samedi 8 juin 2013















Nom                         : Saïd Pourheydar
Lieu de naissance   : Oroumieh, Iran  
Date de naissance : 1981 
Profession              : Journaliste
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Interview réalisée par :  Iran Human Rights Documentation Center (IHRDC)
Date de interview         : 14 octobre 2012
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Préambule
Je m’appelle Saïd Pourheydar, je suis né à Oroumieh en 1981 et j’habitais Téhéran. J’ai été journaliste en Iran pendant environ 12 ans. J’ai été arrêté une première fois en 2000, j’avais 19 ans. Depuis lors et à ce jour, j’ai été arrêté cinq fois. J’ai travaillé dans deux publications en Azerbaïdjan occidental de 1999 à 2000, puis je suis devenu plus actif politiquement et socialement et j’ai quitté Oroumieh en 2006.

Après les élections en Iran, j’ai été arrêté deux fois. Le 5 février 2010 j’ai été arrêté et placé à l’isolement pendant un mois au bloc 240. A la fin des interrogatoires, j’ai eu droit à une liberté provisoire. J’ai été de nouveau arrêté sept ou huit mois plus tard en octobre 2010 et détenu au bloc 350 de la prison d’Evine pendant exactement 52 jours.

J’ai commencé le journalisme en 2000. A l’époque, je vivais à Oroumieh et je travaillais pour plusieurs hebdomadaires d’Azerbaïdjan occidental comme Farday-e Ma, Navid-e Azerbaijan et d’autres. J’ai aussi travaillé pour le bureau régional de plusieurs quotidiens nationaux comme Hambastegi, Mardomsalari, Sobh-e Emrooz et d’autres. En même temps je m’occupais de politique dans diverses organisations. Par exemple, j’ai coopéré avec des partis qui avaient des bureaux dans cette province comme le parti Mosharekat (Parti Islamique de la Participation en Iran) Hambastegui (Parti Islamique Iranien de la Solidarité) (1). Je militais aussi socialement en tant que secrétaire, et/ou membre de la direction de plusieurs ONGs.

Je suis arrivé à Téhéran en 2006 et j’ai commencé à travailler avec des journaux. Et j’ai continué à militer dans les partis auxquels j’étais lié à Oroumieh.

Après l’élection de 2009, j’ai participé, comme beaucoup d’autres, aux manifestations. En même temps je tenais un blog où je publiais toutes les informations sur les manifestations. J’avais une bonne influence et les médias hors d’Iran prenaient mon blog comme source d’informations sur l’Iran. J’ai aussi donné des interviews à la télévision Voice of America, BBC Persian Service, Radio Farda et à d’autres médias pour informer sur ce qui se passait dans la rue

Première détention après l’élection présidentielle de 2009
Le 5 février 2010, il y avait un rassemblement au cimetière de Behesht-é-Zahra pour commémorer le 40ème jour des martyrs des élections. C’était un vendredi et je devais rejoindre un ami pour nous y rendre. Nous étions toujours ensemble pour ce genre de choses. Je devais prendre mon ami en voiture à 08h00 du matin pour nous rendre à Behesht-é-Zahra.

Des agents m’ont suivi depuis mon domicile dans l’intention de nous arrêter tous les deux. Je suis arrivé chez mon ami et quand nous avons redémarré, dans la rue d’après, une voiture s’est arrêtée devant nous et une autre derrière. On aurait dit qu’il voulait arrêter un criminel en cavale. Huit agents du ministère du renseignement armés en civil nous ont arrêtés avec beaucoup de violence. On m’a immédiatement menotté. J’ai été blessé au pied quand on m’a traîné sur le sol.

On a mis mon ami dans une voiture et moi dans une autre. On a laissé mon propre véhicule au milieu de la rue. On nous a emmenés dans un parking du terminal de bus Argentine avant de me ramener chez moi pour y perquisitionner. Habituellement il y a environ 200 voitures dans le parking mais nous étions vendredi et il était presque vide. Ils se sont garés entre deux voitures. Je voyais mon ami au loin dans une autre voiture. Et ils ont commencé à nous battre et à nous insulter, là au parking Argentine.

L’un des agents tenait une caméra et on me demandait d’avouer. Ils me disaient que je devais choisir : soit je travaillais pour les Moudjahidines du Peuple (OMPI) soit pour un groupe monarchiste. Ils disaient que je devais choisir un de ces deux groupes et avouer. J’ai refusé et j’ai été sévèrement battu dans la voiture et fouetté. On m’a battu pendant dix minutes. Je voyais qu’on battait aussi mon ami. Plus tard, quand nous avons été libérés, mon ami m’a confié qu’il lui était arrivé la même chose. Puis quelqu’un est sorti de l’autre voiture et a murmuré quelque chose à l’oreille du chauffeur de la mienne. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dits mais ils ont arrêté de me frapper et m’ont conduit chez moi.

