17 juin 2011
Je suis prête! Que le procès commence !
Qu’il se tienne en place publique; que les hérauts annoncent que Majnoun [l’amoureux fou] a hélas avoué son crime !
Oui, je veux pour en finir, crier haut et fort ce que j’ai avoué à plusieurs reprises à ceux qui m’interrogeaient dans les chambres de torture de l’isolement : « Je l’aime… Je l’aime…. Oui, je suis coupable d’amour… »
…Et quel grand crime que l’amour pur, pour le culte trompeur des idoles…
Oui, j’avoue que je suis coupable. Je suis coupable d’avoir donné mon cœur sans conditions à un homme au mois de février, alors que j’avais 17 ans, un homme dont la présence suscitera l’honnêteté et la foi dans les générations futures.
Je suis coupable d’avoir choisi un homme honnête et épris de liberté ; je n’ai jamais compris la raison de tant de haine et d’injustice à son encontre, lui qui symbolise la persévérance et la patience.
Je suis coupable ! Vous m’entendez ? Je suis coupable, dis-je aux habitants de cette ville, qui s’arrêtent quelques instants sur cette place animée pour regarder le « procès de l’amour », pour que vous accompagniez ceux qui jettent des pierres sur un torse, le torse d’une femme qui, jusqu’à hier, était le cœur d’une famille qui avait deux mères, la sienne propre et sa belle-mère. Elle traîne maintenant son corps épuisé à midi jusqu’à une maison privée de lumière pour offrir son amour maternel à une fille couchée sur cette terre honorable. Maintenant, ces trois mères regardent ce procès historique et les futures mères tireront les leçons des souffrances d’une mère, de la persécution d’une épouse et de l’injustice faite à une enfant.
Que chacun sache que je suis coupable. Dites-le à ceux qui nous succèderont dans ce tribunal de l’amour, ils jugent une femme dont le cœur mélancolique ne connaissait que la fidélité et ne pouvait supporter le fardeau de la séparation. Peut-être demain, de jeunes enfants inscriront leurs noms sur des cerfs-volants planant dans le ciel et ne cherchant plus les créatures célestes. Les noms de ceux qui sourient du haut du ciel à ceux restés sur terre, les noms de ceux qui viennent vers nous chaque nuit éclairée de lune, ouvrant leurs bras aimants à nous sur terre, nous saluant généreusement, les noms de ceux…
Que le procès commence ! Emmenez-moi dans mon costume de pèlerinage à la Mecque ; emmenez-moi dans mon voile blanc à fleurs pourpres et mes pantoufles en plastique blanc ; emmenez-moi dans la belle tenue de prisonnière qu’il a approuvé lorsqu’il m’a vue pour la dernière fois quitter la prison.
Que le procès commence ! Madjnoun est hélas prêt à avouer… et quel spectacle que l’amour traîné en justice…
Source: Fakhri Mohtashamipour's Blog http://mohtashamipour2.persianblog.ir/post/33/
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