mardi 5 novembre 2013

2 novembre 2013 – Il faut une commission d’enquête indépendante – Issa Saharkhiz –

Aftab_iran@yahoo.com

Plusieurs militants politiques, des droits civiques et des médias en Iran ont déjà conclu que la lune de miel de Hassan Rouhani avec ceux qui l’ont soutenu a pris fin ; le ministre de la justice de son cabinet, a qualifié les évènements qui auraient eu lieu lors des fêtes de l’Eid Ghadir (commémoration chiite historique) au domicile de Mir-Hossein Moussavi de « blitz médiatique »,  une expression qui aurait mieux convenu au cabinet Ahmadinejad et une réminiscence du temps où il travaillait au renseignement sécuritaire.

Je connais Rouhani ; il est intelligent et juste ; je doute vraiment qu’il partage les points de vue d’un ministre qui, en réalité, est le représentant du chef de la justice, Sadegh Laridjani, dans sa version « modérée ».

Les réformateurs et les partisans de la transformation ont joué un rôle clé dans sa victoire à l’élection présidentielle de juin ; dans les 100 premiers jours de son mandat, le chef du dixième gouvernement fournirait ainsi à ses anciens opposants et à ses nouveaux critiques, des preuves qui, plus que tout démontreraient sa rupture avec ces deux factions ; personnellement, j’en doute sérieusement.

De plus, ce fait pourrait, à lui seul prouver la fin de sa lune de miel, surtout avec les religieux de premier plan de Ghom, Shiraz, etc… ; même des dirigeants réformateurs comme Seyed Mohammad Khatami et des militants nationaux-religieux comme Abdollah Nouri, qui vient de rendre visite aux filles de Moussavi et de Rahnavard et a téléphoné à Kowkab et Nargues qui lui ont exprimé la cruauté et la douleur que leur cause l’assignation à domicile de leurs parents.
« Ne pas interférer avec la création d’une commission pour lever l’assignation à domicile de Moussavi et Karroubi », voilà la position du gouvernement et elle est en adéquation avec ses intentions politiques et culturelles ; mais il ne semble pas possible que Rouhani accepte l’assertion de Mostafa Pour-Mohammadi : l’attaque rapportée contre les filles de Moussavi, gifles et morsure, aurait été forgée par les médias. Et cela, parce que ces remarques ne sont ni « prévoyantes » ni « génératrices d’espoir », deux qualificatifs auxquels le gouvernement aime être associé.

A notre époque, les outils sophistiqués de surveillance sont largement utilisés en Iran et dans le monde entier ; la remarque du ministre de la justice : « la surveillance est une activité normale qui a également lieu en république islamique, comme dans les autres pays » est acceptable mais il est beaucoup moins probable que Mr. Pour-Mohammadi autorise personnellement que Moussavi et les membres de sa famille, ses proches et ses enfants soient « fouillés » ou que l’épouse et les filles de Moussavi soient mises à nu, exposant leurs corps aux agents qui les entourent ou soient soumises à d’autres vexations qu’il n’est même pas possible de relater ici par écrit.

Je voudrais informer Monsieur Rouhani que la fouille à corps est la norme dans les prisons iraniennes de nos jours ; les prisonniers politiques et d’opinion sont régulièrement contraints de se déshabiller et de rester nus pour être non seulement inspectés mais pénétrés par les gardiens de prison quand ils rentrent du tribunal ou de visites médicales.

Ce sont des pratiques communes et intrusives lorsque les prisonniers bénéficient de visites sans séparation ou de « visites religieuses ». C’est pourquoi certains prisonniers s’abstiennent de se rendre dans des établissements médicaux ou que certains membres des familles refusent les visites sans séparation. Si le gouvernement le juge nécessaire, il peut former une commission spéciale qui s’entretiendra avec ceux qui ont été témoins de ces conduites et pratiques.

Même s’ils semble que le président ou ses conseillers les plus proches n’accepteront pas de former une commission spéciale pour la libération de Moussavi et Karroubi, on peut encore espérer que Monsieur Rouhani demandera à son conseiller le plus éminent, l’hodjatoleslam Younessi de former « une commission d’enquête indépendante » composée de membres du gouvernement, de personnalités indépendantes réformatrices, favorables à la transformation et de conservateurs rationnels pour enquêter sur ce problème et sur les fouilles à corps qui sont menées dans le pays, en s’entretenant avec les prisonniers d’opinion et politiques, actuels et anciens, y compris les prisonniers du Mouvement Vert qui, en dépit de tous les dangers, ont ouvertement déclaré avoir été battus et torturés, physiquement et psychologiquement. 

Source : http://www.roozonline.com/english/opinion/opinion-article/archive/2013/november/02/article/the-need-for-an-independent-fact-finding-commission.html

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