J’ai été arrêté à 08h30 09h00 du matin. Tout s’est passé en une heure et demie. Quand nous sommes sortis du parking du terminal Argentine, ils m’ont emmené chez moi. Quatre gardes armés ont fouillé mon domicile pendant une heure. Ils ont fait l’inventaire et emporté beaucoup de livres, d’écrits, de CDs et de cassettes, même mon fax et tout ce qu’ils ont pu trouver. Ils ont tout filmé. Puis ils m’ont remis dans la voiture. Ils ont dit à ma famille de ne parler à personne de mon arrestation. Ils ont dit que si je coopérais et si ma famille ne disait rien, je serais libéré plus vite. 

L’un des quatre agents qui m’avait arrêté était un jeune homme à lunettes. Il était grand et portait la barbe. Il jouait le rôle du « bon gars » dans cette histoire. (2) Il fut aussi le premier à m’interroger. Mais après l’interrogatoire, je ne l’ai pas revu. Il y avait un autre jeune, bien bâti qui m’a beaucoup menacé. Il agitait son arme sans arrêt. C’est quand nous étions chez moi qu’il m’a le plus menacé. Il se tenait d’une certaine façon pour s’assurer que je voyais son arme et ainsi me menacer. Les deux autres agents avaient l’air d’avoir beaucoup d’expérience. Ils semblaient avoir 40 à 45 ans. L’un d’eux avait perdu la plupart de ses cheveux et avait un visage rond. Les deux se ressemblaient beaucoup.

Ils étaient si violents qu’il était impossible de leur parler avant d’arriver à mon domicile. A l’intérieur, ils se sont un peu calmés. Je leur ai demandé s’ils avaient un mandat. Ils m’ont montré une note du bureau du procureur adressé au ministère du renseignement les autorisant à arrêter tous les manifestants. Elle ne comportait pas de nom et ils ne m’ont pas laissé voir la date. Il tenait le papier à la main. Ils s’étaient présentés comme fonctionnaires du ministère du renseignement. Ils m’ont emmené de chez moi à la prison d’Evine.

Prison d’Evine, bloc 240
Pendant tout le trajet, j’avais les yeux ouverts jusqu’à ce que nous ayons atteint le portail de la prison d’Evine. Dès que nous y sommes arrivés, deux agents m’ont bandé les yeux et m’ont dit de baisser la tête. Le portail métallique s’est ouvert et nous sommes entrés en prison. Ils m’ont emmené dans un bâtiment. J’ai eu les yeux bandés jusqu’à ma sortie de prison, excepté le temps que j’ai passé en cellule.

Dans la prison, j’ai pénétré dans un bâtiment. Ils m’ont fait asseoir sur une chaise pendant environ deux heures. J’avais mes médicaments dans ma poche. (Chez moi, j’ai voulu prendre mes médicaments à cause de mon problème cardiaque. Ils m’ont dit que je pouvais les emmener, mais pas dans ma cellule). Sous le bandeau, je ne voyais que des pieds qui allaient et venaient. J’ai aussi vu beaucoup d’ordinateurs étiquetés au nom de leurs propriétaires qui avaient été arrêtés. Je me souviens précisément de l’ordinateur de Mohammad-Reza Moghiseh parce qu’il était à côté de ma chaise.

Au bout de deux heures, on m’a fait entrer dans une pièce pour changer de vêtements. On m’a donné un uniforme de la prison, une serviette de toilette, des sandales, une brosse à dents, du dentifrice et une petite bouteille de shampoing  On m’a de nouveau bandé les yeux et emmené dans une autre pièce où on m’a pris en photo. On m’a ensuite ramené dans la pièce où se trouvaient les ordinateurs. J’y suis resté assis pendant une demi-heure jusqu’à ce qu’un agent m’emmène dans une Peugeot. En chemin, je lui ai demandé s’il m’emmenait au bloc 209 ou 240 ? Il m’a dit 240.

Quand je suis rentré au bloc 240, on m’a fait monter au deuxième étage par les escaliers et on m’a mis dans la cellule 24. J’y suis resté un mois. Cette cellule mesurait environ 1.50 mètre sur deux. Il y avait une toilette de métal rouillé sans couvercle et un évier dans un coin. On venait de la repeindre et l’odeur m’a donné mal à la tête. J’avais trois couvertures de l’armée, j’en ai utilisé une comme oreiller et une autre comme couvre-lit.

J’ai eu le droit de contacter ma famille une seule fois et seulement pendant une minute le premier soir. Mais on m’avait dit que je n’avais pas le droit de dire où je me trouvais. J’ai juste pu dire à ma famille que j’étais en prison et de ne pas s’inquiéter. Il y avait un agent de présent pendant que je parlais au téléphone. Après cela, je n’ai pas eu droit aux visites.

