Le message de Monsieur Pourshadjari a été enregistré puis retranscrit.
Je m’appelle Mohammad Reza Pourshadjari. J’écris sous le pseudonyme de Siamak Mehr et mon blog s’intitule « Rapport sur la Terre d’Iran ». Je vous écris de la prison de Karadj à l’occasion de la journée internationale des prisonniers politiques (20 juin) que je dédie à mes camarades prisonniers d’Evine, de Redjaï Shahr et de toute autre prison ou centre de détention, ainsi qu’à tous mes compatriotes qui vivent dans cette grande prison qui s’appelle l’Iran.
Chacun sait que, si l’on se réfère aux normes internationales, la république islamique est l’un des principaux pays à violer les droits humains. Année après année, l’Iran a été condamné pour ces violations par les organisations internationales comme l’ancienne commission de l’ONU pour les droits humains et l’actuel conseil aux droits humains de l’ONU. L’existence de prisonniers politiques est un exemple de violation des droits humains en république islamique.
Avant de plonger dans la situation des prisonniers politiques en Iran, je pense nécessaire de décrire un tableau véridique, même s’il sera bref et limité, de la république islamique. Par cette description, on découvrira pourquoi le sujet des délits politiques et des prisonniers politiques en république islamique s’est transformé en problème complexe et alambiqué ; il n’y a pas de définition claire et indiscutable de ces concepts par les instances dirigeants ou l’opposition.
Ce régime idéologique gère un système totalitaire, discriminatoire et répressif et sa survie repose l’attrait qu’il opère sur la société pour mieux la détruire tout en violant les droits et libertés sociales et politiques du peuple et en l’en privant. Malgré les slogans et les cris du peuple pour la liberté, la dignité humaine et le respect, les dirigeants de ce régime se sont élevés contre le genre humain et l’humanité en refusant de reconnaître la liberté de choix ou tout autre droit personnel. En tant que tel, la république islamique agit comme un frein sur le chemin du progrès individuel et social et de l’évolution. Les restrictions sur les droits individuels en république islamique vont jusqu’à priver les citoyens d’écouter leurs musiques favorites ; ils ne peuvent écouter que ce qui est jugé permis par le gouvernement.
L’imposition de l’état et de la religion par la république islamique a causé des épisodes sombres et sanglants dans l’ère moderne post-industrielle. Quand les aspects laïcs d’un gouvernement se mêlent avec le dogmatisme religieux, l’absurdité, l’abolition des frontières entre vie privée et vie publique, la conscience privée du citoyen est constamment violée par les forces répressives du régime. Un exemple clair : l’imposition du hijab islamique aux femmes. Dans ces conditions violemment répressives, la prison est le moindre des châtiments pour les religieux ou les dissidents qui osent avancer leurs droits ou celui de leurs compatriotes.
Bien que les prisons de la république islamique soient pleines de militants des droits humains, civiques et politiques, de journalistes et de bloggeurs, les dirigeants du régime ne croient pas à l’existence des prisonniers politiques ou des délits politiques. Cependant, en référence à l’article 168 de la constitution, et ils regrettent que cette référence existe, les autorités utilisent le terme de prisonniers de sécurité pour parler des prisonniers politiques et la première accusation portée à l’encontre de ces personnes est « action contraire à la sécurité nationale ». Ce faisant, les autorités du régime tentent de qualifier les activités de leurs opposants non pas de protestation contre le despotisme du régime de mise en danger de la sécurité nationale.
Mon propre destin en tant que bloggeur et prisonnier politique, illustre les injustices infligées aux dissidents et aux critiques du régime des ayatollahs. Début septembre 2010, mon domicile a été attaqué par les agents du ministère du renseignement ; j’ai été arrêté et emmené à la section 8 de la prison de Radjaï Shahr administrée par les gardes révolutionnaires. Les jours suivants, j’ai été battu et torturé. On m’a même emmené une fois jusqu’à un gibet, fait monter sur tabouret et on a prétendu vouloir me pendre. A cette époque, j’ai enduré tant de pressions et de contraintes, j’avais tant peur d’être obligé de me repentir et de demander pardon que j’ai fait une tentative de suicide en me tailladant les veines des bras. J’ai passé huit mois de suite à l’isolement pendant lesquels on m’a interrogé sans arrêt. Pendant tout ce temps, les agents de la république islamique, y compris les enquêteurs du tribunal révolutionnaire me menaçaient de mort et d’exécution.
Finalement, le système répressif islamique m’a condamné à quatre ans de prison pour avoir publié mes pensées et mes convictions sur mon blog. Ils ont qualifié cela de « diffusion de propagande contre le régime » et de « profanation ». Depuis lors, je suis en prison depuis trois ans dans une situation encore pire que ce que mes compatriotes pourraient se l’imaginer. La nuit, je dors dans une cellule avec deux prisonniers de droit commun dont l’un souffre de désordres psychologiques et a tué sa propre mère. L’autre est un jeune homme qui a décapité sa sœur avec un couteau, l’a démembrée et en dispersé les morceaux par toute la ville. Même dans un zoo, on ne met pas la gazelle et le daim dans la même cage que le loup, la hyène ou l’ours.
Pour conclure, je rappelle ouvertement aux dirigeants de la république islamique qu’Iran veut dire liberté, ma liberté et la liberté de gens comme moi. Au nom de l’Iran, nous ne devons pas tolérer les ennemis de la liberté.
Source : http://persian2english.com/?p=24550
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