Le chef du parti réformateur iranien Kargozaran Sazandegui, Gholam- Hossein Karbashi a appelé le vote des Iraniens le 14 juin pour Hassan Rouhani lors de l’élection présidentielle le fruit de la maturité de la société iranienne. Il a ajouté que ce vote était un message aux réformateurs et au régime : « Le peuple a envoyé son message : si vous nous bloquez la voie, nous trouverons d’autres moyens d’arriver à nos fins et nous progresserons gentiment en utilisant des moyens civiques pacifiques. »
Extraits de l’interview :
Rooz : Après la victoire de réformateurs, que programmez-vous ? Les réformateurs et Monsieur Rouhani ont-ils un plan pour changer la situation actuelle du pays ou bien ils ne s’attendaient pas à gagner et ils ont utilisé l’atmosphère de l’élection pour porter les demandes du peuple ?
Karbashi : On ne peut pas savoir ce qui va se passer. Mais l’enthousiasme explique les exigences du peuple dans les domaines politique, social, économique et même culturel. Personne, Monsieur Rouhani compris, ne peut prétendre répondre à toutes ces exigences, ni à court terme, ni même à moyen terme. Il faut le dire franchement au peuple. Et pourtant, Monsieur Rouhani a des plans, il a dit que la situation pouvait être améliorée. Mais il faudra réduire les exigences. Même si nous croyons que la situation ne va pas empirer mais qu’elle va s’améliorer petit à petit, c’est un signe encourageant. Je suis très optimiste car le mouvement qui s’est créé est très mûr et a beaucoup d’expérience, il comprend très bien les problèmes. Regardez : en quelques jours, le temps que les réformateurs s’unissent, que Monsieur Rouhani soit élu, sans couverture médiatique, sans réelle champagne, des fondations sociales très solides se sont créées jusqu’aux provinces et aux villages du pays. Par exemple, dans la région de Ghom, il y avait des villages où il était presque impossible aux réformateurs de faire campagne alors qu’il y a eu des villages où 100% des électeurs ont voté pour Monsieur Rouhani.
Rooz : Les analystes pensaient qu’il y aurait beaucoup d’abstention à cause de la dernière élection. Comment voyez-vous la participation au vote ?
Karbashi : Il faut mentionner deux choses. Premièrement, les demandes du peuple, lors des élections précédentes et maintenant n’ont pas été prises en compte des points de vue social, économique, culturel et politiques. Il continue à demander la même chose de différentes façons. Le peuple n’abandonne pas. Certains participent positivement, en participant à l’élection et en agissant dans la sphère sociale par exemple, d’autres agissent négativement. La participation aux élections est l’une des façons les plus objectives de répéter leurs exigences, et les demandes économiques sont les plus importantes. Peu importe notre regards, on ne peut nier que la grande majorité du peuple rencontre des problèmes économiques et dans sa vie quotidienne. L’inflation, la hausse des prix, etc…poussent à l’action. Quand la maturité politique est faible, ces demandes prennent la forme d’actions destructives alors qu’en Iran ou une grande expérience a été acquise lors de ces 20 à 30 dernières années sur les sujets sociaux et politiques, la participation aux élections pour mettre en œuvre un changement minimum et l’une des voies pour obtenir la satisfaction de leurs demandes. D’autres aspects en sont la maturité du peuple et de la société dans son ensemble surtout dans une situation d’oppression et de déni de leurs exigences. C’est là que la maturité apparaît. Bien sûr, cette situation peut mener à des actions négatives qui pourraient représenter un danger pour la société alors que l’alternative en est une réponse positive par des évènements comme les élections et l’action par des méthodes raisonnables. Il semble que la société iranienne a atteint cette maturité politique sans organisation politique solide puisque les groupes politiques ne sont pas vraiment libres de s’engager dans le militantisme politique. Alors, il apparaît que l’organisation politique est solide au sein de la société, qu’elle utilise des méthodes raisonnables pour des demandes raisonnables, et c’est très encourageant.
Rooz : J’ai récemment parlé avec Saïd Leylaz. Il m’a dit que le problème n’était pas le changement d’une personne mais le changement de la politique du pays et si le guide suprême ne décide pas de changer de politique, alors le changement d’une personne n’apportera pas le changement. Qu’en pensez-vous ? Voyez-vous un changement dans la politique ? Surtout alors que beaucoup pensent que les votes ne seraient pas non plus pris en compte cette fois. Mais les votes ont été comptés et pris en compte, cela signifie-t-il un changement de politique ?
Karbashi : C’est vrai dans une démocratie où l’on change non pas les individus mais les programmes, les politiques et les méthodes d’administration de la société. Ceux qui sollicitent les votes des électeurs veulent répondre aux demandes du peuple. Quand les politiciens se rendent compte d’une demande forte de changement dans la société, ils acceptent beaucoup de leurs demandes, même si ce n’est que pour la continuité du régime et la stabilité du pays. L’expérience nous a montré que le changement en Iran n’est pas impossible, sauf si des méthodes déraisonnables sont utilisées. Je pense que ce qui s’est passé a créé une base pour mettre en place les nombreux changements demandés par le peuple.
Rooz : L’élection précédente continue à faire souffrir, des morts, d’autres encore en prison alors que d’autres continuent à payer un lourd tribut politiquement, économiquement et même personnellement. Et pourtant, ils ont voté pleins d’espoir. Quel message désirez-vous faire passer aux dirigeants et aux réformateurs ?
Karbashi : En allant voter, le peuple a envoyé le message que la réforme est possible par des moyens raisonnables, contrairement à ceux qui disaient que le régime ne prendrait pas leurs votes en compte. Si les réformateurs sont raisonnables, ils réussiront. Les réformes ne commencent pas avec les demandes les plus nombreuses mais par celles auxquelles on peut répondre. Le peuple a envoyé le message que si sa voie est bloquée, il trouvera d’autres méthodes pour atteindre ses fins. Il ne s’arrêtera pas et utilisera d’autres moyens civiques et pacifiques pour réformer et obtenir ce qu’il demande. Le peuple a donné une leçon aux dirigeants et aux réformateurs et maintenant nous devons apprendre de cette leçon.
Source : http://www.roozonline.com/english/news3/newsitem/archive/2013/june/17/article/people-taught-the-regime-and-reformists-a-lesson.html
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