Lors d’une interview avec Rooz, un député iranien a dit que l’Iran et les USA voulaient que les négociations nucléaires en cours aboutissent avant la date butoir du 24 novembre pour pouvoir faire la fête. Ahmad Bakhshayeshi a parlé de « signes » dont il pense qu’ils indiquent que les discussions porteront leurs fruits. Ila aussi dit qu’il croyait que l’Iran était désireux d’avoir des relations avec les USA et que la lettre récente du président américain Barack Obama au guide suprême l’ayatollah Khamenei pourrait être le point de départ à plus de contacts entre ces deux pays éloignés, dans tous les sens du terme.
La dernière session de négociations au niveau ministériel a commencé à Oman de l’autre côté du golfe persique le week-end dernier. Mohammad-Djavad Sharif et John Kerry, ministres des affaires extérieures d’Iran et des USA et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton se sont rencontrés pour discuter des points de blocage et y trouver des solutions.
Quelques jours avant la rencontre, les médias américains ont révélé que Monsieur Obama avait écrit une lettre secrète à Monsieur Khamenei le mois dernier. D’après le Wall Street Journal, cette lettre suggérait la possibilité d’une coopération USA-Iran contre les militants en Irak et en Syrie connus sous le nom d’état islamique. Les officiels des deux capitales n’ont à ce jour fourni aucun des détails de cette lettre.
Rooz a parlé au député Ahmad Bakhshayeshi des nouveaux développements entre les USA et l’Iran, ainsi que du problème nucléaire ; il a dit que cette lettre pouvait n’être « qu’une guerre psychologique que certains médias américains avaient voulu créer juste avant les discussions. Aucun officiel en Iran ou aux USA ne s’est avancé à commenter cette lettre. »
Bakhshayeshi a ensuite avancé plusieurs scénarios possible pour ce qui se passe actuellement : « Par cette lettre, Monsieur Obama essaie de dire que les militants de l’état islamique sont les ennemis de l’Iran et des USA et que donc, si un accord est trouvé sur le nucléaire, une coopération pourrait intervenir contre l’état islamique auto-proclamé, comme l’Iran et l’Irak avaient des intérêts communs en Irak ou en Afghanistan contre les talibans. Cette lettre pourrait être un moyen de pression pour un accord lors des discussions sur le nucléaire, même si c’est l’Iran qui doit faire les concessions les plus importantes. Le deuxième scenario c’est que, sans s’occuper du nucléaire, l’Iran et les USA pourraient coopérer dans d’autres champs d’intérêt commun. Il est vrai que lors de ces 32 dernières années, depuis la révolution, les USA ont tout fait pour renverser l’Iran et ses dirigeants en vain, mais pendant cette période il y a aussi eu des hauts et des bas alors qu’il n’y avait plus aucune relation entre les deux gouvernements. Monsieur Obama a compris que les frappes aériennes contre l’état islamique n’amenaient à rien et que seul l’Iran pouvait libérer l’Irak des islamistes en pénétrant en Irak pour y aider l’armée irakienne à s’organiser. Nous avons ainsi coopérer avec les Américains dans le passé contre les talibans et pour régler certains problèmes en Irak. Mais, tandis que nous coopérions avec les Américains en Afghanistan contre les talibans, ils traitaient l’Iran et le gouvernement Khatami de membres de l’axe du mal. Voici leur remerciement. Le troisième scénario est que Monsieur Obama a fini par comprendre qu’il ne pourra pas détruire la république islamique, qui est un régime fort et un point d’ancrage de stabilité au Moyen-Orient, ce qui est un grand progrès. Il vaudrait donc mieux établir des relations même si l’Arabie Saoudite, Israël tentent de faire pression sur les USA. »
De la même façon qu’Obama a été sévèrement critiqué par certains républicains pour cette lettre, Bakhshayeshi souligne que certains éléments s’opposent à la normalisation des relations ou au moins à des discussions avec les USA en Iran. « En Iran aussi il y a des groupes qui croient que le prestige de l’Iran réside dans son opposition aux USA ou dans son affrontement avec eux, que sa réputation auprès des Syriens, des Libanais, etc… serait entachée si l’Iran changeait de position envers les USA. Ils pensent qu’il ne faudrait pas discuter avec eux. D’autres avancent que même le prophète de l’islam, Mahomet, a envoyé des émissaires dans beaucoup de pays et a continué à le faire même si certains ont été ridiculisés. Au bout de 35 ans, chaque partie prenante de ce conflit a compris qu’il ne pouvait détruire l’autre et qu’il fallait donc établir des relations pour maintenir la stabilité dans la région du golfe persique. Les USA ont compris que l’Iran jouissait d’un solide support logistique militaire. Les Américains ont observé l’Iran et ont vu sa grande influence au Liban, en Syrie, en Irak et sur le Hamas. Les USA n’ont pas pu se débarrasser de Maleki alors que l’Iran y a réussi. L’Iran a maintenant davantage d’influence au Yémen, et cela inquiète l’Arabie Saoudite, et donc aussi les USA.
