prison de Varamine.
  • 3 exécutions à la prison d’Ispahan mardi.

L’université – la Culture
  • L’Iran débloque le site d’informations Tabnak proche de Mohsen Rezaï.
  • Le site Baztab rapporte qu’il est sujet à des cyber-attaques.

L’économie de l’Iran 
  • Les ouvriers de la voirie de la province de Kohgiluyeh et Boyer-Ahmad n’ont pas reçu leurs salaires depuis 6 mois.

L’Iran à l’étranger
  • L’ancien dirigeant de la Banque Melli Mahmoud Reza Khavari recherché par Interpol pour fraude.
  • Salehi, lors de reunions séprarées, a rencontré l’envoyé special de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, le premier ministre libanais Nadjib Mikati et le leader de l’opposition syrienne Mouaz Al-Khatib.
  • L’Egyptien Morsi accueille le président iranien à son arrivée au Caire lors de sa visite historique.
  • Le tribunal de l’union européenne juge que l’union devrait abroger les sanctions contre l’une des plus grandes banques d’Iran, la banque Saderat.
  • Décision unilatérale, le ministre des affaires étrangères Salehi annonce que les citoyens égyptiens n’auront plus besoin de visa pour se rendre en Iran.

La politique en Iran 
  • Ahmadinejad nomme le Général Mohammad Hassan Nami Ministre des communications et des technologies d’information. 
  • Les réformistes participeront à l’élection présidentielle dit un ancien ministre.
  • Le parlement a récusé le ministre du travail d’Ahmadenejad avec, 56 voix contre, 24 abstention et 192 voix pour.
  • Mortazavi arrêté lundi pour corruption et libéré mardi.
  • Sur ordre du Guide, le Ministre de la Justice, Sadegh Larijani, renconce à poursuivre Ahmadinejad pour diffamation.

Nouvelles en vrac
  • Une plateforme pétrolière de $40millions disparaît dans les profondeurs.

Sur le blog cette semaine