L’ancien premier ministre iranien Mir-Hossein Moussavi a dénommé l’année iranienne 1389 (qui vient de s’achever le 20 mars 2011) l’année de « la résistance et de la persévérance pour les exigences justes et légales de la nation iranienne » ; ce fut en fait une année de répression brutale et de résistance du peuple. Les dirigeants du Mouvement Vert, qui avaient commencé l’année en soulignant des exigences du peuple, l’ont finie en prison.
L’année avait commencé par le message de ces dirigeants mais s’est achevée par celui de leurs enfants.
Moussavi et son épouse Zahra Rahnavard avait prévu que 1389 serait une année à problèmes et l’avait acceptée comme telle tandis que Mehdi Karroubi, un autre dirigeant du Mouvement Vert ne la considérait pas comme bonne et avait annoncé : « Nous nous opposons à un régime qui est aussi petit qu’un bateau. »
Il y a environ 365 jours, ces dirigeants proclamaient qu’abandonner les exigences du peuple serait trahir sa cause, l’Islam et le sang des martyrs et avaient averti : « Nous devons pas, par peur, refuser les exigences du peuple. »
Ils ont tenu bon et 1389 s’est révélé l’année où ils ont fermement soutenu les manifestations populaires qui avaient commencé par protester contre les élections présidentielles nulles de juin 2009 ; sous la répression du régime, elles ont visé le dirigeant de la république islamique et exigé le « départ du dictateur ». Alors, 1389 s’est terminé par l’envoi de messages des enfants de Moussavi et Karroubi, rappelant au peuple et à ceux qui les soutiennent que leurs parents avaient été aux côtés du peuple durant cette année, même après leurs arrestations.
Même si cette année a commencé par des arrestations en masse de militants politiques, des médias, ou civiques, elle a été émaillée d’exécutions, d’interrogatoires horribles durant lesquels ceux qui interrogeaient énonçaient des peine de prison, jouant le rôle de juges.
L’année a commencé par la peine de mort pour cinq membres d’une même famille. La peine de mort de Motahereh Bahrami, Reyhaneh Hadj Ebrahimi et Hadi Ghaemi a été réduite à 19 ans de prison en exil à la prison Radjaï Shahr de Karadj, mais la peine de mort de deux autres membres de cette famille, Ahmad et Mohsen Daneshpour Moghadam a été confirmée. Ce père et son fils, de même qu’ Abdol-Réza Ghanbari, un enseignant arrêté, risquent toujours d’être exécutés.
En Ordibehesht, le deuxième mois de 1389, 5 prisonniers politiques ont été exécutés secrètement, ce qui a choqué l’Iran et le monde quand Farzad Kamangar, un instituteur kurde, Shirin Alam Houi, Ali Heydarian, Farhad Vakili et Mehdi Eslamian nous ont quittés. Ce fut le début d’autres exécutions secrètes. Les parents et les membres de la famille de ces prisonniers n’avaient pas le droit d’organiser des cérémonies de deuil ou de souvenir et les corps ne leur étaient pas rendus. Certains membres de ces familles ont même été arrêtés.
Djafar Kazémi, Mohammad Hadj Aghayari, Hossein Khazri et Zahra Bahrami ont également été secrètement exécutés, leurs familles ne les ont pas vus ; elles n’ont même pas vu leurs corps après leurs disparitions et leurs exécutions. Selon son épouse, Saïd Malekpour de même que Hamid Ghassemishal risquent d’être exécutés. Leur peine de mort a été une fois suspendue.
Zeinab Djalalian, Habibollah Golparipour, Zonyar et Loghman Moradi, Habibollah Latifi, Shirkou Moarefi et d’autres prisonniers politiques ont été condamnés à mort et attendent. La peine de mort de Habibollah Latifi et Shirkou Moarefi a été suspendue une fois auparavant, mais on ne peut savoir si cela se reproduira.
Mais les prisonniers politiques n’ont pas été les seuls à être exécutés secrètement l’année dernière. Beaucoup de prisonniers de droit commun, en particulier à Mashhad ont également été exécutés en secret.
Comme les années précédentes, en 1389 « les agissements contre la sécurité nationale, l’espionnage, la lutte contre Dieu, la propagande contre le régime, la manipulation de l’opinion publique, la publication de mensonges, la création de suspicion, la fraude aux élections, le trouble à l’ordre public par le chaos, » etc… ont été les accusations portées contre la plupart des prisonniers condamnés à de lourdes peines.
En 1389, le personnel des ambassades étrangères, les journalistes, les militants des droits civiques, les juges, les militants de médias, dont certaines personnalités de premier plan au sein du régime et même certains fondateurs de la république islamique ont été arrêtés et certains comme Mostafa Tadjzadeh et son épouse Fakhrolsadat Mohtashamipour sont toujours en détention.
La plupart de ces prisonniers sont encore privés de leurs droits de prisonniers : interdiction des visites, des appels téléphoniques, etc… Mais leurs lettres et leurs messages, quand ils ont pu sortir des murs de la prison, ont confirmé leur persévérance et leur résistance contre la cruauté carcérale.
Certains comme Tadjzadeh, Mohammad Nourizadeh, Madjid Tavakoli, Bahareh Hedayat, Issa Saharkhiz, ont écrit des lettres ouvertes expliquant ce qui se passait derrière les barreaux.
Les verdicts les plus cruels ont peut-être été prononcés à l’encontre de Djaafar Panahi, Nasrine Sotoudeh, Jila Bani Yaghoub, Ahmadi Zeidabadi, Emad Bahavar, Hossein Ronaghi Maleki et Hossein Derakhshan, ces deux derniers condamnés respectivement à 15 et 19 ans de prison.
Cette année on a de nouveau utilisé « les maisons de sécurité », qui sont en fait des centres secrets de détention, à l’encontre des militants politiques.
En 1389, les officiels du régime avaient même peur des pierres tombales de ceux qu’ils avaient exécuté ; ils n’annonçaient donc plus l’endroit de la sépulture de beaucoup d’exécutés aux membres de leurs familles.
Ces atrocités étaient tellement flagrantes qu’on a fermé la prison de Kahrizak. Ce fut le lieu de meurtres brutaux, de viol et de torture de prisonniers.
Même les mères des prisonniers n’ont pas été à l’abri des arrestations et des incarcérations. Les mères de Saïd Zeynali et Hessam Tarmessi ont été arrêtées en cherchant à s’enquérir du sort de leurs enfants emprisonnés. Ces deux mères ont fini par être relâchées sous caution mais Hakimeh Shokri et Néda Mostaghimi, deux autres mères, ont été arrêtées et accusées d’espionnage et d’agissements contre la sécurité nationale.
Ce fut aussi l’année ou le peuple d’Iran est sorti dans la rue pour traiter le dirigeant de la république islamique de dictateur et pour annoncer que lui aussi subirait le même sort que Mubarak en Egypte et Ben Ali en Tunisie.
Source: http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2011/march/20/article/365-days-of-suppression-and-resistance.html
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