Ils m’ont emmené une seule fois, pendant ma détention, au bloc 4 en salle d’interrogatoire ; c’est là qu’on m’a mis en examen et qu’on m’a donné un mandat d’arrêt que j’ai dû signer. Là aussi, j’avais les yeux bandés. C’était le jour de mon arrestation ou le lendemain. Il y avait trois chefs d’accusation contre moi : participation à des rassemblements dans le but de renverser l’état, trouble à l’ordre public en participant à des rassemblements et publication de mensonges sur mon blog et dans des interviews avec les médias.

J’ai passé 27 jours en cellule d’isolement. Les trois derniers jours, je les ai passés dans une cellule qui mesurait 3 x 4 mètres ou peut-être 2 x 3, nous étions cinq à l’intérieur. L’un d’eux était Ehsan Abdoh Tabrizi (3) qui avait écopé d’une peine de dix ans. Je l’ai retrouvé plus tard au bloc 350. L’un des autres était un étudiant de Karaj qui avait été pris en otage. Le ministère du renseignement recherchait son cousin mais comme il ne l’avait pas trouvé, il l’avait arrêté lui en disant à la famille de venir livrer son cousin. Il a été pris en otage pendant un mois et demi. Il y avait aussi un autre prisonnier nommé Hossein qui avait été condamné à six mois de prison. Il avait aussi participé aux manifestations. Il y avait une autre personne dans la cellule. Il n’était pas du tout politique. Il s’était contenté d’envoyer un texto au service des sports de la BBC.

Enregistrement du téléphone par le ministère du renseignement.
Un mois avant les élections, toutes les conversations téléphoniques étaient enregistrées. Je l’ai découvert pendant les interrogatoires. J’avais deux cartes SIM à mon nom une Irancell et l’autre Hamrah-e-Avval. Les deux cartes SIM avaient été enregistrées. Je ne travaillais pas clandestinement et j’utilisais ces cartes pour donner des interviews. Je m’en servais également pour organiser des réunions. En d’autres termes, je ne prêtais pas attention aux conditions de sécurité. Mais je n’utilisais pas le mail pour toute forme de communication.

Celui qui m’interrogeait a une fois abordé un sujet et m’a demandé quelle sorte de relation j’entretenais disons avec madame X. Je n’avais jamais vu la personne dont il parlait. Elle vivait dans une autre ville et nous ne communiquions que par téléphone. On n’avait pas pu nous suivre sauf par téléphone puisque nous n’avions aucune communication sur Internet, que ce soit par mail, message Facebook ou quoi que ce soit d’autre. Cette femme n’avait pas été arrêtée, je pensais donc qu’elle n’avait rien pu dire de nos conversations qui avaient eu lieu un mois ou deux après les élections.

Un autre exemple en est les conversations que j’avais eues avec des reporters de Voice of America et la BBC. Les parties de ces interviews qui avaient été publiées étaient disponibles et accessibles mais mes conversations avec ces reporters avant et après ces interviews ne pouvaient avoir été écoutées autrement que par une surveillance téléphonique. Les reporters voulaient m’interviewer sur une directive du ministère du renseignement sur la coopération de 60 organisations avec des pays étrangers. Je n’avais pas accepté l’interview mais j’avais recommandé deux autres personnes auxquelles ils pouvaient demander une interview et qui accepteraient peut-être de parler de ce sujet. Celui qui m’interrogeait m’a mentionné toutes ces conversations. Il m’a demandé pourquoi je n’avais pas accepté l’interview et pourquoi j’avais préféré recommander une autre personne. Quand il m’a posé cette question, j’ai compris que mes conversations téléphoniques étaient surveillées.

Je voudrais mentionner le cas d’Abdolreza Ghanbari. La seule chose qu’ils avaient pour l’accuser, en dehors des aveux qu’il avait faits après avoir été piégé et menacé par des promesses fallacieuses, était l’interview de quelques minutes donnée à la télévision Azadi des Modjahediné-Khalgh. Ils n’avaient rien d’autre contre lui. Il avait appelé la télévision le jour de l’Achoura (commémoration religieuse des chiites). Il a été condamné à mort à cause de cette interview. (4)
On m’a aussi parlé des conversations téléphoniques avec ma famille. Malheureusement, après les élections, certaines entreprises européennes comme Nokia et Siemens ainsi que d’autres dont je ne me souviens plus, ont fourni à la république islamique la technologie nécessaire à un contrôle facile des téléphones.

Interrogatoires
Mon premier interrogatoire a duré 11 heures. J’ai été interrogé au total cinq ou six fois. Le second a commencé vers 16 ou 17 heures et a duré jusqu’à 22 heures ou minuit, un autre de 9 heures à 22 ou 23 heures, un autre encore de 7 ou 8 heures jusqu’à l’après-midi.

Les interrogatoires comportaient deux parties : l’une se concentrait sur mes activités avant les élections et l’autre sur mes activités post-électorales et ma participation dans les rassemblements et mes contacts avec des médias étrangers. Ils prétendaient qu’il ne s’agissait pas d’interrogatoires. En fait, ce n’en était pas. C’était plus l’inquisition ou, comme ils le disaient une « clarification des ambiguïtés ».

Trois personnes m’ont interrogé. Le premier était l’un de ceux qui m’avaient arrêté. Quand il est entré, sa première question a été « Tu dis partout que tu ne crois pas au Velayat-é-Faghih (5). Pourquoi » J’ai remarqué que je connaissais bien sa voix et je le lui ai dit. Il m’a dit que je faisais erreur et que je ne l’avais jamais vu. J’ai relevé le bandeau pour écrire quelque chose. Je me suis retourné et je l’ai vu. Il s’est mis en colère et m’a dit que je n’aurais pas dû me retourner. Il n’est pas revenu lors de l’interrogatoire suivant. J’ignore si c’est parce que je l’avais reconnu ou pour toute autre raison.

Deux autres personnes m’interrogeaient. L’un d’eux ne paraissait que lors des sessions qui ressemblaient à l’inquisition. L’autre avait beaucoup d’expérience. Il maîtrisait mon dossier. Il l’avait étudié et était bien au fait de mes activités. Je ne l’ai jamais vu et je ne connais pas son nom. Je lui avais demandé comment je devais l’appeler. Il m’avait répondu : « Comme tu veux…. Hadji, Seyed… »Il était très professionnel. Il m’a dit avoir travaillé six ou 7 mois sur mon dossier et quelques autres et en était arrivé à la conclusion que je devais être arrêté. En fait, je me sentais plus à l’aise avec lui qu’avec celui qui venait aux interrogatoires qui ressemblaient à l’inquisition. L’autre se lançait dans d’ennuyeuses discussions théoriques. Mais lui me posait surtout des questions sur mes activités. En général, il n’était pas méchant bien qu’il se soit mis en colère une ou deux fois ; quelqu’un d’autre est alors arrivé pour l’aider et il m’a cassé les dents sans le vouloir. En dehors de ça, je n’ai pas eu de problème particulier avec lui.

Lors d’un interrogatoire mené par le professionnel et quelqu’un d’autre, le premier m’a demandé à quelles « perturbations » j’avais participé. J’ai dit : « Si vous voulez dire quels rassemblements, j’ai participé à tous. » Il a demandé : « Il vous faut l’écrire. » Ils m’ont apporté une feuille d’interrogatoire et j’ai écrit : « A quelles perturbations étiez-vous présent à Téhéran, » (Le mot persan de perturbations a été écrit avec une faute d’orthographe : on a utilisé la lettre « kh » au lieu de la lettre « gh »). On m’a dit d’écrire la réponse et j’ai écrit : « aucune. » J’ai remis la feuille et il s’est mis très en colère. Il a dit : « Espèce de …Tu ne viens pas de dire que tu as participé à toutes ? Tu crois qu’on est là pour rigoler ? » J’ai dit : « Si tu veux dire perturbations avec in « gh », j’ai participé à toutes. Mais je n’ai participé à aucune avec un « kh ». » Il s’est mis très en colère et m’a tiré les cheveux par derrière et m’a cogné la tête contre le dossier de la chaise deux ou trois fois. C’était une chaise comme il en existe dans les écoles avec une poignée intégrée au dossier. Mes lèvres et mes dents ont cogné contre le côté de la chaise et j’ai eu quatre dents de cassées. On m’a alors ramené en cellule avec du sang dans la bouche, sans m’amener au dispensaire. On m’a donné un sédatif toutes les cinq ou six heures pendant deux jours mais on ne m’a pas amené au dispensaire.

Le 21ème jour de ma détention, j’ai commencé une grève de la faim qui a duré six jours. J’ai un corps assez fin et, de toute façon, la détention à l’isolement fait perdre du poids car les repas sont maigres et il y a beaucoup de pressions psychologiques. Au bout de cinq jours, j’étais un fantôme.

Lors de ma 27ème nuit de détention, on est venu me voir pour me demander si je voulais quitter ma cellule pour une autre où je ne serais plus seul. J’ai accepté. Au bout d’une heure et demie on m’a emmené au quatrième étage dans une grande cellule et j’ai vu quelques personnes au bout de 27 jours. Ce fut le plus beau moment de ma vie. J’y suis resté trois jours puis j’ai été libéré.

