A l’approche du 1er mai, journée internationale du travail et tandis que des mouvements agitent le monde du travail en Iran, des groupes de travailleurs ont annoncé qu’ils voulaient organiser des manifestations ce jour-là et, qu’en absence d’autorisation de manifester, ils lanceraient des manifestations « spontanées ». Le ministre du travail a discuté les demandes d’autorisation de manifester lors d’une réunion et les officiels ont déclaré que le problème « était discuté ».
Les travailleurs ont dit qu’ils voulaient évoquer leurs conditions de vie actuelles pendant les manifestations. Alireza Mahdjoub, secrétaire général de Khane Kargar (la maison de l’ouvrier) a déclaré hier à l’agence de presse ILNA spécialisée dans le travail : « Si le ministre de l’intérieur n’autorise pas la manifestation de la journée du travail, les travailleurs se rassembleront pour montrer leur soutien à la production nationale et leur opposition aux produits étrangers dans la maison de l’ouvrier. »
L’organisation représentée par Mahdjoub a prêté le flanc à la critique des organisations de travailleurs indépendantes ou affiliées en raison de ce qu’elles appellent sa collaboration avec les conservateurs et son opposition aux syndicats indépendants. « Ce que les travailleurs demandent le plus cette année au gouvernement, c’est la fin de la limitation de la production nationale au profit de la hausse des importations. C’est ce qui se passe en dépit des déclarations du guide suprême sur les mesures efficaces contre les importations. »
Les remarques conservatrices de Mahdjoub sur les rassemblements de la journée internationale du travail ont suscité des remarques négatives sur Facebook et Twitter et beaucoup de militants des droits des travailleurs ont critiqué son « conservatisme et ses flatteries de l’ayatollah Khamenei ». Suivant ILNA, ces remarques de Mahdjoub, qui ne s’est pas joint aux manifestations d’après les élections de 2009, ont poussé Ali Akbar Eyvasi, membre du comité de direction du conseil islamique des travailleurs de la province de Téhéran, à prendre une position différente de celle de Mahdjoub, et à parler de « manifestations spontanées » pour s’opposer à l’appel au rassemblement dans la maison de l’ouvrier.
« En ne permettant pas les manifestations les années précédentes, le gouvernement ne s’est pas conformé à ses obligations définies par l’organisation internationale du travail : si elles ne sont pas autorisées cette année encore, alors l’OIT interviendra. Certains au gouvernement empêchent la tenue de manifestations lors de la journée internationale du travail même si l’article 27 de la constitution indique que le ministère de l’intérieur doit les autoriser. Si le ministère du travail n’autorise pas les manifestations, les travailleurs défileront spontanément comme autorisé par l’article 27 de la constitution. »
Abdollah Mokhtari, aussi membre du comité de direction du conseil islamique des travailleurs de la région de Téhéran exprime la même chose : « L’article 27 de la constitution oblige le gouvernement à autoriser le rassemblement et le défilé des travailleurs. Non seulement les travailleurs n’ont pas besoin d’autorisation pour manifester lors de la journée du travail, mais ils peuvent également le faire n’importe quel jour dans tout le pays pour exprimer leurs exigences professionnelles et les obstacles créés par le gouvernement sont illégaux » dit-il.
Rasta Ali Rastgou, militant syndical de Shiraz, a déclaré à l’agence de presse ILNA : « La voix des travailleurs qui ont perdu leur emploi à cause de la politique économique du gouvernement doit être entendue pendant les manifestations de la journée internationale du travail. Le ministère du travail doit prêter attention à la revendication des travailleurs et autoriser le défilé. »
Le site Tabnak a également écrit sur le sujet sous le titre « Pourquoi les travailleurs n’ont pas le droit de manifester », où il défend la nécessité de cette action. « Il ne s’agit pas seulement d’un principe qui est un droit, c’est aussi nécessaire pour l’accomplissement politico social. Nous ne devons pas refuser de nous y intéresser du point de vue politique alors que le peuple a une chance unique d’améliorer ses conditions de vie. C’est l’exemple même du soutien au bien pour refuser le mal. La constitution de notre pays s’y est aussi intéressée. »
Le gouvernement n’a pas donné son autorisation depuis cinq ans. L’année dernière, il avait annoncé qu’il autoriserait les manifestations si elles avaient lieu dans le désert autour du cimetière de Behesht Zahra, à l’extérieur de Téhéran. Les travailleurs ont rejeté cette condition.
Cette année, le ministère de l’intérieur a déclaré jusqu’à présent « examiner la demande ».
Suivant l’agence de presse officielle Mehr, le ministre du travail, Mostafa Nadjar a dit que si un groupe annonçait son intention de manifester, ce point serait discuté par le comité de l’article 10 et qu’il annoncerait sa décision.
L’agence de presse étudiante ISNA rapporte également que Seyyed Mohammad Ali Pourmoussavi aurait déclaré : « On examine la demande d’autorisation de manifester lors de la journée internationale du travail. La demande a été transférée au ministère de l’intérieur. C’est la municipalité de Téhéran qui connaît les détails. »
Moins d’une semaine avant le 1er mai, on ne sait toujours pas si l’administration de Téhéran, affaiblie changera son attitude passée ou persistera à refuser l’autorisation demandée.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2012/april/25/article/spontaneous-demonstration-on-international-labor-day.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire