Suite à une série d’attaques violentes contre des femmes en Iran durant laquelle des individus non-identifiés ont jeté de l’acide au visage de femmes dans la ville d’Ispahan soit disant parce qu’elles étaient mal voilées, la défenseur des droits humains de premier plan Nasrine Sotoudeh a dit à la Campagne Internationale pour les Droits Humains en Iran que le projet de loi « Pour la protection des promoteurs de la vertu et des adversaires du vice » doit être immédiatement suspendu.
« Disséminer dans la population des individus non-identifiés non-éduqués pour promouvoir la vertu est complètement contraire à la loi, les principes de la loi et le raisonnement de la loi ; et c’est une menace pour la population qui doit être arrêté immédiatement » a dit Nasrine Sotoudeh.
« J’espère que les horribles incidents d’Ispahan serviront de signal d’alarme pour les autorités et pour éliminer ce plan…. Les autorités doivent penser à eux-mêmes : est-ce que leurs propres filles, épouses et sœurs répondront aux critères des « adversaires du vice », sinon, devront-elles en payer le prix ? »
L’agence de presse ISNA a été la première à publier la nouvelle d’une attaque à l’acide le 16 octobre 2014. Dans les rapports qui ont suivi, il est apparu petit-à-petit que les attaques à l’acide avaient commencé plusieurs semaines auparavant. Les médias officiels n’ont, à ce jour, rapporté que quatre attaques à l’acide à Ispahan, mais les rapports officieux laissent penser qu’il y aurait eu jusqu’à onze victimes, dont l’une serait décédée de ses blessures.
Ces jours derniers, le ministre iranien de l’intérieur a demandé dans une lettre au chef de la justice de revoir le « plan de protection des promoteurs de la vertu et des adversaires du vice ». Pourtant, Mohammad Dehghan, membre du bureau du parlement, a dit le 20 octobre : « La révision de ce plan ne peut être stoppée par la lettre d’un cadre. Le gouvernement peut annoncer son accord ou son désaccord avec certains articles et ses motivations pendant une session publique. » Le plan a reçu un accord préliminaire du parlement iranien le 21 octobre, mais il doit encore franchir d’autres étapes de procédures et obtenir l’approbation d’institutions officielles avant d’être promulgué.
Lors d’un récent discours, sur la réponse à donner au problème des mal-voilées, l’imam du vendredi d’Ispahan, Mohammad-Taghi Rahbar a déclaré que la promotion de la vertu et l’opposition au vice doit dépasser le simple avertissement verbal. Quatre jours après que les attaques à l’acide aient été rendues publiques, il a cependant infirmé ses déclarations précédentes et a dit : « Je n’ai pas dit que les avertissements devraient dépasser la notification verbale. »
Bien que dans les premiers rapports la connexion entre les attaques acides et le fait d’être mal-voilée ait été minimisé, dans un reportage sur l’attaque de Soheila Djorkesh, l’une des victimes, le journal Farhikhtegan a écrit le 20 octobre : « les familles des victimes d’Ispahan ont dit qu’avant de jeter l’acide sur leurs victimes, les agresseurs ont dit : ‘nous nous opposons aux mal-voilées’. »
Néanmoins, le porte-parole de la justice, Gholam-Hossein Mohseni-Edjeï, a réfuté tout lien entre les attaques à l’acide et le fait d’être mal-voilée. « Contrairement aux allégations de certains sites Web, rien n’est encore confirmé » a-t-il dit aux journalistes le 20 octobre d’après ISNA.
Abbas-Ali Mansouri-Arani, membre de la commission parlementaire iranienne de la sécurité nationale et de la politique étrangère, a dit que les attaques à l’acide étaient probablement l’œuvre « des espions étrangers ». Il a ajouté : « Certains essaient de créer un lien entre ce problème et les discussions sur le hidjab, la chasteté et devoir religieux de la promotion de la vertu et de l’opposition au vice. C’est exactement ce que fait Daesh en Irak et en Syrie, agir contrairement à la charia pour donner à l’islam un visage violent. »
Radio Farda a cité une source le 16 octobre qui disait que durant les dernières semaines, au moins six jeunes femmes victimes des attaques à l’acide, avaient été hospitalisées à l’hôpital Feiz d’Ispahan. Cette source disait que toutes les six étaient « de belles jeunes-femmes qui ne portaient pas le tchador. »
ISNA a écrit le 16 octobre que des motocyclistes non-identifiés avaient jeté de l’acide sur une jeune femme au volant d’une voiture la veille au soir. C’était en fait le premier article sur les attaques à l’acide publié par une agence de presse gouvernementale.
Cinq jours après la publication des attaques à l’acide, le secrétaire d’état à l’intérieur, Morteza Mir-Bagheri, a prétendu que les attaques à l’acide ne constituaient pas une série, et que, d’après un rapport du gouverneur d’Ispahan « dans toute la province d’Ispahan, il n’existe absolument aucune inquiétude sur les attaques à l’acide » bien que les journaux aient rapporté que les habitants d’Ispahan pensaient que leur sécurité était compromise.
« L’horrible nouvelle des attaques à l’acide d’Ispahan a mis en danger la sécurité des habitants de cette ville. Les femmes et les jeunes filles de cette ville s’occupent maintenant de leur propre sécurité, sortant moins et s’enfermant chez elles » écrit le journal Etemad le 20 octobre, et il ajoute « et celles qui sortent, n’ouvrent les vitres de leurs véhicules qu’avec peur et en tremblant, font ce qu’elles ont à fait à l’extérieur rapidement, pour se confiner dans leurs voitures aux fenêtres fermées. »
La police d’Ispahan avait déclaré plus tôt que les attaques à l’acide étaient le fait d’une seule personne mais les scènes décrites dans les reportages indiquent que deux motocyclistes avaient commis ces attaques. Le secrétaire d’état à l’intérieur a plus tard déclaré que « trois ou quatre suspects »avaient été arrêtés. Il n’expliquait pas davantage pourquoi on ne savait pas exactement s’il y avait trois ou quatre personnes détenues.
L’avocate Farideh Gheriat a dit à la Campagne que le code pénal islamique ne préconisait pas de peine précise pour les attaques à l’acide. « Dans le code pénal islamique, la peine pour les attaques à l’acide n’est pas explicitement définie. Pour déterminer la peine pour ce genre de crime, des lois similaires ont été utilisées ; elles incluent le paiement du diyah (le prix du sang) pour les blessures. Si la victime n’accepte pas le diyah, la peine appliquée sera le talion. Ce qui veut dire que pour chaque partie du corps perdue, la même partie sera retirée du corps du coupable » a dit Gheirat à la Campagne.
Dans une interview avec le journal Farhikhtegan, Bahman Keshavarz, avocat célèbre de Téhéran a dit : « Le cas similaire le plus important est peut-être ce qui s’est passé à Kerman il y a plus de dix ans. Un groupe à Kerman a commis une série de meurtres de personnes qu’ils avaient eux-mêmes choisies pour améliorer l’éthique de la société. Ils ont été condamné suivant la loi du talion et aussi au diyah. »
Source : http://www.iranhumanrights.org/2014/10/sotoudeh-on-acid-attacks/
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