jeudi 6 janvier 2011

Lettre de Gholam Hossein Arashi au procureur de Téhéran depuis la prison d’Evine

A son excellence le procureur de Téhéran,

Je m’appelle Gholam Hossein Arashi, j’ai été arrêté après l’Ashoura 2009 par la police et condamné à 4 ans de prison en première instance, réduits à un an en cour d’appel. Je purge ma peine au bloc 350 de la prison d’Evine depuis 9 mois. Ce qui s’est produit durant l’enquête de police, les interrogatoires et les audiences m’a persuadé de vous écrire. A mes yeux, ces incidents étaient injustes, illégaux et en général, la torture et le harcèlement d’un accusé pour le forcer aux aveux sont contraires à la loi.
Comme des centaines de milliers d’autres citoyens, j’étais dans la rue lors de l’Ashoura de l’année dernière pour participer aux cérémonies de ce jour sacré. J’ai été témoin de la violence de la police anti-émeute à l’encontre des citoyens et en particulier des filles et des femmes ce qui aurait poussé quiconque ayant un semblant de dignité à réagir. Il y a donc eu confrontation entre les citoyens et la police anti-émeute.

Votre excellence,
Le 6 février, j’ai été identifié sur les photos prises lors des confrontations de l’Ashoura publiées sur les sites Naja et Gerdab et 8 officiers de police de Téhéran m’ont arrêté et transféré à leur quartier général. Ceux agents en civil ont commencé à m’interroger après une nuit. Ils m’ont demandé d’avouer être la personne dont la photo avait été publiée sur Gerdab et d’avouer avoir mis le feu à plusieurs véhicules de la police anti-émeute. Je leur ai dit que même si j’étais bien la personne des photos, je n’avais rien à voir avec l’incendie de biens publics et que se basant sur les photos et les vidéos, j’aidais en fait les forces de police entourées de citoyens en colère.
Ceux qui m’interrogeaient ont commencé à me battre, à me maudire ainsi que ma famille et à me menacer de sérieuses représailles si je n’avouais pas avoir mis le feu aux véhicules. Durant le deuxième interrogatoire, j’étais épuisé par les traitements dégradants infligés par ceux qui m’interrogeaient. J’ai fini par nier que j’étais la personne sur les photos. Je leur ai demandé d’arrêter de me maudire et de me battre pour l’amour de Dieu et de ne pas me forcer à faire des aveux erronés. Je leur ai dit que j’assumais la responsabilité de mes actes et que je ne m’étais pas échappé alors que ma photo avait été publiée. Ceux qui m’interrogeaient m’agressaient par la parole et mont dit : « Nous t’aurions trouvé même dans le ventre de ta mère ; c’est nous qui décidons pour toi ici, ce n’est pas Dieu. » Ils m’ont menotté à la chaise et ont commencé à me battre avec un câble au point que les traces m’en sont restées sur les bras et les jambes pendant des mois, ce qui peut être confirmé par mes codétenus. Pour me forcer à avouer quelque chose que je n’avais pas fait, incendier des véhicules de police, ils m’ont étendu les jambes, alors que mes mains étaient liées et ils m’ont frappé les testicules et les ont écrasé. Je hurlais de douleur et ils répondaient à mes cris en me traitant de noms dégradants pour insulter mon honneur.

Votre Excellence,
J’ai été transféré au tribunal de la prison d’Evine pour y être interrogé. Le juge Assadi de la 5ème chambre du tribunal de Téhéran a ignorer les objections que j’ai soulevées pour les tortures dont j’ai été victime et a déclaré : « Vous êtes inculpé de Moharebeh [guerre contre Dieu] et vous savez ce qu’est le châtiment pour ce crime ; néanmoins, nous nous contenterons d’une amende si vous accepter d’avouer l’incendie des véhicules de police. »
Après 10 jours de pressions et de harcèlement de la part de la sécurité, j’ai d’abord été transféré au bloc 240 puis, plus tard, au bloc 350 d’où j’ai pu contacter ma famille et l’informer de ma situation.

Votre Excellence,
En première instance, j’ai été privé de mon droit à avoir un avocat. Le juge présidant la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire, le juge Salavati, m’a condamné à 4 ans de prison pour conspiration en réunion. Il a ignoré mes plaintes disant que mon corps portait encore les marques des blessures causées par les câbles avec lesquels j’avais été battu et que mes testicules en avaient noirci. Durant mon séjour en prison, j’ai été privé de la visite qui est le droit naturel de tout détenu. J’ai des problèmes rénaux depuis ma grève de la faim d’août après mon transfert à l’isolement, mais en dehors des anxiolytiques, j’ai été privé de tout soin médical. Ces 9 derniers mois, mes demandes de visites ont été refusées et les autorités m’ont refusé les visites en prison, les libérations provisoires ou conditionnelles en raison de ma participation à la grève de la faim.

En vous écrivant cette lettre, ma seule intention est d’informer les citoyens de ce pays des mauvais traitements des manifestations post-électoraux par les soi-disant forces de de sécurité et des décisions injustes prises par la justice à l’encontre des manifestants de l’Ashoura et des évènements post-électoraux détenus. Les autres détenus et moi savons pertinemment que personne dans l’institution judiciaire ne s’intéressera à notre sort. Cela nous a été prouvé par votre conduite et celle des autres officiels.

A la fin de ma lettre, je souligne que mon seul crime a été de tenter d’empêcher les autorités de la république islamique d’Iran d’être touchées. Elles affrontaient les conséquences de leurs actions brutales de la part d’une foule en colère. Elles s’en sont sorties avec mon aide et celle d’autres personnes dans mon genre et ont été ultérieurement pardonnées par les bons citoyens de ce pays.  J’ai été condamné à 4 ans de prison probablement pour avoir assisté les autorités de la république islamique d’Iran.

Gholam Hosssein Arashi
Bloc 350 de la prison d’Evine
Source : http://persian2english.com/?p=18472

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