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samedi 21 mai 2011

Semaine 20 pour un Iran Libre et Démocratique


Nouvelles des Prisonniers


A-Transferts
  • Fariba Kamalabadi, dirigeante bahaïe, transférée à Evine.
  • Karroubi transféré dans une autre résidence pour que les habitants de son immeuble puissent réintégrer leur domicile
  • Mehdi Mahmoudian transféré de l’isolement au bloc général d’Evine lundi. Il continue sa grève de la faim mais absorbe désormais des liquides.
  • Mohammad Pour Abdollah, journaliste et étudiant, transféré de Ghezel Hessar à Evine.
  • Mahvash Sabet, dirigeante bahaïe, transférée à Evine.
  • Mostafa Salimi Ilouï, Kurde condamné à mort, transféré à l’isolement à la prison de Saqqez mercredi.
B- Arrestations/Incarcérations
  • Mostafa Daneshjou, avocat des derviches Gonabadi arrêté mercredi.
  • La mère des frères Fathi arrêtée lors des obsèques de ses fils ainsi que plusieurs autres personnes.
  • Arash Fazéli, étudiant de l’université Azad d’Arak arrêté.
  • Kazem Kya Pasha, proche de Mashaï, arrêté mercredi.
  • Taghi Rahmani arrêté de nouveau, 2 jours après sa libération et libéré le lendemain.
  • Parivash Satvati, veuve du Docteur Fatemi, arrêtée mercredi.
  • Ayoub Shiri Azerbaïdjani arrêté à Tabriz.
  • Rouhollah ZibaÏ, bahaï, convoqué au tribunal le 11 mai, arrêté et envoyé à Ghezel Hessar.
C- Libérations
  • Fatemeh Karroubi en liberté provisoire.
  • Taghi Rahmani, le journaliste iranien le plus emprisonné, qui a passé plus d’un tiers de sa vie en prison, libéré dimanche sous caution.
  • Davoud Soleymani bénéficie d’une permission de 5 jours.
  • Rouhollah Zibaï, bahaï, libéré sous cauton.
D-Autres Nouvelles 
  • Mehdi Mahmoudian commence une grève de la faim et de la soif.
  • A peine libéré, Nourizad écrit au guide pour demander la libération de tous les prisonniers politiques.
  • Mohammad Rassoulof a de nouveau le droit de quitter le pays.
  • Issa Saharkhiz attaqué par un détenu de droit commun à Radjaï Shahr, un tympan déchiré et il fait la grève de la faim.
  • Larijani déclare mercredi que le rapporteur des Nations Unies aux droits humains est le bienvenu.
Nouvelles de l’injustice en Iran
  • Mahboubeh Karami condamnée à 3 ans de prison
  • Houtan Kian, l’avocat d’Ashtiani condamné à 11 ans de prison.
  • Le verdict du Kurde Habibollah Latifi confirmé par la cour suprême ; l’ordre de l’exécuter a été envoyé
  • En appel, Dorsa Sobhani, condamnée en 1ère instance à un an de prison, écope d’un an avec sursis.
  • Siamak Sohrabi, étudiant de l’université Sharif, condamné à 5 ans avec un sursis de 5 ans.
  • 14 Derviches Gonabadi convoqués pour recevoir leurs 25 coups de fouet chacun.
  • 4 pendaisons pour meurtre jeudi dernier à Yazd, dont 3 en public.
  • 2 exécutions à Ghazvine samedi.
  • Exécution d’une femme accusée de meurtre dans le Mazandaran mercredi dernier.
  • Pendaison d’un violeur à Bandar Abbass.
  • Les frères Fathi pendus pour cambriolage sans mort d’homme mardi à Ispahan.
  • Un ayatollah propose de créer une cour internationale islamique.
  • 5 pendaisons mercredi à Ispahan pour vol à main armée.
L’université  - La culture
  • Le festival de Cannes montrera « Au Revoir » de Rassoulof et « Ceci n’est pas un film » de Panahi. 
  • 13 étudiants expulsés de l’université de Mashhad pour hérésie dimanche.
  • La ministre de la santé interdit aux fumeurs d’étudier la médecine.
  • L’Iran et Cuba associés pour créer Hispan TV.
  • Les artistes et les écrivains créent la maison de la libre expression.
  • Les vestiges archéologiques de Bardak Siah, ancien palais achéménide, risquent d’être détruits. 
L’économie de l’Iran
  • Le parlement enquête sur la main mise des proches du gouvernement sur Iran Khodro.
  • Plusieurs cas de corruption de plusieurs millions de dollars dévoilés durant les luttes intestines au sein du pouvoir.
Les manifestations
  • Les étudiants iraniens invitent  les travailleurs à se joindre à eux pour les manifestations de dimanche.
  • Des escarmouches à Ispahan, des étudiants interdits d’entrée dans certaines universités, des examens annulés à Ghazvine, grève à Mashhad, Sari et Ghaemshahr, cours annulés à l’université du Mazandaran, à Mashhad et Téhéran.
  • Nouvelle manifestation mercredi des ouvriers du textile du Mazandaran.
L’Iran à l’étranger
  • Iran Air ne desservira plus l’Italie après 45 ans de lignes régulières.
  • Le ministre des affaires étrangères est au Koweït lundi.
  • L’Iran construirait des bases de missiles au Venezuela.
  • Aux Etats-Unis, 2 Belges accusés d’avoir exporté des pièces d’hélicoptère en contrebande vers l’Iran.
  • La Russie s’oppose à la participation de l’Iran dans l’organisation de Sahnghaï.
  • Le Koweït et l’Iran échangent de nouveaux des ambassadeurs.
  • La Turquie cède aux pressions américaines et interdit la banque Mellat.
  • Un tribunal américain pourrait inculper l’Iran pour les attentats du 11 septembre.
La politique en Iran
  • Ahmadinejad limoge ses ministres du pétrole, des affaires sociales et de l’industrie et des mines samedi.
  • Ali Laridjani rencontre les ayatollahs Mesbah-Yazdi, Sobhani & Salavati dimanche à Qom.
  • L’équipe de Mashaï accusée d’être en contact avec les USA.
  • Le conseil des gardiens refuse qu’Ahmadinejad serve de ministre du pétrole par intérim.
  • Les forces basidjs se disent prêts à combattre les sectaires du clan Ahmadinejad-Mashaï
Nouvelles en vrac
  • Un Baloutche tué par l’IRGC à Zahedan samedi.
  • 21% d’Iraniens souffrent de troubles mentaux.
  • La moitié du pays sous des nuages de poussière dimanche.
  • Toutes les chaînes étrangères sont illégales ; y faire de la publicité sera considéré comme une infraction.
  • IRNA traîne Keyhan en justice.
Des nouvelles de Nasrine