Liberté
La veille de mon élargissement, on est venu me chercher vers 20 ou 21 heures. On a ouvert la porte de la cellule et on m’a dit de contacter ma famille pour lui demander d’apporter quelque chose pouvant servir de caution. La prison était pleine à cette époque et quelques personnes étaient libérées presque tous les jours. J’étais au quatrième étage, au bout du bloc 240 et j’assistais à la libération de quelques personnes quotidiennement. Habituellement, les prisonniers étaient libérés vers 21 ou 22 heures. Le lendemain, ma famille déposa la caution, la porte de la cellule s’est ouverte à 23 heures et on m’a dit de me préparer et de me bander les yeux. Mes amis ont commencé à applaudir et à se réjouir et je leur ai dit au-revoir. On m’a emmené dans une grande pièce. Nous étions 10 ou 12. On nous a mis dans des voitures et emmenés au même endroit où nous avions changé de vêtements à notre arrivée. On m’a rendu mes vêtements et on m’a dit qu’ils devaient examiner mon ordinateur portable ; j’ai eu les yeux bandés jusqu’à l’arrivée à la porte de la prison.

Après ma libération, j’ai été convoqué deux fois au bureau des renvois du ministère du renseignement. Une fois, ils m’ont appelé pour me dire de venir au bureau des renvois du ministère du renseignement à 14 heures. Quand je suis arrivé, deux agents du ministère se sont présentés. L’un d’eux était très grossier. Il était grand et portait des lunettes. L’autre portait la barbe, était de taille moyenne et jouait le rôle du « gentil ». Nous avons parlé pendant quatre à six heures. Ils voulaient me faire peur. Ils m’ont dit qu’ils avaient fait preuve de pitié en me laissant partir au bout d’un mois et qu’ils auraient pu me garder beaucoup plus longtemps. Ils m’ont dit de ne participer à aucune activité et de coopérer avec eux.  En fait, ils voulaient que je signe une lettre pour demander pardon ; je leur ai dit que je ne le ferai pas. Ils m’ont dit qu’ils auraient pu m’arrêter mais qu’ils n’avait fait que me convoquer gentiment. J’ai encore refusé de me repentir et leur ai dit qu’ils pouvaient m’arrêter s’ils le désiraient.

La deuxième fois, j’ai été convoqué 20 jours avant ma seconde arrestation en 2010. Cette fois-ci, on m’a dit de me repentir par écrit. J’ai refusé. On m’a dit que si je ne le faisais pas, on ouvrirait un nouveau dossier à mon encontre.

Deuxième arrestation
Quinze jours plus tard, le 4 octobre 2010, j’ai reçu une citation à comparaître devant la quatrième chambre du bureau du procureur Shahid Moghaddas situé dans la prison d’Evine. J’en ai informé le docteur Dadkhah (6), mon avocat. Il m’a dit que cela devait être lié à ma première arrestation, qu’ils voulaient surement connaitre ma défense définitive pour envoyer mon dossier au tribunal. Depuis ma libération, je n’avais absolument rien fait. Mon blog était bloqué et je n’avais donné aucune interview. Je ne voulais pas leur donner d’excuse. La convocation stipulait que je devais me présenter en personne pour fournir des explications sur quelques points. C’est ce que j’avais compris. Je n’ai même pas dit au-revoir à ma famille en partant pour la quatrième chambre du bureau du procureur le 9 octobre 2010.

Le substitut du procureur m’a dit qu’il y avait un nouveau chef d’accusation contre moi. Je lui en ai demandé la raison dans la mesure où je n’avais pris part à aucune activité. En examinant mon dossier, il m’a dit avoir oublié d’y faire figurer un autre chef d’accusation. C’est alors que j’ai compris que tout cela était lié aux menaces des agents du ministère du renseignement d’ouvrir un nouveau dossier à mon encontre quand je les avais rencontrés au bureau des renvois et qu’ils avaient exigé une demande écrite de pardon.

J’ai demandé à ce fonctionnaire la nature de ce nouveau chef d’accusation. Il m’a répondu « insultes au président ». Dans mon blog, j’avais appelé 52 fois le président « chef du gouvernement du coup d’état » a-t-il ajouté. Je me suis dit qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que de compter toutes les occurrences. Mon dossier comportait 100 à 150 pages issues de mon blog ; on y avait souligné les endroits qui pourraient conduire à m’accuser.

Ce fonctionnaire m’a dit de ne pas m’inquiéter : insulter le président encourrait une amende de moins de 300.000 tomans (environ $300 en 2010). Il établit ensuite la caution à 50 million de tomans (environ $50.000 en 2010). Je lui ai alors dit que j’avais déjà payé une caution auparavant mais il a répété sa demande et m’a dit que je pourrai m’en aller si je payais la totalité des 50 millions de tomans. Je lui ai dit que je ne pouvais pas fournir une telle somme immédiatement, que j’avais au moins besoin d’une journée. Il me dit que dans ce cas, je resterai en détention jusqu'à ce que la caution soit payée.

On m’a d’abord emmené en cellule de quarantaine dans la prison d’Evine. J’y ai passé la plus mauvaise nuit de ma vie. La quarantaine est le lieu où tous les nouveaux prisonniers, quel que soit le motif de leur arrestation, doivent pas deux nuits. Ensuite, on les transfère dans d’autres sections. C’est pourquoi j’ai passé une nuit parmi des meurtriers, des drogués, des voleurs, des prostitués, j’en passe et des meilleurs, ce qui fut la pire des tortures morales pour moi. J’ai demandé aux gardes de me transférer en cellule d’isolement mais j’y suis resté 24 heures. Habituellement, les prisonniers politiques ne sont pas détenus en quarantaine mais au bloc 350. Mais trois de nous y ont été détenus avant d’être transfères à la section 350 le lendemain.
Section 350.

Quand j’ai été transféré à la section 350, j’ai dit à mes amis qu’ils ne m’hébergeraient probablement pas plus de deux jours et que je serai libéré des que ma caution serait payée.

Trois jours plus tard j’ai entendu mon nom et celui de Madjid Dorri appelés au haut-parleur. On m’a dit de porter de beaux vêtements pour me rendre chez le procureur. Mes amis m’ont dit que ma caution avait du être payée et qu’on allait me libérer. Je les ai embrassés pour leur dire au-revoir et j’ai pris des messages et des lettres pour leurs familles. J’allais mettre mes chaussures mais le garde m’a dit de mettre des pantoufles. Je lui ai dit que ma caution avait été payée. Il m’a dit que je devais me rendre au tribunal et que si la caution avait été payée, je reviendrai prendre mes affaires.

Au bureau du procureur, on m’a dit qu’il y avait un nouveau chef d’accusation à mon encontre. J’ai demandé comment cela était possible vu que j’étais incarcéré depuis trois jours. Après avoir examiné mon dossier de plus près, il m’a dit que j’avais « blasphémé et mis en question les lois islamiques ». « Sur quelles bases » ai-je demandé. Il m’a dit que j’avais posté sur mon blog un article contre la lapidation. Je lui ai dit : « Gardez moi en prison si vous le voulez mais ne forgez pas de fausses accusations. » Il m’a dit que ma caution avait été augmentée à 300 million de toman (environ $300.000 en 2010). J’ai compris qu’on ne me laisserait pas sortir, même après le paiement de la caution.

Je suis arrivé à la section 350 de la prison d’Evine le 10 octobre 2010. A l’époque, 150 à 160 personnes y étaient incarcérées. Nous nous occupions de tout : la bibliothèque, la boutique ainsi que de la salle de sport qui avait été construite par nous. Il y avait une table dans cette section appelée « la Table d’Appel ». A chaque fois qu’on voulait recenser les occupants ou qu’il fallait les appeler, c’était depuis cette table. Une semaine après mon arrivée, j’ai été chargé avec trois autres de la Table d’Appel. La liste des détenus arrivait tous les matins sur cette table et nous l’avions. Je me souviens de la plupart des noms. A ma libération, il y avait environ 160 détenus. Le nombre fluctuait entre 150 et 160 à cause des libérations provisoires ou non.

Je me trouvais dans la cellule 3. C’est celle qui a comporte le plus de décès pendant ces deux années. Monsieur Hoda Saber (7) y était, son lit était au-dessus du mien, celui de Monsieur Dokmehtchi (8) était en dessous du mien quand il était en section 350. Il souffrait d’un cancer et il en est mort. Messieurs Djafar Kazemi et Mohammad Hadj-AghaÏ (9) ont tous les deux été exécutés.  Ali-Akbar Siadat (10) a été exécuté pour espionnage. Abdolreza Ghanbari, condamné à mort était également dans notre cellule. 

Je me souviens de Monsieur Mohsen Dokmetchi. A l’époque, nous ignorions qu’il souffrait d’un cancer mais il souffrait beaucoup et ne pouvait pas s’alimenter. Il a eu beaucoup de problèmes. Il se réveillait au milieu de la nuit pour me demander de lui donner du pain et du fromage. Il n’arrivait pas à s’alimenter pendant la journée. Les fonctionnaires de la prison ne l’emmenaient au dispensaire que lorsqu’il souffrait trop ; et encore, ils se contentaient de lui injecter des sédatifs avant de le ramener en cellule. S’il avait été examiné à temps, il aurait été soigné plus tôt et il aurait au moins vécu plus longtemps.

A l’époque il y avait un certain docteur Faradji dans notre section. Il y avait deux frères, Hassan et Hossein Faradji incarcérés pour espionnage. L’un a été libéré mais l’autre est toujours incarcéré. Sans aucun matériel médical, le Docteur Faradji a examiné Dokmehtchi et a pensé qu’il devait avoir un problème à l’estomac.

Chaque jour, dix détenus de la section 350 se rendaient au dispensaire pour voir un médecin. S’ils avaient juste un mal de tête ou un rhume, nous leur disions de feindre deux autres problèmes pour pouvoir nous ramener des médicaments pour les autres. Dans la section 350, le docteur Fardoust, un détenu s’occupait des médicaments. Il ramassait tous les médicaments. C’est avec ces médicaments que nous pouvions atténuer un peu les souffrances de Mohsen Dokmehtchi. A l’époque, nous ignorions qu’il souffrait d’un cancer. Après sa libération, on l’a amené à l’hôpital et les examens ont montré qu’il souffrait d’un cancer. Mais il était trop tard et le cancer était trop avancé.

