jeudi 3 juin 2010

Lettre de Madjid Tavakoli depuis la prison d’Evine - "C’est la volonté de ma nation qui a conduit à la victoire."

Lettre de Madjid Tavakoli depuis la prison d’Evine - "C’est la volonté de ma nation qui a conduit à la victoire."

Mercredi 12 Khordad 1389 – 2 juin 2010

Madjid Tavakoli, est un prisonnier politique détenu à la section 7 de la prison d’Evine, auparavant transféré à l’isolement pour avoir critiqué un membre du bureau du procureur de Téhéran. Monsieur Tavakoli, qui a commencé une grève de la faim sèche pour protester contre son transfert est retourné à la section générale d’Evine plus tôt que prévu grâce à sa persévérance et au large soutien qu’il a reçu de l’opinion publique.

Monsieur Tavakoli a informé HRANA : « J’ai déjà envoyé un message court par ma famille à tous ceux qui m’ont soutenu. A l’époque, j’étais physiquement faible et, à cause du manque de communication à l’intérieur de la prison, je n’étais pas au courant de l’immense étendue du soutien qui m’vait été accordé. C’est avec beaucoup de gratitude et d’humilité que j’ai décidé de m’exprimer dans une deuxième lettre. »

Texte intégral de la lettre :

Je voudrais commencer par exprimer mon bonheur, ma gratitude et mon profond respect à la grande nation iranienne. Je suis ravi d’être né dans un pays où le désir de liberté et d’humanité se complète de qualités essentielles de noblesse, de force et de puissance. Ce grand esprit est une source de lumière pour s’opposer aux maîtres de la tyrannie conspirant dans les ténèbres, invalidant et délavant leur oppression et leur intimidation.

Je suis passé d’une grève de la faim à l’isolement à la vue de la compassion, de l’empathie et de la volonté victorieuse du peuple de mon pays, ce qui m’a fait réfléchir sur les difficultés et l’amertume de ces jours avec bonheur et fierté. Le niveau de sympathie et de soutien exprimés par le peuple Vert de ma nation m’a laissé sans voix. C’est avec des larmes de joie que je m’adresse humblement au magnifique peuple d’Iran, des larmes de joie qui expriment mon immense gratitude pour leur sympathie, leur gentillesse et leur solidarité. Je les remercie humblement pour leur constant désir de liberté, leur humanité et pour avoir encore une fois prouvé qu’il n’abandonne jamais leurs amis.

Je voudrais encore une fois remercier tous les prisonniers pour leur solidarité pour parler d’une seule voix. Je veux qu’ils sachent que nous serons toujours ensemble sur le sujet. Je voudrais remercier tous les dirigeants qui ont prouvé qu’ils sont les nobles pères et mères du mouvement Vert. Je voudrais remercier toutes les mères dont les enfants sont emprisonnés et tous ceux qui ont perdu leur conjoint, leur enfant ou leur parent pour la cause. Je voudrais remercier toutes les mères qui ont dépassé leurs rôles d’épouses et de mères de prisonniers politiques et qui sont devenues les combattantes des idéaux Verts de notre nation en ces temps d’oppression et d’intimidation intenses. Je voudrais remercier les nobles jeunes filles de ma nation qui ont fait pleuré ma mère de joie. Elles m’ont donné le plus beau cadeau, savoir ce que c’est d’avoir de vraies sœurs. Je voudrais remercier tous mes frères, les fiers jeunes hommes de ma nation, qui ont prouvé la tête haute qu’ils étaient tous Madjid et que Madjid ne sera jamais seul. Je ne pourrais jamais suffisamment exprimer ma gratitude aux étudiants de notre nation. Je voudrais les remercier de nouveau et je serai à jamais reconnaissant de leur gentillesse et de leur soutien. Je voudrais aussi remercier le personnel de sécurité et de l’administration de la prison et de l’hôpital pour le soutien et la sympathie dont ils ont fait preuve à mon égard. Je les remercie d’avoir tourné le dos à ceux qui ont abandonné toute humanité et sont tellement décidés à donner des leçons qu’ils en négligent le droit de tous les prisonniers. Enfin, et ce n’est pas le moins important, je voudrais remercier ma famille et plus particulièrement ma mère qui, avec mon père, ont été mes modèles Verts et m’ont appris étant enfant l’importance de la force, du courage et de la sincérité et continuent encore de nos jours.

Il convient vraiment d’appeler le mois de juin le mois du peuple. Je voudrais m’autoriser à regarder cet incident comme une grande victoire, une victoire de la solidarité et de la sympathie témoignées par le peuple. Une victoire pour les médias dynamiques et de la diffusion efficace des informations, une victoire pour les gens qui, sans s’occuper de leurs douleurs et de leurs difficultés, se souviennent les uns des autres, parlent d’une seule voix et enfin une victoire des médias qui ne se pas laissé intimider par les cent degrés de la censure destructrice. Je suis content que cette tyrannie malfaisante ait été révélée. Je suis content que les défenseurs des droits humains aient fait entendre les cris de la nation iranienne demandant la justice au monde entier et aux institutions internationales. Je suis reconnaissant et heureux de savoir que la plus petite information, comme celle de mon transfert de la section commune à l’isolement, ma grève de la faim, la détérioration de mon état de santé, mon hémorragie interne, mon transfert à l’hôpital Taleghani , mon retour à Evin, etc… aient toutes été relatées aussi vite, prouvant que les murs de la censure s’écroulent autour de nous. Tout ceci ne fait que démontrer d’avantage la grandeur de medias indépendants et libres et des journalistes cherchant la liberté, les messagers de ma nation.

Cette victoire, cette solidarité ont été une leçon pour notre futur. Elles nous ont appris que, s’il y a une volonté, et que cette volonté est partagée par tous, alors il y a victoire. La tyrannie ne peut pas toujours cacher son vrai visage. A la fin, elle reculera devant la pression des exigences et des désirs du peuple.

Je voudrais une fois encore exprimer ma gratitude et féliciter le peuple Vert de ma nation.

9 khordad 1389 (30 mai 2010)

Majid Tavakoli

Prison d’Evine, Salle 3 Section 7

Texte en Persan


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