  • Nasrine n’est pas autorisée à visiter sa mère gravement malade
  • Nastine écrit à son fils (voir plus bas)
Sur le blog cette semaine:






dimanche 15 mai 2011

La solitude d’un journaliste - Fereshteh Ghazi - 11 mai 2011

Devant, un trou, derrière un juge, un homme qui devrait maintenir la justice. Devant, de petites pierres qui viseront le corps, mais derrière, pas de pierres, juste un juge qui devrait être le gardien de la justice ; en fait il vise l’âme, il veut lapider l’âme.

Il saute dans le trou, mais quelqu’un crie : « Attendez, attendez ! Le maître  dit de lui donner une autre semaine, elle parlera peut-être et la lapidation ne sera pas nécessaire… »

Le journaliste revient du lieu de lapidation qui ressemble à tous les lieux d’exécution. Il revient et ce sera son âme et plus son corps, qui sera lapidée.

Pas d’adultère, pas de sodomie ni rien d’autre pour autoriser le juge à le condamner à la lapidation. Mais son âme, son esprit ont commis un crime impardonnable : il est penseur, écrivain, ses armes : un stylo et du papier ; son crime, c’est son intellect et sa profession.

Le journaliste revient ; c’est de nouveau lui et le juge. Il doit s’asseoir face à la camera, une fois de plus, pour prendre part à ce honteux théâtre de la vie, portant le poids des aveux écrits par le juge.

