lundi 7 mars 2011

Lettre des Mères du Parc Laleh aux Mères Tunisiennes et Egyptiennes

 Debout, main dans la main de nos enfants, la victoire sera nôtre  

En ce moment, où que nous regardions, nous ne voyons que les raisins embrasés de la colère, le trône, les puissances de pouvoir et d’argent qui pillent nos richesses. En ce moment, nous prenons le chemin de la maison, nos yeux de mères inquiets, errant dans les rues de la révolte pour un jour embrasser nos enfants à l’heure de la célébration heureuse de la victoire, aux côtés de nos enfants dans les rues et les avenues. C’est un chemin difficile et douloureux ; s’il ne l’était pas, si nos yeux n’erraient pas, nous ne serions pas « les Mères en Deuil d’Iran », en recherche perpétuelle, sans soutien, ne sachant où aller après avoir vu le cadavre de nos enfants ; nos pleurs, notre atterrement, les sanglots arrachés à nos gorges atteindront le bout du monde.  

Chères Mères,  

Voici venu le temps d’accepter notre compassion, notre douleur profonde et notre amour infini ; il faut que vous sachiez que lorsque les « mères en deuil » ont allumé le monde de leur souffrance, elles ont reçu en retour la douleur et la souffrance du monde entier. Nous savions que ces flammes brûlantes dataient de vingt et quelques années que les politiques mondiales «autoproclamés maîtres du monde » les avaient provoquées et que Mohammad avait éclairé le monde en se sacrifiant par le feu. Mohammad cherchait du travail et du pain ; il était le seul à nourrir sa famille ; de la même façon, en Iran, il faut subir les pressions et l’oppression pour gagner le pain de la famille et parfois, se faire tuer et les yeux des mères et des enfants restent fixés sur la route. Maintenant, le plaisir de la victoire, a adouci vos peines mais nous savons combien l’amertume de la perte d’un enfant est génératrice de force. Ben Ali et les êtres chéris sont partis, aucun retour n’est possible mais quel beau départ pour la liberté des autres parce que vous portez aux autres de douces nouvelles. L’annonce qu’il ne leur faudra pas partager l’expérience amère du passé. Nous appelons à une solidarité profonde et mondiale des mères; les douleurs communes hurlées, le giron aimant des mères construiront un monde différent que seul les mères et leur amour sauront préserver ; elles deviendront les gardiennes de l’amitié et de l’amour dans le monde entier. Venez, devenons les mères de tous les enfants du monde ; promettons la paix, la tranquillité et la liberté ; nous les mères en deuil d’Iran (les mères du parc Laleh) nous espérons que le jour viendra où, dans notre pays aussi, la joie, la victoire, adouciront la douleur écrasante de la perte d’un enfant ; nous espérons que le temps viendra de la liberté pour les prisonniers politiques et d’opinion, l’heure de l’abrogation de la torture, des exécutions et des lapidations ; un temps pour la condamnation de tous ceux qui ont ordonné ou commis les crimes de ces trente-deux dernières années devant des tribunaux populaires ; alors, il n’y aura plus de secrets, plus d’endroit où se cacher impunément pour que, nous aussi, nous puissions vivre aux côtés de nos enfants innocents et en pleine santé ; vivre libres et sans crainte du danger.  Dans l’espoir de la liberté et de la justice pour tous les opprimés du monde.

Les mères en deuil d’Iran (les mères du parc Laleh) Téhéran, janvier 2011 

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