mardi 24 juin 2014

Lettre des professeurs bahaïs incarcérés à la prison de Radjaï-Shahr aux intellectuels du pays

Professeurs, étudiants et amoureux du savoir,

Vous intellectuels, érudits et amoureux du savoir, connaissez la place de la science et du savoir dans la découverte des relations, la consolidation des bases de la société, le progrès culturel et l’amélioration de l’humanité. Dans le monde de l’humanité, il n’existe pas d’attribut plus haut que la science, pas de service plus honorable que l’éducation ou la promotion de la diffusion du savoir humain, vous serez d’accord, nous en sommes sûrs, et, au cours de l’histoire, la généralisation de l’éducation a été vantée par de nombreuses nations.

Actuellement, dans cette ère éclairée par la science et le savoir, quand les efforts des géants de ces domaines illuminent la terre et conquièrent l’univers, un groupe est emprisonné pour avoir éduqué la jeunesse de ce pays. Nous, signataires de cette lettre, sommes emprisonnés pour avoir prodigué des cours universitaires et avoir collaboré avec l’Institut Bahaï d’Education Supérieure (BIHE) ; plus qu’à aucun autre moment, nous sommes choqués de l’injustice et de la discrimination qui nous frappent.

Il y a trois ans, le 22 mai 2011, de manière concertée, plus de 35 endroits différents dans des villes différentes ont été attaqués par les agents du gouvernement, et plusieurs dirigeants du BIHE, des professeurs et des consultants ont été arrêtés et accusés d’avoir enseigné dans cet institut et d’y avoir collaboré ; ils ont été condamnés à de longues peines de prison. Actuellement, dix de ces éducateurs purgent leurs peines à la prison de Radjaï-Shahr et trois sont emprisonnées dans la section féminine de la prison d’Evine ; les autres attendent d’être convoqués pour purger leurs peines ou le verdict du tribunal.

Le BIHE a été fondé il y a 27 ans en 1987 pour répondre à l’exclusion des bahaïs de l’université pour que le feu du savoir ne s’éteigne pas dans les cœurs de ces jeunes défavorisés.

Et ceci alors que la Déclaration Universelle des Droits Humains reconnaît le droit à l’éducation comme droit fondamental de tous les êtres humains et que la Constitution de la république islamique d’Iran interdit explicitement de priver quelqu’un de ses droits à cause de la religion et reconnaît l’éducation comme le droit de tout Iranien. Il est quand même surprenant qu’en dépit de toutes les stipulations des lois tant nationales qu’internationales, ce droit fondamental à l’éducation des bahaïs est toujours violé et toute tentative de les éduquer rencontre des obstacles énormes.

Les questions fondamentales sont : « La discrimination et l’exclusion d’un groupe de citoyens iraniens de l’éducation supérieure vont-elles aider notre pays bien-aimé à se développer ? Vont-elles accroître le savoir humain ? Cette discrimination va-t-elle résoudre les problèmes économiques et culturels de notre société ? Est-elle source de fierté et de gloire pour l’Iran ? A-t-elle distingué l’Iran sur la scène internationale ? »

Vous serez sûrement d’accord : la science et le savoir, comme le soleil et la pluie, sont des privilèges universels et des dons divins qui devraient être également disponibles au noble comme au roturier et nous nous demandons pourquoi la pluie de la miséricorde et le soleil de la gloire devraient être octroyés à un groupe de privilégiés et refusés à un autre groupe.

Et donc, si l’on vous demande d’enseigner et d’éduquer ceux qui en ont besoin, vous ne refuserez sûrement pas, vous ne garderez pas votre savoir pour vous seuls et un groupe spécifique.

Croyez-vous qu’il soit juste que des personnes complètement privées de l’égalité des chances et de facilités font tout ce qu’ils peuvent pour entrer dans la science et le savoir pour éduquer les jeunes pour le progrès et l’honneur de ce pays, ils soient dépossédés, interdits et condamnés à ce point pour avoir éduqué et enseigné ?

En tant que serviteurs du mouvement scientifique et universitaire, nous croyons que vous, épris de science et de savoir, estimez aussi la noblesse humaine et l’honneur scientifique et que vous nous considérez pas la discrimination et l’injustice comme licite. Nous espérons que vous, compatriotes bien-aimés, cheminerez en harmonie avec nous pour planter la pure graine du savoir dans le cœur de nos enfants et pour ranimer la flamme du désir ardent de l’éducation en leurs âmes, pour montrer par nos actes que l’Iran est resté le berceau de la civilisation et de la science qu’il était dans les anciens temps.

Sur la scène de la science et de l’éducation, nous avons tous des responsabilités, vous qui vivez librement et ceux d’entre nous qui sommes en prison. Pour honorer le savoir, nous demandons qu’en protestant contre la discrimination et l’injustice, vous, les intellectuels, puissiez créer les conditions nécessaires pour que tous les membres de la société aient droit à l’éducation et à l’égalité des chances, tous quelles que soient leur ethnie, leur race, leur religion et leurs convictions.

Prison de Radjaï Shahr

Mahmoud Badavam - Kamran Rahimian - Keyvan Rahimian – Riazollah Sobhani – Farhad Sedighi – Kamran Mortezaï – Foad Moghadam – Shahin Negari

Source : http://www.irangreenvoice.com/article/2014/jun/12/44119

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