Des 150 ou 160 détenus de la section 350, au moins 50 étaient cités dans les médias et il y avait des campagnes en leur faveur. Beaucoup de personnes arrêtées pendant les manifestations n’avaient aucune activité politique. Des nouvelles des prisonniers fuitaient et étaient publiées par leurs familles. A deux reprises, la liste complète des détenus de la section 350 a fuité et été publiée sur le site Web de Kalameh. Par exemple, j’étais chargé de la Table d’Appel et j’ai emmené cette liste quand j’ai été libéré et elle a été publiée. Les médias ne prêtaient pas beaucoup d’attention aux prisonniers qui n’avaient pas d’activité politique.

26ème chambre du tribunal révolutionnaire – Juge Pirabbassi
Mon procès a eu lieu 52 jours après mon arrestation. On m’a emmené de ma cellule à la 26ème chambre présidée par le juge Pirabbassi. Gholamreza Khosravi est venu avec moi. Nous étions menottés. Pirabbassi portait des lunettes et une courte barbe ; il avait la peau mate. Il était doux et gentil. Il semblait avoir de 45 à 55 ans et il m’a bien traité.

Le secrétaire de Pirabbassi s’appelait Sattari et il avait très mauvais caractère. J’ai entendu dire qu’il avait été nommé par le ministère du renseignement pour tenir Pirabbassi à  l’œil.  Il nous a traités, Gholamreza Khosravi, deux autres accusés et moi-même très mal.

Ce jour-là, Gholamreza Khosravi n’a pas vu le juge car le verdict avait déjà été énoncé et il ne restait qu’à le lui annoncer. En arrivant au tribunal, l’assesseur de Pirabbassi a remarqué sarcastiquement : « Voici ton verdict. Si Dieu le veut, tu as été condamné à mort. » Gholamreza m’a regardé et a dit en riant : « Après deux ou trois ans dans le flou, je connais enfin mon sort. »

Pirabbassi se sentait peut-être mal à l’aise ce jour-là pour avoir condamné Gholamreza Khosravi à mort. Il me fit entrer dans la pièce, me donna une tasse de thé et ferma la porte. Il retroussa son pantalon et me montra sa blessure à la jambe. J’ignore s’il avait été blessé pendant la guerre contre l’Irak ou ailleurs, mais il avait pris sa jambe comme excuse pour ne pas travailler pendant deux mois pour ne pas recevoir de nouveaux dossiers. Il jura sur Dieu que Gholamreza ne méritait pas la peine de mort mais qu’on l’avait « forcé à le faire ». Il me dit que Gholamreza avait déjà été condamné à six ans par le tribunal révolutionnaire de Rafsandjan et qu’il n’était donc plus possible d’énoncer un nouveau verdict pour le même chef d’accusation. Mais l’accusation de « moharebeh » (guerre contre Dieu) avait été rajoutée au dossier de Gholamreza pour pouvoir le condamner à mort. On a donc rapporté son dossier au juge Pirabbassi et le juge a été obligé de condamner Gholamreza à mort pour ce nouveau chef d’accusation.

Pirabbassi m’a aussi dit que 80 % des prisonniers de la section 350 de la prison d’Evine étaient innocents. Voilà ce qu’il m’a dit et que j’ai rapporté à Hoda Saber quand je suis rentré en cellule. Saber en a parlé dans une lettre qu’il a écrite à Monsieur Sahabi et au docteur Zarafshan.

J’ai demande à Pirabbassi pourquoi il faisait cela, pourquoi il ne rentrait pas chez lui en refusant de travailler. Il m’a dit qu’il était resté chez lui deux mois et que s’il n’était pas rendu au tribunal aujourd’hui, les juges Salavati ou Moghiseh en auraient décidé et ils m’auraient condamné à neuf ou dix ans au lieu de cinq. Il m’a montré le rapport du ministère du renseignement dans mon dossier ; ils demandaient au moins neuf ans de prison. Et il m’a dit que maintenant qu’il m’avait condamné à cinq ans, il devrait s’en expliquer auprès du ministère du renseignement. J’ai compris qu’il avait raison. Tous étaient mauvais, mais mieux valait Pirabbassi que Salavati ou Moghiseh qui auraient été plus sévères. 

