dimanche 19 février 2012

Lettre de Mehdi Khazali à son épouse depuis la prison d'Evine


Au nom de Dieu, le Miséricordieux :

Ma chère épouse, je te salue avec tout mon amour. Je sais combien tu as foi en notre amour ; je sais combien tu désires entendre ma voix. Je sais que tu sais que ce sont  les murmures affectueux de ta voix angélique en moi qui me donnent de l’énergie. Mais ta voix semble fatiguée. Je te trouve fatiguée et troublée ; tu gémissais en me pleurant.

Il est très difficile de voir son épouse et ses enfants en train de faire le deuil de soi-même à cause d’une mort lente qu’on a choisie.

Et maintenant que je t’écris cette lettre, je me suis immergé dans la solitude de mon lit. J’ai tellement pleuré sur tes épreuves que mon oreiller en est trempé et qu’un mouchoir ne suffirait pas à essuyer ces larmes.

C’est un doux sentiment. J’ai demandé à mon voisin d’en dessous de nos lits superposés un morceau de papier pour pouvoir y coucher ces sensations. Il m’a donné tout ce qu’il possédait comme papier et m’a dit : « Ecris tout ce dont tu as envie. » Mais mes larmes ne me le permettront pas, tu en vois les traces sur le papier.

Il est difficile, si difficile de voir son épouse et ses enfants en train de faire le deuil de soi-même à cause d’une mort lente qu’on a choisie et d’être témoin de leur deuil de soi-même.

Il est difficile de te contrôler. Tu ne peux pas supporter leurs peines et leurs tourments sans toi-même ne cesser de pleurer. Mais il faut faire attention ; cet amour et ces larmes ne doivent pas se transformer en obstacle et en entraves.

Mais non, ce sont les mêmes larmes que celles versées pour Saydolshohada (Imam Hossein), que celles versées sur les souffrances de Zeynab Kobra (troisième fille de l’Imam Ali). Elles nettoient le coeur et renforcent la détermination.

Ce genre de larmes ne nous fera pas perdre notre position ou vaciller sur le chemin. C’ est une éruption d’amour pur pour son épouse et ses enfants, ce sont des larmes versées sur les épreuves et les souffrances qu’ils endurent. Beaucoup d’entre eux seront sacrifiés pour Zeinab, que la paix soit sur elle, car ils ne sont pas au-dessus de la famille du prophète.

Mes aimés, mes larmes et vos larmes doivent ressembler à celles versées pour Hossein, le fils d’Ali, que la paix soit sur lui, et ne devraient produire que davantage d’ambition, d’actions et d’efforts pour atteindre notre but. Elles doivent devenir les deux ailes nous permettant de voler pour atteindre celui que nous aimons vraiment.

Nous devons ressembler à une inondation rugissante, déracinant la tyrannie et l’oppression. Alors venez, ne cessons pas de pleurer ensemble ; ces larmes arracheront la tyrannie.

Mehdi Khazali – Prison d’Evine – Bloc 350

Source : http://www.kaleme.com/1390/11/29/klm-91308/

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