A chaque mot prononcé, c’est un morceau de son âme qu’on lui arrache, c’est le corps lapidant l’âme. Le 2 Khordad [jour où Mohammad Khatami a été élu président en 1997], quand il parcourait les rues de Téhéran en pleurant de bonheur, le bonheur de voir qu’une fois de plus sa patrie s’était soulevée, le 2 Khordad, c’était hier…

En fait, le 2 Khordad, c’était il y a 14 ans.  Et de nouveau, devant, un trou de 6 étages et derrière, un juge, un juge qui a lapidé l’âme du journaliste tout au long de dix années, en arrachant à chaque fois un petit bout. Pendant tout ce temps, le journaliste est resté en vie dans l’espoir de peut-être un jour revoir ses enfants.

Maintenant le journaliste continue son voyage. Il est fatigué de la captivité, et, cette fois, il court vers le trou et lui donne son corps pour échapper à la lente lapidation de son âme….

L’histoire de Siamak Pourzand, c’est l’histoire de la solitude des journalistes iraniens, des journalistes qui expriment la douleur de leur peuple et qui n’ont personne pour exprimer la leur propre. Il est parti, il a libéré son âme ; mais son départ ne se contente pas de révéler la cruauté du gouvernement, c’est une larme amère sur mon sort et le nôtre. Moi, nous, nous occupons à raconter des histories sur sa grandeur, sur ce qu’il a réussi, maintenant qu’il n’est plus parmi nous ; mais lorsqu’il était captif, nous avions oublié le vieil homme et les larmes de son épouse et de ses filles.

Voilà la triste histoire de tous les journalistes iraniens ; l’histoire de Jila Bani Yaghoub, interdite de journalisme pendant 30 ans, d'Ahmad Zeidabadi interdit à vie ; l’emprisonnement de Bahman Ahmadi-Amoui, d'Issa Saharkhiz, de Massoud Bastani, d'Ahmad Zeidabadi de nouveau, et de tous les autres journalistes dont les seuls crimes sont de penser et d’écrire et la seule arme un stylo.

Mais l’histoire de ce juge est différente. Siamak Pourzand a été sa victime la plus importante , mais pas la seule. Le juge Djaffar Saberi Zafarghandi a présidé mon procès et les procès de nombreux autres journalistes et bloggeurs.

Le juge n’a qu’une arme, mais il sait combien cette arme, la peur de la lapidation, intimide et effraie le corps et l’âme. Ma robe de mariée pendue dans un coin de la pièce, le juge hurlait qu’il me condamnerait à être lapidée.

J’ai fait la grève de la faim. En grève de la faim on me permettrait peut-être de téléphoner à ma mère, même pendant une seconde.  On me dit que le juge arrive. Dans mon monde naïf, je suis heureuse de pouvoir enfin lui parler de mes droits qui ont été violés. Ses hurlements se sont déversés sur ma tête comme une poubelle : « Grève de la faim ? Alors tu es professionnelle ! On va te montrer ce qu’on fait des professionnels… Je vais faire venir quatre témoins et signer moi-même l’ordre de te lapider… »

De nouveau, Djaffar Saberi Zafarghandi et devant lui, un journaliste, de nouveau.

Lors des préparatifs de mon mariage, j’ai été convoquée au bureau du juge où j’ai été arrêtée. J’ai passé le jour de mon mariage en prison, dans le même centre de détention secret de la rue Ketabi où Siamak Pourzand était passé quelques jours avant moi. Ce sont les mêmes personnes qui mènent les interrogatoires ; ils ont été renvoyés du ministère du renseignement par le gouvernement réformateur après le scandale des meurtres en chaîne ; ils interrogeaient les journalistes, les intellectuels et les prisonniers politiques sous la direction du juge Saberi Zafarghandi et du procureur général de Téhéran de l’époque, le juge Mortazavi. L’organisation secrète du renseignement opère en parallèle du ministère du renseignement. Pourquoi la police n’aurait-elle pas sa propre organisation parallèle de renseignement alors que les gardes révolutionnaires et le bureau du guide suprême ont les leurs ?

Combien d’histoires sont enterrées dans ce centre de détention, mon histoire, celle de Saberi Zafarghandi, la mienne, la nôtre et celles de ces autres, qui y ont laissé des morceaux de leurs cœurs et de leurs âmes….

Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2011/may/11/article/a-journalists-solitude.html

dimanche 1 mai 2011

La mort dans les rues d’Utrecht – Azadeh Pourzand


Lettre à mon père bien-aimé, Siamak Pourzand, dont le cœur précieux a cessé de battre ce soir à Téhéran dans une torture de solitude que les dirigeants actuels de l’Iran lui avaient imposée.

Assise dans un café avec mon ami, prenant un pot à Utrecht par une après-midi ensoleillée, le téléphone sonne et le cauchemar devient réalité ;  j’entends ma sœur sangloter et hurler, « Papa est enfin libre maintenant. Il n’est plus à leur merci. Il est mort, mon amour. » Je hurle, je pleure, tout tourne dans ma tête. Mon ami me regarde, incrédule. Tout d’un coup, ce beau pays qu’est la Hollande me devient un enfer. Je meurs. Je ferme les yeux, je me prends la tête à deux mains et je veux mourir. Mais je reste vivante parce que tu es devenu un « héritage ». Tout d’un coup, les forces me reviennent, j’ouvre les yeux, je regarde le monde courageusement et je décide de ne pas le laisser mourir. Je commence à trembler et à sangloter. Mon esprit bat la campagne. Les années sont des secondes et ma vie avec lui commence à me défiler devant les yeux comme dans un film chaotique. Et c’est ainsi que tout finit : par une après-midi paresseuse à Utrecht, sous le soleil.

Je suis pleine de haine, de colère, j’ai un épuisant désir de revanche. Mais je sais que je ne me vengerai pas. Il n’est pas dans notre nature de leur faire, à eux et à leurs familles, ce qu’ils nous ont fait. Ou peut-être dis-je que la vengeance n’est pas dans ma nature pour soulager mon impuissance. Je n’ai pu que le regarder souffrir. En fait, on ne m’a même pas laissée le regarder souffrir. Il m’a fallu imaginer sa souffrance. C’était là tout mon droit, au nom d’Allah. Oh, Allah, si seulement tu étais aussi cruel qu’ils te font paraître…

Je ne sais même pas où son corps repose ce soir. Je suis assise dans un bois en Hollande, je veux aller en Iran pour au moins serrer son corps fragile et entendre ma famille et mes amis m’interdire de me rendre en Iran. Ils me disent que je ne pourrai même pas serrer son corps dans mes bras. Apparemment, serrer le corps de son père est aussi contraire aux valeurs islamiques.

Voilà comment fonctionne la planète Terre. Ce sera la première nuit où je ne penserai pas à lui avant de me coucher. Je souhaiterais que mes insomnies rendent vie à ses yeux. Mais il est parti, pour toujours. J’avais enregistré 20 heures de conversations téléphoniques il y a trois ans. Il me racontait son enfance et  sa jeunesse. Je vais appuyer sur le bouton marche, pour que ses mots et sa voix apaisent mon âme perturbée et qu’il me mette au lit, me chantant des berceuses  comme il l’a fait tous les soirs pendant des années.

Je t’aime, papa. Tu ne mourras jamais. Tu fais partie de moi. Ils ont fini par te tuer. Mais je garderai précieusement ton héritage vivant dans ce monde. C’est la promesse la plus importante que je n’ai jamais faite de ma vie. Tu vivras, je te le promets. Tu seras plus vivant que jamais.

Je ne peux m’arrêter de pleurer. Mais je sais que tu viendras, enfin, volant jusqu’à moi, pour sécher mes larmes de tes mains invisibles ; exactement comme il y a 5 ans, quand la république islamique m’avait laissée venir jusqu’à toi et ce pour 10 jours. Souviens-toi ! La première nuit, j’ai posé la tête sur tes genoux et tu l’as caressée toute la nuit tandis que je j'évacuais par mes larmes toutes ces années où je te savais à leur merci, dans leurs prisons clandestines. Tu savais, je le savais aussi, que c’était la dernière fois que nous nous voyions. Mais nous avons fait semblant de croire que les choses changeraient. Rien n’a changé. Mais maintenant, elles vont changer. Maintenant qu’enfin tu as volé jusqu’à moi.


Je n’oublierai jamais ce qu’ils t’ont fait. Je n’oublierai jamais les tortures qu’ils t’ont infligées de leurs mains dégoûtantes. C’est une promesse ! Je ne permettrai pas au monde d’oublier.


Source: http://www.payvand.com/news/11/apr/1284.html