Le barreau de Téhéran a donné l’autorisation à Nasrine Sotoudeh de reprendre ses activités. Elle défend des dossiers de bahaïs, de prisonniers politiques et de mineurs.
L’attitude de l’Iran vis-à-vis des bahaïs est l’un des sujets les plus sensibles du pays. Comme leur religion a été fondée après l’Islam, ils sont considérés comme membres d’une « secte déviante ». Les bahaïs occupaient des postes de premier plan sous le shah et leur quartier général est situé à Haïfa en Israël, ce qui nourrit les suspicions du régime. D’après un rapport de l’ONU sur les droits humains en Iran, 136 bahaïs étaient emprisonnés fin janvier.
Il y avait dix bahaïes à la section 290 d’Evine avec Nasrine Sotoudeh. « Je suis devenue amie avec l’une d’elles, Mahvash Shariari » dit-elle.
Mahvash Shariari et l’une des sept dirigeants bahaïs condamnés à huit ans de prison en 2008. On lui avait interdit d’enseigner depuis la révolution. « Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à lire et à discuter des livres, dont l’un sur la réforme protestante. »
Les intellectuels réformateurs croient que l’islam révolutionnaire d’Iran est prêt à être réformé.
Elever la voix
Des signes montrent que la proscription dont souffrent les bahaïs pourrait craquer. Avant sa mort en 2009, le grand ayatollah Hossein-Ali Montazéri a publié une déclaration disant que les bahaïs avaient « droit à la citoyenneté et à la vie dans ce pays. » D’autres personnalités de premier plan ont élevé la voix contre leur persécution, dont l’ayatollah Abdol-Hamid Massoumi-Téhérani. Le mois dernier, il a rejoint Nasrine Sotoudeh et d’autres pour commémorer le sixième anniversaire de l’arrestation des dirigeants bahaïs.
« L’élection du président Rouhani a un peu libéré la société iranienne. D’autre part, le nombre d’exécutions est monté en flèche. La justice est encore entre les mains des durs et ils veulent montrer leur puissance. »
20 prisonniers politiques ont été libérés en même temps que Nasrine Sotoudeh. Mais on en a arrêté d’autres. Lors d’une conférence de presse, le 14 juin, Rouhani a promis de s’intéresser à l’arrestation de Sabah Azar-Peyk, journaliste indépendante qui couvrait le parlement.
« Personne ne sait pourquoi elle a été arrêtée parce qu’elle est à la section 209 et il est très difficile de faire sortir des informations de cette section » dit Nasrine Sotoudeh.
« Propagande » en ligne
Une autre journaliste, Maryam Shafipour, a été condamnée en mars à sept ans de prison et deux ans d’interdiction d’accès à Internet. Elle avait utilisé internet pour « diffuser de la propagande contre le régime » et avait participé aux manifestations qui avaient suivi l’élection présidentielle contestée de 2009.
Dans le bureau de Nasrine Sotoudeh, il y a une statue de déesse en bronze tenant la balance de la justice. C’est un cadeau d’un des signataires d’une pétition demandant la fin de la discrimination des sexes dont la plupart ont été arrêtés en 2007. Nasrine Sotoudeh les a défendus.
Nasrine Sotoudeh ignore les comparaisons avec la lauréate du prix Nobel Shirine Ebadi. « Tout ce que je veux, c’est la fin des arrestations. Ce n’est pas encore arrivé. Je veux des procès justes et la fin de la peine capitale. Et ça non plus, ce n’est pas arrivé. »
Source : http://www.irishtimes.com/news/world/middle-east/nasrin-sotoudeh-the-only-thing-i-want-is-to-put-an-end-to-arrests-1.1838730?page=2
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire