Interviewé par Rooz sur le sort du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, Ahmad Bakhshayesh, un conservateur, membre de la commission parlementaire sur la sécurité nationale et la politique étrangère, a déclaré : « l’époque d’Ahmadinejad est finie. »
Sur l’assignation à domicile de Mir-Hossein Moussavi, qui date de 2011, il a commenté : « Si Moussavi s’était tenu tranquille il y a quatre ans, ce serait lui le président aujourd’hui, pas Hassan Rouhani. »
Extraits de l’interview :
Rooz : Comment évaluez-vous la victoire d’Hassan Rouhani et la défaite des conservateurs ?
Bakhshayesh : Je vois cinq raisons au vote populaire pour Monsieur Rouhani. La première est que le peuple vote pour l’autre faction tous les huit ans, c’est quelque chose que nous avons remarqué. La seconde est la mauvaise compréhension des conservateurs. Ils croyaient que le peuple leur était dévoué et voterait pour eux de toute façon et c’est pourquoi ils ont choisi de débattre et de se concurrencer entre eux plutôt qu’avec leurs opposants. La troisième tient aux évènements et aux discussions qui ont eu lieu il y a quatre ans. Ces évènements sont toujours présents à l’esprit du peuple qui croit que peut-être, son vote n’a pas été compté, a été méprisé. La dernière raison est la disqualification de Monsieur Rafsandjani qui l’a, d’une certaine façon, transformé en héros. La résistance négative d’Ahmadinejad après la disqualification de Mashaï a aussi joué un rôle. Avant cette disqualification, il emmenait Mashaï partout où il allait et appelait au vote du peuple en sa faveur. Après sa disqualification, il a choisi de garder le silence et est entré dans une sorte de résistance négative. Même le jour du vote, il a choisi de se rendre aux urnes à cinq heures du soir plutôt que tôt le matin.
Rooz : Durant ces huit dernières années et plus spécialement les quatre dernières, les politiques économique, intérieure et internationale de l’administration ont mené le pays au bord de la crise. Le peuple a été mis sous pression surtout du point de vue économique. Ils se sont détournés des conservateurs à cause de ces politiques et non de leur propre abattement, vous ne croyez pas ?
Bakhshayesh : Bien sûr, mais on peut l’interpréter de deux façons, la première, c’est celle que vous avez décrite. : vous dîtes que les politiques intérieures, économiques et étrangère de Monsieur Ahmadinejad ont conduit à la victoire de Monsieur Rouhani. Je dis que monsieur Ahmadinejad fait partie des conservateurs qui n’étaient pas d’accord avec lui, ce qui l’a empêché de faire mieux. De plus, les taux de change et la politique économique du pays se sont détériorés ces sept ou huit derniers mois seulement, avant il était très apprécié en province.
Rooz : Vous ne croyez donc pas à la défaite des conservateurs ?
Bakhshayesh : C’est une défaite mais elle n’est pas grave. Les conservateurs se sont divisés. Ils croyaient qu’ils allaient jouer entre eux. Par exemple, Djalili, pour qui j’ai voté, est un modéré. Je le connais depuis l’université, nous vivions dans la même chambre. Au début de sa campagne, il s’est montré comme un guerrier et il voulait gagner contre les conservateurs radicaux.
Rooz : L’une des demandes de ceux qui ont voté pour Rouhani est la levée de l’assignation à domicile de Messieurs Moussavi et Karroubi et de Madame Rahnavard. C’était visible lors des évènements qui ont eu lieu dans la rue ; on a entendu des appels à la libération des prisonniers politiques lors des fêtes populaires. Qu’en pensez-vous ?
Bakhshayesh : Je ne le crois pas. Le peuple veut de meilleures conditions économiques. Il y a l’inflation et le problème du chômage. Il y a aussi des demandes politiques à la marge, comme les appels à la liberté. Ceux qui ont gagné font la fête, leur fête. Leurs réjouissances étaient sincères.
Rooz : Pensez-vous que la levée de l’assignation à domicile et la libération des prisonniers politiques soient souhaitables ?
Bakhshayesh : Il ne faudrait pas que cela arrive immédiatement. Monsieur Rouhani doit d’abord entrer en fonction. Il y a le guide suprême, le parlement et il faut que le gouvernement soir formé. Notre problème actuel n’est pas la situation de Moussavi, de Karroubi ou des prisonniers politiques. C’est la situation économique. Il a dit qu’on pouvait résoudre le problème de Karroubi et de Moussavi. Les prisonniers politiques seront aussi libérés, naturellement, dans cette nouvelle atmosphère, mais il faut un peu de temps.
Rooz : Monsieur Ahmadinejad a-t-il été cité à comparaître par Monsieur Laridjani ou par le parlement ?
Bakhshayesh : Je l’ignore, mais j’ai appris aujourd’hui que c’était à cause du ministre des sports qu’il devait nommer en trois mois, ce qu’il n’avait pas fait. Le comité de l’article 90 du parlement a porté plainte sur ce point et Monsieur Ahmadinejad doit comparaître au pénal le 26 novembre. En fait, c’est le tribunal administratif qui doit enquêter. Monsieur Laridjani a également déposé plainte, mais je ne connais pas les détails. Je crois que l’affaire ne sera pas jugée puisque sa présidence a pris fin. Le but est de réduire les tensions et Ahmadinejad le sait aussi.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/19/article/ahmadinejad-should-look-down-and-depart.html
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