L’Iran a toujours voulu avoir des relations avec les USA si ceux-ci abandonnaient leurs exigences extrêmes. Il n’a jamais été question d’une lutte sans fin entre l’Iran et les USA. L’Iran veut que ses relations internationales soient reconnues et veut jouer son rôle. Et il ne veut pas payer pour ça. L’ayatollah Khomeiny avait dit lui aussi que les relations entre l’Iran et les USA devaient s’établir sur une base d’égalité et si ceux-ci abandonnaient leurs exigences extrêmes les choses peuvent changer. L’une de ces exigences concerne le nucléaire. Qu’est-ce que cela peut faire aux USA que l’Iran veuille enrichir ou pas ? Pourquoi l’Iran doit-il faire l’objet de sanctions ? Si les USA abandonnent ces demandes extrêmes alors l’Iran seront prêts à établir des relations. Les USA ont compris qu’ils ne pouvaient rien faire à l’Iran. Ils ont incité Saddam à attaquer l’Iran lors d’une guerre qui a duré huit ans, ils ont donné le feu vert au Kurdistan et au Turkménistan pour attaquer notre avion. Et rien n’y a fait. Ils en ont conclu qu’ils devaient avoir des relations avec l’Iran, mais sur des bases d’égalité.
Sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, le président a écrit plusieurs lettres à Obama, qui ne les a pas comprises d’un point de vue diplomatique. A travers ses lettres, Monsieur Obama montre la futilité des politiques précédentes. Si c’est le cas, alors tant mieux. Je pense que les deux devraient coopérer contre l’état islamique. S’il y a eu une lettre, alors je pense qu’ils devraient coopérer contre l’état islamique. Ils ont coopéré dans le passé et il ne s’est rien passé. Ce pourrait être le point de départ à plus de contacts.
Je vois trois signes que les discussions se concluront par un accord : le premier, Monsieur Rouhani désire profondément le succès de ces discussions pour générer plus de contacts économiques et plus d’affaires. Je pense que si cela a lieu, le régime des sanctions tombera et l’Iran deviendra une région propice aux investisseurs internationaux. Monsieur Obama aussi désire profondément laisser un héritage positif sur le sujet pour pouvoir dire qu’il a empêché l’Iran d’avoir des armes nucléaires. Donc tous les deux veulent un arrangement sur ce problème. Le deuxième signe est que Monsieur Ryabkof (représentant russe aux discussions sur le nucléaire) a dit que 98% de l’accord est déjà acquis sur le problème nucléaire. Les 2% restants concernent les détails sur les sanctions et l’enrichissement. Le troisième signe, ce sont les paroles de Monsieur Rafsandjani qui a envoyé un message à Obama et aux Américains : s’ils ne peuvent trouver un accord avec ce gouvernement qui émane de l’élite culturelle, alors avec qui pourront-ils le faire ? »
Il conclut en disant que les deux parties veulent célébrer cet accord, mais que, s’il ne devait pas avoir lieu, les discussions se poursuivraient au-delà du 24 novembre.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2014/november/10/article/obamas-letter-to-khamenei-could-be-a-starting-point-for-more-contacts.html
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