Il m’a énuméré mes cinq chefs d’accusation que je ne pouvais pas réfuter puisqu’ils étaient tous basés  sur ce que j’avais écrit dans mes blogs et j’ai dû tous les accepter. Je ne pouvais pas non plus nier mes interviews avec la BBC et Voice of America. J’ai néanmoins dit que rien de ce que j’avais dit n’était contraire à la loi. Le seul chef d’accusation qui tenait était propagande contre l’état, et la peine maximale encourue était d’un an de prison. J’ai dit que j’acceptais ce chef d’accusation, basé sur ce que j’avais écrit. « Non ! La peine n’en est que d’un an. Je vous déclarerai non-coupable de ce chef d’accusation et vous condamnerai à  cinq ans pour participation et collaboration aux manifestations » m’a-t-il dit.

Ce jour-là, le juge Pirabbassi m’a condamné à cinq ans de prison et m’a demandé si j’avais des objections. Je lui ai répondu que non puisque je ne reconnaissais ni le tribunal ni son verdict comme légitimes.

Ce n’était pas un jour faste pour moi, d’abord parce que Gholamreza avait été condamné à mort et ensuite parce que, tandis que j’étais dans le bureau de Pirabbassi, quelqu’un qui travaillait apparemment pour une autre chambre du tribunal a frappé à la porte avant d’entrer. Arrivé devant Pirabbassi, il lui a demandé : « Connaissez-vous le verdict de Saïd Malekpour ? » Pirabbassi lui a dit que non et lui a demandé de le lui communiquer. « La peine de mort » a-t-il dit. Quand j’ai appris la nouvelle, j’en ai oublié mon propre dossier.

J’allais quitter la pièce quand Pirabbassi me rappela et me dit qu’il me donnerait cinq ans avec sursis, « et maintenant, vous avez des objections ? ». Je lui dis que j’en avais. Un verdict avec sursis était très mauvais car il voulait dire que je vivrai dans un stress permanent pendant cinq ans. « Imaginons que j’aurais été libre pendant quatre ans et 364 jours et que le dernier jour on m’accuse de quoi que ce soit pour me jeter en prison pour cinq ans. » C’est sur cette base que j’ai objecté, espérant que la cour d’appel réduirait le verdict. Le juge Pirabbassi m’a demandé de contacter ma famille pour qu’elle paie ma caution et que je sois libéré le jour-même.

Quand je suis rentré dans ma cellule, Saïd Malekpour n’était pas encore au courant de sa peine de mrt. C’est moi qui la lui ai apprise. Ce n’était vraiment pas une bonne journée : j’avais appris que deux de mes amis étaient condamnés à mort. J’ai été libéré le soir-même.

Je suis resté à la section 350 pendant 52 jours. Je suis resté en liberté sous caution jusqu’au procès en appel. Le verdict en appel a été de sept ans de prison dont trois avec sursis, la peine a donc en fait été augmentée. Quand le verdict a été enregistré au greffe, j’ai été convoqué pour commencer à purger ma peine de quatre ans, mais j’ai quitté le pays en février 2011.

[1] Partis de tendance réformatrice.
[2] D’après des témoins interviewés par IHRDC sur les interrogatoires pendant leurs détentions, beaucoup confirment le jeu du  « bon gars/mauvais gars » c’est-à-dire que l’un joue le rôle d’une personne compréhensive, attentive et plus raisonnable tandis que l’autre traite le détenu plus rudement, le maltraite verbalement et physiquement, le torture dans un style plus brutal.
[3] Ehsan Abdoh Tabrizi est un doctorant en sciences politiques à l’université de Durham en Angleterre et le fils de Hossein Abdoh Tabrizi, ancien secrétaire général de la bourse de Téhéran. Il a été arrêté en 2010 à l’aéroport Imam Khomeiny de Téhéran à son retour d’Angleterre. Voir http://is.gd/RnS4gM
[4] Abdolreza Ghanbari a été condamné à mort pour de prétendus contacts avec le groupe d’opposition interdit OMPI. Voir http://is.gd/RnFP63
[5]  Velayat-e Faqih, ou « gouvernement par le religieux », est la doctrine de gouvernement de la république islamique d’Iran qui donne au guide suprême des pouvoirs extraordinaires.
[6] Mohammad-Ali Dadkhah, célèbre avocat iranien, purge actuellement une peine de neuf ans à la prison d’Evine accusé d’avoir défendu des dossiers de clients politiquement sensibles. http://is.gd/tYLMge
[7] Hoda Saber était un militant politique de 52 ans du mouvement d’opposition national-religieux : http://is.gd/VLH0yp
[8] Mohsen Dokmetchi était un prisonnier politique accusé de coopération avec l’OMPI et d’avoir aidé financièrement les familles des prisonniers politiques, http://is.gd/oy66q9
[9] Djafar Kazemi et Mohammad Hadj Aghaï étaient tous deux condamnés pour coopération avec l’OMPI http://is.gd/ONSgal
[10] Ali Akbar Siadat était condamné d’espionnage au profit du Mossad, les services secrets Israéliens : http://is.gd/reYhsz

Source: http://www.iranhrdc.org/english/publications/witness-testimony/1000000259-witness-statement-of-saeed-pourheydar.html#.UbBmwkDwmSo

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